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Très bien. Merci beaucoup.
[Français]
Monsieur le président, honorables membres du comité, je suis directrice générale de la direction qui étudie l'industrie et les aspects économiques des minéraux et métaux à Ressources naturelles Canada. Mon collègue, le docteur Habib, est directeur général du laboratoire Canmet, qui s'occupe des aspects scientifiques reliés aux mines.
C'est un privilège pour nous d'être ici aujourd'hui et de discuter avec vous de la question des terres rares.
[Traduction]
Nous verrons comment les marchés des terres rares sont relativement restreints et comment ils répondent à des besoins essentiels dans les industries de haute technologie et de technologie propre, dont la valeur combinée se chiffre en billions de dollars.
Même si l'extraction minière des terres rares ressemble beaucoup à l'extraction des autres métaux, le domaine des terres rares est nouveau et présente certains défis importants au niveau des S et T lorsqu'il s'agit de transformer et de raffiner les métaux du groupe des terres rares. C'est un point très important, car on prévoit des pénuries de certaines terres rares, et quelques projets canadiens démontrent un potentiel intéressant. Nous discuterons donc de certains travaux effectués par CanmetMines dans ce domaine.
Que sont les terres rares? Les terres rares forment un groupe de 15 métaux, auxquels il faut ajouter l'yttrium et le scandium, qui présentent des propriétés similaires et qui se retrouvent dans un grand nombre des mêmes gisements de minéraux. Ironiquement, les terres rares ne sont pas rares. Ces métaux sont assez abondants dans la croûte terrestre, mais ils se présentent rarement en concentrations qui peuvent être exploitées de façon rentable. On les trouve ensemble, souvent avec d'autres métaux, et ils sont difficiles à séparer, car ils partagent un grand nombre de propriétés.
Vous avez probablement entendu parler des terres rares légères et lourdes. Pour parler simplement, dans le tableau périodique — que vous pouvez voir sur la diapositive ou le diagramme que nous vous avons distribué —, les éléments à gauche de la série des lanthanites sont considérés comme étant des terres rares légères, et les métaux du côté droit du tableau périodique sont des terres rares lourdes.
La plupart des gisements sont riches en terres rares légères. Elles ont de nombreuses applications. Il y a beaucoup moins de gisements riches en terres rares lourdes, et c'est pourquoi la production mondiale est moins abondante, ce qui fait généralement augmenter les prix. Quatre métaux du groupe des terres rares lourdes, c'est-à-dire l'europium, le terbium, le dysprosium et l'yttrium, ainsi que le néodyme, ont été déclarés essentiels par le ministère de l'Énergie des États-Unis, le Japon et l'Union européenne en raison de leur rareté, de la forte demande et de leur caractère essentiel dans de nombreuses applications de haute technologie.
[Français]
Ce sont les caractéristiques phosphorescentes, magnétiques, catalytiques et autres qui rendent les terres rares aussi indispensables.
[Traduction]
Les véhicules hybrides, les batteries rechargeables, les téléphones cellulaires, les écrans LCD, les ordinateurs portatifs, les éoliennes, l'équipement d'imagerie médicale, les systèmes de radar, les convertisseurs catalytiques et les alliages qui résistent mieux à la corrosion sont tous des produits qui nécessitent des métaux du groupe des terres rares. Toutes les automobiles fabriquées aujourd'hui ont des moteurs équipés d'aimants permanents qui contiennent des métaux des terres rares.
La plupart des gens savent qu'il ne faut qu'une petite quantité de métaux des terres rares dans la majorité de ces applications. Toutefois, la croissance considérable de ces industries, qui valent maintenant près de 5 billions de dollars combinées, et leur capacité d'innovation technologique font augmenter la demande en métaux des terres rares. Au cours des 10 à 15 dernières années, la consommation mondiale de métaux des terres rares a augmenté de 8 à 12 % par année, une tendance qui se poursuivra, selon les experts, et qui pourrait même augmenter.
Nous pouvons comprendre que même si la production mondiale de métaux des terres rares est relativement faible, c'est-à-dire environ 130 000 tonnes par année, une perturbation des chaînes d'approvisionnement pourrait avoir des répercussions importantes sur les industries à l'échelle mondiale. Jusqu'à cette année, la Chine contrôlait plus de 97 % de la production mondiale des métaux des terres rares. Les États-Unis, qui étaient autrefois autosuffisants dans ce domaine, dépendent maintenant des importations de Chine. Cette année, aux États-Unis et en Australie, deux entreprises ont commencé à extraire des métaux des terres rares. Il s'agit en grande partie de mines de métaux des terres rares légères. Ces mines ne produiront pas les métaux des terres rares lourdes essentiels aux industries à l'échelle mondiale. La Chine demeurera le fournisseur principal de terres rares lourdes jusqu'à ce que d'autres producteurs se lancent en affaires.
Selon les analystes des affaires mondiales, les prévisions concernant l'offre et la demande de terres rares d'ici l'an 2020 présentent un tableau mitigé. Il pourrait y avoir une offre excédentaire de nombreuses terres rares légères, ce qui entraînerait des répercussions sur les conditions économiques et sur la viabilité financière des mines de terres rares en développement ailleurs dans le monde. Par contre, dans la même période, il pourrait aussi y avoir des pénuries importantes de terres rares lourdes, celles qui sont jugées essentielles.
La Chine, le seul fournisseur de quatre de ces terres rares essentielles, a imposé une série de restrictions à l'exportation de plus en plus strictes et des interdictions commerciales depuis 2005. En mars 2012, les États-Unis, le Japon et l'Union européenne ont présenté une plainte collective auprès de l'Organisation mondiale du commerce contre les restrictions imposées par la Chine sur l'exportation des terres rares. Le Canada est un tiers plaignant dans cette affaire, et nous prévoyons que le groupe spécial de l'OMC chargé du règlement des différends publiera bientôt son rapport.
De plus, des analystes prévoient que les ressources en terres rares lourdes de la Chine s'épuiseront d'ici cinq à huit ans. La Chine devra remplacer ses ressources pour approvisionner ses industries à l'échelle nationale.
Actuellement, le Canada importe de petits tonnages de terres rares légères et importe également des aimants permanents à base de terres rares, des pièces et des produits qui contiennent des aimants permanents. Il est intéressant de souligner que la géologie du Canada est riche en ressources de terres rares lourdes. Plus précisément, 8 des 12 projets d'exploration avancés dans le domaine des terres rares contiennent des concentrations élevées de terres rares essentielles pour lesquelles on prévoit une pénurie.
On a recensé plus de 200 projets d'exploration individuels à différents stades de développement au Canada. Même si le Canada ne produit pas de terres rares en ce moment, les experts ont indiqué qu'au moins deux ou plus des projets canadiens de terres rares avaient le potentiel d'intégrer le marché d'ici 2018. Il est intéressant de noter que ces projets avancés sont riches en terres rares lourdes jugées essentielles. Les projets à surveiller sont ceux qui devraient démarrer leur production d'ici quatre à cinq ans, c'est-à-dire Avalon, Quest, Matamec, Pele Mountain et Orbite.
Nous savons tous que l'extraction minière est une activité complexe et un domaine qui produit un nombre stupéfiant d'innovations, car il faut surmonter des défis sur les plans de la logistique, de l'ingénierie et de la gestion de l'environnement. Les métaux des terres rares présentent tous ces défis, et bien d'autres. En effet, il y a des défis complexes sur le plan scientifique et technologique à toutes les étapes de la chaîne d'approvisionnement. L'industrie canadienne naissante des métaux des terres rares a indiqué qu'elle avait besoin de l'hydrométallurgie, une technique qui sert à séparer les oxydes individuels nécessaires aux industries manufacturières des terres rares.
Au cours des deux dernières années, CanmetMines de RNCan a mené des recherches sur les métaux du groupe des terres rares, et certaines ont été menées en collaboration avec l'industrie. Nos recherches se concentrent sur les défis posés par la transformation des minéraux et des métaux provenant des gisements de roches dures, le type de gisements que nous trouvons au Canada.
Plus précisément, nous avons des projets de caractérisation minéralogique des gisements canadiens, de séparation physique visant à obtenir des concentrés à forte teneur, de mise au point de protocoles de séparation par l'entremise de l'hydrométallurgie, et nous cherchons à comprendre les problèmes de toxicité liés aux terres rares — même si nous souhaitons récupérer le maximum de ces matériaux. Nous mettons également au point des matériaux de référence certifiés pour servir d'outils de contrôle de la qualité dans les laboratoires d'analyse.
En terminant, ce sont des matériaux avec de petits marchés qui alimentent de plus gros marchés, et qui produisent des biens qui sont importants dans notre vie quotidienne. Même si RNCan participe à la mise au point de solutions pour résoudre les défis liés aux S et T, il est encourageant de voir l'industrie évoluer et s'organiser.
Monsieur le président et mesdames et messieurs les membres du comité, nous serons heureux de répondre à vos questions.
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Monsieur le président, en règle générale, et c'est vraiment approximatif, il s'écoule de sept à dix ans entre le stade d'exploration et le stade de production. Les projets nommés dans ce tableau ont démarré il y a quelques années et ont déjà franchi quelques étapes du processus d'établissement d'une mine. Par exemple, les études de préfaisabilité sont terminées et la caractérisation minéralogique du gisement est commencée. C'est la raison pour laquelle nous pouvons estimer leur production annuelle et leur année de production.
Les années mentionnées dans ce tableau viennent des sites Web des entreprises, donc je ne sais pas trop... Il y a parfois diverses sources d'information. Si vous le voulez, je peux aller valider l'information pour être sûre que vous ayez la bonne, mais à ma connaissance, les années de production données ici sont celles estimées par les sociétés d'exploration elles-mêmes.
Ces sociétés doivent franchir un certain nombre d'étapes. Elles commencent habituellement par repérer un gisement, puis par mener des études pour vérifier si le minerai d'intérêt s'y trouve en quantité suffisante. Il y a ensuite une série de caractérisations minéralogiques destinées à enrichir leurs connaissances.
Lorsque les promoteurs sont convaincus qu'il s'agit d'un gisement assez important, ils entreprennent des études de préfaisabilité, c'est alors que les entreprises commencent à évaluer le potentiel économique du gisement. Elles vont habituellement faire quelques recherches pour vraiment confirmer la viabilité économique de la mine.
Les entreprises doivent également s'astreindre à une évaluation environnementale, un processus très rigoureux et approfondi, pour nous assurer que l'exploitation de la mine n'aura pas d'effets néfastes sur l'environnement.
Ensuite, l'entreprise procédera à une étude de faisabilité officielle. On parle parfois d'étude de faisabilité susceptible d'un concours bancaire. Elle doit comprendre suffisamment d'information pour permettre à l'entreprise de présenter une demande à une banque pour l'obtention d'un prêt en vue de la construction. Habituellement, cela se passe à la toute dernière étape, où il y a déjà beaucoup d'information confirmant la viabilité d'une mine de production.