:
Je déclare la séance ouverte. Bonjour, chers collègues.
Les deux ou trois mois d'expérience des réunions en ligne m'ont appris que les tests de son avec des mots en « s » sont les plus efficaces parce qu'apparemment ce son est celui qui pose le plus de difficulté.
Joyeux Noël. Bonne année. Nous espérons tous que les choses s'amélioreront en 2021.
Je dois d'abord m'excuser. J'ai rencontré des collègues, et il semble que je sois le grincheux de Noël, parce que tous les autres comités ont ajourné pour aujourd'hui.
Faisons de cette réunion une rencontre efficace et collégiale dans l'esprit de Noël.
Nous avons quelques questions à régler à la fin de la séance. Je ne sais pas si nous devrons siéger à huis clos, mais nous le ferons si nécessaire. Pour l'instant, nous allons poursuivre avec nos deux groupes de témoins.
Notre premier témoin est Simon Kennedy. Il est sous-ministre d'Innovation, Sciences et Développement économique Canada.
Monsieur Kennedy, je crois qu'on vous a déjà informé que vous avez jusqu'à sept minutes pour faire votre déclaration préliminaire. Je pense que vous connaissez la procédure. Nous passerons ensuite aux questions et réponses.
La parole est à vous.
:
Merci beaucoup, monsieur le président. Laissez-moi récupérer ma déclaration préliminaire. Je serai très bref.
Merci beaucoup de m'avoir donné l'occasion de comparaître devant vous. C’est avec plaisir que je me présente devant ce comité aujourd’hui, alors qu’il examine des questions de conflits d’intérêts par rapport à la Loi sur le lobbying en lien avec des dépenses occasionnées par la pandémie.
[Français]
Tout comme l'ensemble des ministères qui ont été appelés à protéger les Canadiens et notre économie en cette période exceptionnelle, Innovation, Sciences et Développement économique Canada, ou ISDE, a redoublé d'efforts et a essayé de contribuer à la présentation d'une réponse rigoureuse, immédiate et efficace.
L'intégrité des employés d'ISDE ainsi que leur engagement envers l'élaboration et la mise en oeuvre des programmes en lien avec la pandémie sont exemplaires.
[Traduction]
Je vous donne un exemple. L’appel à l’action lancé par le gouvernement au secteur industriel canadien a attiré plus de 6 600 entreprises qui ont offert leur expertise et leur capacité pour aider à combattre la COVID-19. ISDE n’a pas tardé à se mettre au travail avec ces entreprises. De fait, en très peu de temps, nous sommes passés d’un approvisionnement national minime en équipement de protection individuelle à près de 40 % de la valeur totale des contrats liés à la COVID-19 au Canada.
L'industrie canadienne a opéré un virage important, et nous sommes très fiers d'avoir facilité cela en réorientant, par exemple, nos programmes d'innovation en entreprise de manière à les axer directement sur la COVID-19. Il s’agit de programmes comme le Fonds stratégique pour l’innovation, l’Initiative des supergrappes d’innovation, Solutions innovatrices Canada et le Programme d’aide à la recherche industrielle du Conseil national de recherches du Canada. Du fait que tout le monde s’est mobilisé, le traitement des demandes et le processus d’approbation ont pu être accélérés et les projets ont pu être lancés rapidement afin de répondre aux enjeux les plus pressants.
Il ne fait aucun doute que les programmes de collaboration en matière d’innovation que nous avons mis en place avant la crise nous ont assurément aidés à réagir rapidement et avec succès face aux défis. La meilleure façon d’enrayer la pandémie est évidemment au moyen d’un vaccin sûr et efficace et de mesures médicales de lutte contre la maladie. C’est pourquoi, monsieur le président, nous avons sollicité la participation du milieu industriel et demandé à des experts du milieu médical de diriger des groupes de travail indépendants, l’un sur les vaccins, l’autre sur les thérapeutiques. Grâce à eux, nous pouvons acquérir une meilleure compréhension de sujets très techniques et recevoir de précieux conseils quand vient le temps pour le gouvernement de financer des projets afférents en temps opportun.
Je félicite les fonctionnaires qui travaillent avec moi d’avoir mis la main sur les fournitures nécessaires et, de concert avec leurs collègues d'autres ministères, sur les vaccins candidats les plus prometteurs au bénéfice de la population canadienne.
[Français]
Dans tous ces cas, ISDE et ses fonctionnaires ont agi avec transparence, ils ont offert leur aide et ils ont proposé des solutions susceptibles de nous permettre de relever le plus grand défi que nous ayons jamais eu à affronter au cours de notre vie.
Je peux affirmer sans hésiter que c'est ce...
:
Je serai bref, mais ce que j'ai à dire est directement lié à votre question.
En réponse à la pandémie, nous avons notamment lancé un appel à l'action aux industries et aux entreprises canadiennes qui souhaitaient apporter leur aide. Dans le cadre de cet appel, près de 200 entreprises de services numériques et de logiciels, des petites et des grandes entreprises, des grandes multinationales et des PME, ont offert de fournir de l'aide gratuitement. Palantir faisait partie des grandes entreprises qui se sont manifestées.
En fait, nous en avons rencontré plus de 60. Le nombre d'offres était tellement grand que j'ai désigné quelques employés pour faire un suivi auprès de chacun des groupes qui s'était manifesté. Par exemple, lorsque Palantir a communiqué avec moi pour la première fois, j'ai transmis la communication au groupe que j'avais créé. Nous avons rencontré de nombreuses entreprises, et pas seulement des entreprises de logiciels, mais des entreprises de fabrication et d'autres organisations, et même des distilleries qui voulaient fabriquer des désinfectants pour les mains.
L'attitude était de « ne ménager aucun effort ». Si des entreprises venaient nous dire qu'elles pensaient pouvoir offrir quelque chose, nous étions certainement prêts à les entendre. C'est ce que nous avons fait avec Palantir. Mes collaborateurs et moi avons assisté à une réunion avec certains membres du personnel de Palantir pour évaluer leur offre.
:
Je dirais que le rôle d'ISDE est de mobiliser l'industrie. En plus de travailler directement avec les entreprises, par exemple, pour les aider à mettre au point la technologie à l'appui de leurs plans d'affaires, nous devons aussi collaborer régulièrement avec elles pour mieux comprendre l'industrie canadienne, de sorte que, par exemple, en cas de crise ou si quelque chose se produit, nous aurons des fonctionnaires compétents qui connaissent les entreprises et les équipes de gestion et qui ont une idée des forces et des capacités financières des entreprises. Ce sont des renseignements importants dont le gouvernement pourrait avoir besoin.
Dans lecontexte de la pandémie, par exemple, nous avons été en mesure d'utiliser une partie de cette expertise de plusieurs façons. Premièrement, nous avons divers programmes pour aider l'industrie, non seulement dans mon secteur en particulier, mais dans le portefeuille plus vaste, le portefeuille d'ISDE. Nous avons le Programme d'aide à la recherche industrielle, qui est administré par le Conseil national de recherches du Canada et que de nombreux députés connaissent sans doute. Nous avons le Fonds stratégique pour l'innovation, qui est géré par mon organisation. Nous avons Solutions innovatrices Canada. Nous avons toute une série de programmes qui soutiennent les entreprises.
Une bonne partie de ces programmes ont dû être ajustés rapidement et modifiés en raison de la pandémie, pour diverses raisons. Par exemple, il y a des entreprises qui reçoivent des contributions remboursables. Nous leur apportons une contribution importante pour lamise au point d'un nouveau secteur d'activité ou d'une nouvelle technologie, mais lorsqu'ils réussissent, ils doivent rembourser l'État. Ils remboursent le contribuable au fil du temps. Il a parfois fallu modifier le calendrier des remboursements, parce que certaines de ces entreprises font face à de graves problèmes financiers.
En fin de compte — je sais que vous voudrez peut-être me poser d'autres questions —, nous nous occupons des affaires courantes, jour après jour, dans une vaste gamme de domaines. Je parle personnellement à beaucoup de gens d'affaires et je reçois des sollicitations et des demandes littéralement tous les jours, et cela n'est qu'un aspect de notre...
:
Bonjour, monsieur le sous-ministre. C'est un plaisir de vous recevoir en ce vendredi.
Permettez-moi de vous expliquer ce qui sous-tend mes prochaines questions. En guise de contexte, je vous dirai que je suis une nouvelle élue, et que j'ai fait mes devoirs, évidemment. J'ai appris beaucoup de choses concernant les règles et les lois à titre de membre du Comité permanent de l'accès à l'information, de la protection des renseignements personnels et de l'éthique.
Il y a beaucoup de contraintes dans la vie. On se doit d'être extrêmement vigilants, en période de pandémie comme en toute autre situation d'urgence.
Par exemple, j'ai l'habitude de dire à mes enfants que, même s'il y a urgence, il faut une bonne raison pour choisir de traverser la rue lorsque le feu de circulation est au rouge. Autrement, on s'expose à un accident.
Je n'ai aucun doute quant à votre professionnalisme, mais il est important pour moi de faire la lumière sur certains aspects. Mes questions visent à accroître mes connaissances.
Selon ce que j'ai compris, vous saviez que M. MacNaughton était un ancien titulaire de charge publique. Est-ce bien cela?
:
Je vous remercie, monsieur le président.
Monsieur Kennedy, je vous remercie d’être avec nous aujourd'hui.
Je connais bien Innovation, Sciences et Développement économique Canada, pour qui j'ai eu la chance de faire environ 500 annonces dans ma vie. Pendant la pandémie, ISDE a aidé les entreprises à augmenter leur productivité pour aider la cause à la suite de l'appel lancé par le . Par ailleurs, le Canada achetait des intrants, des masques et des désinfectants, à l'étranger.
Hier, j'ai posé une question à la Chambre, parce que CBC nous rapportait cette semaine que le Canada avait acheté pour 570 millions de dollars de désinfectants à l'étranger. Or, seulement 100 millions de dollars ont été alloués aux entreprises canadiennes qui produisent des désinfectants et peuvent en produire davantage.
Permettez-moi de donner un exemple. Dans ma circonscription, une petite entreprise, qui produisait déjà du désinfectant agricole, a changé modestement sa recette et a dû faire homologuer son nouveau produit par Santé Canada avant de pouvoir vendre son désinfectant à la population. Cela a pris un certain temps. Le propriétaire a investi dans son entreprise pour augmenter sa capacité de production en espérant obtenir des contrats avec le gouvernement du Canada. Au bout du compte, il n'a obtenu aucun contrat.
Pendant ce temps, on achetait pour 250 millions de dollars de désinfectants d'une usine chinoise qui faisait des pièces automobiles, qui a tout changé en l'espace de deux semaines et qui a une recette qui n'a jamais été homologuée par Santé Canada. Ces produits sont arrivés au Canada dans un conteneur rempli au maximum de sa capacité et ont envahi le marché des désinfectants. On ne sait pas si ce désinfectant est bon ou pas, tandis qu'ici, on a du désinfectant produit au Canada et homologué par Santé Canada qu'on ne peut pas vendre aux Canadiens par l'intermédiaire de Services publics et Approvisionnement Canada.
Monsieur Kennedy, pouvez-vous nous dire si les désinfectants importés au Canada sont homologués selon les mêmes normes que ceux produits au Canada?
:
Monsieur le président, j'ai participé à un grand nombre d'entre elles.
Je me sens très privilégié d'avoir le rôle que j'ai. J'ai le sentiment de faire un travail important au nom du gouvernement et des Canadiens, si bien que vous ne m'entendrez jamais me plaindre, et je pense que c'est le cas de bon nombre de mes collègues. Je dirai tout d'abord, parce que je ne veux pas avoir l'air de me plaindre, que je suis très reconnaissant du rôle que j'exerce.
Cependant, il est tout à fait vrai qu'au début de la pandémie, c'était une affaire de sept jours par semaine, avec de très longues heures, jusqu'à tard dans la nuit, plus ou moins continuellement, pendant des semaines. Pour beaucoup de mes collègues et pour moi, cette intensité ne diminue pas. Nous sommes très heureux de pouvoir jouer notre rôle.
« Panique » n'est peut-être pas le mot juste, mais il y avait certainement un profond désir de ne rien négliger, un sentiment d'urgence réelle et, au début en tout cas, un sentiment très profond de ne pas savoir ce que l'avenir nous réservait. De nombreux Canadiens allaient peut-être mourir, et il nous incombait de faire tout ce que nous pouvions pour aider le gouvernement à voir à ce que cela n'arrive pas...
:
Ma foi, je vais prendre l'exemple du Fonds stratégique pour l'innovation, mais cela vaudrait aussi pour d'autres programmes.
Avant d'établir un partenariat et peut-être investir dans une société, nous voulons nous faire une idée des risques pour le contribuable. Les risques peuvent prendre diverses formes. Il y a des risques financiers, des risques de gestion et des risques technologiques. Ils ne sont pas seulement financiers.
Dans le cas du Fonds stratégique pour l'innovation, par exemple, nous examinons si l'entreprise a les reins assez solides pour aller de l'avant. Trouvera-t-elle le financement? Elle recevra peut-être de l'argent des contribuables, mais elle va aussi trouver des fonds à d'autres sources. En a-t-elle les moyens? A-t-elle suffisamment d'argent en banque pour ne pas en manquer à mi-chemin du projet?
Il y a ce genre de choses. Il y a une diligence raisonnable pour les finances, mais ce n'est pas le seul genre de risques à analyser. L'entreprise peut-elle être un bon partenaire avec les autres? Peut-elle gérer le transfert de technologie s'il y a lieu? De même, la technologie présente-t-elle un très grand risque? Une idée peut être bonne, mais la probabilité d'échec élevée.
Nous examinerions un grand nombre de ces aspects du Fonds stratégique pour l'innovation, par exemple; l'évaluation financière en serait certainement un, oui.
:
Distingués membres du Comité permanent de l'accès à l'information, de la protection des renseignements personnels et de l'éthique, bonjour.
D'entrée de jeu, je dois préciser que je ne suis pas un éthicien ni un expert en matière d'éthique. Je vais donc laisser à d'autres personnes beaucoup plus qualifiées que moi le soin de vous apporter l'éclairage nécessaire en cette matière. De plus, je ne prétends pas détenir une connaissance fine des règles entourant l'attribution des contrats publics au niveau fédéral. Toutefois, j'estime que mon expérience dans divers domaines pourra vous être utile dans le cadre de vos travaux.
J'ai été procureur en chef adjoint de la Commission d'enquête sur l'octroi et la gestion des contrats dans l'industrie de la construction du Québec, communément appelée la commission Charbonneau. Cette commission a duré près de trois ans et était présidée par l'honorable juge Charbonneau de la Cour supérieure. De plus, j'ai été le premier inspecteur général de la Ville de Montréal ayant le mandat de promouvoir l'intégrité, de prévenir et de lutter contre toute manœuvre dolosive dans l'octroi et l'exécution des contrats de la Ville de Montréal. Enfin, j'ai été président-directeur général de l'Autorité des marchés publics, un organisme dont la création découlait de la recommandation phare de la commission Charbonneau. La mission de cet organisme est de surveiller l'ensemble des contrats publics au Québec.
Au Canada, tant au niveau fédéral que dans l'ensemble des provinces canadiennes, l'octroi et l'adjudication des contrats publics sont strictement encadrés par différentes lois ou règlements. Les principes qui sous-tendent l'imposition de ces règles sont les suivants: assurer l'obtention du meilleur produit ou du meilleur service au meilleur prix pour tous les Canadiens, garantir la liberté de concurrence et donner une chance égale à tous ceux qui désirent obtenir un contrat de l'État. Ces objectifs sont ancrés dans notre système juridique depuis longtemps et sont souvent réaffirmés par les tribunaux partout au Canada.
Afin de respecter ces objectifs dans l'attribution d'un contrat public d'un certain montant, par exemple 100 000 $ au Québec, le recours à un appel d'offres public est obligatoire, à moins que des exceptions ne soient prévues. L'appel d'offres public vise essentiellement, pour un donneur d'ouvrage public, à rejoindre en même temps tous les intéressés qui ont la capacité de conclure un contrat, l'expertise et la compétence requises pour l'exécution d'un contrat public, de manière à susciter une plus grande concurrence. Les différentes mesures législatives qui encadrent les marchés publics au Canada prévoient toutefois qu'un contrat peut être conclu en raison d'une situation d'urgence ou d'une autre situation exceptionnelle.
Personne ne remet en cause la situation planétaire exceptionnelle que nous vivons depuis la fin de l'hiver dernier. Personne ne remet en cause non plus l'urgence d'agir chez nos dirigeants, qui doivent injecter des sommes massives pour aider les Canadiens et les Canadiennes à faire face aux effets désastreux de la pandémie, notamment sur le plan économique. Par contre, l'urgence ne doit pas devenir un prétexte pour contourner les règles impératives en matière de contrats publics. L'urgence ne doit pas non plus contribuer au laxisme en matière de contrôle et de surveillance des deniers publics.
En tant qu'ancien inspecteur général de la Ville de Montréal et également comme contribuable canadien, je m'interroge grandement sur les mesures de contrôle qui ont été mises en place pour prévenir le gonflement des prix, la fraude possible et le gaspillage. Je m'interroge également sur la question de savoir si nous avons obtenu les meilleurs produits et services au meilleur prix de ces entreprises ou organismes qui ont transigé avec l'État ou qui continuent à le faire de gré à gré en invoquant l'urgence de la situation.
En guise de piste de réflexion, nous pourrions nous inspirer de ce qui se fait dans certains bureaux d'inspecteurs généraux aux États-Unis. Je précise au passage que je suis un inspecteur général certifié; j'ai reçu une formation en ce sens. Je suis également membre du conseil d'administration de l'association américaine des inspecteurs généraux, appelée Association of Inspectors General; j'en suis le seul membre canadien. Je suis également membre de l'exécutif jusqu'à la fin de décembre.
Dans ces bureaux, il y a des programmes de surveillance de l'intégrité et de contrôle en direct. On sait que les ouragans et autres catastrophes naturelles ne manquent pas aux États-Unis. Quand il y a une injection massive d'argent fédéral ou étatique à la suite d'une catastrophe naturelle, il y a toujours une garantie d'avoir une surveillance de l'intégrité pour éviter le gonflement des prix, le gaspillage et les fraudes possibles. Je pourrai vous parler plus amplement de ces programmes de surveillance de l'intégrité, si vous avez des questions à ce sujet.
Encore une fois, je tiens à vous remercier de m'avoir invité à comparaître devant le Comité aujourd'hui. J'espère être en mesure d'apporter ma mince contribution aux travaux de ce comité.
:
Je vous remercie de me donner l'occasion de m'adresser au Comité aujourd'hui.
Je m'appelle Mark Blumberg, et suis avocat dans un petit cabinet de 10 avocats à Toronto. Nous nous concentrons exclusivement sur les organismes sans but lucratif, les organismes de bienfaisance et la philanthropie.
Je vais vous parler aujourd'hui du scandale de la Bourse canadienne pour le bénévolat étudiant et de l'organisme UNIS, et du fait que ce n'est malheureusement pas terminé. Mes commentaires sont ponctuels, et la saga continue.
Nous ignorons beaucoup de choses de ce scandale. L'examen que divers comités et la Chambre des communes ont fait de ces problèmes par le passé a été utile, mais pas très efficace. De même, il y a beaucoup de questions complexes en jeu, comme la conformité des organismes de bienfaisance. À mon avis, ces comités ne sont pas idéalement équipés pour mener ce genre d'enquêtes. C'est la raison pour laquelle j'ai déjà proposé que soit lancée une enquête publique sur ce scandale en particulier. Les divers comités pourraient alors se reconcentrer sur leur travail habituel en cette période difficile de COVID.
Il y a essentiellement trois éléments interreliés dans ce scandale.
Premièrement, la conception même du programme de la BCBE, la Bourse canadienne pour le bénévolat étudiant, était problématique. Ensuite, il y a le processus décisionnel du gouvernement fédéral. Je ne suis pas spécialiste des conflits d'intérêts, mais j'en vois un ici.
Ensuite, il y a eu de nombreuses réserves au sujet du choix de l'organisme UNIS pour la gestion de ce programme particulier. Il ne s'agit pas seulement d'un programme de 543 millions de dollars; il s'agit du fait que le gouvernement fédéral — en période de COVID, pendant laquelle le secteur caritatif a été soumis à d'énormes pressions, comme il l'est toujours d'ailleurs — n'a presque rien donné au secteur caritatif. En tout cas, ce n'était presque rien quand on songe aux dizaines de milliards de dollars qui ont été dépensés et qu'on sait que le gouvernement propose de donner 543 millions de dollars à un même organisme qui a un passé sombre. D'une certaine façon, c'est un contraste avec la façon dont cet organisme de bienfaisance a été traité, avec une subvention de 543 millions de dollars, comparativement à la façon dont le gouvernement a traité le reste du secteur caritatif, en gardant essentiellement le silence et ne donnant absolument rien à la plupart des organismes de bienfaisance. C'est un premier aspect important.
Il y a un autre gros problème. Le ministère des Finances a-t-il exercé une influence indue sur Emploi et Développement social Canada, EDSC, ou EDSC a-t-il jugé que l'organisme UNIS était un excellent organisme de bienfaisance, le seul capable d'administrer ce programme?
Si c'est le premier cas — les pressions du ministère des Finances —, alors M. Morneau a démissionné, et cette influence cessera peut-être. C'est une circonstance particulière.
Si c'est le deuxième cas — la possibilité qu'EDSC ait vraiment cru que l'organisme UNIS était un excellent organisme de bienfaisance —, alors le problème est beaucoup plus grave. Cela remettrait sérieusement en question la capacité d'EDSC de faire des exercices de diligence raisonnable appliqués aux organismes de bienfaisance et les décisions qui en découlent. Si c'est vraiment une décision d'EDSC, comme l'ont prétendu de nombreux libéraux, alors il y aurait de grands changements à apporter à EDSC, sans quoi des dizaines de milliards de dollars pourraient aussi être mal distribués dans les prochaines années. Si le ministère des Finances n'a pas exercé de pressions sur EDSC, comment EDSC a-t-il pu se tromper à ce point? Cela dépasse l'entendement. C'est l'une des nombreuses raisons qui justifieraient une enquête publique sur le scandale de la BCBE de l'organisme UNIS.
De nombreux problèmes de conformité ont été mis au jour par tout le scandale de l'organisme UNIS, y compris — mais sans limitation — le recours à des sociétés multiples, dont certaines sont des organismes de bienfaisance canadiens enregistrés, et un manque de clarté entre les différentes sociétés; le traitement des employés pendant leur emploi et après; les rapports et la transparence; le lobbying sans enregistrement auprès des représentants du gouvernement; les activités partisanes; l'entreprise sociale et les activités commerciales; les processus et l'équité des subventions du gouvernement; la détention de vastes biens immobiliers; la commandite d'entreprise et l'accès aux enfants; la rémunération des fondateurs; la gouvernance; et la participation des fondateurs dans l'organisme de bienfaisance pour une longue période. Autant de questions qui ont été soulevées ces derniers mois.
La confiance dans le secteur caritatif est essentielle. La confiance du public, c'est comme l'oxygène: on ne remarque vraiment le problème que lorsqu'il en manque. Les Canadiens feront-ils moins confiance aux organismes de bienfaisance à cause du scandale de l'organisme UNIS? Penseront-ils que les problèmes de l'organisme UNIS reflètent le secteur caritatif en général et lui feront-ils moins confiance?
L'organisme UNIS était une organisation bien particulière, mais pas tout à fait. Ses indiscrétions risquent de nuire à la réputation du secteur caritatif. Il faudra peut-être des années pour voir toutes les répercussions du scandale, mais nous constatons déjà des baisses considérables de la confiance du public envers les organismes de bienfaisance, malgré les énormes gains réalisés à ce chapitre au début de la COVID grâce au travail héroïque accompli par certains membres du secteur caritatif en réponse à la COVID. La plus grande crainte pour le secteur caritatif est que le scandale entache la réputation du secteur et provoque une réduction des dons ainsi que du financement public.
La transparence est essentielle au maintien de la confiance du public. Nous déplorons qu'il n'y ait pas suffisamment de transparence dans le secteur caritatif canadien. Depuis 10 ans, l'Agence du revenu du Canada, pour diverses raisons, y compris peut-être sous la pression de certains groupes d'intérêt, a en fait réduit la quantité d'information qu'elle recueille et rend publique sur les organismes de bienfaisance. Pendant ce temps, d'autres pays ont donné plus de transparence aux organismes de bienfaisance.
À cause du manque de transparence des organismes de bienfaisance enregistrés au Canada, il n'y a pas suffisamment d'information disponible sur l'organisme UNIS et très peu sur sa branche à but lucratif, ME to WE. Il est difficile de comprendre tout le tableau lorsqu'on n'en voit que la moitié.
J'ai soumis au comité des finances 10 recommandations visant à améliorer la réglementation des organismes de bienfaisance au Canada. Je vais seulement mentionner trois idées que je vais soumettre à votre comité.
À l'heure actuelle, lorsqu'elle sait qu'un organisme de bienfaisance a des activités très problématiques, l'Agence du revenu du Canada n'a pas le droit de dévoiler cette information — ni au public, ni même aux députés. Le gouvernement fédéral devrait modifier les dispositions de l'article 241 de la Loi de l'impôt sur le revenu, afin de permettre à l'Agence de divulguer, à sa discrétion, les cas graves d'inobservation de la part des organismes de bienfaisance enregistrés.
En second lieu, pour les organismes de bienfaisance enregistrés, il y a des renseignements publics provenant de la partie publique du formulaire T3010, mais, pour les organismes sans but lucratif qui ne sont pas des organismes de bienfaisance — il y en a 80 000 à 100 000 —, l'ARC ne dévoile rien, et il y a très peu d'information disponible sur de nombreux groupes. Nous avons proposé que les organismes sans but lucratif produisent chaque année le formulaire T1044 — comme beaucoup le font déjà, en tout cas les plus grands. Ce formulaire est produit à l'ARC, qui le verse dans une base de données. Ces renseignements devraient être divulgués. Sans demander d'effort supplémentaire ni alourdir en quoi que ce soit le fardeau des organismes à but non lucratif ou de l'ARC, cela nous donnerait au moins une petite idée de l'autre partie du secteur sans but lucratif.
Nous avons également proposé que le gouvernement fédéral accorde des fonds à la Direction des organismes de bienfaisance pour accroître la quantité de renseignements recueillis et distribués sur les organismes de bienfaisance.
Ce sont là 3 des 10 propositions que nous avions faites. Nous cherchons essentiellement à équilibrer l'approche réglementaire des organismes de bienfaisance avec leur importance et avec la subvention fiscale qui leur est destinée.
Le scandale de l'organisme UNIS a soulevé plusieurs grandes questions sur la réglementation des organismes de bienfaisance enregistrés. Si nous n'améliorons pas la réglementation du secteur caritatif, la réputation du secteur et la confiance du public dans le secteur pourraient en souffrir.
J'ai fourni publiquement des commentaires détaillés sur...
:
Merci beaucoup, monsieur le président et mesdames et messieurs membres du Comité. Je m'appelle Jeramie Scott et je suis avocat-conseil à l'Electronic Privacy Information Center, ou l'EPIC.
L'EPIC est un centre de recherche d'intérêt public à Washington, D.C., qui a été créé en 1994. Il a pour rôle d'attirer l'attention du public sur les questions émergentes de protection de la vie privée et des libertés civiles et de protéger la vie privée, la liberté d'expression et les valeurs démocratiques à l'ère de l'information.
Dans le cadre de son travail sur le gouvernement ouvert, l'EPIC invoque souvent la Freedom of Information Act des États-Unis pour obtenir de l'information du gouvernement des États-Unis sur les programmes de surveillance. La divulgation publique de cette information aide à mieux surveiller et responsabiliser le gouvernement. Elle contribue aussi à faire en sorte que le public soit pleinement informé des activités du gouvernement.
L'EPIC intente régulièrement des poursuites pour forcer les organismes à dévoiler des dossiers, et je crois comprendre que votre comité s'intéresse aux poursuites judiciaires de l'EPIC en vertu de la Freedom of Information Act concernant l'utilisation que fait le gouvernement des États-Unis du logiciel de Palantir.
L'EPIC a plaidé deux causes relatives à la Freedom of Information Act qui pourraient intéresser le Comité. Dans le premier cas, c'était une poursuite contre le service des douanes et de la protection des frontières des États-Unis, c'est-à-dire le U.S. Customs and Border Protection, pour obtenir des documents reliés au cadre d'analyse du renseignement, qui sert à attribuer des évaluations des risques aux voyageurs.
La poursuite la plus récente visait à obliger le bureau de l'immigration et de l'exécution des douanes, c'est-à-dire Immigration and Customs Enforcement, à fournir des dossiers concernant les systèmes construits sur le logiciel Palantir. Ce système est le système Falcon, et les systèmes Falcon sont construits sur la plateforme Gotham de Palantir, un logiciel exclusif qui permet aux utilisateurs de rechercher, de visualiser et d'analyser des ensembles de données complexes. Falcon est le principal système de stockage et d'analyse des données d'Immigration and Customs Enforcement.
Le système Falcon extrait des données de plusieurs bases de données gouvernementales et renferme de nombreuses catégories de renseignements sensibles, tels des renseignements biographiques comme les dates de naissance, les lieux de naissance et les numéros de sécurité sociale, et des données financières telles des numéros de compte bancaire et des numéros de transaction. Les systèmes Falcon renferment aussi des données provenant de bases de données commerciales et des renseignements de sources ouvertes accessibles au public sur Internet, y compris des renseignements provenant de sites de médias sociaux.
Selon les documents obtenus par l'EPIC par le biais de la Freedom of Information Act, les systèmes Falcon contiennent également des données d'enregistrement d'appels et des données GPS, et, grâce au logiciel Palantir, ils sont capables de recouper ces données et d'autres en analysant les réseaux sociaux. Le système Falcon utilise l'immense quantité de données qu'il contient, et les analyse avec le logiciel de Palantir pour localiser les immigrants sans papiers à appréhender et à expulser. Selon certains rapports, le système Falcon a été utilisé l'an dernier dans une descente de police au Mississippi, qui s'est soldée par 680 arrestations. La descente est l'une des plus importantes de l'histoire des États-Unis. Elle a terrorisé la collectivité des immigrants du Mississippi et séparé des centaines de personnes de leurs proches.
Il y a une campagne en cours contre les entreprises technologiques comme Palantir qui fournissent les outils techniques à Immigration and Customs Enforcement pour mener des descentes comme celle qui a eu lieu au Mississippi.
Palantir est aussi relié au cadre d'analyse du renseignement du U.S. Customs and Border Protection. Ce sont les documents obtenus par l'EPIC qui ont confirmé la participation de Palantir au cadre d'analyse du système de renseignement du U.S. Customs and Border Protection. Ce système utilise l'information provenant de bases de données fédérales, nationales et locales d'application de la loi ainsi que de bases de données commerciales. Il s'agit souvent de renseignements de nature sensible, qui comprennent des renseignements biographiques ou sur les associations personnelles, les itinéraires de voyage, des dossiers d'immigration et des adresses à domicile et au travail. L'information sert à évaluer les risques pour les voyageurs et à générer des rapports de renseignement. Les capacités du cadre d'analyse du renseignement comprennent la capacité d'effectuer des analyses géospatiales, des analyses de liens et des analyses temporelles des données.
En plus du travail controversé de Palantir auprès du gouvernement des États-Unis et en particulier d'Immigration and Customs Enforcement, Palantir a fait l'objet d'un examen minutieux pour le service de police prédictive que l'entreprise a fourni à divers organismes d'application de la loi aux États-Unis. Les services de police prédictive de Palantir comprennent l'identification des contrevenants possibles et de leurs réseaux.
Palantir dresse une liste cible de contrevenants probables et de victimes en s'appuyant sur une analyse d'ensembles massifs de données de diverses sources, comme les médias sociaux, les bases de données sur les crimes, les renseignements sur la probation et la libération conditionnelle, les appels téléphoniques dans les prisons, les systèmes de lecture automatisée des plaques d'immatriculation et les systèmes de gestion des cas pour l'application de la loi, entre autres sources.
Le produit de police prédictive de Palantir effectue une analyse des réseaux sociaux pour créer des réseaux de connexions sociales afin de repérer les contrevenants éventuels ou les victimes qui n'ont jamais eu de contacts avec la police.
Ces outils s'appliquent à de très nombreuses personnes qui n'ont aucun lien étroit avec une activité criminelle.
Il y a quelques années, le travail de Palantir dans le domaine des services de police prédictifs a été scruté à la loupe quand on a appris que l'entreprise avait secrètement utilisé la ville de la Nouvelle-Orléans pour mettre à l'essai sa technologie. Palantir entretenait une relation bénévole avec la police de la Nouvelle-Orléans, relation qui n'était connue que du maire et de l'avocat de la Ville. Les membres du conseil municipal n'étaient pas au courant du programme avant sa révélation par la presse, qui a d'ailleurs incité la Ville à mettre fin à ce partenariat.
Dans presque tous les cas, Palantir a cherché à mettre en œuvre des services de police prédictifs à l'insu de la collectivité, et donc sans son consentement. En règle générale, l'entreprise s'est arrangée pour garder le secret sur ce dont elle est capable et sur la façon dont ses services sont utilisés par des organismes gouvernementaux.
Sur ce, je me ferai un plaisir de répondre aux questions des membres du Comité.
:
Le premier indice que j'ai eu de l'existence d'un gros problème chez UNIS — et c'était très public —, c'est en lisant un article du
Globe and Mail de 2010. C'était un article assez long, d'environ deux pages. Je me souviens encore de l'avoir lu à bord d'un avion il y a longtemps, et il a suscité beaucoup de questions.
À partir de 2010, je pense que tout le monde y voyait clair. Quiconque dans le secteur caritatif qui aurait parlé à trois personnes qui travaillaient à UNIS aurait des histoires intéressantes à raconter. L'organisme était tout simplement très différent des autres groupes que j'ai vus dans ma vie.
Enfin, Canadaland, qui est en quelque sorte un site de baladodiffusion de nouvelles, a fait toute une chronique en 2018 ou 2019 sur diverses questions amplement connues du public. Je dirais que, pour peu qu'on l'aurait voulu, on aurait facilement pu se mettre au courant de ces nombreux problèmes, même pour une subvention de 500 000 $.
Je ne sais pas si cela répond à votre question, mais il me semble qu'il y aurait lieu d'apporter d'énormes améliorations. Dans un sens, je préfère penser qu'il s'agit d'un problème ponctuel attribuable aux pressions inappropriées du ministre des Finances, car je crois fermement dans l'action gouvernementale et dans toutes les bonnes mesures prises pendant la pandémie de COVID. Je préfère ne pas croire qu'Emploi et Développement social Canada pensait sincèrement qu'il s'agissait d'un excellent organisme de bienfaisance en mesure de faire des merveilles, car s'il en est ainsi, cela veut dire que des changements s'imposent.
J'espère que ce n'est pas le cas, mais je ne connais malheureusement pas la bonne réponse. C'est pourquoi il faut une enquête publique pour examiner ces questions en profondeur, car il ne s'agit pas seulement de cet argent, mais de beaucoup d'autres fonds. Le secteur caritatif, le secteur sans but lucratif et de nombreux secteurs de la société dépendent énormément d'Emploi et Développement social, et nous tenons à ce que ses décisions soient judicieuses.
:
Il y a d'abord la question des 543 millions de dollars. C'était très problématique pour beaucoup de gens du secteur caritatif, mais l'affirmation de M. prétendant que c'était la seule organisation en mesure de s'en occuper a suscité un véritable tollé, car c'était une énormité, quelque chose d'incroyablement ridicule. C'est dégradant pour le secteur caritatif, un secteur qui a toutes les connaissances et compétences qu'il faut pour rendre service aux gens. C'est carrément insultant.
Sur une note plus positive, M. s'est empressé d'annuler le programme, et je tiens à lui en attribuer le mérite. L'argent versé a été restitué, mais beaucoup de questions sont restées en suspens, notamment pour ce qui serait advenu des renseignements détaillés concernant 30 000 ou 40 000 personnes, mineures dans certains cas, que l'organisme UNIS a recueillis au fil des ans. Je trouve cela un peu inquiétant, pour autant que ce comité s'intéresse à la protection de la vie privée, car il y va de renseignements personnels concernant des centaines de milliers d'adolescents et de jeunes adultes au Canada.
Sur le plan décisionnel, les conflits d'intérêts sont un problème de taille à Ottawa. Dans le secteur caritatif, la principale préoccupation était que ce programme était très mal conçu, une question qui relève d'Emploi et Développement social et non pas de l'organisme UNIS. Ensuite, il y a eu le choix de l'organisme. Les détails précis de la démarche du Cabinet présentent moins d'intérêt pour le secteur caritatif, mais ce qui est manifeste, à mon avis, c'est que l'on a très peu fait pour le secteur, alors que de pareilles sommes allaient être versées à UNIS. En somme, une organisation de 60 millions de dollars allait obtenir 543 millions à dépenser allègrement.
Bien que le secteur caritatif reçoive habituellement 12 % en frais généraux sous la forme de subventions gouvernementales, dans le cas d'UNIS, les frais auraient été beaucoup plus élevés en fonction du cadre d'application qui allait dépendre du nombre de personnes concernées, et ainsi de suite.
Je ne vois rien de bon dans cet état de choses, et j'espère que nous obtiendrons d'autres réponses à l'avenir.
:
Je vous remercie de cette question, madame la députée, ainsi que pour vos bons mots.
Effectivement, le gouvernement fédéral aurait intérêt à regarder ce qui se passe au Québec. Ce scandale est maintenant derrière nous, mais cela ne fait pas tellement longtemps.
Pour m'inspirer et me préparer pour la réunion d'aujourd'hui, j'ai relu le rapport de l'honorable juge Gomery, qui est sorti en 2005 à la suite du scandale des commandites. Certaines choses ont changé au gouvernement fédéral, mais, malgré la bonne volonté et les bonnes lois, il n'y a pas de surveillance continue. On peut bien avoir les plus belles lois du monde, mais, si personne ne surveille le processus, il peut y avoir des problèmes de gaspillage ou de fraude.
Que ce soit par l'intermédiaire du Bureau de l'inspecteur général ou, maintenant, de l'Autorité des marchés publics au Québec, on peut faire en sorte que, quand on accorde des contrats de gré à gré, il y ait une surveillance continue par un organisme neutre et indépendant. Un organisme semblable, qui pourrait être nommé par la Chambre des communes, serait en mesure de lever un drapeau rouge en un temps record pour indiquer qu'il y a un problème et que le contrat n'aurait pas dû être donné de gré à gré.
M. Blumberg a dit que, après l'établissement de l'Autorité des marchés publics, la Loi sur les contrats des organismes publics du Québec a été modifiée. Il a entièrement raison. Maintenant, pour donner un contrat de gré à gré, il doit nécessairement y avoir un avis d'intention envoyé par le système électronique d'appel d'offres. Cet avis signale qu'on s'apprête à accorder à un organisme de charité ou à une autre entreprise un contrat de gré à gré pour tel ou tel facteur, et que c'est pour cela qu'il n'y aura pas d'appel d'offres. Un tel appel public aux propositions permet à des gens qui sont intéressés et qui en ont la capacité de fournir un service au gouvernement, et ce, dans un délai serré de 15 jours.
Je reviens à l'exemple de l'organisme UNIS. Je sais qu'il y avait urgence, mais y avait-il urgence à donner des bourses à des étudiants à un point tel qu'on n'ait pas fait un sondage ou un appel d'intérêt? Dorénavant, au Québec, par suite de la modification de la Loi sur les contrats des organismes publics et par l'établissement de l'Autorité des marchés publics, on est obligé de le faire. Sinon, une plainte pourrait être déposée auprès de l'Autorité des marchés publics, qui a le pouvoir d'annuler un contrat donné en contravention des règles. Je pense que le gouvernement fédéral aurait intérêt à s'inspirer de cette façon de faire.
:
Volontiers. Dans le contexte du scandale d'UNIS, je pourrais critiquer le gouvernement et les partis de l'opposition pour la façon dont ils abordent la question, mais je ne suis pas tout à fait choqué qu'ils s'y prennent de la sorte. Il y a des libéraux partisans qui m'ont dit 100 fois qu'il n'y avait pas de scandale, rien de mal, et qu'il n'y avait absolument aucun problème. En somme, on a beau insister et avoir 65 réunions, tout va très bien, madame la marquise. J'ai été choqué d'entendre ces commentaires de la part des libéraux.
Je trouve que les propos de certains députés de l'opposition sont parfois inexacts ou partisans, ou encore pas très logiques, mais il y en a aussi qui sont très justes.
Je pense que les deux côtés, dans la façon dont cela a été géré... En toute justice, songeons que ce sont des politiciens qui s'occupent d'une affaire très compliquée et difficile. C'est pourquoi je pense qu'il serait préférable de soumettre cela à une enquête publique afin que l'on puisse examiner ces questions de près et prendre une décision.
Comme je l'ai dit, je connais probablement environ 20 % de l'histoire, d'après ce que j'ai observé de très près pendant de nombreuses années et certainement au cours des six derniers mois. Il y a tellement d'information qu'à moins qu'il n'y ait une enquête publique, nous resterons probablement dans le noir.
Quelqu'un a demandé tout à l'heure si c'était un peu par accident que l'organisme UNIS avait ces différentes structures. Je ne le pense pas. Il n'y a pas d'organisme de bienfaisance qui surgisse par hasard. Cependant, ce que je trouve très étrange, c'est que... Par exemple, d'après des documents qui sont du domaine public, le pourquoi de la création de la fondation de l'organisme UNIS est très clair. Nous avons en effet une copie de la demande formulée par l'organisme de bienfaisance, expliquant que la fondation a été créée comme société de portefeuille immobilière. Quand on nous dit que c'est faux, j'avoue que ça me laisse perplexe, car il s'agit d'un document qu'UNIS a lui-même fourni à l'Agence du revenu du Canada.
Je ne sais pas si vous avez entendu ce que j'ai dit tantôt. J'expliquais que j'étais nouvelle ici et que j'avais appris beaucoup de choses. Vous venez de dire tout haut ce qu'on pense tout bas ou ce que l'on perçoit, compte tenu des 20 % d'éléments, plus ou moins, dont on dispose. J'avais une série de questions très spécifiques, mais vous y avez presque toutes répondu.
On dit qu'il y a de la partisanerie des deux côtés et que c'est un jeu politique. Voyons donc! Nous sommes en train de gérer une pandémie qui va au-delà de ces prétextes, que cela fasse notre affaire ou pas.
Je veux connaître votre avis. Est-on en train de regarder la façon dont on procède et de constater que, en 2020, on est vraiment à côté de la plaque pour ce qui est de la protection des fonds publics et des renseignements personnels? De quels pays devrait-on s'inspirer en la matière? Pourquoi ne pas profiter de ce moment pour revoir le processus d'intégrité au lieu d'étirer le temps et de faire de l'obstruction?
Noël arrive et c'est tant mieux, parce que je suis tout à fait découragée. Mes enfants ne font pas confiance au gouvernement et ils me demandent d'intervenir et de démontrer aux gens qu'il est possible de lui faire confiance. J'ai besoin de votre aide et j'aimerais entendre ce que chacun de vous a à dire à ce sujet. Je suis désolée de faire preuve d'autant d'intensité.
Monsieur Gallant, avez-vous des commentaires?
:
Je vais vous répondre en citant ce que le juge Gomery a écrit en 2005. Je trouve triste que, 15 ans plus tard, on en soit à peu près au même point. Dans sa préface, le juge Gomery écrivait ceci:
Ce rapport n’est autre que la chronique déprimante des multiples carences constatées dans la planification déficiente d’un programme gouvernemental, conjuguées à l’incapacité de l’appareil gouvernemental à contrôler le gaspillage — une histoire de cupidité, de vénalité et d’inconduite au sein du gouvernement et d’agences de publicité et de communication, qui a entraîné la perte et le gaspillage de sommes considérables aux dépens des contribuables canadiens dont la colère et l’outrage sont légitimes.
J'ai l'impression que l'on joue dans le même film. La pandémie a bon dos. Comme je l'ai dit en préambule, les règles doivent être assouplies, et l'on peut le comprendre dans certaines situations. Il y avait urgence, en effet, mais à des degrés divers. On peut dire que les masques étaient une urgence, mais est-ce qu'il était urgent d'accorder un contrat à un organisme de bienfaisance qui ne pouvait même pas offrir les services aux Canadiens de langue française? On prévoyait, pour ce faire, recourir à un organisme du Québec. Le gouvernement devait-il nécessairement conclure cela de gré à gré, sans chercher plus loin, comme le disait tantôt M. Blumberg, sans examiner si d'autres organismes auraient été en mesure d'offrir ces services à meilleur coût?
Le Québec n'est pas meilleur que d'autres provinces. Il a connu des scandales. Comme vous êtes une députée du Québec, vous le savez. À un moment donné, il a fallu en finir avec l'autoflagellation. L'enquête publique a fait la lumière sur ce qui se passait, mais on a décidé en plus de mettre sur pied des organismes de contrôle pour voir à ce que cela ne se reproduise plus.
Beaucoup de bonnes choses ont été faites depuis la commission Gomery. Pour ma part, j'ai fait un suivi. Cependant, on se dit dans bien des cas que, s'il y a un problème, on va le confier à la police. C'est ce que je déplore.
Je suis un ancien procureur de la couronne...
:
Oui. Nous avons certainement vu les images des enfants en cage. C'est très, très effrayant pour nous, de ce côté-ci de la frontière. Je tiens à vous en remercier.
Je vais maintenant donner la parole à M. Blumberg. Vous avez dit que vous étudiez l'organisation des Kielburger depuis quelque temps déjà et que vous estimez en connaître 20 % du fonctionnement environ. Je siège à des comités depuis 16 ans, et je n'ai jamais rien trouvé de plus difficile à élucider.
Ils ont de multiples sociétés, des sociétés fictives et des organisations au Canada, aux États-Unis et au Kenya, et tout cela est axé sur le travail caritatif qu'ils disent faire pour le Kenya et les enfants.
Dans les documents que cette société a présentés, il est question d'une entreprise appelée Kiel Initiatives Ltd., qui a vendu de l'eau au Kenya sous l'étiquette « ME to WE ». Nous avons appris plus tard que ses activités étaient interdites au Kenya. Ma fille, qui a travaillé en Afrique, m'a dit: « Il faut qu'il s'agisse de quelque chose de très grave, papa, pour que ce soit interdit au Kenya. » Le groupe Kielburger dirigeait cette compagnie de distribution d'eau, tout en demeurant un organisme de bienfaisance. N'est-ce pas là de quoi sonner l'alarme au sujet de ces multiples actifs, des organismes immobiliers et des ententes particulières qu'ils exploitent?
:
Quant à l'étendue de tout cela, je n’ai jamais rien vu de pareil non plus.
D’un point de vue juridique, je dirais qu'il peut être légitime qu'ils ne soient pas tous deux inscrits en vertu de la Loi sur l’enregistrement des lobbyistes. En revanche, dans le cas d'UNIS, il ne fait aucun doute dans mon esprit que les deux organismes auraient dû être inscrits.
Lors de leur témoignage, ils ont dit que ce n’était pas une partie importante de ce qu’ils font, mais là n’est pas le critère. Le critère est le suivant: y a-t-il ne serait-ce qu'un cinquième d’un équivalent temps plein qui y travaille, même sur une base mensuelle? Cela ne fait aucun doute. Ils ont affirmé qu’il a fallu toute une équipe pour préparer cette proposition de 543 millions de dollars et qu'à leur place, d’autres groupes auraient eu besoin de six mois et de centaines d’heures — voire des milliers — pour donner forme à tout cela. Je pense qu’il ne fait aucun doute qu’ils auraient dû être inscrits, que...
La question de savoir lequel aurait dû être inscrit est une chose. L'autre chose, qui va poser un gros problème pour le commissaire, c’est que s’ils se contentent de dire qu'il n'ont fait que déposer ces 65 rapports et plus sans autres conséquences, cela va complètement saper tout le système d'enregistrement des lobbyistes pour les organismes de bienfaisance. Je pense que beaucoup vous diront qu’il leur arrive de devoir rencontrer des fonctionnaires une soixantaine de fois avant que qui que ce soit dise quoi que ce soit, et que si la personne se fait prendre ensuite, elle se contente de déposer un dossier d'inscription.
Je veux dire, j’ai entendu parler de...
:
Oui. Tout d’abord, n’oublions pas qu’ils ont demandé le statut d’organisme de bienfaisance vers 2019, bien avant la pandémie de COVID, la Bourse canadienne pour le bénévolat étudiant et tout le reste. La raison pour laquelle on peut ne pas vouloir de biens immobiliers dans une société d'exploitation est une question de responsabilité. S’il y a un problème, on voudra parfois en léguer la responsabilité à une société de portefeuille. C'est monnaie courante chez les sociétés à but lucratif qui jonglent avec diverses sociétés de portefeuille et d'exploitation.
Il n’y a rien de mal à cela, et ils avaient indiqué à l'Agence du revenu du Canada qu'il allait s'agir d'une société de portefeuille qui détiendrait des actifs d’environ 40 millions de dollars, pour ensuite faire volte-face et tout changer. J'ignore si cela s'est produit avec l'approbation de l'Agence. Je ne le sais tout simplement pas, mais ils ont changé les choses pour pouvoir diversifier leurs activités à des fins plus générales. Le changement remonte au mois de juin de cette année, et c'est la formule qui est utilisée depuis.
Je ne pense pas que ce soit irrégulier. Ce qui est étrange, c’est qu’ils ont nié qu’il s’agissait d’une société de portefeuille immobilière, alors qu’il est on ne peut plus évident que c’était le cas, mais qu’elle a été modifiée. Ce qui était d’autant plus inusité, disons, c’est que le gouvernement allait accepter cela. Ce n’est sûrement pas la création d'une société écran qu'il avait en tête.
Si je demandais à quelqu’un de me payer 100 millions de dollars, ce serait bien de dire que je comptais créer une société fictive pour que l'Organisme UNIS n’ait aucune responsabilité, mais je n’ai jamais... Je ne dirais pas jamais au grand jamais, mais je ne me souviens pas d’avoir vu un ministère donner de grosses sommes à une société écran. Il pourrait y avoir de bonnes raisons de le faire, mais je ne les vois pas ici, et je ne comprends pas pourquoi on l'a fait.
:
Merci beaucoup, monsieur le président.
Il m'en faut plus pour me surprendre, car je suis en politique depuis 2015, mais voilà qu'on parle du scandale d'UNIS le tout dernier jour du Parlement en décembre, et j'avoue que là, je suis surpris.
J’ai peut-être été le premier libéral à critiquer la chose publiquement, mais il y avait de quoi, compte tenu de la manière dont cela s’est déroulé. Le a évidemment reconnu que les critiques étaient justifiées et il a annulé le programme. Personnellement, je pensais que le programme Emplois d’été Canada était une solution possible, mais, bien sûr, ce n'est pas ainsi qu'il avait été conçu. Le gouvernement a voulu mobiliser les jeunes de manière plus sérieuse, tandis que moi je voyais davantage les choses selon le prisme des employeurs.
Je veux d’abord m’assurer de bien comprendre certains faits, car je n’ai pas participé aux délibérations.
Monsieur Blumberg, lorsque vous dites qu’il s’agissait d’une subvention de 543 millions de dollars, vous n'êtes pas en train d'affirmer que l'Organisme UNIS devait en fait recevoir cette somme. Vous reconnaissez sans doute que la plus grande partie de cet argent devait être versée aux étudiants, n’est-ce pas?
:
Je retiens vos propos sur le besoin de poursuivre la surveillance et de toujours garder à l'esprit les exigences en matière d'intégrité. Dans quelques semaines, nous allons recevoir le rapport du commissaire, qui suit actuellement notre réunion. Sachez par conséquent que tous vos propos sont très utiles, notamment quand vous ne cessez de soulever le besoin d'une enquête publique ou de dire qu'il faut changer la donne, quitte à aller aussi loin que remettre le financement d'un parti en question.
On sait très bien qu'au Québec, on a réduit cela pour éviter l'apparence de conflits d'intérêts. Quand il est question de conflits d'intérêts, cela peut s'appliquer à des cadeaux ou à des avantages. Un avantage peut aussi ne survenir que plus tard. Tantôt, j'écoutais M. Scott, qui parlait beaucoup. Je ne lui ai pas laissé la parole.
Quand on parle de gratuité, on s'attend à quelque chose en retour. En fait, on sait très bien que dans le milieu de la technologie, si vous n'achetez pas un produit, c'est que vous êtes le produit. Si vous n'avez pas vu sur Netflix le film intitulé The Social Dilemma, je vous invite à le visionner. Je l'ai regardé avec mes enfants et ils m'ont demandé vers où on se dirigeait. C'est pourquoi les mesures de contrôle sont une condition sine qua non.
J'ai eu des noms de pays, j'ai eu des propositions. J'ai vraiment tout ce qu'il me faut pour dire à l'ensemble de mes collègues qu'il y a urgence. On s'entend qu'il y a de nombreux éléments qu'on ne sera pas capables de prouver et qu'on est encore en train de se demander qui a raison et qui a tort.
Je vous laisse la parole, monsieur Blumberg, car je crois que vous n'aviez pas terminé tantôt lorsqu'on parlait des pays et qu'on disait que le Canada était loin des premiers de classe lorsque vient le temps de bien faire les choses.
Avant de proposer la motion, j’ai parlé à M. Barrett et aussi brièvement à M. Angus. Je n’ai pas eu l’occasion de parler avec mon collègue du Bloc.
Je n’ai pas de motion à proposer concernant le projet de loi . J’espère simplement que nous le comprenons de la même façon. À l’approche de la nouvelle année, j’espère être un membre plus permanent du comité ETHI lorsque le projet de loi C-11 nous sera renvoyé.
Le mieux qu’on puisse faire en janvier, selon moi, c’est travailler hors ligne pour mettre au point notre plan de travail et la liste des témoins. Si l’on se met d’accord là-dessus, et j’espère que cette idée peut réunir un large consensus, on pourra alors reprendre notre collaboration dans la foulée à notre retour.
Plus précisément, vous avez sûrement tous en tête les gros titres sur les histoires épouvantables de Pornhub et MindGeek qui n’ont pas réussi à éliminer à temps le contenu illégal, pour éviter que des vies ne soient ruinées. Le témoignage des femmes dans les médias indique très clairement qu’elles n’ont pas pu reprendre une vie normale en raison des dommages causés par les vidéos et les images mises en circulation.
Comme je vous en ai donné avis, je propose:
Que le Comité convoque des représentants de Pornhub / Mindgeek, à savoir Feras Antoon et David Tassillo, pour leur demander d'expliquer pourquoi l’entreprise n’a pas interdit les vidéos de viol et d’autres contenus illégaux sur son site, et quelles mesures elle a prises et prévoit prendre pour protéger la réputation et la vie privée des jeunes et d’autres personnes qui n’ont jamais donné leur consentement.
Je remercie mon collègue d’avoir présenté cette motion. La question me semblait relever des dispositions du projet de loi relatives au droit à la vie privée.
La nouvelle choquante — et l'esclandre international qu'elle a provoqué —, c’est que le Canada héberge une entreprise qui a été accusée d’être l’hôte de pornographie juvénile, de pornographie de vengeance et d’actes non consensuels qui ont détruit des vies. C’est une chose que notre comité doit prendre très au sérieux. Je pense que nous devons faire venir les propriétaires de Pornhub.
Il nous faut, je pense, trouver un moyen de permettre aux survivants de ces horribles abus de nous parler s’ils le souhaitent. Si c’est le cas — et nous n’avons pas à en débattre maintenant —, nous pourrions peut-être leur offrir une tribune où ils pourraient témoigner en toute sécurité s’ils ne veulent pas témoigner en public, afin qu’ils puissent nous fournir ce témoignage. Nous devrions le proposer afin de connaître les répercussions réelles.
Une autre question, d'ordre plus général, qui me préoccupe et que M. Erskine-Smith et moi avons déjà abordée au cours de la dernière législature, a trait aux dispositions d’exonération qui mettent les géants de la technologie à l'abri de poursuites liées à des contenus extrêmement destructeurs. Par le passé, nous nous occupions de contenu extrémiste, raciste et violent, contenu qui a fait des victimes dans d’autres pays, mais en vertu des dispositions d’exonération, il faut poursuivre la personne qui l’a affiché, ce qui n’est pas toujours facile.
Si les sites qui affichent de la violence sexuelle et des attaques contre des enfants ne bénéficiaient pas de ces dispositions et étaient tenus responsables, le contenu serait immédiatement retiré, et ne serait même pas affiché pour commencer.
Notre comité peut se saisir de cette question. Nous n'avons pas besoin d'une grosse étude, juste d’une étude qui fasse rapport au Parlement. Quelques réunions devraient suffire. Mais il y a urgence. Il nous faut mettre la proposition aux voix aujourd’hui pour être prêts en février. Je proposerais deux réunions, suivies d'un rapport. Nous pourrions tenir d’autres réunions au besoin.
C’est le genre de chose dont notre comité a besoin pour pouvoir faire rapport au Parlement avec des recommandations auxquelles nous pouvons donner suite très rapidement.
Quant à l’autre suggestion de M. Erskine-Smith concernant le mois de janvier, je suis certainement très intéressé à parler des témoins pour le projet de loi , parce que je pense que ce sera une étude très importante. Je me rendrai disponible tant que nous ne serons pas... De façon plus informelle, en tant que sous-comité, nous pourrions peut-être discuter de certaines de ces questions et trouver une façon de nous préparer pour février.
Voilà ce que j’avais à dire. Cependant, je suis tout à fait prêt à voter sur cette motion maintenant.
:
Je vous remercie, monsieur le président.
J'ai fait mes devoirs. J'ai bien pris connaissance de la motion. Ce que j'ai compris, c'est qu'il s'agit de remplacer la motion de M. Dong. Nous sommes probablement tous fatigués. Des bouts m'avaient vraiment échappé. En passant, je remercie les interprètes.
Nous allons donc voter cela aujourd'hui en prévision du retour. C'est ce bout que je n'avais pas compris. J'ai bien lu la motion et j'ai eu le temps de vous écouter.
Je suis toujours très vigilante, particulièrement à l'égard de tout ce qui touche les vidéos destinées aux jeunes. Cela m'interpelle énormément.
Il faut juste ne pas oublier la raison pour laquelle nous nous rencontrons aujourd'hui. La vie continue et il faut évidemment traiter ce qui nous tombe sur la tête. Toutefois, cela vaudrait la peine que tout le monde puisse faire une lecture complète de ce que nous venons d'entendre au Comité. Il y a matière à bonification quant à la structure.
J'entends dire que, la situation actuelle, c'est du pareil au même quant à celle d'il y a 10 ou 15 ans. En effet, le Canada est loin derrière en matière de protection des renseignements personnels. Cela a des conséquences sur le commerce international.
Ce n'est peut-être pas votre cas, mais cela me touche énormément. Nous voyons qu'il y a urgence d'agir. Nous devons avoir de la transparence et nous assurer que les gens sont protégés. Cela fait partie de la protection.
Je suis prête à voter, en n'oubliant pas que nous avons beaucoup de travail à faire. Je suis prête à travailler et à redoubler d'efforts, parce que les gens méritent que nous bonifiions le tout et que nous leur offrions ce qu'il y a dle meilleur.
:
Je vous remercie, madame Gaudreau.
[Traduction]
Cela se traduit bien, j’espère, mais merci d’avoir placé la barre très haut pour nous. C’est une norme élevée.
Pour revenir au commentaire de M. Angus, c’est exactement ce que je pensais, et si votre motion m'y autorise, nous irons au-devant des intéressés. Quelques-unes des jeunes femmes, je crois, ont fait des déclarations publiques. Nous les contacterons car il serait avantageux selon moi d’obtenir leur témoignage en premier. Nous disposerions ainsi d'un témoignage sous serment devant le Comité auquel nous reporter lorsque nous recevrons les personnages de Pornhub et de MindGeek. Si vous m'y autorisez, je vais y travailler pour les deux réunions suggérées par M. Angus.
Y a-t-il consensus à ce sujet? Je vois que c’est le cas.
Une dernière chose, chers collègues. La motion, je crois, recueille le consentement unanime? Cela est-il clair également.
D’accord. C’est là notre premier vote unanime, je crois.
Merci beaucoup, chers collègues...