Au cours des neuf derniers mois, nous avons tenté de demeurer mesurés dans nos propos, mais la réalité, c'est que le bien que pouvait accomplir cet organisme pour les enfants a été détruit par un feu croisé politique. Aujourd'hui, nous prenons position. Nous avons été déçus du comportement de l'ensemble des partis politiques dans ce dossier.
Des éducateurs et des élèves de 7 000 écoles ont accompli des choses exceptionnelles, qui méritent d'être protégées. Au cours des 25 dernières années, nous avons aidé à bâtir plus de 1 500 écoles dans le monde, à instruire 200 000 enfants, à améliorer l'accès à des soins de santé et à de l'eau potable pour un million de personnes et, ici au Canada, nous avons mené la plus grande journée de collecte de dons pour les banques alimentaires, en plus de créer un cursus en santé mentale pour les étudiants canadiens. De plus, grâce aux écoles UNIS et à la Journée UNIS, nous avons pu aider plus de 5 000 œuvres de charité et collectivités partout au pays. Nous avons recensé plus de 70 millions d'heures de service.
Les membres du Comité vont probablement appuyer ces accomplissements du bout des lèvres. Ils diront peut-être ne pas vouloir s'attaquer à ces accomplissements, mais leurs jeux politiques ont détruit nombre d'entre eux, en plus de mettre en péril ce qui reste.
En cherchant à faire le bien, à faire mieux, nous nous sommes butés à des interdictions et des modèles désuets. Le secteur caritatif canadien est en crise. Le pourcentage de Canadiens qui font des dons est en baisse constante depuis 30 ans. Or, la loi fédérale régit la façon dont les œuvres de charité peuvent obtenir des revenus. Nous avons donc décidé de constituer l'entreprise sociale ME to WE en société, afin de créer de bons emplois dans des collectivités démunies dans le monde et de générer des revenus qui seraient entièrement versés à l'organisme UNIS.
Newman's Own, qui produit des vinaigrettes pour salades, utilise ce même modèle. On parle d'une vraie entreprise qui verse l'entièreté de ses profits après impôts à la Newman's Own Foundation, ce qui représente des centaines de millions de dollars. Paul Newman en était le propriétaire jusqu'à sa mort.
Avant les événements politiques récents, l'entreprise sociale ME to WE était encensée pour son modèle qui cherchait à faire le bien. Comme je l'ai dit, depuis sa fondation, l'entièreté de ses profits a été versée à l'organisme UNIS, où nous investissons l'argent dans sa mission sociale croissante.
Craig et moi avons commencé à travailler jeunes. En grandissant, nous avons réalisé au fil du temps que ce n'est pas simple de faire le bien. Pas seulement pour des adolescents, mais pour quiconque désire bâtir quelque chose, pense différemment, tente d'innover pour le bien. N'importe qui va faire des erreurs, et nous en avons fait plusieurs. Nous nous sommes excusés.
Nous ferons certainement d'autres erreurs à l'avenir. Nous nous excuserons alors à nouveau.
Nous avons écouté le témoignage du journaliste américain Reed Cowan lors de sa comparution au Comité il y a deux semaines. La douleur liée à la mort d'un enfant est innommable. Nous sommes de tout cœur avec lui. Il y a 15 ans, il a dit vouloir aider les enfants au Kenya, et c'est exactement ce qu'il a fait. Il a recueilli environ 70 000 dollars américains, ce qui a permis de construire quatre écoles au Kenya. Deux plaques avaient été installées pour honorer son fils, mais l'une d'entre elles a été retirée. M. Cowan a le droit d'être bouleversé. Aucun mot ne peut effacer le chagrin qui a été aggravé par cette erreur.
Le mois dernier, lorsque nous avons été mis au courant de cette erreur, Craig a appelé M. Cowan afin de lui présenter ses excuses au nom de notre organisme. Ils ont parlé pendant environ 90 minutes. Nous avons immédiatement monté la seconde plaque honorant son fils, Wesley. Nous sommes en train d'examiner nos archives, car un autre donateur dans le même village kenyan a aussi eu des problèmes avec une plaque il y a 15 ans. Là encore, nous nous sommes immédiatement excusés et cherchons un moyen de rendre hommage adéquatement à son aide généreuse.
Ce n'est pas facile de travailler dans des pays en développement. Ce n'est pas simple de mettre fin à la pauvreté extrême. Le proverbe africain est vrai: il faut tout un village pour élever un enfant. Ce village a besoin d'écoles, de projets d'eau potable, de soins médicaux, etc. Nous avons recueilli plus que ce que coûte la construction d'une école, car [Difficultés techniques] repas pour l'école et des vaccins pour les élèves. Nous avons recueilli plus que ce que coûte le forage [Difficultés techniques] des réparations qui permettent de poursuivre des projets communautaires pendant des années. L'organisme UNIS et la plupart des œuvres de charité offrent des catalogues de chèvres, d'écoles et de puits, ce qui permet aux donateurs de voir concrètement comment sont utilisés les fonds et de visualiser les répercussions dans une collectivité.
L'organisme UNIS et la plupart des œuvres de charité expliquent clairement aux donateurs que si plus de fonds que nécessaires sont recueillis pour un item précis dans le catalogue, cet excédent sera alors réinvesti dans des activités similaires visant à mettre fin à la pauvreté. Cela permet de veiller à ce que des programmes essentiels reçoivent l'aide dont ils ont besoin.
Tout comme la plupart des organismes mondiaux, l'organisme UNIS met en commun les fonds recueillis pour le village et investit l'argent de façon à répondre aux besoins les plus criants. Notre approche à cet égard est claire et transparente. Des centaines de donateurs nous ont dit comprendre ce modèle et s'entendaient pour dire que c'était là une approche responsable dans le milieu du développement communautaire.
Les donateurs donnent, car les modèles se sont avérés efficaces pour mettre fin à la pauvreté dans des villages. Tout l'argent recueilli est investi pour aider les enfants. Nous avons toutefois été abasourdis d'entendre un membre du Comité, peut-être par manque d'expérience en matière de dons à l'organisme UNIS, comparer cette pratique caritative quasi universelle à de la fraude.
Certains membres du Comité ont aussi, à tort, prétendu que notre organisme tentait d'éviter de répondre aux questions. La réalité, c'est qu'il y a plusieurs mois, nous avions accepté de comparaître devant vous afin de répondre à toute question des membres du Comité. C'était en plus de notre témoignage volontaire devant le Comité permanent des finances sur le même sujet, témoignage qui a duré quatre heures, ce qui est plus que tout témoignage nous ayant précédés, même sur la COVID.
Une semaine avant notre comparution devant ce comité, M. Angus a demandé une enquête policière et fiscale sur l'organisme UNIS, le tout dans une lettre à en-tête de député. Il a clairement démontré ses intentions politiques en l'annonçant sur Twitter, et sa lettre a immédiatement été divulguée aux médias pour faire la manchette.
Imaginez, le NPD a exhorté la police à faire enquête sur une œuvre de charité pour enfants à des fins politiques claires. Tout ce que Craig et moi voulions alors, c'était de venir témoigner au Comité pour vous prouver que de telles allégations étaient fausses. S'il s'était agi de nous, à titre personnel, nous serions venus comparaître devant le Comité immédiatement afin de réfuter certaines des attaques très personnelles envers notre intégrité, mais les choses ne sont pas si simples.
Notre organisme est plus important que nous. Le travail de l'organisme UNIS se doit d'être protégé. À la suite des récents événements politiques, l'organisme UNIS a ralenti ses activités au Canada, mais il continue à mener des programmes humanitaires qui sauvent des vies. Je pense entre autres à un hôpital au Kenya qui est le seul endroit sûr à des kilomètres à la ronde pour que des femmes puissent accoucher. M. Angus savait qu'il ferait la manchette et qu'il minerait la capacité de défense de l'organisme UNIS en demandant une enquête policière sur notre organisme à des fins politiques au milieu de cette affaire, avant même qu'on comparaisse devant le Comité.
Je tiens à être clair. Sauf votre respect, monsieur Warkentin, ce forum ne nous donne pas, à nous ou à l'organisme UNIS, les protections juridiques garanties aux Canadiens. Les politiciens ne sont pas impartiaux. En ne reconnaissant pas notre droit de présenter nos propres preuves, ce comité juge l'organisme UNIS dans le tribunal de l'opinion publique et force un témoignage.
Un député, M. Poilievre, nous a même menacés d'emprisonnement avant que nous ne soyons assignés à comparaître. Les députés parlent souvent de leurs privilèges, comme vous l'avez fait un peu plus tôt. Afin que tous les Canadiens comprennent ce dont vous parlez, l'expression juridique, soit le privilège absolu, signifie que les députés peuvent dire ce qu'ils veulent, peu importe si c'est faux ou malveillant. Les Canadiens ne peuvent pas demander des comptes à des députés pour une fausseté écrite sur les médias sociaux, alors que ces déclarations et ces fausses accusations, elles, sont relayées dans les médias conventionnels.
Au cours des neuf derniers mois, de nombreuses faussetés ont circulé au sujet de l'organisme UNIS et des personnes y étant associées. Des mensonges et des sous-entendus ont été répandus sur moi, mon frère et nos familles. Même nos parents de 80 ans n'ont pas été épargnés.
Nous avons cherché à répondre à ce tsunami de désinformation. C'est pourquoi nous avons demandé à des juricomptables canadiens de renom de procéder à un examen poussé de nos activités, afin de voir s'il y avait quelque chose d'inapproprié dans la relation entre nous, nos familles ou [Difficultés techniques].
Je tiens à être clair. Personne ne nous a demandé de faire cela. Nous étions favorables à cette enquête menée par des experts apolitiques. Nous avons fourni au vérificateur tout ce dont il avait besoin, que ce soit concernant nos finances personnelles ou des biens immobiliers. Voici la conclusion des juricomptables:
Nous n'avons pas décelé de problèmes dans les interactions entre l'organisme UNIS et l'entreprise sociale ME to WE. Nous n'avons trouvé aucune preuve de transaction inappropriée qui aurait bénéficié personnellement aux Kielburger.
Jusqu'à présent, des députés ont demandé ou lancé neuf différentes enquêtes sur l'organisme UNIS par l'entremise du Comité permanent des finances, du Comité permanent de la procédure et des affaires de la Chambre, du Comité permanent sur l'accès à l'information, de la protection des renseignements personnels et de l'éthique, du commissaire aux langues officielles, du commissaire aux conflits d'intérêts et à l'éthique, du commissaire à la protection de la vie privée et de la commissaire au lobbying.
Nous en sommes rendus là grâce à M. Angus et maintenant, potentiellement, grâce à la GRC et à l'ARC.
L'organisme UNIS croit en l'équité, la reddition de comptes et la transparence. Notre organisme est prêt à travailler de concert avec n'importe quelle agence apolitique pour toute enquête concernant des enjeux juridiques. Je dirai ceci aux Canadiens à l'écoute: Si des politiciens partisans peuvent utiliser leurs pouvoirs de façon irresponsable, alors ils peuvent cibler n'importe quelle organisation ou entreprise.
Pensez à ce que les politiciens ont fait à une petite entreprise canadienne, Speakers' Spotlight, qui [Difficultés techniques] pris part à ce processus. Ils ont mis de la pression sur les propriétaires de cette entreprise afin qu'ils enfreignent des lois sur la protection des renseignements personnels.
Lorsque cela n'a pas fonctionné, ils ont monté une campagne de relations publiques contre la petite entreprise; une attaque irresponsable et mesquine qui a donné lieu à la divulgation de données, à la cyberintimidation, au harcèlement et à des menaces de violence.
Ce sont les conservateurs, qui forment le parti des petites entreprises et de la liberté, qui ont entrepris cette campagne et à ce jour, aucun député conservateur ne s'est excusé pour la haine ou les préjudices qu'ils ont causés. Lorsque votre seul argument est que vous êtes au pouvoir, vous vous moquez bien de l'utiliser de manière responsable.
À la demande du conseil d'administration de l'Organisme UNIS, nous sommes accompagnés de l'ancien sous-ministre délégué à la Justice Will McDowell, qui a travaillé sous Paul Martin et Stephen Harper. Pour vous mettre en contexte, nous avons passé un test de dépistage de la COVID ce matin.
L'organisme de bienfaisance mérite l'équité et le respect de ses droits. Si M. Angus n'avait pas changé les règles à la dernière minute, mon frère et moi serions seuls ici comme c'était prévu au départ. M. McDowell se joint à nous pour protéger les intérêts de l'organisme, à la suite des actions de M. Angus.
Bien que la politique canadienne ait tué l'Organisme UNIS au Canada, les fondations que nous avons établies dans d'autres pays comme le Kenya continueront d'aider les enfants des prochaines générations. Elles permettront le fonctionnement de l'hôpital de Baraka où sont nés 158 bébés de façon sécuritaire en décembre dernier. Elles permettront à des écoles secondaires d'offrir une éducation à des centaines de filles, qui pourront ainsi éviter l'esclavage entraîné par le mariage précoce. De nombreuses bonnes personnes réalisent ces projets. Elles ne méritent pas d'être traitées comme des pions politiques.
Le mandat du Comité est d'enquêter sur les dépenses liées à la pandémie. Voici un fait simple: ayant eu l'occasion de faire le bien pour 100 000 étudiants et pour d'autres organismes de bienfaisance en situation de pandémie, l'Organisme UNIS a accepté d'offrir son aide. C'est ce que nous faisons. Nous offrons notre aide à ceux qui en ont besoin.
Nous n'avons pas avisé le et M. Morneau de ne pas se récuser. Nous n'avons jamais prorogé le Parlement. Nous n'avons pas pris part à la décision de faire obstruction au Comité cet automne. Ce scandale politique revient au gouvernement, pas à l'Organisme UNIS.
Le gouvernement s'est caché derrière un organisme de bienfaisance pour enfants et l'a laissé prendre le blâme pour les décisions politiques du gouvernement; l'opposition l'a laissé faire. Aucun député ne s'est levé pour parler au nom des millions d'enfants de partout dans le monde que l'organisation a aidés. En tant que députés, vous avez le pouvoir de convoquer qui vous voulez à comparaître. J'aimerais vous poser une question: après un an de joutes politiques, quel est le résultat? Qu'avez-vous accompli?
Le mois de mars marque le premier anniversaire de la déclaration de la pandémie par l'OMS. Des centaines de milliers de jeunes Canadiens auront besoin d'un emploi cet été. Quel programme remplacera le nôtre à cette fin? Qui, parmi vous, a su élaborer un meilleur plan pour jumeler les organismes à but non lucratif dans le domaine du bénévolat, qui en a désespérément besoin? Comment les jeunes canadiens...? Comment cette situation encouragera-t-elle les jeunes à se lancer en politique un jour?
Il est facile de tout détruire de façon irresponsable. Il est toutefois difficile de bâtir un projet et encore plus difficile de remplacer ce qu'on a détruit. L'Organisme UNIS n'était pas parfait, mais il aidait les jeunes Canadiens.
Winston Churchill nous avait mis en garde: pour certains, la libre expression signifie qu'ils peuvent dire ce qu'ils veulent, mais lorsque quelqu'un leur réplique, ils sont outrés. Ainsi, certains d'entre vous seront peut-être outrés de constater que nous montrons du doigt la politique à titre de source du problème. Si notre comparution d'aujourd'hui ressemble à celle d'il y a neuf mois, vous allez tous faire vos discours, nous dénoncer, poser vos questions et y répondre vous-même, en ignorant nos réponses. Pendant que vous ferez tout cela, nous allons penser au personnel dévoué qu'il nous reste, qui se démène pour faire le bien. Nous allons penser à ceux qui assurent le fonctionnement d'un hôpital et d'une école secondaire au Kenya.
Aujourd'hui, vous allez à nouveau nous bombarder, mais demain, nous retournerons à notre travail; nous continuerons d'aider les enfants.
Merci, monsieur le président. M. McDowell souhaite vous dire quelques mots.