:
Merci, monsieur le président et chers collègues.
Comme vous l'avez dit, la situation est inhabituelle. Il existe toutefois un précédent et je voudrais le rappeler.
Le légiste parlementaire, M. Walsh, a déclaré ceci en 2010, lors d'une audience de ce comité:
le premier ministre, et n'importe quel ministre, n'a pas le pouvoir d'empêcher quelqu'un de comparaître devant un comité.
Vu les fonctions ministérielles du personnel politique, le comité n'aurait peut-être pas le loisir de lui poser toutes les questions qu'il voudrait, mais outre les députés, les sénateurs et le gouverneur général, tout le monde a le devoir de se présenter lorsqu'il est cité à comparaître devant un comité.
Je pense que ce point de vue est très important dans la situation où nous nous trouvons aujourd'hui. Je m'attends à ce qu'un moment donné, le Comité discute des instructions à donner pour que le légiste parlementaire vienne témoigner sur cette question.
Nous devions nous réunir aujourd'hui conformément à un ordre de la Chambre, adopté par la majorité des députés. Cet ordre est l'expression de la volonté des Canadiens concernant la comparution de certains témoins et la production de certains documents. Issu de la discussion entreprise par le Comité et poursuivie à la Chambre jeudi, l'ordre donne une option au gouvernement, à savoir que des personnes doivent comparaître devant le Comité, soit M. Rick Theis, M. Amitpal Singh et M. Ben Chin. L'ordre exige aussi du Bureau du Conseil privé qu'il produise des rapports de diligence raisonnable et qu'une personne soit citée à comparaître devant le Comité permanent de la défense nationale.
Le leader du gouvernement a déclaré à la Chambre que le gouvernement indiquerait aux personnes citées de ne pas comparaître. Il a répété la même chose hors de l'enceinte des Communes.
La motion, qui a été adoptée par la majorité des députés et qui exprime donc la volonté des Canadiens de voir comparaître les personnes citées, prévoit une autre option pour le gouvernement, soit de faire comparaître une personne à la place des témoins, et cette personne, c'est le .
Le gouvernement avait donc ces options, et nous nous trouvons maintenant dans une situation où le porte-parole du gouvernement, c'est-à-dire le leader du gouvernement à la Chambre, fait des déclarations publiques où il affirme que le gouvernement compte défier un ordre de la Chambre. Cela empêche les Canadiens d'obtenir des réponses. Le Comité ne peut pas faire son travail, et c'est nettement une violation...
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Nous sommes en train de discuter du recours au Règlement.
Chers collègues, nous avons manifestement un témoin qui s'est porté volontaire. Il n'a pas reçu l'ordre de venir témoigner devant nous, et les membres du Comité ne lui ont pas demandé de se présenter devant eux.
Le leader du gouvernement à la Chambre, M. Rodriguez, est présent et il est prêt à témoigner maintenant. Il nous reste à déterminer si le Comité veut effectivement l'entendre.
M. Rodriguez n'a pas été invité par le Comité. La Chambre des communes ne lui a pas donné l'ordre de venir ici. Je pense que, vu mes fonctions de président, il est de mon devoir de déterminer si le Comité souhaite entendre ce témoin qui est venu sans qu'on le lui demande.
Monsieur Dong, la parole est à vous.
Je m'étais inscrit dans la liste des intervenants parce que je voulais invoquer le Règlement pour une autre raison. J'espérais qu'avant la discussion actuelle, je pourrais aborder une question de manière à ce que nous la réglions, mais je vais en parler maintenant et je vais aussi donner mon point de vue sur le sujet actuel.
Je voulais soulever la question des lettres que nous recevons de la part des avocats de Victor Li pour que nous puissions savoir clairement à quoi nous en tenir pour la suite des choses. J'ai été très surpris de découvrir que les avocats de Victor Li répondaient au Comité par l'entremise de Twitter, plutôt que de s'adresser au Comité lui-même. Je n'ai jamais vu cela auparavant, et ce n'est pas la façon normale de procéder.
J'ai été très surpris de voir les allégations contenues dans les lettres. J'espère grandement que la santé de M. Li est bonne, je tiens à le dire. Il ne s'agit pas de lui causer un stress indu, mais notre comité s'est entendu pour lui envoyer une sommation si nous n'avions pas de réponse de sa part. Je suis très surpris de voir qu'il nous répond en faisant valoir ses droits en vertu de la Loi sur la preuve au Canada. S'inquiète-t-il d'une enquête criminelle dont nous ne connaissons pas l'existence?
Selon la lettre des avocats, les questions auxquelles M. Li n'a pas répondu étaient des questions complémentaires. C'est inexact. Nous lui avons posé des questions fondamentales. Nous l'avons questionné sur la structure organisationnelle. Huit mois plus tard, je pense que nous sommes tous d'accord pour dire que personne parmi nous n'a la moindre idée de la structure de l'organisme UNIS. Nous n'en connaissons pas les immenses propriétés immobilières, les activités parallèles, les entreprises privées, à but lucratif, et les sociétés fictives. Or, M. Li peut nous donner cette information.
Les avocats de M. Li ont déclaré qu'il faudrait des mois pour nous fournir une liste indiquant les emplacements des écoles construites, comme nous le lui avons demandé. Cette affirmation me semble ridicule. Il devrait être passablement simple, pour un organisme qui est actif dans la construction d'écoles pour les enfants, de retrouver une telle liste. D'ailleurs, je constate que, dans sa publicité, l'organisme UNIS affirme s'être doté d'un mécanisme de reddition de comptes qui permet aux donateurs de connaître l'utilisation qui est faite de leur argent. Alors, il devrait être facile de nous donner la liste que nous demandons.
J'ai lu avec étonnement, dans la dernière lettre, qu'ils ne connaissaient personne, au sein de l'organisme UNIS, qui soit capable de retrouver cette information. Notre comité parlementaire doit-il en conclure que, dans un organisme qui a des propriétés et d'autres actifs valant des millions de dollars, personne, à part un homme qui est absent depuis huit mois pour cause de maladie, n'est capable de trouver les réponses aux questions que nous avons posées, même si nous sommes prêts à envoyer une sommation, au besoin, pour les obtenir?
Je vous pose la question, monsieur le président. Je pense que le strict minimum serait que nous demandions un billet du médecin. Nous avons prolongé le délai. Ils disaient ne pas pouvoir respecter l'échéance, alors nous avons accepté un report. Toutefois, nous devrions prendre la chose au sérieux. Si une personne a des problèmes de santé et qu'elle diffuse des gazouillis sur Twitter à propos de ces problèmes, je respecte cela au plus haut point, mais je pense également que nous devrions obtenir un certificat médical. Donc, je voudrais demander à mes collègues s'ils sont d'accord avec moi pour faire cette demande et obtenir le certificat. C'est la première question que je pose.
Pour ce qui est de la question de la réunion d'aujourd'hui, je dirais que j'aime beaucoup M. Rodriguez. Nous nous connaissons depuis longtemps. Je ne sais pas ce qu'il pourrait offrir à notre comité. Par respect, je suis prêt à entendre ce qu'il a à dire, mais je tiens aussi à rappeler à mes collègues que notre comité devra bientôt étudier un projet de loi. Nous devons terminer ce rapport, que je considère comme prioritaire, tout comme l'étude sur PornHub parce qu'un peu partout dans le monde, des gens souhaitent que nous la terminions. Donc, j'exhorte mes collèges à bien faire ce travail.
La solution consisterait peut-être à demander l'avis du légiste parlementaire. Nous pourrions ainsi trouver une issue au lieu de tomber dans l'obstruction systématique. J'inviterais donc mes collègues à donner la parole à M. Rodriguez. Voyons si ce qu'il a à dire peut nous être utile dans le cadre de notre étude, puis nous déciderons ce qu'il convient de faire à propos des trois témoins auxquels le Parlement a demandé de comparaître, mais qui ne sont pas venus.
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Merci, monsieur le président.
Je disais donc que nous sommes devant une situation assez inusitée en ce qui regarde le motif de notre rencontre d'aujourd'hui, qui était d'entendre un témoin qui n'est pas ici.
Par ailleurs, dans un deuxième temps, le leader du gouvernement à la Chambre nous dit qu'il a des choses à nous dire au sujet de notre étude sur le scandale du mouvement UNIS. Je veux bien que nous l'entendions. Je pense que c'est également le souhait de mes collègues du Comité. Nous entendrons M. Rodriguez, et c'est tant mieux.
Toutefois, un ordre a été donné, monsieur le président. Nous ne sommes plus dans le cadre des invitations que les comités peuvent envoyer à des témoins. Jeudi dernier, il y a eu un débat à la Chambre qui a duré à peu près toute la journée et qui portait sur l'opportunité d'adopter la motion de M. Barrett visant à convoquer certains témoins. La motion a été débattue, amendée et adoptée le jeudi 25 mars dernier. Cette motion ordonnait à M. Rick Theis de témoigner devant ce comité aujourd'hui, à 14 heures. Il n'y est pas.
La motion prévoyait également que le pouvait, s'il le souhaitait, comparaître à la place de M. Rick Theis. Je constate que le premier ministre n'est pas là, à moins qu'il soit caché quelque part.
Alors, monsieur le président, avant qu'on prenne une décision sur la comparution de M. Rodriguez ou de quiconque, je voudrais d'abord déposer une motion. Je propose que le Comité constate l'absence du témoin qui avait été convoqué par la Chambre des communes...
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Monsieur le président, j'ai la main levée depuis le début. Je souhaite m'exprimer sur le recours au Règlement dont il a été question au départ. M. Poilievre a alors fait une affirmation, à laquelle vous avez souscrit sans en discuter avec nous, au sujet de la comparution de M. Rodriguez aujourd'hui. Nous devons respecter l'institution parlementaire, et le principe de la responsabilité ministérielle en fait partie. Un ministre est présent et il est prêt à répondre à nos questions.
En ce qui a trait à la motion adoptée par la Chambre et l'ordre qui en résulte, c'est le ministre qui va répondre à nos questions parce que c'est conforme au principe de la responsabilité ministérielle. Les membres du personnel ne sont pas élus. Ce ne sont pas eux qui font inscrire leur nom sur les bulletins de vote. Ce sont les ministres qui doivent répondre aux questions au nom du gouvernement.
Je veux que nous entendions M. Rodriguez, mais avant, je ne sais pas si M. Angus invoquait le Règlement ou si son intervention pouvait être qualifiée autrement, mais je voudrais lui répondre au sujet de M. Li.
Je suis choquée, mais peut-être que je ne devrais pas l'être parce que ce n'est pas la première fois que, dans une réunion de notre comité, on calomnie un Canadien qui, alors qu'il vaque à ses affaires, se fait entraîner malgré lui dans un dossier qui retient l'attention de notre comité...
Monsieur Angus, je vais vous donner la parole sous peu pour invoquer le Règlement, mais actuellement, nous débattons de la motion de M. Fortin. Je pense que la première intervention portait là-dessus.
En ce qui a trait à M. Li, nous ne sommes pas actuellement en train de débattre de la motion. Un préavis a été donné que la motion nous serait communiquée, mais étant donné qu'elle n'a pas trait à la discussion actuelle, qui vise à déterminer si nous allons entendre M. Rodriguez et les témoins au cours de la présente réunion, je considère que ce n'est pas le temps de débattre de la motion. La réunion ne porte pas sur les travaux du comité, mais bien sur une question précise au sujet de laquelle nous devons entendre des témoins aujourd'hui.
Mme Shanahan, vous êtes la bienvenue si vous voulez intervenir dans le débat sur la motion de M. Fortin, car c'est le sujet dont nous parlons actuellement.
Monsieur Angus, vouliez-vous invoquer le Règlement?
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Merci, monsieur le président.
Je suis prête à me battre pour les Canadiens n'importe quand, vous pouvez compter là-dessus, mais je conviens que la motion qui nous est soumise concerne la comparution de M. Rodriguez devant notre comité, de bonne foi. Son nom figure sur l'avis de convocation modifié. Il est présent et il s'attend à pouvoir s'adresser au comité. La pratique habituelle de notre comité et d'autres comités de la Chambre veut que nous fassions preuve de souplesse en ce qui concerne les témoins. Nous voulons certainement entendre les témoins qui peuvent nous être grandement utiles pour réaliser l'étude que nous avons entreprise.
D'ailleurs, nous savons que beaucoup de députés des deux côtés de la Chambre ont déjà parlé du principe du gouvernement responsable appliqué au Canada, principe selon lequel le personnel ministériel ne détient pas l'autorité qui lui permettrait de prendre des décisions au nom des ministres. Je pense que M. Poilievre s'est déjà exprimé sur cette question, tout comme l'ancien premier ministre Stephen Harper. Les membres du personnel ne détiennent pas l'autorité et ne peuvent pas prendre des décisions à la place des ministres. Ils relèvent des ministres et doivent leur rendre des comptes. Puis, les ministres doivent rendre des comptes au Parlement. Ce concept n'est pas nouveau. Il est énoncé dans le document de l'ancien premier ministre Harper intitulé Pour un gouvernement responsable: un guide à l'intention des ministres.
C'est le principe, et nous en avons déjà parlé, monsieur le président. Depuis ses débuts, le comité dont nous faisons partie a évolué et a appris comment s'y prendre pour gérer les questions très difficiles qu'il doit étudier. Je suis d'accord pour dire que c'était un principe important lorsqu'il a été établi par l'ancien premier ministre Stephen Harper, et c'est un principe clé aujourd'hui. En fait, c'est un principe fondamental et nous devrions être responsables de l'appliquer.
Je suis indignée par la première remarque de M. Poilievre. Il a dit qu'en quelque sort, si M. Rodriguez vient comparaître devant nous aujourd'hui, c'est tout simplement parce qu'il se trouvait à passer par ici. Donc, il est là, mais cela n'a rien à voir avec l'affaire que nous étudions. Pour ma part, j'ai hâte de pouvoir entendre M. Rodriguez et lui poser des questions. Voilà ce que j'ai à dire relativement à cette motion.
Pour ce qui est de la motion elle-même, j'aimerais qu'elle nous soit lue de nouveau, mais je suis contre puisqu'elle sert à discréditer la comparution de M. Rodriguez devant notre comité, aujourd'hui. Le ministre se présente ici de bonne foi, en conformité totale avec le principe de la responsabilité ministérielle, et sa présence respecte la volonté de la Chambre. Je voudrais que la motion nous soit lue encore une fois.
Merci.
:
Merci, monsieur le président. Il est bon de vous revoir. Il y avait belle lurette.
[Français]
Je suis très heureux de revoir chacun d'entre vous. Je n'avais pas revu plusieurs d'entre vous depuis très longtemps.
[Traduction]
C'est vrai que M. Angus et moi nous nous connaissons depuis longtemps. Je n'avais pas de cheveux gris à l'époque où nous nous sommes rencontrés.
Collègues, monsieur le président, je suis ici parce que, de notre côté de la Chambre, nous vouons un profond respect pour les traditions du Parlement, et l'une d'elles est le principe de la responsabilité ministérielle. Comme je l'ai dit durant mon discours à la Chambre la semaine dernière, nous croyons que les ministres du Cabinet sont redevables à la Chambre des communes en ce qui concerne les décisions du gouvernement ainsi que pour les actions des membres de leur propre personnel politique.
[Français]
C'est la raison pour laquelle, depuis notre arrivée au pouvoir, en 2015, notre gouvernement a plusieurs fois démontré son respect à l'égard de cette tradition à la Chambre des communes et aux comités. Chaque jour, nos ministres répondent à des questions. À ce jour, ils ont répondu à des milliers de questions à l'occasion des périodes de questions orales quotidiennes et à l'occasion d'innombrables comparutions en comité. Ils ont répondu à beaucoup de questions, et c'est normal. En fait, c'est ainsi que ça doit fonctionner.
Nous avons toujours collaboré de façon responsable avec les députés et les comités. Cette responsabilité est la nôtre, et je pense que nous nous en sommes toujours acquittés avec professionnalisme, et avec plaisir, dois-je dire.
Les ministres ont une responsabilité collective en ce qui concerne les gestes posés par le gouvernement. Je suis donc ici parce que, en tant que membre du Cabinet, je parle au nom du gouvernement, mais aussi au nom de tous ceux qui travaillent au sein du gouvernement.
[Traduction]
Je suis conscient que certains membres du Comité auraient préféré entendre M. Rick Theis, un membre du personnel du Cabinet du premier ministre. Cependant, comme je l'ai déclaré à la Chambre des communes la semaine dernière, et je tiens à ce que ce soit bien clair, nous sommes profondément en désaccord avec la décision de l'opposition d'utiliser ses pouvoirs pour intimider et malmener un fonctionnaire. En effet, cela contrevient directement au fondement de notre système parlementaire. Un membre non élu du personnel chargé des politiques est redevable aux membres du Cabinet, et le Cabinet est redevable au Parlement.
Il s'agit d'un principe clair que l'opposition officielle a défendu il y a plus d'une décennie quand le gouvernement conservateur de Stephen Harper était au pouvoir. J'y étais. Certains d'entre vous y étaient, dont M. Poilievre. M. Angus y était également ainsi que d'autres.
Comme je l'ai mentionné la semaine dernière, Jay Hill, l'ancien leader parlementaire du Parti conservateur, avait amplement démontré à la Chambre des communes pourquoi le gouvernement Harper refusait de permettre aux membres de son personnel de témoigner devant un comité. Comme M. Hill l'avait dit, à juste titre d'ailleurs:
Quand des ministres choisissent de témoigner devant un comité pour rendre compte de leur administration, ils représentent la meilleure option qui soit en matière de reddition de comptes et on doit les écouter. Les fonctionnaires et le personnel des ministres aident ces derniers à assumer leurs responsabilités. Ils ne les assument pas. Ils ne peuvent pas les assumer.
Le gouvernement Harper avait donné la directive à son personnel de ne pas comparaître. Ce sont les ministres du Cabinet qui devaient comparaître à leur place.
[Français]
Sous leur nouveau chef, les conservateurs ont malheureusement changé d'avis sur l'importance de ce principe fondamental qu'est la responsabilité ministérielle.
Ce qui était important pour eux alors qu'ils étaient au pouvoir a été jeté par la fenêtre depuis qu'ils sont dans l'opposition. C'est regrettable, et même dangereux, monsieur le président. En effet, les Canadiens ont besoin d'avoir confiance et de savoir que les traditions de leur Parlement ne seront pas abandonnées par opportunisme politique.
L'argument avancé par le leader parlementaire des conservateurs en 2010 était juste et vrai. C'était la bonne chose à faire alors, et c'est encore la bonne chose à faire aujourd'hui.
[Traduction]
Si vous me le permettez, j'aimerais aborder brièvement la question à l'étude.
En ce qui concerne les décisions relatives à l'organisme UNIS, le gouvernement a remis plus de 5 000 pages de documentation au Comité permanent des finances de la Chambre des communes, au mois d'août dernier.
Pour ce qui est de M. Theis, comme il est indiqué dans les documents, il a eu un seul échange, un appel téléphonique, avec l'organisme UNIS. C'est tout. En fait, cette information a été divulguée par le Cabinet du premier ministre. Personne ne devrait en être surpris, de nombreux mois plus tard. Selon M. Theis, l'appel téléphonique n'avait duré que 25 minutes, approximativement. Les représentants de l'organisme UNIS lui ont parlé du travail que fait actuellement l'organisme en faveur de la diversité, de l'inclusion et de la jeunesse en ce qui a trait à la Bourse canadienne pour le bénévolat étudiant, et lui ont présenté une proposition en matière d'entrepreneuriat social. M. Theis leur a demandé ce qu'ils proposaient pour assurer la diversité des affectations liées à la Bourse canadienne pour le bénévolat étudiant tandis que de leur côté, les Kielburger se sont dits préoccupés par le fait que le programme devait démarrer à brève échéance.
À aucun moment, les dépenses n'ont été discutées, ni aucun engagement, assurance ou conseil donné par M. Theis à UNIS sur un quelconque sujet, autre que celui de contacter le ministère de la Diversité et de l'Inclusion et de la Jeunesse.
[Français]
Tout cela s'est passé en mai 2020. C'était une chose normale pour M. Theis, en tant que membre du personnel chargé des politiques au bureau du premier ministre. Il s'était entretenu avec un organisme d'intervenants. C'était l'une des nombreuses conversations qu'il a eues avec beaucoup d'organismes. C'était une discussion d'ordre général.
M. Theis a orienté l'organisme UNIS vers les fonctionnaires du ministère de la Diversité et de l'Inclusion et de la Jeunesse, qui était l'endroit le plus approprié pour obtenir des réponses aux questions que l'organisme posait. Ce membre du personnel a donc fait son travail de façon professionnelle. Il n'y a rien de plus compliqué que ça.
Ce sont des gestes similaires à ceux de milliers de personnes qui travaillent dur chaque jour au gouvernement, tant dans la fonction publique que dans les cabinets de ministres, et je pense que vous allez vous en rendre compte au fur et à mesure de votre travail.
Sur ce, monsieur le président, je serai heureux de répondre aux questions des membres du Comité.
Je vous remercie.
[Français]
Monsieur le président, l'ordre d'aujourd'hui était d'entendre Rick Theis répondre à des questions que nous avions. Rick Theis étant absent, cette question est suspendue; nous en débattrons tantôt.
Ensuite, le ministre a dit qu'il voulait bien témoigner. Nous avons dit que nous étions d'accord pour l'entendre, mais nous l'entendons sur l'ensemble du dossier. Il n'est pas ici pour dire ce qu'il pense que Rick Theis aurait dit si nous lui avions posé telle ou telle question. C'est du ouï-dire, et nous n'en sommes pas là.
M. Rodriguez veut témoigner devant le Comité sur l'étude que nous faisons au sujet du scandale UNIS. C'est parfait, nous allons l'entendre au sujet du scandale du mouvement UNIS.
Il n'est pas question de limiter M. Rodriguez aux questions que nous aurions posées à M. Theis. Nous les poserons à M. Theis s'il accepte de témoigner devant le Comité, le moment venu. En ce moment, c'est M. Rodriguez...
J'espère que Mme Shanahan n'agit pas de cette façon pour abréger mon temps de parole et que ses interventions ne seront pas déduites de mon temps de parole, parce que je veux vraiment discuter avec mon vieil ami M. Rodriguez. Nous avons siégé ensemble à un certain nombre de comités.
Je pense que ce qui est réellement fascinant ici concerne M. Theis, et je vais jouer cartes sur table: je veux qu'on en finisse avec cette étude. Nous devons faire aboutir ce dossier. Je n'ai pas appris grand-chose de plus que ce que je savais déjà grâce aux 5 000 pages de documents, mais ce que je sais avec certitude, c'est que M. Theis est le directeur des affaires du Cabinet et que lorsqu'il rencontre Marc et Craig Kielburger, le 5 mai, il discute avec eux du plan qui est sur le point d'être envoyé au Cabinet. C'est de cela qu'ils discutent durant ces 25 minutes.
Par la suite, Craig écrit à Rick Theis et le remercie pour la conversation sur la façon de « rationaliser l'accord de contribution ». Qu'est-ce qui a été rationalisé dans l'accord à la suite de cette discussion avec Rick Theis, le directeur des affaires du Cabinet?
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Oui, eh bien, ce n'est pas logique, puisque cela s'est passé trois jours avant que ce soit soumis au Cabinet. Ce n'est pas quelque chose qui peut simplement...
Vous avez dit tout à l'heure que son travail, c'est de parler avec de nombreux groupes; or, il n'y avait qu'un groupe. C'est le plan qui était sur la table. Il a été finalisé le 4 mai, ils en ont parlé le 5 mai, il était soumis au Cabinet le 8 mai, et il a dit avoir contribué à le rationaliser.
Quand on examine ce rapport, ce plan, on constate qu'il y a beaucoup de lacunes et un manque de diligence raisonnable. De toute évidence, il a fait quelque chose pour le rationaliser, car il a aussi dit: « Je communiquerai avec vous si j'ai quelque chose à ajouter au sujet de ce document. Même si ce n'est pas le cas, nous devrions nous reparler bientôt. »
Qu'ont-ils rationalisé lors de cette rencontre avant que le document soit envoyé au Cabinet?
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Je vous remercie de votre présence, monsieur Rodriguez. Je vous ai toujours considéré comme un bon ami. Je n'ai pas l'impression que vous nous aidez beaucoup comme témoin aujourd'hui, mais je vous remercie d'être avec nous.
Je tiens simplement à dire que je suis résolu à obtenir des réponses parce que c'est notre travail au Comité. C'est notre travail de poser des questions difficiles. Voilà pourquoi le comité de l'éthique a toujours été présidé par un député de l'opposition, parce que nous devons demander des comptes au gouvernement.
Je n'ai jamais vu de comité où les députés ministériels sont heureux. Ils n'aiment pas poser des questions difficiles. À l'occasion, ils lancent des attaques personnelles virulentes envers nous parce que nous posons ces questions. Aujourd'hui, j'ai posé une question au sujet des documents que nous tentons d'obtenir et j'ai fait l'objet d'une attaque personnelle de la part de Mme Shanahan. Cela m'inquiète, car des membres de ma famille ont été pris pour cible parce que je posais des questions à ce comité.
Je pense que nous devons rester concentrés, ici. Nous devons continuer d'axer nos efforts sur le dépôt du rapport au Parlement. Je ne pense pas que le gouvernement va aimer le rapport, mais c'est notre travail d'obtenir ces réponses.
Je vous remercie de votre comparution. Je ne crois pas qu'elle ait permis d'apprendre beaucoup de nouvelles choses. Je voudrais demander à mes collègues de rester concentrés sur ce que ce comité a à faire durant le temps qu'il reste...
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Merci beaucoup, monsieur le président.
J'ai écouté attentivement les questions et les réponses... et je dois dire qu'il n'y a pas beaucoup de nouvelles informations. Le fait est que nous menons cette étude depuis l'année dernière.
Les téléspectateurs doivent aussi comprendre que le commissaire à l'éthique mène actuellement une enquête parallèle et, soit dit en passant, j'estime qu'il est le mieux placé pour examiner cette affaire. J'ai hâte de connaître ses conclusions et ses recommandations.
À mon arrivée à Ottawa, on m'a dit que le travail en comité était de nature non partisane, mais je constate de plus en plus que c'est similaire à ce qui se passe à la Chambre des communes pendant les débats et la période des questions. Je dirais que cela a vraiment menacé le travail et les résultats du Comité.
Je fais écho à ce que M. Angus a dit plus tôt, à savoir que nous avons une étude très importante qui, en toute honnêteté, est bloquée par les conservateurs.
Nous étions tous au courant du programme du Comité. Nous avons l'étude sur Pornhub. Comme cela a été mentionné plus tôt, nous prévoyons également l'arrivée du projet de loi . De plus, il y a les nouveaux renseignements que nous obtiendrons peut-être dans le cadre de notre conversation ou de notre correspondance avec M. Li. À mon avis, il s'agit de la partie la plus productive, soit celle qui contribue à l'étude dont nous parlons aujourd'hui.
Je ne sais pas pourquoi les conservateurs sont si accros... ou croient tellement que ce processus de questionnement sans fin leur permettra d'atteindre leurs objectifs politiques positifs. Je n'ai rien entendu que je n'avais pas déjà entendu.
Cela dit, puisque le ministre est ici au nom du gouvernement, j'aimerais clarifier quelque chose.
Tout d'abord, M. Shugart a témoigné que personne dans la fonction publique n'a sonné l'alarme au sujet de la santé financière et des ressources d'UNIS avant que la proposition pour la Bourse canadienne pour le bénévolat étudiant ne soit présentée au Cabinet le 22 mai.
M. Theis a-t-il vu ou entendu parler de signaux d'alarme concernant les finances et les ressources d'UNIS? Je pense que la question a déjà été posée, mais le ministre n'a pas eu l'occasion d'y répondre.
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Merci, monsieur le président.
Monsieur le ministre, je pense qu'il ne faut pas confondre les choses. La responsabilité ministérielle fait en sorte que vous, les ministres, êtes responsables des erreurs que peuvent commettre les employés qui relèvent de vous, mais cela n'empêche pas le Comité de faire témoigner ces gens-là pour établir les faits et savoir ce qui s'est passé.
En témoignant, vous disiez à plusieurs reprises que vous ne saviez rien et qu'on avait besoin de faits. Justement, la seule façon d'avoir les faits, c'est d'entendre les gens impliqués personnellement. Il n'est pas question de les malmener, comme vous le mentionnez depuis tantôt, mais simplement de les entendre.
Cela dit, monsieur le ministre, je vais vous lire un passage de La procédure et les usages de la Chambre des communes, à la page 137, qui porte sur les privilèges et immunités du Parlement:
Selon le préambule et l’article 18 de la Loi constitutionnelle de 1867, le Parlement jouit du droit de procéder à des enquêtes, d’exiger la comparution de témoins et d’ordonner la production de documents, des droits essentiels à son bon fonctionnement. Ces droits sont d’ailleurs aussi anciens que le Parlement lui-même.
Monsieur le ministre, pouvez-vous commenter ce passage?
Le Parlement jouit-il moins, aujourd'hui, du droit de procéder à des enquêtes et de faire comparaître des témoins qu'il n'en a joui avant que le gouvernement actuel ne soit en place?
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Je me posais seulement la question, parce qu'à l'évidence, nous assistons à la mise en œuvre d'un plan visant à interrompre et à gêner les travaux de manière concertée.
Ces gens ne sont pas grossiers. Je les adore. Chaque fois que M. Fergus prend la parole... M. Sorbara m'a accompagné en Italie. M. Dong et moi devions apprendre à chanter ensemble. Je viens tout juste de rencontrer Mme Lattanzio. Mme Shanahan est une bonne Canadienne d'origine irlandaise. J'ai d'ailleurs grandi avec des Canadiens d'origine irlandaise.
Pourtant, chaque fois que nous parlons à ces gens, nous faisons face à de l'ingérence et à des interruptions. Si je ne m'abuse, nous avons assisté à des manœuvres d'obstruction durant les séances pendant 40 heures d'affilée. Je me demande qui coordonne tout cela, parce que ça ne semble pas naturel.
Puisque vous êtes le leader du gouvernement à la Chambre, auriez-vous l'obligation de vous assurer, lorsque des questions difficiles comme celles portant sur l'organisme UNIS sont soulevées, que ces gens reçoivent la directive d'interrompre les travaux et de faire de l'obstruction? À qui reviendrait cette tâche?
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Eh bien, nous avons pris notre décision et vous l'avez annulée. Vous faites de l'obstruction au comité de la procédure et au comité des affaires étrangères dans le dossier des vaccins du programme COVAX. Vous interrompez vos propres députés. Pas vous personnellement: vous ne feriez jamais cela, je le sais; mais vos collègues libéraux, si. Je me demande pourquoi les libéraux se sentent tellement menacés par les comités.
Encore une fois, je ne peux pas croire que M. Fergus et Mme Shanahan se présentent ici seulement pour se quereller. Ce que je veux dire, c'est qu'ils ont un travail à faire. C'est un travail difficile.
Au comité Canada-Chine, il y a eu des interruptions et des rappels au Règlement. Nous assistons à une véritable farce là-bas, tout comme ici.
Je me demande seulement, puisqu'il s'agit d'un enjeu politique qui touche le , plus particulièrement son jugement... Cela vous a coûté un ministre des Finances. Cela a provoqué de nombreux scandales politiques. N'y a-t-il personne qui a pour tâche de dire: « allez-y, rendez la journée très éprouvante et coupez court au débat »?
Personnellement, je veux faire avancer les choses. Je veux surmonter cette impasse. J'en ai fini avec cette question, pour ainsi dire. Je veux clore le dossier, mais je ne peux pas: j'ai bien tenté de tendre la main à vos collègues libéraux, mais je me suis heurté à un mur de colère.
Y a-t-il quelqu'un à qui vous pourriez parler qui pourrait peut-être faire en sorte qu'ils travaillent avec nous? Vous êtes le négociateur, monsieur Rodriguez.
:
Je vous remercie, madame Shanahan.
Selon moi, cet élément est fondamental. Un principe est clair, et c'est celui de la responsabilité ministérielle.
Le personnel travaille ici pour nous donner un coup de main. Ces employés travaillent fort. Dans certains cas, ils ont quitté des emplois très lucratifs ou ont décidé de laisser certaines occasions de côté. Ils nous conseillent, ils nous donnent un coup de main et ils travaillent pour la nation. Cela dit, au bout du compte, ils viennent nous conseiller. Comme ce sont les ministres qui prennent les décisions, ce sont eux qui rendent des comptes au Parlement, aux comités et à la population en général. Il s'agit d'un principe fondamental, et je suis content que l'on y revienne.
Si vous me le permettez, madame Shanahan, j'aimerais citer quelqu'un à ce sujet.
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Monsieur le ministre, ces documents ont donc bel et bien été déposés et font partie des 5 000 documents qui ont été remis à tous les collègues.
Il me semble, de toute évidence, que cette personne a été interpellée par des courriels et n'y a pas répondu par la suite. Cela clôt en quelque sorte le débat sur la question des communications.
Je vais vous dire honnêtement que je ne comprends pas pourquoi on revient aujourd'hui sur les mêmes questions, à savoir s'il y a eu des communications et de quelle façon. Mes collègues ont ces documents depuis l'été dernier, et pourtant, on revient encore et encore sur les mêmes questions.
On s'approche parfois de l'intimidation de témoins. Cela ne s'applique pas à vous, monsieur le ministre, mais je crois que c'est la protection à laquelle vous faisiez allusion plus tôt au sujet des employés de l'État.
J'ai une dernière question à vous poser, toujours sur ce dossier.
J'ai une dernière question à vous poser, toujours sur ce dossier.
Selon votre expérience et votre expertise, est-il fréquent que des idées ou des propositions non sollicitées concernant un programme soient envoyées au gouvernement?
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Merci, monsieur le président.
Monsieur le ministre, à la question posée par M. Barrett, je crois, à savoir si Rick Theis était au courant que les dépenses de l'épouse du premier ministre avaient été payées par l'organisme UNIS lors de son voyage à Londres, vous avez répondu que non, pas à votre connaissance.
Alors, je comprends qu'une fois de plus, comme dans les exemples précédents, vous n'êtes pas dans la tête de Rick Theis. Vous ne pouvez donc pas dire ce qu'il sait ou ce qu'il ne sait pas. Je comprends cela. Je pense que tous les membres du Comité le comprennent. C'est la raison pour laquelle nous lui avons demandé de venir s'expliquer, non pas pour le rudoyer, comme je l'ai entendu dire plus tôt, mais pour témoigner, pour nous dire ce qu'il en est et ce qui se passe, à sa connaissance.
Si nous ne pouvons pas obtenir son témoignage en l'invitant, si nous ne pouvons pas obtenir son témoignage quand la Chambre lui ordonne de venir témoigner, à votre avis, monsieur le ministre, comment fait-on pour savoir ce que Rick Theis sait ou ne sait pas?
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En fait, ce n'était pas une conversation d'ordre général. Monsieur Rodriguez, je pense vraiment que vous minimisez l'importance de M. Theis. C'est quand même le directeur des affaires du Cabinet.
Le 30 avril, il a reçu une séance d'information d'une heure sur la Bourse canadienne pour le bénévolat étudiant, alors il connaissait bien le programme. Le directeur des affaires du Cabinet participe à une séance d'information, étant donné que la proposition sera soumise au Cabinet.
Ensuite, le 5 mai, il tient une réunion de 25 minutes, et vous dites — si je ne me trompe pas, c'était en réponse à Mme Lattanzio — que les gens regorgent d'idées. Le gouvernement aime parler à des gens qui ont de grandes idées. Le directeur des affaires du Cabinet ne parle pas vraiment avec ces personnes. On lui parle d'un programme d'un milliard de dollars qui est sur le point d'être approuvé par le Cabinet. Le directeur s'entretient avec Craig et Marc Kielburger, qui lui écrivent plus tard au sujet de la rationalisation de l'accord de contribution.
Nous avons un problème ici. Le directeur des affaires du Cabinet du , qui va présenter l'idée au Cabinet, reçoit une séance d'information d'une heure puis rencontre Craig et Marc Kielburger. Qu'est-ce qu'on cherchait à rationaliser? Le programme comportait de nombreux problèmes. Pourquoi leur a-t-on dit qu'on pourrait le rationaliser?
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Merci, monsieur le président.
Monsieur Rodriguez, M. Angus vient de vous poser une question au sujet des réunions. Il a parlé d'une réunion en particulier, mais je crois que vous avez dit qu'ils avaient tenté à plusieurs reprises d'obtenir une rencontre avant, en vain. Après la séance, vous pourriez peut-être nous donner les dates auxquelles ils ont tenté de communiquer avec M. Theis.
En réponse à M. Gourde, vous avez affirmé n'avoir jamais été impliqué dans le processus entourant le dossier de l'organisme UNIS. Pourtant, vous êtes le ministre que M. a fait comparaître devant le Comité aujourd'hui. Je suis certain que vous vous êtes très bien préparé pour venir ici aujourd'hui. Vous avez sans doute remarqué une certaine frustration chez les membres du Comité, car il y a énormément de contradictions dans ce qu'a révélé le gouvernement. Notre travail consiste à aller au fond des choses et à découvrir la vérité pour les Canadiens. Je veux simplement exposer la version des faits du gouvernement.
Monsieur Rodriguez, le 18 avril, des collaborateurs de l'ancien ministre des Finances, Bill Morneau, et d'autres représentants du gouvernement ont proposé l'organisme UNIS comme tierce partie pour administrer la Bourse canadienne pour le bénévolat étudiant. Le 20 avril, Michelle Kovacevic, sous-ministre adjointe des Finances, a déclaré dans un courriel adressé à des fonctionnaires du Bureau du Conseil privé que le Cabinet du premier ministre s'était déjà penché sur la proposition de l'organisme UNIS. Or, dans la chronologie des événements présentée par le Cabinet du premier ministre, le Cabinet y est mentionné pour la première fois lorsque Sofia Marquez, la directrice des relations avec le gouvernement chez UNIS, a envoyé un courriel à un membre du personnel du Cabinet, qui lui a ensuite conseillé de communiquer avec Rick Theis, le conseiller politique du premier ministre. Le 1er mai, M. Theis a contacté Mme Marquez pour lui proposer une réunion téléphonique, réunion qui a eu lieu le 5 ,mai et à laquelle ont participé Marc et Craig Kielburger ainsi que Mme Marquez.
Lors de son témoignage devant le comité des finances l'année dernière, la cheffe de cabinet du premier ministre a indiqué que l'appel de 25 minutes n'était qu'une discussion d'ordre général et que M. Theis avait redirigé MM. Kielburger et Mme Marquez vers les fonctionnaires d'Emploi et Développement social Canada. Pourtant, le résumé du Cabinet du premier ministre indique que le seul sujet de l'appel était la préoccupation de Rick Theis concernant la diversité des placements pour les programmes, soit une question qui prend au plus cinq minutes à régler, ce qui laisse environ 20 minutes de trop. De quoi a-t-on discuté exactement? Qu'est-ce qu'on cache ici? Que cache le gouvernement?
Pire encore, monsieur Rodriguez, en réponse au courriel de suivi de Craig Kielburger, M. Theis a dit qu'ils devraient se reparler bientôt. Il n'y a aucune raison valable pour laquelle M. Theis voudrait communiquer avec un intervenant qui n'a même pas été approuvé pour un contrat gouvernemental pertinent — à moins, bien sûr, que le gouvernement ait quelque chose à cacher. Pourtant, Craig Kielburger a envoyé un courriel de suivi indiquant que M. Theis et le Cabinet du premier ministre devraient aider l'organisme à rationaliser l'accord de contribution. C'était trois jours avant que le soit mis au courant de l'approbation de la proposition, selon le résumé du Cabinet du premier ministre, et 17 jours avant que le Cabinet n'approuve l'organisme UNIS comme tierce partie pour administrer la Bourse canadienne pour le bénévolat étudiant.
Je ne vois pas pourquoi il serait question d'un accord de contribution dans une discussion d'ordre général, monsieur Rodriguez. Il est également important de souligner que le 5 ,mai est la date exacte à partir de laquelle l'accord de contribution, approuvé le 23 juin, s'est appliqué rétroactivement, ce qui signifie que l'organisme a pu recevoir un remboursement de ses dépenses de la part du gouvernement fédéral avant même que le apprenne que la proposition avait été approuvée.
La version du gouvernement ne tient pas la route. Nous avons un fonctionnaire du ministère des Finances qui affirme que le Cabinet du premier ministre se penchait sur la proposition de l'organisme UNIS 10 jours avant toute discussion tenue entre l'organisme et les fonctionnaires du Cabinet du premier ministre, selon ce qu'indique le résumé du Cabinet; un appel téléphonique de 25 minutes qui était censé être d'ordre très général, mais qui, étrangement, a duré 20 minutes de plus que nécessaire; Craig Kielburger qui laisse entendre que le Cabinet du premier ministre devrait aider l'organisme à rationaliser l'accord de contribution alors que le Cabinet n'a été mis au courant de la proposition que trois jours plus tard; et M. Theis qui indique à Craig Kielburger qu'ils devraient se reparler bientôt alors que le gouvernement prétend que c'est seulement EDSC qui s'est occupé de l'élaboration de la Bourse canadienne pour le bénévolat étudiant. Pour couronner le tout, l'accord de contribution signé entre l'organisme UNIS et le gouvernement s'est appliqué rétroactivement à partir du 5 ,mai, soit bien avant que l'organisme ait supposément reçu le feu vert pour mettre en œuvre le programme.
Monsieur Rodriguez, je ne peux même pas compter le nombre de trous qu'il y a dans cette version, et votre témoignage d'aujourd'hui ne nous permet pas de répondre aux questions qui sont demeurées sans réponse jusqu'à maintenant. Il n'y a que quatre personnes qui peuvent le faire: Rick Theis, Ben Chin, Amitpal Singh et le . Vous n'êtes pas l'une de ces personnes. Ma question est très simple. Laquelle viendra témoigner devant nous mercredi? Pouvez-vous nous le dire? Nous devons avoir des réponses.
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Merci. Je suis très heureuse de disposer de cinq minutes pour poser mes questions.
Tout d'abord, je pense que je suis la seule députée, de ceux qui posent des questions au ministre, qui ait voté en faveur de la motion qui oblige les membres du personnel à comparaître et qui pense que c'est approprié qu'un ministre comparaisse à la place d'un employé. Je tiens également à préciser que la position défendue par M. Poilievre en 2010 était fausse. La position qu'il défend aujourd'hui est la bonne. Je pense que les membres du personnel politique peuvent en fait avoir des informations essentielles dont les comités ont besoin, mais, compte tenu des principes de la responsabilité et de l'imputabilité ministérielles, il convient qu'un ministre prenne leur place.
Nous avons été très informels ici. Nous avons tous reconnu nos amitiés, alors je vais dire, monsieur Rodriguez, que nous sommes de vieux amis. À votre pleine connaissance, telle que je la vois aujourd'hui, Rick Theis a-t-il eu une seule interaction avec l'organisme UNIS, Marc et Craig Kielberger et Sofia Marquez, et sa communication directe avec eux se résume-t-elle à un appel de 25 minutes, le 5 mai? Est-ce exact?
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Pour moi, une bonne partie des questions… J'ai relu les notes que j'ai prises lorsqu'un certain nombre d'intervenants clés ont comparu devant un autre comité, le comité permanent des finances. C'était il y a quelques mois, mais j'ai pu participer à ces réunions aussi.
Certainement, le public canadien — quiconque porte attention à cette question — sait que Rachel Wernick, comme sous-ministre adjointe du ministère chargé des services d'emploi, Emploi et Développement social Canada, y a témoigné. Le y a témoigné, ainsi que son collaborateur principal, Katie Telford.
Je ne sais pas si l'appel téléphonique de M. Theis y ajoute quoi que ce soit. Je le dis parce je regrette un peu d'avoir voté pour une motion qui oblige les membres du personnel à se manifester même s'ils n'ont rien d'important à contribuer. Dans le cas de M. Theis, maintenant que je constate qu'il s'agit d'un seul appel téléphonique de 25 minutes, le 5 mai, je ne vois pas en quoi cela peut être pertinent. Nous savons que des décisions ont été prises et que des conversations ont eu lieu avec Rachel Wernick, et que des conversations ont eu lieu pour faire participer l'organisme UNIS bien avant la conversation du 5 mai.
Nous savons qu'on a annoncé le programme le 22 avril. Le en a fait l'annonce avant même qu'un organisme ait été choisi pour effectuer le travail. Ensuite, le gouvernement a fait marche arrière et a dit au premier ministre qu'il ne pourrait pas confier la tâche au Service jeunesse Canada, car celui-ci n'était pas en mesure d'effectuer le travail. Ensuite, pour une raison ou pour une autre, quelqu'un a ajouté UNIS à la liste d'organismes. Par la suite, le 8 mai, on a tenté de faire accepter cette proposition, mais elle a été rejetée le 25 juin.
Je suis désolée, je ne voudrais pas faire perdre trop de temps au Comité, mais il me semble que c'est seulement utile de demander aux membres du personnel à comparaître s'ils possèdent des informations pertinentes. À mon avis, l'appel téléphonique de 25 minutes de M. Theis ne peut rien ajouter de substantiel à ce que nous savons déjà, puisque l'organisme UNIS devait déjà faire l'objet d'une réunion du comité principal du Cabinet avant que cet appel téléphonique se fasse. C'était inscrit à l'ordre du jour du 8 mai et a été reporté au 25 juin pour des raisons qui sont déjà du domaine public.
Soit dit en passant — cela appartient déjà au domaine public, alors je ne sais pas pourquoi tout le monde insiste pour tourner autour du pot… Je m'excuse auprès de tous mes collègues, mais je tiens à souligner que tout le monde savait que Sophie Grégoire-Trudeau avait été à Londres avec l'organisme UNIS. La seule question est à savoir si l'organisme a payé pour son voyage. Elle a contracté la COVID à l'événement de l'organisme UNIS auquel elle a participé en mars. Nous le savons tous.
Ma seule question restante est la suivante: le gouvernement continuera-t-il à s'opposer à ce que des membres du personnel se manifestent dans le cas où ils auraient d'autres renseignements pertinents?
Monsieur Rodriguez, je pense que vous avez montré que la seule chose que vous pouvez nous dire est qu'il y a eu une conversation téléphonique de 25 minutes le 5 mai, rien de plus. Si c'est tout, je ne sais pas si nous avons fait un bon emploi de votre temps et de celui du Comité en vous demandant de comparaître.
Avez-vous d'autres observations sur ce que M. Theis vous aurait dit ou ne pas dit concernant toute participation pertinente à cette affaire de sa part?