Le Comité permanent de l'accès à l'information, de la protection des renseignements personnels et de l'éthique tient aujourd'hui sa 29e séance.
J'aimerais rappeler aux membres du Comité et du public que la séance est télévisée et sera diffusée sur le site Web de la Chambre des communes.
Conformément à la motion adoptée par le Comité le vendredi 11 décembre 2020, le Comité poursuit son étude sur la protection de la vie privée et de la réputation sur les plateformes telle Pornhub.
Nous accueillons aujourd'hui le ministre de la Sécurité publique et de la Protection civile, l'honorable Bill Blair; le ministre de la Justice, l'honorable David Lametti; et la commissaire de la GRC, Brenda Lucki. Comme nous commençons un peu en retard aujourd'hui, je vais demander aux ministres de présenter les collaborateurs qui les accompagnent.
Avant de commencer, j'aimerais avoir l'attention des membres du Comité un instant. Lors de notre dernière rencontre, nous avons eu une discussion et il y avait de plus en plus consensus pour convoquer le légiste. Nous avons donc réservé la troisième heure de notre séance aujourd'hui pour entendre son témoignage et obtenir de l'information qui pourrait nous être utile au moment de prendre des décisions sur les questions dont nous discutions lors de la dernière séance. Le légiste est prêt à répondre à nos questions à 13 heures aujourd'hui. Je voulais simplement en informer les membres. Nous enchaînerons avec son témoignage après les deux premières heures de notre séance.
Messieurs les ministres, nous allons maintenant entendre vos déclarations liminaires.
Je crois que c'est le ministre Blair qui commence.
:
Je vous remercie beaucoup, monsieur le président, et je salue tous les membres du Comité.
J'aimerais commencer par remercier chacun de vous de m'avoir invité à venir vous rencontrer aujourd'hui dans le cadre de cette étude très importante et très à propos sur une question d'une très grande importance.
Comme tout le monde le sait, l'agression et l'exploitation sexuelles d'un enfant — de tout enfant —, peu importe le contexte, la plateforme et l'endroit, sont intolérables et inacceptables. Il s'agit du crime le plus abominable qui soit et il mérite d'être condamné vigoureusement par la société et de donner lieu à une intervention ferme de notre part.
L'enregistrement d'une agression sexuelle d'un enfant peut avoir d'importantes répercussions à vie sur les victimes et les survivants de ce crime. Malheureusement, à mesure que certaines de ces victimes vieillissent, beaucoup se rendent compte que leurs images continuent à circuler sur Internet, et elles sont victimisées encore et encore à mesure que ce matériel est échangé.
J’aimerais profiter de l'occasion pour souligner le courage et la résilience remarquables des survivants qui se sont manifestés et qui ont pris la parole. J'ai pu rencontrer [Difficultés techniques], et tout comme le Comité, je suis consterné par les rapports selon lesquels du matériel odieux de ce genre a été trouvé sur des plateformes. Il est inacceptable que les victimes aient eu de la difficulté à convaincre les entreprises de supprimer du contenu illégal.
Leurs histoires et leurs expériences nous rappellent à tous le travail important que nous devons faire — et que nous faisons — pour protéger les enfants et les jeunes. Le gouvernement du Canada joue un rôle de premier plan dans les efforts de lutte contre l’exploitation sexuelle des enfants en ligne et, monsieur le président, nous prenons des mesures pour accroître la sensibilisation et réduire la stigmatisation associée au signalement. C’est important parce que nous savons que le nombre de cas signalés n’est que la pointe de l’iceberg en ce qui concerne l’ampleur réelle de ce crime des plus odieux.
Les entreprises Internet doivent également en faire plus pour protéger les enfants, et nous prenons des mesures pour les obliger à être responsables de leur rôle à cet égard. Nous prenons également des mesures pour poursuivre en justice un plus grand nombre d’auteurs de ce crime en soutenant les efforts déployés pour détecter les cas, enquêter et poursuivre les auteurs en justice. J’ai demandé à la commissaire de la GRC de continuer à travailler avec ses homologues provinciaux et territoriaux pour lutter contre ce crime et veiller à ce que des poursuites soient intentées lorsque les organismes d’application de la loi le jugent approprié à la lumière des preuves recueillies.
La stratégie nationale du Canada concernant cet enjeu est dirigée par Sécurité publique Canada, qui travaille en partenariat avec la GRC, le ministère de la Justice et le Centre canadien de protection de l’enfance, ou CCPE. Nous appuyons cette stratégie nationale avec un financement annuel permanent de plus de 18 millions de dollars. Cela comprend le soutien à Cyberaide.ca, une ligne d’urgence nationale gérée par le CCPE. Cela comprend également un financement permanent de 5,8 millions de dollars, annoncé en 2018, pour accroître la capacité d’enquête du Centre national contre l’exploitation des enfants de la GRC.
De plus, dans le budget de 2019, nous avons investi 22,2 millions de dollars sur trois ans en financement supplémentaire afin de mieux protéger les enfants contre ce crime horrible. De ce montant, 15 millions de dollars visent expressément à accroître la capacité des unités d’enquête sur l’exploitation d’enfants sur Internet au sein des forces policières municipales et provinciales partout au Canada. Ces unités spécialisées sont chargées d’enquêter sur les cas d’exploitation sexuelle d’enfants en ligne. Les investissements prévus dans le budget de 2019 contribuent également à sensibiliser davantage le public à ce crime, à réduire la stigmatisation associée à la signalisation et à collaborer avec l’industrie numérique afin de trouver de nouvelles façons de lutter contre l’exploitation sexuelle des enfants en ligne.
En même temps, il est important d'être conscients des complexités et des défis liés aux sphères de compétence associés à ce crime qui traverse souvent les frontières. Les auteurs et les victimes peuvent être n’importe où dans le monde, et des images d’agression et d’exploitation sexuelles d’enfants peuvent être échangées sur des plateformes qui peuvent avoir leur siège social dans un pays, mais être légalement enregistrées dans un autre pays, et avoir des serveurs dans un troisième pays.
Cela a une incidence sur le pouvoir des organismes canadiens d’application de la loi d’enquêter et sur l’application des lois canadiennes, mais je suis convaincu que les organismes d’application de la loi continuent de faire tout leur possible pour enquêter sur ces crimes horribles et poursuivre les responsables. Une coopération internationale est essentielle. Je peux vous assurer que la GRC et le ministère de la Justice collaborent étroitement avec nos partenaires internationaux sur les enquêtes et les poursuites.
Nous travaillons également en étroite collaboration avec nos alliés et nos partenaires internationaux afin de trouver des solutions pour mieux protéger les enfants et les jeunes. L'année dernière, par exemple, le Canada et ses partenaires du Groupe des cinq ont lancé les « Principes volontaires pour contrer l’exploitation et l’abus sexuels des enfants en ligne ». Ces principes sont un guide pour l’industrie concernant la façon de lutter contre ce fléau sur leurs plateformes.
Nous reconnaissons qu’il reste beaucoup de travail à faire. C’est pourquoi nous allons présenter un projet de loi pour créer un nouvel organisme de réglementation qui veillera à ce que les plateformes en ligne retirent le contenu préjudiciable, y compris les images d’exploitation sexuelle d’enfants et les images intimes qui sont échangées sans consentement. Sécurité publique Canada et d’autres ministères travaillent à l’élaboration de ce projet de loi avec Patrimoine canadien, qui dirige cet effort.
Nous continuerons de faire tout notre possible pour protéger les enfants canadiens et aider les survivants canadiens de ce crime terrible. De plus, nous continuerons de travailler avec nos partenaires nationaux et internationaux pour enquêter sur les cas où il y a des preuves et poursuivre les auteurs en justice.
Je vous remercie beaucoup, monsieur le président.
:
Je vous remercie, monsieur le président.
Je suis accompagné aujourd'hui du sous-ministre délégué du ministère de la Justice, M. François Daigle. Je vous remercie de m'avoir invité aujourd'hui.
J'aimerais faire quelques remarques générales sur certaines questions soulevées lors de séances d'étude antérieures du Comité.
J'aimerais souligner que le gouvernement est déterminé à assurer la sécurité de nos enfants, y compris en ligne, comme vient de le dire le ministre Blair. Les lois criminelles du Canada dans ce domaine sont parmi les plus exhaustives au monde.
[Traduction]
Le Code criminel interdit à quiconque et sous quelque forme que ce soit de produire, de distribuer, de transmettre, de rendre accessible, de se procurer, de vendre, de faire la publicité, d'exporter et de posséder de la pornographie juvénile. Le Code criminel donne une définition large de la pornographie juvénile, soit tout matériel représentant l'exploitation sexuelle d'une personne âgée de moins de 18 ans.
Le Code criminel interdit également le leurre — c'est-à-dire, le fait de communiquer avec une jeune personne, à l'aide d'un ordinateur, y compris par Internet, en vue de faciliter la perpétration à son égard d'une infraction sexuelle. Il interdit de s'entendre avec une autre personne ou de faire un arrangement avec elle pour perpétrer une infraction sexuelle contre un enfant, et il interdit de fournir du matériel sexuellement explicite à une jeune personne dans le but de faciliter la perpétration d'une infraction sexuelle à son égard.
Le Code criminel interdit en outre le voyeurisme et la distribution sans consentement d'images intimes, des sujets particulièrement liés au monde virtuel et à la discussion d'aujourd'hui.
Les infractions d'application générale peuvent également s'appliquer à un comportement criminel qui se produit sur Internet ou qui est facilité par l'utilisation d'Internet. À titre d'exemple, les infractions liées au harcèlement criminel et à la traite des personnes peuvent s'appliquer, selon les faits en cause.
Les tribunaux sont également autorisés à ordonner le retrait de matériel sur l'exploitation sexuelle d'un enfant et autre contenu de nature criminelle, comme les images intimes, le matériel voyeuriste ou la propagande haineuse, lorsqu'il est rendu accessible à la population à partir d'un serveur qui se trouve au Canada.
[Français]
En plus du Code criminel, en tant que ministre de la Justice, je suis responsable de la Loi concernant la déclaration obligatoire de la pornographie juvénile sur Internet par les personnes qui fournissent des services Internet. Cette loi n'a pas de titre abrégé, mais les praticiens du droit l'appellent la loi sur la déclaration obligatoire.
[Traduction]
En anglais, on l'appelle la , ou MRA.
[Français]
En vertu de la loi sur la déclaration obligatoire, les fournisseurs de services Internet au Canada ont deux principales obligations. La première est de communiquer avec le Centre canadien de protection de l'enfance lorsqu'ils reçoivent des plaintes de pornographie juvénile de la part de leurs abonnés. Ce centre est l'organisme non gouvernemental qui exploite Cyberaide.ca, la ligne nationale de signalement des cas d'exploitation sexuelle d'enfants sur Internet.
La deuxième obligation d'un fournisseur de services Internet est d'aviser la police de la province ou du territoire lorsqu'il a des motifs raisonnables de croire que ses services Internet ont été utilisés pour la perpétration d'une infraction relative à la pornographie juvénile.
[Traduction]
Même si les lois du Canada sont détaillées, je crois comprendre qu'on s'inquiète de la façon dont elles sont interprétées et appliquées, en particulier dans la foulée des reportages troublants des médias concernant MindGeek et son site Pornhub.
En tant que ministre de la Justice, il ne serait pas opportun pour moi de commenter des enquêtes ou des poursuites potentielles ou en cours. J'ajouterais par ailleurs que la responsabilité de l'administration de la justice pénale, notamment les enquêtes et les poursuites liées à de tels crimes, y compris les infractions liées à l'exploitation sexuelle, relève en grande partie de mes homologues et collègues provinciaux.
Toutefois, comme le l'a mentionné pendant la période des questions le 3 février:
... la lutte contre le contenu illégal en ligne est une chose que nous prenons avec beaucoup, beaucoup de sérieux. Qu'il s'agisse de discours haineux, de terrorisme, de l'exploitation des enfants ou de tout autre acte illégal...
En fait, le gouvernement prend ces mesures tellement au sérieux que le a confié le mandat à quatre ministres de se pencher sur différents aspects des préjudices en ligne. Le ministre Blair et moi sommes deux de ces ministres. Comme il l'a mentionné, le est l'un de ceux qui dirigent [Difficultés techniques] également.
Internet a procuré de nombreux avantages au Canada et au reste de la planète, mais il a également offert aux criminels un outil pour élargir leurs activités — et donc, accroître le nombre de leurs victimes — et qui rend les enquêtes plus complexes. Un des facteurs qui les rend plus complexes est le fait que les réseaux et les services de télécommunications transcendent les frontières entre les pays, alors que les pouvoirs d'application de la loi des autorités policières, comme la GRC, se limitent généralement au territoire national.
De plus, en vertu du droit international, les ordonnances des tribunaux ne sont exécutoires en général que sur le territoire national. À quelques exceptions près, elles nécessitent le consentement de l'autre pays où l'on souhaite les faire appliquer.
[Français]
Le Canada n'est évidemment pas le seul pays à faire face à ces défis. C'est ce pour quoi nous continuons à travailler en collaboration avec nos partenaires internationaux en vue de faciliter la coopération internationale dans le cadre des enquêtes et des poursuites relatives à ces crimes, notamment pour le renforcement de la coopération bilatérale et la négociation de nouveaux traités internationaux d'entraide juridique en matière criminelle, afin d'aborder ces questions.
Bien que les traités d'entraide juridique constituent une méthode universellement acceptée pour demander et obtenir une assistance internationale en matière criminelle, même dans des situations d'urgence, ils n'ont pas été conçus pour l'ère d'Internet, où les éléments de preuve numériques constituent une composante courante de la plupart des enquêtes criminelles et où la rapidité est essentielle à la collecte de ces éléments de preuve en raison de leur volatilité.
Le Canada travaille activement avec ses partenaires internationaux afin de résoudre ces questions. Par exemple, nous participons actuellement à la négociation d'un deuxième protocole additionnel à la Convention sur la cybercriminalité du Conseil de l'Europe en vue d'accroître la coopération internationale en matière d'accès transfrontalier aux données.
Je vous remercie.
:
Bien entendu, mais un oui ou un non ne compromettrait rien. Cela permettrait simplement de confirmer aux Canadiens que leurs élus et les forces de l'ordre ont pris des mesures pour contrer ce crime odieux, comme vous l'avez mentionné.
Dans votre déclaration liminaire, vous avez parlé du financement annoncé dans les budgets de 2018 et de 2019, de même qu'un projet de loi visant à créer un nouvel organisme de réglementation. Je crois que ce que je... [Difficultés techniques], selon vos propres mots et ceux de divers experts... Par exemple, les Amis de la radiodiffusion nous ont dit avoir publié un rapport. Il s'agit d'une analyse juridique exhaustive qui montre que, en common law, régime en place depuis longtemps au Canada, ces plateformes sont déjà responsables du contenu produit par leurs utilisateurs et dont elles font la promotion et pour la diffusion illégale du contenu produit par leurs utilisateurs.
De plus, comme un représentant du ministère de la Justice l'a mentionné: « La définition de la pornographie juvénile dans le Code criminel est parmi les plus larges au monde. Ce ne sont pas seulement les images que nous protégeons ou qui criminalisent la distribution, mais aussi la pornographie audio et deux formes de pornographie écrite ». Il poursuit en disant: « Le problème vient souvent de l'application de la loi et du processus lorsque les choses se mettent en branle. »
Dans l'intérêt de tous les Canadiens, et surtout des victimes qui sont exploitées de façon odieuse et qui continuent d'être victimisées au Canada en ce moment même, et en guise d'appel à la justice, à la responsabilisation et à l'imposition de sanctions pour protéger tous ces Canadiens innocents, qu'allez-vous faire très exactement à titre de ministre responsable de la sécurité publique pour vous assurer que les lois canadiennes sont appliquées?
:
Merci, monsieur le président.
Bonjour à tous, et bon lundi.
Le comité d'éthique mène cette étude depuis plusieurs semaines, et nous avons entendu des témoignages assez choquants. Je peux dire bien franchement — et je crois parler pour la majorité d'entre nous — que c'était très bouleversant. Certains jours, je suis rentré chez moi en pensant aux témoignages que j'avais entendus sur l'exploitation des enfants, une situation qu'aucun enfant ne devrait subir, ni au Canada ni ailleurs dans le monde. Je remercie d'ailleurs tous mes collègues de leur travail dans ce dossier, et je tiens aussi à remercier les ministres de leur comparution.
Je vais justement commencer par les ministres Blair et Lametti. J'aimerais entendre une réponse de votre part concernant letravail effectué par le , M. Guilbeault, en vue de créer un nouvel organisme de réglementation pour lutter contre la haine en ligne, le partage d'images non consensuelles, la pornographie juvénile et l'incitation à la violence et au terrorisme.
À l'heure actuelle, au sein de notre [Difficultés techniques] Centre national de lutte contre l'exploitation des enfants, qui s'occupe, en grande partie, de tous les signalements, entrants ou sortants, d'infractions relatives à l'exploitation sexuelle des enfants en ligne au Canada. Comment ce nouvel organisme de réglementation va-t-il collaborer avec l'actuel Centre national de coordination contre l'exploitation des enfants?
Je vous saurais gré de répondre brièvement, car j'ai d'autres questions à vous poser.
:
Je serai heureux de commencer.
Je vous remercie, monsieur Sorbara, de votre question. Je partage certainement tous les sentiments que vous avez exprimés au début, et je souscris assurément à ce que le ministre Blair a dit.
Mon rôle dans cette affaire, à titre de ministre de la Justice, c'est de veiller à ce que le droit pénal et les autres lois du Canada couvrent des situations nationales en la matière et de travailler avec un certain nombre de ministres, de ministères et de partenaires internationaux pour faire en sorte que tout fonctionne bien, dans un esprit de coopération internationale, et pour veiller à ce qu'il n'y ait pas de lacunes législatives dans les mesures de protection offertes par le Code criminel, entre autres.
Sans révéler la teneur d'un éventuel avant-projet de loi — et vous savez tous que je n'en ai pas le droit —, je dirai que les mesures qui ont été proposées visent à rendre les fournisseurs de services Internet plus responsables grâce à la déclaration obligatoire. Y a-t-il des moyens de renforcer la loi concernant la déclaration obligatoire? Y a-t-il des façons de protéger les renseignements de manière plus rigoureuse, par exemple, pour aider les organismes d'application de la loi et les procureurs à constituer et à conserver des dossiers probants?
Voilà autant de mesures qui entreraient dans cette catégorie. Elles ont déjà été présentées dans le domaine public, mais je ne donnerai aucun détail sur ce que pourrait contenir un éventuel projet de loi.
Je tiens à vous remercier, messieurs les ministres, et je remercie aussi le Secrétariat du Conseil du Trésor sous la direction du . Le Budget principal des dépenses de 2021 prévoit une augmentation considérable du financement: 6,3 millions de dollars pour la stratégie nationale de lutte contre la traite des personnes, 4,4 millions de dollars pour la stratégie nationale sur la cybersécurité et 4,2 millions de dollars pour la protection des enfants contre l'exploitation sexuelle en ligne. Dans le budget de 2019, je le rappelle, le gouvernement a annoncé un financement de 4,4 millions de dollars pour 2019-2020 et de 8,7 millions de dollars pour 2021. Voilà donc de quoi se réjouir.
J'aimerais changer de cap un peu. Notre étude sur les plateformes a été riche en enseignements pour moi, et j'ai appris beaucoup de jargon juridique et de renseignements connexes. Je suis d'accord pour dire que nous disposons d'un système robuste. Je crois que c'est l'article 162, ou une disposition de cet ordre, qui porte sur l'exploitation des enfants, mais je voudrais attirer votre attention sur un point parce que j'estime que c'est important pour la discussion de ce matin.
J'ai pu lire quelques documents, et sachez que nous en avons reçu beaucoup. Une foule de mémoires nous ont été envoyés, plus que pour presque toute autre étude dont j'ai connaissance. L'un d'entre eux provient du Centre for Gender and Sexual Health Equity et s'intitule « Impacts de la criminalisation et de la réglementation punitive du travail du sexe et de la pornographie en ligne: la nécessité de faire entendre la voix des travailleurs du sexe ». Il y a aussi un article paru dans le magazine Maclean's, sous la plume de Justin Ling, qui affirme que les gouvernements ont laissé tomber les travailleurs du sexe du Canada et que ces derniers sont à bout de patience.
Tout cela remonte au projet de loi , qui a été présenté par les conservateurs. Notre rôle, en tant que législateurs — et je me reporte aussi à l'arrêt Bedford — , c'est de protéger tous les Canadiens, de protéger les enfants contre l'exploitation et de permettre aux Canadiens de travailler en toute sécurité dans n'importe quel type d'environnement.
J'ai examiné la situation dans d'autres pays — notamment en Nouvelle-Zélande et en Allemagne —, et il me semble que nous devons éviter de forcer les travailleurs du sexe à la clandestinité. Leurs voix doivent être entendues, et nous devons veiller à ne pas causer de tort aux Canadiens, mais plutôt à les aider.
J'aimerais donc vous poser une question d'ordre général, monsieur Lametti: comment le travail du sexe est-il réglementé au Canada?
:
Bonjour. Je vous remercie de votre présence et de vos réponses. C'est plutôt clair et encourageant.
Je vais aborder la question sous un angle différent. Sachez qu'en tant que mère, j'éprouve de l'indignation, tout comme l'ensemble des gens de ma circonscription, face à ce que nous vivons. Nous sommes pris dans une conjoncture [difficultés techniques] pour modifier les lois ou nous assurer de bien les appliquer. Voici donc ma question.
Compte tenu de toutes les lois dont nous disposons et de l'augmentation des sommes d'argent que nous investissons pour accompagner les victimes et éviter qu'elles soient doublement victimes, comment se fait-il que certaines provinces réussissent à agir encore plus rapidement que nous pour protéger les renseignements personnels? Je pense notamment à la Loi sur la protection des renseignements personnels et les documents électroniques, à laquelle nous sommes toujours en train de réfléchir.
La protection des renseignements personnels est une question très large, et cela inclut la dignité et les situations que nous vivons en ce moment. Il y a trois provinces, soit l'Alberta, la Colombie-Britannique et le Québec, qui ont offert de l'aide. Je sais que notre système législatif ne nous permet pas de modifier une loi d'un claquement de doigts, mais à l'ère numérique, comment se fait-il qu'on ne puisse pas adapter la Loi sur la radiodiffusion aux réalités d'aujourd'hui?
Pourquoi ne travaillons-nous pas à la Loi sur la protection des renseignements personnels pour arriver à nos fins?
Bien que toutes les démarches de coopération internationale semblent être en vigueur, j'aimerais entendre l'honorable ministre et ses collègues à ce sujet.
:
Je vous remercie de votre question, madame Gaudreau.
Évidemment, tout cela comporte beaucoup d'aspects, de lois, de ministres, de ministères et d'enjeux. Au fédéral, il y a deux lois sur la vie privée: la Loi sur la protection des renseignements personnels, qui touche les institutions fédérales et qui relève donc de ma responsabilité, et la Loi sur la protection des renseignements personnels et les documents électroniques, qui relève du ministre de l'Innovation. Comme vous l'avez noté, la Chambre étudie actuellement un projet de loi visant à moderniser cette dernière.
Pour ma part, je suis en train d'enquêter. On m'a demandé d'exprimer mon opinion et de faire des commentaires sur la Loi sur la protection des renseignements personnels. Fondamentalement, le défi tient au fait que la technologie évolue très vite, et ce, de façon internationale. Alors, nous travaillons avec les autres pays. Évidemment, les provinces ont aussi leur mot à dire, par l'entremise de leurs propres lois. Nous devons donc constamment moderniser la Loi, ce qui crée des défis quant à son application, comme vous venez de le voir dans le cadre de votre étude.
:
Merci, monsieur le président.
Merci, monsieur Blair, madame Lucki et monsieur Lametti, d'être des nôtres.
Feras Antoon, le PDG de MindGeek, vit à Montréal. En fait, il y construit la maison de ses rêves — c'est apparemment un véritable manoir — dans un quartier appelé Mafiaville. Je suis souvent allé à Montréal, mais je ne sais pas où se trouve Mafiaville. Je le mentionne parce que M. Antoon vit à Montréal, tout comme son associé, David Tassillo. Ils ont un millier d'employés à Montréal, et leur bureau est situé au 7777, boulevard Décarie.
Monsieur Lametti, à votre avis, cela qualifierait-il MindGeek d'entreprise canadienne assujettie aux lois canadiennes?
:
Merci beaucoup, madame Lattanzio.
C'est une question très importante. Nous reconnaissons que l'éducation publique des enfants et de leurs parents ainsi que la sensibilisation à la question de l'exploitation sexuelle des enfants sur Internet sont absolument essentielles pour donner aux familles et aux jeunes les outils dont ils ont besoin. Nous travaillons également d'arrache-pied pour éliminer la stigmatisation, car nous savons que de nombreuses personnes ont été profondément traumatisées par ce crime des plus odieux et nous voulons donner aux gens les moyens de se manifester et de prendre des mesures pour se protéger.
Nous reconnaissons aussi l'importance d'apporter un soutien robuste aux enquêtes criminelles. Je tiens à souligner que la GRC dirige le Centre national contre l'exploitation des enfants, mais que nous travaillons aussi en étroite collaboration avec le Centre canadien de protection de l'enfance, qui, en notre nom et avec notre financement, met en œuvre des stratégies d'identification des victimes et de soutien aux victimes afin d'aider les survivants, et offre des ressources adaptées aux victimes et à leurs familles.
Nous savons que cette victimisation générée de la manière la plus terrible qui soit par cette exploitation sexuelle des enfants en ligne peut avoir des conséquences tenaces qui resteront pour la vie. Il est extrêmement important que nous sensibilisions le public à ce problème afin que... Nous savons que pendant la pandémie, beaucoup d'enfants passent beaucoup plus de temps en ligne, et nous voulons nous assurer qu'ils peuvent le faire en toute sécurité. Nous pouvons y parvenir en sensibilisant le public et en travaillant avec leurs familles. Parallèlement à cela, nous reconnaissons que les prédateurs existent et que nous devons nous assurer de disposer des outils et des ressources nécessaires pour enrayer ces pratiques, ainsi que pour appréhender et poursuivre ces personnes.
:
Je vais revenir à ce que je disais tantôt. Au cours de la prochaine année, il y aura un changement. En fait, c'est imminent. Je disais que tous les projets de loi mouraient au Feuilleton. J'entends de la part de l'ensemble de mes collègues qu'il y a urgence d'agir. Le processus législatif étant ce qu'il est, malheureusement, force est de constater qu'on ne peut pas éradiquer à la vitesse grand V ce fléau qui fait de nouvelles victimes chaque jour et chaque seconde.
Compte tenu de la fragilité des projets de loi, qui peuvent mettre des années à être adoptés, ne croyez-vous pas que, dans un contexte aussi virulent — c'est un mot qu'on peut utiliser par les temps qui courent —, il faudrait augmenter la responsabilité des personnes, des organismes et des commissaires qui ont davantage de pouvoir pour aider à contrer ce fléau?
C'est beau, augmenter les investissements et développer des organismes, mais il existe déjà des ressources. En ce moment, on parle des victimes, et c'est loin de la partisanerie ou d'un projet de loi. En tant que législateurs, nous sommes pris dans ce rythme qui n'est pas assez rapide pour les victimes.
J'aimerais vous entendre à cet égard.
:
Je vous remercie de votre question, madame Gaudreau.
En ce qui concerne les investissements, nous faisons ce que nous pouvons, parce que le gouvernement a le pouvoir de le faire.
En ce qui a trait aux projets de loi, nous sommes toujours disposés à améliorer le cadre normatif actuel, que ce soit en matière de droit pénal ou dans d'autres domaines. En ce moment, je n'ai pas de projet de loi à proposer, puisque, comme je viens de le dire, le Code criminel et les autres lois sont robustes. Cela dit, nous sommes toujours ouverts aux suggestions d'amélioration.
Je sais que des députés ont des projets de loi, mais cela prend la coopération des députés à la Chambre des communes. Je sais que votre chef a fait preuve d'une telle coopération dans le contexte du projet de loi sur l'aide médicale à mourir. Parfois, il faut coopérer, surtout quand il y a parfois des mesures dilatoires de la part d'autres partis.
Nous sommes toujours prêts à coopérer.
:
Merci, monsieur le président.
Merci, monsieur Lametti, d'être venu aujourd'hui.
Je vais aller au-delà de nos tentatives d'obtenir des réponses sur les lois de déclaration obligatoire que nous avons en place.
L'histoire de Serena Fleites a été révélée, et je pense qu'elle nous a tous choqués. Mme Fleites est une survivante de la pornographie juvénile qui est allée frapper à la porte du New York Times. Elle a supplié Pornhub/MindGeek de retirer ses vidéos, et elle a parlé des multiples mots-clés qui avaient été utilisés. Lorsque nous avons interrogé les représentants de Pornhub/MindGeek là-dessus, ils ont dit qu'ils n'avaient aucun dossier à son sujet. Un certain nombre d'autres enfants survivants se sont également manifestés.
Il n'y a eu aucune enquête sur ces allégations portées contre MindGeek et n'y a eu aucune déclaration en ce sens non plus. Je sais que certains ont des doutes sur le fait que ce soit une entreprise canadienne, mais il reste qu'elle est basée à Montréal.
Aux termes du paragraphe 163.1(3) du Code criminel, quiconque « transmet » ou « rend accessible » de la pornographie juvénile ou « en fait la publicité » est coupable d'un acte criminel passible d'un emprisonnement maximal de 14 ans.
Je pense ici aux mots-clés, à la promotion et à la vente, bref, à tout ce qui se fait en ligne. N'avons-nous pas déjà des lois suffisantes au Canada? On dirait que nous n'avons tout simplement pas la volonté politique d'appliquer réellement la loi. Pourquoi aurions-nous besoin de changer quoi que ce soit alors que la loi est assez claire en ce qui concerne la transmission, la distribution et la promotion du viol d'enfants?
:
Je remercie les témoins de leur présence.
Comme vous l'avez sûrement constaté, c'est un dossier très épineux qui touche profondément tous les députés qui ont participé à ces séances. Avant de poser ma question aux deux ministres, j'aimerais soulever quelques points.
Monsieur Lametti, vous avez indiqué que nous avions une loi très puissante, mais que quelques éléments avaient besoin d'être renforcés pour qu'elle tienne mieux compte du caractère international de la cybercriminalité, si je puis utiliser ce terme, puisque les actes de MindGeek et de Pornhub sont effectivement criminels. Le problème concerne l'emplacement de leurs serveurs informatiques.
Je peux aussi noter qu'en dépit du fait qu'une volonté d'agir semble transcender la partisanerie, l'opposition officielle a voté contre l'augmentation des fonds alloués à la GRC pour combattre ce fléau qu'est la pornographie juvénile en ligne. Cela dit, je sais bien que les députés qui sont ici sont de bonne foi et qu'ils veulent agir de façon appropriée maintenant.
Monsieur Lametti et monsieur Blair, de quoi avez-vous besoin, tant sur le plan des ressources que des améliorations à apporter au cadre législatif, pour sanctionner ces crimes en tenant compte de leur caractère international dû à la nature d'Internet?
Quels sont les autres outils et les autres fonds dont on a besoin pour bien poursuivre ces gens et rendre justice aux victimes de ces crimes?
:
Merci beaucoup, monsieur Fergus, pour cette question si importante.
Comme vous l'avez déjà souligné, nous versons des fonds à la GRC pour l'exploitation du Centre national contre l'exploitation d'enfants, qui assume diverses responsabilités importantes, dont l'enquête sur ces prédateurs afin de recueillir les preuves nécessaires pour les poursuivre devant les tribunaux. Il vise également à cerner les victimes à l'échelle internationale et à les sauver.
En raison de la nature des méfaits en ligne en général, et surtout en ce qui a trait à ce crime absolument horrible, le volet international est très important. C'est donc pour cette raison, à l'occasion des réunions ministérielles des cinq pays auxquelles j'ai assisté ces trois dernières années, que l'accent a chaque fois été mis sur [Difficultés techniques] sexuelle des enfants en ligne et la mise en œuvre de principes pour encadrer les efforts de l'industrie contre la cybercriminalité et l'exploitation sexuelle des enfants.
De plus, nous faisons partie d'une initiative appelée l'Alliance mondiale WePROTECT, un mouvement qui a pour mission de mettre fin à l’exploitation sexuelle en ligne des enfants grâce à des actions nationales et internationales. Il comprend des États aux vues similaires, des ONG et des organisations de la société civile.
Enfin, monsieur Fergus, j'aimerais souligner que la GRC préside actuellement le Virtual Global Taskforce, un groupe qui lutte contre l'exploitation des enfants. Cette alliance internationale des forces de l'ordre pratique l'échange de renseignements et de données, et traite de ces questions à l'échelle du globe. J'estime que cela témoigne à la fois de l'engagement du Canada et du leadership international de la GRC dans ce dossier d'une importance cruciale.
:
Merci beaucoup pour cette question.
La pandémie de COVID-19 a tout particulièrement accentué le risque que courent les enfants, puisque les contrevenants ont tiré profit du fait que les enfants passent beaucoup plus de temps en ligne et, souvent, sans supervision. Depuis le début de la pandémie, le Centre a constaté une hausse des activités en ligne liées à l'exploitation sexuelle d'enfants. De mars à mai 2020, le Centre a enregistré une hausse d'environ 36 % des signalements d'exploitation présumée d'enfants en ligne, ce qui est en partie attribué à l'augmentation de la viralité dans les médias et à une hausse tangible des cas d'auto-exploitation.
Nous nous attendons également à ce que plus d'infractions liées à l'exploitation d'enfants, tant en ligne que hors ligne, soient signalées quand les restrictions associées à la pandémie seront graduellement levées et que les enfants auront de nouveau accès à des adultes de confiance, qu'il s'agisse d'un enseignant, d'une gardienne ou d'employés des services de soutien communautaire. Cet accès était très limité au début de la pandémie, ce qui a probablement empêché les enfants de signaler l'abus à des adultes de confiance à l'extérieur de leur domicile, ce qui est un aspect absolument crucial.
Pour ce qui est de votre question sur les communications du ministre Blair avec la GRC, chaque fois qu'un énorme... Par exemple, quand quelque chose comme la hausse de l'exploitation d'enfants se produit, nous avons toujours une conversation sur ce que nous pouvons faire pour prévenir ce genre de situations. Évidemment, nous étudions la loi et la . Nous avons discuté des ressources. Nous avons abordé la question de la technologie. Nous avons parlé de certains éléments des lois et de la façon dont cela pourrait améliorer l'application de la loi, ainsi que de la façon dont nous pourrions mieux communiquer avec les forces de l'ordre.
:
Je vous remercie de votre question.
[Traduction]
Il s'agit là d'une excellente question. Évidemment, nous examinons plusieurs éléments. Tout d'abord, nous nous penchons sur les lois. Il y a la , dont le a parlé. Nous devons étudier la conformité prévue par cette loi, et elle doit s'appliquer à tous les fournisseurs de services. Bien entendu, il serait très utile de disposer de renseignements de base sur les abonnés à cet égard, car cela nous permettrait de réagir de manière plus rapide et complète. Des ressources accrues ne peuvent jamais nuire. Je ne les refuserais donc jamais.
Nous devons également tenir compte de la technologie. Par exemple, je crois que vous avez parlé plus tôt du projet Arachnid, lequel fait appel à la technologie. Elle s'applique aux enfants, mais nous devrions aussi utiliser une technologie semblable pour les adultes, un outil qui peut parcourir Internet et retirer plusieurs images. Même si nous identifions un fournisseur de services, comme Facebook, Twitter ou Pornhub, l'image est téléchargée sur d'autres plateformes. Elle est reproduite de façon exponentielle. La seule façon de se débarrasser de tout cela, c'est d'avoir une technologie qui parcoure et fouille Internet.
De toute évidence, il faut que la déclaration des méfaits en ligne soit obligatoire. Nous avons besoin de mesures, comme celles dont le ministre a parlé, afin de préserver les preuves et de faire retirer le contenu rapidement, comme l'a dit le ministre. Toutes ces mesures sont très importantes.
Nous devons toujours discuter avec nos partenaires internationaux. Il est intéressant que vous disiez cela, car lorsque je parle avec nos partenaires du Groupe des cinq, nous discutons évidemment de questions de sécurité nationale. Nous parlons donc de terrorisme, mais nous discutons aussi fréquemment de l'exploitation des enfants. C'est une industrie en pleine expansion. L'une des statistiques qui me choquent, c'est le fait qu'entre le début du Projet Arachnid, qui permet de parcourir la toile et de retirer des images, ou de demander que des images soient retirées, et le 1er avril de l'année en cours, plus de 6,9 millions de demandes de retrait ont été envoyées aux plateformes [Difficultés techniques]. Ce chiffre est incroyablement élevé.
Je suppose que ce qui nous a choqués, nous les membres du Comité, c'est d'apprendre que les entreprises n'avaient en fait jamais respecté la ou présenté quoi que ce soit pour honorer leurs obligations en vertu de cette loi.
Je soulève la question — et je sais que vous ne pouvez pas aborder des cas particuliers — parce que je veux parler d'une survivante qui a communiqué avec nous, une personne adulte qui a survécu à la violence non consensuelle, étant donné que nous discutons des enfants. Elle a eu de nombreuses conversations avec la GRC, et elle les a consignées. Lors d'un appel téléphonique avec la GRC qui a eu lieu le 6 avril, on lui a dit que Pornhub ne pouvait pas être accusé parce que l'entreprise bénéficiait d'une dérogation générale. La survivante a demandé à l'agent s'il faisait allusion aux conditions de service, et l'agent a répondu par l'affirmative, en indiquant que les conditions de service stipulent qu'ils n'assument pas de responsabilités et que ce sont les utilisateurs qui sont responsables du contenu. Il s'agit d'une personne qui a survécu à une agression sexuelle non consensuelle.
Je sais que vous ne pouvez pas parler des détails, mais vos notes d'information indiquent que les conditions d'utilisation ont été distinguées comme un facteur, et c'est ce qu'un agent de police a dit à une survivante pour lui expliquer les raisons pour lesquelles elle ne peut pas signaler son cas. Pourquoi est-ce ainsi?
:
Merci beaucoup, monsieur le président.
Je remercie la commissaire, Mme Lucki, d'être avec nous aujourd'hui.
J'ai vraiment écouté avec intérêt tous les témoignages que nous avons eus aujourd'hui. Il est important de souligner encore une fois que cette étude a suscité beaucoup d'intérêt dans la population, ce qui nous a d'ailleurs beaucoup aidés à lutter contre l'exploitation juvénile sur Internet.
J'aimerais remercier tous mes collègues qui sont présents aujourd'hui.
Je remercie particulièrement MM. Dong et d'avoir présenté la motion en premier lieu au Comité.
[Traduction]
Cela dit, nous devons joindre le geste à la parole. Voilà ce qui préoccupe tous mes collègues ici présents. J'ai entendu les ministres et la commissaire Lucki évoquer les défis de l'application de la loi et les ressources dont ils ont besoin. Nous pouvons comprendre que, compte tenu de l'évolution constante de la technologie, la difficulté de repérer la pornographie juvénile en ligne et d'enquêter sur elle est énorme.
Le gouvernement a recommandé un financement de plus de 35 millions de dollars dans le Budget supplémentaire des dépenses et dans le Budget principal des dépenses, et l'opposition officielle a voté contre ce financement. Elle a voté contre ce soutien supplémentaire accordé aux services de police fédéraux. Ce qui me choque encore plus, c'est que lorsque d'autres affectations particulières ont été faites dans le Budget principal des dépenses de 2021, notamment 6,3 millions de dollars pour la Stratégie nationale de lutte contre la traite des personnes, 4,4 millions de dollars pour la stratégie nationale sur la cybersécurité et 4,2 millions de dollars pour la protection des enfants contre l'exploitation sexuelle en ligne — c'est-à-dire exactement ce dont nous parlons en ce moment —, les conservateurs, donc l'opposition officielle, ont voté contre.
Soit dit en passant, puisque nous parlons de l'importance que la GRC et les services de police fédéraux revêtent dans ce domaine, au cours du congrès du NPD, qui s'est déroulé le week-end dernier, une motion visant à annuler complètement le financement de la GRC a été présentée.
Je pense que mes collègues sont d'accord...
:
Bien que les responsables de l'application de la loi doivent faire face à de nombreux défis dans leur lutte contre ce crime, nous avons réalisé d'importants progrès. En 2019, par exemple, 100 000 signalements ont été reçus et 362 victimes canadiennes ont été identifiées. Leur dossier a été versé dans la base de données de l'exploitation sexuelle d'enfants d'INTERPOL, ce qui représente une augmentation de 32 % par rapport à l'année précédente.
Nous avons aussi élaboré et mis en œuvre un nouveau système de gestion des dossiers plus efficace, tout cela grâce au financement émanant du budget de 2018 et du budget de 2019-2020. Le système vise précisément les enquêtes sur l'exploitation sexuelle d'enfants en ligne, en vue d'accroître les capacités d'analyses, qui sont très importantes.
Comme vous l'avez dit, nous avons réalisé une étude mondiale sur la santé et le bien-être dans le cadre d'un partenariat avec le Groupe de travail virtuel international. Je ne saurais top insister sur les effets négatifs associés au visionnement de ces images au quotidien pour ceux qui font ce genre de travail. L'étude était très importante.
Il y a aussi une alliance policière internationale qui se consacre à la protection des enfants. C'est ce qui se passe avec la présidence du Groupe de travail virtuel international. L'échange de renseignements et de données est associé à la sensibilisation et à l'éducation.
Nous travaillons aussi avec nos partenaires nationaux et internationaux pour veiller à ce que tous les citoyens soient informés le plus possible, parce qu'il n'est pas seulement question des victimes ou des survivants, mais aussi des signalements et de l'échange de renseignements. Il est également question des gens qui... [Difficultés techniques].
Le Centre canadien de la protection de l'enfance, ou le CCPE, est le partenaire de notre stratégie nationale. Il a élaboré plusieurs ressources à l'intention des enfants, des parents, des policiers et des membres de la collectivité, pour les former.
L'information, c'est le pouvoir. Je ne saurais trop insister là-dessus, parce qu'il faut que les gens qui sont témoins de certaines situations les dénoncent. C'est le meilleur moyen pour lutter contre ce fléau.
:
Merci beaucoup, monsieur le président.
Madame la commissaire, j'aimerais revenir sur un point qui a été soulevé par les ministres et par vous, sur le plan international.
J'ai eu l'honneur de participer à une table ronde à Oshawa, et j'aimerais remercier l'unité policière de lutte contre la traite de personnes de Durham à cet égard. Nous avons entendu des représentants du FBI et du Texas. J'ai appris qu'aux États-Unis, ces infractions ou les infractions relatives à la traite de personne sont associées à une peine minimale obligatoire de 10 ans par victime.
Lorsque les libéraux ont eu l'occasion de faire quelque chose, ils ont adopté le projet de loi , qui faisait de la traite de personnes une infraction mixte entraînant une peine d'emprisonnement de moins de deux ans ou une amende de 5 000 $.
Ma question est la suivante: à votre avis, quel serait le meilleur moyen pour dissuader les gens de pratiquer ce genre d'activités au Canada? Si je veux utiliser ces images d'exploitation sur Internet ou passer par Internet pour faire la traite de personne, quel serait le meilleur moyen de me dissuader de le faire au Canada par rapport aux États-Unis? La peine minimale obligatoire de 10 ans ou la possibilité de devoir payer une amende de 5 000 $? Je pose la question parce que mes sources me disent que les commerçants d'esclaves peuvent faire de 250 000 à 300 000 $ par victime. Où se trouve le meilleur endroit pour faire des affaires?
:
Tout à fait. Merci beaucoup, commissaire Lucki.
Si l'on regarde la situation actuelle... Je viens d'Oshawa, une ville située dans le corridor de l'autoroute 401. Nous connaissons une augmentation de ce type d'activités, ce qui est troublant pour tous les intervenants qui participent à cette étude. Je me demandais si vous pouviez nous donner le nombre d'accusations qui ont été portées par la GRC, en premier lieu, mais aussi le nombre... [Difficultés techniques]... administration.
Je sais que le gouvernement avait de la difficulté avec la nomination des juges aux tribunaux fédéraux pendant un certain temps. Lorsqu'on a fait de la traite des personnes une infraction mixte, il a été décevant de constater que ces infractions punissables par voie de mise en accusation, qui étaient à l'origine associées à des sanctions importantes pour les auteurs, étaient relayées aux cours provinciales.
Pourriez-vous nous dire dans quelle mesure les tribunaux fédéraux sont occupés avec les poursuites associées à ces types de crimes? Y a-t-il une longue période d'attente entre le moment où sont portées les accusations et le moment où les victimes doivent témoigner en cour contre les auteurs de ces crimes et être à nouveau victimisées?
:
Merci, monsieur le président.
Bonjour à tous.
Commissaire Lucki, je vous remercie pour votre témoignage et pour vos commentaires jusqu'à maintenant. J'ai eu la chance de grandir dans une petite ville de la Colombie-Britannique où se trouvait un détachement de la GRC, à Prince Rupert. Je me souviens avoir eu la visite d'agents de la GRC à mon école secondaire, pour les bonnes raisons, bien sûr: à des fins d'éducation, entre autres. Je tiens donc à remercier tous les agents de la GRC. Ici, en Ontario, nous ne voyons peut-être pas les agents de la GRC au quotidien, mais je les voyais lorsque j'étais enfant et je tiens à les remercier.
En ce qui a trait à la réponse qui a été donnée, la lettre du 22 février 2021 se voulait une réponse à la question de mon collègue M. Dong au sujet de... [Difficultés techniques]... M. Stephen White, une lettre de trois pages que j'ai trouvée très utile, qui présentait un excellent résumé des responsabilités de la GRC dans le domaine de compétence visé par l'étude.
Puisque le Comité devra rédiger un rapport et présenter des recommandations, j'aimerais attirer votre attention à la page 3, aux demandes et recommandations de la GRC en vue d'améliorer la loi... Je vais lire le passage. Au deuxième paragraphe de la page, on peut lire ceci:
Parmi les recommandations proposées par la GRC se trouve la modification du règlement de la loi concernant la déclaration obligatoire afin de faire du Centre national contre l'exploitation des enfants l'organisme désigné pour les notifications en vertu de l'article 3 (Avis obligatoire à un policier). Ce changement permettra une meilleure harmonisation des activités en matière de déclaration et rendra la normalisation possible. La GRC comprend que le changement demandé, parmi d'autres, fait maintenant l'objet d'un examen par le ministère de la Justice.
Pouvez-vous nous expliquer comment ce changement renforcerait les capacités d'enquête et de poursuite de la GRC dans les cas d'exploitation d'enfants?
Madame Lucki, les survivantes répètent sans cesse qu'on ne les croit pas. Je veux que cela figure au compte rendu, car comme vous l'avez indiqué, les représentants de Pornhub vous ont dit, dans vos discussions avec eux en 2018, qu'ils considéraient que les règles ne s'appliquaient pas, puis on a laissé Pornhub agir de manière détournée. Je ne vois dans le Code criminel aucune disposition autorisant les entreprises faisant l'objet d'une enquête à contourner les règles.
Je m'occupe d'une survivante qui a appelé la GRC concernant une relation non consensuelle... une vidéo d'agression sexuelle. Ils lui ont demandé: « Comment est-ce que Pornhub peut savoir que c'était un acte illégal? » Voilà ce qu'on lui a dit le 6 avril. Le 23 mai, ils ont dit: « On trouve beaucoup de viols sur ce site et parfois, ce ne sont que des mises en scène. Donc, comment Pornhub est-elle censée savoir que cette survivante ne joue pas un rôle? Comment pourrait-elle prouver qu'elle n'était pas consentante? »
La GRC lui a ensuite demandé comment elle pouvait prouver que Pornhub avait sciemment publié quelque chose d'illégal. Ils lui ont ensuite demandé comment elle savait que Pornhub savait ce qui était téléchargé. Comment pouvait-elle savoir que l'entreprise avait visionné la vidéo avant sa publication? La GRC a indiqué que c'était le cas, mais dans le reportage de W5, on apprend qu'il n'y avait pas assez de modérateurs pour faire le travail correctement, de sorte qu'ils ignoraient peut-être que ce n'était pas consensuel, parce qu'ils n'avaient pas assez d'effectifs pour surveiller le site.
Voilà le genre de questions que l'on pose sans cesse à une survivante. Le 6 avril, la GRC lui a écrit pour l'informer que si elle veut porter plainte concernant les agissements de Pornhub, elle doit contacter la police de l'endroit où l'entreprise se trouve.
La GRC est le corps policier de la province où habite cette femme. On lui dit que Pornhub n'est pas une entreprise canadienne. Pouvez-vous dire à cette survivante à qui elle doit s'adresser pour porter plainte contre Pornhub?
Le Comité n'a pas encore choisi les futurs témoins. Nous examinerons certainement la question et nous déciderons à ce moment-là. Je demanderai aux membres du Comité de déterminer combien de temps encore nous pouvons consacrer aux témoins ou aux personnes qui pensent pouvoir contribuer à cette étude.
Le Comité se doit de fournir des précisions aux gens qui suivent son étude. Je pense que nous examinerons la liste des témoins potentiels un moment donné, lorsque nous aurons l'occasion de traiter des travaux futurs.
Je rappelle à toutes les personnes qui pensent pouvoir contribuer à ces délibérations que même si les membres du Comité ne sont pas tous nécessairement d'accord pour accueillir tous les témoins qui manifestent leur intérêt en ce sens, le Comité a décidé d'accepter toute correspondance de ceux qui ont quelque chose à apporter, et que ce sera inclus dans les témoignages. Les membres du Comité en ont décidé ainsi il y a quelque temps.
Par conséquent, même si toutes les personnes qui pensent pouvoir contribuer n'auront pas l'occasion de comparaître dans un cadre comme celui de la réunion d'aujourd'hui, le Comité a décidé d'accepter tous les témoignages écrits, exactement comme s'ils avaient témoigné en personne, avec les mêmes dispositions relatives à la confidentialité, si demandé ou au privilège parlementaire. Ces choses seront incluses. C'est une décision qui a été prise par les membres du Comité il y a quelque temps.
Je suis certain que nous aurons l'occasion d'entendre d'autres témoins. Je ne suis pas sûr que quelqu'un [Difficultés techniques] rejeté, monsieur Dong.
:
Merci, monsieur le président.
Membres du Comité, je vous remercie de m'avoir invité à comparaître devant vous. En tant que légiste et conseiller parlementaire de la Chambre des communes, je suis heureux d'être ici aujourd'hui pour répondre à toutes les questions que le Comité pourrait vouloir poser.
Mon bureau fournit une gamme complète de services juridiques et législatifs au Président, au Bureau de régie interne, à la Chambre et à ses comités, aux députés et à l'Administration de la Chambre. À titre de conseillers juridiques de la Chambre, de ses comités et de ses députés, nous connaissons les intérêts de l'organe législatif du gouvernement et offrons à la Chambre des services juridiques et législatifs qui sont pour ainsi dire semblables à ceux que le ministère de la Justice offre au gouvernement.
Je suis accompagné de Michel Bédard, légiste adjoint et conseiller parlementaire, Affaires juridiques. J'espère que mes réponses seront utiles au Comité.
[Traduction]
J'aimerais d'abord souligner brièvement les pouvoirs du Comité relatifs à la convocation de personnes.
La Chambre détient certains pouvoirs essentiels à son travail qui font partie de ses privilèges collectifs. En tant que grand enquêteur de la nation, la Chambre a le droit de [Difficultés techniques]. Ce droit fait partie des privilèges, immunités et pouvoirs de la Chambre, qui sont définis dans le préambule et à l'article 18 de la Loi constitutionnelle de 1867, et à l'article 4 de la Loi sur le Parlement du Canada. Ces droits, dans ce rôle, ont été reconnus par les tribunaux et comprennent le pouvoir constitutionnel de convoquer des personnes et d’exiger la présentation de documents et de dossiers.
[Français]
Si un témoin ne se conforme pas à une ordonnance émise par un comité ou par la Chambre et voulant qu'il se présente devant un comité pour y témoigner, le comité en question ne peut lui-même imposer des sanctions à l'endroit du témoin. Le comité peut accepter la situation et les motifs présentés, décider de ne rien faire ou faire rapport à la Chambre, qui, elle, détient le pouvoir de prendre les mesures appropriées.
Sur ce, je me ferai un plaisir de répondre à vos questions.
Je vous remercie.
:
Je vous remercie, monsieur le président.
Je remercie M. Dufresne et M. Bédard de témoigner aujourd'hui pour répondre à nos questions sur la responsabilité ministérielle.
Les principes de responsabilité ministérielle guident les ministres et les fonctionnaires quand ils comparaissent devant des comités parlementaires, y compris lorsqu'ils témoignent à titre d'agents comptables. Je crois comprendre qu'il incombe aux ministres de répondre aux questions du Parlement au sujet des politiques, des programmes et des activités du gouvernement et de fournir autant d'informations que possible au sujet de l'exercice de leurs pouvoirs, y compris ceux qu'ils ont délégués à d'autres.
Les ministres ont également pour responsabilité de déterminer quelles sont les questions auxquelles ils devraient répondre personnellement et quelles sont celles auxquelles des fonctionnaires parlant en leur nom pourraient répondre. Il s'agit d'une pratique de longue date de la Chambre.
En dehors du fait que les comités possèdent un large pouvoir leur permettant d'ordonner à toute personne résidant au Canada de témoigner devant un comité, considérez-vous que le recours à ce pouvoir pour convoquer des employés qui n'ont, bien souvent, aucun pouvoir sur les décisions du gouvernement afin de les obliger à témoigner [Difficulté technique] jeu politique?
Je suis très honoré et enchanté que vous soyez avec nous aujourd'hui. Pour moi qui fais partie du Comité depuis bien des années, il est presque bizarre d'observer les libéraux adopter maintenant la position de Jay Hill. Je me souviens que mon bon ami s'était offusqué que les conservateurs ne veuillent pas que le personnel politique témoigne devant notre comité. Si nous ne pouvions pas les faire venir, ce sera une menace fondamentale pour la démocratie.
Je voudrais simplement mettre les choses dans le contexte de l'époque. Vous avez parlé des documents sur les détenus afghans. Le Canada était alors engagé dans une très vilaine guerre qui a donné lieu à des allégations de torture et qui avait des implications internationales. Ces documents étaient extrêmement explosifs. À l'époque, j'avais désapprouvé la manière dont les conservateurs géraient les documents sur les détenus afghans, mais nous comprenions qu'il s'agissait d'une affaire fort délicate qui pouvait avoir des ramifications considérables.
Dans le cas présent, nous avons affaire aux frères qui dirigent l'Organisme UNIS, qui ont appelé le Bureau du premier ministre trois jours avant que le Cabinet se fasse dire que plus d'un demi-milliard de dollars serait accordé à l'Organisme UNIS. Nous ne sommes pas autorisés à parler à la personne clé qui, au Bureau du premier ministre, a donné le feu vert, car pour une raison quelconque, cela constitue une menace à la sécurité nationale. Je pense qu'il vaut la peine de mettre les choses en perspective.
Je me souviens de la fois où l'opposition a assigné le personnel de Christian Paradis à comparaître. Les conservateurs n'en étaient pas très heureux. Est-ce qu'une règle parlementaire stipule que le personnel politique, les gens proches du , ne peuvent pas témoigner devant un comité? S'agit-il d'une sorte de règle fondamentale de la démocratie?
:
Je vous remercie beaucoup, monsieur le président. Je tiens à remercier M. Dufresne de témoigner.
Je veux revenir au précédent de 2010. Vous avez clairement indiqué que c'était différent, puisqu'il s'agissait alors d'un ordre de comité et non d'un ordre de la Chambre. J'étais toutefois ici à l'époque et, comme M. Angus l'a fait remarquer, la situation était très sérieuse. Quiconque a vu cette vidéo...
Je voudrais en revenir aux propos de Mme Lattanzio. Quand ces témoins, ces employés, ont été convoqués devant le Comité, ils n'ont pas simplement dû témoigner pour une journée afin de fournir les renseignements que l'opposition n'avait pas. Ils se sont fait réprimander et presque démolir.
Quand Mme Lattanzio parle de motifs politiques, monsieur le président, je dirais que les libéraux semblent avoir maintenant une norme différente que celle qu'ils appliquaient quand ils étaient dans l'opposition. Je voudrais citer , qui était là à l'époque et qui a déclaré ce qui suit:
Si nous voulons inviter le ministre à témoigner devant le Comité, alors nous le ferons et nous nous attendrons à ce qu'il soit ici. Quand nous invitons d'autres personnes à témoigner devant le Comité, comme nous sommes en droit de le faire, nous nous attendons à ce qu'elles viennent et n'en soient pas empêchées par un décret émanant du bureau du premier ministre.
Mme Lattanzio a indiqué que certaines questions ne sont pas pertinentes, ce dont je conviens d'ailleurs. Mais les questions que nous posons sont pertinentes et nous devons obtenir des réponses pour pouvoir terminer notre rapport.
Monsieur Dufresne, pourriez-vous éclaircir les choses? Est-ce que je saisis bien vos explications en pensant que l'ordre que le Comité a pris en 2010 diffère d'un ordre pris par la Chambre cette année?