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Bonjour, monsieur le président.
Je me présente : général Paul Manson (retraité), et je vous remercie de me donner l'occasion de comparaître devant votre comité ce matin.
L'année dernière, l'Institut de la conférence des associations de la défense, dont je suis le président, a publié une monographie intitulée « La création d'un modèle d'acquisition qui donne des résultats ». Je voudrais vous présenter aujourd'hui certaines idées personnelles, tirées de cet ouvrage et de ma longue expérience relative à l'acquisition de grands systèmes pour les Forces canadiennes.
Pour commencer, je puis vous dire que mes états de service sont tels que j'ai toujours été associé, d'une façon ou d'une autre, à l'acquisition de matériel de défense au cours de ces 30 dernières années. De 1977 à 1980, j'ai été le gestionnaire de programme pour l'acquisition d'un nouvel avion de chasse, qui s'est traduit par l'achat du CF-18 Hornet pour la force aérienne. De 1986 à 1989, à titre de chef d'état-major de la Défense, j'ai, bien sûr, activement participé à de nombreux projets d'acquisition de biens d'équipement. Lorsque j'ai pris ma retraite, je suis devenu PDG d'une grande entreprise canadienne de l'aérospatiale, et à ce titre, j'ai pu constater la façon dont fonctionnait ce processus du point de vue de l'industrie. Au cours de cette période, j'ai d'ailleurs été président de l'Association des industries aérospatiales du Canada. Désormais, comme président d'un groupe de réflexion sur la défense et la sécurité nationale, j'observe qu'il ne s'écoule pas un jour sans que la question cruciale de l'acquisition de matériel de défense ne soit soulevée d'une façon ou d'une autre.
Permettez-moi tout d'abord de vous parler de l'évidence même. Quelle que soit l'importance des besoins militaires en matière d'équipement ou de services, et quelle que soit la capacité de l'industrie à répondre à ces besoins, tant qu'il n'y aura pas dans ce pays un processus d'acquisition efficace, il ne pourra satisfaire ni aux besoins des forces armées, de l'industrie ou du gouvernement. Une des conclusions majeures de nos études, c'est qu'un tel processus n'existe pas au Canada actuellement. Cela est dû à une dégradation progressive et pratiquement imperceptible au cours de ces dernières décennies, si bien que nous nous retrouvons aujourd'hui avec un processus en grande partie dysfonctionnel.
Par exemple, il faut, généralement, 15 ans voire plus, pour que les Forces canadiennes puissent mettre en service opérationnel un important nouveau système militaire. Ce délai est bien trop long pour des raisons tout à fait évidentes. Nous avons conclu, à la suite d'une analyse de l'origine de cette durée excessive du cycle d'acquisition, que de multiples facteurs entraient en jeu. Ces facteurs se retrouvent principalement dans trois secteurs, tout d'abord au sein du ministère de la Défense nationale; deuxièmement, dans la bureaucratie interministérielle; et troisièmement, au niveau politique. Je souhaiterais dire quelques mots au sujet de chacun de ces trois secteurs.
Tout d'abord, au fil des ans, et avec les meilleures intentions au monde, le personnel militaire et civil du ministère de la Défense nationale, en quête de perfection dans la définition des besoins militaires, s'est retrouvé enlisé dans une procédure interne évolutive qui produisait des quantités de paperasse phénoménales — dans certains, des milliers de pages — pour établir un devis descriptif détaillé. Le comité sait déjà que cette approche a été modifiée en profondeur avec l'instauration du concept appelé « besoins fondés sur les résultats ». Le en a parlé au cours de sa comparution devant le comité la semaine dernière. Cette nouvelle approche est tout à fait opportune, non seulement du point de vue de l'industrie, mais aussi parce qu'elle simplifie grandement le travail du personnel du ministère de la Défense nationale, et rend plus simple la tâche essentielle d'évaluation de systèmes concurrents.
Un autre problème grave est apparu au sein de la Défense nationale au cours des années 90, conséquence directe des énormes compressions d'effectifs auxquelles le ministère a été soumis. Le nombre de gestionnaires de programme compétents, à même de se charger de grands projets d'État, s'est vu grandement réduit, avec les résultats que l'on sait. Cette pénurie de personnel compétent a non seulement contribué à l'allongement des délais d'acquisition, mais a également compromis la qualité de la gestion des programmes, et il est possible que cela ait eu des répercussions sur la prise de décisions et les coûts du programme. Le ministère ne s'est pas encore complètement remis de cette situation. Apparemment, il y a également d'autres ministères qui souffrent d'une pénurie de personnel de gestion de programme compétent dans le domaine des grandes acquisitions de matériel de défense.
Cela m'amène au deuxième secteur où on retrouve un certain nombre de préoccupations liées aux longs délais d'acquisition, à savoir la bureaucratie interministérielle qui s'applique forcément à tous les grands programmes d'acquisition d'équipement. Progressivement, au fil des ans, une procédure complexe et frustrante est apparue au sein de la bureaucratie fédérale. Cela concerne de nombreux ministères. Généralement, en plus du MDN, un grand projet d'État est examiné par Travaux publics et Services gouvernementaux, le ministère de l'Industrie, le Secrétariat du Conseil du Trésor, le ministère des Finances, Affaires étrangères et Commerce international, le ministère de la Justice, et parfois d'autres. Il va sans dire qu'il faut arriver à un consensus avant que le ministère de la Défense nationale ne puisse soumettre un projet en particulier aux ministres qui, habituellement, rejettent sans trop de difficulté un projet d'acquisition coûteux lorsqu'il est évident que les fonctionnaires « n'ont pas réussi à se mettre d'accord ».
Il est parfois extrêmement difficile d'arriver à un consensus. Le simple fait de réunir les hauts fonctionnaires de tous les ministères participants autour de la même table pour une réunion du Comité supérieur de révision peut parfois prendre des mois; tout cela, bien entendu, ne fait que rallonger le délai.
Au fil des ans, la politique des retombées industrielles et régionales est devenue un élément critique des programmes d'équipement de défense d'envergure, surtout lorsque le gouvernement doit s'approvisionner en dehors du Canada. Il est déjà très difficile de préparer un projet qui satisfasse à la politique des retombées industrielles et régionales au niveau de la bureaucratie, mais le véritable test ne survient que lorsqu'un projet en particulier se retrouve dans le troisième domaine de préoccupation, à savoir le domaine politique. Malheureusement, c'est à ce niveau-là que l'on retrouve les plus graves retards; la simple perspective d'avoir des problèmes avec la politique des retombées industrielles et régionales au sein du Cabinet peut entraîner des retards de plusieurs mois, et même de plusieurs années.
Les sociétés concurrentes, désireuses de tirer profit des nouveaux débouchés qui découlent d'un marché de défense, sont prêtes à jouer le jeu des retombées industrielles et régionales. De plus, elles savent à quel point l'élément régional de cette politique peut s'avérer délicat dans ce pays, et elles sont prêtes à exploiter cela pour obtenir l'appui de ministres régionaux.
Quant au premier ministre et aux membres du conseil des ministres, il leur incombe de s'assurer que ces demandes divergentes soient conciliées de façon à fournir aux hommes et aux femmes des forces armées l'équipement approprié en temps opportun, et à mon avis, le défi le plus important que le système d'acquisition de matériel de défense doit surmonter aujourd'hui, c'est l'augmentation inquiétante du nombre d'exigences liées à cette politique des retombées industrielles et régionales dans le cadre du renouvellement de l'équipement des Forces canadiennes à venir.
La création de formules rigides en est un bon exemple, comme l'exigence d'une valeur du contenu canadien de 100 p. 100 inscrite dans le volet des retombées industrielles des contrats. Les sociétés concurrentes se retrouvent face à un défi pratiquement impossible à relever, à savoir créer suffisamment de travail industriel pour se conformer à cette règle de 100 p. 100 de valeur du contenu canadien, tandis que l'industrie canadienne n'a tout simplement pas la capacité d'absorber cette augmentation soudaine de l'activité dans le domaine des technologies de pointe qui se chiffrera à des dizaines de milliards de dollars pour les décennies à venir en vertu de cette règle, étant donné le volume important d'achats d'équipement annoncés.
Comme si ce n'était pas suffisant, le ministère de la Défense nationale achète souvent à un prix plus élevé de plusieurs pour cent afin de respecter la politiques des retombées industrielles et régionales, et ce coût supplémentaire se traduit généralement par une augmentation du prix d'achat de l'équipement ou du service.
Tout cela pour dire que la gestion des retombées industrielles et régionales pourrait devenir un obstacle important à la tentative du gouvernement de rationaliser le processus d'acquisition.
Un autre facteur qui entre en jeu à l'échelle politique, et c'est bien normal, est la capacité de payer. J'ai pu, de par mon expérience, constater que les ministres remettent rarement en question les avis professionnels des militaires lorsqu'il s'agit de choisir la meilleure solution technique pour les Forces canadiennes. En revanche, lorsqu'il s'agit de décider si le gouvernement a les moyens de financer une solution proposée, le Cabinet doit être convaincu que la dépense proposée est d'une priorité telle qu'elle doit prendre le pas sur toutes les autres propositions de dépense présentées au Cabinet — et il ne s'agit pas seulement de dépenses militaires, mais aussi de dépenses dans des domaines tels que les soins de santé, l'environnement, et d'autres programmes sociaux.
Lorsqu'on décide de reporter une acquisition — et il y a toujours de nombreuses raisons d'ordre budgétaire pour le faire — les forces armées n'ont d'autre choix que d'allonger la durée de vie de l'équipement utilisé, ce qui peut s'avérer coûteux, aussi bien d'un point de vue financier qu'opérationnel. Prenez par exemple le cas tristement célèbre de l'hélicoptère maritime. Vingt-sept ans après l'amorce du programme de remplacement, l'hélicoptère Sea King vole encore.
Monsieur le président, permettez-moi de résumer cet exposé qui, j'en conviens, est plutôt superficiel, en soulignant ce qui est évident, à savoir qu'en ces temps difficiles, après des décennies de négligence, il faut rééquiper les Forces canadiennes rapidement et de façon rationnelle, en ayant recours à un processus simplifié qui tienne compte avant tout des besoins militaires, mais également d'une industrie canadienne dynamique, tout en servant au mieux les intérêts des contribuables canadiens. Je me montre optimiste car il y a de nombreux éléments encourageants qui laissent à penser que le processus est sur la bonne voie, mais il y a encore moyen de faire beaucoup mieux et j'espère sincèrement, monsieur le président, que vos délibérations nous aideront à atteindre cet objectif important.
Merci.
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Monsieur le président, membres du comité, je suis heureux d'avoir l'occasion de participer à votre examen du processus d'acquisition du gouvernement, et tout particulièrement de le faire aux côtés du général Manson.
Certains d'entre vous le savent, avant de prendre ma retraite, j'ai été vice-chef d'état-major de la Défense de 2001 à 2004. À ce titre, j'étais notamment chargé de la planification stratégique et de l'affectation des ressources, ce qui comprenait l'établissement des priorités en matière d'acquisition pour le ministère et les Forces canadiennes.
Tout d'abord, je voudrais souligner le fait que même si nous traitons aujourd'hui de questions précises en matière d'acquisition, les problèmes qui persistent sont presque toujours dus à des objectifs stratégiques flous et à un manque de financement. Ces deux facteurs ne font qu'exacerber les complexités de l'acquisition de matériel de défense, qui est en soi un processus unique. Par exemple, il y a souvent un choix limité d'équipements disponibles qui répondent aux besoins. Il ne s'agit pas ici d'acheter une voiture pour votre famille, auquel cas le choix est grand pour satisfaire à vos besoins.
Lorsque j'étais VCEMD, les ressources étaient particulièrement limitées. J'ai déployé des efforts importants simplement pour réussir à joindre les deux bouts, m'ingéniant à maintenir les capacités essentielles au soutien des missions opérationnelles des Forces canadiennes. Chaque année, au cours des sessions d'affectation des crédits au sein du ministère, les demandes financières étaient toujours beaucoup plus importantes que les fonds disponibles. De ce fait, on jonglait sans fin avec les affectations et on devait décider des priorités les plus pressantes. Dans tous les domaines, il fallait avoir une demande considérée comme essentielle pour obtenir un financement; le reste n'était même pas pris en compte. Par conséquent, les demandes de ressources pour des postes comme l'amélioration des infrastructures ou le remplacement des édifices étaient régulièrement reportées. D'ailleurs, ces défis persistent.
Une telle situation financière exigeait un solide processus de planification stratégique et d'élaboration des besoins. À cette fin, nous avions un système hiérarchisé clair et cohérent, dans le cadre duquel les besoins étaient définis en fonction des priorités établies de façon collective.
Afin d'institutionnaliser ce processus, mon prédécesseur en tant que VCEMD, le vice-amiral Garnett, a fait adopter la planification fondée sur les capacités ainsi que l'examen régulier et la priorisation des besoins par la direction des FC et du MDN.
En fin de compte, les acquisitions correspondent à ce que nous achetons — c'est-à-dire aux capacités — et à la façon dont nous les achetons, qui est liée au processus. Dans le cadre de la planification fondée sur les capacités, il faut définir ce dont les FC ont besoin, puis prioriser ces besoins afin d'être en mesure d'assumer le mandat, les missions et les différents rôles joués par les FC à l'appui de la politique de défense du gouvernement. Cette politique, quant à elle, découle d'une évaluation formelle de nos intérêts nationaux. L'énoncé des besoins doit provenir d'une orientation cohérente descendante donnée par le gouvernement.
Lorsque j'étais VCEMD, j'ai continué à appuyer et à développer ce processus. L'objectif était de s'assurer que nous pourrions pleinement appuyer l'applicabilité de toutes les capacités des FC à participer à une mission présente ou future dans le cadre de la politique de défense du gouvernement.
Au sein du MDN, l'établissement et la priorisation des capacités constituaient une responsabilité collective, et nous nous assurions du fait qu'il existait un lien entre la politique du gouvernement et nos dépenses en matière de capacités. Si une capacité ne répondait pas à un besoin clairement identifié, alors on ne demandait pas son acquisition.
Je pense qu'il est important pour moi ici de définir exactement ce que j'entends par capacité. Trop souvent, on pense que l'achat et la livraison d'un bien d'équipement représentent l'acquisition d'une nouvelle capacité, alors que, généralement, ce n'est que la première étape, et souvent ce n'est pas la plus coûteuse.
Pour se doter d'une capacité pleinement équilibrée, il faut avoir du personnel à sa disposition, il doit être bien formé et supervisé. Il faut mettre en place des concepts d'exploitation, et garantir un accès à un commandement et contrôle robuste. Il faut également les infrastructures nécessaires, tant les édifices que les technologies de l'information. Il est également essentiel de posséder les services de soutien pour les pièces de rechange, la maintenance, les réparations et les révisions, et ce à long terme. Bref, nos capacités doivent être complètes pour être utiles.
Il ne faut pas non plus perdre de vue que généralement, il faut des années pour acquérir des capacités militaires et pour qu'elles arrivent à maturité. Même dans ce cas-là, il est possible que la politique ou la doctrine dans le cadre de laquelle elles sont utilisées change, exigeant des ajustements qui peuvent avoir des répercussions sur toutes les fonctionnalités de la capacité.
Il est important que le MDN conserve son intégrité stratégique lorsqu'il définit ses besoins. S'il souhaite obtenir des crédits pour satisfaire à un de ses besoins, le MDN doit être en mesure de démontrer que cet achat renforcera la capacité militaire générale et doit pouvoir défendre la portée et la nature prioritaire de la proposition.
Cette proposition est ensuite examinée dans le cadre d'un processus interministériel rigoureux, ce qui garantit une étude approfondie. Cela permet de confirmer qu'une capacité s'inscrit bien dans le plan stratégique général et que l'investissement proposé apportera une valeur ajoutée.
Le processus de planification des capacités que je viens de vous décrire sous-tend le processus d'acquisition. Il est, par sa nature même, logique, bien référencé et raisonné. Il permet de cerner les véritables priorités et d'expliquer pourquoi elles sont importantes, il renforce le climat de confiance et sensibilise aux besoins en matière de défense.
Quels sont les domaines sur lesquels il serait intéressant de se pencher afin d'y apporter des améliorations? À mon avis, il y en a cinq. Je vais commencer avec la question du financement.
Si le financement du gouvernement est insuffisant pour l'acquisition et l'entretien des capacités requises, ces capacités resteront incomplètes ou se dégraderont au fil du temps. En plus de cela, le coût du maintien de certaines capacités essentielles augmente lorsque l'équipement reste en service au-delà de sa durée de vie utile normale. Notre flotte de Hercules illustre bien cela avec ses coûts de maintenance élevés.
Autre domaine qui touche au financement : lorsque le gouvernement prend des décisions qui s'accompagnent de coûts directs additionnels pour les forces armées, comme le déploiement en Afghanistan, un financement additionnel devrait être fourni, et ce au fur et à mesure que les dépenses sont faites.
Enfin, il faudrait réfléchir à la possibilité d'avoir une gestion pluriannuelle du budget du MDN pour que les dépenses soient plus souples et efficaces.
Le deuxième point que je souhaiterais soulever est celui des priorités opérationnelles. Parfois, des besoins opérationnels critiques deviennent la priorité absolue. Par exemple, le besoin de nouvelles pièces d'artillerie en Afghanistan a entraîné un achat accéléré, bien avant la date prévue. Cette mesure ne devrait pas justifier la réaffectation du financement prévu pour des besoins légitimes. Plus de souplesse dans le financement, en débloquant des fonds additionnels pour le budget du MDN au besoin, permettrait d'alléger les pressions financières créées par ces initiatives.
Mon troisième point concerne la gestion des risques. La planification des capacités militaires se fait dans un environnement complexe et imprévisible, pourtant, il est important de s'assurer que les capacités proposées sont les bonnes, qu'elles serviront les Canadiens à long terme. Tout jugement erroné peut avoir des conséquences graves, aussi bien financières qu'en termes de vies humaines. Par conséquent, les prévisions doivent être efficaces et les besoins doivent être constamment réévalués. Il est également important d'accepter le fait qu'il faille parfois réexaminer des solutions qui avaient été privilégiées au départ pour des raisons opérationnelles et liées aux ressources.
Mon quatrième point à trait à la définition des besoins. Dans le cadre des délibérations du comité, il a été dit qu'il fallait simplifier le cahier des charges et demander à l'industrie si elle avait des solutions à proposer. J'appuie cette démarche. Cependant, dès qu'un besoin est confirmé, le personnel chargé de l'acquisition pour répondre à ce besoin devrait avoir les moyens de le faire sans distraction ou ingérence extérieure.
Enfin, mon cinquième point concerne la politique. L'établissement des priorités et les décisions concomitantes nécessaires pour se doter des capacités ne pourront se faire solidement s'il y a le moindre doute concernant les objectifs du gouvernement et de sa politique. Le dilemme du Canada a toujours été l'équilibre des affectations entre les besoins nationaux et les besoins internationaux. Il est essentiel d'avoir un énoncé de politique sans ambigüité pour définir les capacités — un bon départ pur tout processus d'acquisition.
Je vais conclure en résumant trois idées principales. Premièrement, il faut un énoncé de politique solide pour définir les capacités des Forces canadiennes, il faut ensuite prioriser ces capacités et affecter les fonds requis pour les exercer adéquatement. Deuxièmement, l'acquisition de capacités va au-delà du simple équipement. Troisièmement, le recours aux principes de planification fondés sur les capacités est utile au gouvernement dans sa prise de décision. Ces principes garantissent le meilleur rendement possible pour l'argent des contribuables canadiens par le biais du financement des besoins qui est accordé à la suite d'un processus interministériel complet qui appuie l'acquisition d'équipement de défense.
Merci, monsieur le président. Je serai heureux de répondre à vos questions.
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Merci, monsieur Coderre.
Les besoins de transport tactiques et stratégiques des Forces canadiennes sont une préoccupation depuis des décennies. Le C-130 s'est avéré un actif très valable pour les Forces canadiennes et on s'est toujours engagé à remplacer cette capacité à long terme. Comme vous le savez bien, la flotte actuelle de C-130 a désespérément besoin d'être remplacée.
Lorsque j'étais vice-chef d'état-major de la Défense, ce qui était prévu dans ce que nous appelons le plan d'investissement dans la capacité stratégique qui a été élaboré en 2003 et en 2004, c'est que nous devions mettre l'accent sur les besoins les plus criants pour transporter les Forces canadiennes. Le C-130 était le locus, si vous voulez, ou le centre, de cette attention, mais un projet de remplacement global des C-130 n'était simplement pas considéré comme étant abordable à court terme. On a donc décidé de développer un besoin pour l'un des éléments de la mission du C-130, soit celle d'appareils à voilure fixe de recherche et de sauvetage, pour alléger une partie de la pression exercée sur la flotte aérienne en commençant par un projet moins coûteux pour un aéronef qui serait spécifiquement capable de faire ce travail et d'enlever de la pression sur le C-130 afin qu'il puisse être davantage en mesure de s'acquitter de sa mission opérationnelle car il est plutôt extravagant d'utiliser un C-130 pour la recherche et le sauvetage.
À l'époque, l'achat d'un aéronef stratégique, d'un C-17, n'était pas considéré comme étant abordable étant donné le budget dont nous disposions, de sorte que nous ne l'avons pas inclus dans le budget, nonobstant le fait que nous reconnaissions qu'il était nécessaire de fournir un avion de transport stratégique. Nous avons donc décidé d'affréter plutôt un aéronef lorsque nous en avions besoin. Nos collègues américains et britanniques, nos amis et alliés, avaient des C-17, et nous avons pu utiliser leurs services de temps en temps, mais il y avait le risque, en temps de crise, lorsque tout le monde aurait besoin de transport aérien stratégique, que nous ne puissions pas y avoir accès. C'était considéré comme un risque que nous devions tout simplement accepter parce qu'il n'y avait pas d'argent dans le budget de la Défense qui nous permettait d'acheter cet aéronef.
Lorsque le gouvernement conservateur est arrivé au pouvoir, il a clairement déclaré que ce transport aérien stratégique était une plus grande priorité, et il est donc devenu abordable. Ce sera un atout extraordinaire pour les Forces canadiennes. Mais à l'époque où j'étais VCEMD et compte tenu des contraintes que nous avions, nous avons mis l'accent sur les C-130 et les besoins de cette flotte aérienne.
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Monsieur le président, honorables membres du comité, permettez-moi d'abord de remercier le comité au nom des quelque 400 entreprises canadiennes membres de l'AIAC, installées d'un bout à l'autre du pays. Nous vous sommes reconnaissants de l'occasion qui nous est donnée, aujourd'hui, d'exposer le point de vue du secteur aérospatial sur la façon dont le Canada devrait améliorer ses pratiques d'acquisition de matériel militaire.
Nous croyons que les changements que nous vous proposerons se traduiront par de meilleurs résultats pour tous, des résultats qui contribueront à améliorer la capacité du Canada à définir et à mettre en oeuvre sa politique étrangère et de défense fondée sur le principe Le Canada d'abord, à appuyer les hommes et les femmes membres des Forces armées canadiennes en leur fournissant le matériel approprié en temps et lieu, pour qu'ils puissent mener à bien leurs missions au pays et à l'étranger, et enfin à maximiser les retombées générées par l'investissement prudent de l'argent durement gagné des contribuables.
Nous applaudissons la décision du gouvernement du Canada de procéder à l'acquisition de nouveaux appareils de transport aérien qui aideront le Canada à mettre de l'avant une politique étrangère et de défense souveraine. Malheureusement, les faiblesses systémiques du système canadien d'acquisition du matériel militaire font obstacle au développement industriel qui pourrait maximiser le rendement de l'investissement des 13 milliards de dollars découlant de ces acquisitions.
L'essentiel du débat public entourant l'acquisition d'appareils de transport aérien met l'accent sur le fait que le gouvernement a choisi d'avoir recours à un fournisseur unique plutôt qu'à un processus d'acquisition concurrentiel et sur la distribution des retombées industrielles qui en découleront. Ces questions expriment la faiblesse globale de la manière dont les acquisitions militaires sont administrées.
Le Canada ne dispose pas d'une politique claire orientant l'effet de levier des dépenses militaires afin de renforcer les capacités de renommée mondiale que l'on trouve au sein de la base industrielle du pays. À cet égard, le Canada fait figure d'exception. Nous avons besoin d'un cadre stratégique qui favorise une solide base industrielle et technologique, qui protège notre souveraineté et notre sécurité tout en nourrissant notre développement économique.
Sans une vision stratégique, l'approche du Canada en matière d'acquisition de matériel militaire continuera de se faire à la pièce et de mener à des résultats sous-optimaux à la fois pour la sécurité nationale et l'économie.
L'absence d'une politique industrielle sur l'acquisition de matériel militaire constitue un sérieux frein au maintien des activités des entreprises installées au Canada, qu'elles soient de propriété canadienne ou étrangère. Elles font l'objet de pressions constantes pour se réinstaller aux États-Unis et en Europe afin de répondre aux conditions d'admissibilité imposées par les gouvernements pour l'accès aux plus grands marchés militaires. Si cette tendance se maintient, le Canada peut s'attendre à voir arriver le jour où son marché relativement modeste sera desservi exclusivement par des entreprises installées ailleurs.
Le gouvernement du Canada doit officiellement reconnaître le rôle stratégique que joue l'industrie dans la défense et la sécurité du pays. Cela est particulièrement important pour que le Canada dispose, au sein de sa base industrielle, de toutes les capacités nécessaires au soutien de ses parcs d'appareils militaires pour l'ensemble de leur durée de vie utile. Le fait de dépendre de sources étrangères diminue les capacités militaires du Canada. En temps de crise, l'accès aux sources étrangères n'est pas garantie, puisqu'elles pourraient être pleinement engagées à satisfaire aux exigences de leurs propres forces armées.
Trop souvent, les acquisitions de matériel militaire sont à peu de choses près scellées, signées et livrées sans un examen approfondi des possibilités et de leurs répercussions par les décideurs principaux. Cela soulève plusieurs questions : comment le choix d'un entrepreneur d'ici plutôt que de l'étranger nous affecte-t-il? Quelles sont les répercussions d'un processus d'appel d'offres concurrentiel par comparaison à l'octroi d'un contrat à un fournisseur unique? Comment ces décisions nourrissent-elles la vitalité et la concurrence mondiale de la base industrielle canadienne?
Au sein du ministère de la Défense nationale, une façon de faire généralisée s'est installée qui ne tient pas compte de l'industrie et qui, selon nous, va à l'encontre des intérêts économiques de la nation. Les représentants du MDN élaborent souvent des spécifications techniques détaillées propres au matériel sans consulter les représentants des ministères fédéraux clés ni l'industrie.
Une telle attitude, axée sur les spécifications, contribue largement à prédéterminer le choix des plateformes, à décourager l'innovation et, dans bien des cas, à limiter la gamme de solutions que pourrait proposer l'industrie. Une fois que les spécifications eu égard au matériel ont été entièrement élaborées au sein du MDN, les exigences en matière d'acquisition doivent souvent aller de l'avant sans tarder. Cela génère un stress de dernière minute chez les décideurs au moment de la révision de la stratégie d'acquisition, laquelle se fait dans un contexte émotif où les soumissionnaires, les dirigeants provinciaux et les organisations de l'industrie font valoir leurs intérêts par l'entremise de médias qui, de leur côté, cherchent à critiquer et jeter des blâmes. Il en résulte des retards et une augmentation des coûts qui affectent à la fois le gouvernement et l'industrie.
Les hommes et les femmes membres de nos Forces armées, ainsi que les Canadiens, méritent mieux. Une façon d'y arriver serait d'adopter une approche en matière d'acquisition de matériel militaire qui établirait la mission qui doit être accomplie et les capacités générales nécessaires pour le faire. Cela pourrait ouvrir la voie à davantage de concurrence et ainsi garantir que les dépenses du Canada en matière d'acquisition de matériel militaire utilisent les ressources de façon optimale.
Les décideurs principaux du gouvernement doivent participer pleinement — et dès le début — au processus visant à déterminer de quelle façon les acquisitions individuelles iront de l'avant. Ils doivent établir des objectifs clairs en matière de défense et en matière industrielle pour ensuite endosser l'approche la mieux adaptée à l'atteinte de ces objectifs.
Les chefs de file de l'industrie peuvent jouer un rôle à valeur ajoutée en les aidant à y arriver, y compris en établissant des stratégies d'acquisition qui offrent aux soumissionnaires une portée maximale pour soumettre des propositions innovatrices et pratiques qui maximisent les résultats recherchés par le gouvernement.
La mise sur pied d'un processus d'acquisition efficace et politiquement redevable demande du temps et requiert la participation et le soutien actif des décideurs du gouvernement et des chefs de file de l'industrie pour donner sa pleine mesure. Admettant cela, des actions immédiates peuvent être prises pour renforcer la façon dont l'effet de levier de l'acquisition actuelle d'appareils de transport aérien pourrait être amélioré afin de maximiser le rendement sur leur développement industriel dans le but que les solutions d'avant-garde canadiennes trouvent leur place dans les chaînes d'approvisionnement mondiales des secteurs commercial, spatial et militaire.
Les changements proposés par l'AIAC ne compromettront pas l'acquisition, par le Canada, des appareils qu'il a choisis, pas plus qu'ils n'occasionneront de retards ou de coûts supplémentaires.
L'approche du gouvernement pour l'atteinte des retombées industrielles au Canada favorise la quantité au détriment de la qualité. D'ordinaire, l'entrepreneur principal redonne au Canada, à l'intérieur d'un délai relativement court, 100 p. 100 de la valeur du contrat.
Cela amène les entrepreneurs à s'engager dans des transactions d'achat à court terme relatives à leur gamme de produits à échéance. À l'heure actuelle, on n'emploie aucun facteur de discrimination de la valeur pour inciter les entrepreneurs à bâtir des relations de grande valeur commerciale à long terme et tournées vers l'avenir, des relations telles que le développement conjoint de nouvelles technologies et la participation des entreprises canadiennes dans leurs nouveaux programmes de développement dès le début du processus.
L'AIAC préconise les mesures suivantes, qu'elle a proposées au gouvernement :
- Donner davantage de directives aux entrepreneurs principaux en ce qui a trait aux résultats industriels recherchés; leur demander de ne respecter que des mesures quantitatives n'est pas suffisant.
- Utiliser des facteurs de discrimination de la valeur pour reconnaître la plus grande valeur de certains types de retombées industrielles au Canada, par exemple le transfert technologique lors de l'acquisition d'articles peu complexes.
- Permettre de la flexibilité quant à la période accordée aux entrepreneurs principaux pour s'acquitter de leurs engagements en matière de retombées industrielles; l'adhésion aux règles (bien que certaines soient difficiles à comprendre) ne devrait pas avoir préséance sur la saine gestion des affaires.
- Gérer les retombées industrielles au Canada d'un entrepreneur principal de manière globale (pour l'ensemble des contrats plutôt que de manière distincte).
- Exiger que 100 p. 100 du service en soutien des parcs d'appareils tactiques et d'hélicoptères qui seront acquis soit effectué par l'industrie canadienne de SES déjà en place, y compris la gestion globale du parc aérien, le soutien technique, les réparations et les révisions, les mises à jour des modifications et le prolongement de la durée de vie des appareils.
Le gouvernement doit aussi obtenir des manufacturiers d'appareils, dans le cadre du contrat initial, l'ensemble des données complètes et la propriété intellectuelle nécessaires au maintien en puissance des appareils dès que le service aura lieu au Canada — exempts des restrictions en vertu des politiques de contrôle des exportations des États-Unis.
En outre, le gouvernement devrait obtenir des manufacturiers qu'ils remettent aux entreprises canadiennes les licences et les mandats de production qui leur permettront d'exporter leur expertise sur d'autres marchés.
En adoptant les changements que nous préconisons, le gouvernement et l'industrie seront en meilleure posture pour faire progresser la politique étrangère et de défense du Canada, de même que ses objectifs financiers, tout en contribuant à améliorer la compétitivité mondiale de l'industrie aérospatiale du Canada.
Merci.
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Bonjour, mesdames et messieurs. Il me fait plaisir d'être avec vous aujourd'hui pour vous donner l'opinion des membres de l'Association de communications et électroniques des forces armées.
[Traduction]
Notre association a été créée aux États-Unis en 1946, dans le but de favoriser les échanges entre les professionnels de l'industrie, du gouvernement et du secteur militaire en matière de communications et d'électronique.
Depuis, l'AFCEA est devenue une association internationale sans but lucratif qui compte parmi ses membres 31 000 particuliers et plus de 1 300 sociétés commerciales dans le monde. Les domaines d'intérêt de nos membres se sont étendus bien au-delà de la vision des militaires qui ont fondé notre association, et l'AFCEA sert aujourd'hui de trait d'union entre les exigences gouvernementales et les capacités de l'industrie dans les milieux en constante expansion de l'infotechnologie, ou ce qu'on appelle maintenant le secteur C4ISR.
L'AFCEA contribue également à la sécurité mondiale en créant un environnement éthique qui encourage l'étroite collaboration entre les organismes gouvernementaux civils, les forces armées et l'industrie.
L'AFCEA Canada a été constituée en société en 1986 en tant que filiale de l'AFCEA International; son siège social se trouve à Ottawa et son conseil d'administration se compose de gens de tout le Canada qui sont chargés de le conseiller.
L'AFCEA Canada s'est par ailleurs dotée d'un comité de gestion des programmes qui gère son programme canadien national. Ce programme comporte actuellement diverses activités, dont des petits déjeuners causeries, des activités de perfectionnement professionnel, des activités sociales et la tenue de TechNet North, une exposition doublée d'activités de perfectionnement professionnel tenue au Canada tous les deux ans.
L'AFCEA Canada s'efforce de réaliser ses objectifs en servant de cadre éthique à l'échange d'idées et d'informations parmi ses membres et en servant de trait d'union entre l'industrie et le gouvernement dans des domaines spécialisés comme les communications, l'électronique, les activités de commandement et de contrôle, le renseignement, la surveillance, la reconnaissance et les systèmes d'information.
L'AFCEA a des sections locales dans les régions et les villes où il y a une concentration suffisante de professionnels dans ce domaine. Il y a des sections locales à Montréal et à Ottawa.
[Français]
AFCEA Canada est aussi le contributeur principal au fonds d'éducation d'AFCEA Canada. Le but de ce fonds est d'encourager un très haut niveau de compétences académiques en sciences et ingénierie en aidant et motivant les étudiants méritants au moyen de bourses d'étude et autres récompenses appropriées.
[Traduction]
Contrairement à d'autres associations qui représentent l'industrie, l'AFCEA a des membres dans les trois secteurs où travaillent les professionnels de la technologie de l'information. Nous avons des membres dans les forces armées, la fonction publique et le secteur privé.
L'AFCEA appartient à ses membres et est administrée par des membres bénévoles. Elle est dotée d'un très petit effectif d'employés rémunérés à son siège social international situé à Fairfax, en Virginie. Nous avons également quelques employés à Bruxelles, qui s'occupent de l'association en Europe, et deux employés ici à Ottawa qui s'occupent d'AFCEA Canada. Les membres du comité exécutif international et du conseil d'administration international, dont je fais partie, sont tous bénévoles.
Quand vous me poserez vos questions, songez à la définition couramment acceptée du terme bénévole : personne qui n'a pas compris la question. Et moi, je suis un bénévole.
L'AFCEA salue et appuie les efforts que déploie actuellement le MDN pour instaurer un système d'appels d'offres fondé sur le rendement et l'optimisation des ressources. Cependant, le processus choisi ne peut pas éclipser l'objectif premier des systèmes d'approvisionnement, c'est-à-dire d'acquérir une solution qui répond à un besoin actuel, et non à un besoin passé. Les critères de rendement obligatoire ne sont pas toujours assez souples. Mais bien sûr, c'est ce que prétendront tous les entrepreneurs qui ne sont pas retenus.
Il faut également tenir compte du point de vue des évaluateurs de soumissions. Pour obtenir le meilleur produit en contrepartie de l'argent dépensé, il faut parfois accepter certaines teintes de gris plutôt que d'exiger des évaluateurs qu'ils portent des jugements sans nuances. La sélection de la plus basse soumission conforme suppose que les exigences énoncées dans l'appel d'offres sont parfaites; autrement, la sélection risque d'être faussée.
Le fait d'abandonner le long processus de formulation d'exigences techniques complexes est sans doute la meilleure décision que pouvait prendre le MDN pour améliorer les modalités d'approvisionnement. Il arrivait non seulement que ce système fournisse de piètres résultats, mais même dans certains cas qu'il ne produise aucun résultat. Le processus mobilisait par ailleurs des ingénieurs du MDN dont les services auraient pu être mieux employés. J'en sais quelque chose puisque j'étais un de ces ingénieurs jusqu'à 1987, année où j'ai pris ma retraite.
Nos membres sont également favorables à l'idée d'un seul point de reddition de comptes énoncé par le MDN, pourvu qu'il soit assorti d'une garantie de contenu canadien. Cela pourrait grandement améliorer le processus, mais le choix de ce point unique de reddition de comptes doit reposer sur la capacité de l'entrepreneur principal retenu de remplir la fonction voulue pendant la durée voulue. Cependant, dans le cas de l'entrepreneur principal étranger, le contrat du service de soutien devrait se limiter aux premières années, de façon à favoriser le transfert de technologies à un entrepreneur principal canadien qui pourrait ensuite se charger des activités de fonctionnement et d'entretien à long terme.
Cette idée est loin d'être adoptée pour l'acquisition de systèmes et de services d'infotechnologie. À l'heure actuelle, le MDN achète par contrat les services de personnes plutôt que des capacités des entreprises. Mais je soupçonne que si le MDN procède de cette façon, c'est qu'il s'estime qualifié pour évaluer les capacités de personnes mais qu'il ne se sent pas appuyé par TPSGC et Industrie Canada lorsqu'il s'agit d'évaluer les capacités et la stabilité financière d'entrepreneurs.
Je sais que votre comité n'est pas en mesure de modifier les façons de faire d'autres ministères. Cependant, si le MDN veut adopter avec succès la formule du point unique de reddition de comptes, il doit veiller à ce que les bons entrepreneurs principaux soient retenus. Il faut que l'entrepreneur principal soit capable de livrer tout l'équipement et tous les services requis, qu'il ait la stabilité financière nécessaire pour remplir jusqu'à la fin de la période voulue le contrat d'entretien. Enfin, il doit s'agit d'une entreprise responsable et désireuse de jouer correctement son rôle de société canadienne.
L'idée d'un point unique de reddition de comptes présente un autre avantage passé sous silence jusqu'à maintenant : la multitude de sous-traitants auxquels il faudrait faire appel pour obtenir les biens et services nécessaires pour remplir un contrat complexe du MDN relèverait de la responsabilité de l'entrepreneur principal. Bien que je répugne beaucoup à l'admettre devant votre comité, les grandes entreprises canadiennes et internationales sont bien mieux équipées que le gouvernement du Canada pour résister au lobbying d'une foule d'entrepreneurs à la fois.
Enfin, l'AFCEA accueille favorablement aussi l'intention exprimée par le MDN d'acheter des produits standards éprouvés. Cette idée est tout particulièrement applicable dans le cas d'achats mineurs de produits de sécurité informatique. Étant donné le rythme effréné auquel apparaissent de nouvelles menaces à la sécurité informatique, il faut impérativement acquérir des produits et des outils technologiques de pointe. Se fier à des outils moins récents engendrerait plus de risques et ne procurerait pas une protection suffisante.
Comme je l'ai indiqué plus tôt, l'ACEFA n'est pas une association sectorielle mais se compose de militaires, de fonctionnaires, et de représentants des fournisseurs. La tribune d'interaction que représente l'ACEFA pour ces trois groupes dans le secteur de la TI devrait être encouragée dans tous les autres secteurs de la défense.
N'avoir qu'une évaluation sur papier des fournisseurs peut avoir une incidence négative sur les changements proposés au processus d'acquisition. Les équipes de projet du gouvernement se composent d'êtres humains, tout comme les équipes d'entrepreneurs. L'interaction entre les deux, dans un cadre éthique et professionnel, améliorera énormément les connaissances des deux parties. Cela se soldera par une industrie de défense qui comprend mieux les exigences et un gouvernement qui comprend mieux les capacités et les limites de l'industrie. Les deux parties sont partenaires et non ennemies.
Certes, il faut saluer les efforts du MDN visant à corriger les inefficacités du processus d'acquisition. néanmoins, il reste que le MDN n'est qu'un intervenant parmi d'autres dans un processus regroupant plusieurs ministères. Le délai entre l'annonce d'un programme et le début du processus d'acquisition est beaucoup trop long. On crée des BP qui se tournent les pouces, et les équipes d'entrepreneurs, restées en rade, sont assignées à d'autres tâches à cause des retards dans l'amorce du processus d'acquisition.
Dans le cas des grands projets d'État, le programme des retombées industrielles régionales d'Industrie Canada vient ajouter à la complexité et parfois à la durée excessive du processus d'acquisition. La politique des retombées industrielles régionales, en particulier, s'applique très difficilement aux achats d'équipement standard qui a déjà fait ses preuves. Bien entendu, il est pratiquement impossible de déceler les retombées directes, et les retombées indirectes sont assujetties à des règles désuètes qui n'ont pas été adaptées à l'évolution de l'économie canadienne.
Le MDN devrait peut-être faire pression sur Industrie Canada pour qu'il ajuste la politique. Par exemple, les activités de R et D appliquées à long terme pourraient être admissibles au programme, ce qui donnerait des perspectives à plus long terme à la politique des retombées industrielles régionales.
Il est peut-être temps que le gouvernement révise sa politique d'achat centralisé. Nos voisins du sud n'ont pas d'organismes d'achat central, et pourtant leur gouvernement fédéral effectue environ 30 fois plus d'achats que nous par an.
Étant donné que le MDN et d'autres ministères s'orientent désormais vers des appels d'offres fondés sur le rendement et le meilleur rapport qualité-prix, et privilégie l'acquisition de matériel standard, le système d'achat centralisé n'est peut-être plus le moyen le plus efficace de s'approvisionner en biens et en services. Il faudrait peut-être réaffecter les ressources pour que l'acceptation des entrepreneurs se fasse grâce à un processus de diligence raisonnable au lieu de l'évaluation sur papier qui existe actuellement.
Pour conclure, l'ACEFA appuie pleinement l'initiative de M. Dan Ross visant à rationaliser le processus d'acquisition du MDN. Nous sommes également d'avis que les principes du gouvernement en matière d'acquisition doivent être maintenus. Cependant, nous pensons que cela doit se faire dans le cadre d'un processus d'approbation et de surveillance interministériel amélioré si on veut que les améliorations apportées par le MDN soient tangibles.
Nous espérons que les modifications apportées au processus ne se limiteront pas aux acquisitions de grande envergure, comme les aéronefs et les hélicoptères, mais qu'elles s'appliqueront également aux acquisitions plus petites de produits et de services C4ISR, qui intéressent plus particulièrement les membres de l'ACEFA.
Enfin, on ne doit pas perdre de vue l'importance cruciale des rapports entre les fonctionnaires et les représentants des entrepreneurs. Le processus d'acquisition pourrait être énormément amélioré si les deux parties se comprenaient mieux.
Bien entendu, ces échanges doivent se faire dans un cadre éthique et professionnel pour préserver les principes d'acquisition du gouvernement au Canada. L'ACEFA Canada offre un tel cadre à ses membres et est prête à faciliter l' interaction avec des non-membres si le MDN l'y autorisait.
Merci beaucoup de votre patience. Je répondrai volontiers à vos questions.
:
Merci beaucoup, monsieur le président et mesdames et messieurs du comité.
Il n'y a pas de rôle plus important pour un gouvernement que d'assurer la sécurité de ses citoyens et la protection de son infrastructure économique nationale. L'engagement du gouvernement de réinvestir dans les Forces armées canadiennes revêt une importance capitale pour les intérêts nationaux du Canada en matière de sécurité. L'Association des industries canadiennes de défense et de sécurité se félicite de la décision du gouvernement d'amorcer rapidement le processus de reconstruction. Comme la plupart des contribuables canadiens, nos 500 membres s'attendent à ce que le gouvernement fasse le meilleur usage possible des fonds publics lorsqu'il procède à des acquisitions et à ce qu'il offre aux entreprises canadiennes concurrentielles le plus de chances possible de prendre part au processus d'acquisition.
En effet, nous croyons que les industries de la défense et de la sécurité au Canada contribuent de façon essentielle à la capacité du gouvernement de protéger et de défendre le Canada et les valeurs canadiennes. Nous sommes heureux de comparaître devant votre comité au début du plan pluriannuel de reconstruction qui comportera des déboursés de plusieurs milliards de dollars. Prises globalement, ces acquisitions au profit de nos forces terrestres, aériennes et maritimes, pourraient transformer les entreprises canadiennes du domaine de la défense et de la sécurité. Les stratégies d'acquisition du gouvernement fédéral sont au coeur de cette transformation et seront donc le principal sujet de notre exposé ce matin.
Je vais aborder brièvement ce matin trois grands domaines : l'acquisition du matériel de défense, les retombées industrielles et régionales et les mécanismes de contrôle des exportations. Chacun de ces éléments est indispensable pour que le Canada puisse acquérir les biens et services militaires nécessaires et obtenir le plus de retombées possibles pour le Canada, au chapitre des capacités industrielles d'importance nationale stratégique.
En matière d'acquisition du matériel de défense, notre association reconnaît l'importance pour le gouvernement fédéral de se doter d'objectifs en matière de sécurité et de défense et de politique étrangère en fonction desquels on pourra déterminer les besoins du Canada en matière de forces armées et de sécurité. Nous savons à quel point il est important que le gouvernement fédéral établisse des niveaux de financement stables, prévisibles et à long terme pour nos forces armées et de sécurité.
En plus d'une politique claire et d'un financement soutenu et suffisant, notre association croit qu'un troisième facteur est essentiel à un bon système d'acquisition de matériel militaire : un mécanisme décisionnel politique et interministériel qui obligerait le gouvernement, les forces armées et l'industrie à aligner l'acquisition de matériel militaire sur les objectifs stratégiques gouvernementaux touchant l'industrie, l'innovation économique au Canada et la compétitivité commerciale dans des secteurs bien définis d'intérêt national. Contrairement à nos alliés, la Grande-Bretagne et l'Australie, le Canada n'articule pas ces trois facteurs interreliés en un système stratégique concerté dès le début du processus d'acquisition de matériel militaire.
Pour que ce travail initial porte fruit, les membres de l'AICDS croient que le gouvernement doit définir les capacités d'importance stratégique pour la sécurité nationale et les intérêts économiques du Canada. Permettez-moi de parler sans détours. Le Canada doit tracer une stratégie industrielle pour les industries de la défense et de la sécurité. La nature et les priorités de cette stratégie tiendraient compte des besoins actuels et futurs des forces armées en matière de matériel, de technologies et de soutien en service. Elle tiendrait aussi compte du marché international et des possibilités de croissance de la chaîne d'approvisionnement. Enfin, elle prendrait en considération les besoins particuliers du Canada sur le plan de la sécurité, du fait que nous sommes une nation maritime et nordique qui se trouve sur le même continent que les puissants États-Unis.
Dans ce contexte, les entreprises canadiennes doivent avoir accès à de nombreux débouchés. Une stratégie industrielle, alimentée par des approvisionnements de matériel militaire, renforcerait la sécurité du Canada tout en stimulant son économie dans des secteurs technologiques de pointe.
Je viens d'évoquer, bien sûr, les possibilités industrielles et économiques que peut procurer une gestion efficace des acquisitions de matériel militaire. Je tiens cependant à souligner que c'est aux forces armées qu'il incombe de définir leurs besoins opérationnels, d'après les missions que le gouvernement leur confie, et que ces besoins ne doivent faire l'objet d'aucun compromis.
Si les entreprises appuient d'emblée le principe fondamental de la concurrence, les membres de l'AICDS estiment que la question principale n'est pas de savoir si le gouvernement va décider de construire le matériel ou d'acheter du matériel standard, faire un appel d'offres ou s'approvisionner auprès de fournisseurs uniques pour répondre aux besoins déclarés. Ce qui importe le plus, peu importe la stratégie d'acquisition retenue, c'est que le gouvernement établisse dès le départ des objectifs et une stratégie qui lui permettent de réaliser ces objectifs tout en maximisant les avantages pour le Canada sur les plans militaire, économique, industriel et commercial, et ce, dès le moment de l'acquisition et pendant tout le cycle de vie de l'équipement en question. L'industrie doit également prendre part à cette discussion.
Un dernier mot au sujet de l'acquisition. Nos membres souscrivent à la volonté du gouvernement et des forces armées de trouver un processus plus rapide qui permettra d'acquérir l'équipement requis rapidement et de façon économique en garantissant le meilleur usage de l'argent des contribuables et la plus grande participation de l'industrie canadienne. La meilleure façon d'y arriver, à notre avis, est d'adopter un système ouvert, transparent et juste dans lequel les entreprises pourront se faire concurrence pour présenter des solutions qui répondent aux besoins de leurs clients dès le début du processus d'acquisition.
Le cas récent du programme conjoint de navires de soutien peut offrir à votre comité un modèle de processus valable. D'après l'industrie, ce processus se fonde sur un dialogue franc; les ébauches des documents pertinents sont affichées sur un site Web pour examen et on estime qu'il y a des échanges ouverts et sincères entre la marine et l'industrie au sujet d'exigences fondées sur des fonctions — c'est-à-dire des exigences de rendement établies en fonction de la mission. Le système d'acquisition vise à trouver la meilleure solution et découle d'une volonté stratégique préalable de stimuler les entreprises canadiennes concurrentielles. Il n'y a aucune ambigüité quant au processus ni au rôle de l'industrie dans ce processus. Par conséquent, ce système a été jusqu'ici favorablement accueilli par l'ensemble des intéressés.
Quant aux retombées industrielles et régionales, le Canada a compté parmi les premiers pays à se doter d'un programme conçu pour générer les retombées économiques intérieures par l'acquisition de matériel militaire auprès de fabricants étrangers. Ce programme demeure un outil important qui permet au gouvernement de favoriser la participation d'entreprises canadiennes aux chaînes d'approvisionnement des grandes entreprises de matériel militaire et de développer des entreprises canadiennes capables de servir nos intérêts économiques à long terme en plus de nos intérêts liés à la sécurité nationale.
En ce qui concerne le programme des retombées industrielles régionales, nous invitons votre comité à se pencher sur certaines suggestions qui permettraient à notre avis de renforcer le programme et d'optimiser l'utilisation des deniers publics. Nous demandons que le programme encourage l'investissement dans des entreprises canadiennes et les transferts de technologie, de propriété intellectuelle et de recherche-développement en accordant des crédits pour les investissements initiaux, en accordant l'importance voulue au transfert de technologies à des entreprises canadiennes et en prévoyant au besoin un multiplicateur d'investissements. À l'heure actuelle, on n'accorde de crédits pour les retombées industrielles régionales que si l'acquéreur de la technologie peut générer des recettes grâce à l'utilisation de cette technologie.
Nous invitons le comité à envisager d'assouplir le programme des retombées industrielles régionales, qui permettrait d'accumuler un plus faible pourcentage d'obligations de RIG au moment de la signature du marché. À notre avis, cela accroîtra à la longue les retombées économiques au Canada.
Nous proposons qu'un pourcentage important de chaque programme de retombées industrielles régionales vise des investissements dans des capacités d'importance stratégique pour le Canada et pour les forces armées et les forces de sécurité canadiennes. Nous encourageons les soumissionnaires retenus ayant des obligations en matière de RIR d'examiner leurs unités d'activités afin de trouver les retombées favorisant les intérêts stratégiques du Canada.
En ce qui concerne le marché d'exportation, pour maximiser le potentiel d'exportation du Canada au moyen d'acquisitions militaires, nous rappelons à votre comité que depuis la déclaration de Hyde Park et l'entente d'Ogdensburg qui remontent aux années 1940, le Canada et les États-Unis ont établi des relations uniques en leur genre pour assurer leur défense mutuelle et la sécurité de l'ensemble de l'Amérique du Nord. Les industries de la défense et de la sécurité des deux pays se sont depuis profondément intégrées, ce qui a été très avantageux pour la situation économique et politique du Canada.
Le Canada retire pas moins de 50 p. 100 de ces recettes en matière de défense et de sécurité de ces échanges commerciaux avec les États-Unis. Cependant, cette relation étroite et de longue date entre notre industrie et l'industrie américaine risque d'être compromise à cause de la façon dont les États-Unis interprètent le régime de contrôle à l'exportation prévu par l'ITAR.--International traffic in arms regulations-- en ce qui concerne les personnes canadiennes enregistrées. Si on ne corrige pas la situation, l'ITAR risque d'affaiblir considérablement les capacités industrielles et technologiques du Canada. Au moment où le Canada procède au plus important réinvestissement dans ses forces armées et ses forces de sécurité depuis 30 ans, beaucoup des nouveaux matériels pourraient venir d'entrepreneurs principaux étatsuniens. Cette situation mérite donc l'attention des plus hautes instances du gouvernement fédéral.
Notre association invite le gouvernement à négocier avec le gouvernement américain, grâce à l'intervention des autorités politiques les plus hautes, et les solutions au problème que pose l'ITAR, solution qui s'appliquerait aussi bien aux employés du gouvernement fédéral qu'à ceux de l'industrie. Nous souhaitons la mise au point d'un processus d'autorisation de sécurité agréé par les deux pays, de même qu'un meilleur programme canadien relatif aux marchandises contrôlées. Cela permettra aux entreprises canadiennes de concurrencer les entreprises américaines à armes égales. Nous souhaitons également l'adoption de modalités de nature à accélérer les ententes d'aide technique et l'octroi de permis de fabrication aux compagnies agréées par l'ITAR.
Mesdames et messieurs, permettez-moi de conclure en soulignant que le Canada a la capacité industrielle, une main-d'oeuvre hautement qualifiée et les connaissances techniques nécessaires pour jouer un rôle important dans la satisfaction des besoins actuels et futures du Canada en matière de défense et de sécurité. Le rôle que jouera l'industrie canadienne dans la reconstruction et le soutien à long terme des forces armées canadiennes dépendra des décisions que le gouvernement prendra au cours des 18 prochains mois.
Pourvu qu'il en ait la volonté politique, le Canada peut se servir de son système d'acquisition, des retombées industrielles régionales, et d'autres politiques et programmes pour obtenir le matériel dont les forces armées ont besoin pour remplir leurs missions. Il pourra en même temps maximiser les retombées pour l'économie canadienne, appuyer la création d'emplois de qualité au Canada et générer d'excellentes possibilités d'exportation.
Merci de votre attention.
:
Ce que vous avez dit, monsieur Dupont, m'a un peu effrayé.
[Français]
J'ai pensé que vous alliez nous dire « God bless America » à la fin.
[Traduction]
Messieurs, il est grand temps que nous entendions la voix des gens de l'industrie qui en sont rendus à se battre pour leur simple survie.
Le gouvernement actuel a complètement abdiqué notre souveraineté canadienne. S'il y a de la recherche et développement au Canada, s'il y a une industrie canadienne, c'est que l'ancien gouvernement avait instauré une politique industrielle pour voir à ce que chaque région ait sa juste part.
Or, pour qu'il y ait de la recherche-développement, il faut avoir le contrat d'entretien en service. C'est la première fois que nous avons un gouvernement qui a acheté des C-17 dont à notre avis nous n'avions vraiment pas besoin, et pour lesquels nous n'avions pas d'entente de soutien en service.
[Français]
La maintenance de deuxième et de troisième ligne est nécessaire à la recherche et au développement. Sans cette maintenance, la R-D ne servira à rien. Boeing parle d'identifier 577 millions de dollars sur 3,4 milliards de dollars; on aura donc de petites compensations. Il n'en demeure pas moins qu'on a remis un petit chèque de 1,3 milliard de dollars à Boeing, qui s'occupera continuellement de la maintenance.
Messieurs, j'espère que vos organisations respectives mettront leurs culottes. Je sais qu'il y a peut-être certaines inquiétudes, car c'est le ministère de la Défense qui donne des contrats et décide des critères de sélection. Mais si on ne fait pas ce qu'il faut faire présentement, on américanisera l'industrie aérospatiale et aéronautique, qui finira par devenir une simple franchise.
Je sais, monsieur Page, que 50 p. 100 vient des États-Unis. Je sais aussi qu'il y a les ITAR. Un de vos membres, Bell Helicopter, a dû licencier un ingénieur vénézuélien parce qu'il avait la double citoyenneté.
J'espère qu'on pourra collaborer ensemble afin que ce gouvernement puisse faire son travail.
[Traduction]
Je rappellerais que le et le ont dit que le Boeing C-17 n'occasionnera pas de problème lié à l'ITAR, ce qui est de la foutaise. Dan Ross a dit devant nous qu'il essayait de négocier une entente non seulement pour son propre secteur de la défense, mais ensuite, pour toute l'industrie.
Je pense que nous devons prendre nos affaires en main et nous préparer à être combatif, parce que au bout du compte,
[Français]
monsieur Dupont, on sera heureux de dire qu'on est l'employé du mois des industries américaines. Pour moi, une industrie est véritablement souveraine quand elle a la capacité d'aider nos hommes et nos femmes à renouveler et à produire leur équipement.
[Traduction]
Monsieur Page, j'aimerais savoir ce que vous entendez faire relativement à l'ITAR. Il est bon qu'on ait commencé à en parler aujourd'hui. Le Parti libéral du Canada s'efforce depuis le début de faire en sorte que nous tirions des avantages non seulement après la conclusion d'un marché, mais au moment de le négocier.
Par ailleurs, une des principales causes des difficultés auxquelles nous nous heurtons en ce moment c'est que notre gouvernement a totalement abdiqué. Sous prétexte qu'il ne s'agit que de quatre avions et que nous n'avons pas l'infrastructure au Canada, nous devrions laisser Boeing s'occuper de tout. Comment pouvons-nous travailler ensemble pour nous doter d'une véritable stratégie à laquelle vous pourriez participer et nous assurer que ce gouvernement, qui a abdiqué notre souveraineté et notre Charte canadienne des droits, protège efficacement nos hommes et nos femmes?
:
Merci, monsieur le président.
Je veux vous souhaiter la bienvenue et vous remercier d'être présents parmi nous. Votre contribution, aujourd'hui, a été très généreuse. J'ai d'ailleurs bien apprécié votre présentation. Ma question s'adresse à vous trois.
En ce qui concerne les fameux préavis d'adjudication de contrat — ACAN, en anglais —, êtes-vous d'accord avec moi pour dire qu'en s'identifiant trop à une compagnie, on perd complètement son levier de négociation? En effet, on se remet beaucoup trop entre les mains de la compagnie et celle-ci profite de la situation pour imposer ses conditions.
Ma prochaine question s'adresse à M. Page.
Nous avons déjà discuté de l'importance du contenu canadien et du fait que l'entièreté des retombées devrait revenir au secteur de l'aérospatiale. Pourquoi ne demanderions-nous pas que les choses se fassent de cette façon? Il s'agit de contrats relatifs à ce domaine, dans le cas des appareils C-17 et Chinook, par exemple. C'est un secteur de haute technologie, de recherche et de développement. J'ai déjà dit que 60 p. 100 des retombées ne suffisaient pas. D'ailleurs, des représentants d'industries québécoises m'ont fait ce commentaire à plusieurs reprises.
Nous ne sommes pas vraiment intéressés à échanger la totalité d'un capital destiné à l'aérospatiale contre une portion de 40 p. 100 destinée à des saumons de l'Atlantique ou à des épinettes du Grand Nord. Je pense que vous pourrez faire une mise au point à ce sujet.
Enfin, j'aimerais savoir si, à votre avis, le a failli à sa tâche en disant aux gens de Boeing qu'ils pouvaient répartir les retombées économiques comme ils l'entendaient au Canada, sans tenir compte de régions importantes comme le Québec, où se trouve 60 p. 100 de l'aérospatiale du pays.
:
Merci, monsieur le président.
Merci à nos témoins d'être venus aujourd'hui.
Avant de poser des questions, j'aimerais faire quelques brèves observations sur l'exposé de M. Kane. Je m'étonne que vous parliez de l'acquisition des C-17 comme relevant d'un processus de fournisseurs exclusifs alors qu'il y a eu un processus concurrentiel. Et cela, en dépit de ce qu'en disent les médias. La semaine dernière, Dan Ross, le SMA responsable des acquisitions, l'a bien précisé.
Vous avez aussi parlé des avantages d'une démarche axée sur les capacités, plutôt que sur les devis techniques. C'est exactement ce que nous avons fait. Manifestement, nous sommes du même avis là-dessus.
Enfin, vous avez parlé d'insister sur la qualité plutôt que sur la quantité, au sujet des retombées industrielles et régionales, afin de conclure des relations d'affaires axées sur l'avenir et le long terme et d'une excellente valeur. Saviez-vous que le gouvernement fédéral, de concert avec le secteur de l'aérospatiale et de la défense a récemment dressé une liste des technologies clés, soit des neuf technologies essentielles où devraient se concentrer les investissements au Canada d'entreprises étrangères comme Boeing, afin d'appuyer l'avenir de ces secteurs.
Tant M. Page que M. Kane ont parlé des avantages d'une semblable démarche. Saviez-vous que c'est la première fois dans l'histoire de notre pays qu'on fait quelque chose comme ça? Nous avons ciblé neuf technologies essentielles, y compris les matériaux de pointe, l'avionique, les communications, la propulsion, les senseurs, l'espace, les véhicules sans pilote, toutes sortes de choses qui exigeront que Boeing oriente ses contrats vers des entreprises canadiennes de ces secteurs clés.
Connaissez-vous ces technologies clés et leurs avantages? Quels avantages tirera l'industrie de ces investissements?
:
Merci, monsieur le président.
Je crois savoir que jeudi prochain, M. Steve Lucas sera là. Je ne connais pas son grade. Depuis le début, nous, de l'opposition, voulons recevoir le colonel Dave Burt. Évidemment, à la lumière de tout ce qui est ressorti sur la question du procurement, je voudrais que le comité demande au ministère de la Défense nationale que le colonel Dave Burt, directeur des besoins en ressources aériennes, soit également à la table des témoins. En effet, nous aurons très certainement des questions très spécifiques et pointues à lui poser. Cela s'imposerait en raison de notre présente étude sur le procurement.
En outre, on parlera du C-17. À notre avis, il n'y a pas eu de juste concurrence dans ce dossier. Le colonel occupe une position privilégiée et il peut nous informer de ce qui s'est passé à ce moment-là. Je m'attends donc à ce qu'il soit présent.
Si une motion était nécessaire, je pourrais la proposer, et elle pourrait être appuyée. Les membres du comité ici présents peuvent s'entendre afin de s'assurer que cette personne sera présente ici jeudi prochain.
Je ne sais pas si mes collègues de l'opposition ont des choses à ajouter. À mon avis, sa présence est essentielle et importante. Je comprends la chaîne de commandement, etc., mais le colonel Burt is on record. Des courriels ont circulé grâce à l'accès à l'information. C'est de notoriété publique. Il a un point de vue très particulier qui va nous aider quant à cette question du procurement, et je m'attends à ce qu'il soit présent jeudi.
Je m'en remets au greffier. Une motion est-elle nécessaire? Si oui, j'en fais la proposition. Sinon, peut-on trouver une solution?