:
Je vous remercie, monsieur le président, de nous donner l'occasion de discuter du chapitre 3 de notre rapport de l'automne 2013. Ce chapitre s'intitule « La conservation des oiseaux migrateurs ». Je suis accompagnée de James McKenzie, qui est directeur principal. Il était responsable de cet audit.
Bien que nous n'ayons pas réalisé d'audit particulier sur la chasse et le trappage au Canada, nous croyons que l'audit que nous avons mené en 2013 est pertinent, étant donné l'importante relation entre la chasse et la conservation de la sauvagine.
J'aimerais mentionner que les travaux liés à cet audit ont été terminés en juillet 2013. Nous croyons savoir que, depuis la publication de l'audit, Environnement Canada a pris des mesures pour soutenir davantage ses activités de conservation des oiseaux. Cependant, nous n'avons pas audité ces mesures.
Tout d'abord, j'aimerais vous faire part de quelques renseignements sur mon parcours professionnel et sur la façon dont je compte m'acquitter de mon mandat. Comme certains d'entre vous le savent peut-être, j'ai travaillé au sein de la fonction publique fédérale, dans des organismes nationaux et internationaux de conservation de la nature, de même que dans le secteur minier. Mon expérience m'a amenée à saisir l'importance et les avantages que constitue le fait de réunir des perspectives diverses sur les questions liées à l'environnement et au développement. Dans mon esprit, il ne fait aucun doute qu'une économie prospère, une société dynamique et un environnement sain vont de pair.
Pendant mon mandat, j'ai l'intention d'axer mes efforts sur le rôle du gouvernement fédéral dans la promotion d'un développement durable à long terme apte à répondre aux besoins des générations actuelles, sans pour autant compromettre la capacité des générations futures de combler les leurs.
Les ressources naturelles sont un des fondements de notre économie, de notre société et de notre identité. C'est pourquoi le Canada est depuis longtemps un chef de file en matière de protection des paysages naturels comme les forêts, les prairies, les milieux humides ainsi que des espèces qui y habitent. Étant donnée la vaste étendue de notre pays et la vaste gamme d'espèces qu'on y retrouve, des poissons aux amphibiens, des oiseaux et des plantes aux gros mammifères comme les caribous, la protection du patrimoine naturel pose un immense défi.
[Traduction]
En matière de protection des oiseaux migrateurs, nous avions constaté qu'Environnement Canada et ses partenaires avaient obtenu de bons résultats au chapitre de la restauration des populations de sauvagines grâce au Plan nord-américain de gestion de la sauvagine. La mise en oeuvre de ce plan a fait appel à une grande variété de partenaires, dont les chasseurs.
D'après les évaluations effectuées, le plan a joué un rôle important dans le rétablissement de la sauvagine et la protection des milieux humides au Canada. Malgré les défis qui restent à relever, dont la perte et la dégradation des milieux humides, de nombreuses populations de sauvagines ont augmenté. Les progrès réalisés grâce au plan démontrent ce qu'il est possible d'accomplir grâce à des partenariats et des efforts concertés à long terme axés sur des objectifs de conservation convenus mutuellement.
Je suis néanmoins préoccupée par l'état général des oiseaux au Canada. D'après certaines recherches, la population de groupes d'oiseaux, tels les oiseaux des rivages, les oiseaux des prairies et les insectivores, a diminué de 40 % à 60 % depuis les années 1970. Vous êtes peut-être en mesure de reconnaître certaines espèces, comme l’hirondelle rustique, qu’on avait l’habitude de voir en grand nombre, ce qui n’est plus le cas aujourd’hui.
La conservation nécessite non seulement de bons partenariats, mais aussi des stratégies éclairées par la recherche scientifique et la surveillance. Nous avions constaté, lors de notre audit, qu'Environnement Canada n'avait pas respecté les échéances pour plus de la moitié des stratégies de conservation des oiseaux que le ministère était en voie de préparer.
Nous avons été informés que, depuis notre audit, de telles stratégies ont été mises au point. Il reste maintenant à relever le défi de les mettre en oeuvre. Le déclin observé dans les populations d'oiseaux indique bien qu'il faut intervenir à cet égard.
La recherche scientifique et la surveillance des populations d'oiseaux sont des activités importantes qui peuvent être fort utiles pour guider et suivre les résultats des mesures de conservation.
En 2012, Environnement Canada a réalisé un examen scientifique des programmes de surveillance des populations d'oiseaux qu'il appuyait. Il avait alors conclu que la plupart des programmes contribuaient à répondre aux besoins du ministère en matière d'information, mais qu'il restait des lacunes à combler. Nous avions alors constaté que le ministère avait répondu aux recommandations formulées au terme de cet examen, mais que, selon le ministère, les lacunes majeures ne pourraient être comblées qu'avec l'apport important de nouvelles ressources.
Avant de conclure, j'aimerais attirer l'attention du comité sur les résultats, publiés en 2014, de l'Enquête canadienne sur la nature de 2012, réalisée par Environnement Canada en collaboration avec les gouvernements provinciaux et territoriaux. Comme le souligne le chapitre 2 du rapport du commissaire de l'automne 2013, cette enquête est une importante initiative visant à recueillir de l'information sur les types d'interaction entre les Canadiens et la nature.
Initiative unique en son genre menée au Canada depuis plus de 15 ans, l'enquête a révélé qu'environ 2 millions de personnes de plus de 18 ans pratiquaient la chasse et le piégeage au Canada. Cette enquête a également révélé que 1,8 milliard de dollars ont été dépensés pour des activités de chasse et de piégeage au cours des 12 derniers mois précédant l'enquête.
Ces résultats sont importants parce qu'ils donnent le nombre de Canadiens qui s'adonnent à la chasse et au piégeage et qui, en plus de contribuer à la réalisation du Plan nord-américain de gestion de la sauvagine, pourraient participer à d'autres activités de conservation. Ces activités pourraient aider Environnement Canada à relever certains des défis que représente la protection des espèces sauvages, pour le ministère même et pour le Canada dans son ensemble.
[Français]
Monsieur le président, ainsi se termine ma déclaration d'ouverture.
Nous serons heureux de répondre aux questions des membres du comité, une fois que vous aurez entendu les représentants du ministère.
Je vous remercie.
:
Bonjour, et merci, monsieur le président.
[Français]
Je suis heureux d'avoir l'occasion de m'adresser à vous aujourd'hui sur l'étude importante que votre comité compte entreprendre sur la question de la chasse et du piégeage.
En tant que signataire de la Convention sur la diversité biologique, le Canada s'est engagé à conserver et à utiliser durablement les ressources biologiques. Au Canada, les provinces et les territoires sont généralement responsables de la gestion de la faune, ce qui comprend la réglementation et la gestion de la chasse des gros et des petits gibiers ainsi que du piégeage. Le gouvernement fédéral est responsable de la conservation et de la gestion des oiseaux migrateurs.
[Traduction]
La chasse et le piégeage continuent de procurer des avantages économiques aux collectivités du Canada. Les activités de chasse, de pêche et de piégeage génèrent environ 14 milliards de dollars par année pour l'économie canadienne. Environ 70 000 personnes tirent directement leur emploi de l'industrie de la fourrure canadienne. On compte environ 60 000 piégeurs actifs au Canada, dont 25 000 Autochtones. La chasse et le piégeage sont des activités particulièrement importantes pour les collectivités où les possibilités d'emploi sont limitées, particulièrement les collectivités autochtones et éloignées.
En 1997, le Canada a renforcé son engagement à l'égard d'une industrie de la fourrure durable et rentable en signant l'Accord sur des normes internationales de piégeage sans cruauté avec la Russie et les États-Unis. L'accord décrit les normes scientifiques pour l'industrie du piégeage et s'applique au piégeage visant le contrôle des ravageurs, la conservation, la fourrure et la nourriture. Au cours de la dernière décennie, environ 3 millions de dollars fédéraux ont été investis dans les normes de piégeage sans cruauté liées à la recherche et à l'essai de pièges, et le Canada s'est acquis la réputation de chef de file dans le domaine.
L'Enquête canadienne sur la nature de 2012 — que la commissaire vient de mentionner —, lancée au nom des ministères fédéraux, provinciaux et territoriaux du Canada responsables de la biodiversité, décrit l'importance de la chasse et du piégeage non commerciaux, et de la nature en général, pour l'économie nationale et la qualité de vie de chaque Canadien. L'Enquête sur la nature a permis de constater qu'environ 8 % des adultes canadiens — soit 2,1 millions d'adultes — participent à des activités de chasse et de piégeage à des fins non commerciales, un pourcentage par habitant qui est plus élevé qu'aux États-Unis. En moyenne, chaque personne qui participe à ces activités dépense environ 996 $ par année, avec une dépense directe totale des adultes canadiens sur la chasse et le piégeage de 1,8 milliard de dollars par année.
L’Enquête sur la nature a aussi révélé que les adultes canadiens qui ont participé à des activités de conservation de la nature étaient trois fois plus susceptibles de participer également aux activités de chasse, de piégeage ou de pêche que ceux qui n'ont pas participé à des activités de conservation de la nature. Environ 175 000 de ces 2,1 millions de Canadiens qui chassent et piègent achètent des permis de chasse aux oiseaux migrateurs pour chasser la sauvagine, ce qui, comme je l'ai indiqué plus tôt, relève du gouvernement fédéral. La gestion de la chasse aux oiseaux migrateurs, dont l’élimination de la chasse à des fins commerciales, était un facteur important dans l'établissement de la Convention concernant les oiseaux migrateurs avec les États-Unis, en 1916. Depuis, le Canada et les États-Unis ont tiré parti des contributions et du soutien des communautés de chasseurs afin de gérer les niveaux de chasse et d'établir des programmes de conservation, comme le Plan nord-américain de gestion de la sauvagine.
[Français]
Depuis la mise en application du plan, plus de 8 millions d'hectares de terres humides et de hautes terres associées ont été protégées en permanence au Canada, alors que 41 millions d'hectares de plus ont été directement influencés par des activités d'intendance.
Le succès du plan est attribuable en grande partie à la contribution et au soutien de la communauté des chasseurs au Canada, aux États-Unis et maintenant au Mexique, qui a joué un rôle déterminant dans la protection des habitats de la sauvagine. Cela comprend l'engagement actif d'organisations comme Canards Illimités Canada et la Delta Waterfowl Foundation.
[Traduction]
Les chasseurs et les piégeurs jouent un rôle important et très concret dans la gestion de la sauvagine. Par exemple, les mesures de conservation spéciales, incluant les chasses du printemps, mises en oeuvre en raison de la surabondance de la grande oie des neiges, ont interrompu et renversé le déclin de sa population au Canada depuis la fin des années 1990. De même, les chasseurs ont joué un rôle important pour renverser la baisse de la population atlantique de la bernache du Canada à la fin des années 1980 et au début des années 1990. Afin de répondre aux préoccupations des chasseurs concernant la baisse prononcée de la population atlantique de la bernache du Canada, les gestionnaires de la faune ont complètement fermé la saison de chasse pour cette population jusqu’en 1999. En raison de ces restrictions, la population de l’Atlantique s’est rétablie et s’est stabilisée, et en fait, toutes les restrictions pour la chasse de l’espèce ont été levées au Canada en 2002. On continue de gérer attentivement les prises, même si la population est maintenant rétablie.
Les trappeurs, les pêcheurs à la ligne et les chasseurs font partie des conservationnistes les plus dévoués du Canada, fournissant des milliards de dollars aux projets de conservation partout au Canada par l’achat d’étiquettes, de permis et de timbres, en plus des heures innombrables consacrées à des efforts de conservation. Par exemple, les chasseurs de sauvagine canadiens contribuent à la conservation de l’habitat par l’achat d’un timbre sur la conservation des habitats fauniques du Canada. Depuis 1984, les chasseurs ont fourni plus de 50 millions de dollars pour financer des projets de conservation de l’habitat par l’intermédiaire d’Habitat faunique Canada, qui est le bénéficiaire des recettes du timbre.
Formé en 2012, le Comité consultatif sur la chasse et la pêche à la ligne est chargé de fournir des conseils inclusifs et généraux sur un éventail de politiques, de programmes et d’activités et sur de nouvelles questions liées à la conservation, à la chasse, au piégeage et à la pêche à la ligne. Dans leur présentation récente aux ministères fédéraux, provinciaux et territoriaux, les membres du comité consultatif ont énoncé cinq enjeux où la collaboration entre les différentes administrations serait importante, dont certains peuvent être importants pour l’étude que vous avez entreprise. Le comité consultatif a recommandé les mesures suivantes: poursuivre des suspensions réciproques des privilèges de chasse, de pêche à la ligne et de piégeage; combattre la maladie débilitante chronique; lutter contre les espèces exotiques envahissantes; poursuivre une étude économique nationale sur les activités de chasse, de pêche et de piégeage; envisager d’autres sources de financement, comme les taxes d’accise utilisées aux États-Unis, afin de compléter le financement des programmes actuels pour la gestion du poisson et de la faune au Canada.
Le Canada possède un système solide pour la gestion de la faune, lequel est fondé sur des données scientifiques fiables. Pour Environnement Canada, cela représente une reconnaissance de l’importance de la surveillance et de la recherche de la population des oiseaux migrateurs afin de s’assurer que les décisions de gestion, y compris l’établissement des limites de prise, les règlements et l’application de la loi sur la faune, sont responsables et tiennent compte de la durabilité de la ressource.
De fait, la reconnaissance de l’importance de la conservation de la faune vient d’être confirmée par des investissements faits dans le Plan de conservation national, une somme de 252 millions de dollars visant à conserver et à restaurer l’environnement naturel du Canada pour les générations présentes et futures. Le Plan de conservation national, y compris son nouveau Fonds de conservation des milieux humides, mise sur des programmes de partenariats de longue date et les complète, notamment le Plan nord-américain de gestion de la sauvagine mentionné plus tôt.
Enfin, les pressions sur la faune continuent d’augmenter, et il faut prendre des décisions importantes sur la meilleure façon de gérer le paysage de manière à appuyer une économie solide tout en soutenant les besoins de la faune. La chasse et le piégeage sont un mode de vie pour de nombreux Canadiens et un aspect important de la conservation dans ce pays. Il est essentiel pour chacun de nous de continuer à investir dans des efforts qui appuient la chasse et le piégeage responsables et à reconnaître les nombreuses valeurs que procurera cet investissement.
Merci, monsieur le président.
:
En tant que commissaire à l'environnement et au développement durable, j'ai un intérêt réel pour le concept du développement durable.
Lorsque je regarde les travaux antérieurs du bureau du commissaire, j'ai l'impression qu'ils portent surtout sur l'un des trois volets du diagramme de Venn, le volet environnement, et moins sur les deux autres volets et sur la façon dont ils s'intègrent parfaitement. Lorsque je regarde ce que nous avons fait, je suis portée à penser que nous avons mené des audits à outrance, ou presque. Nous avons mené maintes vérifications à Environnement Canada, mais nous n'avons pas trouvé une façon de tenir compte des trois volets de l'équation du développement durable.
Cette année, nous lancerons une étude sur la façon d'y parvenir dans le monde de la vérification. J'oeuvre maintenant dans ce monde, et je dois trouver une façon de vérifier les activités liées au développement durable. Nous pouvons définir ce que c'est, mais concrètement, comment peut-on en faire la vérification? Nous consacrerons du temps à cet enjeu.
Malheureusement, étant donné le poste que j'occupe, je ne peux que parler de choses pour lesquelles nous avons mené une vérification. Nous ne l'avons pas fait par rapport à la question que vous m'avez posée. Il m'est donc difficile de vous fournir une réponse, car je n'ai pas de données à ce sujet.
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Merci, monsieur le président.
Madame Gelfand, la chasse, le piégeage et la biodiversité sont interreliés. Vous avez parlé de la signature du Canada de la Convention sur la diversité biologique, dont nous avons discuté au cours de notre étude sur le Plan de conservation national. Plusieurs témoins avaient alors mentionné que nous étions très loin des objectifs de protection de la diversité biologique qui avaient été fixés pour 2020.
J'ai parcouru le cinquième Rapport national du Canada à la Convention sur la diversité biologique, qui contient plusieurs choses intéressantes, par exemple le changement dans les écosystèmes de l'Arctique, l'acidification des lacs, la perte de l'habitat, les changements climatiques, la diversité biologique, la vulnérabilité, l'adaptation, et ainsi de suite.
En tant que commissaire, avez-vous déjà audité le travail fait par Environnement Canada pour atteindre les objectifs de la Convention sur la diversité biologique? Sinon, planifiez-vous le faire à un moment donné?
En fait, je voulais poser la question à tous les témoins. Nous en sommes à la première journée de notre étude, donc nous commençons à peine à essayer d'établir ce que nous allons faire et en quoi exactement va consister cette étude. Je me demande s'il serait possible de vous réinviter une autre fois quand nous comprendrons mieux ce que nous voulons faire. Je vois que vous hochez de la tête. C'est merveilleux. Merci.
Quand je pense à la perte d'habitat, je pense en particulier à une espèce, le caribou, parce que la disparition de son habitat a un effet dévastateur sur le caribou. Je me rappelle avoir lu un article de journal — c'était probablement en ligne — sur la harde de caribous de la rivière George, qui est en déclin. Le plus important dans la façon dont les scientifiques parlaient du déclin de cette harde, c'est qu'ils l'attribuaient à des facteurs comme la détérioration de l'habitat et le changement climatique et non à la chasse, parce que la chasse était bien gérée. Il n'y avait pas de chasse excessive. Quelqu'un a dit plus tôt que les chasseurs sont bien au courant. La chasse était très bien gérée. Cette harde est très peu susceptible de pouvoir de nouveau survivre à la chasse sportive un jour. C'est ce que j'ai lu. Il y a là une grande incongruité.
Je ne sais pas très bien quelle est la question que je veux vous poser, donc je vais simplement vous céder la parole pour que vous me parliez de ce qui se fait. Que faut-il faire pour prévenir la perte d'habitat?
Monsieur McLean.
:
Je vous remercie de cette question, je vais essayer d'y répondre.
Je pense que c'est la question fondamentale qui se pose sur la conservation de la biodiversité et à certains égards, ma réponse va nous ramener à une question précédente concernant le changement climatique. J'espère qu'elle ne sera pas trop technique.
J'ai été responsable de la stratégie de rétablissement du caribou boréal. Je pense que tous les Canadiens doivent retenir de cette stratégie qu'il y a une question d'échelle à prendre en considération. Il existe 51 populations de caribou boréal. Il faut travailler à la bonne échelle, puis gérer le changement de l'habitat à long terme en conséquence. Le changement climatique va susciter un changement de l'habitat, il faut donc faire un suivi pour savoir comment l'habitat change. Il faut aussi en tenir compte dans la façon de gérer le développement, c'est-à-dire déterminer quelles parties de l'ensemble peuvent être conservées pour assurer la viabilité de la ressource tout en permettant le développement durable.
Je travaille dans le domaine de la conservation depuis presque 40 ans, et l'un des changements les plus importants que je constate en matière de conservation s'opère au niveau provincial et territorial. Les véritables leviers de la conservation de la biodiversité se trouvent à l'échelle provinciale et territoriale, parce que ce sont les provinces et les territoires qui décident de l'utilisation des terres et de la gestion des ressources naturelles. Je commence à observer un changement d'angle: on travaille de moins en moins par projet et de plus en plus à l'échelle du paysage. Je pense que la stratégie de rétablissement du caribou boréal cadre bien avec ce que je vais qualifier de changement évolutif dans le mode de gestion des ressources naturelles dans les provinces et les territoires.
Il y a une province qui a même inscrit dans sa loi que ses stratégies de développement durable et de conservation devaient se situer à l'échelle du paysage, il s'agit de l'Alberta. L'Alberta Land Stewardship Act divise la province en sept régions, et il y a un plan de développement durable et de conservation par région.
C'est ma réponse à votre question.
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Je vous remercie tous de votre présence ici aujourd'hui et de l'information de qualité que vous nous présentez dans le cadre de notre étude.
J'aimerais mentionner le fonds national de conservation des milieux humides, qui est une véritable bénédiction pour ma circonscription de Mississauga-Sud et qui a une incidence énorme à l'échelle locale. Le a annoncé l'an dernier, je pense que c'était en mai 2014, que nous allions investir dans un plan de conservation national de l'ordre de 252 millions de dollars. Parfois, on ne se rend pas compte de l'incidence que les grandes annonces aux grands chiffres vont avoir sur la qualité de vie des collectivités locale et des environs, et je pense en particulier au fonds de conservation des milieux humides que vous avez mentionné. Je suppose qu'un cinquième de ce fonds, soit 50 millions de dollars, était réservé pour le rétablissement des milieux humides, ce qui a eu une incidence positive sur ma collectivité, je crois.
Je vous remercie également de mentionner Credit Valley Conservation. Je travaille souvent avec cet organisme, qui fait un travail formidable dans la région de Mississauga, comme dans toute la région de Peel, grâce à ce type de programme. Je pense qu'il vient de célébrer son 60e anniversaire.
Je sais que le programme de conservation des milieux humides a permis d'injecter 250 000 $ dans la conservation du marais Rattray, à Mississauga-Sud, mais je me demande si vous pouvez nous parler un peu des autres programmes que ce fonds a financés pendant sa première année d'existence.
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Il y a quelques autres projets que je n'ai pas encore mentionnés. La Squamish River Watershed Society est en train de mettre en place un projet de restauration des milieux humides de l'estuaire central de Squamish. C'est en Colombie-Britannique, sur la côte du Pacifique.
Nous avons déjà mentionné le Plan nord-américain de gestion de la sauvagine. Il s'agit d'une entreprise conjointe de protection de l'habitat du nom de Pacific Coast Joint Venture, qui cible les estuaires parmi les principaux habitats à conserver. C'est un exemple de la façon dont le fonds national de conservation des milieux humides contribue à la conservation de la sauvagine, à la chasse et à l'observation de la nature.
Sur la côte atlantique, il y a la Bluenose Coastal Action Foundation, où le projet de restauration de la carrière argileuse du bassin hydrographique de Petite Rivière et d'expansion du milieu humide n'est qu'un autre exemple d'effort pour améliorer la qualité de l'eau et des milieux humides. Il va y avoir des travaux dans les cours d'eau et de la surveillance post-restauration pour évaluer l'efficacité du projet.
Pour prendre un exemple au Québec, la Fondation de la faune du Québec travaille à restaurer les milieux humides sur les propriétés privées, et ce projet met l'accent sur les plaines agricoles du Saint-Laurent et du Lac Saint-Jean. Les milieux humides sont disparus dans beaucoup de milieux agricoles du Canada. Nous affichons la perte la plus importante de milieux humides, il y a donc une organisation qui cible les milieux agricoles afin de restaurer certains milieux humides.
Ce sont là trois exemples de plus.
J'aimerais lire pour le compte rendu une citation du président de Canards Illimités Canada, Mac Dunfield, qui a dit au moment de l'annonce du programme:
En investissant dans les milieux humides, on investit non seulement dans les habitats essentiels de la faune aquatique et terrestre, mais aussi dans une infrastructure communautaire verte, dans l'emploi en milieu rural, dans un paysage fonctionnel durable et dans la multiplication des occasions, particulièrement pour les jeunes, de se rapprocher de la nature.
C'est ce que Canards Illimités avait à dire sur ce programme.
C'est ce que je constate sur le terrain quand je vois les projets qui se réalisent. En fait, je trouve cela particulièrement satisfaisant. Je crois que nous sommes quatre députés conservateurs à siéger à ce comité qui y siégions aussi il y a trois ans et demi ou quatre ans, quand nous avons étudié le plan de conservation national, ce qu'il contiendrait, et que nous en avons fait rapport au ministre.
Je vais mentionner trois des recommandations qu'il contenait. Il y avait d'abord la question des jeunes, le comité voulait que le programme témoigne du fait que les jeunes Canadiens se portent mieux lorsqu'ils interagissent avec la nature. Deuxièmement, ce plan devait comprendre un volet économique. Troisièmement, il devait également comprendre un volet urbain. Je représente une circonscription urbaine, comme bon nombre de mes collègues, et il était important pour nous que le programme permette aux électeurs de se rapprocher de la nature.
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À huit heures le matin, cela va être difficile.
J'aimerais continuer sur le thème de la perte d'habitat. J'ai grandi dans une circonscription située très près de celle de Mme Moore, du côté de l'Ontario. Je suis une fille du Nord de l'Ontario, et j'ai commencé à aller au camp de chasse avec mon beau-père vers l'âge de sept ans. On se demandait toujours qui toucherait quel orignal quand et nous n'en revenions pas de la stupidité des perdrix, qu'on pouvait assommer de la crosse du fusil. C'est le monde d'où je viens. Dans le monde d'où je viens, les gens creusent aussi les rives des lacs pour avoir un beau petit endroit où amarrer leurs bateaux, sans même réfléchir aux conséquences, et derrière chez nous, il y avait un cimetière de voitures, où les gens jetaient des voitures. Et je pense que ce n'est même pas le pire. Nous n'étions pas au courant. Nous n'avions aucune idée de ce que voulait dire le respect de l'habitat et sa protection. Je me rappelle que nous évitions cet endroit pour la chasse, parce qu'il y avait eu une coupe à blanc et qu'il n'y avait plus d'animaux là-bas. C'est le développement industriel ou la foresterie dont vous parliez, madame Gelfand, l'exploitation minière et les VTT. Nous avons tout détruit. Les enfants en avaient la permission. Ils avaient la permission de partir en VTT sans casque. C'était une autre époque, mais nous étions ignorants.
Comment peut-on ralentir ce genre d'impacts? Je conviens totalement de l'importance de l'information et de l'éducation dans l'équation. Avoir su, nous n'aurions peut-être pas creusé les rives, mais je pense que c'est plus que cela. Il faut réglementer ce qu'on peut faire de l'habitat, assurer une surveillance et faire respecter les règlements.
Madame Gelfand, vous pouvez réagir à ce que je viens dire à titre de commissaire à l'environnement, ou vous pouvez vous fonder sur tout le travail que vous avez fait par le passé, parce que vous travaillez dans le domaine de l'environnement depuis très longtemps.
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C'est une remarque fort généreuse — probablement trop —, mais merci beaucoup. Je vous en suis reconnaissant.
Je pense qu'il s'agit d'une approche plurisectorielle. En ce qui concerne l'habitat, comme c'est le cas pour la biodiversité, il est important d'avoir un éventail d'outils afin d'obtenir les résultats voulus. À l'une des extrémités du spectre, je pense que les aires protégées du gouvernement seront toujours importantes, mais l'autre bout du spectre l'est aussi, avec les accords d'intendance, les accords de conservation et le travail en collaboration avec les propriétaires fonciers et les gestionnaires de terres afin d'atteindre des résultats communs.
Nous avons participé très activement aux discussions avec l'industrie et avec tous les secteurs industriels à la lumière de la Loi sur les espèces en péril et de son article 11 sur les accords de conservation. Je pense qu'il serait préférable de s'entendre sur des résultats communs, car nous n'aurions alors pas trop à nous inquiéter du grand fouet de la réglementation et du reste.
Il est très difficile de réglementer la gestion des terres privées, et je pense que les provinces en ont fait l'expérience. Lorsqu'une telle réglementation est appliquée, il faut le faire avec beaucoup de doigté et de précision, en nouant bien le dialogue avec les propriétaires de terres privées. À l'échelle fédérale et provinciale, nous ne pouvons probablement pas suffisamment réglementer la protection de l'habitat de façon à préserver la biodiversité des espèces. Nous avons besoin des aires protégées. Il y a peut-être des situations où il est justifié de réglementer la protection de l'habitat des terres privées, provinciales ou fédérales, mais un accord moins strict, disons, peut être tout aussi justifié. Dans le cadre du Programme d'intendance de l'environnement, par exemple, je doute qu'on puisse penser qu'un accord de contribution plus souple arrivera moins efficacement à atteindre les résultats voulus en matière de conservation.