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Bonjour à tous. Je suis heureux d'être parmi vous en ce mois de juillet, au milieu de l'été. Nous sommes ici pour une raison très importante et j'ai vraiment hâte d'entendre les témoignages des membres du comité aujourd'hui.
Le Comité permanent sur le commerce international se réunit bien sûr pour discuter de l'accord sur le bois d'oeuvre signée entre le gouvernement du Canada et le gouvernement des États-Unis. Il a été paraphé par le ministre du Commerce international, David Emerson, et la représentante au Commerce des États-Unis, Susan Schwab à Genève, le 1er juillet 2006.
Comme vous le savez, les comités de la Chambre des communes sont autorisés, conformément à l'article 108 du Règlement, à examiner les « questions liées au mandat, à la gestion, à l'organisation ou au fonctionnement du ministère qu'il juge bon d'examiner. » C'est dans ce contexte que le comité souhaite examiner l'accord sur le bois d'oeuvre aujourd'hui et dans les jours à venir. Le pouvoir du comité est limité par le mandat que lui a confié la Chambre des communes. Aujourd'hui et le 21 août nous entendrons des témoins et nous leurs poserons des questions. Le comité pourra à sa discrétion, après avoir entendu les témoignages et les arguments, faire rapport de son point de vue à la Chambre des communes.
L'accord initial entre les deux gouvernements n'est pas soumis au comité pour y être amendé, approuvé ou rejeté. Nous sommes ici pour examiner les interventions du gouvernement et faire rapport des points de vue à la Chambre des communes.
Le ministre du Commerce international est ici ce matin, mais avant de lui donner la parole, nous devons examiner deux articles à l'ordre du jour. L'un est une motion de M. Temelkovski invitant l'ambassadeur Michael Wilson à se présenter devant le comité.
J'aimerais dire à M. Temelkovski et au comité que dès que nous avons été informés de la volonté d'inviter Michael Wilson, l'ambassadeur du Canada aux États-Unis, nous avons pris les mesures nécessaires pour l'inviter. Nous nous engageons à l'inviter sous peu, avant le 21 août si possible. Je sais que M. Wilson fera preuve d'une grande ouverture. Nous souhaitons donc vivement sa présence en cette enceinte.
L'autre motion vient d'Helena Guergis et concerne sa présence au comité... Vraiment, c'est gênant; je sais qui c'est.
Mme Guergis, je vous invite à présenter la motion, mais bien sûr, c'est Frank McKenna, l'ex-ambassadeur du Canada aux États-Unis. Peut-être pourriez-vous simplement présenter votre motion et nous en parler afin que nous puissions en discuter tout de suite.
J'aimerais rappeler au comité que le ministre est ici pour deux heures et nous aimerions prendre le moins possible de son temps. Je sais que nous avons une foule de questions à lui poser.
Mme Guergis, pourriez-vous nous présenter votre motion visant à accueillir Frank McKenna, l'ex-ambassadeur canadien au comité.
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Merci beaucoup, monsieur le président, et merci à mes honorables collègues qui, je l'espère, passent un bel été. Le mien n'a pas vraiment été formidable, mais ça viendra peut-être. Peut-être sommes-nous aujourd'hui à l'aube d'une nouvelle ère positive.
Je pense qu'il est important de prendre conscience que nous sommes aujourd'hui à un point déterminant de l'éternelle saga du bois d'oeuvre. Je pense que nous sommes tous conscients que la stratégie du gouvernement du Canada à cet égard, que ce soit sous l'ancien comme sous l'actuel gouvernement, a toujours été de poursuivre des voies parallèles d'actions en justice et de négociation au gré des circonstances.
Plus tôt cette année, lors d'une rencontre à Cancun, le président et le premier ministre ont convenu de faire de la question du bois d'oeuvre et de la négociation d'une solution une priorité clé pour le Canada comme pour les États-Unis. À l'issue de cette réunion, nous nous sommes engagés dans un processus de négociations dont une importante partie s'est déroulée avec l'entremise de l'ambassadeur Wilson, son personnel à Washington et mon personnel du ministère du Commerce international.
Le 27 avril de cette année, comme vous le savez, nous avons annoncé que nous avions convenu d'un accord-cadre ou d'une liste de conditions sur le bois d'oeuvre. Cet accord prévoyait différentes caractéristiques clés attrayantes pour le Canada et il a été relativement bien reçu par la plupart des intervenants de l'industrie et des provinces.
Il représentait comme vous le savez sept à neuf années d'échanges commerciaux exempts de tout différend commercial; il offrait surtout le libre-échange sans restriction dans les périodes où les marchés du bois d'oeuvre se portent bien; il offrait divers mécanismes de restriction des approvisionnements pour les provinces productrices en période de marché baissier; il offrait un mécanisme de règlement des différends relativement rapide et limpide liés à cet accord; il offrait ce que je considère comme extrêmement important et qui dépassait mes attentes, soit le recouvrement de quelque 80 p. 100 des droits compensateurs qui avaient été versés et qui étaient d'environ 5,3 milliards de dollars à ce moment-là.
Entre le 27 avril et le 1er juillet, nous avons entamé des discussions sur les détails de l'accord-cadre proposé et la rédaction d'un texte juridique. Nous avons eu de longues discussions avec l'industrie et les gouvernements provinciaux, surtout par l'entremise de l'ambassadeur américain et son personnel, et nous avons ainsi cerné un bon nombre de problèmes importants auxquels l'industrie et les gouvernements provinciaux sont confrontés.
L'un des problèmes qui suscite énormément d'inquiétudes a trait à la lutte contre les mesures de contournement. De grandes inquiétudes se sont manifestées au Canada au sujet de cette clause qui empêche les États-Unis et le Canada de prendre des mesures relativement à la durée de l'accord qui peut en fait éluder la portée fondamentale de l'accord, parce qu'il pourrait, dit-on, empêcher les provinces de mettre en place ou de préserver des politiques provinciales de gestion des forêts.
Une question particulièrement importante a été débattue dans le Nord de la Colombie-Britannique et à l'intérieur de la province où le gouvernement était sur le point d'introduire un nouveau régime de droits de coupe appelé le système d'établissement des prix du bois d'oeuvre. On nous a demandé d'essayer de négocier certaines dispositions par lesquelles les politiques forestières comme le système d'établissement des prix en fonction du marché seraient protégées pendant la durée de l'accord.
Nous avons entendu les gens manifester leurs inquiétudes au sujet de cette clause d'expiration. En droit international, lorsqu'une clause similaire est prévue dans un accord, par défaut, la clause d'expiration est de 12 mois.
On nous a demandé d'examiner la possibilité de renforcer cette clause d'expiration. On a fait valoir différents points de vue intéressants quant au bien-fondé de cette clause. D'aucuns pensent que le Canada doit se prévaloir de cette disposition parce que si nous voulons mettre un terme à l'accord, aucun mécanisme nous permettrait de le faire.
Au fil des discussions, le débat s'est axé davantage sur le risque que les États-Unis mettent un terme à l'accord. En d'autres termes, l'industrie canadienne craint qu'à n'importe quel moment, si l'économie connaît des revers et que l'industrie américaine est en difficulté, celle-ci pourra décider de mettre un terme à l'entente assez rapidement. On nous a donc demandé donc de négocier des dispositions plus strictes pour la clause d'expiration, plutôt que de laisser un avis de 12 mois par défaut.
On a également soulevé quelques problèmes techniques de nature commerciale très importants en ce qui a trait à l'application des règles de l'accord. Et, depuis deux ou trois ans maintenant, on se demande combien de temps il faudra avant que les dépôts ne soient remis aux producteurs.
Lorsque je me suis rendu à Genève, le 1er juillet, au moment de l'échec des négociations de l'OMC, j'ai paraphé un accord qui a considérablement amélioré presque tous les aspects importants de l'entente du 27 avril qu'on nous avait demandé d'apporter. La signature de cet accord marquait la fin des négociations et nous devons maintenant prendre une décision fondamentale : ou bien nous acceptons l'arrangement tel que négocié, sachant pertinemment, comme dans tout arrangement négocié hors cours, qu'il y a des points positifs et des points négatifs, c'est-à-dire que nous sommes d'accord avec certains aspects et d'autres pourraient à notre avis être améliorés, et je pourrais certainement en nommer plusieurs, ou nous poursuivons les recours devant les tribunaux.
Il faut savoir qu'en prenant cette décision au sujet du bois d'oeuvre, à savoir, souscrivons-nous ou non à cet accord négocié, nous ne choisissons pas entre un accord négocié et quelque utopique modèle de libre-échange dénué de toute entrave. Il nous faut consacrer autant de temps à examiner l'option visant la poursuite des recours — les risques, les conséquences liées aux poursuites judiciaires et l'issue de ces recours — qu'à examiner les lacunes dans le compromis négocié. Cela ne pose pas de problème, mais nous devons comparer ces deux possibilités.
Si je regarde l'accord négocié, je me dis que nous pourrions obtenir un remboursement rapide de 82 p. 100 des droits compensatoires. C'est un très important pourcentage des montants versés qui nous reviendraient rapidement. Cela représente près de 4,3 milliards de dollars, et c'est blindé. Il n'y a rien de magique là-dedans. Si nous signons cet accord, l'argent nous reviendra et nous contrôlerons dans une large mesure cette rentrée soudaine d'argent.
L'accord prévoit une protection contre toute mesure de restriction commerciale sur une période de sept à neuf ans. Je sais que les médias ont spéculé ou fait des commentaires à l'effet que les clauses d'expiration dans les accords internationaux comme celui-ci ne sont pas pour une raison ou pour une autre des accords étalés sur sept à neuf ans.
C'est bien un accord de sept à neuf ans. L'ALENA contient effectivement une clause d'expiration de six mois, mais nous ne considérons pas que cet accord est d'une durée de six mois pour autant. Tous les accords commerciaux américains à l'exception de l'accord de libre-échange avec Israël ont une clause d'expiration. Ces accords commerciaux entre les États ne sont suspendus que dans des circonstances très exceptionnelles et ces clauses sont la norme. Nous en avons une dans tous nos accords et celle qui est maintenant inscrite dans notre accord sur le bois d'oeuvre est une disposition très ferme.
Cet accord offre une très solide protection de nos politiques forestières provinciales. La disposition anticontournement y est beaucoup plus solide que toutes les autres conclues auparavant; l'accord sur le bois d'oeuvre conclu dans les années 1990 en est un exemple. Cette clause anticontournement permet d'établir des prix en fonction du marché. Elle permet d'augmenter ou de réduire le prix du bois d'oeuvre. L'accord sur le bois d'oeuvre conclu dans les années 1990 ne permettait aucune réduction ni aucune approche axée sur le marché ou quelque autre approche pour le bois d'oeuvre.
En fait, la Colombie-Britannique a été obligée, à la demande des États-Unis, d'adopter la politique du « waterbedding » pour le bois d'oeuvre, afin que toute réduction d'approvisionnement envisagée pour le bois d'oeuvre en Colombie-Britannique soit compensée par une augmentation à parts égales ailleurs, pour ainsi maintenir le fardeau sur l'industrie en un même endroit. Le présent accord ne contient pas de disposition de ce genre.
Il prévoit une disposition visant à assurer que les provinces puissent prendre des mesures pour réduire les incendies de forêt, lutter contre les insectes nuisibles comme le dendroctone du pin, protéger les bassins hydrographiques, prendre des mesures écologiques et faire face aux revendications territoriales.
Ainsi, la clause anticontournement prévue dans cet accord est très solide. Et il ne faut pas oublier que ces clauses agissent dans les deux sens : elles empêchent l'industrie américaine et les Américains de prendre des mesures commerciales restrictives contre le Canada pendant la durée de l'accord. Ces derniers renoncent à leur droit souverain de nous attaquer avec des mesures de restriction commerciale; nous sommes pour l'essentiel d'accord avec l'idée de ne pas aller à l'encontre de l'esprit et la lettre de l'accord avec nos changements politiques. Mais nous avons néanmoins la flexibilité d'assurer que les provinces puissent décider de leurs politiques de gestion des forêts assez librement.
Encore une fois, cet accord prévoit des ententes de libre-échange dans un contexte de marché vigoureux. Les marchés ne sont pas forts actuellement et ils ne le seront peut-être pas pendant un certain temps. En fait, il est fort probable que les marchés seront à la baisse dans un avenir rapproché et c'est là un autre problème auquel les membres du comité, les membres de l'industrie et les autres gouvernements devront faire face, parce que cette baisse aura des répercussions sur le scénario de la poursuite des recours en justice, une question sur laquelle je reviendrai plus tard.
L'entente donne aux provinces la possibilité d'adopter un mécanisme de restriction de l'offre lorsque les marchés sont à la baisse. Cela donne une certaine flexibilité aux provinces qui peuvent ainsi composer avec les marchés baissiers par divers moyens.
L'accord contient une disposition visant l'inclusion d'autres exemptions et la création d'un comité à cet effet. Nous aurions aimé que d'autres éléments soient inclus dans cet accord pour en élargir la portée. Un comité maintenant mis sur pied permettra des discussions de gouvernement à gouvernement, afin de voir si des changements et des exemptions pourraient être rapidement apportés à cet accord.
J'ai mentionné les clauses d'expiration. Nous avons l'entière garantie qu'aucun différend ne pourra être soulevé avant au moins trois ans.
Nous avons également négocié ce que l'on appelle un statu quo de douze mois, si bien que dans l'éventualité où les États-Unis voulaient y mettre fin, ils ne pourraient se lancer dans une offensive commerciale avant douze mois. L'industrie canadienne tenait à cette disposition et les États-Unis ont eu de la difficulté à faire cette importante concession qui procure à l'industrie une solide garantie.
On ne parle pas beaucoup du mécanisme visant les tiers pays dans cet accord et nous espérons ne jamais avoir à l'utiliser, mais en vertu de ce mécanisme, le Canada serait protégé dans certaines circonstances contre des pays tiers qui pourraient prendre une part du marché à ses dépens.
Voyons maintenant le deuxième scénario, soit la poursuite des recours devant les tribunaux. Il n'y a pas de doute que nous avons eu beaucoup de succès dans nos poursuites à ce jour et je pense que nous avons de fortes chances de l'emporter sur les questions cruciales encore en suspens. Avec un peu de chance, j'évaluerais nos possibilités de l'emporter par un pourcentage de 90 p. 100. Nos chances ne sont peut-être pas aussi élevées en fait, mais il est probable que nous aurons gain de cause sur les questions encore en suspens. Supposons par ailleurs que nous obtenons le remboursement des droits compensatoires dans les deux ou trois années après avoir gagné devant les tribunaux. Encore une fois, selon les appels, la durée des procédures judiciaires et le temps qu'il faudra pour démêler les milliers de droits de douane qui seront remboursés aux sociétés canadiennes, il faudra peut-être calculer un autre trois ans ou plus. Nous ne reverrons peut-être jamais cet argent, mais disons que ce ne sera pas le cas.
Suivant ce scénario, la valeur actuelle escomptée d'une stratégie judiciaire de ce type est de quelque 4,3 milliards de dollars, rien de moins. Cet argent versé au Trésor américain ne nous rapporte rien. Il pourrait être versé au Trésor public ou investi dans les capitaux et l'équipement industriel; nul ne fait d'investissements en immobilisation ces temps-ci dans le secteur du bois d'oeuvre, si le taux de rendement est inférieur à 15 p. 100 - 30 p. 100. Il y a donc un énorme manque à gagner du fait que cet argent est immobilisé depuis longtemps. Il faut ajouter cela au méli-mélo, sans compter qu'il reste beaucoup à faire et qu'on ne sait combien de temps il faudra y mettre. Nous savons qu'un autre examen administratif a été effectué à l'issue duquel les droits douaniers sont montés à environ 10,8 p. 100 aujourd'hui, par rapport à 14 p. 100 au 1er décembre. C'est donc un autre coût qu'il faudra assumer. Il y a également les frais liés aux poursuites judiciaires, les frais d'avocats. Il y également les coûts liés aux ressources humaines des sociétés qui sont improductivement affectées aux enquêtes sur le régime de dumping et sur les droits compensatoires.
Mais il y a les coûts plus importants encore liés au cinquième accord sur le bois d'oeuvre et les risques qui s'y rattachent. Quiconque dit que nous sommes à un cheveu d'un accord sur le libre-échange ne connaît tout simplement pas la situation canadienne de l'industrie du bois d'oeuvre et les enjeux commerciaux qui s'y rattachent depuis plusieurs décennies. Il ne fait aucun doute que si nous nous retirons de cet accord, l'industrie américaine prendra d'autres mesures contre le Canada. Pensez aux poursuites qu'il faudrait entamer après avoir remporté la cause sur la menace de préjudice, après avoir emporté en grande partie la cause des allégations de subventions et après nous en être assez bien sorti dans les causes sur le dumping; on finit toujours par se faire avoir à ce jeu. Pensez au marché qui est en déroute, parce que c'est vraiment ce que nous vivons aujourd'hui. L'industrie a terriblement peur en ce moment. Les stocks dans les sociétés qui dépendent du secteur de l'habitation et du bois d'oeuvre sont en baisse, les prix baissent et la confiance est en chute libre.
Si vous pensez que l'industrie américaine ne profitera pas de cette occasion pour venir au Canada avec une autre mesure, je vous invite à y repenser. Ils reviendront. Cela ne fait aucun doute. Le dumping sera la première méthode utilisée pour nous attaquer. Rappelez-vous qu'il est facile de pratiquer le dumping; seuls un ou deux éléments sont nécessaires : il vous suffit de vendre sur le marché américain des produits à un prix plus bas que ce que vous vendez au Canada et consentir des pertes sur les produits vendus sur le marché américain.
Quiconque connaît le dossier sur le dumping et quiconque a vu comment le département américain du Commerce fait ses calculs pour établir les marges du dumping sait pertinemment que l'établissement d'une marge substantielle ne pose aucun problème. Cette marge est fictive et fallacieuse, mais elle permettra l'imposition de droits intérimaires. Et une fois de plus, nous entrerons dans le cycle des poursuites qui caractérisent l'industrie depuis quelques décennies.
Le cycle des poursuites est le suivant : vous avez une cause futile de préjudice ou de menace de préjudice, comme ce fut le cas avec le cinquième accord sur le bois d'oeuvre où nous avons démontré dans toutes les procédures judiciaires qu'il n'y avait ni préjudice ni menace de préjudice. Nous avons remporté ces causes, mais nous avons subi cinq années de droits de douanes à un taux combiné de 27 p. 100 au départ et qui a chuté pour atteindre 10 p. 100 actuellement. Si une personne en cette chambre ou dans l'industrie canadienne pense qu'il n'y aura pas d'autres cycles de poursuites, alors d'accord, je lui demande de prendre une décision, de répondre de sa décision, mais je suis ici pour vous dire que je pense que nous n'échapperons pas au cycle des poursuites et que ça ne sera pas beau. Il y aura des pertes d'emplois, des sociétés en faillite et les collectivités vivront des temps difficiles.
Et ce n'est pas tout. Ne vous imaginez pas une seconde que nous pouvons nous retirer de cet accord et en négocier un autre quand bon nous semblera. Ça ne se passera pas comme cela, je vous le garantis. Si vous pensez que le président reprendra les négociations sur le bois d'oeuvre après que le premier ministre et le président eurent tant investi pour régler le problème, je vous demande de revenir sur terre. Ça ne se passera pas comme ça. Nous aurons un Congrès qui sera aussi protectionniste ou plus protectionniste que jamais. Je vous assure qu'il n'y aura pas de négociations pendant au moins trois ans.
En guise de conclusion, j'aimerais vous dire qu'il nous faut prendre une décision. Je respecterai la décision de tous ceux qui ont travaillé à ce dossier, mais il nous faut prendre une décision qui soit fondée sur des faits objectifs, sur des analyses et qui tiendra des conséquences. Nous devons reconnaître qu'il y a des points d'interrogation, que nous avons deux options, et nous devons cesser de jouer à l'autruche et de penser qu'il suffirait que d'une autre victoire juridique pour bénéficier en quelques mois des avantages du libre-échange. Cette option n'est pas sur la table.
Ce qu'il y a sur la table, ce sont des poursuites judiciaires qui n'en finissent plus et un accord négocié qui, je pense, est le meilleur arrangement sur le bois d'oeuvre jamais conclu en ce pays. Prenons une décision. Et assumons la responsabilité de notre décision. Que les sociétés prennent la responsabilité de leurs décisions avec leurs actionnaires et leurs employés. Que les gouvernements prennent une décision. Levons-nous, affichons nos couleurs et assumons les conséquences. Je vais certainement respecter ceux qui sont prêts à faire cela.
Merci, monsieur le président.
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Merci, monsieur le Président.
Soyez le bienvenu, monsieur le ministre. Je vous remercie d'être revenu à Ottawa au milieu du congé d'été du Parlement. Merci à mes collègues. Comme Hélène, je vous remercie de consacrer du temps à l'étude de cette importante question.
Monsieur le ministre, dans mes questions, j'aimerais soulever trois enjeux. Mes collègues vont parler de certaines de nos préoccupations dans les prochaines interventions — par exemple, de l'argent qui se retrouve entre les mains de l'industrie américaine et de la façon dont l'industrie canadienne est traitée — mais je laisse à mes collègues le soin d'en parler.
Monsieur le ministre, j'aimerais d'abord souligner, en tant que Canadien de l'Atlantique — je constate que mes collègues M. Casey et M. Eyking sont ici également — que l'industrie de l'Atlantique, le Bureau du bois de sciage des Maritimes et les gouvernements provinciaux de ma région ont avalisé l'accord parce que l'exemption historique du Canada atlantique a dans les faits été préservée. Je le dis franchement et sans réserve; pour le Canada atlantique, c'était un moment important. Il n'y a jamais eu d'allégations portant sur les subventions contre l'industrie de l'Atlantique pour des raisons que vous comprenez très bien qui ont trait aux droits de coupe et aux propriétés foncières privées. En tant que Canadien de l'Atlantique, je suis vraiment heureux que cet accord protège les droits pour lesquels nous nous sommes battus très fort.
À titre de membres de l'opposition officielle, nous sommes préoccupés par le fait que d'autres régions du pays — comme la vôtre, monsieur le ministre — cet accord ne semble pas vous inspirer confiance. Je suis convaincu qu'à titre de député de la Colombie-Britannique, vous êtes préoccupé par la réaction des gens de votre région.
Plus précisément en ce qui a trait à l'exemption faite aux provinces atlantiques, je pense que dans les commentaires précédents vous avez résisté à la conclusion d'un accord distinct pour les Maritimes similaire à l'accord conclu à l'issu de l'échange de lettres en 1996 et qu'on a par la suite appelé l'accord maritime. Les Maritimes sont maintenant comprises dans l'accord principal et si, comme vous l'avez dit dans vos dernières observations, l'industrie ou le Parlement prennent des décisions, et que cet accord n'est pas conclu, seriez-vous prêt à examiner un mécanisme distinct qui préserverait et protégerait l'exemption des Maritimes? C'est certainement une question que se posent les gens de ma région qui travaillent dans l'industrie du bois d'oeuvre.
Un autre enjeu, monsieur le ministre, a trait à la clause d'expiration. Vous avez abordé cette question. De nombreux porte-parole de l'industrie, et vous les avez vus comme nous...
[Français]
Pour ce qui est du Québec, j'ai entendu les commentaires de M. Chevrette et des représentants de l'industrie de cette province quant à l'importance d'avoir une entente d'une durée plus longue que 23 mois. Au Québec, et dans d'autres régions du Canada, cette clause de résiliation suscite beaucoup d'inquiétude.
[Traduction]
Vous avez dit que les autres accords de libre-échange ont des dispositions visant leur annulation dans les six mois, par exemple, mais il n'y a jamais eu un tel ensemble de circonstances litigieuses comme celles qui touchent le bois d'oeuvre actuellement. Probablement que dans tous les accords commerciaux, pour les raisons que vous avez données, le bois d'oeuvre est un secteur particulièrement litigieux.
Ne craignez-vous pas, à l'instar des autres représentants de l'industrie, que cette clause d'expiration vide de toute substance l'argument du premier ministre et le vôtre, selon lequel elle apporterait de sept à neuf ans de stabilité? À mon point de vue, la clause d'expiration rend superflue l'idée d'une longue période de stabilité et de prévisibilité et cela demeure quelque chose que nous espérons améliorer.
Un dernier point, monsieur le ministre, concerne ce que vous avez dit à propos des négociations qui ont pris fin avec la signature de votre accord à Genève. Nous espérons vraiment que ce ne soit pas le cas. Nous, de l'opposition officielle, pensons que vous pouvez encore y apporter des améliorations. Nous ne nous opposons pas à tout accord quel qu'il soit; nous nous opposons à un accord que nous croyons mauvais pour l'industrie et pour les travailleurs canadiens. Nous espérons que vous pourrez nous confirmer aujourd'hui que des discussions ont cours, que ce soit entre les représentants de l'industrie et la coalition américaine ou peut-être entre les gouvernements provinciaux et le gouvernement américain; Nous espérons voir des mécanismes qui pourront améliorer cet accord et c'est peut-être pour cela que le premier ministre et le président n'ont pas signé l'accord en début de juillet — parce que vous espérez vous aussi que nous puissions apporter quelques améliorations à cet accord.
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Merci beaucoup, cher collègue.
Je suis tout à fait ravi de l'exemption accordée au Canada atlantique. Pour moi, c'est un élément très important de l'accord qui permet effectivement de conserver l'exemption accordée traditionnellement au Canada atlantique.
En ce qui me concerne et en ce qui concerne le gouvernement, pour concrétiser l'exemption conférée au Canada atlantique, il faut surtout conclure l'accord intervenu entre les deux pays. Dans l'éventualité où l'accord ne serait pas conclu, il faudra voir quelles devront être les prochaines étapes, et les gouvernements provinciaux et les représentants de l'industrie devront se réunir pour en discuter. Évidemment, le gouvernement fédéral est toujours là, et nous continuerions les poursuites, en tant que gouvernement national, mais il faudrait évidemment réexaminer notre ligne de conduite, et comme nous parlons d'une situation purement hypothétique pour l'instant, je ne suis pas prêt à me livrer à des conjectures sur ce que nous ferions ou non si l'accord n'est pas conclu.
Vous avez parlé de certaines des inquiétudes de la Colombie-Britannique. Ces derniers mois, la Colombie-Britannique a effectivement fait état de certaines préoccupations qui étaient pour elle d'une importance critique. Et quand il s'agissait de savoir quelles étaient ses inquiétudes les plus importantes, il est apparu que la disposition anti-contournement était vraiment la priorité des priorités pour elle. Il y avait d'autres problèmes aussi, et nous avons donc travaillé de concert avec les responsables provinciaux pour trouver une solution.
Il y a un autre enjeu important pour la Colombie-Britannique pour lequel il n'y a toujours pas de solution, et je peux vous dire en toute sincérité que cela suscite beaucoup de controverse. Là, je parle de la demande de la Colombie-Britannique d'exempter le bois d'oeuvre produit à partir de grumes récoltées dans des boisés privés. On peut évidemment parler de cet aspect de la question, mais la question concerne essentiellement la libéralisation des exportations de grumes.
Mon honorable collègue à ma droite sait pertinemment que la question de la libéralisation des exportations de grumes suscite beaucoup de controverse en Colombie-Britannique. Il y a eu une forte augmentation--même en l'absence de cette libéralisation--des exportations de grumes brutes. Cette situation inquiète gravement les collectivités côtières qui constatent que ces grumes sont exportées vers les États-Unis pour être transformées. Donc, même si nous avons cherché à obtenir une réponse positive à la demande de la province dans ce domaine, nous n'avons pas réussi à faire inclure une telle disposition dans l'accord.
Ce qui me semble critique, pour la Colombie-Britannique et les autres provinces, c'est la disposition prévoyant la mise sur pied d'un comité binational du bois d'oeuvre, composé des représentants des deux Parties, c'est-à-dire des gouvernements, pour examiner en temps opportun l'ensemble de ces questions afin de voir s'il est possible de prévoir plus d'exemptions et d'apporter d'autres améliorations à l'accord. Donc, à mon avis, l'accord prévoit un moyen très constructif de continuer à chercher des solutions dans des domaines où il nous a été impossible de réaliser d'autres progrès, même si nous l'aurions souhaité.
En ce qui concerne la fin des négociations, je précise une fois de plus que les négociations sont effectivement terminées. L'ambassadeur Wilson a tenu des discussions avec les représentants des provinces et de l'industrie au cours des dernières semaines. Ces discussions avaient pour objet de déterminer si d'autres problèmes administratifs continuaient à inquiéter les gouvernements et l'industrie, mais je peux vous affirmer que les négociations sont maintenant terminées.
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Permettez-moi de vous expliquer un petit peu le contexte.
Comme le sait sans doute tout le monde dans cette salle, nous sortons à peine d'une séance de négociations à l'OMC qui a mal tourné il y a quelques semaines et qui ne semble pas aboutir très rapidement. Comme vous le savez, dès lors qu'il s'agit d'accords commerciaux, le seul véritable cadre juridique véritablement international qui régit le commerce est celui de l'OMC. L'OMC applique le droit international et les modalités sont négociées par les 149 membres de l'Organisation. Elle crée le cadre juridique qui permet de traiter des questions de commerce et d'investissement, mais ce cadre juridique n'appartient à aucun État membre particulier, mais plutôt à tous les États membres. L'OMC joue un rôle tout à fait critique, même dans un dossier comme le bois d'oeuvre, car par l'entremise de l'OMC, on peut commencer à s'attaquer à des questions comme la définition des marges de dumping ou la définition de « subvention ». Donc, on a la possibilité d'influencer l'application d'un accord comme l'ALENA en négociant des améliorations à divers aspects du cadre du commerce établi par l'Organisation mondiale du commerce. Pour le moment, ce travail est mis de côté.
Parlons maintenant de l'ALENA. Les gens croient, à tort, que l'ALENA correspond à une série de lois internationales ou à un cadre commercial en soi. Mais c'est faux. L'ALENA correspond à un cadre commercial qui s'appuie sur l'observation des lois des États individuels qui adhèrent à l'accord. Donc, en cas de différend, comme celui du bois d'oeuvre, on tranche le litige en fonction des lois américaines. Ainsi ce n'est pas le droit international qui s'applique, mais plutôt les lois américaines, et c'est cette exigence qui sous-tend le travail des groupes d'examen binationaux chargés de trancher de tels litiges.
Donc, si vous croyez qu'il suffira de remporter une autre victoire devant les tribunaux pour atteindre le summum en matière de libre-échange, ce que vous dites en réalité, c'est que les lois américaines vous permettront de remporter cette dernière victoire devant les tribunaux et donc d'avoir un véritable régime de libre-échange. Mais les lois américaines sont définies par les Américains. Elles sont définies par le Congrès, et c'est le Congrès qui établit les règlements et fixe les définitions. Et les lois qui sont en vigueur aux États-Unis nous donnent déjà beaucoup de mal pour ce qui est de trancher les litiges: témoin les nombreuses poursuites fondées sur des accusations fallacieuses intentées contre nous au cours des cinq dernières années, et depuis bien longtemps encore, et toutes les allégations relatives au bois d'oeuvre. Le chapitre 19 de l'ALENA existe et il est en vigueur, et par conséquent, nous nous retrouvons constamment dans un autre cycle de procédures judiciaires. Ils peuvent invoquer les lois américaines et les modalités de l'ALENA pour nous imposer des droits de douane provisoires qui finissent par détruire les entreprises, détruire les familles, et détruire les collectivités, et il faut des années avant d'être à bout de nos peines.
Donc, si vous croyez qu'en ayant gain de cause dans toutes les procédures actuellement en instance que ce petit problème va tout simplement disparaître, détrompez-vous. Rien — absolument rien — n'empêche l'industrie américaine et le gouvernement américain d'entamer de nouvelles poursuites contre nous. Rien n'empêche le gouvernement des États-Unis de modifier ses propres lois pour qu'il nous soit encore plus difficile à l'avenir d'avoir gain de cause dans les affaires liées au chapitre 19 de l'accord.
Par conséquent, il faut être pragmatique et réaliste et se rendre compte qu'en dehors de l'Organisation mondiale du commerce, les accords commerciaux bilatéraux que signent différents États et les zones franches qui sont créées sont complètement différents. Ces derniers ne s'appuient pas sur un cadre juridique international pour trancher les litiges. En réalité, vous êtes à la merci de vos partenaires commerciaux.
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Merci, monsieur le président.
Monsieur Emerson, vous avez fait mention dans votre exposé liminaire à un éventuel « Bois de construction V ». Vous avez dit que selon vous, l'industrie américaine n'hésitera pas à intenter d'autres poursuites contre l'industrie canadienne et c'est justement ça le problème, effectivement, et ce qui a incité tant de responsables de l'industrie à s'opposer à cet accord : en réalité, il donne 500 millions de dollars à la coalition pour entamer d'autres poursuites judiciaires contre l'industrie canadienne, et il nous ramène à la case départ, puisqu'il efface quatre ans de victoires devant les tribunaux.
Les représentants de l'industrie nous ont fait savoir par le passé que 20 p. 100 des usines canadiennes pourraient être obligées de fermer à cause de cet accord. Le fait est que cet accord comporte de très graves lacunes qui sont le résultat de négociations complètement bâclées. Comme me l'a dit un représentant de l'industrie, le Canada a capitulé sur toute la ligne. Au cours des négociations qui se sont déroulées entre le 27 avril et le 1er juillet, nous n'avons cessé de faire d'autres concessions aux États-Unis. Il n'est donc guère surprenant que l'industrie ait l'impression d'avoir été trahie. Plus tôt cette semaine-là, c'est-à-dire avant le 1er juillet, l'industrie a clairement indiqué qu'à son avis, cet accord comportait de graves lacunes. Elle a formulé de sérieuses objections, mais malgré tout, vous avez paraphé l'accord le 1er juillet.
J'ai donc trois questions à vous poser.
Premièrement, pourquoi avez-vous paraphé un accord quand vous saviez pertinemment que la grande majorité des représentants de l'industrie s'y opposaient?
Deuxièmement, quand vous étiez encore membre du Parti libéral, le Parti conservateur, en sa qualité d'opposition officielle, s'est prononcé en faveur de garanties de prêt pour l'industrie. Pourquoi le gouvernement ne prend-il pas des mesures pour donner des garanties de prêt à l'industrie, et pourquoi opte-t-il pour la manière forte, puisqu'il essaie maintenant de forcer l'industrie à accepter un accord qu'elle trouve inacceptable?
Troisièmement, vous avez fait mention de problèmes liés aux poursuites en disant qu'il faudrait peut-être attendre deux ou trois ans avant que les sommes prélevées soient remboursées. À mon avis, le premier ministre a fait preuve d'irresponsabilité en parlant de sept ans de poursuites judiciaires. Nous savons pertinemment qu'en ce moment — témoin l'affaire Tembec le 21 juillet — nous avons gain de cause et nous avons eu gain de cause dans cette affaire; d'ailleurs, l'industrie est en train de voir quels recours pourraient être recommandés au tribunal. Le tribunal se penchera justement sur la question des recours. Elle va certainement demander une injonction préliminaire, ce qui voudrait dire que les tarifs douaniers seraient supprimés. Cette affaire de même que la décision du CCE sur les subventions, dont le Canada a demandé la suspension, sont les deux affaires qui sont en train d'aboutir.
Ma question est donc très simple. On entend dire, selon le cas, que ce sera sept ans ou encore trois ans. Nous savons fort bien que, dans l'affaire Tembec, la seule voie d'appel est la Cour d'appel de la Federal Circuit Court, et que la décision du CCE ne peut faire l'objet d'un appel. Donc, j'aimerais savoir comment vous en êtes arrivé à ces chiffres — c'est-à-dire, trois ans de poursuites, ou encore, dans le cas du premier ministre, sept ans de poursuites, alors que nous savons pertinemment que ces chiffres sont inexacts?
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Merci, monsieur le président.
Merci, monsieur le ministre, de votre présence aujourd'hui. Je crois que tous les partis sont au moins d'accord sur ce point, à savoir que nous vous sommes reconnaissants d'être parmi nous aujourd'hui pour essayer de tirer au clair certains éléments de cet accord.
Il y a un certain nombre de points que je voudrais explorer avec vous et j'ai aussi quelques questions à vous poser; peut-être pourriez-vous en prendre note. Premièrement, je sollicite votre réaction sur ceci: je trouve pour le moins un peu curieux et contradictoire, venant des partis de l'opposition, qu'ils mettent autant l'accent sur la clause de résiliation et qu'ils soient si mécontents de cet accord. On aurait pu s'attendre qu'ils revendiquent une période de résiliation encore plus courte, étant donné qu'ils sont contre l'accord et que s'il est vraiment aussi mauvais que cela, le gouvernement du Canada pourrait peut-être vouloir s'en retirer éventuellement — à supposer que l'on accepte leurs arguments, alors que ni moi ni notre parti ne les acceptons, n'est-ce pas?
Je tiens à vous faire savoir, au nom des sociétés forestières du nord et du centre de la Colombie-Britannique, et celles situées plus précisément dans la circonscription électorale de Prince-George--Peace River, que je représente, que ces compagnies sont très satisfaites de cette disposition de l'accord prévoyant le remboursement accéléré des dépôts. Certaines de ces compagnies sont évidemment en difficulté, et si les problèmes anticipés se concrétisent en ce qui concerne le marché, cet argent sera extrêmement important non seulement pour ces compagnies, mais pour leurs employés et les collectivités où ils habitent.
Je voudrais vous poser une question précise au sujet du dendoctrone du pin ponderosa, qui a dévasté les forêts de pin du centre et du nord de la Colombie-Britannique et qui est de plus en plus présent dans le nord de l'Alberta. La disposition anti-contournement est-elle suffisante pour nous permettre de continuer à récolter le bois détruit par le dendoctrone du pin ponderosa? Voilà qui inquiète beaucoup les compagnies concernées, de même que la population du centre et du nord de la Colombie-Britannique.
Ma dernière question, monsieur le ministre — et je m'excuse d'avance d'essayer de traiter autant de sujets en cinq minutes — est une question qui concerne tout particulièrement un de mes collègues, Randy Kamp, le député de Pitt Meadows--Maple Ridge--Mission, dont la circonscription compte un grand nombre d'entreprises de seconde transformation — des « remanners », comme on les appelle dans ma circonscription. Je crois savoir que cet accord est nettement plus intéressant que les conditions qui visent actuellement de telles entreprises. Pourriez-vous me dire ce qu'il en est à ce chapitre? Comme les autres éléments que vous avez déjà mentionnés, cette question était tout particulièrement préoccupante pour les gens de la Colombie-Britannique.
De plus, pourriez-vous tirer au clair la question des litiges futurs, du moins dans la mesure du possible? Les partis de l'opposition semblent craindre que toutes ces procédures durent encore trois ans; le premier ministre a parlé de la possibilité qu'elles durent sept ans. À mon avis, monsieur le ministre, il est impossible de savoir combien de temps les poursuites judiciaires pourraient continuer avant d'aboutir. On peut toujours parler du meilleur scénario, car nous ne pouvons absolument pas contrôler ce que font les Américains. Nous n'avons pas de boule de cristal — ni vous, ni moi — et nous ne pouvons donc prévoir quelles lois les Américains pourraient bien décider d'adopter en l'absence d'un accord comme celui-ci qui leur lie un peu les mains. J'aimerais donc vous entendre à ce sujet également.
Merci.
Le mécanisme de remboursement accéléré des dépôts ne faisait pas partie de l'accord-cadre intervenu le 27 avril; nous l'avons ajouté par la suite. Le fait est que le gouvernement reconnaissait que les entreprises concernées auraient besoin de toucher rapidement un maximum d'argent. Bon nombre d'entreprises sont en grave difficulté vis-à-vis de leurs créanciers. Certaines d'entre elles risquent d'avoir à fermer leurs portes si le marché s'affaiblit gravement. Dans ce contexte, l'argent revêt une importance capitale, les entreprises ont besoin d'argent, et ce mécanisme permettra de leur remettre cet argent très efficacement. Ce sera une véritable aubaine pour bon nombre de compagnies qui sont confrontées à la possibilité d'un marché négatif et qui ont donc besoin d'argent pour faire des investissements et rétablir leur viabilité.
La clause anti-contournement, dans le contexte des dommages causés par le dendoctrone du pin ponderosa, a été un élément très important de négociation au cours des derniers mois, de même que le régime de tarification en fonction du marché proposé pour le nord de la Colombie-Britannique. S'agissant des arbres attaqués par le dendoctrone du pin ponderosa, comme vous le savez, plus le bois reste sur la souche, moins il a de valeur. Donc, si vous n'avez pas de mécanisme de tarification en fonction du marché, permettant de tenir compte du fait que la qualité du bois se détériore, que les taux de change évoluent, et qu'il y a tout un ensemble de facteurs qui peuvent influer sur la valeur du bois aux yeux de ceux qui le transforment, vous vous exposez forcément à toutes sortes de problèmes.
À mon avis, ce mécanisme anti-contournement permettra au Canada, pour la première fois, d'instaurer un régime de tarification axé sur le marché et qui reflétera véritablement la réalité du marché. Si le bois d'oeuvre a une valeur plus élevé, les droits de coupe augmenteront. Si le bois d'oeuvre a une valeur moins élevée, dans des conditions de marché concurrentielles, les droits de coupe baisseront. Voilà qui sera tout à fait critique pour quiconque cherche à régler le problème du bois d'oeuvre attaqué par le dendoctrone du pin ponderosa et tous les autres facteurs économiques qui peuvent influer sur la valeur du bois d'oeuvre.
Selon l'ancien accord sur le bois d'oeuvre, il fallait que les droits de coupe restent élevés. La coalition essaie depuis toujours de faire inclure ce qu'on appelle le « critère des effets » dans la clause anti-contournement. C'est une disposition en vertu de laquelle il faudrait continuellement évaluer un changement au niveau de la valeur du bois sur pied ou d'une politique y afférente en fonction de son impact sur la valeur du bois sur pied et le prix du bois d'oeuvre. Si le changement envisagé avait pour effet de les réduire, vous seriez puni et vous seriez essentiellement jugé enfreindre l'accord. Nous n'avons pas ça; ça, c'est fini. J'insiste donc sur le fait que ce régime de tarification en fonction du marché revêtira une importance critique pour l'industrie en lui permettant de mieux absorber les différents chocs économiques.
Je tiens d'ailleurs à féliciter la province de la Colombie-Britannique. Il y a cinq ans, j'étais l'un des rares PDG en Colombie-Britannique à revendiquer un régime de tarification du bois d'oeuvre en fonction du marché. Je trouve tout à fait rassurant de constater que nous aurons désormais un tel régime. À mon avis, ce dernier profitera certainement à l'industrie et à l'ensemble des collectivités.
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Merci, monsieur le président.
Monsieur le ministre, j'ai suivi l'évolution de cet accord d'un point de vue québécois et je constate que les différentes réalités canadiennes ont été prises en compte. Vous avez également tenu compte des jugements favorables qui ont été rendus au cours des dernières années pour consolider la position canadienne dans le cadre d'une négociation raisonnée. Vous évitez par ailleurs, avec un tel accord, un cinquième litige, qu'on appelle communément un « Lumber V ». Aussi, le Québec a droit à sa part équitable des exportations.
Lorsque vous avez travaillé avec M. Peterson, vous vous attendiez à ce qu'on récupère environ la moitié des sommes qu'on avait versées aux États-Unis, alors qu'en vertu de l'accord actuel, 4,3 milliards de dollars nous seront remboursés.
L'accord a été bonifié. Il prévoit une procédure accélérée de remboursement, ce qui rend la garantie de prêt inutile, voire lourde, car celle-ci obligerait les gens à s'endetter davantage. Avec le présent accord, c'est leur propre argent qui leur revient. Comme député, je représente un comté où il y a beaucoup de scieurs frontaliers. Vous avez tenu compte de l'exemption historique des scieurs frontaliers, et non pas seulement de ceux des Maritimes.
Pour toutes ces raisons, monsieur le ministre, je salue votre travail. Il s'agit d'un accord complet. Cependant, j'ai une question sur la clause de résiliation. Vous avez dit vous-même que cette clause est un piège qu'on doit éviter car c'est un faux débat. Si vous mainteniez l'accord du 27 avril tel quel, sans mentionner de clause de résiliation, le droit international prévoit une clause de résiliation unilatérale d'un an en vertu de la Convention de Vienne.
À la demande de l'industrie canadienne, vous avez bonifié cette clause de 23 mois plus un an de non-imposition en matière commerciale. C'est un processus inhabituel et une mesure de protection extraordinaire qui vise à protéger l'industrie canadienne. D'ailleurs, c'est en ce sens qu'intervenait le négociateur en chef du Québec, Pierre-Marc Johnson, qui est un expert en droit international.
J'aimerais entendre vos commentaires afin de clarifier cette question, car on entend malheureusement trop souvent dire que le Canada a cédé, alors qu'au contraire, il a fait un gain très appréciable.
Je vous remercie.