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Merci beaucoup, monsieur le président.
Nous vous remercions d'avoir invité le Conseil de commerce Canado-arabe ici aujourd'hui pour prendre part à l'important examen que fait le comité des possibilités et des défis qui s'offrent pour le Canada et les entreprises canadiennes dans le monde du commerce et des affaires internationales qui est de plus en plus compétitif et évolue rapidement.
Je suis accompagné de Paul Mariamo, de SNC-Lavalin--Merci Paul d'être venu aussi--et de David Hutton, l'un des quatre directeurs généraux du Conseil de commerce Canado-arabe. David, merci d'être venu nous prêter main forte aujourd'hui.
Je vais suivre certaines notes, monsieur le président, parce que je les ai remises au traducteur, pour essayer de lui éviter trop de confusion.
J'aimerais seulement dire pour commencer qu'on nous a demandé de nous concentrer sur six pays du Conseil de coopération du Golf, ou le CCG, composé de l'Arabie saoudite, le Koweit, Bahreïn, Qatar, les EAU, et Oman. Nous allons aussi parler du Yémen, qui est un membre associé et qui va probablement être invité sous peu à se joindre au CCG.
Je devrais souligner, monsieur le président, que bien que le CCG présente un énorme potentiel de croissance pour les entreprises canadiennes, bien d'autres partenaires commerciaux dans le monde arabe affichent actuellement et ont affiché une croissance spectaculaire. Le Maghreb, la Lybie et l'Algérie en sont certainement des exemples.
Maintenant, le message que nous voulons communiquer ce matin est simple, et c'est l'importance que revêt cette région pour le Canada. Comme l'a dit le ministre dans une allocution devant le Conseil de coopération du Golf récemment, c'est en fait un élément important de l'avenir du Canada.
Comme je l'ai dit, je suis accompagné aujourd'hui de M. Paul Mariamo, le premier vice-président pour le Moyen-Orient de SNC-Lavalin, et de David Hutton. David a été, jusqu'en septembre l'année dernière, ambassadeur aux Émirats arabes unis. Nous sommes heureux qu'il travaille maintenant avec Rick Mann, un ex-ambassadeur du Koweït, à notre Conseil, et ils ajoutent beaucoup de poids à nos efforts.
Le Conseil de commerce Canado-arabe va célébrer l'année prochaine son 25e anniversaire en tant qu'organisation de chefs de file du milieu des affaires du Canada qui sont actifs dans la région. Le Conseil de commerce Canado-arabe a été créé en 1983 par un groupe de chefs d'entreprise de Toronto et de Montréal. Ils ont constaté la nécessité et l'occasion offerte de créer des liens plus étroits entre le monde d'expression arabe et le Canada, et nous poursuivons nos progrès.
Notre Conseil a actuellement environ 85 membres. De nombreux dirigeants de compagnies canadiennes collaborent avec notre organisation, et nous sommes actifs dans toutes les provinces. L'effectif de notre conseil d'administration comprend des représentants de tous les ordres de gouvernement. Je devrais souligner que le Conseil de commerce Canado-arabe est apolitique: nous ne nous préoccupons que du programme de prospérité.
Le Conseil de commerce Canado-arabe est déterminé à partager ses connaissance en affaires et à créer de sérieux débouchés commerciaux pour les compagnies canadiennes intéressées, engagées et, dans une certaine mesure, qui ont la capacité financière pour établir une présence commerciale dans le monde d'expression arabe. Notre organisation envoie des missions au Moyen-Orient, et reçoit aussi des missions qui viennent de ces pays.
J'aimerais en parler un peu, et je pense que Paul aussi en parlera.
À ce propos, je pense qu'il est immensément important que le gouvernement et les députés du Canada réalisent qu'il y a des centaines de ces groupes et de parlementaires de ces régions qui nous rendent visite et combien nous y allons peu. La perception, dans bon nombre de ces pays, c'est que les Canadiens se désintéressent d'eux parce que n'envoyons pas nos législateurs et membres de comités comme celui-ci dans ces régions du monde. Je pense que nous devrions vraiment analyser combien d'entre eux nous invitons au Canada. Il faut un contrepoids de politiciens élus, pas seulement des gens d'affaires, qui aillent aussi dans ces régions, si on veut obtenir des résultats valables.
Le mardi 13 février, comme je l'ai dit, le Conseil de commerce Canado-arabe, avec le doyen du Council of Arab Ambassadors--c'est donc l'ambassadeur des EAU, à Al-Suwaidi--a été l'hôte d'un dîner de gala au Musée des civilisations, et le ministre Emerson nous a exposé ses vues sur les occasions d'affaires au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, la région MENA, lesquelles vues, je suis très heureux de pouvoir le dire, reflétaient les nôtres, et il a parlé à plusieurs d'un document diffusé en novembre dernier, intitulé « Avantage Canada ». Je pense qu'il vaudrait vraiment la peine de le considérer comme un plan directeur, parce que je pense que bon nombre des idées qui y sont formulées devraient et pourraient être concrétisées pour bâtir cette relation.
Plus tôt ce jour-là, le 13 février, le Conseil de commerce Canado-arabe et le ministère des Affaires étrangères et du Commerce international avaient été les hôtes d'une conférence sur les occasions d'affaires pour le Canada et le monde arabe en 2007---et je tiens à remercier David pour les efforts qu'il a déployés pour cette conférence. Malheureusement, j'étais en déplacement, mais à ce que j'ai entendu dire, la journée s'est très très bien passée, et nous espérons pouvoir en refaire l'expérience l'année prochaine en février, quand nous célébrerons notre quart de siècle ici, à Ottawa.
J'ai pris du temps du comité pour décrire un peu le fonctionnement du Conseil de commerce Canado-arabe afin de baliser un peu le rôle des conseils et des associations commerciales dans la promotion des concepts de commerce et d'investissement au Canada. Je ne pense absolument pas que nous ayons trouvé le seul moyen de faire des affaires ou que nous sommes le seul choix. Ce que je pense, c'est que nous fonctionnons à un niveau beaucoup plus bas que ce qui devrait et pourrait être. Cependant, nous sommes bien convaincus que les associations d'entreprises jouent un rôle important dans nos relations commerciales, et avec la collaboration du gouvernement pour faire plus en partenariat avec le gouvernement et l'industrie, nous pouvons faire encore mieux.
Il y a deux ans, presque jour pour jour, David Hutton et moi-même témoignions devant le sous-comité du commerce international au sujet de débouchés commerciaux et économiques dans la région du CCG, et ce que nous avons dit alors est encore très pertinent. Nous vous sommes reconnaissants de nous donner cette occasion de réitérer ce message ici aujourd'hui. Le CCG offre au Canada l'une des meilleures occasions qui soient, peut-être même la meilleure, d'entretenir de bien plus vastes relations commerciales et économiques dans le monde.
Je voudrais citer quelques statistiques, parce que je pense qu'elles sont pertinentes et parlantes.
Le CCG est un marché d'exportation qui vaut plus d'un milliard de dollars pour le Canada depuis plusieurs années. Il a affiché une croissance de 90 p. 100 depuis cinq ans et est maintenant en 17e place des grands marchés d'exportation. Avec 50 p. 100 des réserves énergétiques du monde, il est maintenant en 17e place des économies les plus prospères. Il est intéressant de souligner que pendant cette même période de cinq ans, les exportations du Canada vers la Chine ont augmenté de 13 p. 100 comparativement à 90 p. 100 vers cette région; les exportations vers l'Inde ont augmenté de 59 p. 100, et vers le Brésil, de 15 p. 100. Nous exportons plus vers la région du CCG que vers l'Inde, le Brésil ou même la Russie.
Le Canada fait preuve de négligence en ne tirant pas meilleur parti d'une occasion unique dans l'histoire d'établir des rapports plus solides avec cette importante région. Collectivement, nous devons nous demander pourquoi nous n'accordons pas à cette région la priorité et le traitement qu'elle mérite, ce que confirmerait un examen même superficiel d'un économiste. Nous sommes impatients de participer à ce débat sur cet important sujet.
J'aimerais terminer mes observations en demandant à David Hutton de dire quelques mots, puis Paul Mariamo vous expliquera le fonctionnement de sa compagnie et les enjeux qu'il perçoit.
David, je vous laisse la parole.
Merci, monsieur le président. C'est effectivement un grand privilège pour moi que de vous rencontrer, avec vos collègues, ce matin.
Je prendrai quelques minutes pour étoffer la présentation de Dwain en parlant de certaines conclusions qui sont ressorties de la Conférence de la Canada-Arab Business Council avec le ministre des Affaires étrangères sur le Canada et le monde arabe et les débouchés commerciaux et économiques de 2007, tenue il y a à peine quelques semaines. Avant cela, cependant, j'aimerais faire quelques brèves observations. Je ne doute pas que chaque groupe qui a été invité à parler devant votre comité a énoncé un message très similaire--Le gouvernement du Canada devrait donner à notre région ou à notre pays une plus grande priorité. Nous avons le même message, mais je crois très sincèrement que les faits et les chiffres que nous présenterons seront encore plus convaincants. Il semble qu'il soit souvent difficile pour notre pays de reconnaître ses propres intérêts, et le travail que fait votre comité est des plus appréciés.
Dans les quatre années que j'ai passées au poste d'ambassadeur du Canada aux Émirats arabes unis, nos échanges commerciaux ont augmenté de plus de 250 p. 100. J'aurais dû quitter ce poste avec un sentiment d'accomplissement, et de fait, à de nombreux égards j'avais ce sentiment, mais je ne serais pas honnête si je ne confessais pas, monsieur le président, que je pensais personnellement que cette augmentation aurait pu et aurait dû être de 500 p. 100 pendant mon mandat.
Le produit intérieur brut du Conseil de coopération du Golf, le CCG, a été de 725 milliards de dollars en 2006 et atteindra 790 milliards d'ici la fin de cette année. Ce qui alimente cette croissance est une richesse pétrolière et une manne quasi-unique de l'histoire, qui est en train de se traduire en phase d'expansion de l'investissement. Des projets d'une valeur de 1,1 billion de dollars U.S. sont prévus rien que dans cette région. On a estimé que 15 à 20 p. 100 de toutes les grues du monde sont occupées à construire aux ÉAU, qui possèdent 10 p. 100 des réserves pétrolières du monde et qui ont une population de quatre millions de personnes.
Il est important de souligner que ce n'est pas seulement la quantité des exportations du Canada vers une région, mais leur qualité, qui compte. Les dix principaux produits canadiens exportés vers la région sont les véhicules spécialisés, les hélicoptères et avions, les simulateurs de vol, les véhicules motorisés, l'orge, le blé, l'or, le bois d'oeuvre, les appareils électriques et les pièces de machines. C'est plus de 60 p. 100 des produits manufacturés et, il me semble, un très bon contrepoids à nos équarrisseurs et puiseurs d'eau traditionnels. Les simulateurs de vol valent la peine d'être soulignés, un marché valant plus de 250 millions de dollars, puisque c'est le fruit d'un très vaste projet conjoint de CAE, à Montréal, avec les lignes aériennes des Émirats à Dubaï. Le commerce suit l'investissement de tellement de façons.
Le Canada a investi plusieurs milliards de dollars dans la région, et celle-ci a plus de 1 billion de dollars d'actif à l'étranger, dont des milliards de dollars sont sans le moindre doute investis ici, au Canada. DP World en est un exemple récent. De plus, comme on l'a dit plus tôt, vous devez aussi ajouter le secteur des services de grande valeur. Les ingénieurs, architectes, gestionnaires de projets canadiens, etc., sont très actifs dans la région du CCG. Leurs efforts en font en un marché de 2 milliards de dollars par année.
Les entreprises canadiennes ont clairement montré la voie du développement de ce marché. Cependant, ce qui manque encore est l'architecture politique et économique nécessaire pour appuyer ce marché qui évolue rapidement. Le soutien du gouvernement, et de fait son leadership, ont un rôle très important à jouer dans le développement de ce marché, comme en témoignent les actions d'autres gouvernements. L'Australie pourrait être un excellent marché.
Il y a deux ans, Dwain l'a déjà dit, le Conseil de commerce Canado-arabe a fait trois recommandations. Je pense qu'elles sont toujours pertinentes. Nous devons tirer parti de l'actuelle position favorable du Canada et des marchés en expansion de la région en agissant rapidement pour poursuivre sur notre lancée.
Deuxièmement, nous devons établir des relations avec les pays partenaires. Les dirigeants du gouvernement comme vous-mêmes devez faire plus pour établir des partenariats dans les régions en rendant des visites stratégiques aux marchés de haut niveau, en envoyant des délégations, des missions, etc.; les membres du gouvernement doivent continuer de stimuler ces relations en participant à des visites, et en en accueillant. Ces partenariats sont un élément fondamental. Nous devrions nous efforcer de constituer une meilleure infrastructure pour les bureaux du gouvernement dans la région, ainsi que des accords commerciaux, des ententes de protection des investissements étrangers, etc.
Ces recommandations ont été répétées à la conclusion de notre conférence, tenue il y a deux semaines à peine. Les dirigeants d'entreprises du Canada, des diplomates arabes et canadiens et des fonctionnaires sont encore une fois parvenus à une conclusion similaire. Ils ont ajouté à la liste, ce sur quoi ils ont insisté, la nécessité d'accords de libre-échange et, comme je l'ai dit, d'accords de protection des investissements étrangers, d'ententes de services aériens, etc. En ce moment nous avons, je crois, seulement trois accords de double imposition dans la région et un accord de services aériens.
Je pense qu'il y a un vaste consensus sur ce qui doit être fait. Le a parlé de ce consensus dans son allocution, comme l'a fait remarquer Dwain, et aussi, bien entendu, dans le document qu'a publié le gouvernement, « Avantage Canada ». Un défi qui se pose pour nous, et qui se pose d'ailleurs depuis plusieurs années, est de prendre les mesures nécessaires et d'engager les ressources nécessaires pour atteindre ces objectifs convenus. En deux mots, il faut agir. Il faut des ressources, et il faut la volonté collective. L'Union européenne, les États-Unis, l'Australie, l'Inde, la Chine, Singapour et bien d'autres ont de l'avance sur nous.
L'ex-ministre du Commerce, M. Peterson, avait annoncé l'objectif de doubler les échanges commerciaux avec les ÉAU quand était allé dans cette région en 2005. C'est un objectif raisonnable, qui serait facile à atteindre.
Pour terminer, j'espère que le comité parviendra à la conclusion que le CCG et d'autres pays arabes devraient être considérés comme des marchés prioritaires, et le Conseil de commerce Canado-arabe continuera de travailler en collaboration avec tous les ordres de gouvernement et des entreprises pour renforcer cette relation.
Merci.
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Monsieur le président, merci de me donner la chance de participer aujourd'hui à cette réunion pour parler de SNC-Lavalin, de notre expertise, de notre travail au Moyen-Orient, des prospectus qu'on regarde pour l'instant et des difficultés que notre compagnie rencontre en tant que compagnie faisant des affaires depuis les années 1970 au Moyen-Orient et dans les pays du CCG en particulier.
Dernièrement, compte tenu de l'augmentation du prix du pétrole, on a remarqué que les gouvernements des pays du CCG ont un surplus énorme et en sont à investir partout: dans l'infrastructure et dans tout ce qui concerne les routes, l'électricité, soit tout ce qui facilite la vie de la population, qui a énormément augmenté dernièrement.
[Traduction]
Vous savez que les pays du CCG affichent l'une des hausses les plus importantes de la population. Ils ont d'énormes excédents. Ils n'ont pas de main-d'oeuvre locale, la plupart de la main-d'oeuvre est importée. Par conséquent, avec tous ces expatriés qui arrivent, il y a une demande d'invitations d'électricité, de routes, de centres commerciaux, de toutes sortes de choses. Nous y voyons une occasion fabuleuse pour SNC-Lavalin et d'autres entreprises de faire des affaires avec le CCG.
J'ai personnellement été actif sur le marché pendant de nombreuses années, tout d'abord avec CAE Electronics, quand je travaillais pour eux, et puis avec SNC-Lavalin. Le marché est énorme. Il présente des défis. L'un de ces défis qui se posent pour nous là-bas est, en fait, la propriété, mais nous ne pouvons créer une entreprise, particulièrement de nous-mêmes. Nous devons avoir des partenaires. Les choses changent. Nous voyons de tels changements survenir en maintenant au ÉAU, mais ils ne se font pas aussi rapidement qu'on le voudrait.
Par exemple, aux ÉAU, nous avons créé une compagnie avec Tabreed pour faire le système régional de refroidissement. Nous avons obtenu beaucoup de contrats ainsi. Nous avons mis sur pied une compagnie appelée SNC-Lavalin Gulf Contractors. Nous avons fait affaire avec Aramco pendant de nombreuses années. Mais le problème des visas pour entrer dans le pays est difficile; il est compliqué de faire venir des gens en Arabie saoudite. Il nous faut une espèce d'entente bilatérale avec eux pour faciliter pour nous, les Canadiens, les voyages dans la région et pour faire des affaires dans la région.
[Français]
Nous pensons aussi qu'on investira au moins 25 milliards de dollars dans le secteur de l'énergie seulement au Moyen-Orient, dans les pays du Conseil de coopération du Golfe, ou CCG, afin de répondre à la demande des cinq prochaines années. Il y a là une occasion énorme pour SNC-Lavalin.
En ce qui concerne les projets qu'on est en train de réaliser, nous devons payer beaucoup de coûts que les compagnies des autres pays n'ont pas à payer, par exemple des coûts de voyage. Il n'y a pas de vol direct pour les pays du Golfe. Il faut toujours faire escale en Europe et dépenser plus de temps et d'argent pour s'y rendre. Les autres compagnies ont un avantage réel sur nous à cet égard. S'il s'agit de projets de plusieurs centaines de millions, voire de milliards de dollars, cela peut ne pas entraîner de coûts importants, mais dans le cas de projets de deux ou trois millions de dollars, une différence de 200 000 $ ou 300 000 $ représente un coût énorme. Il sera difficile pour des petites compagnies autres que SNC-Lavalin de faire des affaires là-bas sans l'appui du gouvernement, de nos parlementaires, de nos ministres et de notre premier ministre.
Au cours de notre séjour là-bas, on nous a souvent demandé où était le Canada. On nous a dit qu'on voulait faire des affaires avec nous, mais que nous n'étions sur place que de temps en temps, que nous devrions être plus présents et plus actifs car on veut faire des affaires avec nous.
On veut casser le cartel des compagnies européennes, japonaises ou américaines. On nous considère comme un pays civilisé doté d'une expertise nord-américaine, mais sans l'impérialisme américain ni le colonialisme européen. Il faut capitaliser sur cela maintenant car d'ici quelques années, lorsque la Chine s'infiltrera dans ces pays pour les dominer complètement, on n'aura plus l'occasion de le faire. Il faut s'établir là-bas dès maintenant et avoir une relation assez forte pour pouvoir réaliser des gains à l'avenir pour le Canada, nos employés et les investissements canadiens.
Je ne veux pas trop prolonger mes remarques, mais je dois dire qu'on a vécu des situations très difficiles. L'une d'elles s'est produite à Oman.
[Traduction]
À Oman, à une époque, nous avions obtenu un contrat pour l'un des projets, et Exxon a fait tout un chahut avec l'appui du gouvernement américain. Nous avons fini par perdre le projet. Il valait plusieurs millions de dollars, des centaines de millions, près d'un milliard. Nous aurions bien apprécié d'avoir l'appui de notre gouvernement. Parfois, cela ne s'arrête pas à l'ambassadeur; il faut aller beaucoup plus haut. Nous aimerions bien voir notre premier ministre ou des ministres là-bas souvent, en train de promouvoir nos produits. Nous pouvons lutter contre les compagnies, mais pas contre les gouvernements. Nous avons besoin de vous pour lutter pour nous contre les gouvernements; nous ne pouvons le faire nous-mêmes. Nous sommes prêts à nous battre et à affronter d'autres compagnies, mais nous ne pouvons faire concurrence à la France avec un taux d'impôt de 25 p. 100. On ne peut faire concurrence avec l'Angleterre avec sont taux de 30 p. 100, quand notre impôt est de 32 à 39 p. 100. On ne peut faire concurrence au Japon dont le un taux est de 30 p. 100 mais en plus, ils ont toutes sortes d'incitatifs que nous n'avons pas.
Du côté des impôts, nous avons aussi un crédit pour impôt étranger. Ils ont ce qu'ils appellent des impôts territoriaux; ils ne paient pas d'impôt s'ils font affaires dans ces pays. Nous devons payer ce coût supplémentaire pour nous, et c'est vraiment dur pour nos affaires.
Nous devons étudier toutes ces questions. Nous sommes ici aujourd'hui pour participer à cette discussion. J'ai ouvert beaucoup de portes sur des thèmes dont nous pouvons discuter. Je peux vous donner certains avis.
Nos activités, actuellement se chiffrent à près de 3 milliards. Je ne sais pas si beaucoup d'entre elles, en fait, sont pour SNC-Lavalin. Le marché, là-bas est phénoménal. Nous n'avons qu'une petite place sur ce marché comparativement aux grandes compagnies internationales qui font affaires là-bas. Elles sont en tête de file, elles font des affaires se chiffrant à des milliards et des centaines de milliards de dollars. Il nous faut y être aussi, amener d'autres compagnies canadiennes sur ce marché, les aider à pénétrer le marché et s'y établir.
Merci beaucoup.
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C'est une question difficile, mais néanmoins extrêmement pertinente. Je ne doute pas qu'il y ait de nombreux facteurs, mais je dirais tout de même que le plus fondamental est tout simplement le manque de ressources.
Tout d'abord, je pense qu'il faut faire l'analyse que nous faisons -- et qui a été faite auparavant -- de ce que sont nos priorités. Des priorités ont été établies. La région du golf en particulier a été déclarée comme l'une des 10 plus grandes priorités, mais pas à l'échelon inférieur; je pense que ce sont les pays de l'échelon inférieur, jusqu'à maintenant, qui ont reçu les ressources.
Ce n'est pas le cas d'autres pays, cependant. Je pense que chacun de nos partenaires commerciaux est en négociation active d'accords de libre échange avec le CCG actuellement. De fait, pour l'Union Européenne, il y a toujours des cas pierres d'achoppement, mais s'ils parviennent finalement à en signer un, ce serait la première fois qu'il y aurait un accord entre deux blocs économiques, et ceci, à mon avis, aurait une énorme importance historique.
Les États-Unis ont adopté une approche différente. Ils ont opté pour une série d'accords bilatéraux. Ils en ont un avec Qatar. Je crois qu'ils en ont avec le Oman et la Jordanie, et avec d'autres grands pays aussi, mais le CCG a maintenant réagi contre cela et a déclaré qu'il ne concluera plus d'accords bilatéraux; il faudra que ce soit des accords avec le groupe dans son ensemble. L'Australie a courtisé très activement les ÉAU en particulier, mais après que cette décision ait été prise, elle entame maintenant des négociations avec le CCG, la Chine, l'Inde, Singapour et d'autres. Il y a un obstacle tarifaire de 5 p. 100 qu'applique la zone économique commune du CCG, mais dans ce marché compétitif, cela suffit à désavantager nettement les Canadiens.
En ce qui concerne les accords de protection de l'investissement étranger et d'autres, très franchement, je ne sais pas pourquoi ils n'ont pas eu la priorité parce que, comme je suis sûr que Dwain vous le dira, l'investissement de Nexen au Yémen est exceptionnel. Les opérations de SNC-Lavalin, de CAE aux ÉAU -- tout ceux-là, je pense, mériteraient les avantages qu'offrent ces types d'accord.
Les accords de service aériens sont une autre question importante. Nos politiques ont été différentes de celles d'autres, bien qu'à ce que j'ai compris, le gouvernement est en train de changer rapidement d'avis sur la question. L'Australie a adopté une approche ciel ouvert pendant les quatre ans où j'étais aux ÉAU. Il y a maintenant, je pense, plus de 60 vols par semaine entre l'Australie et les Émirats Arabes Unis; il y a trois vols par semaines vers le Canada, avec escale à Bruxelles. Ce n'est pas parce que la ligne aérienne qui dessert cette région ne montre pas d'intérêt. De fait, elle demande à grands cris d'avoir cette chance, mais on ne lui a pas donné l'accès qu'elle demande.
Dans tout cela, bien entendu, dans les accords commerciaux et les accords de service aériens, il y a des gagnants et des perdants, mais le cas de l'Australie est intéressant parce que leurs relations commerciales ont connu une expansion astronomique à quasiment tous les points de vue -- non seulement dans les chiffres de commerce direct, mais en termes de visiteurs, d'afflux d'investissements, d'intérêts éducatifs, etc. Tous ces éléments sont reliés.
La réponse à votre question -- et je m'excuse si elle est longue -- c'est qu'il nous faut seulement établir ceci comme une priorité, et munir nos ministères négociateurs des ressources nécessaires pour avancer et mettre ces accords en place.
J'ajouterais une petite chose, d'après les observations d'autres personnes et les miennes, nous avons tendance à aborder ces choses de façon plutôt compliquée. Il nous serait utile à tous de pouvoir simplifier nos accords et peut-être les adapter à différents marchés, et je crois que le ministère étudie activement cette possibilité.
C'est une question d'urgence et du coup de pouce nécessaire pour faire avancer les choses, plutôt que de volonté collective ou de comprendre ce qu'il faut faire.
Merci.
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Je peux parler pour Nexen.
Quand nous étions en mission au Maghreb, en Afrique du Nord, une des choses qui nous a frappés a été de constater la part de marché du blé dur que nous perdions au profit des Américains. En nous promenant et en parlant aux gens, nous avons demandé ce qui faisait que nous ne pouvions pas compétitionner. En vertu des accords bilatéraux avec plusieurs des pays, parce qu'il y a un certain avantage commercial et un certain pourcentage de réduction de tarifs en conséquence de ces accords bilatéraux avec les États-Unis, il est très difficile pour le blé dur canadien de trouver son chemin sur ce qui était auparavant un marché qui était exclusif au blé dur canadien parce que c'est un produit supérieur. Il se pourrait que le blé dur canadien parvienne sur ce marché par l'entremise des États-Unis maintenant.
Cela étant dit, j'ai l'impression que ces accords bilatéraux, seraient très simples. Je pense que nous avons des accords passe-partout qu'on peut modifier très rapidement, mais nous ne sommes pas assez flexibles, et quand il s'agit de commerce et de relations commerciales, ou de la façon d'appuyer nos compagnies, nous n'agissons pas aussi rapidement que la Chine ou la France, ou bien d'autres pays.
J'ai un autre bon exemple, et j'en parle avec une certaine trépidation, parce qu'il s'agit de notre propre compagnie. Nexen est au Yémen depuis 1993. Nous avons produit un milliard de barils de pétrole. Le cours actuel du baril est de 50 dollars, mais en moyenne, ça peut être 35 dollars, donc nous avons produit pour 35 milliards de dollars dans un très petit pays. Nous représentons environ 30 p. 100 du PIB du pays.
Nous avons demandé au gouvernement fédéral pendant dix ans d'avoir une présence au Yémen. Nous avons 1 000 employés. Des centaines d'entre eux — Ted, vous devez le savoir, puisque vous prenez souvent l'avion avec eux à Calgary. Tout d'abord, il n'y a pas de lien aérien direct. Il n'y a pas d'ambassade du gouvernement fédéral; il n'y a pas de représentation, même si le Yémen a une ambassade au Canada depuis huit ou dix ans. C'est ce genre de choses que le Yéménites perçoivent comme un manque d'intérêt de la part du gouvernement, en plus du fait qu'aucun ministre n'est allé là-bas ni n'a affiché le moindre intérêt.
Je ne pense pas que nous soyons conscient de l'image que nous projetons dans le monde. Ce que nous disons être trop occupés pour faire est perçu par eux, au mieux, comme une façon de les ignorer et, au pire, de les insulter. Je pense que c'est un véritable problème. Peut-être qu'il pourrait être très utile aux travaux du comité de se joindre à certaines missions commerciales qui vont dans ces régions du monde.
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Il n'y en a pas à Oman. Il y en a aux Émirats arabes unis et en Arabie saoudite. À Bahreïn, il n'y en a pas non plus. Il y en a au Koweït. Cela constitue vraiment un désavantage énorme pour nous. Je vous donne un exemple. Quand on présente une soumission, c'est très important qu'on visite le pays mais aussi que l'ambassadeur le visite, que le ministre le visite.
M. Serge Cardin: Pourquoi?
M. Paul Mariamo: Il y a encore une mentalité de tribu dans ces pays. C'est toujours le leader du pays, du gouvernement, qui gouverne tout, qui dirige tout, qui donne tous les ordres. Sans son accord ou sa bénédiction, rien ne marchera, surtout en ce qui touche les grands projets. Il ne me répondra pas, ni à mon boss, ni à mon président, mais si un premier ministre arrive, il fera le travail avec lui.
Pour répondre à votre question, je dirai qu'il n'y a pas assez de représentation. S'il y en a, elle n'est vraiment pas adéquate. On demande souvent de l'aide, et il y a deux ou trois personnes dans les ambassades. Il n'y en a donc pas assez pour nous soutenir et travailler avec nous. C'est nécessaire afin de nous ouvrir les portes et de nous permettre de rencontrer les hauts placés. On peut faire des affaires nous-mêmes, mais cette représentation du gouvernement est importante. Ils nous considèrent, comme je l'ai dit plus tôt, comme un pays ayant un gouvernement très civilisé, très avancé, et il veulent faire des affaires avec nous, mais ils se demandent toujours où on est, pourquoi on n'est pas là-bas. On n'est pas perçus comme étant actifs, comme étant intéressés à la région. Ils nous perçoivent comme étant une bunch of companies qui viennent pour faire des affaires ici et là, et saisir les occasions. Ils se disent qu'on n'est pas là pour longtemps, mais ce n'est pas le cas. Ça fait longtemps que SNC-Lavalin est là-bas. Nexen est là depuis 10 ans, 13 ans peut-être. D'autres compagnies que je connais, comme CAE et Bombardier, sont là depuis longtemps. Mais ils ne nous considèrent pas de cette façon-là et c'est un désavantage énorme pour nous, pour les Canadiens.
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C'est le genre de choses, je pense, que ce comité devrait demander aux gens qui font ce genre de travail. Je pense qu'ils pourraient vous répondre.
Je sais, en ma qualité de praticien du développement commercial dans le secteur pétrolier que quand je vais en Angola, et que nous faisons des soumissions sur des blocs en mer, nous sommes en compétition avec la compagnie pétrolière nationale de la Chine. Quand le président de la Chine vient et dit le même jour qu'il va construire des aéroports, l'infrastructure autour de l'administration portuaire, et une voie ferrée, et qu'en passant, il aimerait bien qu'ils aient un petit entretien avec la compagnie pétrolière chinoise qui l'accompagne, vous pourrez imaginer que Nexen n'a pas grand chose à dire, ni besoin de rester à la réunion pour leur parler de ces blocs pour le pétrole. C'est ce à quoi nous sommes confrontés.
Ce n'est pas seulement la Chine. La France fait pareil avec Total, au Nigéria. Quand il est question d'annulation de dette, ils ont des rencontres alors que Total est dans une pièce adjacente, dans une discussion différente. Ils ne sont pas reliés, mais il y a une ligne pointillée entre la discussion qui a lieu entre le gouvernement français et Total. C'est pareil pour la Norvège, avec Stats.
Au Canada, nous ne fonctionnons pas ainsi, et nous pouvons continuer de la même manière, mais nous sommes nettement désavantagés en tant que compagnie quand on nous dit d'aller compétitionner avec le reste du monde. Les règles du jeu ne sont pas équitables quand nous affrontons des compagnies de la Chine, de la France, des États-Unis ou de la Grande-Bretagne.
C'est ce que nous devons comprendre en tant que Canadiens et que législateurs canadiens. Si vous dites à vos compagnies d'aller compétitionner, ne prenez pas pour acquis que cela suffit pour donner des résultats. C'est beaucoup plus compliqué que cela.
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Je suis sûr que sa femme cherche le reste des rideaux.
Merci, monsieur le président, et merci à nos présentateurs. J'ai eu le plaisir d'assister au dîner que vous avez tenu la semaine dernière. L'enthousiasme pour un plus grand rôle pour le Canada rôle dans les échanges commerciaux était manifeste. Il régnait un grand enthousiasme parmi tous ces gens.
Je prends vos commentaires comme une critique constructive. Peut-être ce comité devrait-il les prendre à coeur, en ce qui concerne la manière dont nous nous engageons, en tant que députés et au niveau ministériel, pour montrer à ces gens que nous nous intéressons à eux.
J'aimerais demander à M. Lingenfelter d'étoffer un peu ses propos. Nous avons parlé de pétrole et de gaz, ici, et je pense qu'il y a des secteurs de service dont nous devrions parler. Monsieur Lingenfelter, je pense que vous avez de bonnes nouvelles à nous annoncer au sujet de votre engagement, au-delà de l'aspect commercial.
Je sais que Nexen fait des choses pour aider la population du Yémen. Et s'il y a quelque chose que bien des gens oublient, c'est qu'il y a un rôle pour SNC-Lavalin quand on s'engage, comme pour Nexen, qui va au-delà de la valeur monétaire des échanges commerciaux. J'aimerais que vous parliez un peu de ces bonnes nouvelles, et je partagerai le reste de mon temps avec M. Cannan.
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Je suis vice-président des relations avec le gouvernement, et notre ministère a créé un programme de bourses d'études au Yémen. Nous avons maintenant sélectionné 90 étudiants qui feront des études à l'université à Calgary. Après que Nexen ait fait une sélection, chaque année, 10 étudiants viendront à Calgary et l'intégralité de leurs études en vue d'un diplôme est payée par la compagnie. C'est l'une des façons que nous avons trouvée de rendre à la communauté.
À long terme, sur une période de 20 ans, 200 étudiants du Yémen pourraient venir au Canada et apprendre notre culture, et croyez-moi, nous apprenons la leur parce nous passons beaucoup de temps avec ces étudiants. Il est intéressant de constater combien notre compagnie a changé, et combien les étudiants changent quand ils viennent à nos fêtes de Noël et comprennent les célébrations des Fêtes. Il est intéressant que dans notre société, au Canada, nous pensions que pour être politiquement corrects, il faudrait ne plus célébrer des choses comme Noël, alors que ce n'est pas ce que veulent les étudiants ou les familles yéménites; ils veulent que nous pratiquions ce que nous pratiquons. Ils veulent le voir.
Ils sont venus chez moi pour un dîner de Noël. Il vous suffit d'observer 15 jeunes femmes et hommes musulmans chez vous, à Noël, et discuter avec eux de ce qu'est la chrétienté, par exemple, et qu'ils vous racontent leur religion, pour que nous en ressortions tous beaucoup plus forts et meilleurs.
Ceci va bien plus loin que la valeur monétaire. Ce n'est pas que l'argent investi n'est pas important, mais on y fait des choses merveilleuses qui, selon moi, sont à l'opposé de ce que nous essayons de faire en Irak, où nous tentons d'enseigner la démocratie en l'imposant aux gens.
Je pense qu'il y a bien mieux à faire. Les Canadiens peuvent jouer un rôle beaucoup plus grand et plus important si nous nous engageons plus. Notre programme de bourses d'études, les cliniques que nous construisons dans le pays, et les hôpitaux, ont créé pour nous d'énormes possibilités de croissance en tant que compagnie. Nous voudrions seulement que le gouvernement canadien soit là, au Yémen, partie intégrante de cette expérience, plutôt que d'attendre que le pays devienne non viable. S'il devait devenir un État non viable comme l'Afghanistan ou l'Irak, alors ce n'est pas question d'argent.
On ne pense pas beaucoup à investir 100 millions de dollars en Afghanistan après que le pays soit devenu non viable, mais qu'en est-il d'un programme préventif, un modèle de bien-être pour la démocratie, pour sauver les pays qui essaient, qui déploient des efforts, comme bon nombre de pays de l'Afrique et du Moyen-Orient, actuellement?
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Je veux d'abord souligner une chose, au cas où j'ai été mal compris. Les ambassades nous aident. Elles n'ont pas suffisamment de personnel, mais où qu'elles se trouve, elles nous donnent toute l'aide dont nous avons besoin. Je voulais simplement le rappeler.
Au sujet des accords bilatéraux, il n'est pas facile de faire des affaires au Moyen-Orient à moins d'avoir établi de bonnes relations personnelles avec les gens de cette région. Il faut souvent leur rendre visite, prendre le café avec eux et éventuellement parler affaires. Ce n'est pas comme en Amérique du Nord ou un contrat se négocie, puis est signé.
C'est du pareil au même avec les politiciens. Il faut établir des relations avec eux, le premier ministre avec le dirigeant de ce pays. Se lier d'amitié avec lui afin qu'il puisse exercer des pressions et accorder des contrats aux entreprises canadiennes.
En cas de possibilité d'un accord bilatéral, dans des secteurs où il est possible de mettre à disposition son savoir-faire, il faut se concentrer là-dessus, renforcer les relations qui permettraient de transférer de la technologie du Canada aux EAU, par exemple dans le secteur pétrolier ou l'éducation. Il faut choisir deux ou trois domaines dans lesquels nos concurrents ne se sont pas distingués.
Nous avons décrocher des contrats dans cette région. Je sais que le Qatar a ouvert des universités et que ce pays a annoncé un investissement important dans l'éducation pour copier Dubaï d'une certaine façon. Dubaï n'a pas encore investi dans l'éducation.
Pourquoi ne pas proposer quelque chose de ce genre dans des accords bilatéraux avec le Qatar pour commencer puis développer cela si possible? Faisons-en l'expérience d'abord dans le cadre d'un de ces accords bilatéraux, avec un pays ou avec l'ensemble du CCG. Comme M. Hutton l'a dit, nous devons le faire avec le CCG maintenant. Nous pourrons par la suite envisager toutes sortes d'accords de libre-échange.
Je ne sais pas si j'ai bien répondu à votre question, mais c'est comme ça que je vois les choses. Je ne crois pas que cela se fera d'un seul coup. Nous devons d'abord établir des relations avec le gouvernement. Peut-être faudra-t-il que le gouvernement, que le premier ministre se rende là-bas pendant quelques années en vue d'établir cette relation. Mais, il faudra quand même que nous fassions quelque chose. C'est encore le premier ministre du Canada qui représente le Canada. Peu importe le parti auquel il appartient, il représente encore le Canada. S'il établit des relations, ce seront des relations à long terme.
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Je pense devoir dire immédiatement que je n'y suis pas arrivé. Ce sont les entreprises canadiennes qui y sont arrivées. La situation à Dubaï et dans les Émirats arabes unis est relativement unique. Ces pays ont diversifié leur économie dans pratiquement tous les secteurs. ils y arrivent, par exemple, en faisant des Émirats une plaque tournante du transport, un entrepôt pour ce marché de 1,5 milliard de dollars, qui inclut le sous-continent et même la Russie.
Une de mes anecdotes préférées est celle d'un agent de VTT à qui on avait expédié par erreur un motoneige d'Amérique du Nord et qui se plaignait des problèmes qu'il aurait pour le retourner. Il a donc décidé de l'exposer dans sa salle comme objet de curiosité. Or, le jour suivant, deux clients s'arrachaient le motoneige. Il n'avait même pas de prix. Maintenant, chaque année, il vend deux douzaines de motoneiges à Dubaï.
Nous avons même organisé avec la Canadian fur auction un salon de la fourrure qui a connu un grand succès.
C'est un environnement extraordinaire. Dubaï est devenu un centre d'expositions qui ressemble beaucoup à l'Allemagne. Les très grandes foires qui se tiennent là-bas gagnent en importance grâce à leur centre du commerce. Les Canadiens commencent à venir. C'est une façon très efficace de s'introduire dans le marché et, très honnêtement, les entreprises canadiennes qui réussissent attirent dans leur sillage d'autres entreprises canadiennes. Je ne peux rien ajouter aux propos de mes collègues: nous assistons à une réaction en chaîne.
La question soulevée par les députés ce matin — je parle en mon nom personnel, si vous me le permettez — est très critique. Nous devons faire quelque chose dans le domaine de la sensibilisation. Nous devons sensibiliser le Canada au fait que cette région est très importante pour notre pays, que les Canadiens peuvent y faire des affaires et établir des relations, non seulement économiques, mais aussi sociales. Nous devons convaincre nos journaux et les citoyens qu'il faut payer un prix pour faire des affaires, que lorsqu'un député, un ministre ou un représentant du gouvernement voyagent dans ces pays, le rendement sur le prix des billets d'avion est considérable, et votre rôle dans le développement des entreprises est important.
Je ne crois pas qu'il y ait d'autres pays au monde aussi durs que le nôtre envers les politiciens et les ministres qui font en fait un travail très astreignant: ils prennent l'avion pour aller au bout du monde et rencontrer deux ou trois cents personnes dans des délais très courts. Ces propos n'engagent que moi.
Si vous me le permettez, je vais illustrer le point que vous avez soulevé, je crois. Une société, InterHealth Canada, qui a participé à l'une de ces expositions, a construit un hôpital à Abu Dhabi. Ce contrat a été extrêmement fructueux. Grâce à cet hôpital, où travaillent des médecins canadiens et qui est le premier hôpital conforme aux normes canadiennes situé à l'extérieur du Canada, les Émiriens restent aux EAU pour se soigner au lieu d'aller dans des cliniques telles que la clinique Mayo ou d'autres cliniques. Cet hôpital emploie un personnel médical d'environ 300 personnes. À l'une des foires commerciales, il y avait une société canadienne de Toronto, qui vendait les tenues pour chirurgien et les vêtements médicaux que portent les médecins et les infirmières. cette société a signé un contrat de un million de dollars aux EAU, ça a commencé à l'hôpital Sheikh Khalifa puis dans d'autres hôpitaux, parce que ces vêtements étaient utilisés par les médecins canadiens au Canada et pouvaient être lavés entre 100 et 150 fois alors que les vêtements fabriqués dans le sous-continent et qui sont habituellement achetés se détériorent après cinq ou dix lavages. Qui aurait pensé qu'un fabricant de vêtements canadiens aussi simples qu'une blouse d'un médecin aurait connu un tel succès.
On retrouve ce genre de réussites dans l'éducation. Le Southern Alberta Institute of Technology a décroché un contrat aux EAU pour assurer la formation dans l'industrie pétrolière. De ce contrat a découlé un autre contrat accordé à une société albertaine pour fabriquer un simulateur d'une exploitation pétrolière. Ce contrat était d'une valeur de un million de dollars.
Ce que nous devons faire comprendre, c'est qu'il faut une approche globale. Il s'agit d'un effort collectif et nos sociétés semblent être extrêmement compétitives. C'est de gouvernement à gouvernement que nous ne sommes peut être pas compétitifs et c'est le point soulevé ce matin.
Je vous remercie.
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Je crois que c'est une bonne question. Lorsqu'il s'agit de voyager, je regarde toujours ce que nous faisons normalement dans la vie. Un député mesure très bien combien l'importance de connaître les gens de la rue principale de sa circonscription. Cet exemple peut être utilisé aussi pour la rue principale au Yémen ou celle à Dubaï. Si vous n'y êtes pas et que quelqu'un d'autre y est, vous allez perdre.
Il s'agit d'un très simple exercice de la nature humaine, le commerce international est un art très simple. Ce qui compte, c'est le nombre de fois que vous êtes là-bas, ce que vous offrez et s'ils ont besoin de vos services. Dans ma société, qui fait du commerce international, si je reste à Calgary à attendre que les gens viennent me voir, je ne ferai aucune affaire et je perdrais mon emploi — et je mériterai de le perdre puisque que je ne ferai pas ce que je suis supposé faire pour travailler dans le développement du commerce international.
Le comité doit adopter cette attitude. Quels que soient les critiques, votre rôle consiste en partie à éduquer le public. Nous pouvons vous aidez, mais nous devons être en mesure non seulement de défendre ce que vous faites, mais de célébrer les réussites accomplies par les députés et les ministres ou celles du premier ministre lorsqu'il fait ce genre de visite.
Juste un dernier commentaire au sujet du Yémen, il y a deux ans, me semble-t-il, nous avons invité les trois ambassadeurs ou les trois représentants — vous, David, David Viveash, qui était alors ambassadeur en Libye et Graham Rush — à venir au Yémen. Deux députés les ont accompagnés, un libéral et un conservateur. Nous avons rencontrer le président du Yémen. Nous avons pu voir le président du Yémen car nous avions deux députés avec nous. Quand nous sommes entrés dans la salle, puisque les libéraux étaient au pouvoir, le représentant s'est assis à côté du président. Notre ami conservateur qui venait de Calgary s'était assis au fond de la salle et le président Salih a demandé où était l'autre député. Nous lui avons dit qu'il était de l'opposition, le président a dit : « Non, c'est un député. Qu'il vienne s'asseoir à côté de moi ». Cela voulait tout dire.
Il ne s'agissait pas d'un ministre important ou du premier ministre. Il s'agissait de deux simples députés. Je crois donc de ne pas sous-estimer l'importance de chacun d'entre vous pour éduquer le public et ses collègues, mais aussi pour effectuer de nombreuses missions de ce genre et aider les entreprises à décrocher des contrats.
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Je pourrais peut-être faire un commentaire, mais David et Paul voudront probablement dire aussi quelque chose.
Nous avons exercé des pressions, de fortes pressions. Le seul obstacle que nos pressions ne nous ont pas permis de franchir, cela depuis plusieurs années —, c'est que nous pouvons faire beaucoup plus avec le même montant d'argent. Si un bureau va être ouvert dans un pays, il faudra en fermer un autre ailleurs.
Encore de fois, j'aimerais penser que dans le monde des affaires, ce qui compte c'est bâtir. Il n'est pas logique d'aviser le personnel au ministère des Affaires étrangères, dans tous les budgets, que s'ils vont ouvrir un bureau quelque part, il faudra en fermer un ailleurs. Nous devrions demander leur vitesse de croissance. Le budget d'un commerce augmentera proportionnellement en fonction de la vitesse de la croissance du commerce. Mais ce n'est pas le point de vue du gouvernement du Canada sur cette question.
Pour le gouvernement ne considère pas que c'est un investissement. C'est presque un programme social. Voici, on vous donne tant d'argent et vous êtes libres de l'utiliser dans le monde à votre guise. Mais il n'y a habituellement pas de récompense en cas de réussite. C'est un problème fondamental qui doit changer si le ministère des Affaires étrangères veut avoir le budget dont il a besoin pour faire ce que les affaires exigent. C'est un obstacle; les pressions que nous avons exercées sont demeurées vaines à ce jour.
Il faut augmenter le budget et récompenser la réussite. Si une entreprise prospère dans une région, alors ce budget devrait automatiquement être augmenté en conséquence. Pourquoi? Parce que le rendement sur cet investissement, qui est mesurable, retourne directement aux contribuables canadiens.
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Merci, monsieur le président.
Je remercie les témoins d'être ici aujourd'hui.
Je suis un petit entrepreneur. L'une des raisons pour lesquelles je me suis lancé dans la politique était que bien que le Canada ait enregistré une excellente croissance économique ces treize dernières années, je pense que nous avons aussi raté un nombre considérable d'opportunités. C'est l'une de mes plus grandes frustrations en tant qu'exploitant d'une petite entreprise. Je regarde autour de moi et je réalise que même si le réfrigérateur ou le verre d'eau sont à moitié plein, notre pays aurait pu s'enrichir davantage.
Vous avez parlé de certaines de ces choses aujourd'hui, en termes d'occasions manquées et la situation dans laquelle nous nous trouvons, que ce soit dans le commerce, etc. J'ai étudié des pays comme l'Australie ou ils approchent plusieurs marchés différents alors que c'est pratiquement le même genre de pays que le nôtre. il semble que les Australiens font plus de choses que nous, qu'ils sont plus proactifs.
Je ne serais d'accord que sur ce point avec mon collègue du NPD. Nous ne devrions pas seulement compter sur nos ressources. Nous devrions chercher d'autres intrants à valeur ajoutée que nous pourrions expédier. Je crois que notre pays a pris certaines de ces mesures.
J'ai entendu deux témoins en parler, M. Lingenfelter, et vous avez aussi parlé de « Avantage Canada ». Que vouliez-vous dire exactement en parlant de la façon que cela serait utile alors que nous allons de l'avant?
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La question de l'environnement a pris une grande importance aujourd'hui. Nous pouvons offrir beaucoup de services dans ce domaine. Les gouvernements de ces pays font preuve de plus de maturité et sont plus soucieux de l'environnement. Donc, il y a beaucoup plus de possibilités commerciales dans ce secteur. Nous avons des sociétés spécialisées dans les domaines de la protection de l'environnement et de l'agriculture. Dans des pays comme ceux du CCG qui sont en grande partie désertiques, nous pourrions peut-être introduire d'autres produits agricoles, les aider avec nos technologies, etc. Nous ne sommes pas très actifs dans la région du Golfe. Oui, nous sommes présents dans les secteurs pétrolier et gazier. Oui, nous offrons certains services, mais nous ne sommes pas très présents dans le secteur des services, comme dans les hôpitaux, dans l'éducation.
En ce qui concerne la deuxième question que vous avez posée, je pense que Dwain a donné un exemple il y a une minute concernant l'éducation de Yéménites qui deviendront éventuellement des dirigeants dans leur pays, ils se souviendront du Canada et accorderont des contrats aux entreprises canadiennes. Si nous voulons investir, investissons dans l'avenir, n'investissons pas dans le passé. Il faut investir dans l'avenir. Nous avons là un exemple parfait, nous pouvons investir dans les gens pour l'avenir en leur offrant une éducation. Si certains passent quelques années au Canada, ils retourneront chez eux en gardant un bon souvenir du Canada, ils favoriseront les entreprises canadiennes et leur accorderont des contrats. C'est ce que j'ai constaté quand je travaillais pour deux sociétés au Moyen-Orient.
Voilà donc le genre de choses que nous pourrons faire, par exemple, et décrocher des contrats dans le secteur de l'environnement pour toutes sortes de... ils sont en train de privatiser et de restructurer. Il faut qu'ils apprennent à faire cela. L'instauration de la privatisation et de la restructuration a des incidences sur la société, les gens ne sont pas habitués à cela. Tout est fait par le gouvernement.
Il y aura beaucoup plus d'entreprises privées, et nous avons une expérience qui peut les aider dans ce domaine. Nous pouvons nous occuper de la gestion, comme avec la GCCIA aujourd'hui, essayer de les aider à établir les interconnexions. Ils n'ont pas cette expérience, que se passera-t-il s'ils restructurent les organismes privés? Le secteur de l'industrie? Que va-t-il se passer? À combien vont s'élever leurs pertes? Il n'y a pas d'assurance-emploi dans ces pays.
Pendant plusieurs années, j'ai vécu en Égypte où les compagnies d'électricité égyptiennes emploient 10 000,15 000, 20 000 personnes. Ils n'ont pas besoin de tant de personnel, mais ils les emploient. Ce sont des avantages sociaux indirects ou une assurance-emploi. Donnez-leur un emploi, un salaire de 150 à 200 livres pour subsister au lieu de les laisser traîner dans les rues. Si vous favorisez ce genre d'effort, afin que le pays devienne autosuffisant économiquement, les gens ne seront pas attirés par le terrorisme ni par le fanatisme; ils s'intéresseront plutôt à l'argent, aux affaires et à améliorer leur niveau de vie.
Donc, l'éducation est un secteur dans lequel je pense que nous pouvons investir. La restructuration, la privatisation, l'orientation adéquate des politiques, les relations gouvernementales, etc., Mais il faut d'abord établir un lien de confiance avec eux, ce que nous n'avons pas, et nous devons nous conduire comme un pays du G8. Nous devons vraiment nous conduire comme un pays du G8. Le Canada est le seul pays du G8 qui a un excédent, pourtant nous ne nous conduisons pas comme si nous avons un excédent. L'Espagne nous dépasse. D'autres pays nous dépassent. nous sommes laissés derrière. Nous devons avancer comme un pays du G8 et prouver que nous en sommes un et pas que nous en faisons simplement partie. Comme Dwain l'a dit, nous avons un excédent. Investissons cet excédent pour générer de l'argent pour le Canada, générer des revenus pour le Canada, créer des emplois au Canada.
[Français]
On doit investir cet argent dans ce domaine, pas dans des domaines où on jette l'argent par les fenêtres.
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Merci, monsieur le président.
Au sujet des petites entreprises, ce qui m'a très surpris, entre autres, c'est le nombre de franchises canadiennes installées au Moyen-Orient. Par exemple, Second Cup a choisi Dubaï pour ouvrir sa première franchise à l'extérieur du Canada. Une société canadienne, FIDEL, avait une ligne de vêtements fabriqués à Montréal et connaissait un grand succès. Fruits & Passion et probablement une douzaine de franchises canadiennes se sont installées dans cette région.
Au sujet des craintes et des préoccupations liées aux affaires, ce qui tout à essentiel à mon avis, il nous revient à tous d'essayer d'en triompher. Certaines organisations qui envisageaient de faire des affaires m'ont invité à parler, devant leurs conseils d'administration, des préoccupations qu'ils avaient au sujet de leurs employés.
Même les avis aux voyageurs, s'ils ne ciblent pas un pays en particulier, émis par le ministère des Affaires étrangères peuvent influencer les gens. Il est possible que nous faisions la promotion d'une foire commerciale à Dubaï, mais si un avis aux voyageurs est émis pour toute la région, des hommes d'affaires annuleront leur voyage en raison du risque perçu ou même pour des questions de responsabilité.
Finalement, je pense franchement que nous sommes au seuil de quelque chose qui pourrait être très important. Je constate un vrai élan. Il est possible que même avant cet automne d'autres négociations soient entamées avec le CCG sur la double imposition, la protection des investissements étrangers ou peut-être même le libre-échange.
Si le comité du commerce visitait la région alors que tellement de choses sont en cours, peut-être même l'ouverture de nouvelles ambassades, le message fort envoyé aux pays de la région serait qu'il existe au Canada un engagement collectif pour augmenter notre commerce.
Je pense que nous sommes vraiment sur le point de faire quelque chose d'important dans l'année qui vient ou bien nous risquons de rater encore une fois cette occasion.
Merci.
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Merci, monsieur le président.
Je vais vous poser trois questions et vous pouvez y répondre globalement ou individuellement.
Ces questions se rapportent à celles que je vous ai posées lors de la précédente série de questions. De quelles ressources disposons-nous sur le terrain dans les pays du CCG — le nombre de délégués commerciaux? Je comprends que nous avons des ambassades en Arabie saoudite, au Koweït et aux EAU, mais je suppose qu'elles sont assez petites et ne disposent d'un personnel suffisant. À part cela, il ne semble pas que nous soyons très présents. Donc, combien y a-t-il d'employés et comment pourrions-nous ou devrions-nous augmenter le nombre des employés, et en particulier de délégués commerciaux?
En deuxième lieu, il me semble que lorsque vous parlez d'établir des relations, vous ne voulez pas dire une relation avec un seul pays. Vous avez dit que l'Australie envoie chaque semaine des représentants dans la région et qu'un comité ministériel ou parlementaire visite la région tous les quatre mois.
Au sujet du facteur temps dans l'établissement des relations, qu'est-ce qui serait à la fois réaliste et efficace au niveau des investissements que le Canada doit faire?
[Français]
Ma troisième question s'adresse surtout à M. Mariamo et porte sur la présence de la population arabophone au Canada.
Dans mon comté, l'une des populations qui croissent le plus rapidement est la population arabe. À quel point devrions-nous engager la participation des Canadiens d'origine arabe dans les liens entre le Canada et le Conseil de coopération du Golfe? Est-ce qu'ils peuvent jouer un rôle? Est-ce que le gouvernement peut jouer un rôle pour que les Canadiens d'origine arabe participent à la construction de ces liens?
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Je vais essayer de vous décrire brièvement notre présence sur le terrain.
Comme l'a dit mon collègue, nous avons des ambassades en Arabie saoudite, au Koweït et aux Émirats arabes unis. L'ambassade en Arabie saoudite est responsable du Yémen, d'Oman et de Bahreïn. Celle du Koweït est responsable du Qatar et celle des EAU est responsable des EAU. Nous avons un consulat à Dubaï ainsi qu'une ambassade à Abu Dhabi dans les Émirats arabes unis. Deux délégués commerciaux canadiens sont attachés à ce consulat, en plus d'un délégué, je suis heureux de le dire, il y a aussi deux agents de commerce recrutés localement. Il y en a un délégué commercial à Abu Dhabi, ce qui fait une total de cinq délégués commerciaux. Je crois qu'il y a un délégué commercial canadien au Koweït et un recruté localement. À Riyad, il y a deux délégués commerciaux canadiens et je me hasarderai à dire que trois ont été recrutés localement. Donc, cela fait pas mal de personnes. Mais, je peux vous assurer qu'ils vont être à bout de souffle.
Recommanderai-je un redéploiement du personnel? Je pense que l'on pourrait ajouter du personnel dans certains de ces bureaux. Un certain nombre de foires commerciales se tiennent à Dubaï. Comme mes collègues le diront, au Qatar bien évidemment et aussi au Yémen au niveau du soutien.
Puisque je ne fais plus partie du gouvernement, je peux parler en toute franchise. Nous serons peut-être obligé de décider encore une fois quelle ambassade devrait être responsable de quel pays, simplement en raison de la logistique du voyage qui a tellement changée. Par exemple, Nexen a un bureau à Dubaï, il y a donc une relation là bas. Mais ces questions sont très compliquées car elles sont liées aussi à beaucoup d'aspects politiques différents.
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SNC-Lavalin a plusieurs employés qui parlent différentes langues. Je pense que, chez SNC-Lavalin, on parle au minimum une cinquantaine de langues. Cela peut faciliter beaucoup les choses. Il ne s'agit pas seulement de parler la langue arabe ou chinoise ou une autre langue; il est aussi important de connaître la culture et les valeurs des gens pour les comprendre, pour savoir comment les approcher, pour entrer en communication avec eux.
Un jour, par exemple, quand j'étais à CAE, on avait reçu des clients égyptiens. On était en retard pour le lunch et nous avons fini par nous rendre compte que tous les sandwichs étaient au jambon. Dès que j'ai vu cela, j'ai dit: mais voyons, ils ne mangent pas de jambon. Il est essentiel de faire attention à des détails comme ceux-là.
Quand vous faites affaire avec des gens de la communauté arabe ou de la communauté chinoise et que vous parlez leur langue, cela facilite les choses. Cela vous aide à comprendre le milieu et ce qui s'y passe, surtout quand les personnes ont de la difficulté à parler l'anglais, le français ou une autre langue. Le message passera beaucoup mieux.
Depuis quelque temps, dans les pays arabes, surtout dans le Golfe, la plupart des gens sont éduqués en anglais et parlent très bien l'anglais. Il y en a plusieurs qui parlent aussi le français. On arrive à communiquer avec eux en anglais pour tout ce qui a trait aux affaires. Les mots arabes n'existent presque pas dans le langage technique. Mais quand même, vous êtes avantagé lorsque vous comprenez les gens qui parlent l'arabe. Cela vous aide à comprendre ce qui se passe là, ce que les gens pensent, quelles sont leurs arrière-pensées, etc. C'est important qu'on encourage cela du côté du gouvernement, mais du côté de notre société, on le fait tout le temps. On essaie d'assigner dans ces pays des personnes qui parlent la langue pour faciliter les choses aux clients, pour mieux comprendre leur culture, mais aussi pour mieux soutenir ces personnes qu'on envoie sur les lieux.
Par exemple, quand il faut demander à quelqu'un d'aller vivre en Chine, il est préférable de le demander à un Chinois, car ce sera plus facile pour lui. De la même manière, mieux vaut envoyer des Arabes en Égypte. Pour ce qui est des Émirats arabes unis, tout le monde veut y aller, car la vie y est formidable, mais la situation n'est pas la même dans les autres pays. Un musulman qu'on envoie en Arabie saoudite n'aura pas de problèmes, mais un Européen, un Canadien ou un Arabe chrétien qu'on enverrait là avec sa famille pour deux ou trois ans trouverait cela difficile. S'il n'y va que pour un mois ou deux semaines, il n'aura pas de problèmes, mais s'il y va pour longtemps, ce ne sera pas facile. C'est pour cette raison qu'il faut avoir un mix de personnes pour pouvoir gérer des entreprises et aider les entreprises, le gouvernement et le Canada au complet.
Je ne sais pas si j'ai bien répondu à votre question, mais je pense que c'est ce qu'on devrait faire. La culture est importante. Il faut en tenir compte.
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Si nous voulons améliorer notre réseau de transports, je pense que la solution est très simple: leur accorder les droits d'atterrissage, négociés entre deux gouvernements. Bien sûr, seuls les Émirats arabes unis me sont familiers. On offre présentement six vols par semaine, aller-retour. Le Canada n'a pas emboîté le pas, mais je crois vraiment qu'il y a là un débouché à exploiter. Je sais qu'Air Canada développait son marché indien au lieu de se concentrer sur celui du Golfe, à Dubaï et à Abu Dhabi, mais la compagnie a maintenant décidé de ne pas aller plus loin.
La porte est donc ouverte. Je sais que le Qatar et le Koweït cherchent à signer un accord aérien. Cela fait une différence de pouvoir expédier ses marchandises par avion cargo circulant dans les deux sens, et d'être en mesure d'acheminer ses biens et services en un jour seulement, plutôt que de leur faire suivre une autre route. Qui plus est, il y a un volume d'activité considérable.
Ironiquement — et ce n'est probablement pas bien connu —, le vol cargo Toronto-Bruxelles-Abu Dhabi de la société Etihad transporte majoritairement des diamants. Ces pierres précieuses passaient toutes par Heathrow moyennant des frais d'assurance élevés. Maintenant, elles empruntent une route plus directe pour se rendre à destination. Je crois que le Canada et le Koweït mènent des négociations commerciales actuellement. Royal Jordanian, bien sûr, exploite aussi des vols réguliers. Tout est une question de politique.
Si vous me le permettez, monsieur le président, j'aimerais ajouter quelques mots à propos du CCG. Ce nouveau groupe est d'une importance énorme, selon moi, pour l'économie mondiale. D'ici 2010, ses pays membres adopteront une monnaie commune. 50 p. 100 des réserves de pétrole appartiendront à un espace commercial commun. On ne sait toujours pas en quelle devise seront libellés les contrats. Si ce n'est pas le dollar américain qui est choisi, devise qu'utilisent la plupart des États membres, mais plutôt un panier de monnaies comme l'euro ou peut-être même une devise asiatique comme le yen, on assistera à une révolution majeure de l'économie mondiale.
Ce sera donc un bloc économique extrêmement influent. À mon avis, c'est une raison de plus d'être de la partie et d'établir ces ententes et relations économiques avec une puissance économique émergente.
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Oui, il y a beaucoup d'argent. C'est nous, les Canadiens, qui auraient dû réaliser ce projet. Les Canadiens sont les meilleurs en ski, n'est-ce pas? Il y a beaucoup de choses à faire là-bas.
D'ailleurs, ils ont bâti un énorme hôtel à Abu Dhabi, qui a coûté 2,5 ou 3 milliards de dirhams, je pense. Cet hôtel a été bâti pour accueillir la conférence du CCG qui a eu lieu il y a environ trois ou quatre ans. Une entrée spéciale est réservée aux représentants du gouvernement qui assistent à cette conférence. Après la conférence, cette porte demeure toujours fermée. D'autres portes sont ouvertes pour les gens. Il y a des masses d'argent à dépenser. Ils ont des surplus énormes.
Toutefois, ils ne connaissent pas très bien le Canada. Les gens qui avaient de l'argent investissaient aux États-Unis et en Europe. Après les événements du 11 septembre, ils ont commencé à rapatrier leur argent pour l'investir dans le Golfe, les pays arabes et en Afrique. Il faut capitaliser sur cela afin que les compagnies canadiennes obtiennent des projets.
On peut également les inciter à investir ici. Le Canada est perçu comme un pays paisible, où il n'y a pas de conflit, et qui n'est ni impérialiste ni colonialiste. Pourquoi ne peut-on pas les convaincre d'investir leur argent au Canada? Cela créerait des emplois.
Je vais répondre à la question que vous m'avez posée, qui portait sur la façon dont on pourrait générer des affaires ici. Ce n'est pas moi ni mes collègues qui allons faire cela. C'est le gouvernement, le premier ministre, le ministre, le gouverneur général qui le feront. Il faut les inciter à investir au Canada, qui est un pays stable. Même si on a parlé des dangers politiques dans les pays du Golfe, ceux-ci sont plus ou moins stables. Il n'y a pas eu beaucoup de problèmes depuis longtemps.
En Égypte, par exemple, il y a eu seulement trois présidents en 50 ans. C'est un pays vraiment stable. Oui, c'est un régime dictatorial, mais cela fait partie de la mentalité arabe. Ils ne peuvent pas former une démocratie telle que nous la percevons. Le mot « sultan » vient du mot arabe « sulta », qui veut dire « pouvoir ». Le sultan a le pouvoir entre les mains. Après des milliers d'années, on a voulu changer les choses. Cela n'a jamais fonctionné.
Il faut les amener ici et leur montrer que le Canada est prêt à les recevoir. Il faut leur ouvrir les portes et ils investiront ici. Ils ne connaissent pas très bien le Canada et ce qu'il a à offrir sur le plan du tourisme. Ils pourraient, par exemple, venir faire du ski, voir notre automne et ce qu'on a à offrir. On a pu le faire avec les Japonais. Pourquoi ne pas le faire avec les Arabes? Ils sont intéressés et ils ont de l'argent à dépenser. Ils voyagent en première classe, ce qui génère beaucoup d'argent pour les compagnies aériennes. Ils sont intéressés à faire de telles choses.