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La séance n
o 63 du Comité permanent du commerce international est ouverte.
Avant de commencer les travaux du comité aujourd'hui, une question exige notre attention immédiate, me semble-t-il. Plusieurs membres du comité m'ont demandé que l'on en parle au début de la réunion d'aujourd'hui.
Vous savez tous que M. Julian a présenté une motion de censure. Je sais qu'il y a eu des discussions, entre les membres du comité et dans la presse, concernant mes actions à la séance du jeudi 10 mai. J'aimerais utiliser quelques minutes pour les expliquer et les justifier du point de vue procédural.
L'article 117 du Règlement se lit comme suit:
Le président d'un comité permanent, spécial ou législatif maintient l'ordre aux réunions du comité. Il décide de toutes les questions d'ordre, sous réserve d'appel au comité. Cependant, le désordre dans un comité ne peut être censuré que par la Chambre, sur réception d'un rapport à cet égard.
Vous trouverez aussi aux pages 827, 856 et 858 de la version française du Marleau et Montpetit, les articles se rapportant au rôle du président pour maintenir l'ordre. On lit à la page 858:
En cas de désordre, le président peut suspendre la séance jusqu’à rétablissement de l’ordre ou, si la situation est jugée sérieuse au point d’empêcher le comité de poursuivre ses travaux, il peut l’ajourner.
Au cours de la réunion, le témoin, M. Laxer, a soulevé un sujet sans rapport à l'ordre du jour qui portait sur la sécurité et la prospérité. Il lui a été demandé plusieurs fois de limiter son argument dans le cadre du sujet, ce qu'il n'a pas fait selon moi.
Mes décisions ont été contestées à maintes reprises par des députés et par le témoin, tous parlaient dans le désordre. J'ai essayé de rétablir l'ordre, mais les députés de l'opposition et même le témoin m'en ont empêché. C'est aussi la deuxième fois en deux réunions sur les règles de procédure qui étaient clairement conformes au Règlement que mes décisions sont contestées. J'ai décidé à ce moment de lever la séance ainsi que m'y autorisent les pouvoirs du président, car j'avais perdu le contrôle de la réunion.
Je rappelle au comité ce qui s'est passé lors de la séance no 61 tenue le mardi 8 mai 2007. Je vous en lis le procès-verbal:
Peter Julian propose, — Que cette question soit maintenant mise aux voix.
La présidence déclare que la question ne peut être mise aux voix conformément à la Procédure et aux usages de la Chambre des communes.
Sur quoi, Guy André conteste la décision de la présidence.
La question: « Est-ce que la décision de la présidence doit être maintenue? » est mise aux voix, et la décision est infirmée.
Je vais aussi lire le procès-verbal de notre dernière réunion, la séance no 62 tenue le 10 mai 2007:
Gordon Laxer fait une déclaration.
La présidence déclare que la déclaration n’a pas de rapport avec l’ordre du jour.
Sur quoi, Peter Julian conteste la décision de la présidence.
La question: « Est-ce que la décision de la présidence doit être maintenue? » est mise aux voix et la décision est renversée.
Les membres du comité peuvent lire à la page 786 de la version française du Marleau et Montpetit que la motion proposant « que cette question soit maintenant mise aux voix », appelée aussi la « question préalable » est clairement interdite en comité plénier.
Je citerai également le paragraphe 11(2) du Règlement qui dit:
Le Président de la Chambre ou le président des comités pléniers, après avoir attiré l'attention de la Chambre ou du comité sur la conduite d'un député qui persiste à s'éloigner du sujet de la discussion ou à répéter des choses déjà dites, peut lui ordonner de mettre fin à son discours. Si le député en cause continue de parler, le Président le désigne par son nom; si l'infraction est commise en comité, le président en dénonce l'auteur à la Chambre.
Les membres du comité peuvent trouver l'application de ce règlement au comité à la page 857 de la version française du Marleau et Montpetit qui dit:
Le président peut, à sa discrétion, interrompre un membre dont les observations ou les questions sont répétitives ou n’ont aucun rapport avec l’affaire dont le comité est saisi. Si le membre en question continue de faire des remarques répétitives ou hors de propos, le président peut donner la parole à un autre membre. Si le membre en faute refuse de céder la parole et continue de parler, le président peut suspendre la séance ou l’ajourner. Tout membre du comité peut invoquer le Règlement pour attirer l’attention sur un écart à celui-ci ou à la façon dont le comité mène habituellement ses délibérations, à n’importe quel moment. Dans les cas douteux ou non prévus au Règlement, le président peut prendre sa décision en délibéré.
J'aimerais aussi inviter les membres du comité à se souvenir que peu de temps après 11 h 30 à la séance numéro 62 de jeudi dernier, j'ai rappelé à l'ordre M. Menzies qui avait posé des questions sans rapport avec le sujet du jour.
M. Laxer a été traité de la même façon. J'avais averti M. Laxer qu'il devait y avoir un rapport entre sa déclaration préliminaire et le sujet du jour. Je lui ai donné l'occasion d'apaiser mes inquiétudes, je lui ai même permis de poursuivre sa déclaration. Il n'a pas établi de rapport entre sa déclaration préliminaire sur la sécurité énergétique et le Partenariat pour la sécurité et la prospérité. Il n'a fait aucune référence de l'incidence d'une plus grande harmonisation réglementaire entre le Canada et les États-Unis. En fait, il a fait plusieurs références à des pays étrangers et il s'apprêtait à parler des importations russes de gaz naturel quand je lui ai finalement coupé la parole.
Si les membres du comité ne vont pas respecter le Règlement, je ne pourrai donc pas, en tant que président, assurer que le comité remplira adéquatement le mandat que lui a conféré la Chambre. Le comité ne peut pas se permettre de choisir les règlements qu'il souhaite respecter sur une base sélective. Le Règlement est tel qu'il est parce qu'il a prouvé qu'en le respectant le Parlement fonctionne bien. Des exceptions peuvent apparaître de temps à autre qui exigent que nous nous détournions du Règlement, mais seulement dans des cas exceptionnels.
Les deux cas récents durant lesquels mes décisions ont été contestées n'exigent certainement pas que l'on se passe du Règlement. Étant donné que le comité ne s'est pas conformé au Règlement et en raison du désordre qui a régné dans la salle, j'avais décidé que je ne pouvais plus contrôler les délibérations. Par conséquent, j'ai fait la seule chose que je pouvais faire, celle de lever la séance.
Suite à cela, M. Julian propose maintenant une motion de censure à mon égard et j'assume l'entière responsabilité de mes actions. Je n'ai aucune hésitation à les défendre pour les raisons que je viens de mentionner.
J'estime que tant que cette question de confiance n'est pas résolue, le comité ne peut pas continuer ses travaux, car ce serait idiot de le faire si une question de confiance plane au-dessus de nos têtes.
Par conséquent, je vous demande, monsieur Julian, si vous allez proposer votre motion maintenant afin que nous puissions régler cette question une fois pour toutes. Monsieur Julian.
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Merci, monsieur le président.
Je voulais évoquer le rapport exhaustif fourni par la Bibliothèque du Parlement à tous les députés à la demande du comité. Il s'agit des 33 pages préparées par M. Johansen en février 2001, qui ont été révisées en 2002 et une fois de plus en mai 2007, et qui portent sur les prélèvements massifs d'eau et sur la loi canadienne.
Il illustre encore plus dans mon esprit les raisons pour lesquelles cette motion est irrecevable, parce que nous dépassons les limites du mandat du comité, entre autres. Je crois que ce qui frappe le plus dans la motion, c'est qu'elle demande au gouvernement d'ouvrir des pourparlers sur l'eau.
Je crois qu'il a été clairement affirmé que le gouvernement n'a aucune intention d'ouvrir des négociations sur l'eau. La déclaration de 1993 a été précisée par les trois dirigeants des gouvernements du Canada, des États-Unis et du Mexique, les instances supérieures. Le Traité des eaux limitrophes internationales a été clairement indiqué et M Cardin a eu l'occasion de le consulter. J'ai un compte rendu des questions posées par M. Cardin au ministre Emerson à la Chambre. M. Emerson a déclaré clairement que la loi canadienne prévoit dans l'ALENA que l'eau dans son état naturel n'est pas couverte par l'ALENA.
Ce qui me paraît le plus intéressant de la part de M. Cardin, c'est qu'il veut que le gouvernement fédéral négocie les droits du Québec et d'autres provinces à protéger leurs eaux alors que ces droits sont déjà garantis par le Traité des eaux limitrophes internationales.
Je suppose que ce qui me préoccupe encore plus c'est que la demande de négociations sur l'eau mettra en péril nos eaux. Je peux dire que c'est quelque chose que notre gouvernement n'est tout simplement pas prêt à faire.
Finalement, je trouve ironique que le député du Bloc veuille que le gouvernement fédéral retire des pouvoirs provinciaux de sa propre autorité, qui recherche la souveraineté dans la province. C'est tout simplement insensé et je n'appuierai pas la motion.
Merci, monsieur le président.
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Merci, monsieur le président.
Le rapport de la Bibliothèque du Parlement indique très clairement ce qui a toujours été la préoccupation. Si les membres du Parti conservateur avaient vraiment écouté les témoins, ils auraient compris ce qu'était le problème.
Un extrait de The North American Free Trade Agreement: A Comprehensive Guide commence à la page 7 et décrit le problème. Voici la dernière phrase de cet extrait: Lorsqu'une ressource est exploitée en étant extraite ou exploitée, elle devient un produit et est assujettie aux dispositions de l'ALENA.
Donc, en pratique l'eau n'est essentiellement pas un produit, maintenant, tant que les exportations en vrac ne commencent pas. Dès qu'il y a des exportations en vrac, l'eau est assujettie à l'ALENA. C'est ce qui a toujours été indiqué très clairement dans les témoignages. L'eau n'est pas protégée par l'ALENA. Si l'eau devient un produit, essentiellement une ressources extraite ou récoltée, elle est alors assujettie à l'ALENA.
[Français]
Alors, quand revient cette question de la compétence du Québec, le problème... Si une autre province, comme Terre-Neuve et Labrador ou la Colombie-Britannique, décidait d'exporter de l'eau, cela aurait un effet sur toutes les provinces. C'est la raison pour laquelle je crois que la motion de M. Cardin est très valable pour l'ensemble de la fédération canadienne. Si on exporte de l'eau, l'eau devient alors un produit touché par l'ALENA. C'est la raison pour laquelle on pense que cette motion est valable et importante. On a ajouté quelques petites améliorations et on espère qu'effectivement, on aura l'appui des quatre partis présents à cette table, au moins de ceux qui comprennent la dynamique et les répercussions auxquelles on doit s'attendre une fois que les exportations auront commencé.
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Merci, monsieur le président.
Dans le rapport qui nous a été présenté par la Bibliothèque du Parlement, un élément est évident et saute aux yeux. C'est qu'il y a plusieurs sources d'inquiétude. S'il y a des sources d'inquiétude, c'est parce qu'il est prouvé qu'on ne peut pas, de façon absolue, être convaincus que l'eau ne peut pas devenir un produit commercial et, donc, être couvert par l'ALENA.
Quant on dit que l'eau est exclue de cet accord, on parle de l'eau à l'état naturel. Mais l'eau à l'état naturel, c'est l'eau qui coule, qui se trouve dans son bassin, c'est évident. Mais dès qu'elle n'y est plus, ce n'est plus de l'eau à l'état naturel. Toutes les possibilités d'exportation obligatoire sont donc présentes. On note aussi à la dernière ligne de la conclusion du rapport:
Le débat entourant les prélèvements massifs d'eau, d'exportation d'eau et l'ALENA continuent. La population et plusieurs organismes crédibles ne sont pas certains non plus que l'eau ne finira pas par être un produit dont on peut faire le commerce et, donc, sous la portée de l'ALENA.
Si les députés du gouvernement sont persuadés qu'il n'y a aucun problème, alors pourquoi ne pas demander que l'eau soit formellement exclue de la portée de l'ALENA?
Vous constaterez également que c'est précisé dans la motion. On recommande bien sûr au gouvernement:
« [...] d'entamer rapidement des pourparlers avec ses homologues Mexicain et Américain afin d'exclure l'eau de la portée de l'ALÉNA [...] »
Le texte dit bien « l'eau », et non pas « l'eau à son état naturel », parce que cela fait toute la différence. On ne peut pas se permettre d'être obligés, un jour, d'exporter de l'eau. L'eau est plus qu'une ressource naturelle, c'est une ressource essentielle. Un jour, peut-être qu'elle nous donnera l'occasion de sauver des vies, mais sans qu'il y ait nécessairement une obligation de l'exporter de quelque façon que ce soit. Évidemment, on ne peut pas exporter l'eau à l'état naturel. Mais dès qu'elle est sortie de son bassin, l'eau devient un produit exportable.
Pour ce qui est des eaux limitrophes, je conviens que c'est différent, mais ce sont des eaux limitrophes. L'eau dont on parle dans ma motion est celle présente dans l'ensemble du territoire. Il ne s'agit pas seulement des eaux limitrophes. Les eaux limitrophes sont donc une chose, alors que l'eau dans le territoire complet du Canada et du Québec, c'est autre chose.
J'aimerais faire un commentaire à M. Cannan. Présentement, c'est le Canada qui participe aux discussions de l'ALENA, mais le jour où le Québec sera souverain, on protégera nos ressources nous-mêmes. En attendant, je pense qu'il est bon de les protéger pour le bien de l'ensemble de la population du Canada.
Monsieur le président, on peut donc procéder au vote sur la motion. Merci.
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Bon, si les témoins pouvaient se présenter, nous aborderons les questions dont nous sommes saisis.
Il nous reste encore une heure avec les témoins. Ce n'est pas beaucoup, mais nous avons hâte d'entendre leurs exposés.
Nous poursuivons notre étude sur l'appareil gouvernemental et la mise en oeuvre de la politique commerciale du Canada, en examinant les divers ministères et organismes, etc. qui traitent du commerce dans le gouvernement du Canada.
Nos témoins sont Eric Siegel, président et chef de la direction, Commerce international, Exportation et développement Canada, John McBride, président et Marc Whittingham, vice-président, Stratégie et développement organisationnel de la Corporation commercial canadienne; Edmée Métivier, vice-président exécutive, Financement et consultation et Jacques Simoneau, vice-président exécutif, Investissements de la Banque de développement du Canada.
Nous entendrons un exposé de chaque groupe dans l'ordre indiqué en commençant par Exportation et développement Canada.
Monsieur Siegel, vous avez huit minutes au maximum. Nous attendons avec beaucoup d'intérêt votre exposé d'aujourd'hui.
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Merci beaucoup, monsieur le président. Je suis content de comparaître de nouveau devant le comité.
[Traduction]
Ce comité étudie la manière dont l’appareil gouvernemental dessert les entreprises canadiennes en ce qui concerne les services d’investissement et de commerce international. Je me réjouis d’avoir l’occasion de partager avec vous mes observations sur notre situation actuelle et sur notre orientation pour l’avenir. Je serai heureux de recevoir vos commentaires et vos conclusions, et de les intégrer dans nos propres recherches et dans notre planification.
S’il y a un point sur lequel tous les membres du comité s’entendent, c’est sur l’importance du commerce international pour la prospérité du Canada. EDC joue un rôle de premier plan dans la vitalité des échanges commerciaux du Canada. Pour être efficaces, nous devons entretenir des liens solides avec nos partenaires de Commerce international Canada, tant ici qu’à l’étranger, ainsi qu’avec nos sociétés sœurs, comme la Corporation commerciale canadienne et la Banque de développement du Canada, deux sociétés d’État qui ont les mêmes intérêts que nous.
Si vous le permettez, j’aimerais revenir brièvement sur notre rendement de 2006. Si l’on combine nos services d’assurance et de financement, nous avons dépassé l’an dernier les 66 milliards de dollars. Nous avons appuyé plus de 6 000 entreprises canadiennes de toutes les tailles, de tous les secteurs industriels et de tous les coins du pays. Nous avons aidé ces entreprises à faire des affaires dans 184 marchés internationaux. Près du quart de notre volume, soit 15,2 milliards de dollars, a été investi dans les marchés émergents. Ces marchés riches en opportunités sont aussi plus risqués, mais les entreprises canadiennes savent qu’elles doivent y accroître leur présence pour demeurer concurrentielles.
À l’heure actuelle, EDC participe à 30 p. 100 des échanges canadiens avec les marchés émergents, mais l’on s’attend à ce que ce pourcentage augmente vu l’intérêt grandissant des entreprises canadiennes pour ces marchés. Les entreprises canadiennes font principalement affaire avec le Brésil, la Russie, l’Inde, la Chine et le Mexique en raison de leurs taux de croissance, de leur importance dans les chaînes d'approvisionnement et de leur pertinence pour ce que le Canada a à offrir.
En 2006, le volume d’activités d’EDC dans ces cinq marchés émergents a totalisé plus de 6,8 milliards de dollars, ce qui représente une hausse de 26 p. 100 par rapport à 2005. La croissance a été particulièrement marquée au Mexique, en Russie et en Inde. Notre volume d’activités au Mexique a augmenté de 60 p. 100 et a atteint 2,6 milliards de dollars; en Russie, nous avons un volume de 750 millions de dollars, ce qui équivaut à une augmentation de 50 p. 100, et en Inde, notre volume s’est élevé à 730 millions de dollars, soit presque le double qu’en 2005. Au total, on estime que les transactions facilitées par EDC en 2006 auront généré 44,6 milliards de dollars, soit environ 3,9 p. 100 du PIB du Canada. Toute cette activité contribue au maintien de 546 000 emplois.
EDC est un élément pivot au sein du portefeuille gouvernemental du commerce international. Nous fournissons des services de financement et de gestion des risques aux exportateurs et aux investisseurs canadiens, en plus d’appuyer les activités promotionnelles de Commerce international Canada et d’autres parties intéressées. Notre responsabilité à l’égard des services financiers est d’autant plus grande que le financement du commerce extérieur est beaucoup moins considérable au Canada que dans certains autres pays. Cet état de choses reflète la taille de notre économie et notre nombre restreint de multinationales. Comparativement à leurs concurrentes étrangères, les petites entreprises canadiennes, en particulier celles qui tentent leur chance dans des marchés plus risqués, ont peu d’institutions financières vers lesquelles se tourner.
En tant qu’organisme public, nous devons combler cette lacune et fournir aux entreprises canadiennes un éventail de services financiers concurrentiels par rapport aux services offerts dans d’autres pays. Cela vaut particulièrement pour les PME, pour les jeunes entreprises à forte croissance, pour celles qui n’ont pas encore eu le temps d’établir de relations de longue date avec leur institution financière et pour celles qui ont dans leur profil un facteur de risque élevé, comme le fait d’avoir des clients dans des marchés émergents. Pour joindre cette clientèle, nous devons travailler en étroite collaboration avec nos partenaires gouvernementaux afin de faire connaître les services offerts et d’en faciliter l’accès à toutes les entreprises qui pourraient en bénéficier.
Pour mieux cerner les besoins des exportateurs canadiens, les organisations gouvernementales doivent échanger l’information qu’elles possèdent. À EDC, nous pouvons utiliser cette information non seulement pour améliorer nos propres services, mais aussi pour comprendre de quelle façon et dans quelles circonstances nous devrions combiner nos services avec ceux d’autres organisations pour être encore plus efficaces. Comme notre mandat est d’intérêt public, il est essentiel que les activités et la planification d’EDC viennent appuyer la stratégie du gouvernement sur le commerce mondial. Nous travaillons de près avec le ministère des Affaires étrangères et du Commerce international et avec d’autres organismes afin que nos stratégies et nos objectifs soient compatibles avec ceux du gouvernement et que la communication soit constante, tant au niveau des opérations que de la direction.
Conformément à la Loi sur le développement des exportations et à la Loi sur la gestion des finances publiques, EDC tient des consultations et échange régulièrement de l’information avec tous les paliers de gouvernement, depuis le niveau opérationnel jusqu’à l’échelon ministériel. Ce sont toutefois les contacts de tous les jours qui renforcent nos relations et qui amènent la compréhension nécessaire au bon fonctionnement de nos partenariats.
Nos bureaux d’Ottawa s’échangent constamment des renseignements sur les marchés. Les responsables de secteur de Commerce international Canada entretiennent des relations étroites avec nos équipes du Développement des affaires. Par ailleurs, EDC compte sur les missions canadiennes pour lui fournir les rapports et les renseignements nécessaires pour évaluer les risques politiques et autres risques des marchés. Nous travaillons ensemble non seulement à nos sièges sociaux d’Ottawa, mais aussi dans les 12 autres villes canadiennes où EDC a des bureaux.
Cette collaboration se poursuit à l’étranger, dans les dix marchés stratégiques où EDC a une représentation permanente. Nos représentants occupent les mêmes locaux que ceux du Service des délégués commerciaux. Tous sont dans des ambassades, des hauts-commissariats ou des consulats canadiens. Cette « cohabitation » s’est avérée particulièrement efficace dans les marchés émergents stratégiques que j’ai mentionnés précédemment: le Brésil, la Russie, la Chine, l’Inde et le Mexique. Nous nous sommes rendu compte qu’en conjuguant l’expérience et les ressources du Service des délégués commerciaux à notre connaissance des acheteurs et des emprunteurs, nous pouvions assortir plus efficacement les besoins des acheteurs aux produits et technologies que le Canada a à offrir. De ce fait, notre collaboration crée des débouchés pour les entreprises canadiennes.
Au Brésil et au Mexique, notre collaboration avec la mission commerciale canadienne a donné lieu à un plan de développement qui s’aligne parfaitement sur les secteurs prioritaires de ces deux marchés. Par ailleurs, une étude menée de concert avec le MAECI nous a permis de peaufiner nos stratégies commerciales. Par exemple, au Mexique, nous venons de financer conjointement une étude sur les besoins des sociétés mexicaines affiliées à des entreprises canadiennes de fabrication. Les résultats nous aideront à voir au-delà des grandes statistiques économiques et commerciales, ce qui nous permettra de développer des stratégies ciblées pour soutenir les entreprises canadiennes souhaitant accroître leurs activités dans ce marché.
En ce qui concerne la Russie, j’ai mentionné plus tôt que le volume d’EDC dans ce pays avait connu une croissance de 50 p. 100. J’ajouterai que cette croissance est directement attribuable aux efforts que nous avons déployés conjointement avec le MAECI et l’Association d’affaires Canada-Russie-Eurasie. Notre collaboration avec ces deux organismes a également conduit à la nomination de notre premier représentant permanent à Moscou, qui est en poste depuis janvier dernier. C’est aussi grâce à ce travail conjoint que nous avons élaboré des programmes définissant clairement les besoins de la Russie dans les secteurs de l’agriculture, de l’exploitation minière, de l’énergie et des télécommunications.
EDC est en outre un participant important du comité sur les services en ligne liés au commerce international. Ce comité a pour mandat de trouver des moyens d’optimiser les services en ligne gouvernementaux afin qu’ils puissent vraiment contribuer à rehausser la productivité et la compétitivité du Canada. EDC a un champ de compétence unique au sein du gouvernement. Grâce à ses liens étroits avec l’appareil gouvernemental, elle peut être très utile lorsque surviennent des événements imprévus.
Par exemple, à l’issue du conflit sur le bois d’œuvre, l’automne dernier, c’est EDC qui a géré le processus de remboursement des droits de douane au nom du gouvernement. Le gouvernement tenait à ce que les remboursements soient effectués le plus rapidement possible après l’entrée en vigueur de l’Accord canado-américain sur le bois d'œuvre résineux. EDC avait l’expertise contractuelle, elle avait l’expérience voulue en matière de décaissements et elle avait tout ce qu’il fallait pour gérer un processus complexe dans un délai et un budget serrés. EDC a répondu à l’appel et mis en place le processus requis pour traiter rapidement les remboursements, d’une valeur totale de 3,1 milliards de dollars. La société a ainsi traité quelque 900 000 transactions au profit de 829 entreprises. Les scieries et les producteurs de bois canadiens ont commencé à recevoir leurs remboursements trois semaines après l’entrée en vigueur de l’Accord. Au 31 décembre 2006, EDC avait traité au moins 99 p. 100 des remboursements prévus, plus de la moitié ont été payés au cours du premier mois.
Ce genre de mandat imprévisible prouve bien que quand on a les connaissances, les relations et les contacts, on peut trouver des solutions novatrices, surmonter des difficultés complexes et produire des résultats.
Voyons maintenant ce que nous prévoyons pour l’avenir.
Nous avons adopté une stratégie commerciale très ambitieuse qui nous permettra de nous adapter rapidement aux besoins changeants des entreprises canadiennes. Cette stratégie repose sur trois objectifs: nous rapprocher des exportateurs et des investisseurs canadiens; faciliter le commerce d'intégration et optimiser les ressources de l'organisation. Cette stratégie vient aussi appuyer les objectifs que nous a fixés le : appuyer activement les investissements directs canadiens à l’étranger et faciliter les investissements en capital-actions; travailler en partenariat avec les secteurs privé et public; accroître les représentations à l’étranger et contribuer à rehausser la position du Canada aux États-Unis et sur les marchés émergents. Nous continuerons de renforcer nos liens au sein du gouvernement.
D’ailleurs, je suis heureux de vous informer que nous sommes sur le point de signer un protocole d'entente avec la Corporation commerciale canadienne et le ministère des Affaires étrangères et du Commerce international. Cette entente favorisera l’échange systématique d’information sur les marchés, les secteurs d’activité et les entreprises.
Pour conclure, j’aimerais rappeler que l’article 24 de la Loi sur le développement des exportations stipule que le , en consultation avec le , doit faire faire un examen du mandat d’EDC à intervalles réguliers. Le prochain examen doit avoir lieu en 2008 et comportera des consultations auprès d’un très grand nombre de parties intéressées, dont le Parlement, divers ministères, des entreprises canadiennes et leurs associations, des institutions financières, des universitaires et des représentants de la société civile.
Les gens d’EDC sont enthousiastes à l’idée de travailler avec un plus grand nombre de partenaires financiers et de mettre leur créativité au service des clients. Nous serons heureux de travailler avec le gouvernement pour bien remplir notre mandat et stimuler le commerce extérieur au Canada.
[Français]
Monsieur le président, je suis à votre disposition pour répondre à vos questions.
Je vous remercie.
:
Bonjour. Je remercie les membres du comité de nous avoir invités, mon collègue Marc Whittingham et moi-même.
[Traduction]
Je crois comprendre que vous avez reçu un exemplaire de notre plan d'entreprise déposé il y a deux semaines, soit le 1er mai, au Parlement et qui décrit en détail un grand nombre des commentaires que je ferai aujourd'hui.
Étant donné que la CCC est une petite société d'État qui ne compte que 100 employés, les relations que nous entretenons avec d'autres ministères et organismes du gouvernement sont primordiales pour notre succès. Avant d'en parler, permettez-moi de vous dire quelques mots sur la CCC et la façon dont elle aide les exportateurs canadiens.
La Corporation commerciale canadienne oeuvre essentiellement à accroître le commerce en aidant les gouvernements étrangers à tirer avantage des capacités d'exportation du Canada au moyen de l'expertise de la CCC en approvisionnement et en passation de contrats. La CCC travaille dans des domaines dans lesquels le gouvernement a assurément un rôle à jouer dans le processus d'achat et de passation des contrats. En pratique, cela veut dire que la CCC se consacre à deux secteurs précis. Le premier est le marché de la défense qui compte pour environ 75 p. 100 des honoraires de la Corporation ou environ 1 milliard de dollars par an. La nature délicate des produits liés à la défense et le rôle important que jouent les gouvernements à ce niveau exigent un mécanisme de contrats conclus entre les gouvernements pour le commerce intermédiaire.
Les marchés des pays émergents et en développement constituent le deuxième secteur d'activités de la CCC. La CCC travaille avec des pays qui ne peuvent pas entreprendre efficacement eux-mêmes l'approvisionnement et la passation des contrats. Ce deuxième secteur fait partie de l'activité principale de la CCC depuis sa création en 1946 pour contribuer à la reconstruction de l'Europe après la Seconde Guerre mondiale en jumelant les capacités d'exportation du Canada aux besoins européens après la guerre. Pour lui permettre d'effectuer son travail, la CCC s'est vu conférer par la loi la mission d'aider à l'expansion du commerce extérieur du Canada en aidant les intéressés à importer ou à exporter.
[Français]
Je vais maintenant aborder la comparaison entre deux principaux produits, les services de passation de contrat de gouvernement à gouvernement et le service d'agent d'approvisionnement. En ce qui concerne le service de passation de contrat de gouvernement à gouvernement, la CCC signe un contrat avec un acheteur d'un gouvernement étranger et un autre contrat avec un exportateur canadien. En tant qu'intermédiaire, la CCC veille à ce que le contrat conclu avec l'exportateur se réalise conformément aux conditions du contrat conclu avec l'acheteur international.
Elle transfère les obligations d'exclusion contractuelle à l'exportateur canadien. Cela donne lieu à un contrat sûr de gouvernement à gouvernement, conclu selon les meilleures conditions pour toutes les parties en cause. En outre, la CCC gère le cycle de paiement entre l'acheteur du gouvernement étranger et l'exportateur canadien. Ceci permet d'établir et de maintenir un échéancier de paiement prévisible et régulier.
En ce qui concerne le service d'agent d'approvisionnement, la CCC accède aux biens ou aux services au nom d'acheteurs publics ou d'un organisme multilatéral en vue d'une utilisation finale internationale, tout en gérant le processus de passation de contrat et le cycle d'achat. En 2006-2007, la CCC a travaillé avec presque 200 exportateurs canadiens dans 25 pays et a connu un volume d'affaires de plus d'un milliard de dollars.
[Traduction]
Permettez-moi d'ajouter quelques mots sur les activités de la CCC dans le secteur de la défense.
Depuis 1956, la CCC est chargée d’aider le Canada à réaliser ses engagements aux termes de l’Accord sur le partage de la production de défense (APPD). Cet accord constitue une part importante de la relation canado–américaine. Pour les entreprises canadiennes, l’accord leur permet de concurrencer sur une base égale avec les entreprises de défense américaines lorsqu’elles soumissionnent pour des contrats militaires américains. De plus, l’APPD a permis de développer un complexe industriel du secteur de la défense vigoureux en Amérique du Nord, pour répondre aux besoins militaires des deux gouvernements. Les activités reliées à l’APPD demeurent le plus important secteur d’activités pour la Corporation. Elles comptent entre 650 et 750 millions de dollars de volume d’affaires annuellement auprès du Département de la défense des États-Unis.
En outre, la CCC facilite l’approvisionnement pour la NASA dans le cadre d’une entente de type similaire à l’APPD. Même s’il est facultatif pour la NASA de travailler avec les exportateurs canadiens par l’entremise de la CCC, plus de 90 p. 100 des travaux de la NASA provenant de sources canadiennes y sont traités. Ceci démontre la valeur de la Corporation pour la NASA et les exportateurs canadiens.
À l’avenir, la CCC continuera de renforcer cette relation avec le gouvernement américain et à examiner les possibilités de collaboration. De cette manière, elle favorisera la formation d’un complexe industriel du secteur de la défense vigoureux en Amérique du Nord.
La CCC mise aussi sur sa relation avec le ministère de la Défense nationale du Canada. Cela comporte deux volets distincts.
Premièrement, la Corporation utilise les liens qui unissent le MDN avec les autres forces armées. De cette manière, la CCC fait la connaissance de possibilités d’affaires dans les marchés étrangers qui pourraient être communiquées aux exportateurs canadiens.
Deuxièmement, la CCC fait profiter aux exportateurs canadiens les possibilités d’approvisionnement internationales d’équipement militaire. Alors que le Canada et ses alliés examinent l’achat ou la remise à neuf d’équipement militaire, les changements opérationnels requièrent une capacité hautement sophistiquée où la qualité l'emporte sur la quantité.
Le coût d’acquisition de matériel très sophistiqué en très petites quantités est souvent hors de prix pour de nombreuses forces armées. La CCC est bien placée pour aider nos alliés à participer aux programmes canadiens que le MDN a mis en œuvre ou qu’il examine. Le regroupement de deux ou trois acheteurs est susceptible d’entraîner des économies d’échelle et de rendre un programme plus abordable pour le Canada et les forces alliées.
Permettez-moi de parler un peu du travail de la CCC dans les marchés des pays émergents et en développement. Dans ces pays, les gouvernements locaux n’ont souvent pas la capacité d’exercer des activités de passation de contrats efficaces et transparentes. Il s’agit souvent d’une embûche pour les exportateurs canadiens et cela nuit à la réalisation d’une aide au développement efficace. La CCC se sert de ses relations uniques et de son expertise en passation de contrats pour traiter de ces questions et générer des bénéfices pour les deux parties. Les services de passation de contrats de gouvernement à gouvernement et d’approvisionnements de la CCC offrent un avantage concurrentiel précieux aux entreprises canadiennes dans ces marchés publics complexes.
La CCC conclut des contrats avec un gouvernement étranger dans un pays émergent ou en développement et vérifie la diligence raisonnable et une soumission équitable, convenable et transparente de la part des exportateurs canadiens.
La CCC travaille aussi en collaboration avec les institutions internationales de financement et les bailleurs de fonds internationaux. Ceci permet d’assurer la transparence dans les contrats et les approvisionnements pour la mise en œuvre des programmes d’aide publique au développement.
En moyenne, les activités de la CCC dans les marchés des pays émergents et en développement constituent environ 25 p. 100 de ses activités et génèrent entre 250 et 350 millions de dollars annuellement.
Je suis aussi très fier de la contribution de la CCC à l’élargissement des objectifs politiques du gouvernement du Canada qui ont été un véritable atout pour les exportateurs canadiens et ont permis à des gouvernements étrangers d'accéder plus facilement à des solutions canadiennes. Par exemple, grâce à l’excellence de la CCC en matière de passation de contrats et d’approvisionnements, nous avons été amenés à collaborer avec Action Canada pour promouvoir la paix au Soudan.
La CCC contribue aussi concrètement aux efforts de stabilisation et de reconstruction de l’Afghanistan, par exemple, en organisant et en effectuant la livraison de matériel à la police nationale afghane et ce, grâce au dévouement et au professionnalisme du personnel de la CCC.
Avec l’Agence canadienne de développement international (ACDI), la CCC est bien placée pour travailler avec des entreprises utilisant le programme à frais partagés qui offre une aide financière aux entreprises canadiennes leur permettant de mener des études de faisabilité ou un soutien pour la mise en œuvre de projets dans les pays en développement. Avec le soutien financier du PCI de l’ACDI pour l’entrée en vigueur et l’achèvement d’un projet, la CCC joue un rôle tout à fait intermédiaire et en complément au PCI de l’ACDI pour aider les entreprises canadiennes voulant entreprendre des projets de développement de l’infrastructure.
Avec EDC, l’accent a été d’établir le lien entre les options de service de la CCC en matière de passation de contrats et d’approvisionnement de gouvernement à gouvernement avec les produits financiers et d’assurance offerts par EDC au profit des exportateurs canadiens. Les missions menées conjointement par EDC et la CCC en Asie, en Afrique et dans les Caraïbes ont été des outils précieux pour les exportateurs canadiens projetant de négocier et de conclure des contrats dans les marchés des pays émergents et en développement.
Finalement, le Secrétariat du Conseil du Trésor a remis le Prix d’excellence à la CCC pour son extraordinaire travail d’équipe dans le développement des services électroniques axés sur les clients. Ce prix visait particulièrement la gestion électronique de la clientèle et les services du Délégué commercial virtuel à l’intention des exportateurs canadiens créé conjointement par la CCC, le MAECI et le ministère de l’Agriculture et de l’Agroalimentaire. Cette initiative souligne la collaboration en place au sein du gouvernement fédéral afin d'améliorer les services offerts par un seul point de service aux exportateurs canadiens .
Comme Ken Sunquist, sous-ministre adjoint des Opérations mondiales et délégué commercial en chef l'a dit lorsqu'il est venu ici vous parler la semaine dernière, la CCC a récemment signé un PE avec le MAECI pour la mise en oeuvre d'un projet pilote à Montréal. Des agents dans les régions feront le travail de promotion et de consultation sur le terrain pour la corporation. La CCC signera aussi un PE avec EDC et MAECI pour améliorer l'expansion des entreprises et l'échange d'informations.
[Français]
En résumé, la CCC travaille en collaboration avec plusieurs ministères et organismes du gouvernement fédéral. Notre objectif, cette année, tel qu'indiqué dans notre plan d'entreprise, sera de travailler encore plus étroitement avec le ministère des Affaires étrangères et du Commerce international, Exportation et développement Canada, le ministère de la Défense nationale et l'Agence canadienne de développement international pour élaborer des partenariats plus sophistiqués, de façon à mieux servir les exportateurs canadiens et augmenter le commerce international du Canada.
Je vous remercie du temps que vous avez bien voulu m'accorder et je suis à votre disposition pour répondre à toutes vos questions.
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Monsieur le président, merci beaucoup. C'est la première fois que la BDC rencontre officiellement les membres du comité.
Une voix: Qu'en pensez-vous jusqu'à présent?
Mme Edmée Métivier: C'est agréable. Je vous remercie de nous accorder quelques minutes afin que nous partagions avec vous tous notre histoire.
Nous sommes heureux que vous ayez décidé d'examiner les rôles et responsabilités respectifs des différents ministères, organismes et sociétés d'État qui sont chargés de concrétiser le soutien manifesté par notre gouvernement envers les entrepreneurs. Nous accueillons bien volontiers les débats et les idées qui continueront de nous propulser vers l'atteinte de notre objectif: apporter la contribution la plus appropriée et utile possible à la santé des petites et moyennes entreprises (PME) du Canada.
Jean-René Halde, notre président, me fait transmettre ses regrets, car il n'a pas pu venir aujourd'hui. En effet il se trouve actuellement en voyage d'affaires en Colombie-Britannique et en Alberta où il visite nos bureaux et ceux de nos clients. Jacques, mon collègue, répondra à toute question sur les placements de capital à risque, car c'est son domaine de responsabilité.
Nous prenons la parole au nom de BDC pour vous faire comprendre qui nous sommes et ce que nous faisons pour aider les entrepreneurs à relever les défis ardus posés par la concurrence dans le contexte de la mondialisation. BDC soutient les PME exportatrices depuis 1944. Nous avons beaucoup à offrir, et je pense que vous serez convaincus de l'utilité de notre apport.
Comme vous le savez, BDC est une banque de développement des affaires. Le Parlement l'a créée pour soutenir les entrepreneurs et promouvoir l'entrepreneuriat. À cette fin, nous offrons aux PME des services de financement, de consultation et de capital de risque. Ces services, nous les offrons dans le Canada tout entier. Nos employés travaillent dans 92 bureaux d'un océan à l'autre, de Saint-John's à Vancouver en passant par Rimouski et Whitehorse.
Nous forgeons des partenariats avec les entrepreneurs qui se trouvent hors des villes. Un exemple? Je citerai notre travail avec les Sociétés d'aide au développement des collectivités (SADC), un réseau qui englobe 200 centres dans des régions majoritairement rurales. Tous les jours, quelque 600 employés de BDC visitent les locaux de centaines de PME, un accès direct qui met BDC dans une position privilégiée.
À l'heure actuelle, plus de 27 000 entrepreneurs canadiens sont clients de BDC. Pour les soutenir, nous avons investi plus de 10 milliards de dollars en financement consenti et en capital de risque. Notre portefeuille de capital de risque comporte près de 200 entreprises, et nos investissements dans 17 fonds nous donnent une participation dans plus de 65 autres sociétés. En tout, nous avons des engagements de 770 millions de dollars dans près de 250 entreprises au Canada.
Nous avons également offert plus de 2 400 séances de consultation à des entreprises l'an passé dans des domaines tels que la planification stratégique, l'amélioration de la productivité, etc. Sur 27 000 clients, plus de 6 000 sont des exportateurs. Cela représente près de 40 p. 100 de la valeur de notre portefeuille ou un peu plus de 4 milliards de dollars.
Vous savez également que BDC est viable sur le plan commercial. Ce qu'il est important de ne pas oublier au sujet de cette viabilité, c'est qu'elle nous permet d'adopter un mode de fonctionnement qui consiste à anticiper constamment les besoins des PME afin d'y répondre. Nos services évoluent au rythme des besoins des PME. En fait, nous partageons avec les PME la nécessité de rester pertinents pour demeurer profitables.
Si nous sommes incapables d'évoluer avec les PME, nous n'aurons plus rien à leur offrir. C'est aussi simple que cela. La pertinence est la clé de notre succès, qui dépend de notre façon d'être à l'écoute de leurs besoins. Et ce succès, nous l'atteignons même si nos taux d'intérêt sont plus élevés que ceux des institutions financières, qui ne prennent pas autant de risques que nous.
Depuis quelques années, nous exploitons toutes ces ressources pour aider les PME à affronter la mondialisation, avec son lot de changements constants causés par l'apparition de nouvelles forces du marché. La clé de la compétitivité, c'est la faculté d'adaptation. Autrement dit, les PME doivent évoluer pour déjouer les pièges et saisir les occasions qui s'offrent à elle.
[Français]
Pour illustrer le soutien offert par la BDC en vue d'aider les entrepreneurs à atteindre le succès dans les marchés mondiaux, je vais maintenant vous donner deux exemples de clients de la BDC. Le premier est un client traditionnel, un manufacturier qui s'est adapté, et le deuxième est un client tout différent, qui a pris conscience de la mondialisation dès le départ et qui transforme une innovation en un produit et service vendu avec succès dans le monde entier.
Le client n° 1 est une entreprise qui fabrique des ardoises de toiture. Son procédé de fabrication tire ses racines de la tradition des maîtres carriers européens. Dans un marché mondial, toutefois, ses concurrents ne se trouvent pas dans le voisinage immédiat, mais en Espagne, au Brésil et en Chine. Voulant demeurer concurrentielle, cette entreprise a investi dans la recherche et développement afin d'améliorer sa productivité et la qualité de ses produits, mais en sachant très bien que la pénétration de nouveaux marchés nécessite une excellente préparation.
Par conséquent, ses dirigeants ont demandé à la BDC de créer un plan stratégique pouvant orienter la croissance future de l'entreprise. Nos services de consultation les ont aidés à analyser de façon objective les forces et faiblesses de l'entreprise, tout en leur permettant d'identifier une structure gagnante. À présent, cette entreprise exporte ses produits en Europe, aux États-Unis et en Australie. Elle a multiplié sa production par 20, et ses effectifs sont de 300 employés.
[Traduction]
Le client no 2 procède différemment. Cette entreprise est le fruit de près de dix ans de R-D dans le soudage, la métallurgie et l'intelligence artificielle. Ces efforts ont abouti à un produit-créneau extrêmement pointu: les robots de haute technologie capables d'effectuer des travaux de soudure extrêmement précis sur des chaînes de production. D'ailleurs 90 p.100 des ventes de ce client sont à destination des États-Unis, de l'Europe et de l'Asie. Pour la plupart des entreprises, un tel pourcentage serait du jamais vu, mais pas pour notre client.
Quand ces entrepreneurs ont décidé d'ouvrir des succursales, comment s'étonner qu'ils aient adopté une perspective mondiale. Ils se sont implantés en Asie et aux États-Unis, notamment parce que leurs concurrents sont aussi internationaux que leurs clients: une poignée de sociétés en Angleterre, en Allemagne, aux États-Unis et au Japon.
Comme je l'ai dit, ce client no 2 appartient à une classe bien particulière d'entrepreneurs qui méritent qu'on leur prête attention. Ils luttent pour créer les entreprises concurrentielles à l'échelle mondiale dont le Canada a besoin pour demeurer prospère à long terme. La société canadienne bénéficie de leur succès.
Dans le cas de ce client, notre soutien lui permet d'améliorer la capacité de son exploitation et de sa gestion ici au Canada. Les trois quarts de ses employés sont des ingénieurs hautement qualifiés, des spécialistes en logiciels et des physiciens. Ses recettes annuelles sont d'environ 4 millions de dollars. À mon avis, il ne faut surtout pas oublier que les entrepreneurs de cette espèce acceptent un degré de risque et de complexité qui ferait fuir la majorité des gens.
Il faut plusieurs années pour transformer une nouvelle idée ou innovation en une entreprise prospère à l'échelle internationale, ainsi qu'une suite bien précise de compétences distinctes et pointues. On doit acquérir des connaissances à chaque étape et décrocher un financement. Il n'y a rien de facile. Il faut déployer beaucoup d'habileté et de patience pour soutenir les clients qui ont besoin de capital de risque. De cela, BDC en a à revendre, grâce à ses trente ans d'expérience dans le domaine. D'autre part, ces entreprises exigent un soutien de plus en plus actif. Un exemple en est l'organisation de missions commerciales en Asie à l'intention des sociétés dans lesquelles nous avons investi, afin de les aider à pénétrer ces nouveaux marchés.
En partant de l'hypothèse que la mondialisation force nos PME à participer à une économie fondée sur la connaissance et l'innovation et à se hisser le long de la chaîne de la valeur, il s'ensuit que le Canada doit réagir à la mondialisation notamment en soutenant ses PME. Vous conviendrez que BDC, un instrument flexible d'intérêt public national qui manifeste un intérêt indéfectible pour les besoins des PME, et qui bénéficie de soixante ans d'expérience auprès des exportateurs et de trente ans d'expérience en capital de risque, doit faire partie intégrante de cette réponse.
Pour demeurer indispensables, nous devons soutenir un nombre croissant de clients qui font face à des défis ardus. Notre stratégie en ce sens consiste notamment à trouver ou à créer des partenariats de collaboration qui renforcent notre incidence et celle de nos pairs. À titre d'exemple, nous tâchons de nous rapprocher du CRSNG et du Conseil national de recherches. Nous donnons aux employés du CNR une formation sur le capital de risque: son fonctionnement, les règles du jeu. En fait, certains employés du CNR sont en poste dans nos bureaux. Nous avons également entamé des discussions avec Commerce international pour aider les PME dans le contexte de la mondialisation et pour favoriser les investissements étrangers directs au Canada. Nous avons aussi entrepris des discussions avec EDC pour voir comment nous pourrons faire évoluer notre coopération au prochain niveau.
Compte tenu de notre recherche de partenaires, on peut se poser la question suivante: comment s'assurer que les ministères, les organismes et sociétés d'État qui travaillent en faveur des intérêts du Canada dans le commerce international offrent une contribution collective des plus efficaces? Nous pensons qu'il serait bon de commencer par se soutenir mutuellement au lieu de faire du dédoublement des forces de chacun. Voilà pourquoi nous sommes ici. BDC connaît bien les PME, le capital de risque et d'autres types de financement, et nous sommes heureux de contribuer dans les limites de nos moyens et de notre mandat.
Monsieur le président, nous accueillons favorablement vos délibérations et attendons avec beaucoup d'intérêt votre rapport.
Je vous remercie.
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Merci, monsieur le président.
Bonjour, madame, messieurs. J'aimerais saluer particulièrement M. Simoneau, que j'ai eu l'occasion de connaître à Sherbrooke lorsqu'il était responsable de la Société Innovatech du sud du Québec, et le féliciter pour le travail qu'il a accompli.
Je serai bref, parce qu'on manque malheureusement de temps.
Vous avez 27 000 clients, dont 6 000 sont reliés à l'exportation et prennent 40 p. cent de la valeur du portefeuille de 10 milliards de dollars, je crois. Parmi vos clients à l'exportation, il y a, comme vous le dites, des catégories. Vous avez parlé d'innovation, de savoir, de recherche et développement. Je pense qu'on ne se trompe pas en disant que c'est la base si on veut être compétitif à l'échelle planétaire.
Par contre, cela s'oriente dans deux secteurs d'entreprise, soit une entreprise où on doit développer un produit, une niche, quelque chose de particulier qui est donc facilement exportable partout dans le monde, ou il faut augmenter terriblement la productivité pour être aussi compétitif mondialement.
Comment cela est-il réparti dans votre portefeuille, dans les entreprises avec lesquelles vous travaillez? Peut-être y en aura-t-il d'autres, mais ce sont ceux que je vois principalement.
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C'est une excellente question. En fait, il y a deux volets à votre question.
D'abord, c'est ce qu'on a sur le terrain, là où nos gens sont présents, les 600 employés qui vont visiter des PME chaque jour. Les gens influents locaux participent effectivement avec nous. On travaille beaucoup en communauté à la BDC. Nous avons 92 communautés d'affaires. On travaille avec les gens sur place. Dans les endroits où EDC est présent, on fait souvent des visites conjointes à la PME.
Pour ce qui est des activités ciblées, c'est une très bonne question parce que, évidemment, la mondialisation nous préoccupe aussi. Le secteur manufacturier représente un tiers de la totalité de notre portefeuille. Alors, c'est assez important.
Nos manufacturiers au Canada sont importants et ils doivent faire un virage. Pour ce faire, on s'est rendu compte qu'on devait avoir deux approches très distinctes: une qui est un peu plus généralisée pour augmenter la connaissance de ce que veut dire la mondialisation pour nos PME canadiennes, et une autre qui est plus sur une base individuelle, un à un. Alors, on a présentement deux stratégies de front. L'une d'elle vise une sélection de manufacturiers en croissance qui rencontrent un peu de défis et qui, à notre avis, ont le potentiel pour faire ce virage relativement rapidement. Depuis le début d'avril, on rencontre ces gens un à un, pour voir quels sont leurs besoins et comment on peut les aider à structurer leur pensée stratégique face à ce qu'ils doivent faire pour justement être plus compétitifs à l'échelle mondiale.
Notre deuxième intervention est plus généralisée, en ce sens qu'on regroupe des PME dans des communautés. On l'a fait récemment à Longueuil et on le fera dans deux autres endroits très bientôt. On regroupe une cinquantaine ou une soixantaine d'entrepreneurs qui sont un peu plus petits et on leur présente la réalité des marchés émergents, que ce soit la Chine, le Vietnam ou l'Inde. Nous avons avec eux une discussion d'environ deux heures sur place et par la suite, nous les rencontrons individuellement. Alors, nos responsables de la consultation s'assoient avec ceux qui décident qu'ils sont prêts et qui veulent avoir, par exemple, une discussion plus en profondeur pour analyser leur plan stratégique. Nous voulons d'abord savoir s'ils en ont un, qu'est-ce que ça veut dire, où ils sont fragiles et si le modèle d'affaires avec lequel ils fonctionnent présentement est compétitif.
Il y a aussi une troisième intervention qui, pour nous, est aussi très pointue. Présentement, on fait une étude à même notre portefeuille. Avec 27 000 clients, on a un bel échantillonnage, on peut faire bien des choses. On est en train d'étudier les modèles d'affaires, la façon dont sont structurées les PME pour réussir globalement. D'après moi, il ressortira trois ou quatre, ou peut-être quatre ou cinq différents modèles d'affaires qu'une entreprise manufacturière peut mettre en place. À la lumière de cela, notre intervention au chapitre de la consultation sera encore beaucoup plus pointue. On essaie d'apprendre avec nos clients et d'identifier ceux qui ont du succès, afin de le transférer à ceux qui ont plus de difficultés. C'est ce que nous faisons.
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Je vous remercie beaucoup de cette question.
La CCC s'occupe de contrats et d'approvisionnement, et la BDC de financement et de produits à risque.
Nous travaillons avec les gouvernements étrangers afin de les aider à acheter des marchandises au Canada, soit en agissant au nom des exportateurs canadiens pour vendre leurs produits aux gouvernements étrangers, soit en donnant des conseils à ces gouvernements sur la meilleure façon d'acheter au Canada.
Parfois, je dis que nous sommes les Travaux publics, mais à l'échelle internationale. Le ministère des Travaux publics passe des contrats pour l'achat de produits pour le compte du gouvernement du Canada; nous aidons les gouvernements étrangers pour les contrats et l'approvisionnement. Nous le faisons dans des marchés très précis, car en général, les exportateurs ainsi que les gouvernements étrangers doivent pouvoir s'occuper seuls des contrats et de l'approvisionnement.
Nous sommes concentrés sur deux secteurs, dont celui de la défense, qui relève des gouvernements, et parce que la nature des produits est très particulière. Nous nous occupons de contrats de défense de gouvernement à gouvernement, et de pays en développement. Et il s'agit vraiment d'États n'ayant pas la capacité de conclure des contrats d'approvisionnement complexes.
Je vais vous donner un exemple: nous passons actuellement des contrats pour le compte d'Acon, un fournisseur canadien, pour construire un aéroport à Quito, en Équateur. Nous sommes le contractant. Nous sous-traitons avec Acon. Nous sommes en relation avec le gouvernement équatorien afin d'obtenir ces contrats. La société EDC finance une partie du projet. Elle s'occupe des produits à risque et du financement pour l'opération d'exportation, et nous, du mécanisme des contrats et de l'approvisionnement, si nécessaire. Nous sommes vraiment spécialisés dans ces secteurs.