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Merci infiniment, monsieur le président. Je suis content de revenir comparaître devant le comité.
Je vais rapidement lire ma déclaration pour que nous puissions tenir une séance de questions et réponses plus interactive.
Compte tenu du témoignage qu'a présenté le ministre MacKay devant le Comité permanent des affaires étrangères et du développement international la semaine dernière sur le Budget principal des dépenses du ministère et de l'intérêt qu'a manifesté le comité à cet égard, je vous propose de traiter d'abord du programme du gouvernement au chapitre du commerce international.
Nous reconnaissons tous que le commerce est essentiel à la compétitivité et au bien-être économique du Canada. Il permet de créer des emplois, d'assurer la prospérité et de soutenir nos programmes sociaux et notre qualité de vie. C'est pourquoi il est indispensable que le Canada pénètre les marchés mondiaux d'une manière stratégique et ciblée.
Depuis que je suis ministre, j'exprime, chaque fois que l'occasion se présente, mon inquiétude de ne pas voir le Canada s'adapter assez rapidement, ou assez rigoureusement, à ce nouveau contexte commercial mondial. Nous sommes un pays de 31,6 millions de personnes seulement, et nos entreprises ne peuvent tout simplement pas se permettre de dépendre uniquement du marché national. Il ne fait aucun doute que si nous nous y risquions, nous nous appauvririons, ce que personne ne souhaite.
Comme je l'ai dit, toutefois, nous perdons du terrain. Les signes avertisseurs sont là depuis plusieurs années. En Asie, par exemple, nous sommes devancés par des concurrents comme l'Australie, qui négocie des accords de libre-échange à un rythme rapide et audacieux. Ici, en Amérique du Nord, notre part des importations américaines de marchandises diminue depuis 1996. Depuis 2001, les Américains ont signé des accords commerciaux qui s'appliquent dans 15 pays, et 10 autres sont en voie de l'être. Voilà un signal clair qu'ils ne s'assoient pas sur leurs lauriers, avec leur marché de 300 millions de personnes, et qu'ils tentent de trouver des débouchés ailleurs que dans notre pays.
Nous n'obtenons pas accès aux nouveaux marchés aussi rapidement que nos concurrents. Nous n'attirons pas le niveau d'investissement international que nous méritons. Enfin, nos entreprises n'attirent pas le niveau d'attention ou de reconnaissance qu'elles méritent sur les marchés mondiaux. Nous devons absolument créer un Canada plus concurrentiel.
Notre gouvernement s'est engagé à créer une économie canadienne concurrentielle. Nous avons exposé notre plan économique dans Avantage Canada et y avons donné suite dans le récent Budget en l'appuyant par des mesures musclées. Nous élaborons des cadres économiques appropriés dans un certain nombre de domaines afin de rendre le Canada davantage concurrentiel. Être concurrentiel signifie établir des liens sur les bons marchés mondiaux ainsi que donner à nos entreprises les outils et l'accès dont elles ont besoin pour réussir. C'est pourquoi le Budget a affecté des ressources supplémentaires à notre Stratégie commerciale mondiale, soit 60 millions de dollars pendant deux ans, qui s'ajoutent aux 50 millions de dollars déjà prévus. Voilà un investissement clé et ciblé dans nos efforts visant à rendre nos entreprises plus concurrentielles et à aider le Canada à accroître son rendement au chapitre du commerce et de l'investissement.
Notre première priorité est d'accroître notre présence sur les marchés émergents. Les marchés traditionnels comme les États-Unis et l'Europe affrontent des géants en pleine croissance comme la Chine, l'Inde et le Brésil. On ne peut faire fi de la puissance et de l'influence actuelles et futures de ces économies. Cette réalité sera fondamentale pour le commerce international et déterminante pour l'évolution des économies du monde. Pour réussir, nous devons être là, sur place, pour nos entreprises, munis des outils, du soutien et des renseignements dont elles ont besoin. Il faut aussi que nos entreprises aient accès aux bassins mondiaux de capitaux et aux talents dont elles ont besoin pour croître et se diversifier.
Grâce à la Stratégie commerciale mondiale, nous élargirons notre présence dans les régions clés, en commençant par la Chine, l'Inde et l'Amérique latine. Nous embaucherons des spécialistes sectoriels, tant à l'étranger qu'au Canada, pour rassembler des renseignements, analyser des marchés et fournir des outils et des conseils à nos entreprises. De concert avec Exportation et développement Canada, nous effectuerons des investissements stratégiques dans le capital-risque qui aideront les petites et moyennes entreprises canadiennes à saisir les occasions sur les marchés émergents et nous augmenterons le nombre d'agents d'Exportation et développement Canada dans les bureaux du MAECI à l'étranger, surtout en Chine et en Inde. De cette façon, nous aiderons nos entreprises aux bons endroits, de la bonne manière et au bon moment, de sorte qu'elles puissent obtenir les débouchés qu'elles recherchent.
Notre deuxième priorité est de renforcer les assises de notre succès commercial qui sont, sans aucun doute, l'Amérique du Nord. Le Canada n'est pas qu'un marché de 31,6 millions de personnes. Il est la porte d'entrée à un marché nord-américain de 410 millions de personnes. Il est essentiel que nous renforcions nos liens avec le marché nord-américain, et c'est principalement ce à quoi nous pensons lorsque nous parlons de la plateforme nord-américaine. Nous avons des chaînes d'approvisionnement intégrées dans toute l'Amérique du Nord, qui nous donnent un avantage compétitif dans nos négociations sur les marchés étrangers.
Maintenant que le différend sur le bois d'oeuvre est finalement derrière nous, nous travaillons avec les États-Unis à tirer profit de notre longue histoire en tant que voisins, partenaires et amis et à approfondir notre relation au chapitre du commerce et de l'investissement.
Pour ce qui est de l'avenir, nous renforcerons notre présence aux États-Unis grâce à un certain nombre d'initiatives. Par exemple, nous embaucherons des spécialistes du secteur privé pour établir des liens entre l'expertise canadienne ainsi que la demande et les bassins de capitaux américains. En ce qui concerne le Mexique, nous aiderons davantage les entreprises canadiennes qui y mènent des activités et continuerons d'appuyer les initiatives comme le Partenariat Canada-Mexique, qui rapproche les gens d'affaires de nos deux pays.
Grâce au Partenariat pour la sécurité et la prospérité, nous travaillons en étroite collaboration avec nos partenaires américains et mexicains à construire une plateforme nord-américaine moderne qui permettra de livrer une concurrence plus efficace sur les plateformes asiatiques et européennes semblables. Cela signifie, entre autres, uniformiser notre réglementation et favoriser un plus haut niveau de coopération transfrontalière dans différents secteurs. Nous devons éliminer la tyrannie des petites différences, et nous pouvons le faire sans sacrifice. En effet, nous pouvons probablement améliorer notre efficacité réglementaire et l'atteinte de nos objectifs réglementaires.
Ce travail ouvrira aussi la voie à l'amélioration des relations traditionnelles du Canada au chapitre du commerce et de l'investissement avec les pays des Caraïbes et de l'Amérique latine. Nous allons, en fait, accroître notre voisinage. Nous nous sommes engagés à renforcer notre présence commerciale sur ces marchés, car ce sont des fournisseurs, des clients et des investisseurs de plus en plus importants.
Notre troisième priorité est de donner un second souffle à notre programme de négociations. Nous sommes toujours en faveur de la conclusion positive du Cycle de Doha de l'OMC. Il s'agit encore d'une priorité absolue. Les lents progrès qui sont réalisés forcent toutefois le Canada à égaler les efforts que déploient ses concurrents à l'échelle bilatérale et régionale afin d'accéder aux marchés. Nous ne pouvons laisser le Canada devenir un spectateur impuissant dans la course pour l'accès aux marchés. Nous devons élargir notre réseau commercial bilatéral et accéder aux marchés qui offrent le plus de possibilités à nos entreprises et à nos investisseurs.
Nous sommes actuellement en train de négocier des accords de libre-échange avec l'AELE, la Corée du Sud et Singapour. Nous tentons de conclure une gamme d'accords de promotion et de protection de l'investissement étranger avec des pays comme la Chine, l'Inde, l'Indonésie, le Vietnam et d'autres, ainsi que des accords en science et technologie, comme celui que j'ai signé lors de mon séjour en Chine en janvier dernier.
Nous accélérerons nos efforts sur ce front et aiderons les entreprises, les investisseurs et les chercheurs canadiens à profiter de débouchés mondiaux stimulants.
N'oublions pas les nombreuses autres initiatives que comprend le récent budget; elles aideront le Canada à faire concurrence aux autres pays dans le contexte mondial. Je pense tout d'abord aux investissements que prévoit le budget en matière d'infrastructure. En cette époque de chaînes d'approvisionnement mondiales, je crois que nous reconnaissons tous l'importance de la fluidité et de l'efficacité des liens de transports pour notre performance commerciale. Le budget en tient compte. Il verse une somme additionnelle de 410 millions de dollars à l'Initiative de la porte et du corridor de l'Asie-Pacifique, faisant passer l'investissement fédéral total à un milliard de dollars. Voilà une autre étape vers la création d'un nombre plus élevé de débouchés qui permettront d'améliorer le commerce avec l'Asie. Le budget comprend aussi une stratégie financière pour le nouveau corridor Windsor-Detroit, le poste frontalier le plus utilisé au pays, ainsi qu'un fonds de 2,1 milliards de dollars pour soutenir les portes d'entrée et les postes frontaliers du pays.
Ces investissements montrent aux expéditeurs, aux exportateurs et aux importateurs internationaux, sans oublier les investisseurs étrangers, que le Canada comprend l'importance d'avoir un système de transport canadien fluide, efficace et étroitement lié à tout le marché nord-américain, qui lie le coeur de l'Amérique du Nord et du Canada au coeur des marchés d'Asie et d'ailleurs. Ils prouvent aussi que nous effectuons les investissements qui s'imposent dans nos infrastructures de manière à faire du Canada une destination de choix et, par le truchement de notre Stratégie commerciale mondiale, un partenaire de choix au chapitre du commerce et de l'investissement mondiaux des prochaines décennies.
Nous sommes en train de réorienter nos activités ministérielles pour améliorer nos résultats. À l'instar de tous les ministères, nous devons composer avec des restrictions des dépenses tout en respectant notre engagement d'offrir les meilleurs services possibles aux entreprises canadiennes. C'est pourquoi nous continuerons de surveiller étroitement nos dépenses et d'attribuer des ressources à de hautes priorités. Nous nous sommes engagés à affecter les ressources aux bons endroits afin d'obtenir les meilleurs résultats qui soient pour les Canadiens.
Les Canadiens s'attendent désormais à recevoir des services de haut niveau du ministère, et notre objectif est de continuer de répondre à leurs attentes dans les prochaines années. Par le truchement de nos délégués commerciaux, par exemple, qui travaillent aux quatre coins du monde à faire la jonction entre les compétences canadiennes ainsi que les débouchés commerciaux mondiaux et les capitaux d'investissement. Par le truchement de notre groupe de la politique et des négociations commerciales, qui s'efforce d'obtenir l'accès aux marchés mondiaux et aux bassins de capitaux dont nos entreprises et nos investisseurs ont besoin et qui défend nos intérêts à la table de négociation. Par l'intermédiaire du groupe des activités mondiales, qui travaille en étroite collaboration avec les entreprises afin d'élaborer des plans de commercialisation pour les pays les plus prometteurs, au profit des entreprises et des investisseurs canadiens du monde entier. Enfin, par l'intermédiaire de l'équipe de l'investissement, de l'innovation et des secteurs, qui attire au Canada des investissements et établit de nouveaux partenariats en science et technologie avec d'autres pays afin d'aider nos chercheurs à tirer profit du travail innovateur effectué partout dans le monde.
En bref, nous sommes très fiers des nombreuses initiatives mises en oeuvre dans le but d'offrir aux Canadiens des débouchés au-delà de notre frontière. Je peux donner à ce comité l'assurance que nous continuerons d'offrir le plus haut niveau possible de services aux Canadiens, au meilleur coût possible. Il me tarde de travailler en étroite collaboration avec le monde des affaires canadiens et les parlementaires de tous les partis à faire avancer nos priorités commerciales et à accroître la compétitivité, la prospérité et le succès du Canada pour les générations futures. Nous avons besoin d'une politique commerciale stable pour cela. Il me tarde de travailler avec vous à l'élaboration de la meilleure politique commerciale qui soit pour le Canada, une politique à l'abri des cycles partisans au fil du temps.
Merci beaucoup. Je serai heureux de répondre à vos questions.
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Merci beaucoup, monsieur le président. Je vous en suis très reconnaissant.
Monsieur le ministre, je vous remercie beaucoup d'être ici. Je sais que vous êtes très occupé, et nous apprécions grandement votre venue au comité.
J'ai écouté votre déclaration d'ouverture, et j'ai un point de vue légèrement différent du vôtre sur le son de cloche des divers témoins qui ont comparu devant le comité sur les politiques commerciales du Canada. Beaucoup d'experts sont mécontents de certaines initiatives; la Chambre de commerce et les associations d'entreprises sont déçues. Je vais vous parler de certaines de leurs déceptions. Les gens d'affaires ont l'impression que nous sommes à la dérive, qu'on n'en fait pas assez dans ce dossier, particulièrement en ce qui concerne certains grands marchés émergents. De plus, certains dirigeant provinciaux sont un peu frustrés et prennent des mesures pour favoriser le commerce, puisqu'ils estiment que le gouvernement fédéral n'en fait pas assez à cet égard.
Vous avez aussi fait allusion au budget, et j'aimerais là encore vous faire part de préoccupations qu'ont exprimées beaucoup de gens du monde des affaires déçus de la disparition de l'initiative Commerce-CAN et de son remplacement par la stratégie commerciale mondiale. Le financement prévu pour cette stratégie est bien inférieur à celui prévu pour Commerce-CAN, qui représentait des millions et des millions de dollars de plus d'investissements dans la promotion du commerce.
Vous savez probablement que notre comité se concentre sur les marchés émergents et les débouchés pour déterminer comment le Canada peut intensifier ses activités commerciales à l'étranger et améliorer ses relations commerciales avec certains grands marchés, afin de maintenir une qualité de vie élevée, notre prospérité et le reste, comme vous l'avez mentionné dans votre déclaration d'ouverture.
Mes questions porteront surtout sur la fermeture de bureaux consulaires. J'ai de la difficulté à comprendre pourquoi ils ferment. Vous avez une grande expérience du monde des affaires, donc j'aimerais que vous me fassiez part de votre analyse des coûts et des avantages de la fermeture de certains de ces bureaux consulaires. J'aimerais que vous me parliez premièrement du bureau consulaire d'Osaka, au Japon, qui représente la région du Kansaï.
Je tiens simplement à m'assurer que nous présentions les faits, puis j'aimerais connaître votre justification. Cette région a une population de 25,5 millions d'habitants; elle produit 19 p. 100 du PIB du Japon; elle génère 1,2 billions de dollars, comme le Canada. Elle représente 20 p. 100 du commerce étranger du Japon, et le Canada exporte chaque année dans la région du Kansaï des produits dont la valeur s'élève à 2,2 milliards de dollars. C'est un marché très important et très stratégique. Pourquoi fermons-nous nos services consulaires dans cette région si nous voulons faire la promotion du commerce et le préserver?
Nous avons tenu récemment la toute première réunion, une rencontre d'organisation pour ainsi dire, du comité binational qui permet aux deux gouvernements, aux deux états, de superviser la mise en oeuvre et l'administration de l'accord sur le bois d'oeuvre et de régler les problèmes qui en découlent.
Un large éventail de sujets ont été abordés à l'occasion de cette première rencontre. Une partie de ces sujets exigeaient des discussions plus approfondies, comme les engagements pris au moment de la conclusion de l'entente. Nous nous sommes notamment engagés à entreprendre des discussions et des consultations plus poussées relativement aux règles de fonctionnement et aux modes de concrétisation de l'accord. Nous nous sommes aussi engagés à nous pencher sur la question de l'exportation des billes de bois, un dossier d'importance pour la Colombie-Britannique, et nous avons ainsi formé un comité spécialement constitué à cette fin.
Depuis la conclusion de l'entente, quelques provinces — le Québec et l'Ontario notamment, bien qu'il y ait quelques autres cas qui émergent — ont mis en place, comme vous le savez, des programmes de soutien à leur industrie du bois d'oeuvre. Nous avons parlé à ces provinces, ou elles nous ont consultés, relativement aux politiques qu'elles se proposaient de mettre en oeuvre. Nous avons eu d'excellentes discussions préalables et nous avons informé les Américains que ces politiques allaient être instaurées.
Sous différents aspects, les États-Unis craignaient que quelques-unes de ces politiques puissent aller plus loin que ce qui est considéré comme permissible dans le cadre de l'accord, ce qui fait que nous discutons actuellement de différentes initiatives de soutien mises en place par le Québec et par l'Ontario, ainsi que d'un ou deux autres dossiers.
On en est à l'étape des consultations et des échanges d'information afin d'essayer de déterminer si ces politiques contreviennent aux dispositions de l'entente en créant une forme de subside pour l'industrie, ce que nous avons bien évidemment convenu d'éviter en application de cet accord.
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Pour revenir à votre question concernant les missions commerciales qui ont été fermées, vos chiffres sont exacts.
Pour ce qui est d'Exportation et développement Canada, le gouvernement a indiqué dans le budget qu'il examinait la réglementation applicable au processus d'approbation d'une participation au capital dans le cadre des investissements consentis par EDC. Nous souhaiterions rationaliser le processus de telle sorte qu'il soit plus facile pour EDC de consentir de tels investissements au-delà de la limite de 10 millions de dollars.
Je crois qu'il peut être bon de s'arrêter un instant à cette question, parce qu'elle illustre bien la nécessité de s'adapter à l'évolution des modes d'intervention. J'ai souvent fait valoir, et je sais que je ne suis pas le seul à l'avoir souligné aux membres de ce comité, que les chaînes d'approvisionnement mondiales jouent un rôle capital au sein de l'économie planétaire dans laquelle nous évoluons. Il est essentiel pour notre pays de trouver les moyens de faire en sorte que les entreprises canadiennes soient les moteurs de ces chaînes d'approvisionnement, ou en fassent partie intégrante, en intervenant de façon directe, soutenue et sûre.
Cela nous ramène à nouveau à l'importance de la porte d'entrée et du transport juste-à-temps, et à tous les gains d'efficience associés à la gestion des chaînes d'approvisionnement et de valeur, autant d'éléments qui s'appuient sur le mouvement perpétuel des biens et services et la création incessante de valeurs. Pour ce faire, il faut investir non seulement ici même au Canada, mais également à l'étranger. Il ne faut pas se limiter à la nécessité d'investir davantage au pays.
Il va de soi qu'il faut accroître les investissements au Canada. Mais, parallèlement à cela, il faut aussi investir de façon plus soutenue sur les marchés étrangers, car c'est ainsi que l'on bâtit des chaînes d'approvisionnement. C'est la façon pour nous d'avoir accès à des technologies étrangères qui n'existent pas au Canada. C'est de cette manière que nous pourrons jeter les bases d'une économie forte et concurrentielle. EDC peut jouer un rôle très important, notamment quant à la participation au capital de petites et moyennes entreprises, pas nécessairement pour en devenir propriétaire, mais pour collaborer avec des investisseurs privés, des partenaires stratégiques, et démontrer clairement que nous croyons en ces entreprises canadiennes. Dans bien des pays dont le gouvernement a tendance à fausser les données sur le marché, l'intervention de notre gouvernement peut montrer qu'on n'a pas intérêt à agir de la sorte avec les entreprises canadiennes.
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C'est une très bonne question.
Comme je l'ai indiqué dans ma réponse précédente, EDC apparaît de toute évidence comme un véhicule de tout premier plan pour appuyer les entreprises canadiennes dans leurs efforts de participation au « commerce intégré », pour employer votre expression, ou encore aux chaînes d'approvisionnement mondiales. Mais nous pouvons également nous tourner vers la Banque de développement du Canada en tant qu'outil interne permettant à notre gouvernement d'appuyer les entreprises canadiennes qui ont besoin de capitaux et mettent l'accent sur les activités commerciales.
Nous veillons à ce que la Banque de développement du Canada travaille en collaboration avec EDC. Nous nous assurons en outre que la Corporation commerciale canadienne appuie leurs efforts. Nous voyons aussi à ce que le ministère des Affaires étrangères et du Commerce international façonne son approche en faveur du commerce et de l'investissement.
Nous sommes en fait en train de devenir Canada Inc., une organisation dont le rôle ne se limite pas à cogner aux portes pour essayer de vendre les biens et services offerts par les entreprises canadiennes. Canada Inc. a pour but d'aider ces entreprises à soutenir la concurrence sur les marchés mondiaux et à prendre en charge les chaînes d'approvisionnement mondiales en établissant des partenariats stratégiques qui seront propices à la création de richesses ici-même au Canada.
Vous pouvez partir du principe que toutes les activités d'externalisation et de délocalisation sont à éviter. Mais si vous vous aventurez trop loin sur cette pente abrupte, vous constaterez qu'en dissuadant et en n'appuyant pas de telles activités, si vous n'arrivez pas à une dose optimale de délocalisation et d'utilisation de cette capacité de production à faible coût accessible à l'étranger, sans parler d'un recours absolu à ces procédés, les entreprise d'ici commenceront à disparaître. Je puis vous assurer que je préfère voir une entreprise haut de gamme consolider sa force et son dynamisme ici au Canada, avec des perspectives de croissance au sein de l'économie mondiale, plutôt que de la voir mourir.
C'est le genre de choses dont nous discutons actuellement. Nous constatons de plus en plus un certain renversement d'une tendance qui était assez marquée en faveur de la délocalisation. Les entreprises commencent à se rendre compte qu'elles doivent trouver un juste équilibre entre la présence nord-américaine -- et je souligne à nouveau qu'on parle de l'Amérique du Nord dans son ensemble, et pas uniquement du Canada -- et la participation étrangère. En parvenant à un tel équilibre, les entreprises peuvent obtenir beaucoup de succès sur les marchés mondiaux.
Ce rôle est particulièrement crucial pour les petites et moyennes entreprises qui ne disposent pas des dizaines de milliers, voire des dizaines de millions de dollars, que les grandes entreprises mettent à contribution pour embaucher les directeurs financiers et les experts techniques dont elles ont besoin pour réaliser des transactions commerciales sur les marchés internationaux.
Encore là, c'est EDC et le gouvernement qui doivent voler au secours des entreprises qui n'ont pas ces capacités.
Tout d'abord, j'en reviens toujours aux chaînes de valeur mondiales, aux chaînes d'approvisionnement mondiales. Je m'explique.
Dans les relations commerciales du Canada avec les États-Unis, on peut faire une ventilation régionale, se demander par exemple ce que sont nos relations commerciales et nos liens d'investissement avec la Californie. Ensuite, au sein même de la Californie, on en vient rapidement à la Silicon Valley, et l'on se rend compte que les plus importantes sources de capital de risque du monde et les plus grands réservoirs de technologies innovatrices et nouvelles se trouvent dans la Silicon Valley.
Donc, ce que nous allons faire, c'est d'engager des personnes. Idéalement — c'est moi qui parle, par forcément le personnel du ministère —, nous souhaitons engager plus de personnes qui connaissent l'industrie et ont une expertise dans le domaine, des personnes qui ont travaillé dans cette industrie et qui en connaissent les technologies, les entreprises et les moyens de créer une richesse dans l'entreprise privée. Donc, nous allons en engager, parfois à contrat. D'autres fois, nous déploierons des fonctionnaires pour faire en sorte que nous sommes capables de comprendre les nouvelles technologies qui sont développées en Californie et la recherche qui est menée dans les universités californiennes, de manière à pouvoir faire une interface avec l'industrie canadienne. Nous serons à l'affût d'entreprises canadiennes qui auraient intérêt à se rapprocher davantage des bassins de capital de risque, des débouchés technologiques et des universités de la Californie. Nous serons donc à la recherche de personnes capables de faire cela.
Je vous ai parlé de la Californie. Si vous alliez en Chine, vous seriez à la recherche d'un autre genre de personne. Vous voudriez trouver quelqu'un qui connaît les débouchés là-bas.
Il ne sert à rien d'aller sur un marché étranger et d'afficher des produits canadiens. Je suppose que de pareilles initiatives ont du bon, mais elles ne sont pas très efficaces. En fait, il faut faire une analyse fouillée du marché pour connaître le genre de services requis et le genre d'entreprises canadiennes qui sont techniquement capables de les livrer ou pour savoir si, en fait, ce n'est pas tant une entreprise qui est requise, mais une combinaison d'entreprises canadiennes qui représentent un ensemble de connaissances, de produits et d'expertises.
Quel rôle doit ensuite assumer le gouvernement? Dans certains marchés, le gouvernement joue un rôle plus grand. La Chine en serait un exemple, car s'il n'y a pas de présence gouvernementale, vous allez connaître des difficultés. Nous en sommes conscients. Donc, on examine chaque marché séparément et on engage le genre de personnes qui peuvent y créer de la richesse pour les entreprises canadiennes.
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Monsieur le ministre, permettez-moi d'être en désaccord avec vous lorsque vous dites que vous faites du bon travail, notamment pour le secteur manufacturier du Québec. J'aimerais que vous notiez que depuis l'arrivée de votre gouvernement, nous avons perdu plus de 70 000 emplois dans le secteur manufacturier. À ce rythme, d'ici trois ans — nous avons fait le calcul —, il n'y aura plus de secteur manufacturier au Québec. Il est urgent d'agir.
En Alberta, les activités du secteur manufacturier représentent 7 p. 100 des activités, mais au Québec, le secteur manufacturier constitue 90 p. 100 de nos exportations, et 59 p. 100 de notre PIB est touché par ces politiques.
Vous avez proposé, dans le budget, des programmes d'amortissement pour aider la production. Cela peut aller. Il y a aussi un programme de diminution d'impôt pour les entreprises, mais lorsque les entreprises ne font pas d'argent parce qu'elles sont en faillite, elles ne paient pas d'impôt. Cela n'aide vraiment pas les entreprises.
J'insiste pour demander ce que vous prévoyez faire. On le voit, on s'en va à la dérive en empruntant la route actuelle, et on veut aller de l'avant avec plus d'ententes avec la Chine, la Corée et d'autres, ce qui peut nous affecter davantage.
Quelles mesures le gouvernement prendra-t-il pour réagir à cette situation? Si vous n'agissez pas rapidement, nous serons dans le pétrin.
J'aimerais entendre quelles sont vos pistes de solution pour résoudre cette situation alarmante et dramatique.
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Merci, monsieur le président. Deux minutes. Fantastique!
Monsieur le ministre, je vous remercie d'avoir répondu à notre invitation et de l'excellent travail que vous faites dans ce portefeuille. Comme je viens de la Colombie-Britannique, je puis vous assurer que toute la population de cette province -- mes électeurs de Kelowna-Lake Country et le secteur forestier — vous sont très reconnaissants du leadership dont vous faites preuve pour injecter un peu de certitude et de stabilité dans l'industrie forestière. La situation pourrait être bien pire, comme vous l'avez dit, en ce qui concerne les problèmes aux États-Unis.
De plus, je remercie mes collègues du Québec d'avoir appuyé notre budget.
Il y a une industrie de l'aviation dans notre province; Kelowna Flightcraft se trouve dans ma circonscription, de sorte que c'est un autre exemple.
Pour en revenir au budget plus particulièrement, le comité a accueilli plusieurs délégations différentes au cours des derniers mois, notamment du groupe ASEAN, dont les porte-parole étaient Peter Clark et M. Woo, et je leur ai posé une question au sujet de la porte de l'Asie-Pacifique, de leur vision et de leurs réflexions à ce sujet. Je suis ravi que nous ayons réussi à inclure dans ce budget un montant additionnel de 410 millions de dollars.
De votre point de vue, non seulement sur la scène nationale, mais sur la scène internationale également, de quelle façon cette porte de l'Asie-Pacifique nous permettra-t-elle d'atteindre nos objectifs en matière de commerce international?