Bonjour à tous. Je m’appelle Wynne Hartviksen. Je suis directrice des communications et de l’action politique à UNITE HERE Canada. Notre syndicat représente 50 000 travailleurs partout au Canada et une vaste gamme d’industries. Nos membres travaillent dans des hôtels et des restaurants, des agences de service social et des usines de pièces automobiles. Depuis près d’un siècle, nous représentons aussi les travailleurs de l’industrie canadienne du vêtement. C’est au nom des travailleurs de cette industrie que je m’adresse à vous aujourd’hui.
Au début de 2002, le gouvernement a commencé à éliminer les droits de douane sur de nombreuses catégories de vêtements et de produits textiles venant de Chine.
Le 1er janvier 2005, tous les quotas sanctionnés par l’OMC sur les importations de vêtements en provenance de Chine ont également été supprimés. Depuis, l’industrie canadienne du vêtement a connu de graves perturbations de son marché, les importations de Chine ayant augmenté, dans certaines catégories de produits, dans une proportion choquante de 200 p. 100. Après l’élimination du système de quotas vieux de plusieurs décennies, beaucoup de pays, dont les États-Unis et l’Union européenne, ont pris l’initiative d’imposer des restrictions à durée limitée sur la croissance des importations de certaines catégories de vêtements, comme le permet l’article 242 de l’accord d’accession de la Chine à l’OMC. Ces restrictions, connues sous le nom de sauvegardes, autorisent les pays à limiter la croissance des importations de certaines catégories de vêtements chinois à 7,5 p. 100 par an, depuis l’année dernière jusqu’à la fin de l’année civile 2008.
La conjugaison de ces événements – suppression des quotas en 2005 et mise en œuvre de sauvegardes par les États-Unis et l’Union européenne – ont fait que le marché intérieur canadien des vêtements est encore plus vulnérable à la croissance galopante des importations de Chine, ce pays étant aujourd’hui un chef de file mondial dans le domaine de la production de vêtements. Comme les mesures de sauvegarde américaines et européennes ont réduit les exportations chinoises à destination des deux plus grands marchés du monde, la Chine a fait des efforts particuliers pour accéder à notre marché afin de combler la différence.
Les effets sur les emplois et l’industrie ont été énormes. Comme l’a dit Bob Kirke, directeur exécutif de la Fédération canadienne du vêtement dans un article paru le 24 novembre dans la revue Business Edge, l’élimination des droits de douane et des quotas sur les importations de vêtements a constitué « la tempête parfaite » pour notre industrie.
Même si un certain nombre de sociétés de vêtements ont réussi, pour survivre, à faire la transition de la fabrication à l’importation, les travailleurs de l’industrie – opérateurs de machines à coudre, coupeurs et finisseurs que nous représentons – n’ont pas eu la même chance. Depuis janvier 2002, plus d’emplois ont été perdus – environ 50 000 – qu’il n’en reste aujourd’hui. D’après Statistique Canada, il ne restait qu’un peu plus de 48 000 emplois dans l’industrie du vêtement en janvier 2006. Les répercussions ont été particulièrement ressenties au Québec, dont je crois savoir que vous discuterez la semaine prochaine.
Même si rien n’empêche le Canada de recourir aux mêmes sauvegardes sanctionnées par l’OMC que l’UE et les États-Unis, le gouvernement précédent a décidé de ne pas en négocier. Notre syndicat, UNITE HERE, a donc pris l’initiative en juillet 2005 de se joindre à trois travailleurs du secteur du vêtement, dont Radika Quansoon, ici présente, pour déposer une plainte auprès du Tribunal canadien du commerce extérieur, demandant l’ouverture d’une enquête sur la perturbation du marché et recommandant d’imposer des sauvegardes dans huit catégories précises. Le tribunal a mis près de 15 mois pour décider que Radika, qui s’inscrit clairement dans la définition de producteur qu’on trouve dans les dictionnaires, n’avait pas qualité pour déposer une plainte à titre de producteur.
Entre-temps, le gouvernement du Canada n’a malheureusement pas tenté de négocier des sauvegardes, laissant au Tribunal canadien du commerce extérieur le soin de se prononcer. Pendant cette période, encore plus d’usines ont fermé leurs portes, encore plus d’emplois ont été perdus et encore plus de familles et de collectivités ont été déchirées. Nous avions décidé de présenter notre plainte au TCCE à titre de travailleurs de l’industrie parce que nous croyons que les travailleurs devraient avoir leur mot à dire sur les relations commerciales et la réglementation des échanges, qui ont des effets aussi évidents sur leur vie. Nous étions en outre appuyés par un certain nombre de fabricants et de producteurs canadiens bien connus.
On a soutenu que pas plus de 1 p. 100 de l’industrie ne souhaitait voir le gouvernement du Canada mettre en œuvre des sauvegardes. Nous réfutons cette affirmation en nous basant simplement sur les chiffres. Nous devons adopter une attitude différente sur cette question et nous demander combien de travailleurs et d’emplois sont représentés par les fabricants qui appuient la négociation de sauvegardes.
L’industrie du vêtement est complexe. Parmi les milliers d’établissements de ce secteur, beaucoup sont très petits. On estime qu’au moins un quart de ces établissements emploient moins de cinq personnes.
La plupart des fabricants de l’industrie sont également des importateurs ou produisent dans d’autres pays, dont la Chine, des vêtements qu’ils réimportent ensuite au Canada. Il est donc difficile de mesurer l’appui de l’industrie pour une politique ou une autre à cause du nombre d’établissements et de la fragmentation des opérations.
Il est cependant facile de comprendre que beaucoup d’entreprises sont déchirées : elles souhaitent protéger leurs opérations et les emplois de leurs travailleurs au Canada, mais sont obligés en même temps de soutenir la concurrence sur le marché canadien, qui est actuellement exempt de toute protection et qui encourage en fait l’importation au lieu du maintien des emplois dans le pays.
Malgré ces facteurs, nous savons que beaucoup de grands fabricants connus ont appuyé notre plainte au TCCE en signant des cartes postales, en envoyant des lettres et même en écrivant à l’ancien premier ministre pour demander au gouvernement du Canada de négocier des sauvegardes.
J’ai ici des lettres et des cartes provenant d’une trentaine de fabricants de vêtements qui, d’après nos estimations, représentaient en janvier dernier un peu moins de 10 p. 100 de la main-d’œuvre du secteur du vêtement au Canada.
Les propos de ces fabricants canadiens sont d’ailleurs plus puissants que les chiffres. À part les lettres à l’ancien premier ministre que j’ai mentionnées, j’ai ici – je crois que ce document a déjà circulé – une lettre de Kash Sood, président-directeur général du groupe Ranka.
Je dois préciser que nous ne représentons pas les travailleurs du groupe Ranka. Kash Sood a pris contact avec nous, après avoir appris que nous avions déposé une plainte auprès du TCCE, pour nous faire part de son soutien et appuyer notre campagne.
Dans sa lettre du 5 décembre courant aux membres de votre comité, M. Sood exprime clairement son appui aux mesures de sauvegarde. Voici un extrait de sa lettre :
Même si une partie de notre chiffre d’affaires découle des importations, nous sommes fiers d’affirmer que Ranka Enterprise Inc. est et demeurera une entreprise de fabrication canadienne, qui donne de l’emploi aux Canadiens. Nous produisons divers types de vêtements, allant des vêtements pour femmes aux chapeaux et accessoires, et nous faisons affaire avec des magasins au détail connus partout en Amérique du Nord, tels La Baie, Zellers, Sears, Wal-Mart, Disney, Marshal Field et JC Penny.
Il y a cinq ans, nous avions plus de 600 employés; il en reste maintenant environ 160. Si les importations en forte hausse en provenance de la Chine se poursuivent sans surveillance, il est probable que ce nombre diminuera encore davantage.
Étant donné le court préavis du Comité, il m’est impossible de témoigner en personne, mais nous désirons que les membres du Comité sachent qu’en tant que fabricant canadien de vêtements, nous appuyons sans réserve le gouvernement dans ses efforts visant à mettre en place des mesures de sauvegarde avec la Chine.
Il termine ainsi sa lettre :
Nous exhortons le gouvernement du Canada à agir pour contrer le désavantage concurrentiel que subissent les fabricants de vêtements canadiens et nous demandons à votre Comité d’inciter le gouvernement à négocier un accord de contrôle avec la Chine sans délai.
Même les entreprises qui ont décidé de produire à l’étranger reconnaissent les effets dévastateurs des changements réglementaires sur le marché canadien. Permettez-moi de citer un extrait du même numéro de la revue
Business Edge de novembre dernier sur l’élimination des droits de douane et des quotas :
Elle « a des effets désastreux sur les emplois et la situation du secteur manufacturier canadien », a déclaré Gary Steiman, président-directeur général de la Gemini Fashion of Canada Ltd., de Winnipeg, qui, comme des centaines d’autres sociétés canadiennes, a fermé ses usines du Canada.
À l’heure actuelle, Gemini Fashion, qui a son siège à Winnipeg et qui employait 450 travailleurs il y a quelques années, n’a plus à son effectif que 150 personnes et ne fait rien d’autre que de l’importation.
Après tout cela, nous ne pouvons que nous demander pourquoi. Pourquoi le nouveau gouvernement du Canada ne défend-il pas les emplois canadiens? Pourquoi n’a-t-il pas recouru aux mesures de sauvegarde sanctionnées par l’OMC que les États-Unis, l’UE, le Brésil, la Turquie et, en septembre dernier, l’Afrique du Sud ont prises pour protéger leur industrie et leurs emplois? Pourquoi l’une des industries de base du pays n’est-elle pas autorisée à profiter des mêmes occasions que ses homologues de la plupart des pays développés?
Nous ne demandons pas des mesures radicales de protection. Même si nous considérons comme très importantes les questions liées aux droits des travailleurs et de la personne en Chine, elles ne constituent pas le fondement de nos arguments. À l’heure actuelle, comme Kash Sood l’a dit dans sa lettre, les fabricants canadiens doivent affronter un désavantage concurrentiel. Ce sont les travailleurs de l’industrie, comme Radika, qui en paient le prix et qui demandent simplement à leur gouvernement de recourir aux mêmes mesures de sauvegarde adoptées par beaucoup de nos grands partenaires commerciaux.
Nous remercions le comité de nous avoir donné l’occasion de nous adresser à lui aujourd’hui.
Près de 90 p. 100 de l’effectif de Coppley à Hamilton se compose de femmes et d’immigrants. Plus de 75 p. 100 de ces femmes ne savent même pas lire et écrire l’anglais.
Nous avons des emplois qui nous permettent de faire vivre notre famille. Nous sommes des travailleurs qualifiés et sommes fiers des produits de grande qualité que nous faisons. Le problème, c’est que notre industrie est soumise à de graves pressions. Nous nous demandons si nous aurons encore nos emplois dans cinq ans. Pour ceux et celles d’entre nous qui ont fait ce genre de travail pendant la plus grande partie de leur vie adulte, un recyclage n’est pas envisageable parce que nous sommes déjà âgés. Beaucoup d’entre nous ne parlent ni l’anglais ni le français comme langue seconde.
Nous avons de bons emplois syndiqués et un bon salaire pour subvenir aux besoins de notre famille. Ce que je veux dire, c’est que nous voulons simplement sauver nos emplois. La plupart du temps, nous travaillons huit heures ou six heures ou quatre heures. Nous n’avons cependant pas les moyens de vivre avec une moitié de salaire. Nous n’avons même pas les moyens de nous payer une auto. Nous ne pouvons pas payer l’assurance ou les versements sur une voiture parce que nous ne gagnons pas assez d’argent. Levi’s a fermé son usine de Hamilton. La plupart de ses travailleurs sont venus chez nous, mais nous n’avons pu en prendre qu’un certain nombre. Ils gagnaient 14 $ ou 15 $ l’heure, mais ont dû se contenter de commencer à 8 $ ou un peu plus.
Il nous est très difficile d’acheter une maison parce que nous ne savons pas si nous aurons encore du travail dans six mois à huit heures, six heures ou autre par jour. La plupart d’entre nous doivent prendre l’autobus.
Je ne comprends pas comment les Américains ont réussi à avoir des sauvegardes. L’Europe et l’Afrique du Sud en ont aussi. Pourquoi le Canada ne peut-il pas en avoir? Nous essayons de protéger nos emplois, nous essayons de travailler pour subvenir aux besoins de nos enfants qui grandissent. Pourquoi est-ce tellement difficile? La plupart d’entre nous sont venus au Canada pour y trouver une meilleure vie, mais si nous n’avons pas de travail, cela est impossible. Nous sommes prêts à travailler. Nous ne voulons pas de l’aide sociale ou de l’assurance-emploi. Si notre entreprise ferme ses portes d’ici cinq ans, je ne sais pas comment vivront la plupart d’entre nous. Alors, je vous en prie, j’espère que quelqu’un écoute et fera quelque chose pour sauver nos emplois.
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Merci, monsieur le président.
Je vous remercie de vos excellents exposés. J’ai quelques questions à vous poser.
Comme vous le savez bien, ce n’est pas seulement la Chine qui vous crée des difficultés, c’est tout le monde, du Costa Rica au Mexique et à l’Indonésie. C’est un grand problème, auquel doivent actuellement faire face la plupart des pays développés.
Ces dernières années — je suis sûr que c’est le cas au Québec, qui semble être le plus durement touché —, le gouvernement du Québec et le gouvernement fédéral, par l’intermédiaire du ministère de l’Industrie, je crois, sont censés aider votre industrie au moyen de nouveaux produits et de meilleures technologies. Le saviez-vous? Avez-vous constaté quelque chose dans vos entreprises?
Une autre mesure qui devrait également aider votre industrie concernait les matières premières que vous utilisez, que ce soit le coton ou autre chose. Auparavant, ces matières premières étaient frappées de droits de douane à leur entrée dans le pays. Le gouvernement était censé éliminer ces droits pour que les matières premières vous reviennent moins cher, ce qui aurait aidé votre industrie. Je me demande si vous êtes bien au courant de tout cela.
Troisièmement, l’Union européenne a connu cette situation il y a quelques années. L’UE a fixé des plafonds d’importation, surtout dans le cas de la Chine et de l’Inde. Son industrie en a été très satisfaite, mais la transition a occasionné un grand problème. Lorsque les plafonds sont entrés en vigueur, tous ces produits arrivaient en Europe, mais tout à coup, personne n’était plus autorisé à les distribuer. Les consommateurs s’en sont beaucoup plaints parce qu’ils ne trouvaient plus les produits auxquels ils étaient habitués. Si nous devons imposer des plafonds sur certains produits, il nous faudra prévoir une période de transition pour que les gens n’aient pas l’impression que votre industrie les empêche d’avoir certains produits.
Voici donc ma troisième question. Si des plafonds sont imposés, quelle période de transition serait nécessaire? Par exemple, la société Levi ayant fermé ses portes, si nous cessons d’importer des jeans, nous ne pourrons pas nous adapter du jour au lendemain. Y a-t-il un plan quelconque à cet égard?
C’étaient mes trois questions.
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D’accord. Je les prendrai probablement dans l’ordre inverse, mais je mettrai de côté la dernière.
Nous avons également entendu parler de l’expérience de l’Europe. Toutefois, la négociation de sauvegardes doit évidemment se faire entre le gouvernement du Canada et la Chine. Pour amorcer les négociations, il suffit, je crois, que le ministre du Commerce écrive à la Chine pour dire que le Canada souhaite négocier des sauvegardes dans certaines catégories. Cela lancerait immédiatement le processus.
En Europe, aux États-Unis et en Afrique du Sud, les responsables ont choisi un ensemble de catégories et ont négocié. Il n’est pas nécessaire de choisir toutes les catégories de vêtements et de textiles. C’est un processus négocié. J’aurais bien voulu que nous suivions l’exemple de l’Europe.
Notre plainte touchant les sauvegardes, je dois le préciser, portait sur huit catégories très précises. Il est difficile de l’admettre, mais certaines catégories de vêtements sont aujourd’hui tellement dominées par les importations, surtout de Chine, que la plupart des emplois et des activités de fabrication ont déjà disparu. Par conséquent, lorsque nous avons choisi les huit catégories à présenter au TCCE, nous avons pris soin de ne retenir que les celles qui ont encore des emplois, comme les costumes pour hommes, considérés dans le passé comme des produits coûteux. Nous avons choisi la catégorie des costumes pour hommes et garçons parce que la qualité y a toujours été très importante. Ce sont les activités de fabrication qui ont survécu à tous les ajustements consécutifs aux différents accords commerciaux conclus. Bref, nous avons choisi des catégories précises ayant un niveau d’emploi élevé ou, dans certains cas, des catégories qui avaient un sens historique particulier au Canada.
Vous avez parlé de Montréal. Comme je l’ai dit, je crois savoir que vous recevez la semaine prochaine des témoins qui vous parleront de l’expérience du Québec. Montréal est encore le troisième centre de fabrication de vêtements en Amérique du Nord, après New York et Los Angeles. L’industrie des costumes pour hommes, en particulier, a toujours occupé une place importante dans la vie et la culture montréalaises. Nous avons donc choisi des catégories que nous avons jugées viables. Soit dit en passant, celle des jeans n’en fait pas partie.
Nous sommes au courant de l’existence de différents programmes. Je laisse le soin de parler des programmes d’ajustement du Québec à Lina Aristeo, de notre conseil du Québec, qui doit venir témoigner la semaine prochaine, je crois.
La question des matières premières est très difficile. L’élimination des... En fait, les usines de textile ont également connu beaucoup des mêmes problèmes que l’industrie du vêtement. Encore une fois, notre demande de sauvegardes ne touchait que huit catégories précises de vêtements. Nous admettons volontiers que c’est une industrie complexe. Au Canada, tout le secteur manufacturier subit de fortes pressions par suite de la concurrence mondiale.
Encore une fois, nous ne demandons que cette seule mesure, qui ne peut d’ailleurs être appliquée que jusqu’à la fin de 2008, mais qui permettrait aux secteurs de l’industrie du vêtement qui s’occupent de ces huit catégories particulières de s’ajuster à la nouvelle situation, comme c’est le cas en Europe et aux États-Unis.
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Excusez-moi. Permettez-moi de revenir en arrière.
Si des sauvegardes étaient négociées aujourd’hui, elles ne remédieraient pas aux dégâts qui se sont déjà produits. Elles ne feraient que limiter à 7,5 p. 100, pendant les deux prochaines années, l’augmentation des importations de produits chinois dans les catégories précises qui seraient négociées. Elles ne modifieraient donc pas radicalement la situation.
Nous avons organisé beaucoup de manifestations publiques. Nous avons tenu un grand rassemblement à Montréal le 20 octobre, pendant lequel plus de 2 000 travailleurs du vêtement ont marché dans les rues de Montréal, paralysant pendant un après-midi le troisième centre du vêtement en Amérique du Nord.
Pour attirer l’attention du public, nous avons déployé beaucoup d’efforts auprès des médias. Dans le passé, au sujet de la question des gens qui achètent des vêtements étrangers et des répercussions de cette décision sur l’industrie canadienne, nous avons organisé d’importantes campagnes en faveur de lois contre les ateliers clandestins et d’autres mesures du même genre.
Par ailleurs, nous pensons vraiment que les sauvegardes constituent un moyen sanctionné par l’OMC que d’autres pays ont utilisé pour laisser une certaine marge de manœuvre à leur industrie et aussi à leurs fabricants ainsi qu’aux emplois qu’ils représentent.
Bien sûr, beaucoup de gens cherchent des aubaines. Nous en parlions, Radika et moi, dans l’avion en arrivant. Beaucoup de travailleurs de notre industrie font la même chose que votre femme. Comme Radika l’a dit, ils travaillent huit heures par jour pendant quelques mois, ce qui est très bien parce qu’ils ont alors un salaire de plein temps, mais en cas d’ennuis, ils ne travaillent plus que six ou quatre heures par jour. Leur salaire baisse en proportion car ils travaillent à l’heure. Soumis à de telles pressions, quelques-uns de nos membres vont eux aussi faire leurs achats dans les magasins à bon marché et se procurent des vêtements provenant de ces pays.
Nous comprenons bien que c’est une question complexe.
Je voudrais également poser quelques questions à Mme Hartviksen.
Premièrement, si aucune mesure n’est prise, avez-vous estimé le nombre d’emplois qui seraient perdus dans les prochains mois?
Deuxièmement, je crois comprendre que les mesures spéciales ne s’appliquerait que jusqu’en 2008. Qu’arrivera-t-il après?
Troisièmement, le gouvernement a pris très rapidement quelques décisions, qui n’étaient peut-être pas très réfléchies. Si, dans ce cas, il décidait de mettre en œuvre des mesures de sauvegarde, combien de temps faudrait-il pour les négocier et les mettre en œuvre?
Finalement, je voudrais revenir à la dernière campagne électorale. Je crois me souvenir que tous les partis s’étaient prononcés à ce sujet. Je pense que le Parti conservateur avait officiellement dit qu’il appuierait des mesures de sauvegarde. Je voudrais simplement le confirmer parce que j’espère que les membres conservateurs de notre comité voudront honorer leurs promesses électorales lorsque viendra le moment de voter sur la motion.