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Merci beaucoup, monsieur le président. Bonjour à tout le monde. Je vais présenter un très bref exposé, après quoi je pourrai répondre à vos questions.
Pendant les 27 années que j’ai passées à EDC, j’ai été témoin de nombreux changements touchant les besoins de notre clientèle, les normes du marché, les attentes des clients internationaux et notre propre façon de travailler. Cela a toujours constitué l’hypothèse de base de tout examen du commerce international: le changement est inhérent à ce domaine. La seule différence qui se manifeste aujourd’hui est liée au rythme de ce changement. Les choses vont plus vite, les événements évoluent plus rapidement, de nouveaux joueurs apparaissent partout. Si nous sommes incapables de tenir le rythme, il y en a probablement beaucoup d’autres qui peuvent le faire et qui le font effectivement. Comme nous le savons, le commerce international offre aux entreprises canadiennes des perspectives sans précédent, mais la concurrence est plus étendue et plus acharnée qu’elle ne l’a jamais été.
Tout le long de son histoire – vieille maintenant de 60 ans, puisque nous commençons notre 61e année –, EDC a été un joueur avec qui il fallait compter à l’échelle internationale. Je suis fier de le dire. Élément clé du programme commercial du gouvernement, EDC a fortement contribué au renforcement de la prospérité, de l’emploi et de la croissance au Canada. En même temps, aucun d’entre nous ne se risquerait à tenir pour acquis que les modèles, qu’il s’agisse de produits, de services ou de principes, qui nous ont bien servi dans le passé continueront de le faire à l’avenir. J’inclus EDC dans cette affirmation. J’ai pris l’engagement de veiller à ce qu’EDC connaisse bien ses clients. Si nous devons comprendre leurs besoins, nous devons connaître les détails de leurs plans. Je veillerai au plein engagement d’EDC avec les investisseurs et les exportateurs canadiens de tous les secteurs, de tous les coins du pays et de toutes les tailles.
Ma carrière à EDC été axée sur le financement des solutions, axées sur la gestion du risque, dont les entreprises canadiennes ont vraiment besoin pour réussir à l’étranger. Dans l’exercice de mon mandat de président, je veux m’assurer que le gouvernement du Canada dispose, par l’intermédiaire d’EDC, d’une organisation qui non seulement offre ce dont les entreprises ont besoin aujourd’hui, mais qui est en mesure de prévoir ce dont elles auront besoin demain.
Je vous remercie. Je suis maintenant prêt à répondre à vos questions.
Je vous remercie, monsieur Siegel. Félicitations pour votre nomination.
Depuis que je suis député et que j’essaie d’aider les l’entreprises locales de ma circonscription du Nouveau-Brunswick, j’ai eu l’occasion de voir à l’œuvre quelques-uns des employés d’Exportation et Développement Canada. Les gens que j’ai rencontrés dans les régions faisaient tous un travail exceptionnel pour adapter les outils dont ils disposaient aux besoins des clients, souvent dans des industries et des régions où cela n’est pas du tout évident. En toute franchise, mes contacts avec les membres de votre personnel régional ont été très positifs. Je voudrais donc vous poser une question qui découle un peu de ce que vous venez de dire.
Il arrive souvent que les institutions financières se servent des produits et services que vous offrez comme garantie lorsqu’elles font affaire avec de petites entreprises qui exportent, par exemple, des produits de la mer. Dans ma région du Nouveau-Brunswick, l’exportation de poisson et de fruits de mer est une grande industrie qui comprend des transactions complexes et dépend d’une multitude de facteurs échappant souvent au contrôle des gens d’affaires eux-mêmes. Voilà pourquoi les outils que leur offre EDC peuvent être très précieux, ne serait-ce que pour amener une institution financière à examiner leur demande d’une ligne de crédit ou de financement à des fins d’exportation.
Je me demande si vous avez des projets visant particulièrement à intensifier la présence d’EDC dans les petites collectivités et les petits marchés. Vous avez évoqué cette question il y a quelques instants. Pourriez-vous nous en dire davantage à ce sujet?
Au Nouveau-Brunswick, par exemple, beaucoup de gens d’affaires ne comprennent pas vraiment l’intérêt qu’ils peuvent avoir à traiter avec EDC ou à s’entretenir avec vos représentants pour voir si vous pouvez les aider ou leur offrir des services utiles. Comptez-vous examiner cette possibilité d’une manière proactive? Souvent, les gens d’affaires considèrent EDC comme un organisme relevant d’Ottawa, qui dessert les grandes entreprises de Toronto, de Montréal ou de l’Ouest, et ne se rendent pas compte que, dans bien des cas, vous pouvez vraiment les aider.
Je vous demande donc de faire davantage de publicité et d’accorder plus de ressources aux représentants que vous avez à des endroits tels que le Nouveau-Brunswick pour qu’ils essaient de recruter plus de clients. Je crois en effet que les deux parties y trouveraient leur compte.
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Monsieur le président, j'aimerais remercier l'honorable membre du comité pour sa question. Je serai plus à l'aise d'y répondre en anglais.
[Traduction]
Le député a tout à fait raison. EDC étant constituée en société, nous devons être financièrement autonomes. En fait, EDC a réalisé des bénéfices dans chacune de ses 61 années d’existence. Ces dernières années, les bénéfices ont été plus importants. L’année dernière, ils ont atteint 1,2 milliard de dollars, soit à peu près la même chose qu’en 2004. Nous nous attendons à des bénéfices comparables cette année.
EDC a un effectif permanent d’un peu plus de 1 000 employés, dont 90 p. 100 se trouvent à Ottawa, les autres se répartissant entre les bureaux régionaux, sans compter dix représentants que nous avons à l’étranger pour desservir des marchés particuliers, comme ceux des pays émergents, où les activités du Canada sont très importantes et se développent constamment.
La société a toute une série de produits et de services d’assurance, à part ses services financiers ou de prêts. Ce sont en fait les prêts qui engendrent la plus grande part des revenus d’EDC. L’assurance contribue aussi, mais la part des services financiers est de l’ordre de 90 p. 100, les 10 p. 100 restants revenant à l’assurance.
EDC utilise ses revenus pour payer ses dépenses administratives et constituer les provisions dont elle a besoin pour ses opérations futures. Elle a une provision pour les prêts irrécouvrables et une autre pour les demandes de règlement d’assurance. Ainsi, si nous avons des pertes, ce qui fait partie des activités courantes, nous pouvons puiser dans les provisions sans avoir à mettre nos actionnaires à contribution.
L'intérêt du gouvernement dans EDC est légèrement inférieur à un milliard de dollars. L’avoir cumulatif actuel, en tenant compte du capital d’apport, des bénéfices non répartis et des provisions constituées, dépasse les 8 milliards de dollars, par rapport à un actif total d’environ 20 milliards. Ces 20 milliards sont essentiellement constitués par les prêts. En sus, nous avons un passif éventuel lié à nos opérations d’assurance. L’année dernière, il s’élevait à environ 55 milliards de dollars en assurances et 10 milliards en nouveaux financements souscrits.
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La question que je vais vous poser va dans le même sens que celle de mon collègue libéral.
Les entreprises du secteur manufacturier ou de secteurs plus mous sont actuellement très aux prises avec la concurrence asiatique. Le secteur du meuble, par exemple, pourrait exporter davantage dans des pays émergents comme la Chine, Taïwan et l'Inde, car une classe moyenne s'y développe, ce qui crée des possibilités.
Toutefois, j'ai l'impression qu'EDC n'est pas connu localement. Les principaux acteurs locaux auxquels s'adressent les organismes sont souvent Développement économique Canada, DEC, les Sociétés d'aide au développement des collectivités, les SADC, qui sont des organismes fédéraux, et les CLD, qui sont des organismes locaux.
Je crois qu'on devrait sensibiliser davantage les entreprises qui craignent encore d'exporter vers les pays émergents. Dans le secteur du meuble, les échanges se font entre le Canada et les États-Unis. On est dans un marché de libre-échange et on n'exporte que peu ou pas du tout vers des pays émergents parce qu'on a des craintes.
Je me demande si EDC ne devrait pas jouer un rôle plus grand auprès des localités au moyen de structures comme les SADC et les CLD, afin de promouvoir davantage leurs services et d'expliquer comment les services d'EDC s'arriment avec ceux des SADC. Ces dernières consentent également des prêts aux petites entreprises.
J'ai l'impression qu'EDC est loin de ma localité, où le secteur manufacturier est important. Dans la région de la Mauricie, on a l'impression qu'EDC est loin. Dernièrement, j'ai référé à EDC une microbrasserie qui voulait exporter à l'extérieur, et cette entreprise n'a pas reçu de réponse. Pourtant, elle respectait les critères. Les petites et moyennes entreprises ont l'impression qu'EDC est loin d'elles.
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Je suis persuadé depuis un certain temps qu’EDC doit fonctionner en tant qu’entité mondiale. Autrement dit, la société ne peut pas se limiter à être un fournisseur unique et direct de services. Elle doit former des partenariats avec un certain nombre d’intervenants internationaux pour parvenir à la portée dont nous avons besoin.
Je crois en même temps que, même si les services d’EDC sont nécessaires dans tous les marchés, aussi bien développés qu’en développement, il est probable que l’endroit le plus favorable pour nous est constitué par les marchés émergents. Nous nous sommes toujours fixé des objectifs ambitieux, et continuerons à le faire. Nous souhaitons qu’une partie disproportionnée de notre pénétration, par rapport au profil d’exportation du Canada, se situe dans les marchés émergents.
Nous avons constaté dernièrement qu’il est de plus en plus important non seulement d’appuyer les exportations, mais aussi de soutenir l’investissement à l’étranger. Par conséquent, les frontières s’estompent et continueront de le faire à l’avenir.
Mon collègue vous parlera du commerce d’intégration et de ses incidences. Cela signifie essentiellement que nous devons considérer les marchés en fonction des avantages que le Canada peut en tirer et de la façon dont nous devons les aborder pour être en mesure d’en profiter, pas seulement au chapitre des exportations, mais aussi comme bénéficiaires de tout ce que ces marchés peuvent faire pour favoriser notre compétitivité d’ensemble. Par conséquent, nous consacrerons de plus en plus d’efforts au développement de l’investissement à l’étranger et, partant, à l’aide à offrir aux filiales locales de nos clients pour qu’elles puissent bénéficier des mêmes services que les exportateurs au Canada. Pour pouvoir le faire, cependant, nous aurons parfois à surmonter des obstacles réglementaires propres aux marchés en question, ce qui est plus facile quand nous avons des partenaires locaux.
La réputation d’EDC, à titre d’intervenant financier international très crédible, est extrêmement importante à cet égard. Il serait donc nécessaire de développer la présence d’EDC dans ces marchés. Nous avons actuellement dix représentants à l’étranger – en Chine, au Brésil et en Inde – dont le nombre devrait doubler d’ici deux ou trois ans et se développer davantage plus tard. EDC peut user de sa crédibilité pour cibler les entreprises et les principaux commanditaires locaux qui auront le plus à gagner à développer les relations avec le Canada. EDC devient ainsi le facilitateur des contacts pour le compte d’entreprises de toutes les tailles. Nous le faisons déjà actuellement.
Nous utilisons beaucoup la stratégie d’attraction: nous allons dans un marché émergent, déterminons les principaux intervenants et cherchons à établir des contacts financiers avec eux, pourvu qu’ils nous permettent de leur présenter des capacités canadiennes de toutes les tailles. Ensuite, de concert avec les associations industrielles ainsi qu’avec nos partenaires et collègues du gouvernement, nous essayons d’organiser un échange de missions commerciales pour nouer des liens entre les deux pays de façon à avantager les capacités canadiennes.
Il s’agit donc d’amener un certain nombre de personnes à pied d’œuvre pour établir des capacités locales de base, qu’on s’occupe de développer ensuite. Il faut donc essayer d’étendre et de renforcer ce qu’on a été en mesure de mettre en place.
Il est clair que les partenariats joueront un rôle beaucoup plus important dans l’avenir d’EDC. Nous devrons établir des liens avec des institutions financières aussi bien canadiennes qu’internationales. Nous avons déjà procédé à quelques détachements stratégiques auprès de joueurs qui devraient, à notre avis, devenir importants à l’avenir. Nous devons nous faire connaître et apprendre à connaître les autres pour être en mesure de former des partenariats mutuellement avantageux et pour nous assurer un meilleur accès à certains de ces marchés.
J’ajouterai que, même si les PME continuent à occuper une place très importante, nous devons nous assurer de compter parmi nos clients davantage de sociétés transnationales prospères. Nous devons donc arriver à toucher les joueurs qui sont déjà sur place. Dans certains cas, il s’agit de grandes sociétés qui, à l’occasion, ont l’impression de ne pas avoir besoin de nous. En réalité, elles ont besoin d’un plus grand soutien de notre part pour consolider et développer leur présence. Ainsi, elles peuvent encourager des PME à s’établir dans le marché en question, soit par simple attraction soit en les intégrant dans leur chaîne d’approvisionnement.
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Oui, monsieur le président, j’ai quelques observations à présenter. Merci beaucoup. Je ne répéterai pas ce que je vous ai envoyé dans mon mémoire. Je voudrais juste aborder en détail quelques points.
Je vous remercie de m’avoir donné l’occasion de m’adresser à vous ce matin.
[Français]
Ma présentation sera en anglais, mais soyez à l'aise de poser vos questions en français.
[Traduction]
Il est très important de bien comprendre que le commerce international est en pleine évolution. J’irai jusqu’à dire que nous avons maintenant affaire à un nouveau paradigme du commerce international, parce qu’il n’est tout simplement plus tel qu’il était auparavant.
M. Siegel a parlé de nombreux aspects d’EDC. Je voudrais maintenant aborder quelques points qui n’ont pas été mentionnés au cours de la discussion. L’année dernière, en 2006, EDC a facilité des opérations commerciales – exportations et investissements – d’une valeur de 66 milliards de dollars pour le compte d’entreprises canadiennes ayant des activités à l’étranger, et 90 p. 100 de ses opérations concernaient des PME. Au total, nous avons ainsi aidé 6 800 entreprises.
Comme nous l’avons mentionné, il y a quelques instants, toutes ces opérations doivent satisfaire à un critère d’avantage canadien. Nous devons être en mesure de déterminer de quelle façon elles vont profiter au Canada. Nous estimons que ces opérations représentaient 3,9 p. 100 du PIB canadien l’année dernière. Pour calculer ce chiffre, monsieur le président, nous n’avons eu recours à aucun facteur fantaisiste de multiplication. Il s’agissait simplement des éléments mêmes des opérations.
Le paradigme du commerce international évolue, comme je l’explique dans mon mémoire. Je crois pouvoir mettre en évidence un certain nombre de points en vous racontant une histoire vieille de 50 ans.
L’histoire commence en 1955 lorsque les économies des États-Unis et du Canada paraissaient assez semblables, du moins dans le secteur manufacturier. Aux États-Unis, 30 p. 100 de la population active travaillait pour ce secteur. Au Canada, le chiffre était de 26 p. 100. Je vais commencer par concentrer mes observations sur les États-Unis. En 1955, ils avaient dans la fabrication 15 millions de travailleurs représentant, comme je l’ai dit, 30 p. 100 de la population active. Aujourd’hui, le secteur manufacturier ne représente plus que 10 p. 100 de la population active américaine et ne compte que 14 millions de travailleurs. Autrement dit, le secteur manufacturier américain emploie aujourd’hui moins de travailleurs, en chiffres absolus, qu’il y a 50 ans.
L’important, dans cette histoire, c’est que ces 14 millions de travailleurs sont aujourd’hui six fois plus productifs qu’ils ne l’étaient en 1955. J’ai bien parlé d’un facteur de six. Les Américains ont réalisé cet exploit en adoptant le modèle de commerce d’intégration dont nous parlons dans notre mémoire. Aujourd’hui, le commerce international est quatre fois plus important pour l’économie américaine qu’il ne l’était en 1955. De plus, le commerce qui s’est développé ne consiste pas seulement en exportations. Nous ne considérons pas vraiment les États-Unis comme un grand pays exportateur. Ils exportent beaucoup, mais leurs exportations sont loin d’occuper la même place que chez nous. Quoi qu’il en soit, leur commerce a deux dimensions: d’une part l’exportation et, de l’autre, l’utilisation du commerce comme outil d’approvisionnement pour rendre l'entreprise plus efficace, c’est-à-dire capable de remplir la même fonction avec moins de travailleurs ou de faire croître certaines de ses autres dimensions. Cela s’est fait aux États-Unis sur une très grande échelle pendant les 50 dernières années.
Je vous raconte cette histoire parce que beaucoup de gens croient – même quand j’ai parlé du livre La terre est plate de M. Friedman – que ce phénomène n’est pas nouveau. C’est une ligne de tendance. Si je considère les travailleurs du secteur manufacturier aux États-Unis, leur évolution représente une ligne droite depuis 50 ans.
Bien sûr, personne ne peut dire que les 50 dernières années ont été mauvaises pour les États-Unis. En fait, elles ont été extraordinairement bonnes. L’image que je vous ai présentée témoigne donc de grands progrès.
De fait, vous verrez dans les journaux de demain que les chiffres du commerce américain viennent d’être publiés pour une année complète. Dans les articles que je peux lire sur mon BlackBerry – un excellent produit canadien, soit dit en passant –, on dit que sous la présidence de Bush, 3 millions d’emplois ont été perdus dans le secteur manufacturier et, selon certains, c’est à cause de pratiques commerciales déloyales. On met en cause le déficit commercial avec la Chine. Bien au contraire, ce qui s’est produit aux États-Unis pendant cette période, c’est que les Américains ont continué à se mondialiser et à accroître leur productivité. Ils ont enregistré ce que nous appelons un miracle de productivité et, ce faisant, ont créé plus de 8 millions d’autres emplois. Près de 7 millions de ces emplois se situent dans des catégories à rémunération supérieure à celle des emplois perdus dans le secteur manufacturier. Cela me permet de croire que tout cela représente une grande réussite.
Examinons maintenant la situation au Canada pour noter les différences. En 1955, le secteur manufacturier comptait 26 p. 100 de notre population active, représentant 1,4 millions de travailleurs. Aujourd’hui, le pourcentage est passé à 14 p. 100. Nous avons donc une évolution très semblable à celle des États-Unis. Toutefois, notre productivité n’a augmenté que de cinq fois, et non de six fois comme aux États-Unis. Notre utilisation du commerce comme outil a doublé dans les 50 dernières années, tandis qu’elle a quadruplé chez nos voisins. Voilà, je crois, la plus importante différence entre les deux économies, une différence qui explique l’écart de productivité ou de compétitivité dont nous parlons souvent. Cela me permet de croire que les entreprises canadiennes adoptent le nouveau paradigme, mais moins rapidement que les sociétés américaines. Cela se produit néanmoins chez nous.
Je voudrais maintenant aborder brièvement le rôle d’EDC dans ce tableau. Comme l’a mentionné M. Siegel, nous nous occupons de nombreux aspects du commerce. Très souvent, il s’agit simplement de pénétrer de nouveaux marchés. L’année dernière, 23 p. 100 de nos opérations, représentant environ 15 milliards de dollars d’activités pour des entreprises canadiennes, se situaient dans des marchés émergents.
Il peut également s’agir d’investissements dans un pays étranger destinés à créer une filiale ou à ajouter un fournisseur à la chaîne d’approvisionnement pour augmenter l’efficacité d’une société canadienne. Par exemple, les pièces de notre fameux BlackBerry viennent de sept pays différents. Bien sûr, le concept, la recherche-développement et une partie de la fabrication se font à Waterloo, mais sept autres pays fabriquent des pièces de ce produit extraordinaire. En fait, l’année dernière, EDC a aidé des sociétés canadiennes à investir près de 6 milliards de dollars dans ces pays pour constituer des chaînes d’approvisionnement de ce genre. Cela contribuera directement à notre productivité.
Notre plan d’activité des cinq prochaines années, que le Conseil du Trésor a approuvé mais qui ne sera déposé que ce printemps, comporte trois piliers. Nous devons d’abord établir des liens avec nos exportateurs et investisseurs. C’est la raison pour laquelle M. Siegel a parlé d’augmenter le nombre de nos représentants sur le terrain. Nous voulons bien connaître les activités des entreprises canadiennes en cause et comprendre comment elles affrontent la concurrence étrangère et comment elles peuvent en profiter.
Deuxièmement, nous devons faciliter le commerce d’intégration, qui est plus vaste et plus multidimensionnel que les exportations traditionnelles. Le commerce étant plus complexe aujourd’hui, nous devons en faciliter tous les aspects pour aider les entreprises à prospérer et à créer des emplois au Canada, c’est-à-dire à intensifier leur impact, comme nous l’avons expliqué.
Nous devons enfin multiplier les effets de nos ressources, c’est-à-dire utiliser nos partenariats, et notamment nos partenariats avec les institutions financières, pour intensifier les effets de notre propre capital. Plus de 60 p. 100 des opérations que nous avons facilitées l’année dernière ont fait intervenir des partenariats avec des institutions financières commerciales.
Comme vous pouvez le deviner, nous en sommes très fiers. Nous essayons cependant de faire beaucoup d’autres choses. Je vais en mentionner quelques-unes avant de conclure.
Nous voulons par exemple augmenter notre impact mondial. Je vais vous mentionner un exemple récent de réussite: il y a 15 mois, nous avons établi une représentation à New Delhi. Résultat: le volume d’affaires des entreprises canadiennes en Inde a triplé en 2006 par rapport à 2005. Nous sommes très satisfaits de la façon dont cela a commencé. Nous savons bien sûr que les entreprises canadiennes ont d’excellentes perspectives dans ce marché.
Dans un autre cas, nous avons pu intervenir au bon moment, lorsque le besoin s’en faisait sentir. Vous vous souviendrez sans doute qu’à un moment donné, le secteur de l’automobile était soumis à d’intenses pressions. Les fournisseurs des grands participants, qui sont essentiellement des exportateurs, ont eux aussi ressenti ces pressions. EDC a introduit de nouveaux outils durant cette période, de nouveaux programmes d’assurance spécialement conçus pour combler les lacunes du marché. À ce moment, le marché privé commençait à se trouver à sec.
Ce sont quelques exemples de ce que nous pouvons faire. J’attends avec impatience vos questions sur le commerce d’intégration et les autres éléments connexes.
En conclusion, je vais vous faire part de quelques propositions concrètes qui pourraient intéresser le comité. Je crois que l’exemple concernant l’Inde est intéressant. Il y a beaucoup d’autres endroits très prometteurs pour le Canada. D’une façon générale, je crois que nous avons besoin de plus de gens sur place, des gens du ministère des Affaires étrangères et du Commerce international et d’EDC. Nous sommes partenaires. Nous devons faciliter les activités du mieux que nous pouvons. EDC a un plan à cet effet, mais il pourrait être plus vaste et plus global. Nous pourrions augmenter notre effectif sur le terrain, comme d’autres pays le font.
En ce qui concerne les accords sur la protection des investissements étrangers, je mentionnais que le modèle de commerce d’intégration se fonde ordinairement sur un investissement. Ainsi, le Canada a des exportations annuelles d’environ 460 milliards de dollars, mais nous avons aussi plus de 400 milliards de dollars de ventes réalisées par nos filiales à l’étranger. Il y a donc une autre économie canadienne qui fonctionne là-bas et qui est tout aussi importante pour le Canada que ses exportations de base. Elle comprend bien sûr des institutions financières, des compagnies d’assurance et des sociétés mondiales telles que Bombardier et Nortel.
Pour ces entreprises, des accords de libre-échange seraient merveilleux, mais ils sont difficiles à conclure. Les accords sur la protection des investissements étrangers sont plus étroits, plus ciblés et plus faciles à conclure. Il serait donc bon, je crois, d’agir dans la mesure du possible sur les deux fronts, de façon à obtenir le maximum de liberté en matière d’investissement.
Nous avons besoin d’une plus grande collaboration entre les provinces. On nous dit souvent que nos efforts tendant à établir une image de marque canadienne sont dispersés. Tous ces marchés reçoivent des visites de groupes venant de l’Ontario, du Québec et du Canada. Tout le monde cherche à exploiter ces nouveaux marchés. C’est excellent, mais notre image de marque peut paraître un peu floue à l’occasion.
Nous pourrions également envisager de construire des parcs industriels dans des marchés stratégiques pour avoir des endroits où les sociétés canadiennes se sentent chez elles. Elles pourraient ainsi louer un petit local dans le parc industriel canadien établi quelque part en Inde ou en Chine, par exemple, et se trouver ainsi dans une atmosphère où tout le monde est dans le même bateau. Je crois que des choses de ce genre peuvent donner de bons résultats. D’autres pays les ont essayées.
Je propose enfin d’investir et d’investir encore dans notre infrastructure commerciale. Par infrastructure commerciale, j’entends différentes choses, mais essentiellement les ports, les voies ferrées et les ponts, c’est-à-dire les moyens de transport nécessaires au commerce. Le Canada peut en outre profiter de ses relations très particulières avec les États-Unis. Nous pouvons devenir un important centre d’acheminement pour les Américains. Cela se fait déjà dans une certaine mesure, et nous devrions l’encourager. Même si nous n’ajoutons pas de la valeur aux biens qui transitent par chez nous, nous pouvons quand même gagner un millier de dollars par conteneur pour la manutention, ce qui n’est pas à dédaigner.
Je vais m’arrêter là, monsieur le président. Merci beaucoup du temps que vous m’avez accordé. Je suis maintenant prêt à répondre à vos questions.
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Je vous remercie de vos deux questions.
Le ministre a raison, en ce sens que d’autres pays semblent avoir plus de succès que nous en Chine. Toutefois, je ne serais peut-être pas aussi négatif parce qu’il faut tenir compte de ce que j’ai dit dans mon mémoire: le commerce est devenu triangulaire et les relations bilatérales ne suffisent plus pour bien décrire l’aspect global des relations commerciales.
Ainsi, une petite société canadienne peut avoir beaucoup de difficultés à s’établir directement sur le marché chinois. En même temps, elle peut facilement mondialiser son activité en s’introduisant dans la chaîne d’approvisionnement d’une grande société américaine qui exporte beaucoup à destination de la Chine. Une partie de notre commerce avec les États-Unis peut en fait s’inscrire dans le commerce mondial, parce que nous faisons partie de la chaîne d’approvisionnement. En fait, je suis certain que cela est vrai parce que nous sommes en contact avec les entreprises en cause. C’est donc là une chose à garder à l’esprit.
En ce moment, je considère bien sûr la Chine comme un marché très prometteur pour nous, mais c’est aussi un endroit important où nous pouvons mettre à l’épreuve le modèle de commerce d’intégration. La Chine est sans doute aujourd’hui l’un des grands fournisseurs du Canada et des États-Unis en intrants à bas prix pour certains de nos produits. Nous exportons ensuite ces produits à beaucoup d’autres pays. Il est cependant bien possible que d’ici cinq à dix ans, la Chine devienne l’un de nos plus grands clients.
Permettez-moi de vous rappeler notre expérience avec le Japon. Vers le milieu des années 1980, les gens envoyaient des représentants au Japon pour essayer de percer son secret. Comment les Japonais arrivaient-ils à nous enlever tant d’affaires? Cela a été très instructif, mais en 1992 ou 1993, la situation avait changé. Le Japon, ayant atteint sa pleine maturité, était devenu l’un de nos plus grands clients. Ce n’était plus la machine à fabriquer ultracompétitive. Bien sûr, les Japonais sont en concurrence avec nous un peu partout, mais ce n’est pas la même chose que dans le passé.
Que peut faire EDC? J’espère tout d’abord vous avoir aidé à mieux comprendre certains de ces chiffres. Comment pouvons-nous cependant contribuer au développement du commerce? Nous avons des représentants sur place. Il y en a deux en Chine, à Beijing et Shanghai. Nous nous attendons à en avoir davantage avec le temps. Bien sûr, nous collaborons directement avec nos collègues du Service des délégués commerciaux, qui travaillent dans les ambassades et les consulats. Comme je l’ai dit dans mon exposé, c’est exactement ainsi que nous devons développer le commerce. Les contacts en personne sont essentiels. Il ne s’agit pas simplement de gens qui achètent ou commandent des produits sur Internet. Il faut établir des relations d’affaires, notamment dans le secteur des services qui croît à une vitesse extraordinaire. EDC joue un rôle de facilitateur. L’année dernière, par exemple, nous avons facilité des opérations d’une valeur de 1,3 milliard de dollars en Chine. Ce n’est pas négligeable, mais il est évident qu’il y a là un grand potentiel de croissance.
Au sujet de l’image de marque, je dirai très brièvement que la représentation sur place est la meilleure façon d’y remédier. Je crois que les exemples de réussites canadiennes commencent à se répandre un peu partout. Il est extraordinaire de constater à quel point cet exemple particulier a circulé, mais il y en a d’autres: Husky, Nortel, Bombardier, SNC-Lavalin. Ces sociétés sont passées sur le marché mondial et ont des activités aux premières lignes, contribuant à créer l’image de marque canadienne.
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Je ne peux évidemment pas parler de ce cas particulier qui est devant les tribunaux. Permettez-moi cependant de vous expliquer le fonctionnement de nos programmes d’assurance. Nous offrons de l’assurance-comptes clients, comme plusieurs autres fournisseurs du marché privé. Les principes s’appliquant à EDC et à ces fournisseurs privés sont les mêmes. Autrement dit, nous assurons les exportateurs contre le non-paiement des comptes clients qu’ils peuvent avoir avec des acheteurs étrangers. Les exportateurs doivent s’adresser à EDC, exactement comme ils le feraient avec un fournisseur privé. Ils doivent également obtenir une approbation liée à leur capacité d’exporter à un acheteur étranger.
Il arrive, à l’occasion, que les risques changent. L’assureur avertit l’assuré si un changement du risque entraîne un changement de la prime pour l’avenir, mais non à titre rétroactif, ou s’il n’est plus en mesure de maintenir la couverture.
Vous noterez que le marché privé non seulement offre cette assurance, mais fait aussi appel au marché de la réassurance pour offrir davantage de capacité. Ce marché est disposé à le faire parce que le programme est structuré ainsi.
Par conséquent, la couverture fournie par EDC n’est pas différente de celle du marché privé. C’est un produit qui est offert depuis longtemps sur la base de ces conditions. Ainsi, l’assuré comprend la couverture qu’il obtient, tandis que l’assureur peut offrir une couverture adéquate du risque.
M. Poloz a parlé de la situation à laquelle nous avons dû faire face dans le secteur de l’automobile, où ce type de couverture n’assurait pas aux fournisseurs la protection dont ils avaient besoin. Par exemple, il y avait le risque que General Motors dépose son bilan. Certains fournisseurs devaient livrer sous contrat des biens, des services ou des pièces à GM pendant une période, mettons, d’un an. Si General Motors déposait son bilan, ces fournisseurs se seraient trouvés dans une situation où ils auraient déjà livré des marchandises pour lesquelles ils n’allaient pas être payés ou pourraient même être tenus de continuer à livrer ces marchandises, indépendamment de la faillite de leur client. Ces fournisseurs voulaient être protégés contre ce risque.
À ce stade, la réassurance conventionnelle aurait... Le marché privé faisait exactement ce qu’il devait faire. Lorsque le risque est devenu trop grand, il a refusé d’assurer les nouvelles ventes à General Motors. Tout ce qui était assuré en vertu des polices existantes continuait de l’être jusqu’au paiement des marchandises. En cas de non-paiement, l’assuré pouvait présenter une demande de règlement.
EDC a alors commencé à offrir une police d’assurance d’un genre complètement différent pour couvrir le nouveau risque. Il s’agissait en un sens d’une période de couverture non susceptible d’annulation, qui s’appliquait tant qu’on ne connaissait pas mieux la situation de General Motors. En fin de compte, lorsque le risque de faillite a disparu, les parties sont revenues à l’assurance-comptes clients ordinaire.
En fait, l’histoire que je vous ai racontée ne faisait pas de distinction entre les biens et les services. Le processus consistant à partir d’une idée pour aboutir à une vente, qu’il s’agisse d’un bien ou d’un service, comporte une succession d’activités dont certaines peuvent constituer des services, tandis que d’autres font intervenir des biens d’une forme ou d’une autre. Nous pensons ordinairement à un modèle idéal comprenant une entreprise verticalement intégrée ayant tout ce qu’il faut dans ses propres locaux. Toutes les opérations se font sur place, et l’entreprise reçoit finalement un chèque d’un client étranger en contrepartie de son travail. C’est le modèle de l’exportation traditionnelle.
Dans notre monde de communications instantanées, de barrières commerciales moindres et de fournisseurs ayant une meilleure logistique, on peut écarter ce modèle pour découper l’entreprise et localiser chacune de ses pièces, qu’elles s’occupent de services ou de production, un peu partout dans le monde, à l’endroit le plus rationnel pour l’entreprise. Une fois l’entreprise découpée, on a besoin du commerce international pour relier ensemble toutes les parties et faire de l’exportation.
Le commerce se fait en deux étapes, d’abord dans le cadre d’un processus d’approvisionnement, ensuite sous forme de vente finale. Ainsi, l’augmentation de la productivité dont profite l’entreprise dépend du modèle distribué qu’elle a choisi. Si elle ne veut pas localiser telle partie en Inde, par exemple, pour une raison ou une autre, elle perdra un certain pourcentage d’amélioration de sa productivité nationale.
Si elle doit s’acquitter d’une tâche à faible productivité, il suffit qu’elle la relocalise dans un autre pays pour la faire disparaître des statistiques canadiennes. C’est ainsi qu’on aboutit au miracle de productivité que les États-Unis ont connu. On peut soutenir que, même s’il y a des gens qui font cette tâche à faible productivité, leurs emplois ne sont menacés que là où ils ont été relocalisés.
L’augmentation du pouvoir d’achat et le revenu supplémentaire qui en découlent créent des emplois dans beaucoup d’autres secteurs. Le plus avantagé au Canada a été celui du bâtiment. L’accroissement des revenus a fait monter la demande de logement, les gens voulant des maisons plus grandes et plus luxueuses, des ajouts, etc. Nous avons donc eu beaucoup de construction.
C’est la raison pour laquelle nous avons des taux de chômage plus bas que jamais en dépit de la perte d’emplois. Les gens passent à de nouveaux secteurs de l’économie qui sont en expansion par suite du phénomène sous-jacent. Il importe donc de garder à l’esprit que c’est une histoire qui a commencé il y a 50 ans et non un an ou deux. Nous la vivons depuis deux générations.
Dans votre question précédente, vous vouliez savoir ce qu’EDC fait par suite de la transition entre les biens et les services. Cela se rattache directement à votre question. Nous n’avons jamais vraiment fait cette distinction. Beaucoup de nos entreprises clientes, comme les sociétés d’ingénierie, fournissent des services. Les grandes sociétés qui travaillent à l’étranger en sont le meilleur exemple. Nous offrons les mêmes produits et services aux entreprises qui produisent des marchandises et à celles qui fournissent des services. Toutefois, ces dernières utilisent davantage certaines choses, comme les contrats d’assurance et de cautionnement. Une société d’ingénierie peut avoir à déposer un cautionnement pour garantir qu’elle finira le travail à une certaine date. Nous assurons le cautionnement contre les appels injustifiés, ce qui permet à la société de réduire ses besoins en capital auprès des banques. C’est ainsi que nous travaillons avec ces entreprises.
Quels secteurs tirent vraiment parti du commerce d’intégration? La réponse ne vous surprendra probablement pas. Ce sont les sociétés du secteur de la technologie avancée, les entreprises de télécommunications et le secteur aérospatial. J’ai parlé de l’importance du commerce pour le PIB. Il y a 15 ans, sur chaque dollar gagné dans le monde, 38c. dépendaient du commerce international. Aujourd’hui, nous en sommes à près de 60c. L’importance du commerce a augmenté de 50 p. 100, et c’est à cause de la croissance de ce que j’appelle le commerce d’approvisionnement, c’est-à-dire le commerce qui a lieu avant qu’on fasse le travail.
Si l’on examine à quel point le commerce est intégré dans le modèle d’affaires de l’entreprise, on trouve des sociétés comme celles de Hong Kong. Celles-ci importent des marchandises à la tonne et en exportent à la tonne. La valeur totale de ces marchandises dépasse de loin la taille globale de l’entreprise: elle a besoin d’énormes volumes d’intrants, qu’elle transforme d’une certaine façon en y ajoutant de la valeur, puis qu’elle exporte en volumes aussi énormes. La contribution au PIB ne représente que la valeur ajoutée en passant. On voit donc couramment des sociétés du secteur de la technologie avancée ayant un taux de pénétration commerciale de 150 p. 100. Les revenus peuvent être de 100 p. 100, mais le total de leurs importations et de leurs exportations s’élève à 150 p. 100.
Il en est de même dans le secteur des services. J’ai mentionné les sociétés d’ingénierie. Nous avons beaucoup de ces sociétés qui ont établi des bureaux à l’étranger, créant ainsi des modèles mondiaux à la fois d’approvisionnement et de fourniture de services. Si elles ont un projet à réaliser, une partie du travail est envoyée à d’autres bureaux, situés dans d’autres régions du monde, peut-être même dans un fuseau horaire différent, après quoi le travail est livré sur place.
Je devrais mentionner les services financiers, qui sont de très grands exportateurs et qui contribuent très sensiblement aux nombres que j’ai mentionnés par l’entremise de filiales étrangères. Ainsi, la Financière Manuvie et la Sun Life, par exemple, ont d’importantes activités à l’étranger. Elles ont fait des investissements et fournissent des services directement sur place. Bien sûr, les revenus finissent par être rapatriés au siège social et engendrent d’autres revenus chez nous.
Il y a des sociétés qui se transforment pour devenir mondiales. Dans bien des cas, elles doivent le faire ou alors se résigner à perdre du terrain, parce que les concurrents le font. Dans les secteurs hautement concurrentiels, comme la fourniture d’équipements de télécommunications, chaque entreprise doit se tenir à la fine pointe. Si elle le fait en recourant au modèle mondial, elle peut vendre un appareil téléphonique pour 100 $, alors que le vôtre est à 200 $. Si le BlackBerry se vendait 600 $, il n’y a pas de doute que beaucoup moins d’entre nous en auraient. C’est grâce au modèle mondial que le prix peut être aussi bas qu’il l’est.
Mais vous avez raison, les entreprises confrontées au changement, comme celle du secteur du textile, trouvent très difficile de se transformer, mais c’est le genre de chose qu’EDC peut aider des sociétés à faire. Souvent, cela signifie que ces sociétés diront, par exemple: « Je fabrique ce vêtement. J’ai besoin de réduire mes coûts. J’ai la possibilité d’acheter un petit atelier en Inde pour réduire le coût de certaines parties de ce vêtement. Ainsi, je vais pouvoir préserver des emplois ici et en créer là-bas. J’aurai un modèle qui fonctionne et qui me permettra de ramener le coût au point voulu. » EDC peut aider ces sociétés à faire la restructuration et les investissements nécessaires.
L’objectif final, bien sûr, est de permettre à l’entreprise de maintenir son impact au Canada. En fait, cela fait partie des conditions à remplir. Si nous sommes incapables de l’aider, elle risque d’avoir à subir une restructuration complète, puis de disparaître.
Je n’ai donc pas de chiffres précis à vous donner.
Si vous le voulez bien, je vais répondre en anglais. Ce sera plus clair.
[Traduction]
Beaucoup diront que nous sommes trop dépendants des États-Unis, qui sont la destination de plus de 80 p. 100 de nos exportations.
J’ai déjà mentionné que notre commerce est devenu triangulaire. Une grande partie de notre croissance commerciale s’est faite avec des sociétés américaines mondialisées, ce qui fait que nous tirons en fait partie de l’économie mondiale, quoique indirectement. Il est donc probable que le chiffre de 83 p. 100 soit exagéré. Le pourcentage réel de nos exportations aux États-Unis est probablement très inférieur à ce chiffre.
Par exemple, notre commerce des services est très diversifié à l’échelle mondiale. Nos filiales à l’étranger se répartissent probablement à parts égales entre les États-Unis et le reste du monde. Il en est de même pour le commerce des services. Vous vous rendrez compte qu’il y a quelque chose de différent lorsque vous mesurez de cette façon. Autrement dit, si nous expédions aux États-Unis des marchandises qui aboutissent en Chine ou en Inde... Les statistiques ne nous renseignent pas à ce sujet, mais nous pouvons supposer que beaucoup de ces exportations indirectes ne sont pas comprises dans les chiffres officiels.
Nos activités sont probablement plus mondiales que nous le croyons. Nous n’avons certainement pas besoin d’inciter les entreprises à mondialiser leurs activités car, comme je l’ai déjà dit, les marchés émergents croissent à deux ou trois fois le rythme des marchés traditionnels. Il est donc extrêmement avantageux de mondialiser ses activités.
EDC est très active dans ce domaine. En effet, 60 à 65 p. 100 de nos activités se situent aux États-Unis, à comparer à plus de 80 p. 100 des activités des entreprises canadiennes. Cela signifie qu’EDC concentre davantage ses efforts sur le reste du monde.
Qu’est-ce qui empêche le Canada d’être plus diversifié? C’est peut-être qu’il y a des avantages évidents à concentrer nos efforts sur nos relations tellement réussies avec les États-Unis. Sans compter que les États-Unis constituent déjà l’économie la plus grande et la plus diversifiée du monde. On peut donc dire qu’il y a déjà beaucoup de diversification chez nos voisins du Sud.
Au sujet de la propriété intellectuelle, très brièvement, monsieur le président, cette question se pose très souvent. Les sociétés canadiennes hésitent à aller en Chine et en Europe de l’Est parce qu’elles craignent pour leur propriété intellectuelle. Il y a en effet de quoi s’inquiéter. Il faut cependant se rendre compte que toutes les entreprises du monde affrontent les mêmes défis. Ce n’est pas un problème particulier des sociétés canadiennes. D’une façon ou d’une autre, nos concurrents américains ont réussi à surmonter cet obstacle. Ils ont énormément investi en Chine en dépit des problèmes de propriété intellectuelle.
Je crois aussi que la situation s’améliore avec le temps. L’éthique des affaires et la capacité de travailler dans ces pays suivent une courbe ascendante. La situation est déjà très différente de ce qu’elle était il y a cinq ou dix ans. L’évolution qui s’est produite est très encourageante.