:
Merci, monsieur le président.
Je voudrais aujourd'hui vous donner un bref aperçu de l'approche de Exportation et développement Canada, EDC, à l'égard de la Russie, qui est au nombre de nos marchés prioritaires.
En 2006, la société a réalisé un volume d'opération de l'ordre de 15,2 milliards de dollars dans l'ensemble des pays dits émergents. De ce montant, le volume de EDC en Russie a été de l'ordre de 756 millions de dollars en appui à quelque 80 exportateurs et investisseurs, pour un nombre total d'opérations s'élevant à 138. Cette performance encourageante reflète l'ouverture et le dynamisme de l'économie russe, qui a connu, au cours des dernières années, une croissance annuelle moyenne de 7 p. 100. Cette nouvelle prospérité en Russie a permis au pays de rembourser sa dette publique de manière accélérée, ce qui a amélioré sa cote de crédit tout en contribuant à l'émergence d'une population mieux nantie disposant d'un pouvoir d'achat accru et avec de nouvelles aspirations sur le plan de la consommation.
Ces facteurs expliquent pourquoi ce marché, au-delà des ressources énergétiques, offre de nouvelles occasions d'affaires pour les entreprises canadiennes.
[Traduction]
Reconnaissant le potentiel du marché de la Russie, EDC a annoncé l'établissement d'un bureau à Moscou, qui sera installé à l'ambassade canadienne. L'inauguration officielle doit avoir lieu au printemps 2007.
Cette présence à Moscou vise à permettre à EDC non seulement de réagir plus rapidement aux occasions qui se présentent, mais de travailler à créer des occasions par la représentation d'entreprises, les montages financiers et la facilitation, en ciblant des entreprises russes qui sont engagées dans d'ambitieux programmes d'immobilisations ou qui font appel à l'expertise ou à l'équipement canadiens pour les aider à assurer la modernisation de leur capacité de production.
En adoptant une telle approche, EDC peut établir et approfondir ses relations avec les acteurs de ce marché pour positionner favorablement les intérêts canadiens, leur permettant ainsi de profiter des occasions à titre de fournisseurs ou d'investisseurs; nous les appuyons alors en leur offrant tout l'éventail de nos services. Ce faisant, EDC travaille activement en collaboration avec les institutions financières canadiennes, russes et internationales.
En outre, EDC travaille en étroite collaboration avec ses partenaires de portefeuille, le ministère des Affaires étrangères et du Commerce international, la Corporation commerciale canadienne et d'autres ministères et organismes gouvernementaux. La Russie est un marché qui suscite beaucoup d'intérêt parmi les PME qui cherchent à profiter des nouvelles occasions qui se présentent.
À titre de pays septentrionaux riches en ressources, le Canada et la Russie ont beaucoup en commun, au-delà du hockey. Ils ont tous deux besoin d'infrastructures efficientes en matière de transports et de télécommunications. L'agriculture est importante pour la viabilité de nombreuses collectivités. L'industrie extractive est une source importante de revenus dans les secteurs minier, pétrolier et gazier. En effet, le Canada et la Russie sont les deux seuls exportateurs nets d'énergie parmi les pays du G-8.
Les deux pays cherchent à se repositionner en se dotant d'une économie intégrative. Pour la Russie, cela veut dire que l'on s'attend à ce que la nouvelle richesse du pays soit canalisée vers d'autres secteurs, notamment le secteur manufacturier, pour permettre au pays de diversifier son économie. Malheureusement, les produits et services offerts par le Canada ne sont pas les seuls à intéresser la Russie.
Le Canada est particulièrement bien placé pour répondre aux besoins de la Russie dans les secteurs susmentionnés, et EDC est déterminé à accompagner les entreprises canadiennes pour que leurs démarches se soldent par des réussites. Pour illustrer la manière dont EDC peut créer de la valeur, permettez que je donne l'expérience d'une transaction qui est en cours d'élaboration en Russie, mais dont la structure est largement inspirée de transactions qui ont récemment été conclues dans le secteur agricole au Kazakhstan.
Nous avons été pressentis par un acheteur étranger qui nous a demandé d'identifier des fournisseurs potentiels de machines agricoles. C'est un secteur qui présente des possibilités intéressantes pour de nombreuses compagnies canadiennes, étant donné la grande ressemblance entre le Canada et la Russie du point de vue de l'agriculture. Les exploitations agricoles en Russie et dans la CEE ont grand besoin de modernisation. De concert avec un exportateur canadien, nous avons préqualifié l'acheteur et avons élaboré un montage financier acceptable nous permettant de faciliter l'achat d'équipement au Canada par l'entremise d'une banque locale qui a prêté les fonds à l'acheteur.
Grâce à cette approche, la compagnie canadienne a été en mesure de recevoir un paiement au moment de l'expédition, l'acheteur a bénéficié du financement à moyen terme accordé par sa banque et a eu accès à un nouveau fournisseur. Jusqu'à maintenant, tout indique que cette compagnie a établi avec cet acheteur des relations soutenues de fournisseur, ce qui lui ouvre la porte non seulement au Kazakhstan, mais aussi en Russie. Auparavant, cette compagnie ciblait seulement le marché nord-américain. Grâce à cette expérience positive, ses dirigeants sont maintenant ouverts à l'idée de se lancer sur de nouveaux marchés en comptant sur des services de gestion des risques.
EDC connaît bien à la fois la capacité des entreprises canadiennes et les besoins des marchés émergents et est donc bien placé pour aider le Canada à établir avec la Russie et d'autres pays des relations commerciales et d'investissement à long terme qui sont avantageuses pour la prospérité de notre pays.
Cela met fin à mon bref exposé. Je suis à votre disposition pour répondre aux questions.
Merci, monsieur le président.
:
Je me présente ici à titre de vice-président de l'Association d'affaires Canada-Russie-Eurasie.
[Français]
Cette association regroupe les compagnies et les intervenants d'affaires tant de l'ouest du Canada que de l'Ontario et du Québec, ainsi que ceux qui sont actuellement présents à Moscou, tous regroupés dans une association d'affaire qui sert à représenter les intérêts de ses membres devant leurs homologues en Russie, ainsi que dans d'autres pays de l'ex-Union soviétique. La grande concentration est à Moscou, en Russie, où notre vis-à-vis est une association des entrepreneurs et industriels russes.
[Traduction]
Permettez que je brosse d'abord rapidement un portrait général de la situation de la Russie aujourd'hui. Pour beaucoup d'entre vous, ce ne sera rien de nouveau. Je parle d'expérience, ayant passé la plus grande partie des 18 dernières années à travailler d'une manière ou d'une autre avec la Russie, faisant la navette entre le Canada et la Russie.
Depuis l'accession de Poutine au pouvoir, en janvier 2000, la Russie a remarquablement tenu le cap dans la voie de la stabilité économique et politique. La période chaotique et instable du règne de Yeltsin, qui a vu le pays frôler la banqueroute et la fragmentation, semble maintenant bien loin. Pour beaucoup, il est difficile de comprendre à quel point la Russie était proche de la guerre civile au milieu des années 1990. Le pays était au bord de l'éclatement. Aujourd'hui, nous sommes en face d'un pays uni.
Présentement, nous sommes en présence d'une puissance économique. Il est vrai que ce pays dépend fondamentalement des revenus tirés du pétrole et du gaz. Il cherche de plus en plus à miser sur sa vigueur économique pour se réapproprier le pouvoir politique qu'il a perdu avec l'effondrement de l'Union soviétique. Un certain nombre de grands thèmes ont émergé.
Sur le plan intérieur, parmi les éléments positifs figure l'éclatement du monopole des chemins de fer. La privatisation des chemins de fer est beaucoup plus avancée qu'en Inde, en Chine ou dans n'importe quel autre pays dont l'économie pourrait être jugée semblable. La Russie a fait des pas de géant dans le processus de privatisation et il y a donc des activités et des réformes très marquées et très positives.
On met l'accent sur l'établissement de secteurs stratégiques : les télécommunications et l'aérospatial. Dans certains cas, il s'agit d'une renaissance au terme littéral du terme, notamment dans l'industrie aérospatiale, qui était exsangue après l'éclatement de l'Union soviétique.
D'énormes investissements ont été consentis pour bâtir une base industrielle de catégorie intermédiaire. Depuis la crise financière de 1998, qui a donné lieu à une forte dévaluation du rouble, les produits locaux sont devenus de plus en plus compétitifs. Le rouble s'échange aujourd'hui à 26 roubles par dollar US. En 2000, il fallait environ 30 roubles pour avoir un dollar US. Il n'y a donc eu presqu'aucun changement. En fait, il y a eu appréciation du rouble ou dépréciation du dollar américain, mais le rouble est demeuré stable, soutenu à la fois par le bilan très solide des ressources naturelles, mais aussi et surtout par de très grands secteurs industriels intérieurs qui ont été constitués au cours des six ou sept dernières années.
L'agroalimentaire, les services, les produits de consommation, la construction — tous ces secteurs se sont épanouis grâce à la prospérité croissante des classes moyennes. De plus, d'un bout à l'autre du pays, on s'est efforcé de parvenir à une plus grande égalité économique et d'atténuer la pauvreté. N'oublions pas que sur 145 millions d'habitants, il reste encore autour de 35 millions de gens qui sont au seuil de la pauvreté.
Cependant, ce tableau s'accompagne de quelques mauvaises nouvelles. Il y a concentration des pouvoirs au Kremlin. On avait commencé à voir une délégation des pouvoirs assez étendue aux quatre coins du pays, mais ces pouvoirs sont maintenant de nouveau fortement concentrés au Kremlin. Il y a le nationalisme économique, qui est en fait à la fois un moyen de réparer les excès commis pendant la période Yeltsin et une manière regrettable de concentrer les avantages économiques dans le cénacle du Kremlin. Le contrôle étatique de la presse est presque total.
Nous avons la perspective d'une élection présidentielle en 2008, mais ce sera essentiellement le même groupe qui restera au pouvoir. Qui va s'écarter, qui va se présenter officiellement? Nous ne le saurons que très peu de temps avant les élections, mais ce sera du pareil au même. Il n'y aura pas vraiment d'élections librement contestées en 2008.
Sur la scène internationale, la Russie a transféré ses ambitions impériales sur un autre plan, passant de l'exportation du dogme communiste visant à acquérir un pouvoir politique mondial à des efforts pour devenir un lien crucial dans un certain nombre de marchés des denrées mondiaux : pétrole et gaz, nickel et acier. À certains égards, la diplomatie des chars d'assaut des années 1950 et 1960 a été remplacée par la diplomatie du pipeline dont nous avons vu une application tellement efficace en Ukraine et qui fait planer une menace sur une partie de l'Europe occidentale.
La position du Canada dans ce nouvel équilibre est particulièrement intéressante et présente d'excellentes possibilités. Notre propre base de ressources naturelles nous offre des occasions à titre de concurrents ou de partenaires. Notre proximité des États-Unis, dont nous sommes pourtant indépendants, offre une filière intéressante. Nos relations ambiguës avec la Chine sont semblables à celles de la Russie, et nous offrons aux Russes d'intéressantes possibilités de partenariats réciproques, comme moyens de faire contrepoids à la puissance du dragon chinois.
Mais assez de perspectives macroéconomiques; je vais maintenant passer au niveau microéconomique.
Les échanges entre le Canada et la Russie ont doublé depuis 2004, passant de 415 millions de dollars à plus de 800 millions de dollars par année. Ce sont les statistiques officielles pour le commerce direct entre le Canada et la Russie. Des échanges commerciaux énormes passent par des pays tiers, que ce soit dans le cadre de sous-contrats accordés à des contractuels dans le secteur du pétrole et du gaz qui se trouvent en fait, techniquement, dans un pays autre que la Russie, ou que ce soit la vente d'avions qui sont enregistrés à l'extérieur du pays mais dont l'acheteur est russe, l'argent provenant de la Russie. Je peux dire en toute confiance que le vrai chiffre est probablement le double de celui consigné dans les statistiques officielles. La croissance est à peu près la même, mais je dirais que le commerce est passé de 800 milliards de dollars à probablement 1,5 milliard de dollars.
Les entreprises canadiennes présentes en Russie ne sont plus seulement dans le secteur du pétrole et du gaz et ne sont plus confinées à Moscou. Cette présence n'est plus seulement dans le secteur pétrolier et gazier, mais aussi dans les minerais et les mines. Notre avons essaimé considérablement. Il y a maintenant un peu partout en Russie un certain nombre de grandes villes où la demande de produits de consommation est forte et le secteur de la consommation très solide, et beaucoup d'entreprises canadiennes partent de Moscou pour aller s'y établir.
On constate qu'il y a aussi une forte croissance de l'investissement. À l'heure actuelle, l'investissement canadien en Russie est estimé à environ 450 à 500 millions de dollars. Deux projets, à eux seuls, sont actuellement en négociation et chacun d'eux entraînerait des investissements nettement supérieurs à un milliard de dollars par des compagnies canadiennes. Si ces projets vont de l'avant, ce sera un bond de géant quant à la présence du Canada en Russie et nous sommes assez confiants de voir leur progression déboucher sur un début de mise en oeuvre d'ici deux ou trois ans. Cela va renforcer considérablement la position canadienne en Russie et le poids que le Canada peut y avoir. À l'heure actuelle, nous sommes bien loin de peser aussi lourd que des pays européens comme la France et l'Allemagne, mais ce sera une forte augmentation.
Les entreprises canadiennes qui font des affaires en Russie sont confrontées à un certain nombre de difficultés. Il y a des perceptions historiques, dont beaucoup ont été forgées au début des années 1990, pendant la période plutôt chaotique en Russie. Je crains hélas que pour beaucoup trop de Canadiens, le mot « Russie » soit encore un mot de deux syllabes qui, du moins en anglais, rime avec le mot « mafia ».
On craint le risque d'intervention gouvernementale, et cette crainte est peut-être justifiée, car je dirais qu'il y a eu un accroissement de telles ingérences depuis deux ou trois ans. Les perspectives semblaient bonnes, mais de plus en plus, le gouvernement suit de très près toute industrie qu'il pourrait juger stratégique.
D'autres difficultés apparaissent plus près de chez nous. On ferme le consulat de St-Petersbourg. Il va fermer à la fin mars. C'est dommage que cela se produise maintenant, au moment où de grandes entreprises russes déménagent justement leur siège social à St-Petersbourg, ce qui témoigne de l'importance économique et politique de la ville. Gazprom, par exemple, qui est la plus grande compagnie en Russie et l'une des plus importantes au monde, déplace son siège social de Moscou à St-Petersbourg, précisément au moment où le Canada se retire de St-Petersbourg. Il se trouve également que Gazprom est l'autre partie en présence dans l'une de ces négociations devant mener à des investissements de plus d'un milliard de dollars.
Dans ce contexte, nous, chez CERBA, avons tenté d'encourager et d'établir des relations entre la Russie et le Canada d'entreprise à entreprise. Il y a un certain nombre de missions régulières chez nous et chez eux dans le secteur forestier et dans le secteur minier. La semaine prochaine, nous recevrons à Montréal un groupe de banquiers russes qui viendront représenter le secteur financier. Ils ont mis du temps à se manifester, tout comme le secteur financier canadien, à l'exception notable de EDC, a mis beaucoup de temps à faire sentir sa présence en Russie. Mais les Russes s'en viennent maintenant, cherchant à établir des liens avec des institutions canadiennes de services financiers.
Nous accueillerons à la fin mars la Commission économique intergouvernementale Canada-Russie. En même temps, nous aurons le Conseil d'entreprise Canada-Russie. À cette occasion, un rassemblement de quelque 150 à 200 des gens d'affaires les plus hauts placés dans l'entreprise russe rencontreront un groupe équivalent formé des principaux gens d'affaires canadiens présents en Russie. C'est un processus de rapprochement visant à resserrer les liens d'entreprise à entreprise, ce qui est très important au moment même où nous nous efforçons d'opérer un sevrage par rapport aux relations de gouvernement à gouvernement qui étaient la marque caractéristique de l'ancienne Russie.
Globalement, CERBA est résolument optimiste. Nous donnons à nos membres des conseils de prudence quant à la manière de gérer certaines des difficultés qu'ils perçoivent et auxquelles ils sont confrontés, mais dans l'ensemble, nous sommes très fortement encouragés par ce que nous considérons comme de magnifiques occasions d'affaires en Russie. L'augmentation rapide du nombre de nos membres nous indique qu'il y a de plus en plus de compagnies canadiennes qui s'engagent en Russie et qui cherchent à obtenir l'appui du gouvernement canadien pour poursuivre sur leur élan.
Merci.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Je vous remercie de votre exposé. Comme vous le savez, nous sommes ici aujourd'hui pour discuter de la politique commerciale, plus particulièrement à l'égard des marchés émergents. Notre comité tient ces séances dans l'intention d'explorer les possibilités qui existent à l'extérieur de nos marchés d'échanges traditionnels — les États-Unis, le Japon, etc. Par conséquent, nous apprécions que vous partagiez avec nous votre perspective de l'économie russe.
Nous avons reçu des notes d'information, et nous savons que la Russie est la neuvième économie mondiale. L'une des caractéristiques impressionnantes de la Russie, en tant que marché émergent, c'est qu'elle affiche des projections de croissance vigoureuses, plus de 6 p. 100 et quasiment 7 p. 100. Elle a déjà atteint de tels sommets dans le passé.
Malheureusement, les échanges entre le Canada et la Russie ne sont pas à la hauteur. Nous n'avons pas concrétisé ce potentiel autant que nous l'aurions voulu.
Dans votre allocution, monsieur Cumberlege, vous avez exprimé votre mécontentement au sujet de la fermeture du consulat. J'aimerais en parler brièvement. En effet, c'est un sujet de préoccupation très important que nous avons déjà soulevé au comité et que nous continuerons de soulever. Alors que nous souhaitons rehausser notre rôle sur la scène internationale — en améliorant nos relations commerciales avec les autres pays, en diversifiant notre commerce, en s'assurant d'avoir des gens sur le terrain, en allant chercher davantage d'investissements et d'occasions d'affaires —, il est absurde de réduire le nombre de nos consulats et de diminuer notre présence.
Vous avez dit que St-Petersbourg est en voie de devenir un centre d'affaires important. vous avez cité en exemple le fait qu'une grande société pétrolière y ait déménagé son siège social. Pouvez-vous nous en dire un peu plus long sur les répercussions ou sur les occasions perdues associées à la fermeture de ce consulat?
C'est de St-Petersbourg que viennent les principaux acteurs de la classe politique dirigeante en Russie. M. Poutine lui-même est natif de St-Petersbourg, de même que de nombreux décideurs politiques influents en Russie. De plus en plus, les milieux d'affaires russes sont eux aussi dirigés par des gens de St-Petersbourg. C'est un phénomène très visible depuis trois ou quatre ans.
St-Petersbourg est non seulement un centre économique et culturel — c'est un haut lieu de la culture et du patrimoine depuis très longtemps —, mais c'est maintenant de plus en plus un centre de décision politique. En Russie, n'importe quel politicien sérieux doit avoir des contacts à St-Petersbourg. Et dans le domaine des affaires, les entreprises constatent qu'elles doivent tenir compte de la place qu'occupe St-Petersbourg en établissant là-bas une présence concrète.
Le fait que Gazprom y ait installé son siège social est un signe très clair. Nous constatons aussi que d'autres sociétés — qui n'ont peut-être pas l'envergure de Gazprom, mais qui sont tout aussi importantes — déménagent là-bas un grand nombre de fonctions de leur siège social. C'est un fait que les décisions concernant les approvisionnements sont prises à St-Petersbourg. À une époque, elles auraient été prises soit en Sibérie occidentale soit à Moscou, mais maintenant elles le sont à St-Petersbourg.
Un consulat s'acquitte de nombreuses fonctions, notamment prendre le pouls politique de la région où il est situé et appuyer activement l'activité commerciale dans cette région. CERBA est convaincu que ces deux éléments prendront une importance croissante à St-Petersbourg.
D'une part, il ne nous appartient pas de remettre en question les décisions prises par le gouvernement, mais d'autre part, nous pouvons dire qu'à notre avis, il est primordial que la communauté des affaires canadienne continue de recevoir un soutien quelconque à St-Petersbourg afin que se poursuive l'excellent travail amorcé par le consulat et le volet commercial.
C'est peut-être là une occasion pour notre association de faire en sorte de continuer à offrir ce soutien, si cela intéresse le gouvernement. Des initiatives similaires ont été prises dans le passé en Chine. Il faut envisager diverses possibilités pour garantir à tout le moins que la forte présence commerciale canadienne qui existe là-bas depuis longtemps — et qui, soit dit en passant, prend de l'ampleur puisque d'autres sociétés canadiennes investissent dans des usines de fabrication dans la région de St-Petersbourg... D'ailleurs, une compagnie canadienne prévoit investir environ 54 millions de dollars dans une usine de la région de St-Petersbourg plus tard cette année.
Les choses bougent énormément, et nous pensons qu'il est très important que cela soit compris. La Russie n'est pas Moscou. La Russie, c'est beaucoup plus que cela. Et St-Petersbourg revêt une importance exceptionnelle.
:
Merci, monsieur le président.
Mes compliments à notre vice-président, qui remplace fort habilement notre président habituel.
Merci, messieurs, d'être venus témoigner aujourd'hui.
Comme mon collègue d'en face l'a dit, nous faisons une étude à long terme sur les mesures susceptibles d'avantager le Canada et les entreprises canadiennes, et cette séance en fait partie intégrante. Durant la 38e législature, nous avons discuté des marchés émergents. Nous avons fait une étude là-dessus et avons examiné en long et en large le potentiel de ces marchés émergents. Je voudrais aller au-delà de cette terminologie; c'est peut-être nous qui sommes émergents en prenant conscience qu'il existe des marchés à l'extérieur. À mes yeux, la Russie est une occasion à saisir bien plus qu'un marché émergent.
Au sujet des fermetures de consulats, monsieur Cumberlege, nous avons vu le Canada évoluer et changer, nous avons vu nos communications et notre infrastructure s'améliorer, et j'ai le sentiment que c'est la raison pour laquelle on envisage de rationaliser —
Ce qu'il y a, c'est que notre budget est limité. Nous essayons de réduire le gaspillage excessif de l'argent des contribuables. Nous voulons nous assurer de bien faire les choses. C'est pourquoi nous fermons certains consulats dans le monde, mais nous ne voulons pas empêcher les compagnies d'avoir accès au soutien dont elles ont besoin. Nous nous tournons vers EDC qui est appelé à jouer un rôle clé à cet égard et nous croyons que l'étude en cours se poursuivra en vue d'établir la position idoine.
Vous savez, Toronto était autrefois le centre de l'univers, si je ne me trompe. Je pense qu'aujourd'hui, c'est Fort McMurray. Mais tous ne seront pas d'accord avec moi là-dessus.
Bref, le monde change.
Je m'adresse à M. Dupont. Nous avons de longue date un accord avec la Russie sur la protection des investissements étrangers. Cet accord devrait-il être mis à jour? C'est l'ancien modèle de l'OCDE. Êtes-vous d'avis que l'accord laisse peut-être certaines compagnies canadiennes vulnérables? Nous avons entendu parler de corruption possible. Devons-nous actualiser cet accord pour mieux protéger les investissements canadiens?
:
Bonjour. Je suis très heureux de vous voir réunis ici aujourd'hui.
Vous disiez que la Russie est un grand producteur de pétrole. Vous connaissez les grandes questions qui se posent actuellement sur l'utilisation des hydrocarbures et la production de gaz à effet de serre.
Comment se posent actuellement en Russie les questions relatives au CO2, au Protocole de Kyoto, à la réduction des gaz à effet de serre et à la survie planétaire? Je connais une partie de la réponse, mais j'aimerais entendre ce que vous avez à dire à ce sujet.
Par ailleurs, vous avez parlé un peu du secteur manufacturier. Y a-t-il ce que l'on considère un secteur mou, comme le secteur du textile, par exemple? On appelle secteurs mous les secteurs plus fragiles. Au Québec, par exemple, on parle des secteurs du textile et du meuble, qui sont plus fragiles face à l'économie mondiale et à la concurrence asiatique.
Comment cela se vit-il en Russie?
Quelles sont les conditions de travail? Qu'en est-il des droits humains, du syndicalisme et de l'ensemble des conditions de vie des personnes vivant actuellement en Russie? Je pose cette question à cause de la concurrence. Actuellement, nous avons des concurrents asiatiques dans certains secteurs d'activité, et il en résulte souvent une certaine concurrence déloyale. Les salaires, les normes environnementales et les normes relatives aux conditions de travail ne sont pas les mêmes. Ces gens nous concurrencent. La question va se poser en Russie également.
J'aimerais également entendre vos commentaires à ce sujet.
:
En ce qui concerne le Protocole de Kyoto, il y a eu un grand débat en Russie, et Andrei Illarionov, qui était l'éminence grise économique du président, est parti il y a deux ans, ayant échoué dans sa tentative de faire adhérer la Russie aux accords de Kyoto. Ce fut une grande déception pour nous tous parce que c'était quelqu'un de très compétent, mais il a été limogé du cercle, du Kremlin.
Je crois que la Russie souhaiterait améliorer ses activités dans tout le secteur environnemental. Dans certains cas, les normes sont très strictes en Russie, non seulement en théorie mais aussi en application. Je ne pense pas que ce soit la première chose qui préoccupe le gouvernement russe en ce moment.
Un secteur mou? Il n'y en a pas, pour ainsi dire. Il n'y a pas de textile en Russie, pour ainsi dire.
En ce qui concerne les conditions de travail, le syndicat et la concurrence déloyale, il y a une chose très importante à considérer: le niveau de qualification de la main-d'oeuvre russe est très élevé. Il y a un niveau technologique, scientifique très élevé par rapport à ce que, classiquement, on trouve dans les secteurs mous, par exemple en Asie du Sud-Est, où des personnes très peu scolarisées sont payées très peu et travaillent dans des conditions très dures.
En Russie, on fait appel à une main-d'oeuvre assez qualifiée. En fait, on trouve une industrialisation relativement structurée. Il n'y a pas beaucoup de syndicats, il n'y a pas d'activités syndicales. En revanche, on ne trouve pas les sweatshops de la même façon qu'on va les trouver ailleurs dans le monde.
Ce n'est donc pas vraiment une concurrence déloyale, c'est une très bonne technicité pour un salaire inférieur.
:
Merci, monsieur le président.
Je remercie nos invités de répondre à nos questions et de nous faire profiter de leurs lumières. Da svidAn'ya.
J'ai eu l'occasion il y a environ dix ans de séjourner en Russie et j'ai trouvé que les gens étaient magnifiques. L'infrastructure laisse beaucoup à désirer, bien que les Russes aient réalisé d'immenses progrès au cours des dernières décennies.
Il y a encore des occasions d'affaires très intéressantes, auxquelles certains intervenants précédents ont fait allusion. Plus précisément, dans le domaine de l'avionique. Étant originaire de Kelowna, je sais que la société Kelowna Flightcraft a déjà travaillé sur des hélicoptères en Russie et dans d'autres domaines spécialisés de l'avionique.
Je songe aux domaines où nous essaimons, comme l'environnementalisme. M. André a mentionné qu'il y avait assurément eu des améliorations, et le Canada a eu la bonne fortune de collaborer à cet égard avec des partenaires européens. Au fil des ans, de nombreux Européens sont venus s'installer au Canada, apportant avec eux leur connaissance des métiers et leurs compétences, ce qui nous a donné un sérieux coup de pouce. Nous sommes confiants que la venue d'immigrants compétents nous aidera à faire échec à notre pénurie de main-d'oeuvre.
Mais en ce qui a trait à vos rapports avec vos propres voisins, vous avez connu de sérieux problèmes relativement au gaz naturel — et à leur suprématie énergétique. Récemment, il a été question d'interrompre l'approvisionnement de gaz naturel à destination d'autres pays. Est-ce véritablement un problème d'approvisionnement, ou est-ce davantage un problème politique?
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Merci, monsieur le président.
Je voudrais présenter la motion suivante. Avec tout le respect que je dois aux personnes qui doivent partir d'ici une heure ou qui ont d'autres réunions auxquelles elles doivent assister, permettez-moi d'en faire la lecture: Que tout membre du comité ait le droit de joindre, en appendice, un énoncé d'opinions dissidentes à tous les rapports du comité devant être présentés à la Chambre des communes, selon les conditions imposées par le comité et conformément au Règlement de la Chambre des communes. Je demande que le débat soit limité à 10 minutes compte tenu du fait que nous devons partir.
Monsieur le président, je considère qu'il s'agit là d'une motion amicale, et je me suis entretenu avec toutes les parties concernées. Je repense à la sombre période où j'étais député de l'opposition à la Chambre. J'ai cherchais souvent une façon d'exprimer mon opinion, à titre de député de l'opposition, opinion que ne partageaient sans doute pas tous mes collègues. En discutant avec le greffier, j'ai découvert qu'il suffisait d'adopter une simple motion de routine, ce que nous aurions dû faire au début de notre mandat et que nous n'avons pas fait.
Par conséquent, monsieur le président, je considère qu'il s'agit simplement d'une façon de corriger un oubli du comité. Cette motion donne à tous les membres du comité la possibilité — qu'ils soient de l'opposition ou du gouvernement — de déclarer publiquement qu'ils ne sont pas nécessairement d'accord avec un rapport émanant du comité.
C'est une expression de la démocratie, et c'est dans cette perspective que je voudrais présenter la motion.
J'espère obtenir le soutien de tous mes collègues. Je souhaite assurément obtenir le consentement unanime.