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Merci, monsieur le président.
Bonjour, tout le monde.
Je suis très heureux d’avoir l’occasion de parler au Comité permanent du commerce international d’une très importante question, les relations entre le Canada et l’Asie du Sud-Est.
L’importance du Canada, comme partenaire commercial de l’ANASE, a baissé dans la dernière décennie, de même que l’importance de l’ANASE pour le Canada. Toutefois, l’importance de l’ANASE, comme partenaire commercial du Canada, s’est maintenue par rapport au reste de l’Asie, ce qui revient à dire que notre importance relative pour l’ensemble de l’Asie a diminué, mais que la part de l’ANASE en Asie est demeurée stable. De plus, en 2002, les stocks d’investissements canadiens dans l’ANASE s’élevaient à plus d’un tiers de l’ensemble des investissements canadiens dans toute l’Asie et étaient plus importants que les stocks d’investissements au Japon, en Australie, en Chine et en Corée du Sud. La conclusion de tout cela, c’est que l’ANASE, sans atteindre le rendement que nous aurions souhaité au cours de la dernière décennie, reste un important partenaire pour le Canada en matière de commerce et d’investissement.
La baisse relative du commerce entre le Canada et l’ANASE dans les années 1990 s’explique en partie par les initiatives d’intégration économique réalisées en Amérique du Nord et en Asie du Sud-Est cette dernière décennie. Comme nous le savons tous, l’ALENA a facilité les opérations des entreprises canadiennes aux États-Unis à un moment où l’économie américaine connaissait une expansion sans précédent. Partout dans la région du Pacifique, les économies de l’Asie de l’Est et du Sud-Est suivaient un mouvement d’intégration naturelle grâce à des réseaux de production de matériel électronique. Ces liens ont été renforcés par les propositions officielles visant la conclusion d’accords bilatéraux et infrarégionaux de libre-échange au lendemain de la crise asiatique de 1997. Dans bien des pays d’Asie du Sud-Est, la crise elle-même a provoqué une importante chute des revenus réels, ce qui a considérablement réduit la demande d’importations en provenance du Canada et du reste du monde.
C’est le passé. Malgré le recul de la fin des années 1990, l’ANASE devrait reprendre sa forte croissance à long terme qui a permis la création, dans les 25 dernières années, d’importants segments de consommateurs à revenus moyens et élevés dans la plupart des économies de l’ANASE. Nous estimons que la classe moyenne, qui se compose par définition des ménages ayant un revenu supérieur à 3 000 $ US, pourrait compter une centaine de millions de consommateurs dans la région de l’ANASE.
On peut en même temps constater une certaine occidentalisation des goûts et des préférences des consommateurs partout en Asie du Sud-Est. Ainsi, de nombreux consommateurs urbains semblent modifier leur régime alimentaire pour y inclure davantage d’aliments à base de blé.
Même en tenant compte des récessions de la fin des années 1990 et de 2001, le PIB combiné de l’ANASE est passé de 240 milliards de dollars en 1980 à près de 850 milliards de dollars aujourd’hui. Dans beaucoup de pays de l’ANASE, la richesse croissante a créé une demande pour différents produits et services que des entreprises canadiennes sont en mesure de fournir.
L’ANASE ne forme pas encore un marché unique, mais elle est en voie de le devenir. Les entreprises canadiennes peuvent commencer à élaborer des stratégies visant l’ensemble de l’ANASE dans leur approche des marchés de l’Asie du Sud-Est. Collectivement, les économies de l’ANASE sont plus importantes que celle de l’Inde et du Brésil et atteignent près de la moitié de l’économie de la Chine. Par conséquent, sur un plan strictement économique, nous croyons que l’Asie du Sud-Est devrait figurer parmi les marchés émergents prioritaires du Canada, au même titre que le Brésil ou l’Inde.
Au sein de l’ANASE, la majorité des échanges sont exempts de droits de douane. De plus, compte tenu de l’intégration croissante entre l’ANASE et les régions voisines, les investisseurs canadiens peuvent envisager de se servir de l’ANASE comme base pour traiter non seulement avec la région immédiate, mais aussi avec l’Inde, la Chine et d’autres régions de l’Asie.
En même temps, l’industrialisation rapide et la transformation économique de l’Asie du Sud-Est ont modifié l’avantage comparatif de l’ANASE par rapport au Canada. Un certain nombre des pays les plus avancés de l’ANASE constituent d’importants exportateurs de biens manufacturés à grande valeur ajoutée ainsi que de machines, de matériels et de services perfectionnés. Les relations commerciales entre le Canada et l’ANASE ne sont donc plus limitées à l’échange d’exportations asiatiques à bon marché et à fort contenu de main-d’œuvre contre des ressources naturelles et des biens manufacturés de grande qualité du Canada.
Un autre nouveau facteur très important influe sur les relations entre le Canada et l’ANASE: c’est l’émergence de la Chine, à la fois comme concurrent et comme nouvelle source de demande aussi bien pour l’ANASE que pour le Canada. Le phénomène du « prix chinois » se répercute sur les décisions mondiales touchant la production et l’approvisionnement, surtout en Asie du Sud-Est, mais aussi au Canada. Les entreprises canadiennes sont de plus en plus conscientes de la nécessité d’inclure une stratégie chinoise dans leurs plans d’activité et pourraient bien considérer l’ANASE comme un partenaire complémentaire ou de remplacement dans le cadre de toute approche adoptée face à la menace chinoise. Par exemple, les réseaux de production de matériel électronique, qui ont été dominés à un moment donné par l’ANASE, comprennent maintenant la Chine. En fait, la Chine est un intervenant de premier plan dans les réseaux mondiaux de production de matériel électronique. Tandis que les économies de l’ANASE s’adaptent à la menace concurrentielle de la Chine, grâce à un processus de modernisation industrielle en électronique et en pièces automobiles, nous croyons que le Canada et les entreprises canadiennes auront la possibilité de participer à ces nouvelles chaînes d’approvisionnement.
La Fondation Asie Pacifique du Canada réalise chaque année une enquête sur les intentions d’investissement, dans le cadre de laquelle elle demande aux sociétés canadiennes des renseignements sur leurs projets d’investissement en Asie au cours de l’année suivante. Notre enquête 2006 révèle qu’un nombre record d’entreprises canadiennes envisagent d’investir en Asie. Fait qui ne surprend pas, la Chine est en tête de liste, 26 p. 100 des répondants ayant dit qu’ils comptaient y accroître leurs investissements. Toutefois, l’Asie du Sud-Est et l’ANASE ne sont pas loin derrière, avec 16 p. 100 des répondants. Une fois de plus, nous nous attendons à ce que l’ANASE constitue une bonne source d’investissements pour les sociétés canadiennes, comme nos études annuelles nous le laissaient prévoir.
Qu’en est-il de la question d’un accord de libre-échange avec l’ANASE? Le Canada devrait-il engager des discussions avec l’Asie du Sud-Est en vue d’un accès sans entraves aux marchés? Nous croyons que, pour le moment, les pays de l’ANASE ne sont pas prêts à engager des négociations avec le Canada. Au début des années 1990, le Canada comptait parmi les 10 marchés d’exportation les plus importants de l’ANASE, mais ce n’est plus le cas aujourd’hui. Il est donc logique de penser que le Canada et l’ANASE devraient renforcer leurs relations, en matière de commerce et d’investissement, avant d’envisager un accord de libre-échange. Pourtant, la nature discriminatoire des arrangements commerciaux en place ou en négociation au sein de l’Asie du Sud-Est, de même qu’entre la région et d’autres partenaires, pourrait rendre beaucoup plus difficile toute tentative du Canada de développer sa présence dans la région. Il est très important à cet égard de mener rapidement à terme la négociation de l’accord de libre-échange Canada-Singapour, qui est en cours depuis 2001, et de se servir de cet accord dans la mesure du possible pour resserrer les liens économiques avec le reste de l’Asie du Sud-Est.
Le Canada pourrait prendre d’autres initiatives visant des pays particuliers de l’ANASE, comme l’expansion des services aériens avec Singapour et la conclusion d’accords de protection et de promotion des investissements avec l’Indonésie et le Vietnam. Le Canada a déjà des accords sur la protection des investissements étrangers avec la Thaïlande et les Philippines. De telles ententes rendent l’ANASE plus attrayante comme destination d’investissements étrangers, à la lumière de la concurrence croissante de la Chine.
Il serait également envisageable d’engager avec l’ANASE un dialogue sur des normes communes de réglementation et de protection des investissements étrangers, dans le cadre d’une discussion plus vaste des investissements au Forum de l’APEC. Le Canada devrait aussi penser à négocier des ententes de sécurité sociale avec des partenaires de l’ANASE, et notamment Singapour et la Malaisie, qui ont tous deux des régimes obligatoires de retraite et de santé pour les travailleurs. Nous avons déjà un traité sur la sécurité sociale avec les Philippines, qui est en vigueur depuis 1997. Les accords de ce genre facilitent la mobilité de la main-d’œuvre, et surtout des travailleurs qualifiés, ce qui peut favoriser le commerce des services, secteur d’avantage comparatif pour le Canada.
Permettez-moi de dire, en conclusion, que le Canada avait depuis longtemps de bonnes relations avec les pays de l’Asie du Sud-Est au moment de la création de l’ANASE en 1967. Le Canada comptait parmi les premiers pays non membres à être désigné « partenaire de dialogue », ce qui a donné lieu à un dialogue au niveau ministériel et nous a donné accès aux conférences post-ministérielles annuelles ainsi qu’au forum régional de l’ANASE. Tandis que l’ANASE célèbre son 40e anniversaire cette année, le Canada devrait lui signifier très clairement son intention de devenir un bon partenaire économique dans les 40 prochaines années et au-delà.
Je vous remercie.
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Merci, monsieur le président.
Je considère personnellement qu'il est beaucoup plus urgent pour le Canada de se rapprocher de l’ANASE, en matière de commerce et d’investissement, et de conclure avec elle un accord de libre-échange que ne laisse entendre M. Woo. L’ANASE représente un marché potentiel d’une grande importance, un marché de plus en plus riche. Compte tenu de l’évolution du commerce et de l’investissement, nous ne pouvons plus nous permettre de prendre du retard en comptant sur le seul marché des États-Unis, où les conditions préférentielles que nous avons négociées en 1988 s'amenuisent sans cesse, au fur et à mesure que les Américaines négocient de leur côté de nouveaux accords de libre-échange.
Les pays de l’ANASE sont idéalement placés pour les fabricants canadiens qui veulent y travailler et y investir. Il faut collaborer avec l’ANASE pour appuyer les chaînes internationales d’approvisionnement des industries de l’automobile, de l’informatique, de la haute technologie et des biens de consommation durables. Ces industries sont en train de s’établir dans la région.
Nous avions ces industries dans le passé. Nous produisons encore des pièces et certains de ces biens. Les fabricants canadiens ne réaliseront pas leur potentiel dans la région tant que nous n’aurons pas un accord de libre-échange avec l’ANASE. Je vais vous expliquer pourquoi.
Nous travaillons pour des multinationales canadiennes qui ont des usines partout dans le monde et qui doivent déterminer, de temps en temps, où faire fabriquer des pièces qu’elles doivent livrer à un grand constructeur. L’analyse que nous faisons pour eux consiste à établir d’abord les droits de douane à inclure dans les intrants qu’elles doivent faire venir au Canada, puis à déterminer ensuite si ces droits peuvent être récupérés à l’exportation, compte tenu des restrictions prévues dans les accords de libre-échange.
Ces accords sont très détaillés. Il n’est pas inhabituel de voir des tarifs contenant 5 000 à 7 000 lignes. Les règles d’origine varient d’un produit à l’autre. En général, nous constatons en examinant les chiffres qu’à cause des restrictions sur les remboursements de douane, les fournisseurs étrangers les mieux placés sont ceux qui ont des accords de libre-échange avec le Canada, parce qu’il n’y a pas alors de droits de douane sur les intrants et qu’on ne perd donc rien sur les transactions.
Nous avons été lents à négocier des accords de libre-échange, parfois parce que nous sommes trop perfectionnistes. De son côté, le Mexique a négocié avec succès avec une quarantaine de pays à cause d’une approche beaucoup plus pragmatique, reconnaissant qu’un accord de libre-échange ne couvre que 85 p. 100 du commerce. Les Mexicains mettent de côté les divergences de vues, quitte à les régler au plus tard dans le cadre de comités ministériels mixtes. De notre côté, nous recherchons la perfection et essayons de satisfaire tout le monde. Le résultat, c’est que nous n’avons pas signé un seul accord de libre-échange depuis cinq ans.
Nous avons par ailleurs choisi un certain nombre de partenaires éventuels d’une importance plus que douteuse, à cause de marchés trop petits. Nous devrions viser les marchés les plus grands.
Je dois bien convenir que l’importance du Canada en Asie du Sud-Est est en baisse, mais ce n’est pas une raison de ne pas essayer de se rattraper.
Nous devons aussi analyser notre commerce avec la région. Nous avons un déficit d’environ 6 milliards de dollars avec les pays de l’ANASE, mais dans beaucoup de cas... Si nous prenons l’exemple de la Thaïlande, par exemple, nous constaterons que nous importons quatre fois plus de produits thaïlandais que nous n’exportons de biens canadiens. Toutefois, il faut arriver au seizième produit de la liste – les 15 premiers représentant plus de 1,5 milliard de dollars sur des exportations totales de 2,2 milliards – pour trouver quelque chose qui donne lieu à une concurrence entre les deux pays. Les produits qui figurent en tête de liste comprennent des mollusques, des crustacés, des crevettes ou peut-être certains matériels électroniques et de haute technologie, tandis que nous fournissons des composants, des intrants et des technologies de production. Par conséquent, nous devons examiner de près ce que nous faisons, et le faire d’une façon beaucoup plus sérieuse.
Certains réagissent en disant que nous ne devrions pas essayer de faire la concurrence à cette région de producteurs à faibles coûts et à faibles salaires. Premièrement, nous avons déjà dû faire des ajustements à cause des États-Unis. Deuxièmement, les accords de libre-échange prévoient des périodes d’adaptation. Troisièmement, dans les secteurs du vêtement et de la chaussure, le Bangladesh bénéficie déjà de l’entrée en franchise. Il serait vraiment difficile de trouver des pays ayant des salaires encore plus bas. Par conséquent, nous avons déjà pris un certain nombre de décisions qui nous permettent d’examiner à nouveau la situation.
Ces marchés offrent également des perspectives d’exportations agricoles. La Thaïlande, par exemple, est le seul pays membre de l’ANASE qui n’ait pas signé l’accord commercial avec la Corée parce qu’elle n’avait pas un accès suffisant aux produits agricoles coréens.
Ces accords commerciaux ne peuvent pas régler tous les problèmes horizontaux qui se posent. Ils ne peuvent rien, par exemple, contre les subventions agricoles. Toutefois, quand on parle de subventions agricoles, elles représentent un obstacle beaucoup plus grand pour les États-Unis que pour nous parce que les subventions américaines sont tellement plus élevées. Même dans notre accord avec les États-Unis, nous avons réservé la plupart de nos droits prévus par le GATT ou l’OMC en matière d’agriculture. Nous pouvons donc régler les problèmes du textile, du vêtement et de l’agriculture, mais nous ne pouvons pas nous permettre de ne rien faire. Nous ne pouvons pas faire abstraction de ces marchés. Nous devons tenir compte du fait qu’ils auront probablement l’accès en franchise à l’Inde et à la Chine avant que nous ayons réussi à le négocier. Nous pouvons travailler ensemble pour fournir et échanger des intrants et pour améliorer les investissements. Nous avons déjà signé deux accords de protection des investissements avec des pays de la région. Il y a là un potentiel que nous devons exploiter, faute de quoi nous allons traîner de l’arrière pendant longtemps.
Tout est immobile à Genève. Les États-Unis et l’Union européenne discutent ensemble, cherchant à régler leurs problèmes. M. Verheul a dit au comité, il y a quelques jours, qu’ils ne s’occupent pas nécessairement de nos problèmes. Lorsque les États-Unis traitent au niveau bilatéral avec différents pays en développement, ils s’efforcent d’obtenir pour eux-mêmes des concessions précises en matière d’accès aux marchés. Ils essaient de travailler au niveau bilatéral dans le cadre de l’OMC.
Nous devons aller plus loin et plus vite et faire preuve d’une plus grande souplesse. Nous n’avons pas à négocier tous les accords de la même façon. La Corée a adopté une approche intéressante à l’égard de l’ANASE en adoptant un cadre pouvant être modifié parce que les pays de l’ANASE en sont à des degrés très différents de développement et de capacités.
Nous devons jeter un regard nouveau sur les ententes bilatérales et les marchés dans lesquels nous pouvons développer avantageusement notre commerce. Nous avons négocié assez tôt un accord avec le Chili, mais certains semblent dire qu’il n’a pas beaucoup augmenté notre commerce bilatéral. Toutefois, le Chili a des accords de libre-échange avec 41 pays. Par conséquent, si nous ne faisions pas partie de ces pays, nous aurions perdu une bonne partie de ce que nous avions.
Je vous remercie.
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Je voudrais remercier le comité de m’avoir donné l’occasion de présenter le point de vue du Conseil sur les moyens que le Canada peut mettre en œuvre pour contribuer à l’établissement de meilleures relations économiques et culturelles entre le Canada et l’ANASE.
Je vis au Canada depuis 17 ans. Ces 10 dernières années, j’ai joué un rôle actif dans le soutien des échanges commerciaux et culturels entre le Canada et l’ANASE, à titre de présidente du Philippines-Canada Trade Council, ou PCTC, de 2004 à 2006 et de présidente fondatrice du Southeast Asia-Canada Business Council, ou SEACBC. Les deux conseils sont des initiatives du secteur privé et sont financés par leurs propres membres. Leur objet est de favoriser le commerce et l’investissement entre le Canada et l’ANASE.
Comme présidente du PCTC et du SEACBC, j’ai organisé des missions commerciales aux Philippines ainsi que des rencontres culturelles et commerciales, comme la foire commerciale de l’ANASE et le forum des affaires Gateway 2005, qui s’est tenu parallèlement à la réunion des responsables économiques de haut niveau de l’ANASE, que le gouvernement du Canada avait organisée à Toronto en mai 2005. Nous avons également eu un festival alimentaire, artistique, commercial et culturel de l’ANASE en septembre 2006, qui a permis de faire connaître aux entreprises canadiennes chacun des pays de l’ANASE et ses caractéristiques particulières, dans le but de favoriser les échanges commerciaux avec le Sud-Est asiatique.
Mon expérience m’a convaincue que le gouvernement et le secteur privé du Canada ne voient pas dans l’ANASE de grandes perspectives commerciales. Les autres membres des organismes bilatéraux d’affaires de l’ANASE ont également la même impression.
Les marchés combinés des pays de l’ANASE présentent un énorme potentiel commercial inexploité. La population totale est proche de 600 millions d’habitants. Les pays membres sont très différents les uns des autres sur le plan des capacités économiques, le revenu individuel s’échelonnant entre un minimum de quelques centaines de dollars par an dans des pays tels que le Vietnam, le Laos et le Cambodge et un maximum proche de 30 000 $ à Singapour et Brunei. Le PIB combiné de l’ANASE s’élève à 900 milliards de dollars. Les échanges commerciaux avec le Canada totalisent quelque 11 milliards de dollars par an. Fait plus important, quelques-uns de ces pays connaissent actuellement une croissance accélérée. Le Cambodge, par exemple, est à 9,8 p. 100 et le Vietnam à environ 8,4 p. 100. Collectivement, le taux de croissance de l’ANASE est de 5,5 p. 100.
Par suite d’une occidentalisation rapide de l’économie de l’ANASE, il existe actuellement de bonnes possibilités dans les biens de grande qualité, les mines, la biotechnologie, les services commerciaux et le tourisme médical. Dans le secteur des services, il y a lieu de mentionner le développement de l’infrastructure, la qualité de vie, l’innovation et la bonne gouvernance. En Indonésie, par exemple, l’aide canadienne à la reconstruction après le tsunami de 2004, qui porte sur des services traditionnels de conception et de construction, pourrait donner lieu à des marchés dans les services d’infrastructure, le financement, les services consultatifs en environnement et le développement des sources d’énergie renouvelables.
Dans le domaine de l’éducation et de la formation, des entreprises canadiennes devraient pouvoir former des partenariats avec des établissements d’enseignement de l’ANASE, surtout dans un pays avancé tel que Singapour, pour offrir des services de formation technique et linguistique de qualité au Vietnam, au Cambodge, au Laos, à l’Indonésie, au Myanmar, à Brunei et en Thaïlande, où existe une forte demande pour l’apprentissage de l’anglais. Il y a aussi d’excellentes perspectives en tourisme dentaire et médical, notamment au Vietnam et aux Philippines.
Au cours de mon voyage le plus récent à Manille, le mois dernier, j’ai pu constater les possibilités du secteur du tourisme médical. Les nouvelles installations établies dans la capitale des Philippines sont tout à fait remarquables.
De plus, des entreprises canadiennes devraient pouvoir former des partenariats avec des sociétés philippines pour offrir aux centres canadiens d’infirmières de triage des services de relève que pourraient assurer des infirmières philippines hautement qualifiées. Les Philippines abritent en effet d’importants centres d’appel et de services électroniques.
Les entreprises canadiennes peuvent également former des partenariats novateurs en conception et en production multimédia avec les Philippines, par exemple, qui ont fait preuve d’excellentes capacités en animation. Il y a lieu de noter en outre que le Cambodge offre au Canada des perspectives dans les domaines de la télédétection et des changements climatiques. L’expertise canadienne dans ce domaine peut aussi servir dans les autres pays de l’ANASE. Brunei, la Malaisie et la Thaïlande offrent des débouchés dans les services liés à l’exploitation du pétrole et du gaz, les technologies de l’information et des communications, les services financiers et environnementaux ainsi que pour l’échange de biens de grande qualité.
D’une façon générale, le Canada n’aura jamais la puissance économique des autres membres du G8. Sur le plan du volume du commerce avec l’ANASE, le Canada peut difficilement concurrencer les États-Unis, les autres membres du G8 et la Chine. Il peut cependant profiter de l’approche du premier sur place. Autrement dit, le Canada doit se positionner en tant que partenaire commercial de la première heure. Pour être viables, les relations doivent être établies dès aujourd’hui. L’Australie a adopté cette approche et exerce des pressions pour devenir membre de l’ANASE. Ce serait une occasion perdue si le Canada ne négocie pas un accord de libre-échange avec l’ANASE à ce stade. Grâce à un tel accord, il serait possible de réduire les barrières commerciales telles que les contingentements, les restrictions sur les importations et les normes de salubrité et de qualité des aliments et de faciliter les échanges de biens et de services.
Les gens d’affaires canadiens craignent un peu de traiter avec des gens d’une culture différente. Les organisations bilatérales de l’ANASE peuvent être d’une grande aide à cet égard parce qu’il est évident qu’on ne peut pas recourir à une approche uniforme pour aborder les 10 pays de l’ANASE. Ces organisations peuvent aider les entreprises canadiennes à trouver de bons partenaires sur place. Grâce à leur connaissance des pays en cause, elles peuvent faciliter la tâche des délégués commerciaux du Canada et de l’ANASE en leur permettant de trouver des renseignements exacts et de mieux communiquer avec les gouvernements nationaux.
Il faut cependant que le gouvernement du Canada accorde un appui logistique aux organisations bilatérales de l’ANASE. Comme il est notoire que les PME sont le moteur de toute économie, il importe de simplifier la réglementation bancaire pour faciliter le financement des PME, de discuter avec les gouvernements de l’ANASE des moyens de simplifier les démarches d’obtention de visas pour les voyages d’affaires et d’examiner avec ces gouvernements les possibilités de reconnaissance mutuelle des titres professionnels. Il faut assurer un meilleur accès au gouvernement non seulement pour les PME, mais aussi pour les grandes sociétés et les organisations commerciales, de façon à régler rapidement les problèmes.
Nous espérons obtenir l’appui du gouvernement à la mission commerciale du SEACBC en octobre. Ce serait un bon moyen pour le gouvernement de favoriser le développement des affaires en aidant les organisations bilatérales de l’ANASE. Nous espérons aussi que le SEACBC aura la possibilité de s’entretenir avec le ministre du Commerce, l’honorable David Emerson. Nous avons demandé un rendez-vous depuis que le nouveau gouvernement est arrivé au pouvoir en vue d’établir un dialogue pouvant amorcer et renforcer les relations de travail et constituer la base d’une plus grande coopération économique entre le Canada et l’ANASE.
Au nom du SEACBC, de son conseil d’administration et de ses membres, je voudrais vous remercier de m’avoir donné cette occasion. Vous pouvez être sûrs que notre conseil continuera à œuvrer en faveur de l’établissement de solides relations d’affaires entre le Canada et l’ANASE.
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Je vous remercie de votre question.
La négociation de l’accord de libre-échange Canada-Singapour est en cours depuis près de sept ans. Les pourparlers n’ont repris qu’au début de l’année dernière par suite de l’intervention du ministre Emerson. Le principal obstacle est que Singapour n’est pas disposée à accorder au Canada les mêmes concessions qu’aux États-Unis.
Je vais essayer de vous expliquer un peu mieux la situation. Nous avons commencé à négocier avec Singapour avant les Américains. Les États-Unis, eux, ont signé un accord assez rapidement, avant nous. Lorsque Washington a approché Singapour, il a évidemment obtenu plus d’attention que nous. Une fois que l’accord avec les États-Unis a été signé, nous avons réclamé des concessions semblables, notamment à cause de l’existence de l’ALENA. Pour des raisons faciles à comprendre, Singapour n’était pas disposé à céder sur ce point, ce qui a provoqué une impasse dans les négociations.
C’est une question assez délicate, non seulement dans le cas de Singapour, mais aussi dans toutes les négociations que nous pourrions engager avec des pays ayant conclu un accord ou ayant des pourparlers semblables avec les États-Unis. La même chose est en train de se produire dans les négociations avec la Corée. Nous avions entrepris ces négociations avant les Américains, mais depuis que ceux-ci ont commencé à négocier, les Coréens leur accordent plus d’attention qu’à nous. Cela pourrait bien aboutir aux mêmes complications qu’avec Singapour.
Pour revenir à la question générale des répercussions de l’impasse de Singapour sur une entente plus vaste avec l’ANASE, je suis persuadé que si nous ne pouvons pas en arriver à une entente avec Singapour, il nous sera très difficile de commencer à négocier avec l’ensemble de l’ANASE.
Comme vous le savez sans doute, Singapour est l’une des économies les plus libres du monde. Elle n’a pratiquement ni barrières tarifaires ni restrictions dans le secteur des services. Elle a des difficultés en matière de politique de concurrence et de marchés publics. Toutefois, sur le plan du commerce des marchandises, il n’y a presque pas de restrictions.
Si le Canada ne peut pas arriver à une entente avec ce qui constitue essentiellement un port franc, on pourra s’interroger sur sa capacité de conclure un accord avec des pays ayant des barrières commerciales sensiblement plus importantes. Cela ne veut pas dire que nous ne devrions pas essayer de conclure un accord avec l’ensemble de l’ANASE, mais nous ne faisons pas très bonne figure après six ou sept années de vaines négociations avec Singapour.
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Merci, monsieur le président.
Je voudrais également remercier nos témoins de partager avec nous leurs connaissances et leur expérience.
Monsieur Clark, nous avons eu l’occasion de vous entendre en décembre et d’apprécier votre quarantaine d’années d’expérience. Vous avez été témoin de beaucoup de choses dans différents pays et sous différents gouvernements. Vous avez raison de dire que six ans sont passés depuis la signature de notre dernier accord de libre-échange avec le Costa Rica et que nous devrions nous montrer plus réalistes ou, comme vous le dites, plus pragmatiques pour aboutir à des résultats positifs.
Nous avons reçu différents témoins au comité. Notre but est de présenter un rapport à la Chambre et d’essayer de définir une orientation que le Canada pourrait emprunter pour relever les défis, tirer parti des perspectives qui s’offrent et utiliser à bon escient les ressources limitées dont nous disposons.
Le Conference Board du Canada a récemment publié un rapport intitulé Mission possible: Un rendement phénoménal de l’économie canadienne sur la scène mondiale. J’avais alors posé la même question aux représentants du Conference Board: Compte tenu des ressources que nous avons et en insistant sur les perspectives qui s’offrent, où, selon vous, le Canada devrait-il utiliser son temps et ses efforts pour obtenir les résultats les plus rapides dans le cadre de l’approche la plus réaliste?
Le dernier rapport qui a paru, celui des plans et des priorités du ministère des Affaires étrangères et du Commerce international, énumère les États-Unis, le Mexique, la Chine, l’Inde, le Brésil, la Russie, le Japon, la Corée du Sud, puis l’ANASE, peut-être en huitième position. Croyez-vous que nous devons concentrer nos efforts sur l’ANASE ou sur d’autres pays?
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Ce sont là des questions légèrement différentes.
Au chapitre des négociations, des points très précis entravent les pourparlers. Je crois qu’il est possible de les régler en acceptant évidemment des compromis de part et d’autre. Tout accord conclu est un compromis, n’est-ce pas? En matière de libre-échange et de pourparlers multilatéraux, il n’y a pas d’accords absolument parfaits pour toutes les parties. Celles-ci doivent tout simplement obtenir des concessions de certains groupes de pression intérieurs pour que l’entente devienne possible.
Dans le cas du Canada, l’un de ces groupes est le secteur de la construction navale. Nous devons trouver un moyen de régler ce problème intérieur. Singapour ne peut pas le régler pour nous. De même, Singapour doit trouver des moyens de nous satisfaire au chapitre des services ou des investissements.
Je crois vraiment que nous pouvons conclure l’accord avec Singapour. Toutefois, même si nous n’y arrivons pas, il y a de nombreuses mesures que nous pouvons et devons prendre pour que nos interlocuteurs n’aient pas l’impression que nous n’avons rien d’autre à envisager. Nous pouvons nous occuper des services aériens. Nous pouvons améliorer la situation des visas, peut-être en augmentant notre personnel d’immigration, en rationalisant nos procédures ou en trouvant d’autres moyens de traiter les demandes. Les Britanniques, par exemple, ont donné à contrat l’examen préliminaire des demandes de visa pour la Chine. Nous pouvons peut-être envisager quelque chose de semblable. Je ne le sais pas. Nous pouvons évidemment accélérer la négociation des accords de protection des investissements étrangers avec l’Indonésie et le Vietnam. Nous pouvons aussi envisager de conclure de tels accords avec d’autres marchés. Nous ne pouvons pas laisser des négociations dans l’impasse nous empêcher d’avancer dans d’autres domaines.
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Je vous remercie de votre question.
Mme Tapia a évoqué ces questions. Je ne suis pas en désaccord avec elle, mais elle voudra peut-être vous répondre, après quoi j’aurai quelque chose à ajouter.
Je vais commencer. Je conviens pleinement avec elle que les services d’éducation et de santé offrent des possibilités d’exportation pour le Canada dans les pays de l’ANASE. Le secteur de l’éducation comporte deux aspects. Le premier consiste à faire venir des étudiants de l’ANASE au Canada pour suivre des cours d’anglais langue seconde ou faire des études postsecondaires. Cela dépend de la réputation de nos universités, de nos efforts de marketing et des capacités de traitement des demandes de visa de nos missions dans ces pays. Nous n’avons actuellement qu’une très faible part du marché de l’ANASE. Nous pouvons certainement en faire davantage. Toutefois, l’éducation a un autre aspect: au lieu de faire venir des étudiants chez nous, nous pouvons organiser des programmes de formation sur place.
Les universités étrangères, surtout en Australie, ont maintenant tendance non seulement à essayer d’attirer des étudiants à Canberra, Brisbane ou Adélaïde, mais aussi à établir des installations en Malaisie pour donner de la formation sur place. L’Université Monash, par exemple, a bâti un campus complet à Kuala Lumpur où elle offre deux années d’études aux étudiants locaux à un prix nettement inférieur à celui qu’ils auraient à payer en Australie. Ces étudiants peuvent ensuite faire une ou deux années d’études supplémentaires à Melbourne. Il est évident que les Australiens peuvent ainsi accaparer une part beaucoup plus importante du marché grâce à leur présence locale et à leur prix moins élevé. Les universités canadiennes sont très lentes à adopter ces approches innovatrices de l’exportation des services éducatifs.
Au chapitre des services médicaux, le commerce est essentiellement à sens unique. Pour toutes sortes de raisons liées à notre système de santé et au prix des services médicaux, il ne serait pas très pratique de faire venir des patients d’Asie du Sud-Est se faire traiter au Canada. Nous avons cependant d’énormes compétences dans le domaine des soins médicaux et dentaires, que nous pouvons exporter en créant des établissements de soins en Asie du Sud-Est. Nous savons qu’une société montréalaise a établi une chaîne de cliniques dentaires au Vietnam. Je crois qu’elle appartient à un Canadien d’origine vietnamienne qui, je suppose, a été formé en art dentaire au Canada et qui a créé cette chaîne en partenariat avec des entreprises singapouriennes. La demande de soins de santé est absolument énorme en Asie du Sud-Est. Nous avons bonne réputation. Il pourrait donc être avantageux de dispenser ces services en Asie.