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La séance est ouverte. Bonjour tout le monde, et bienvenue aux témoins que nous accueillons aujourd'hui. Nous poursuivons notre étude sur la politique commerciale du Canada.
Nous nous penchons aujourd'hui sur la politique commerciale du Canada relativement à la communauté andine. Comparaissent aujourd'hui devant nous, pour le compte du Conseil canadien pour les Amériques, Eduardo Klurfan, vice-président, et Kenneth Frankel, membre du Conseil et conseiller en matière de commerce international.
Je vais m'en tenir à ces brèves remarques en guise de présentations et tout de suite faire appel à vous, messieurs, si vous êtes prêts à nous faire votre exposé, après quoi nous passerons directement aux questions. Merci encore beaucoup d'être des nôtres aujourd'hui. Nous vous en sommes reconnaissants et envisageons avec plaisir vos exposés ainsi que la réunion.
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Bonjour, monsieur le président, mesdames et messieurs les membres du comité. Merci de nous avoir invités à venir vous rencontrer ici ce matin.
Je m'appelle Ken Frankel. Je suis avocat et commentateur politique et je suis basé à Toronto. Je suis également membre du conseil d'administration du Conseil canadien pour les Amériques. Comme l'a dit le président, je suis accompagné d'Eduardo Klurfan, vice-président de la Banque Scotia, vice-président du Conseil canadien pour les Amériques et président de la Chambre de commerce Canada-Brésil.
Le CCA est le principal lien du secteur privé entre le Canada, l'Amérique latine et les Caraïbes. En tant que véhicule d'information et de réseautage, le CCA a pour principal objet de stimuler l'expansion des intérêts commerciaux canadiens dans les pays de cette région.
Le CCA renseigne les Canadiens quant aux possibilités que la région peut leur offrir et joue un rôle essentiel en organisant des activités de relations externes pour des chefs d'État, des ministres et des gens d'affaires de pays de toute l'Amérique latine et des Caraïbes.
La Chambre de commerce Canada-Brésil est notre organisation soeur et elle partage nos buts et objectifs en se concentrant sur les relations commerciales entre le Canada et le Brésil. La CCCB et le CCA sont des associations sans but lucratif qui sont administrées par le biais de l'Association canadienne des importateurs et exportateurs ou ACIE.
Nous comptons, pour notre financement, sur nos sociétés membres, qui toutes ont été en mesure de saisir des possibilités commerciales et d'investissement dans de nombreux pays de la région.
Notre conversation d'aujourd'hui sera radicalement différente de ce qu'elle aurait été il y a 25 ans ou même seulement 5. De nombreux pays d'Amérique latine étaient dirigés par des gouvernements autoritaires il y a 25 ans, et ceux qui ne l'étaient pas vacillaient entre contrôle militaire et régime civil faible. À quelques rares exceptions près, les économies étaient hautement protectionnistes. L'investissement étranger était strictement interdit dans de nombreux secteurs, limité à des participations minoritaires dans d'autres, et assujetti à quantité de goulots d'étranglement réglementaires, de contrôles des devises, d'exigences opaques et de processus judiciaires. La licenciation de la propriété intellectuelle a été particulièrement restrictive dans la région andine.
Mais nombre des politiques économiques en place ont été balayées en même temps que les gouvernements autoritaires. Le modèle néo-libéral, même s'il n'a pas dans tous les cas été adopté de façon exhaustive ou compétente, incluait la privatisation des sociétés d'État, la suppression ou la simplification des exigences réglementaires et l'allègement de nombre des barrières à l'investissement étranger et au commerce avec l'Amérique latine.
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Les gouvernements d'Amérique latine ont privatisé toute une gamme d'industries: les services téléphoniques, l'électricité, l'approvisionnement en eau, l'alimentation en électricité, le secteur bancaire, les transports et d'autres encore. Même si ces réformes ont facilité la possibilité de faire des affaires en Amérique latine, il demeure encore un certain nombre de défis. Outre les difficultés en matière de transactions qui existent toujours, l'on est aujourd'hui confronté à une concurrence accrue du fait de l'élargissement des activités entreprises dans cet hémisphère par la Chine et l'Inde.
Pour que le Canada puisse profiter pleinement des marchés émergents, mandat énoncé par le ministre des Finances, M. Flaherty, dans Avantage Canada, le gouvernement et le secteur privé devront redoubler leurs efforts à l'égard de l'Amérique latine. Nous ne devrions nous faire aucune illusion sur la nécessité de rien de moins qu'un effort concerté et dynamique si nous voulons obtenir les résultats souhaités.
Avant d'énumérer nos cinq recommandations concrètes, je vais digresser un instant pour illustrer le genre d'effort concerté qui est selon nous nécessaire. Avant les années 1990, l'Espagne n'avait avec l'Amérique latine que des niveaux d'investissement ou de commerce négligeables. Je travaillais à l'époque pour une société espagnole et j'habitais Madrid. Pour plusieurs raisons dont nous pourrions discuter plus tard si vous le voulez, l'Espagne allait devenir, au cours des années 1990, l'investisseur étranger dominant en Amérique latine.
Pourquoi je soulève le cas espagnol, vous demandez-vous? C'est parce que la réussite de la reconquête espagnole de l'Amérique latine était un objectif national. C'était le produit d'une union planification gouvernementale stratégique et dynamisme commercial. Le gouvernement a assuré le leadership politique et économique, adopté une vision à long terme et renforcé ses politiques fiscales et commerciales grâce à un appui à tous crins pour les chambres de commerce, les échanges et d'autres initiatives de rayonnement.
Nous ne parviendrons peut-être jamais à un niveau d'engagement gouvernemental à l'égard de l'Amérique du Nord équivalant à celui manifesté par le gouvernement espagnol; je dirais cependant que le gouvernement canadien n'a même pas fait montre d'une vision stratégique soutenue en vue du renforcement de l'activité commerciale ou de l'engagement politique canadiens en Amérique latine. Cet état de choses n'a clairement pas bénéficié ni ne bénéficiera au Canada ou à l'entreprise canadienne.
Nous avons cinq recommandations. La première est d'appuyer des programmes de facilitation des affaires. Les délégués commerciaux du Canada en Amérique latine, les agences provinciales de promotion des exportations, Développement économique Canada et d'autres organes gouvernementaux ont assuré d'excellents services. Ils sont tout particulièrement importants pour les PME, qui possèdent la volonté mais non pas les contacts, le savoir-faire et les ressources nécessaires pour conquérir de nouveaux marchés, surtout en Amérique latine, sans soutien logistique. Malheureusement, ces programmes d'appui semblent souffrir d'un sous-financement chronique et ont dû être comprimés. Nous exhortons le comité à examiner toute la gamme des services offerts et le financement y correspondant, à la lumière, surtout, de ce qu'offrent nos concurrents.
Notre deuxième recommandation concerne l'appui aux partenariats commerciaux et au rayonnement. La relation économique hémisphérique canadienne ne pourra pas réaliser son plein potentiel en l'absence de partenariats plus solides entre entités privées et publiques. Nous serions favorables à un financement accru tant d'agences publiques que de chambres de commerce privées, ce en vue de l'appui et du renforcement des relations et des synergies entre entreprises. Le gouvernement espagnol, par exemple, a financé quantité de chambres de commerce et d'initiatives éducatives et culturelles comme prolongement de sa stratégie commerciale coordonnée nationale.
Notre troisième recommandation est d'appuyer des ententes commerciales bilatérales et sous-régionales. Cela fait trop longtemps que le Canada garde ses oeufs dans le panier du libre-échange dans les Amériques, bien qu'il semble qu'il y ait peu de chances que cette entente progresse dans un avenir proche, voire même éloigné. Nous encourageons le gouvernement canadien à poursuivre des ententes commerciales bilatérales et sous-régionales, comme l'ont fait les États-Unis. Malheureusement le travail relativement à plusieurs accords de libre-échange avec l'Amérique centrale, les pays andins, CARICOM et la République dominicaine piétine depuis plusieurs années.
Il y a deux ans, le Brésil est venu frapper à la porte du Canada en vue d'explorer la possibilité d'un accord de libre-échange. Il existe plusieurs interprétations des raisons pour lesquelles l'invite des Brésiliens n'a pas progressé, mais nous recommanderions que le gouvernement redouble ses efforts auprès du Brésil et du MERCOSUR à cet égard.
Nous sommes également d'avis que, même si l'ALENA a réussi à renforcer le commerce et l'investissement avec le Mexique, il renferme le potentiel de faire plus encore. Nous appuyons les efforts en vue de renforcer les relations avec le Mexique grâce à l'élargissement de l'ALENA et au Partenariat nord-américain pour la sécurité et la prospérité, ce dans le but d'améliorer la coordination et la coopération en matière de réglementation.
Notre quatrième recommandation est que le pays négocie des accords sur la protection des investissements étrangers. Le Canada n'a toujours pas d'accord sur la protection des investissements étrangers ou APIE avec plusieurs pays d'Amérique latine. Nous encouragerions donc le gouvernement à poursuivre également le travail sur ce plan. Nous autres au CCA sommes reconnaissants de l'appui que nous avons reçu du gouvernement fédéral, et nous encourageons celui-ci à faire appel aux connaissances de nos membres en vue de consultations relativement à ces accords potentiels.
Notre cinquième et dernière recommandation est que le Canada exploite le potentiel qu'offre le Brésil. Le Brésil représente 50 p. 100 du PIB de l'Amérique du Sud. Le Canada n'exploite selon nous pas le plein potentiel qu'offre le Brésil sur les plans commerce et investissement. DEC et la CCCB ont convenu de poursuivre une initiative conjointe appelée la Palette commerciale Canada-Brésil. L'initiative canadienne de palette commerciale cherchera à cerner les principales limites au lancement de nouvelles initiatives commerciales et à la gestion des échanges commerciaux actuels avec le Brésil. Elle permettra également d'élaborer un moyen de livrer connaissances et services en vue du renforcement de la relation économique bilatérale. Cette palette commerciale servirait de projet-pilote en vue de fournir des données aux fins d'un important modèle en ligne gouvernemental de services commerciaux, qui pourrait influer sur différents modèles existants de prestations de services, comme par exemple le service de délégués commerciaux virtuel. Nous espérons pouvoir compter sur l'appui du gouvernement pour cette importante initiative.
En conclusion, monsieur le président, le CCA et les sociétés membres de la CCCB savent que le Canada doit embrasser les changements rapides qui s'opèrent dans les mouvements mondiaux de commerce et d'investissement. Il leur faut conquérir de nouveaux marchés et forger de nouveaux partenariats pour que le Canada continue de prospérer.
Avant toute chose, le Canada sortira gagnant si le leadership politique du pays accorde la priorité à ses relations dans cet hémisphère et envoie un message clair disant que le Canada a de solides intérêts politiques et économiques dans l'hémisphère. L'hémisphère souhaite un engagement canadien accru. Les circonstances sont pour plusieurs raisons propices à un réengagement actif de la part du Canada.
L'examen de ces questions par le comité est opportun. Nous attendons avec impatience les recommandations sur lesquelles déboucheront vos délibérations. Merci.
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Je vais répondre à cette question.
En matière de retrait, nous parlons en fait à ce stade-ci de Chavez, au Venezuela. La Colombie se stabilise de plus en plus. Le Pérou s'est un petit peu plus stabilisé sous Alan Garcia. Quant à la situation en Équateur, elle est bien sûr quelque peu incertaine en ce moment.
L'avenir du Pacte andin en tant que tel, comprenant le Venezuela, est toujours flou, même si les autres pays andins sont toujours engagés dans le cadre de négociations de libre-échange avec les États-Unis, ou ont même signé avec eux.
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Je pense que l'option à privilégier est de traiter de façon particulière avec chaque pays en matière d'accords bilatéraux, du fait des particularités de l'économie de chaque pays et du niveau de commerce et d'investissement que nous avons avec chacun d'entre eux.
Dans certains cas, ce n'est pas chose possible. Dans le cas, par exemple, du MERCOSUR, les pays membres avaient convenu que toute négociation devrait se faire selon une base régionale. C'est ainsi que toute négociation au sujet d'un traité avec l'un quelconque des membres du MERCOSUR doit être menée sur la base de ce qu'ils appellent le « Quatre plus un ».
Dans certains cas, donc, nous n'avons aucun choix. Dans d'autres, si le choix est chose possible, je pense que la négociation d'ententes bilatérales, ce qu'ont privilégié le Mexique et le Chili avec différents pays, est davantage susceptible de mieux servir les intérêts des deux pays.
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Merci, monsieur le président.
Messieurs, bonjour.
J'imagine que le Conseil canadien pour les Amériques existe depuis plusieurs années et qu'il consiste en un regroupement d'entrepreneurs ou d'industries de tous genres ayant déjà un pied-à-terre en Amérique du Sud. Quels services votre organisation offre-t-elle à ses membres?
Vous parlez de divers services que le Canada a abolis ou ne met pas à la disposition des entrepreneurs. Votre rôle n'est sûrement pas de vous substituer à des programmes, mais probablement d'insister et d'intervenir auprès du gouvernement, comme vous le faites aujourd'hui, pour que des mécanismes soient mis en oeuvre en vue de favoriser le commerce avec l'Amérique du Sud.
J'aimerais d'abord que vous situiez votre organisme, que vous nous disiez ce qu'il fait et si certaines de ces activités se font directement sur le terrain, en Amérique du Sud.
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Le Conseil canadien pour les Amériques est actif depuis de nombreuses années. Comptent parmi ses membres des entreprises désireuses d'investir dans des entreprises latino-américaines en Amérique latine et, depuis peu, des entreprises d'Amérique latine investissant au Canada. Nous avons, au cours des dernières années, constaté un mouvement d'entreprises brésiliennes vers l'investissement au Canada.
L'activité s'inscrit dans le secteur public et est financée principalement par les contributions des membres. Comptent parmi les membres le ministère des Affaires étrangères et du Commerce international ainsi que l'agence de développement des exportations de l'Ontario, mais ceux-ci ne sont que des membres. Le financement provient exclusivement des membres et d'autres activités. Notre objet est de réunir des entreprises, de mettre en tandem des chefs de file et de l'industrie et du gouvernement en vue de visites dans les différents pays pour communiquer les possibilités qui existent, et d'être un groupe de lobbying qui défend les intérêts de nos membres auprès du gouvernement, comme nous le faisons ici aujourd'hui M. Frankel et moi. Notre but est de renforcer les activités et les relations commerciales entre l'Amérique latine et le Canada.
Nous sommes limités dans ce que nous pouvons faire. Nous ne sommes pas une entreprise particulièrement grosse ni riche; nous disposons de ressources financières très limitées et nous nous efforçons de nous débrouiller à l'intérieur de nos limites. Les chambres de commerce et les conseils ne sont en règle générale pas très liquides, et nous nous efforçons, avec l'appui de nos membres, de mener un grand nombre d'activités. Nous oeuvrons aux côtés d'agences gouvernementales pour tenter de communiquer mieux encore les objets qui nous animent.
Parmi les programmes gouvernementaux que j'ai mentionnés tout à l'heure, les missions commerciales n'ont pas été très actives entre la région et le Canada. Cela n'est le cas d'aucun programme en particulier; le financement général de nos délégués commerciaux requiert un peu plus d'appui, ce afin qu'ils puissent élargir les nombreux plans et programmes qu'ils ont en tête, notamment la diffusion d'une base de données d'exportateurs et d'importateurs permettant de faire des jumelages avec des entreprises canadiennes dans les différents pays.
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Voyons ce que l'un des pays d'Amérique latine a fait par le passé. Prenons un pays comme le Chili, qui a, très tôt, levé ses barrières commerciales.
Ce qui s'est passé est que, le Chili étant un pays relativement petit, avec une population de 16 millions d'âmes et un PIB annuel de 180 milliards de dollars, il n'est pas en mesure, du fait de sa si petite économie, de produire de façon efficiente de nombreux produits. C'est ainsi que le pays mise de plus en plus sur sa force: celle-ci s'est principalement située dans l'agriculture, les pêches et l'extraction de minerais, notamment le cuivre. Le Chili a réussi à mettre assez bien en valeur ces secteurs de production et à livrer concurrence à l'échelle mondiale en misant sur ses points forts au lieu de protéger des industries dont la production n'était pas efficiente.
Lorsqu'on regarde les pays d'Amérique latine, il importe de songer tout d'abord au fait que le Brésil compte pour 50 p. 100 du PIB de la région. C'est donc très polarisé, avec 185 millions d'habitants et la huitième économie du monde en importance. La première impression que l'on a est que le Brésil est un pays qui nous intéresserait certainement beaucoup. Les flux commerciaux entre le Brésil et le Canada ne sont pas énormes, ne représentent pas ce à quoi l'on pourrait s'attendre, du fait qu'ils ne soient pas complémentaires. Si donc un pays comme le Brésil devait réduire tous ses tarifs, cela aiderait certains éléments des exportations canadiennes, notamment dans les secteurs agricoles comme la céréaliculture et la production d'engrais, mais cela n'aiderait pas réellement la base industrielle, le Brésil ayant une base industrielle très large et très développée.
Si vous regardez d'autres pays, une autre économie serait peut-être celle de l'Argentine, qui se classe au deuxième rang en importance et qui présenterait certains avantages. Il s'agit d'une économie concurrentielle. Les principales exportations de ce pays sont les mêmes que celles du Canada.
La réduction des tarifs par ce pays aurait une incidence sur les échanges commerciaux entre lui et le Canada, mais celle-ci ne serait pas énorme.
Je ne sais pas si vous êtes d'accord avec moi sur ce point, mais je pense que ce serait très porteur d'élargir notre présence dans d'autres secteurs qui n'ont peut-être pas été développés. C'est ainsi que l'on pourrait regarder davantage du côté des petites et moyennes entreprises, où il a été développé des produits, des technologies et des services qui pourraient avoir une très bonne assise dans des pays comme le Brésil ou l'Argentine — les pays non asiatiques, et non pas les pays du Pacte andin.
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DEC a en ce moment des bureaux au Mexique et au Brésil. Depuis le Brésil, ses agents couvrent le cône Sud. Ils couvrent le Chili, l'Argentine ainsi que le Pérou. Le bureau du Mexique est déjà bien occupé dans ce pays. Nous savons que DEC a beaucoup hésité par le passé à ouvrir des bureaux à l'étranger, mais qu'il commence à devenir plus agressif. Nous savons qu'il a une présence en Chine ainsi qu'en Russie. Les responsables ont clairement compris les avantages d'avoir des représentants sur place.
Le bureau au Brésil a très bien réussi car il a été en mesure d'élaborer un certain nombre de nouveaux programmes. Il a notamment consacré beaucoup d'efforts au consentement de prêts en devises locales dans le but d'appuyer des transactions canadiennes. Cette question a toujours eu son importance, la souscription de dettes étrangères dans des pays où la devise connaît de grandes fluctuations pouvant les exposer à des taux de change qu'ils ne trouvent pas très inspirants. Le fait de pouvoir offrir des services en monnaie du pays aux importateurs placerait DEC sur les premières lignes devant de nombreux autres CCE dans le monde. Le bureau du Brésil a très bien réussi, mais je pense qu'il lui a fallu se concentrer davantage sur le palier suivant en descendant, celui des petites et moyennes entreprises.
J'ai eu l'occasion,il y a environ quatre ans, et de nouveau il y a trois ans, de participer à certains événements internationaux, aux côtés de DEC et des ambassadeurs canadiens et brésiliens, dans le but d'essayer d'ouvrir les yeux des gens relativement aux possibilités qui existent au Brésil. Nous nous sommes rendus dans cinq villes en huit jours et j'ai été plutôt surpris par l'intérêt manifesté par nombre de petites entreprises, tant du côté des services que de celui des produits, à l'égard du Brésil. Nous avons également découvert que certaines de ces petites entreprises avaient déjà établi avec le Brésil des relations qui étaient passées carrément en dessous de l'écran radar. Nombre d'entre nous n'étions même pas au courant du fait qu'elles traitaient déjà avec le Brésil, tant pour des services que pour des produits. Il se fait sans doute plus de commerce qu'on ne le devinerait. Je pense que ces programmes aideront à élargir ces relations.
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Merci, monsieur le président.
Merci beaucoup de votre exposé.
Mon épouse et moi-même avons eu l'honneur de passer un peu de temps en Amérique du Sud à travailler dans un orphelinat, il y a de cela environ neuf ans. Nous nous sommes un petit peu promenés, nous rendant au Paraguay, en Argentine et au Brésil. C'est un très beau pays, avec les chutes Iguazú et d'autres beaux sites. Je n'en revenais tout simplement pas de l'économie, dès que l'on traversait le pont entre le Paraguay et le Brésil. C'est un contraste énorme.
Pendant que nous étions là, nous avons rencontré des entrepreneurs canadiens, des gens qui étaient surtout actifs dans le domaine des télécommunications. Pourriez-vous nous dire s'il existe d'autres occasions à saisir. À l'époque, il fallait attendre plusieurs années pour obtenir une ligne terrestre, alors tout le monde courait après les téléphones cellulaires. Vu les autres possibilités que vous avez constatées, à côté de quoi sont en train de passer les entreprises canadiennes et pourrions-nous élargir et améliorer notre accord commercial?
Pour poursuivre là-dessus, l'industrie des télécommunications me tient en fait très à coeur, car pendant les années 1990, lorsque je vivais à Madrid, je travaillais pour une importante société de télécommunications. L'on pourrait dire que c'était une occasion que le Canada n'a malheureusement pas saisie, car lorsque la majorité des réseaux de télécommunications en Amérique latine ont été privatisés pendant les années 1990, comme l'a dit Eduardo, à l'exception mineure de TRW et Téléglobe, qui n'existe plus, que je sache, le Canada n'a pas saisi l'occasion qui se présentait.
Ce qui s'est passé est que d'autres y sont allés, notamment Telefonica d'Espagne, France Telecom et Stet Italy, ainsi qu'un certain nombre d'entreprises américaines. Chacun peut avoir sa propre interprétation de la façon dont les choses ont tourné mais, grosso modo, l'une des grandes lamentations que vous entendez en Amérique latine concerne le fait que ces sociétés étrangères ne font que se remplir les poches en Amérique latine avec leurs services téléphoniques. Lorsque les gens parlent de la reconquête de l'Amérique latine par l'Espagne, ils disent que la pierre angulaire de ce qui a été réalisé a été fournie par l'entrée des Espagnols dans le réseau téléphonique.
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Merci, monsieur le président.
Merci d'être venus ici aujourd'hui.
Nombre de vos recommandations sont des choses que nous pouvons tous appuyer, étant donné surtout que le Canada doit avoir une stratégie commerciale différente. Celle que nous avons à l'heure actuelle n'a manifestement pas fonctionné, une partie du problème étant le fait que nous ayons mis tous nos oeufs dans le même panier, soit le marché américain. Lorsque 86 p. 100 de nos exportations sont dépendantes d'un seul marché, nous avons une vulnérabilité qui mène à des concessions et à la capitulation, comme nous l'avons constaté dans le cas de la trahison du secteur du bois d'oeuvre résineux. Il nous faut, clairement, diversifier nos marchés. Tout le monde autour de la table s'entend là-dessus. Il nous faut certainement mettre beaucoup plus l'accent sur l'Amérique du Sud et l'Amérique centrale.
Ce qui se passe en Amérique du Sud, comme vous le savez, est que l'on est en train de repenser les ententes commerciales et la façon d'aborder cette région en tant que pays, veillant à ce que les avantages du commerce bénéficient en vérité à la population tout entière plutôt qu'à la seule très petite tranche de riches. C'était là un gros dossier dans les élections américaines de mi-mandat. Nous avons vu les Républicains, qui ont une approche superficielle et très limitée au commerce, se faire battre à plate couture par les démocrates, qui poussaient en faveur d'une approche beaucoup plus juste en matière de commerce. Comme vous le savez, il existe en Amérique du Sud toutes sortes de gouvernements social-démocrates qui abordent la question du commerce en parallèle avec la politique sociale et qui envisagent tout l'aspect normes sociales, environnementales et de travail comme faisant partie intégrante de la structure des accords commerciaux.
Nous avons, plus tôt cette semaine, tenu une audience avec des représentants de certains pays social-démocrates, comme par exemple la Norvège et l'Islande, qui eux aussi ont réussi sur ce plan. Nous avons accueilli ici l'ambassadeur du Chili, qui lui aussi a beaucoup insisté sur cet élément.
Ma première question est la suivante. L'Amérique du Sud ayant clairement fait un virage vers la démocratie sociale, vers des accords commerciaux qui bénéficient à la population dans son entier, cela ne signifie-t-il pas que le Canada devrait modifier sa façon de structurer les accords commerciaux et ce dont nous devrions tenir compte lorsque nous discutons accords commerciaux, de telle sorte que, dans le cas d'un pays comme le Brésil, par exemple, nous puissions envisager les normes sociales, les normes en matière de travail et les normes environnementales comme faisant partie intégrante des sujets abordés autour de la table de négociation?
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Je veux bien, mais, cela étant dit, la réalité est que, oui, l'on est en train de repenser certains aspects du fonctionnement des accords de libre-échange, le bon fonctionnement ou non de l'effet en cascade et le gouffre qui existe entre les nantis et les démunis. Tout cela ne peut pas être imputé aux accords de libre-échange; il y a quantité d'autres choses qui ont une incidence sur le fonctionnement des économies.
Tout cela étant dit, les pays d'Amérique latine sont en train de pousser en faveur d'accords de libre-échange. Ce n'est pas comme s'ils les repoussaient. L'Uruguay, qui est dirigé par un ancien guérilléro Tupamaro, est en train de pousser très fort pour obtenir un accord de libre-échange avec les États-Unis, et les discussions sont en cours. Lula, et vous connaissez ses antécédents, est très en faveur des accords de libre-échange. La grosse pierre d'achopement a été le secteur agricole, mais cela n'a pas amené le pays à se retrancher par rapport à l'idée d'avoir des accords de libre-échange. C'est la même chose en Amérique centrale, c'est la même chose au Pérou, avec Alan Garcia, qui est de la gauche. C'est une reconnaissance que ces choses doivent êre négociées, mais, à la base, c'est un concept qui doit être exploré et finalisé.
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Lorsque nous parlons commerce, deux modèles différents sont en train d'évoluer. Je n'emploie pas l'expression « libre-échange », car celui-ci est souvent utilisé par les Républicains aux États-Unis. Il s'agit des droits de l'investisseur à l'exclusion de tout le reste. En gros, nous sommes en train de parler d'accords commerciaux équitables.
Les Européens ont en fait été très clairs là-dessus. Les politiques sociales et les normes sociales, environnementales et de travail sont toutes incluses dans ce qui est discuté autour de la table. Les Européens veulent améliorer le sort des gens. Lorsque vous parlez de Lula ou d'autres gouvernements social-démocrates en Amérique du Sud, ceux-ci pressent pour avoir des ententes commerciales englobant ces autres éléments. Ils ne cherchent pas simplement à renforcer les droits des investisseurs à l'exclusion de tout le reste.
C'est vraiment là ma question. Cela signifie-t-il que le Canada doit changer son approche et comprendre ce que visent les pays d'Amérique du Sud lorsque la volonté démocratique du peuple dit oui, nous voulons du commerce, mais non pas selon le modèle de libre-échange républicain, de droite, mais de manière à améliorer le bien-être de la population et à maintenir et à protéger en même temps l'environnement?
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C'est une question intéressante.
Les concepts de libre-échange et d'accords commerciaux sont bien sûr devenus un petit peu plus nuancés, mais je n'épouse pas entièrement votre caractérisation de la vision latino-américaine des choses. Cela ne veut pas dire que je suis en désaccord avec vous sur beaucoup de ce que vous avez dit, mais je pense qu'en ce qui concerne l'Amérique latine et la politique économique, le libre-échange est une composante de la politique économique — mais une composante seulement. Je pense qu'en ce qui concerne l'Amérique latine, une part importante de la dissension ou du malaise concerne tout le modèle néo-libéral, comme on l'a appelé — reste à déterminer ce que cela signifie —, ou le consensus de Washington. Lorsque vous parlez d'équité et d'essayer de combler le gouffre entre les nantis et les démunis, ce n'est pas tout, et de loin, qui est déterminé par le libre-échange.
Le Chili, qui a négocié des accords de libre-échange, a complété sa politique économique, et c'est un modèle très néo-libéral, avec...
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Il y a eu une saine discussion au sujet du commerce équitable, et je pense que M. Julian aura l'occasion de poursuivre cette discussion.
Moi, j'ai une perspective différente que j'aimerais poursuivre. Je sais que vous connaissez tout cela, mais je tiens simplement à renforcer de nouveau le fait que l'objet de notre discussion aujourd'hui est de faire ressortir l'importance du commerce et ce que celui-ci signifie pour le Canada, à la lumière du fait que 40 p. 100 de notre économie repose sur les exportations. Et la grande majorité de ces exportations sont le fait de SME. Je suis heureux que vous ayez mentionné cela dans votre déclaration, car 97 p. 100 des exportations sont en réalité le fait du travail de petites et moyennes entreprises.
Il est important de mettre l'accent sur l'Amérique centrale et l'Amérique du Sud, car il y a non seulement l'angle économique ou les liens économiques que nous voulons poursuivre, mais également des ressemblances au sein de communautés culturelles qui sont représentées ici. De solides communautés culturelles sont représentées au Canada, et c'est ainsi que nous pouvons mettre à profit cette expertise pour mieux comprendre la culture, la langue, le patrimoine et ainsi de suite des autres.
Ce qui m'intéresse, c'est tout simplement la région elle-même. De façon idéaliste, lorsqu'on parle de la communauté andine, par exemple, elle englobe la Bolivie, la Colombie, l'Équateur et le Pérou. Il semble qu'il y ait une diversité d'opinions quant à la façon dont ces pays souhaitent aborder le libre-échange. J'ignore si cela a été abordé avant mon arrivée ici, mais c'est là une question au sujet de laquelle j'aimerais vous interroger.
Il semble qu'il y ait deux écoles de pensée. Le Venezuela n'en fait plus partie, mais la Bolivie, en tout cas, souhaite l'intégration régionale, et il y a la Colombie, l'Équateur et le Pérou qui désirent une véritable libéralisation du commerce. Cela est-il toujours un facteur aujourd'hui, et si oui, dans quelle mesure?
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Certains des pays de la communauté andine ont vécu d'importants changements et des problèmes économiques. L'Équateur a vécu de graves difficultés économiques, la Bolivie a connu des changements politiques et il est survenu de nombreux événements politiques au Venezuela. Ces pays n'ont ainsi peut-être pas eu le pouvoir d'achat nécessaire pour pouvoir s'intéresser aux exportations ou aux produits canadiens.
Il s'agit d'économies relativement petites, et lorsque les ressources nécessaires ne sont pas disponibles, elles ont tendance à limiter l'entrée de produits qui imposeraient un trop lourd fardeau à leurs réserves limitées de devises étrangères. Je n'en concluerais pas que le Canada n'est pas concurrentiel; c'est davantage une question de problèmes dans le pays que de relations commerciales.
Ces pays sont-ils protectionnistes? Oui, ils le sont, car leur capacité d'importer est limiteée et il leur faut vraisemblablement réserver le recours à leurs devises étrangères aux biens de première nécessité.
Quels sont nos concurrents là-bas? Je ne saurais vous le dire, mais ils sont sans doute les fournisseurs de ces biens de première nécessité: l'Asie, l'Europe ou les États-Unis.
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Dans le cadre de la mondialisation, on entend souvent dire, que ce soit au Canada ou même au Québec, que les règles du jeu ne sont pas équitables. On dit que les pays émergents se livrent à une certaine exploitation de la main-d'oeuvre, qu'ils ne respectent pas l'équité sociale, salariale et économique.
On dit aussi que nos règles en matière d'environnement ne sont pas les mêmes et que ça donne lieu à une certaine exploitation des ressources humaines, naturelles et environnementales qui crée un déséquilibre et nous empêche de suivre la concurrence à certains égards. On pourrait considérer que c'est une excuse. N'est-ce pas un peu ce que fait le Canada lui-même dans le cadre de certains de ses investissements?
Par exemple, on dit que les choses vont assez bien du côté de la production minière au Pérou. Or, bien des gens nous disent qu'il y a une certaine exploitation sur le plan salarial. De plus, il semblerait que les entreprises canadiennes fassent preuve de laisser-aller et s'adonnent à une exploitation quasi sauvage de l'environnement. Dans ce contexte de concurrence mondiale, ne fait-on pas à ces pays, qui ont de la difficulté à remettre leur économie sur les rails, ce qu'on reproche à d'autres?
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Nous avons entendu les commentaires de M. Frankel tout à l'heure.
Les pays d'Amérique latine ont marqué énormément de progrès. La situation en ce qui concerne le protectionnisme, les gouvernements militaires, la protection insuffisante des droits civils, l'adoption de politiques économiques néo-libérales pour tenter de renverser le tout, et la renégociation de leur dette pour se remettre debout les a bien évidemment repoussés très loin en arrière sur le plan de la distribution équitable de la richesse et de la protection de l'environnement. Ces pays travaillent fort à la réalisation de ces objectifs. Il faut beaucoup de temps pour défaire ce qui a été fait pendant de si nombreuses années.
Alors oui, dans certains cas le terrain de jeu n'est pas très égal quant à la concurrence pour ce qui est de certains produits en provenance de ces pays. Mais je pense que la mondialisation et que l'économie de marché ouvert tendent vers une égalisation à cet égard. Lorsque vous avez un pays qui dit, non, nous n'allons pas acheter un produit en provenance de ce pays s'il n'y a pas une protection ou un souci suffisant pour l'environnement, alors cela oblige ce pays à se conformer. Nous avons vu les pressions qu'ont subies de nombreux pays d'Amérique latine sur ce front.
Mais le processus est lent. Les économies qui sont en train de se relever après de nombreuses années d'endettement et de gouvernements corrompus sans démocratie ont encore un bon bout de chemin à faire. La distribution de la richesse est très inégale. Mais les choses bougent. Ce sont des choses qui ne peuvent pas se faire du jour au lendemain. Il s'agit davantage d'évolutions que de révolutions.
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Merci, monsieur le président.
J'aimerais moi aussi remercier les témoins d'être des nôtres ici aujourd'hui.
Je vais partager un peu de mon temps avec M. Lemieux.
Je sais que vous avez suggéré que nous devrions poursuivre des accords de libre-échange avec la Colombie et le Pérou, étant donné ce qu'ont fait ces pays avec les États-Unis. Les notes d'information qui nous ont été fournies parlent d'établir en Amérique du Sud un bloc politique et économique. Ce pourrait être un défi de faire cela n'importe où dans le monde. Il intervient clairement des aspects politiques, dont vous avez traités, et ainsi de suite.
Une conférence tenue en 2005 a traité de l'idée d'une intégration et des premiers pas à franchir. Ma question pour vous est simplement la suivante: certains de ces pas ont-ils été franchis? Ces pays ont-ils commencé à bouger dans cette direction? Je sais qu'il a été question de projets d'infrastructure qui seraient opportuns. C'est là ma première question. Ce travail d'établissement d'infrastructure a-t-il commencé?
Et maintenant pour ma deuxième question: cela va manifestement être difficile, mais comment voyez-vous ce processus se dérouler?
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La première tentative d'intégration, mais c'était plus qu'une tentative, a été le MERCOSUR. Mais le MERCOSUR a été davantage une alliance politique qu'une alliance économique. Cela étant, dès lors que vous avez des économies qui commencent à partir dans des directions différentes, alors le MERCOSUR s'est vu imposer une épreuve qu'il n'a pas pu surmonter.
Je m'inquiète quant à la viabilité du MERCOSUR, étant donné surtout qu'il y a maintenant un cinquième membre qui n'est pas un membre votant et qui a des intentions finales visant à utiliser les autres membres du MERCOSUR à ses propres fins. À cet égard, nous constatons même l'échec du MERCOSUR s'agissant de traiter de certains des déséquilibres dans les échanges commerciaux entre le Brésil et l'Argentine ainsi que des disputes régionales de pays comme l'Uruguay et l'Argentine. Nous avons vu le Chili tenter de se joindre au MERCOSUR, mais ce pays a constaté qu'il avait une politique tarifaire plus libérale que le MERCOSUR. En vérité, ses tarifs étaient inférieurs à ceux du MERCOSUR, et il a constaté qu'il lui faudrait hausser ses tarifs, chose qu'il ne voulait pas faire.
À mon avis, que ce soit régional ou que ce soit bilatéral, il nous faut faire bouger les choses en vue d'obtenir des accords commerciaux avec l'Amérique latine. S'il faut que ce soit négocié sur une base régionale, alors faisons-le; s'il faut que ce soit sur une base bilatérale, même chose. Mais que l'on prenne des mesures, car nous loupons réellement le coche pour ce qui est d'offrir aux exportateurs canadiens la possibilité d'ouvrir de nouveaux marchés.
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Il est clair que les flux commerciaux que vous voyez dans la communauté andine comportent l'exportation par le Canada de protéines — produits alimentaires — et, en retour, l'importation de nombre de minerais qu'exploitaient quantité d'entreprises canadiennes.
Où se situeraient les flux commerciaux? À l'heure actuelle, je pense que lorsque nous parlons de l'Amérique latine en général, nous y voyons des possibilités. Le Canada exporte d'importants volumes de grains et d'engrais en Amérique latine. Il y a eu une croissance marquée dans le secteur agricole en particulier, par exemple. Si l'on prend le Brésil, celui-ci compte une importante production de soja, qui était autrefois extensive mais non pas intensive. Les Brésiliens ont appris qu'ils peuvent, grâce à l'utilisation d'engrais, avoir une production plus intensive et de meilleure qualité ainsi que plus volumineuse, sur des superficies moins grandes.
J'entrevois également des possibilités dans le domaine de la technologie. Le Brésil produit par exemple de l'éthanol à base de canne à sucre. À l'heure actuelle, la plupart des automobiles construites au Brésil — l'an dernier, le Brésil a construit 2,6 millions de voitures — sont alimentées à un mélange essence-éthanol ou au gaz naturel. Voilà la technologie qu'ont mise au point les Brésiliens. Nous avons beaucoup de savoir-faire en matière d'environnement, de télécommunications et de médecine, et cela peut être absorbé et adopté par la région.
Pourquoi donc aurions-nous un accord de libre-échange pour ces éléments-là? Je pense qu'il est très important qu'il y ait un accès égal à toutes ces technologies et à tous ces produits. À l'heure actuelle, notre grain livre concurrence au grain argentin. Le blé qui va donc aujourd'hui au Brésil n'est pas brésilien. Du fait de l'arrangement dans le cadre du MERCOSUR, il est meilleur marché d'importer ce grain d'Argentine.
Le concept de libre-échange présente donc une certaine validité. Je pense qu'il y a sans doute de nombreuses industries et de nombreux éléments qui interviennent dans l'échange de marchandises entre pays. Cependant, tout cela étant dit, il reste encore de nombreux exportateurs canadiens qui ont besoin d'aide et d'appui, car ils n'ont pas la taille qu'il faut pour pouvoir se débrouiller seuls.
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C'est là une question fort intéressante.
En vertu du modèle brésilien de subsitution des importations, ce dont vous faites état et qui a par la suite été repris dans d'autres pays d'Amérique latine, il y a en quelque sorte eu une intervention de l'État dans l'économie. Cela a émané de l'État et s'est avéré, en bout de ligne, ne pas fonctionner.
Le défenseur de ce modèle, après Raúl Prebisch, était Fernando Henrique Cardoso, qui était, jusqu'à il y a quelques années, le président du Brésil. Dans les années 60 et 70, Fernando Henrique Cardoso a été un grand défenseur de la substitution des importations, de murs tarifaires élevés — exactement ce dont vous discutez. Il a eu ses...
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Non. Ce sont des politiques d'achat, ce qui est différent.
Dans le cas des États-Unis et de la Buy American Act, ce n'est pas une question d'imposition de tarifs. Il s'agit tout simplement d'exiger qu'en matière d'achats pour les transports les produits soient manufacturés aux États-Unis. Cela existe en ce moment. Avec la Buy American Act, les Américains ont en fait rehaussé ce niveau, et, aujourd'hui, 62 p. 100 des pièces doivent être manufacturées aux États-Unis.
Ce que nous avons ce sont des fonds fédéraux pour veiller à ce que les responsables des transports partout aux États-Unis achètent véritablement des éléments fabriqués aux États-Unis lorsqu'ils achètent du matériel de transport. Nous n'avons pas en place au Canada de programme semblable, bien que nous dépensions plus du fait des initiatives budgétaires du NPD en matière de transports en public. Je parle ici de programmes semblables au programme Buy American en Amérique du Sud.
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J'ai pour vous deux questions plus faciles.
Premièrement, dans le contexte de l'Amérique du Sud, comment favorisons-nous les exportations canadiennes à valeur ajoutée? Dans le cas des États-Unis, nous exportons nos grumes brutes et notre pétrole et notre gaz naturel. Nous exploitons nos ressources, mais nous n'y ajoutons en vérité aucune valeur avant leur exportation, et c'est ce pour quoi la plupart des familles canadiennes gagnent moins aujourd'hui qu'en 1989, et cela reflète, à la base, le véritable échec des politiques économiques que nous avons depuis 18 ans. Dans le contexte de l'Amérique du Sud, comment faire pour stimuler les exportations à valeur ajoutée?
Si vous en avez le temps, vous pourriez également nous éclairer quant à ce qu'il faudrait faire pour renforcer l'encouragement à l'exportation en Amérique du Sud. Vous avez parlé des bureaux que nous avons à l'heure actuelle; dans un monde idéal, j'appuierais certainement l'idée d'assurer un soutien plus énergique aux exportations canadiennes à valeur ajoutée. Comment vous y prendriez-vous en Amérique du Sud, si vous pouviez rédiger le plan?
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Je pense qu'une partie de la réponse à cette question est la concurrence. Si l'on prend l'exemple de CAE, pourquoi cette entreprise peut-elle aller là-bas? Eh bien, je devine que c'est parce qu'elle doit avoir les meilleurs simulateurs de vol au monde. Les gens veulent avoir leur simulateurs de vol. Il est clairement question dans ce cas de valeur ajoutée et du genre d'industries dont vous parlez, bien différentes de l'exploitation de matières premières. Les accords de libre-échange ne feraient pas forcément en sorte... En bout de ligne, la question est de savoir dans quelle mesure vous êtes compétitif et quels sont vos concurrents. C'est là une chose.
Ce que nous disons est que le Canada a beaucoup de possibilités quant à l'exploitation de certaines possibilités, comme CAE et d'autres l'ont constaté lorsqu'ils se sont rendus au Brésil. C'est la même chose avec certaines des sociétés de génie. Marshall Macklin Monahan est conseiller quant à la reconstruction de l'aéroport à Quito, en Équateur. La société SNC-Lavalin et d'autres sont actifs dans l'exportation de services à valeur ajoutée, dont quelqu'un a, je pense, fait état.
Quant à ce à quoi ressemblerait le programme idéal d'encouragement à l'exportation, il me faut reconnaître que cela déborde de mes compétences. Mais j'ai discuté avec un certain nombre de personnes qui oeuvrent au sein des agences d'exportation provinciales et fédérale, et tous semblent avoir des idées assez claires en la matière; ce sont eux les professionnels dans ce domaine. Ce que je pourrais donc vous offrir de mieux à ce stade-ci serait que vous vous entreteniez avec ces personnes sur la façon dont elles élaboreraient leur programme idéal de soutien à l'exportation. Une conversation avec elles serait très fructueuse.
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Merci. Il n'y a aucun doute que ce que fait Chavez est quelque peu problématique. Il y a un contexte historique qui explique pourquoi Chavez est au pouvoir au Venezuela, malheureusement. Mais je pense qu'une part importante de l'hystérie que l'on relève dans certains milieux à l'égard de Chavez est un petit peu exagérée, et j'aimerais pour ma part séparer ses politiques économiques de sa rhétorique en matière de politique étrangère.
Est-ce que le fait qu'il fraye avec les gens en Iran et en Corée du Nord et autres pose problème? Préférerions-nous que ce ne soit pas le cas? Oui. Très peu de Canadiens verraient là une bonne chose.
Que cela signifie-t-il véritablement en bout de ligne? Je n'en suis pas vraiment certain. Mais ce que je sais est que ses voisins latino-américains sont tout à fait ensorcelés par lui. Il se pourrait qu'ils l'utilisent; il pourrait à l'occasion être utile en guise, en quelque sorte, de bélier contre les Américains, mais la réalité est qu'il est source de gêne pour plusieurs dirigeants latino-américains. Il représente en fait ce à quoi ils sont farouchement opposés. Il représente la militarisation d'un gouvernement, et vous avez aujourd'hui des Latino-Américains de gauche qui ont lutté contre des gouvernements militaires, qui ont été emprisonnés par des gouvernements militaires, alors il y a peu de sentiment à cet égard-là.
Je pense que le consensus général est qu'il est au pouvoir à cause du prix très élevé du pétrole et de l'échec de l'opposition vénézuélienne. Mais dès lors que le prix du pétrole commencera à tomber, alors nous verrons bien ce qui se passera. Lorsque ce qui se passe là-bas en matière de corruption commencera à se faire sentir, lorsque les Vénézuéliens commenceront à se rendre compte qu'il dépense plus d'argent à l'étranger et que leur propre infrastructure est en train de s'effriter, alors cela créera un décalage entre sa rhétorique et ce qu'il fait pour son peuple.
Voilà, en gros, l'histoire Chavez. La réalité est que lorsqu'il est intervenu dans des élections au cours de la dernière année environ — et nous venons tout juste de voir 12 ou 13 élections en l'espace de 12 ou 13 mois —, cela ne lui a pas très bien réussi. Il s'est mêlé de la situation au Pérou et a tenté lourdement d'influer sur l'issue des élections péruviennes, et son candidat a perdu. D'aucuns pensent qu'il a perdu à cause de l'antipathie particulièrement qu'ont les Péruviens à l'égard de l'ingérence de la part des Vénézuéliens, mais l'intervention de Chavez y a également joué un rôle. Son intervention a donc nui à son candidat préféré.
Quant à ce qui s'est passé lors des élections mexicaines, et, encore une fois, c'est un petit peu complexe, la réalité de la situation est que le gauchiste — et nous utilisons le terme « gauchiste » faute d'un terme meilleur, et il ne faudrait pas y voir quelque chose de monolithique, mais disons qu'il est de gauche — menait, et l'une des raisons pour lesquelles il a fini par perdre est que le candidat de l'opposition a fait passer une publicité télévisée dans laquelle son visage se métamorphosait en celui de Chavez, et il y avait derrière toute une rhétorique, et cela a fait peur aux Mexicains. Ils ne voulaient pas forcément voir cela arriver. Chavez, pour eux, ne signifie pas grand-chose.
Cela ne veut pas dire que Chavez n'a pas ses sympathisants et ses partisans dans d'autres pays, mais l'on ne peut pas dire qu'il y a toute une vague d'appui en faveur de Chavez.
Les gens disent qu'il y a une vague gauchiste. Il y a eu des gauchistes au pouvoir en Amérique latine, de façon générale, avec quelques exceptions, depuis que les militaires se sont retirés. Mais que cela signifie-t-il? Nous avons parlé du Chili. Bachelet, dont le père était militaire et a été tué par Pinochet, est « gauchiste ». Que cela signifie-t-il? Elle appuie fermement le développement social et est farouchement libre-échangiste. En Uruguay, le président est un ancien guérillero Tupamaro, et il gère un programme économique dont serait peut-être fier Milton Friedman. Lula est gauchiste. Kirshner est en quelque sorte gauchiste, et il est dans une certaine mesure un cas spécial.
Alors, oui, il y a des présidents gauchistes, mais partagent-ils la grande vision économique de Chavez? Je répondrais par un non catégorique. Et partagent-ils sa vision politique? Absolument pas. Y a-t-il des exceptions? Oui, il y a des exceptions: Morales, en Bolivie. Mais Morales, en Bolivie, peut également être lié au fait qu'il est le premier président indigène à avoir été élu, et l'on ne peut pas sous-estimer la valeur et la signification d'une telle chose. Où finira-t-il par aller? Il nous faut attendre de voir.
Je ne souscris pas au sentiment que l'Amérique latine est en train de faire marche arrière, mettons, pour revenir à une politique économique entièrement nationaliste. Il n'y a aucune indication de cela. D'ailleurs, s'il existe quelque indication de la part des pays de plus grande importance, c'est que tel n'est pas le cas.
Nous pouvons même parler du Nicaragua, où j'ai observé l'élection avec le Carter Center. Là encore, l'on présente cela comme étant encore un autre élément du tableau gauchiste... N'avons-nous pas encore dépassé la théorie des dominos? Je n'en suis pas certain. J'arguerais que ce n'est pas du tout ce pour quoi Ortega a gagné, et ce ne sont pas là les facteurs à l'oeuvre.
Je sais que j'insiste un petit peu, mais, pour couvrir un peu le tout, les premières déclarations d'Ortega dès son élection à la présidence, déclarations qu'il a reprises le lendemain ainsi que le jour d'après, étaient: s'il vous plaît venez nous voir, investisseurs étrangers; venez ici et investissez. Le Nicaragua a ouvert ses portes; venez, s'il vous plaît, faire un tour. Cela ne ressemble pas à Chavez pour moi.
C'est là une réponse un peu longue.
Est-ce que je pense que le fait que Chavez existe doive être un facteur atténuant ou un facteur qui nous force d'une manière ou d'une autre à reculer par rapport à notre idée de faire avancer économiquement l'Amérique latine et d'y importer et investir? Non, pas du tout. Vous voudrez peut-être choisir vos pays. Si vous me demandez si j'accourrais tout de suite au Venezuela pour investir dans une société minière, alors la discussion serait peut-être autre.
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Je n'ai pas ces renseignements précis, mais j'imagine que cela a à voir avec le développement qui se fait dans ces pays, le développement industriel et l'autosuffisance dans certains domaines, qui sont venus remplacer les importations canadiennes. Ce n'est pas que quelque accord régional ait balayé les importations canadiennes avec des achats locaux entre pays.
Comme je l'ai dit tout à l'heure, le Canada exportait autrefois beaucoup de blé dur au Brésil, et c'est en 1999, avec la dévaluation de la devise, que le blé canadien est devenu trop coûteux, et le blé argentin, s'étant amélioré sur le plan qualité, a pu le remplacer. Vous avez tout de suite là un secteur dans lequel le Canada a perdu des exportations, et la chose n'était pas attribuable à des raisons autres que les conditions du marché et les ententes inter-régionales.
Nous avons, depuis les années 1970 et 1980, été témoins de changements marqués. Nous avons été témoins de la mondialisation, nous avons vu naître de nouveaux marchés dans de nouveaux pays et l'éclosion de marchés nouveaux et de concurrence. Et si nous avons perdu, alors nous aurons peut-être d'autres marchés. Oui, nous avons perdu contre certains des pays de la région, et cela est sans doute dû à certaines de ces questions.
Je n'ai pas de données précises sur lesquelles m'appuyer, mais il est survenu un changement très dynamique dans la région sur le plan de l'économie et de la relation avec d'autres marchés.
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Comme je l'ai mentionné tout à l'heure, l'industrie minière était autrefois très protégée, et elle a été ouverte aux sociétés étrangères — et, en vérité, même pas aux sociétés étrangères mais simplement à une exploitation en bonne et due forme — au cours des 20 dernières années, ou plus récemment encore, dans de nombreux pays d'Amérique latine. Je ne parle pas ici des pays miniers traditionnels comme le Chili. La réglementation environnementale pour l'industrie minière dans ces pays n'était sans doute pas très avancée ni très ciblée, car cette industrie n'avait pas été bien développée. La sensibilisation à l'environnement croît en Amérique latine, mais pas aussi rapidement que dans d'autres économies émergentes.
J'estime que les entreprises canadiennes devraient adhérer aux normes qui s'appliquent chez nous ainsi qu'à celles qui sont appliquées dans les pays où elles sont actives.
L'image du Canada à l'échelle de l'Amérique latine est de façon générale très bénigne. Il n'y a eu que quelques rares situations dans lesquelles l'image du Canada a été ternie, mais c'était très léger et cela s'est réglé très rapidement; cela avait à voir avec un différend avec le Brésil dans le domaine de l'aérospatiale et des embargos sur la viande imposés par le Brésil, mais tout cela s'est estompé.
De façon générale, l'image du Canada en Amérique latine est très bonne, et le Canada est perçu comme étant un pays qui se préoccupe de l'environnement. Il y a de plus en plus d'entreprises canadiennes qui s'occupent d'environnement et qui offrent des services aux industries d'Amérique latine. Je n'ai pas les chiffres, alors je ne peux pas vous en donner le détail exact, mais, généralement, l'image du Canada est celle d'un ami de l'environnement.
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Permettez-moi d'ajouter que l'un des atouts du Canada dans l'hémisphère est que nous ne sommes pas les États-Unis. Pour le meilleur et pour le pire, la perception et l'image des États-Unis — mais, en réalité, pas forcément des États-Unis à proprement perler... À ce stade-ci, l'antipathie des gens vise surtout l'actuel président américain.
Le Canada continue de jouir d'une image positive en Amérique latine, mais je pense que le souci est... et j'ai essayé de faire ressortir cela à la toute fin de ma déclaration... La doléance courante que l'on entend à l'heure actuelle en Amérique latine, que ce soit dans les milieux d'affaires ou dans les cercles politiques, est: Où est le Canada? Où étiez-vous pendant tout ce temps? Que se passe-t-il? Dans les années 80, vous étiez engagés dans des efforts visant à résoudre les conflits qui déchiraient l'Amérique centrale; vous avez participé à la promotion de la démocratie dans l'OEA dans les années 90. Où êtes-vous passé?
J'entends cela tout le temps. C'est peut-être que le Canada ne tricote pas très fort, comme on dit, quant à sa réputation. Je pense que cela est en grande partie dû au fait que le pays se sent désengagé politiquement mais engagé activement sur le plan économique.
Je dirais, et Eduardo en a fait état, que les Brésiliens ont été très fâchés par la façon dont le gouvernement canadien a réagi au différend entre Embraer et Bombardier et qu'ils avaient eu l'impression que toute la relation avait été prise en otage par ce qu'ils qualifiaient de différend commercial de clocher.
Il y a eu d'autres cas. Il y a eu l'interdiction du boeuf brésilien, qui avait été perçu au Brésil comme un accès de colère de la part des Canadiens face à ce qui se passait dans le cadre du différend dans le secteur de l'aérospatiale. Puis il y a eu une série d'autres erreurs et faux pas dans la relation entre le Canada et le Brésil. Il n'y a aucune excuse pour le fait que ces deux pays n'aient pas une bonne relation — ou qu'ils n'en aient pas eue historiquement; il se fait des tentatives pour la réparer. Il n'y a absolument aucune excuse pour cette situation.
En ce qui concerne l'environnement, je ne pense pas qu'il y ait de lien — vous parlez du Pérou, et je ne connais pas très bien quelles sont les allégations — entre le site d'une industrie d'extraction et la possibilité pour le Canada d'exporter des services et des conseils en matière d'environnement. Je ne peux pas m'imaginer que l'on puisse mettre les deux choses sur le même pied.
J'ajouterai encore autre chose au sujet des normes environnementales. Je dirais que, de façon générale, l'époque où les multinationales pouvaient aller dans un pays et s'engage, ,notamment dans des industries d'extraction en zone isolée, et exploiter — pour utiliser ce terme — à une échelle que l'on a peut-être vue par le passé... Je dirais que ces jours seront bientôt révolus. Je pense que cela a beaucoup à voir avec la mondialisation, avec la visibilité, avec les interrelations entre ONG et les risques, sur le plan réputation, que courent les entreprises qui s'adonnent à ces genres de choses et qui veulent éviter de se faire une trop mauvaise réputation.
Cela nous amène à toute la question de la responsabilité sociale des entreprises et de ce qui se passe sur place. Quelle que soit l'allégation en ce qui concerne le Pérou, je ne pense pas que cela ait noirci le Canada en général ou l'industrie canadienne en général en Amérique latine.
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Merci.
Thank you, Mr. Cardin. Je vais faire quelque chose que je ne fais pas très souvent. Je vais poser un certain nombre de questions aux témoins.
Premièrement, merci beaucoup d'être ici.
Dans votre déclaration, messieurs, vous avez souligné à quel point l'Espagne a réussi en Amérique du Sud. Vous avez dit que la raison à cela est que l'Espagne avait un plan. Pourriez-vous nous expliquer brièvement quel était ce plan et comment les gens s'y sont pris pour l'exécuter — certains des éléments clés du plan?
Par exemple, l'objet était-il de signer des ententes bilatérales? Était-il de signer des accords pour protéger l'investissement? Était-il d'envoyer beaucoup de gens sur le terrain — d'échanger des gens entre différents pays d'Amérique du Sud? Quels ont été les éléments les plus importants et les plus réussis du plan?
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Il y a des livres qui ont été écrits là-dessus et des gens qui sont beaucoup plus au courant de la façon dont s'y sont pris les Espagnols, mais c'était tout un ensemble de mesures fiscales, financières, commerciales... toute une série de politiques qui ont été mises en oeuvre. Je ne suis pas suffisamment calé en la matière pour pouvoir vous en citer chaque élément. Mais cela était également appuyé par quantité de jeux d'influence réciproque, d'actions politiques, de soutien gouvernemental pour les délégations de gens d'affaires, pour les chambres de commerce et ainsi de suite.
Ce travail a pour la plupart été dirigé à partir du Cabinet du premier ministre, en ce sens qu'il s'agissait d'un objectif national. L'on s'est attaqué à tous les aspects sans exception afin de déterminer comment assurer la pénétration des entreprises du pays.
Il se peut, car cela fait un petit moment depuis que j'ai participé à ce processus, que plusieurs des mesures prises à l'époque ne seraient plus possibles aujourd'hui en vertu des règles de l'OMC, pour ce qui est de subventionner des prêts et d'autres choses encore.
J'en parle ici au comité car je pense que ce serait un point de référence intéressant si vous allez parler de l'Amérique latine et des mesures à comprendre dans une zone où vous avez relativement peu d'investissements et où vous connaissez une augmentation géométrique chaque année. Comment cela se ferait-il et comment cela a-t-il été réalisé en Amérique latine en particulier?
Je sais que les entreprises en Amérique latine, en partie à cause du mandat, proposaient des prix très élevés pour nombre de ces privatisations. En fait, au Pérou, dont je me souviens très bien du cas, je pense que Telefonica, d'Espagne, avait offert deux fois plus que le plus proche concurrent. Tout le monde disait qu'ils étaient fous de faire cela. Aujourd'hui, tout le monde dit que Telefonica gagne trop d'argent avec nous.
Je ne vous donne pas là une réponse très détaillée à votre question, mais ce qui est intervenu est un jeu complet de soutien fiscal et financier, de rayonnement culturel, et ce à chaque niveau.
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Oui. J'ai en fait écrit un article là-dessus en août dernier pour le
Globe and Mail. C'est dans une certaine mesure un antidote intéressant à Chavez. Ce que j'ai dit — et ce ne sont pas des renseignements confidentiels — est que Raul Castro est un admirateur de la Chine et du Vietnam et qu'il a en fait convaincu son frère d'emboîter le pas en disant « Regarde ce que tu pourrais faire sur le plan économique; c'est vers cela que tend le monde ». Apparemment, lorsqu'ils sont revenus, il a essayé de pousser son frère à faire quelque chose, Fidel répliquant « La démocratie est la demi-soeur de la mondialisation économique. Ce n'est pas quelque chose que je souhaite vraiment ».
Raul a fait plusieurs déclarations ces derniers temps lors de réunions disant qu'il faut qu'il y ait davantage de place pour des opinions différentes, pas seulement en matière d'économie mais également sur le plan politique. Je ne vais pas dire qu'il s'agit d'un appel général au pluralisme et ainsi de suite, mais il est en train de tenir des propos que l'on n'aurait pas entendus auparavant.
C'est donc cela qu'il vise selon moi. Mais il faut se dire qu'il a 75 ans. Pendant combien de temps tiendra-t-il et que se passera-t-il pendant la transition? Il faudra attendre de voir. Clairement, une fois Fidel parti, je pense que Raul restera au pouvoir. Une fois qu'il aura consolidé son pouvoir, ce qui est peut-être déjà chose faite, je pense que c'est dans cette direction-là qu'il ira. Que se passera-t-il dans cinq ans? Nous devrons attendre de voir. C'est là une autre zone, théoriquement, où nous...
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Il y a eu de nombreuses activités culturelles visant à rassembler la population hispanophone, hispanique. Quant à la population portugaise, celle-ci a, dans une grande mesure, des racines qui la rattachent davantage au Portugal qu'au Brésil, bien qu'un nombre important de Brésiliens soient venus au Canada pour y faire des études ou travailler. Cela fait partie de la participation culturelle et de l'acquisition d'une meilleure connaissance de ces pays et, bien sûr, du fait de donner aux gens qui vivent ici l'occasion de montrer et de partager leur succès.
Il y a un groupe de professionnels hispaniques qui se réunit chaque année et qui fait venir des professionnels qui ont réussi au Canada, ce dans le but de montrer comment la culture des pays d'Amérique latine subsiste et s'entretient ici. Le groupe est encore relativement petit, mais il se développe.
Nous autres, en tant qu'organisation, sommes très enthousiastes face à cela, car près de la moitié de nos employés parlent l'espagnol aujourd'hui à la Banque Scotia, à cause des investissements que nous avons faits et du nombre d'employés que nous avons à l'étranger.
Il s'agit d'une population croissante. La langue espagnole se répand de plus en plus au Canada et elle fait partie du caractère multiculturel de la société canadienne.