:
Merci, monsieur le président.
Monsieur le président, je vous remercie de nous donner l'occasion de discuter du chapitre 2 de notre rapport de mai 2008, Le soutien aux déploiements outre-mer — Défense nationale. Je suis heureux d'aborder cet important sujet avec vous aujourd'hui car le soutien opérationnel est essentiel au bon déroulement des missions militaires.
Je suis accompagné de madame Wendy Loschiuk, vérificatrice générale adjointe, qui était la directrice principale responsable de nos vérifications de la défense au moment où cette vérification a été réalisée.
L'objectif de la vérification consistait à examiner le soutien logistique fourni à la mission des Forces canadiennes en Afghanistan.
Nous voulions également nous assurer de bien comprendre les besoins du personnel de soutien au Canada et en Afghanistan et les problèmes auxquels il est confronté. Nous avons donc suivi la chaîne d'approvisionnement, du Canada jusqu'à l'aérodrome de Kandahar, où nous avons pu constater le grand dévouement et le travail acharné des membres des Forces canadiennes.
[Français]
Nous avons constaté que ce sont ce dévouement et ce travail acharné qui permettent d'assurer le bon fonctionnement de la chaîne d'approvisionnement. Le ministère de la Défense nationale a pu livrer à ses troupes les fournitures et l'équipement dont elles ont besoin pour faire leur travail, et le personnel a trouvé des moyens d'assurer l'entretien de l'équipement et des armes. Par contre, la pression est forte. Les Forces canadiennes ont dû s'adapter, car la mission en Afghanistan a changé et les besoins en soutien logistique se sont accrus. La mission a mis à l'épreuve la capacité des Forces canadiennes de soutenir une opération militaire d'envergure.
[Traduction]
La Défense nationale a su s'adapter aux exigences de la mission de plusieurs façons: en affrétant des transporteurs aériens pour aider à livrer chaque semaine quelque 85 tonnes d'équipement et de fournitures; en empruntant des pièces de rechange ou en prélevant des pièces sur un bien d'équipement pour faire des réparations nécessaires sur un autre; en envoyant des équipes d'assistance technique à l'aérodrome de Kandahar pour aider à réduire l'accumulation de matériel devant être traité; en engageant du personnel de soutien civil, en particulier pour remplir des fonctions d'entretien et pour travailler à l'hôpital; et en se débrouillant avec les ressources dont ils disposent pour atteindre les objectifs, selon les circonstances.
Certaines faiblesses de la chaîne d'approvisionnement s'expliquent si l'on considère l'évolution de la mission depuis 2003. Les vérifications effectuées par nos collègues du Royaume-Uni et des États-Unis relativement aux déploiements des forces de ces pays ont permis de constater des problèmes similaires à ceux que connaissent les Forces canadiennes. A la lumière de ces constatations et compte tenu de la longue expérience qu'ont ces deux pays des déploiements outre-mer, il semble que certains des problèmes que nous avons observés sont inévitables lorsque de longues chaînes d'approvisionnement doivent soutenir le travail de milliers de personnes. Néanmoins, nous croyons qu'il faut être conscient de ces problèmes et s'y attaquer.
[Français]
Nous avons constaté que les retards de livraison sont une source de préoccupation et qu'un nombre considérable d'articles ne peuvent être retracés. La plupart des articles commandés par l'entremise du système d'approvisionnement arrivent en retard dans la zone de Kandahar, dont les pièces de rechange requises pour maintenir l'équipement et les armes en état de fonctionnement. La pénurie de pièces de rechange rendant plus difficile l'entretien de certains biens d'équipement, les armes et l'équipement de certaines flottes commencent à s'user de façon importante. La plupart des flottes de combat satisfont aux exigences en matière de fonctionnement, mais les stocks de réserve de certaines pièces de l'équipement de combat diminuent, certaines flottes de véhicules de soutien, comme les systèmes de détection des mines terrestres et les camions servant au transport des fournitures. Un très faible pourcentage des véhicules est en état de fonctionnement.
[Traduction]
Les commandants ont exprimé des préoccupations à propos de certaines faiblesses de la chaîne d'approvisionnement et de l'ajout de difficultés qu'elles ont causées pour la mission. Toutefois, nous n'avons trouvé aucun rapport faisant état de problèmes dans la chaîne d'approvisionnement qui aient eu un effet important sur les opérations.
Le suivi du matériel constituait aussi un problème à Kandahar. Nous reconnaissons que le camp est vaste et qu'il accueille du personnel de plusieurs pays, mais nous nous attendions à ce que la plupart des articles reçus puissent être trouvés rapidement. Les techniciens en approvisionnement à l'aérodrome de Kandahar enregistrent manuellement les fournitures reçues et indiquent le conteneur dans lequel elles sont placées. Compte tenu du volume de fournitures livrées par chaque avion, cette tâche peut se révéler fort exigeante et ajoute à la difficulté de retracer les articles.
Nous sommes heureux de constater que la Défense nationale prend cette question très au sérieux et qu'elle veille à ce qu'un inventaire du matériel soit fait à la fin de chaque rotation. Cependant, des articles totalisant plusieurs millions de dollars soit ne pouvaient pas être retracés, soit avaient été reçus mais ne figuraient pas dans l'inventaire des stocks.
[Français]
Le ministère de la Défense nationale a souscrit à toutes les recommandations de notre chapitre. Le ministère a également dressé un plan d'action qui, selon nous, constitue une façon raisonnable d'aborder les préoccupations que nous avons soulevées. Nous sommes heureux de constater que ce plan comprend des objectifs et des dates d'échéance cibles.
[Traduction]
Monsieur le président, voilà qui conclut mon commentaire d'introduction. Nous serons heureux de répondre à vos questions.
Merci.
Monsieur le président, membre du comité, je vous remercie de m'avoir donné cette occasion de discuter avec vous aujourd'hui.
Vous avez déjà présenté les membres de mon équipe. Nul besoin pour moi de le faire à nouveau.
J'aimerais évidemment remercier la vérificatrice générale et ses employés de leur rapport et j'aimerais la remercier d'avoir délégué des représentants ici aujourd'hui.
Monsieur le président, je voudrais tout d'abord décrire au comité la grande complexité de la chaîne d'approvisionnement qui appuie les Forces canadiennes.
[Français]
Chaque jour, les hommes et les femmes des Forces canadiennes comptent sur la chaîne d'approvisionnement pour leur fournir les ressources, les vivres, les médicaments et les équipements dont ils ont besoin, souvent de toute urgence, pour faire leur travail efficacement. La chaîne d'approvisionnement militaire est un mécanisme très complexe qui compte de nombreux éléments. Le personnel basé au Canada doit acheter les fournitures et les transporter jusqu'au théâtre d'opérations et gérer les stocks nécessaires à un environnement opérationnel des plus exigeants.
[Traduction]
Actuellement, deux ou trois fois par semaine, des avions transportent environ 85 tonnes d'équipements et de fournitures sur une distance de plus de 12 000 kilomètres, comme l'a signalé la vérificatrice générale. À l'aérodrome de Kandahar, les Forces canadiennes reçoivent des fournitures et des équipements provenant du monde entier, y compris directement de pays comme la France et l'Afrique du Sud. Un chargement expédié par bateau peut provenir du port de Montréal, puis transiter par le Pakistan avant d'être acheminé à Kandahar par voie terrestre à notre théâtre d'opérations. Une fois en Afghanistan, le matériel et les pièces de rechange sont transportés depuis la base principale, à l'aérodrome de Kandahar, jusqu'à cinq bases d'opération avancées et plusieurs autres sites éloignés, et cela quotidiennement.
À mesure que la menace évolue, il faut déployer des capacités différentes ou additionnelles, des pièces de rechange et d'autres fournitures sur une base régulière. En apportant les ajustements requis à la chaîne d'approvisionnement, les FC pourront continuer à livrer les ressources et les équipements appropriés au bon endroit et au bon moment.
Le ministère de la Défense nationale accueille favorablement les recommandations de la vérificatrice générale dans son rapport de mai 2008. Le comité a demandé des explications sur les articles d'une valeur de 7,1 millions de dollars qui n'ont pas pu être localisés lors d'un inventaire tenu à Kandahar. De plus, bien que le comité n'ait pas demandé d'informations sur les articles excédentaires de 6,6 millions de dollars dont fait état le rapport de la vérificatrice générale, j'aimerais traiter aussi de cette question. En fait, ces deux facteurs démontrent bien l'efficacité générale de la chaîne d'approvisionnement.
[Français]
Un rapport demandé par le comité et qui a été déposé devant le comité, si mes renseignements sont exacts, donne des explications sur les anomalies qui ont été constatées lors de l'inventaire.
Pendant la période visée par le rapport de la vérificatrice générale, les Forces canadiennes ont mené leurs opérations de combat les plus intenses depuis la guerre de Corée. Évidemment, les combats ont eu un impact sur la précision de la tenue des dossiers d'approvisionnement, et pour nous, ce fut un réel défi.
[Traduction]
Nous prenons très au sérieux notre responsabilité d'assurer une gestion efficace et efficiente de nos stocks de matériel. Nous essayons de maintenir les normes les plus élevées dans ce domaine. C'est pourquoi nous sommes un des rares pays qui procède à un inventaire de ses stocks dans le théâtre d'opérations à chaque nouvelle rotation. Nos principaux alliés le font uniquement à la fin de la mission. En fait, le Canada est un leader dans le monde pour l'inventaire du matériel.
Étant donné les paramètres de sécurité très stricts dans lesquels les Forces canadiennes évoluent en Afghanistan, nous sommes convaincus que la plupart des articles qui n'ont pas pu être localisés et qui figurent sur la liste de 7,1 millions de dollars sont entreposés quelque part dans notre base sécurisée, où qu'ils ont été utilisés pour réparer ou moderniser des équipements. Cependant, étant donné les exigences d'une chaîne d'approvisionnement manuelle qui dessert un théâtre d'opérations, il est possible que certains articles ou certains équipements soient introuvables. Actuellement, tout est mis en oeuvre pour retrouver les articles manquants. Plus de 5 000 enquêtes ont été effectuées concernant les 7,1 millions de dollars d'articles manquants et les 6,6 millions d'articles excédentaires, et beaucoup sont en cours.
Jusqu'ici, ces enquêtes ont démontré que les articles manquants sont le résultat de questions de comptabilité, qui sont une combinaison des problèmes suivants: les inscriptions manuelles dans les systèmes d'information des FC sur le théâtre des opérations sont à l'origine de certaines erreurs; certains articles et certaines pièces de rechange ne sont pas comptabilisés correctement par les techniciens en approvisionnement, qui connaissent mal les nouveaux équipements expédiés dans le théâtre d'opérations et provenant parfois directement du fabricant; enfin, le rythme opérationnel soutenu provoque des pénuries de personnel.
Ces écarts sont aggravés par la nécessité de transférer certains articles dans les bases d'opération avancées, et par un manque de connectivité avec les systèmes de soutien des FC. Par exemple, dans ces endroits austères, les techniciens en approvisionnement n'ont pas de système automatisé de suivi du matériel.
[Français]
Le besoin urgent de certains équipements en Afghanistan a également poussé les FC à livrer rapidement les articles requis. Le résultat, c'est que certains articles ont été livrés sans être comptabilisés correctement. De plus, nous ne pouvons nier qu'il est difficile de comptabiliser des articles détruits ou abandonnés pendant le combat des Forces canadiennes avec les insurgés.
Je constate avec plaisir que malgré ces problèmes, la vérificatrice générale confirme que la Défense nationale a réussi à fournir à nos troupes les équipements et les fournitures dont elles ont besoin.
[Traduction]
En même temps que nous prenons très au sérieux notre responsabilité en ce qui concerne la gestion de chaque dollar des contribuables canadiens qui nous est attribué par le Parlement, le fait qu’il y ait seulement pour 7,1 millions de dollars d’articles manquants est tout à fait remarquable. De plus, ce montant ne représente que 1,28 p. 100 du 1,72 milliard de dollars de matériel dont nous disposons en Afghanistan. Nous prévoyons également que le problème des articles manquants ou excédentaires sera réglé pour une très bonne part lorsque nous aurons procédé au rapprochement des comptes à la fin de la mission, et qu’en définitive, très peu de matériel sera considéré comme perdu.
Cela dit, nous avons tiré des leçons de cette expérience et des recommandations de la vérificatrice générale. Maintenant, j’aimerais vous parler des mesures que nous avons prises pour corriger les problèmes qui ont été détectés, notamment en ce qui concerne la surveillance, le suivi, et la gestion de la chaîne d’approvisionnement.
Monsieur le président, les Forces canadiennes et mon ministère ont déployé des efforts pour améliorer la surveillance et le suivi des stocks de matériel. Par exemple, nous envoyons régulièrement sur place des équipes de soutien qui sont chargées d’évaluer le niveau des stocks et de corriger les problèmes de la chaîne d’approvisionnement. Des équipes spécialisées supervisent l’acheminement des pièces de rechange depuis l’usine du fabricant jusqu’aux bases d’opération des FC en Afghanistan. Ces équipes veilleront à ce que les pièces de rechange soient inscrites dans le système dès leur réception. Nous avons également augmenté le nombre de techniciens en approvisionnement disponibles pour faire l’inventaire du matériel et mener les enquêtes.
[Français]
De plus, nous avons élaboré un plan d'action pour corriger les problèmes détectés par la vérificatrice générale. Je crois que ce plan d'action a été déposé, lui aussi, devant le comité.
Permettez-moi de décrire certaines mesures prévues dans ce plan.
[Traduction]
Outre le système de suivi des envois qui est déjà en place dans le théâtre d’opérations, un projet de visibilité des ressources sera mis en œuvre graduellement pour garantir l’efficacité et la précision du suivi du matériel. Un système provisoire d’identification par radiofréquence a été mis en place pour suivre les envois à destination et en provenance de l’Afghanistan. Nous prévoyons une solution permanente fondée sur une approche canadienne d’ici la fin de l’année.
De plus, le ministère est en train d’introduire un lecteur de code à barres manuel au Canada, et nous espérons être en mesure de l’évaluer à Kandahar cet été. Cela nous aidera à régler les problèmes liés à l’inscription manuelle dans le théâtre d’opérations.
Monsieur le président, la vérificatrice générale a constaté que la chaîne d’approvisionnement ne présente aucun problème susceptible de nuire considérablement aux opérations, et ce succès est dû en grande partie au dévouement, au travail acharné et à l’ingénuité des membres de notre personnel. Actuellement, notre système d’approvisionnement a une précision de 99 p. 100, ce qui est à fait remarquable compte tenu des circonstances, mais nous allons continuer à faire de notre mieux pour aider les Forces canadiennes à répondre aux exigences de la mission en Afghanistan. Encore une fois, nous prenons très au sérieux notre responsabilité en ce qui concerne la gestion de chaque dollar des contribuables canadiens.
[Français]
Je remercie le comité de m'avoir donné l'occasion de traiter de ce sujet. Maintenant, je suis prêt à répondre à vos questions.
Je vous remercie.
:
Monsieur, je n'ai pas de renseignements détaillés sur l'amélioration du processus qui nous permettrait à livrer le produit dans un délai de 10 à 20 jours. Cependant, pour ce qui est du matériel que nos soldats et nos gens de l'air, hommes et femmes, utilisent au cours des opérations, et plus précisément en ce moment en Afghanistan, nous avons ces dernières années bien respecté dans une large mesure nos engagements. Nous avons identifié les besoins, tout particulièrement lorsque nous sommes conscients de l'évolution des tactiques ou de l'environnement dans lesquelles les membres des Forces canadiennes sont déployés, et nous sommes désormais en mesure d'offrir rapidement sur le terrain les services identifiés.
Permettez-moi d'utiliser l'exemple des chars d'assaut en ce qui a trait à Operation Medusa qui remonte à août et septembre 2006. Vers le 6 septembre on avait identifié le besoin d'avoir des chars sur le théâtre d'opérations. Grâce à des efforts extraordinaires déployés sous l'égide de Dan Ross, qui peut probablement répondre à certaines de vos questions, en collaboration avec Travaux publics et Industrie, nous avons pu obtenir les pièces de rechange et ce qu'il fallait, pour ce matériel. En fait, ces chars ont été dans la zone visée dans le mois suivant la demande, en fait dans moins d'un mois. Le 3 octobre 2006, si je ne m'abuse, le premier char est sorti de l'aéronef à Kandahar.
En fait, ces pièces ont eu un impact imprévu sur nos dépenses. Les chars ne devaient pas à l'époque être utilisés sur un théâtre d'opérations. Ainsi, l'achat de moteurs, de boîtes de vitesse, de toutes sortes de pièces de rechange, a changé les choses. Nous avons reçu un très bon appui de Travaux publics et d'autres intervenants.
Je peux vous donner d'autres anecdotes en ce qui a trait à l'artillerie et certains véhicules blindés. Encore une fois, nous avons constaté que certains de nos véhicules blindés n'étaient pas à la hauteur compte tenu des nouvelles techniques et tactiques qu'utilisaient les Talibans. Assez rapidement, puisqu'il s'agissait d'un besoin opérationnel immédiat, nos responsables du matériel, en collaboration avec Travaux publics et Industrie Canada, ont réagi et ont pu envoyer les véhicules appropriés sur le terrain.
Je demanderais à Dan Ross et au général Benjamin de vous fournir de plus amples renseignements à cet égard, monsieur, si vous le désirez.
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Peut-être pourrais-je vous fournir de plus amples détails.
Certains des défis qui existaient lorsque la vérificatrice générale a procédé à son examen découlent de l'utilisation d'un certain type de matériel, parce que nous n'avions pas nécessairement eu le temps ou l'espace voulu pour fournir un soutien logistique intégré qui s'accompagnerait normalement de pièces de rechange.
Dans les circonstances normales, lorsque vous lancez un projet d'envergure — par exemple, l'achat de camions blindés — vous disposez d'environ deux ans avant qu'on assure la livraison des camions blindés. Entretemps, vous établissez des stocks logistiques, soit des pièces de rechange, vos procédures, ce qui vous permet d'être prêts lorsque les camions blindés arrivent.
Dans le cas qui nous occupe, les camions blindés ont été livrés directement de l'usine au théâtre d'opérations, directement en situation de combat. Il faut donc attendre un peu avant d'établir cet inventaire de pièces de rechange et pour établir les processus. Il a fallu déployer des efforts extraordinaires pour y parvenir. Toute la chaîne d'approvisionnement, tout ce qui relève du général Benjamin, et les troupes dans le région ont agi pour mener à bien cette mission; je dois dire que pour ce qui est des chars, Nyalas, les camions Mercedes et autres, nous rattrapons le temps perdu. Nous assurons les inventaires nécessaires. Il y a de moins en moins de cas d'urgence.
Je crois qu'avec le temps, nous constaterons qu'il n'y aura pas de variations aussi marquées en ce qui a trait à l'inventaire.
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Merci, monsieur Ross et M. Natyczyk.
Ce que je trouve un peu troublant, c'est que le personnel doit faire un effort extraordinaire, pour reprendre vos propres termes, ou qu'il ait eu à le faire par le passé. Nous pourrions peut-être examiner plus tard la conception du système et les mesures qui sont prises afin de nous assurer de ne pas imposer un fardeau supplémentaire au personnel, chaque fois où de l'équipement semble manquer.
Existe-t-il une liste en réalité? Vous dites que les choses vont beaucoup mieux. Je crois savoir qu'à la base de Kandahar, il y a ce qu'on appelle le cimetière de l'équipement. Dans certains cas, l'équipement a été détruit par des IED, dans d'autres, il a été cannibalisé en pièces de rechange. Existe-t-il un inventaire de ce que l'on trouve dans ce cimetière d'équipement ou de l'équipement qui a été cannibalisé? Ou cela se fait-il au cas par cas?
Ce que je me demande, c'est si vous pourriez fournir à notre comité une liste de l'équipement nécessaire — surtout en ce qui concerne le transport terrestre — de l'équipement pour lequel nous n'avons pas déjà des pièces de rechange et dont la pénurie est grave à Kandahar, à l'heure actuelle. Ce qui est inquiétant, ce n'est pas seulement la possibilité de ne pas pouvoir atteindre nos objectifs de mission sur le terrain, c'est également la possibilité que nos soldats soient tués ou blessés.
Pouvez-vous fournir à notre comité une liste de ce qui manque à l'heure actuelle? Et si vous n'avez pas de liste de ce genre, pourquoi pas?
En outre, que comprend l'inventaire de cette « réserve », pour la nommer ainsi, que vous avez dans ce cimetière d'équipement à Kandahar?
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Monsieur le président, c'est l'organisation de M. Ross qui s'occupe des achats et qui amène l'équipement dans notre dépôt. Je suis chargé du dépôt national ici, au Canada, et je distribue l'équipement dans le théâtre d'opérations grâce au processus de distribution, un processus mondial très complexe. Nous nous occupons également de ramener tout cet équipement au pays. Une fois arrivé sur le théâtre, cet équipement est confié au commandant du théâtre d'opérations. En l'occurrence, le général Grant représente les personnes chargées de cette trousse.
Mon travail consiste en partie à m'assurer de bien comprendre toute la chaîne d'approvisionnement, du fabricant jusqu'au théâtre d'opérations, à bien comprendre les niveaux d'inventaire et à savoir si, compte tenu du temps et de la distance, nous pouvons amener l'équipement jusqu'au théâtre à temps et au bon endroit afin de nous assurer de ne pas compromettre les opérations. C'est ce qu'on appelle la visibilité de l'actif total.
C'est ce qu'examine mon commandement. Nous examinons tout l'inventaire et essayons de déterminer où se trouvent les besoins. À l'heure actuelle, monsieur le président, puisque c'est nous qui fournissons la majeure partie de l'équipement, nous constatons que bon nombre des pièces d'équipement peuvent être achetées directement du fabricant, à l'échelle internationale. Je croyais que nos approvisionnements viendraient directement du Canada pour se rendre au théâtre, mais en fait, puisque ces pièces d'équipement essentielles doivent être envoyées directement au théâtre, notre chaîne d'approvisionnement commence très souvent au niveau du fabricant pour aller jusqu'au théâtre d'opérations.
Dans bien des cas, c'est la première fois que cet équipement est exposé à un tel climat. Il fait plus de 50 degrés, et une poussière très fine s'infiltre dans les rouages, par exemple. Il est extrêmement difficile par conséquent de prévoir ce qui tombera en panne. C'est presqu'un art que de pouvoir comprendre ce qu'il faudra réparer dans trois mois ou six mois.
Je suis tout cela de très près, dans toute la chaîne d'approvisionnement, afin de m'assurer que nous ayons dans notre dépôt en Afghanistan et dans notre dépôt au Canada les pièces de rechange nécessaires pour effectuer les réparations. Sinon, nous vérifions ce que les fabricants ont en inventaire et nous déterminons le temps et la distance qui seront nécessaires pour amener l'équipement jusqu'au théâtre d'opérations. Ce que je vise, c'est d'avoir juste assez d'équipement au bon moment, et ce pour tout l'équipement qui se trouve sur le théâtre d'opérations.
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Je vais commencer si vous me le permettez, monsieur le président.
Pour toute pièce d'équipement militaire que l'on acquiert, il faut toujours faire un compromis entre différents facteurs: la protection, la mobilité, la puissance et la puissance de feu. Il faut toujours trouver un compromis entre toutes ces caractéristiques des véhicules. Le Nyala est un très bon véhicule. Compte tenu de l'évolution de la mission, nous nous sommes rendu compte que nous devions fournir à nos soldats un véhicule plus lourdement blindé que ce que nous offrait le G-wagon et les jeeps que nous avions sur le théâtre d'opérations. Ces véhicules sont blindés mais ils n'offraient pas une protection suffisante.
À cette époque, le véhicule Nyala RG-31 se trouvait sur le marché. Il a été conçu plus précisément pour le travail sur les routes. Eh bien, dans la région de Kandahar, il n'y a pas beaucoup de routes, et le véhicule doit donc circuler sur un terrain relativement accidenté. Également, c'est un véhicule que nous avons envoyé assez rapidement sur le terrain, parce que nous en avions besoin sur place. Ce véhicule a sauvé de nombreuses vies, et nous avons beaucoup appris quant à la façon de l'utiliser. Les conducteurs ont appris quelles sont ses limites. Cette utilisation est très dure pour le véhicule.
Puisque ce véhicule est aussi populaire, bon nombre de nos alliés ont décidé de s'en procurer également auprès du fabricant, de sorte que les pièces ne servent pas à faire des réparations mais à fabriquer des véhicules. C'est donc là que se trouve le problème. Parallèlement, le fabricant apprend à mieux connaître son véhicule et en produit de meilleures variantes.
Je vais donner la parole au général Grant qui, à titre de commandant sur le terrain, à cette époque, a reçu ces véhicules et les a placés sur le théâtre d'opérations.
On a beaucoup parlé du matériel d'une valeur de 7 millions de dollars qui ne pouvait être localisé. J'ai lu les rapports et d'autres documents connexes. Après tout, vous participez à une opération militaire où votre priorité est d'assurer que vous fournissez le matériel aux lignes de front, à vos troupes. Il importe donc d'avoir un bon système de comptabilité, mais la priorité demeure quand même la priorité.
Plaçons le montant dans son contexte, soit 7 millions de dollars sur un montant global d'un milliard de dollars. Comparons ce montant à d'autres activités du gouvernement que nous connaissons tous très bien: 350 millions de dollars pour un programme de commandites où il nous a fallu les efforts combinés du Bureau du vérificateur général et d'une commission d'enquête pour découvrir ce qui s'était passé, où était passé cet argent. Nous ne savons toujours pas ce qui est advenu d'un montant de 40 millions de dollars; nous avons des doutes, mais la commission d'enquête Gomery n'a pas pu vraiment découvrir ce qui était arrivé.
Nous avons dépensé plus d'un milliard de dollars pour un registre des armes à feu, et le taux d'erreurs dépassait 10 p. 100. Lorsqu'on voulait utiliser le système, c'était le problème. Nous avons dépensé quelque 30 millions de dollars pour des programmes informatiques qui ne fonctionnaient pas. Toutes ces choses n'avaient même pas été autorisées par le Parlement.
Compte tenu de tous ces exemples, je dirais que le problème identifié dans ce dossier n'est pas très grave, en fait les choses se sont améliorées.
Remettons les pendules à l'heure quand nous parlons de ce montant de 7 millions de dollars. D'aucuns disent que le matériel a simplement disparu, qu'il y a peut-être eu fraude ou quelque chose du genre. Ma lecture du rapport ne m'a pas poussé à conclure cela. Il s'agit d'une erreur au niveau du suivi où on a oublié de mettre les étiquettes appropriées à un envoi quelconque, mais ça ne veut pas dire pour autant que le matériel n'existe pas ou qu'il n'est pas utilisé actuellement par les Forces canadiennes.
Pouvez-vous nous en dire un peu plus long, général?
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Le transport aérien et maritime stratégique est essentiel pour un pays comme le nôtre qui veut réussir dans un pays enclavé comme l'Afghanistan.
Vous pouvez voler avec Air Canada partout dans le monde. Dans ce cas, il y a des itinéraires prédéterminés. Lorsque nous acheminons du matériel militaire vers un pays comme l'Afghanistan, nous devons survoler un total de 16 pays. Il faut obtenir l'autorisation de vol au-dessus de ces 16 pays, et bien souvent ils nous diront que ça prend un avis de deux semaines, surtout lorsque l'on transporte des systèmes d'armement, des munitions et du matériel de ce type. C'est donc extrêmement complexe. Dans certains cas, vous pourriez suivre un certain trajet, mais un pays pourrait vous refuser l'accès à son espace aérien. C'est un énorme casse-tête. Ça constitue alors un formidable défi d'appuyer nos forces en envoyant des appareils de transport aérien et maritime stratégique dans ce théâtre.
L'expérience des trois dernières années nous démontre que la façon la plus efficace de procéder c'est, bien sûr, d'établir des plans et de charger l'équipement lourd sur un navire affrété à temps plein. J'ai maintenant ce genre de navire roulier, qui ressemble à un grand traversier et qui nous permet d'acheminer l'équipement plus près du théâtre d'opérations. La dernière étape du voyage pour se rendre dans la région de Kandahar se fait par transport aérien tactique. Nous économisons ainsi des millions et des millions de dollars. Cette façon de faire nous permet bien sûr de rapatrier au Canada de l'équipement non réparable et dont on n'a plus besoin. Cet équipement est apporté par avion à la base de transit qui se situe très près du théâtre et est ensuite chargé sur un navire à destination du Canada. C'est la façon la plus efficace d'assurer l'approvisionnement.
Comme je l'ai indiqué, cette façon de faire est extrêmement exigeante. Il y a au moins 16 vols stratégiques par mois pour appuyer et soutenir la mission, et à chaque fois on utilise un itinéraire différent pour lequel on doit obtenir une autorisation. Le C-17 a été d'une aide exceptionnelle dans ce processus, et il nous permet une certaine autonomie d'action. Nous l'utilisons. Il fait partie de la chaîne, et il a été un atout formidable pour nous aider à appuyer cette mission et répondre aux autres demandes de l'extérieur. Par exemple, il y a eu le cyclone en Birmanie et le tremblement de terre en Chine, et nous pouvons utiliser notre propre avion stratégique ou le louer à d'autres.
Même si nous aurons quatre C-17 à pleine capacité opérationnelle, cela ne représente que 40 p. 100 du travail quotidien — seulement 40 p. 100. Nous dépendrons toujours d'autres appareils de transport aérien et maritime stratégique, parce que ça nous permet d'être beaucoup plus souple dans nos déplacements de par le monde. Ce sont donc des équipements complémentaires qui nous permettent d'acquérir l'autonomie dont nous avons besoin.
Si le Canada pouvait se permettre d'acheter cinq, six, ou même huit C-17, ce serait fantastique, parce que l'on bénéficierait de plus d'autonomie. Mais regardez ce qui se passe aux États-Unis. Ils ont près de 200 C-17. Et bien qu'ils en aient autant, ils dépendent encore énormément d'avions stratégiques de type commercial comme le Antonov IL-76.
C'est un domaine complexe, et c'est utile d'avoir deux types d'aéronefs, parce que certains pays pourraient refuser à des avions militaires l'accès à leur espace aérien tout en autorisant le survol d'avions de type Antonov. Ça nous permet une très grande souplesse dans nos déplacements un peu partout dans le monde.