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Merci beaucoup. Merci de l'invitation. Je suis heureux de constater que votre comité accorde beaucoup d'importance aux politiques de lutte contre la pauvreté. Je sais que vous travaillez sur la question depuis plusieurs mois et que vous envisagez de faire une tournée pour poursuivre le travail. J'en suis bien content.
[Traduction]
Je vais parler français, mais ensuite, durant les échanges, je répondrai aux questions dans la langue dans laquelle elles me seront posées.
[Français]
Comme j'ai peu de temps et comme vous avez déjà étudié un peu la question, je présenterai simplement cinq éléments, idées ou questions au sujet des politiques de lutte contre la pauvreté. Je pense que c'est ce dont vous voulez que l'on parle aujourd'hui, à partir de l'expérience du Québec. Par la suite, durant les échanges, on pourra aller plus loin sur chacun de ces aspects ou sur d'autres questions que vous souhaiterez soulever. J'annonce les cinq éléments tout de suite et j'y reviendrai après. Ce sont les suivants.
D'abord, depuis une dizaine d'années, le Québec a mis en place une démarche intégrée de lutte contre la pauvreté, une démarche qui évolue encore, mais qui a une cohérence et qui s'institutionnalise. Je reviendrai sur ce sujet. Le premier élément concerne donc une approche intégrée.
Le deuxième est que cette approche est, à certains égards, unique au Québec, mais elle est aussi en accord avec une tendance internationale. Vous avez rencontré des gens de l'Irlande et du Royaume-Uni. En Europe, plusieurs pays avancent certainement dans cette direction. Au Canada, plusieurs provinces vont aussi dans ce sens. Il s'agit de la deuxième question dont je traiterai brièvement.
Troisièmement, cette démarche intégrée donne des résultats. Il reste beaucoup à faire, mais on peut déjà voir, après quelques années, des résultats concrets de ces politiques publiques.
Quatrièmement, le gouvernement fédéral a très certainement un rôle à jouer à l'intérieur de ses compétences et compte tenu de ses ressources. J'en traiterai très brièvement.
Cinquièmement, la conjoncture actuelle rend une action ou des orientations claires encore plus importantes, dans la mesure où les années qui viennent risquent d'être économiquement difficiles et dures pour les gens les plus pauvres.
En ce qui concerne le premier élément, soit une approche intégrée, l'histoire de la démarche québécoise est bien connue. Elle est principalement construite autour de l'adoption d'une loi, en décembre 2002, par l'ensemble des partis à l'Assemblée nationale — c'était donc un vote unanime — pour contrer la pauvreté et l'exclusion sociale. Cette loi avait d'abord été conçue et dessinée par un mouvement collectif, le Collectif pour une loi sur l'élimination de la pauvreté, qui est maintenant devenu le Collectif pour un Québec sans pauvreté. Il s'agit donc d'un mouvement social créé à cette fin, regroupant un ensemble de personnes et de groupes communautaires de toutes les régions du Québec et ralliant les syndicats, les différents mouvements sociaux et organisations, ainsi que plusieurs municipalités. Le collectif a proposé une loi. Évidemment, la loi finale n'a pas été la même que celle qui avait été préparée par le collectif, mais c'est tout de même un processus social qui a donné naissance à cette loi.
Cette loi de 2002 a été suivie, en 2004, d'un premier plan d'action de cinq ans qui en est à peu près à son terme et qui sera suivi par un prochain plan d'action. Ce plan d'action comprend un certain nombre de mesures. Dans la stratégie québécoise, la loi date de 2002 et le plan d'action date de 2004, mais des mesures qui seront importantes par la suite ont été prises à partir de 1997. On peut dire qu'à partir de 1997, les politiques publiques au Québec ont commencé à changer.
Sans entrer dans les détails, on peut dire que les interventions les plus importantes ou le cadre que le Québec s'est donné met l'accent d'abord sur les familles et inclut notamment une reconstruction des allocations familiales, le développement des centres de la petite enfance pour les services de garde et le congé parental. Il s'agit de mesures pour aider toutes les familles — et on pourra le voir plus en détails si vous le voulez —, en particulier les familles dont les revenus sont moins importants. Le deuxième accent porte sur le travail. Cette politique, un peu comme cela se fait dans plusieurs pays, cherche à rendre le travail payant, pour reprendre l'expression connue. Elle offre une prime au travail pour les personnes à faible revenu et une assurance médicaments pour ceux dont les frais ne sont pas couverts par un employeur.
Bien sûr, les centres de la petite enfance constituent un appui aux familles, mais ils sont également un appui pour faciliter l'intégration au travail des mères et, donc, font aussi partie de ce volet. Il y a l'amélioration du salaire minimum et, plus récemment, un pacte pour l'emploi annoncé par le gouvernement du Québec il y a un peu plus d'un an. Cette mesure vise à favoriser l'intégration au travail des gens sans emploi et des gens qui font face à différents obstacles en ce qui concerne l'intégration au travail.
Finalement, le troisième volet, après la famille et le travail, c'est aussi une politique qui réaffirme certains droits sociaux, notamment qui protège les allocations d'aide sociale des réductions — cela faisait partie du plan d'action de 2004 — et qui indexe aussi au coût de la vie les prestations sociales. Plus récemment — cela date de quelques mois à peine —, les prestations pour les personnes aptes au travail ont été indexées pleinement.
Donc, il s'agit d'un ensemble de politiques, et non pas d'une seule politique, structurées autour d'un certain nombre d'objectifs. C'est aussi une façon de faire qui inclut un certain nombre d'institutions, dont on pourra parler plus en détail si vous le voulez, mais notamment un comité consultatif composé de personnes de différents horizons au Québec, incluant des personnes en situation de pauvreté qui font des recommandations au gouvernement sur des cibles à atteindre, des objectifs, etc.
Parallèlement au comité consultatif, il y a également un Centre d'étude sur la pauvreté et l'exclusion, qui est en quelque sorte l'équivalent de ce qui existe en France et qu'on appelle Observatoire national de la pauvreté et de l'exclusion sociale. Il s'agit d'un organisme qui fournit des recommandations au gouvernement au sujet d'indicateurs utilisés pour suivre les situations de pauvreté. C'est donc une instance de savoir et de consultation auprès d'experts.
En parallèle, il y a également une démarche qui a favorisé, au Québec depuis quelques années, la recherche en sciences sociales sur la pauvreté et ses enjeux. Il y a une action concertée, comme on le dit dans le langage des fonds de recherche québécois, finançant la recherche dans le domaine. Cette dernière vient à terme et sera renouvelée dans les prochains mois.
Cette façon de faire est un peu typique de la façon de procéder au Québec, c'est-à-dire avec plusieurs partenaires, de façon concertée, avec les gens du milieu aussi, et cela reflète un peu les façons de faire récentes au Québec. Cela reflète aussi le fait que la lutte contre la pauvreté est née d'une initiative citoyenne et, donc, elle ne peut pas se faire simplement par le gouvernement.
Finalement — et c'est le deuxième grand élément que je soulève aujourd'hui —, cette approche intégrée est en accord, elle est relativement compatible avec ce qui se fait ailleurs dans le monde depuis quelques années, à peu près depuis le tournant des années 2000.
Je ne m'avancerai pas beaucoup là-dessus, mais au tournant des années 2000, les Nations Unies se sont donné des objectifs, pour le millénaire, de réduction de la pauvreté. L'Union européenne, à Lisbonne en 2000, s'est également donné des objectifs et un processus. Ce processus vise à établir, un peu comme on l'a fait au Québec, des objectifs, à se donner un ou des plans d'action précis, des structures institutionnelles permettant de voir à la réalisation de ces plans d'action, des mécanismes de reddition des comptes, une attention aux indicateurs pertinents et à la participation des personnes en situation de pauvreté.
Bref, la démarche québécoise est relativement semblable à celle qui a été développée dans l'Union européenne, sans l'être directement. Il n'y a pas eu véritablement d'influence directe, mais c'est parti du même genre de processus et, bien sûr, vous en avez certainement entendu parler ici. Ailleurs au Canada, on commence, dans plusieurs provinces, à avancer dans la même direction. Donc, il s'agit d'une démarche intégrée, d'un processus qui fonctionne.
Il est évidemment tôt pour voir des résultats, mais on peut quand même constater que, peu importe la mesure que l'on retient, selon tous ces indicateurs, la pauvreté a diminué au Québec au cours des 10 dernières années. Si vous le voulez, on pourra parler de la pertinence des différents indicateurs ou des mesures qu'on peut retenir pour évaluer la pauvreté, qui comprennent le seuil de faible revenu canadien, la mesure de faible revenu telle que ce qu'utilisent les Européens ou encore la mesure du panier de consommation telle que proposée par Ressources humaines et Développement des compétences Canada.
La pauvreté a diminué davantage au Québec qu'ailleurs au Canada. Ceci est vrai notamment pour les familles, étant donné que c'est à celles-ci que le gouvernement a consacré le plus d'efforts. Les revenus d'aide sociale au Québec, tels que mesurés par le Conseil national du bien-être social, se sont améliorés, surtout dans le cas des familles. Au cours des récentes années, les revenus des familles étant sur le marché du travail et ayant des revenus de travail se sont également améliorés, surtout les revenus après impôt et transferts. Au Québec, les inégalités ont diminué un peu plus qu'ailleurs au Canada. Les politiques semblent donc donner des résultats. Je vais revenir sur les résultats un peu plus tard.
Je voudrais simplement signaler que cette redistribution n'a pas créé de problèmes en termes d'incitation au travail, au contraire. On constate en effet que le nombre de prestataires de l'aide sociale a davantage diminué au Québec qu'en Ontario au cours des sept ou huit dernières années. En outre, un fait étonnant a été constaté: les ménages avec enfants, dont le revenu d'aide sociale a pourtant été le plus augmenté, ont été plus nombreux que les personnes sans enfants à abandonner leur statut de prestataire. Contrairement à ce que l'on aurait pu penser, en améliorant la situation des ménages, on n'a pas incité ces derniers à demeurer prestataires de l'aide sociale. Au contraire, ils ont intégré le marché du travail davantage qu'auparavant. Le fait d'avoir beaucoup amélioré la situation des familles implique que les personnes seules ont moins profité de cette tendance.
Quatrièmement, quel est le rôle du gouvernement fédéral? Il joue déjà un rôle très important, mais celui-ci n'est pas constitué selon une logique cohérente visant la réduction de la pauvreté. Ce rôle repose avant tout sur l'histoire d'un remarquable succès. Celui-ci n'est pas récent, mais il nous permet de comprendre la situation de la pauvreté au Canada. Le gouvernement fédéral, de concert avec les provinces, a pratiquement réussi à éliminer la pauvreté chez les personnes âgées, au cours des 20 ou 30 dernières années. Dans les années 1960 et 1970, le Canada était, parmi les pays de l'OCDE, un de ceux qui comptaient le plus de personnes âgées pauvres. Or, il fait maintenant partie de ceux qui en comptent le moins. Bien sûr, c'est attribuable aux Programmes de la sécurité du revenu, qui relèvent du fédéral, au Supplément de revenu garanti, au Régime de pensions du Canada et au Régime des rentes, dans le cas du Québec, de même qu'à l'ensemble des autres mesures qui contribuent à la sécurité financière des personnes à la retraite.
Quand on pense au rôle du fédéral, on constate qu'à ce succès correspond aussi un échec. Autant l'effort a été remarquable en ce qui a trait aux personnes âgées, autant la situation des peuples autochtones est désastreuse. Bien sûr, c'est là un enjeu très important pour le gouvernement fédéral. Sans entrer dans les détails des compétences fédérales, je dirais qu'il est important d'éviter de prôner trop rapidement une approche pancanadienne visant à normaliser ou uniformiser ce qui se fait au Canada. Pourquoi? D'abord parce qu'une grande partie des mesures devant être prises ne relève pas des compétences fédérales, mais qu'en revanche, une grande partie des mesures pouvant être prises relève des compétences fédérales.
Il s'agit donc d'identifier les leviers d'intervention pour le gouvernement fédéral. Il est aussi important de dire que les politiques dont on parle ici sont de nouvelles politiques qu'on expérimente. Le Québec fait ses propres expériences. On apprend. Plusieurs pays européens font la même chose et plusieurs provinces canadiennes ont commencé à réfléchir en ce sens. On ne sait pas encore ce qui réussira le mieux. Donc, il y a de grands avantages à fonctionner dans le cadre d'un régime fédéral et à laisser les provinces faire leurs propres expériences en fonction de leurs priorités.
En ce qui concerne le rôle du gouvernement fédéral, bien sûr, outre la question des peuples autochtones, deux enjeux semblent prioritaires. Premièrement, l'assurance-emploi, le grand programme de sécurité du revenu canadien pour les personnes en âge de travailler, devrait être améliorée, ce qui relève très certainement du gouvernement fédéral. Deuxièmement, il y a les transferts aux provinces, qui jouent un rôle important dans le financement des programmes sociaux. J'ajouterais que le gouvernement fédéral a un rôle à jouer — qu'il joue déjà — et qu'il sera interpellé par les provinces en ce qui concerne la mesure de la pauvreté.
Statistique Canada et, surtout, Développement des ressources humaines Canada ont travaillé notamment au développement de la mesure du panier de consommation. Cette mesure apparaît très intéressante du point de vue du Québec parce qu'elle tient compte des coûts réels encourus par les personnes pauvres. C'est une mesure qui n'est pas sans problèmes, mais qui complète avantageusement la mesure de faible revenu utilisée par les Européens et qui est certainement plus intéressante que les seuils de faible revenu de Statistique Canada, qui deviennent de plus en plus désuets.
Il existe d'autres dimensions à la pauvreté qu'on connaît mal, notamment en ce qui concerne l'exclusion sociale et la privation matérielle, auxquelles Statistique Canada pourrait contribuer de façon très utile.
En guise de conclusion, on entre dans une période de récession. Ça ne remet pas en question les efforts qui ont été faits. Au contraire, ça nous ramène à la question des ressources disponibles et remet sur le tapis l'importance de l'assurance-emploi et des transferts.
Je vous remercie beaucoup et je suis ouvert à vos questions.
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Si je retourne en arrière, quand le débat se faisait au Québec sur la Loi contre la pauvreté et l'exclusion sociale, je ne le disais pas trop fort, mais j'étais un peu sceptique. J'avais été sollicité pour appuyer la proposition. À ce moment-là, j'étais en congé sabbatique en Californie et j'étais content de pouvoir dire que je n'étais pas sur place et tout cela. J'étais sceptique parce que je me disais qu'on allait adopter une loi, mais qu'est-ce qui allait suivre? Finalement, le constat qu'on peut faire, c'est qu'il est très important, premièrement, de reconnaître le problème et, deuxièmement, d'en faire un objet politique ou un enjeu dont on doit débattre ouvertement.
L'idée d'adopter une démarche lucide, qui consiste à dire que c'est une priorité, qu'on se donne des objectifs et des instruments, qu'on vérifie comment cela avance, constitue une contribution importante. À la limite, ce que cela signifie aussi, c'est qu'on accepte, en faisant cela, qu'on ne peut pas tout faire tout de suite. On se donne des objectifs réalistes pour au moins avancer dans la bonne direction. C'est un premier aspect.
Le deuxième aspect qui ressort de ce qui a été fait au Québec depuis une dizaine d'années, c'est que les politiques ayant le mieux fonctionné sont celles qui s'adressent à l'ensemble des familles, des ménages et des personnes, finalement. Il y a, d'ailleurs, un vieil adage des spécialistes des politiques sociales, pas au Canada, mais un peu partout en Occident. Je pense qu'on attribue cette maxime à un sociologue suédois, qui avait dit à un certain moment que policies for the poor are poor policies, soit que les politiques pour les pauvres sont de pauvres politiques.
Les centres de la petite enfance en sont un exemple. Quand j'avais des enfants en âge d'être dans des garderies, il y avait des mesures pour aider les personnes pauvres à payer les frais de garde. Elles devaient faire une demande, il y avait des formulaires à remplir, etc. C'était compliqué. Si la personne perdait son emploi, elle perdait sa place en garderie, etc.
En créant des centres de la petite enfance qui sont universellement accessibles et à modeste coût pour tout le monde, ce ne sont pas des politiques pour les pauvres, ce sont des politiques pour les gens qui ont des enfants. Ce que cela a fait — et à ce sujet, les études économétriques sont très claires —, c'est que cela a permis une intégration au marché du travail pour les femmes en âge de travailler. On a vu la différence. Il y a plusieurs femmes qui ont pu retourner sur le marché du travail. Les Européens qui réfléchissent sur la natalité, sur l'emploi et sur la pauvreté prônent presque tous un système un peu comme celui qu'on a instauré au Québec. D'ailleurs, on a aussi vu au Québec que non seulement les femmes ont davantage intégré le marché du travail, mais les jeunes familles se sont mises à avoir plus d'enfants. Il y a un genre de retour de la natalité, au Québec. Les bonnes choses viennent ensemble.
Donc, premièrement, il faut une démarche intégrée et, deuxièmement, une démarche qui, autant que possible, crée un cadre politique pour tous et non pas seulement, par exemple, pour les personnes bénéficiaires de l'aide sociale. Plus tôt, je parlais d'un sociologue suédois, mais Plume Latraverse, une grande inspiration pour moi, a une chanson qui s'appelle Les pauvres. Le refrain de cette chanson est: « Les pauvres n'ont pas d'argent ». Plume Latraverse y dit que les pauvres s'organisent mal, sont mal habillés, qu'ils ne prennent jamais de vacances, qu'ils sont assis sur leur balcon, etc., mais le refrain, c'est « Les pauvres n'ont pas d'argent ». Cette question est le nerf de la guerre, au fond. La pauvreté, c'est d'abord et avant tout un manque de revenu. Ce que cela veut dire, qu'on le veuille ou non, c'est qu'à un certain moment, il faut aborder cette question. Il faut créer des mécanismes qui améliorent le revenu des personnes. On l'a fait assez bien pour les familles. On l'a fait pour les personnes âgées, on l'a vu. On l'a fait assez bien pour les familles, depuis quelques années, et on ne l'a pas fait seulement pour une catégorie de familles.
Encore une fois, on a créé des mécanismes. Luc Godbout, dans un petit livre qui est paru cet automne et intitulé Le Québec, un paradis pour les familles?, montre comment les transferts, tant du gouvernement québécois que du gouvernement fédéral, ont changé la situation des familles depuis une dizaine d'années. Grâce à ces transferts, une famille gagnant un revenu d'environ 25 000 $ par année voit celui-ci augmenter de presque 14 000 $.
On a créé des mécanismes qui améliorent le revenu de toutes les familles, y compris le mien, et des bénéficiaires de l'aide sociale. De cette façon, on a amélioré la situation de tout le monde. C'est le côté positif.
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Merci, monsieur le président.
Je veux faire suite à ce que nous appelons les « gentilles questions » posées par Ben Lobb, à côté de moi, du Parti conservateur. Je trouve qu'il a posé une bonne question. Je vais poursuivre dans la même veine.
Nous avions dans la ville de Saskatoon un programme particulier qui n'était pas destiné uniquement aux « gens pauvres à faible revenu »; il s'adressait aussi à d'autres personnes, mais on mettait quand même l'accent là-dessus. Cela s'appelait le programme des boîtes d'aliments santé. Du moins, c'est le nom dont je me rappelle. On fournissait des fruits et légumes frais provenant des maraîchers des alentours de Saskatoon que l'on apportait directement aux gens. Les gens dont le nom était inscrit sur la liste et qui voulaient ces produits les recevaient à un prix minime, et l'on fournissait même des recettes. Je pense que l'idée était que, dans notre société moderne, à l'ère des supermarchés, bien des gens ont oublié comment cuisiner de délicieux repas avec des légumes frais venant directement du jardin. On se contente de boîtes de conserves, de macaroni en boîte, etc., ce qui coûte parfois plus cher et qui n'est souvent pas aussi nourrissant, comme nous le savons bien.
Je ne dis pas nécessairement que les gouvernements sont les mieux placés pour faire ce genre de choses, mais il est certain que quiconque traverse une période difficile, et en fait n'importe qui n'importe quand peut bénéficier d'une aide pour l'établissement du budget, la sensibilisation aux programmes gouvernementaux, etc. Surtout quand j'ai eu des baisses de revenus, je comptais probablement plus que jamais sur des conseils de ce genre. Cela venait renforcer ce que je savais déjà. Parfois, j'apprenais aussi quelque chose de nouveau.
J'ai trouvé vos observations un peu étonnantes. Peut-être pouvez-vous m'aider. Vous êtes peut-être au courant de programmes communautaires. Est-ce ce que vous vouliez dire? Avez-vous dit que le gouvernement ne le ferait pas, mais que les groupes communautaires devraient s'en charger? Cela semble être une bonne chose. Ce programme s'adressait aux foyers où il y avait un papa et une maman, ou bien des gens vivant seuls, mais des gens qui n'avaient personne pour leur apprendre à cuisiner à partir d'aliments frais. On ne mangeait que des conserves et des plats préparés, ce que trop de gens font trop souvent. Il me semble que c'était une bonne chose de fournir des repas sains et nourrissants à ces enfants, grâce à ce programme qui donnait régulièrement, une ou deux fois par semaine, à un coût relativement minime, des aliments accompagnés de recettes.
J'ai entendu dire beaucoup de bien de ce programme. Nous y en avons eu recours à l'occasion nous-mêmes, mais ce n'était pas destiné exclusivement aux gens dont le revenu se situe au niveau de la pauvreté. D'autres pouvaient également en bénéficier à l'occasion.
J'aimerais savoir ce que vous en pensez. Il me semble que nous tous pouvons bénéficier d'une aide quelconque pour l'établissement de notre budget, quel que soit notre niveau de revenu. Peut-être qu'à mesure que les gens gagnent plus d'argent, ils ont davantage de marge de manoeuvre et en ont donc moins besoin, mais cela pourrait nous être utile à tous, même pour nous enseigner ce qui est, j'hésite à le dire, peut-être un art quelque peu oublié, parce que nous sommes tellement habitués à ouvrir des boîtes de conserve et des repas préparés. Nous avons perdu cet art que connaissaient nos grands-mères et nos mères, l'art de cuisiner avec des légumes frais directement du jardin, si l'on peut s'en procurer.