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Je vais le faire, monsieur le président. Merci beaucoup.
Puis-je dire dire également qu'il est gratifiant que vous ayez invité quelqu'un qui a passé tant d'années à l'autre endroit à prendre la parole de ce côté-ci de l'édifice. Merci infiniment.
Je suis accompagné aujourd'hui des trois personnes qui dirigent les principaux programmes de la commission. Le Dr Howard Chodos est responsable de l'étude sur la stratégie en matière de santé mentale au Canada. La Dre Jayne Barker est directrice des politiques et de la recherche à la commission. Micheal Pietrus est à la fois notre directeur des communications et le directeur du programme anti-stigmatisation.
Je crois savoir que ma déclaration liminaire a été distribuée aux membres dans les deux langues. Je ne vais pas la lire intégralement, mais je vais la suivre de plus ou moins près.
Je suis réellement ravi qu'un comité de la Chambre des communes ait demandé à la commission de venir lui parler de la question de la santé mentale au Canada, car c'est non seulement un sujet important, mais c'est aussi une cause très personnelle pour moi. Je suis donc ravi d'esquisser pour vous, dans ma déclaration liminaire, le travail de la commission avant de céder la parole et de répondre aux questions que vous pourriez avoir sur tout aspect intéressant la santé mentale.
Je pense qu'il importe de mettre en perspective les maladies mentales. Cette année, 7 millions de Canadiens connaîtront un épisode de maladie mentale. Cela fait une personne sur cinq, mais je peux vous dire que les spécialistes de la santé mentale, les chercheurs professionnels, pensent plutôt que le chiffre progresse rapidement pour s'approcher de un à quatre, plutôt que de un à cinq. Autrement dit, le pourcentage va croissant. Nous savons qu'au cours de la récession, l'incidence de la maladie mentale chez les Canadiens va sensiblement s'accroître.
Malheureusement, nombre de ces personnes n'obtiendront pas d'aide. Cela est dû à deux raisons. Premièrement, nulle part dans le pays n'existe-t-il une offre suffisante de services de santé mentale. La deuxième raison est que les malades ont peur de se déclarer à cause de la stigmatisation associée à la maladie mentale. De fait, cette stigmatisation représente l'un des plus grands obstacles empêchant les personnes d'accéder à un traitement approprié. La stigmatisation et la discrimination imposent un lourd fardeau à ceux souffrant de problèmes de santé mentale. De fait, nombre de malades vous diront que la stigmatisation et la discrimination dont ils sont l'objet de la part de membres de la famille, d'amis et de collègues sont plus difficiles à supporter que les symptômes de la maladie elle-même. Je veux souligner que cette stigmatisation n'est pas celle infligée par le grand public, qui est réelle mais que les malades ne perçoivent généralement pas; c'est la stigmatisation qui est le fait de leurs proches — leur famille, les amis et collègues.
En termes économiques, la maladie mentale coûte à l'économie canadienne le chiffre estimatif de 33 milliards de dollars par an. Pour mettre cela en perspective, cela représente la moitié du budget de l'Ontario. Plus frappant encore, et je pense que vous serez surpris de l'apprendre, davantage de journées d'hospitalisation sont causées par une maladie mentale que par le cancer ou les maladies cardiaques combinés
Ce chiffre paraît presque incroyable, aussi je vais vous l'expliquer. Si une personne est atteinte d'une maladie mentale suffisamment grave pour qu'elle doive être hospitalisée, son séjour à l'hôpital va être habituellement d'une durée considérable, souvent de plusieurs mois. Typiquement, une personne hospitalisée pour maladie cardiaque ou cancer y séjourne beaucoup moins longtemps. Mais cela explique, si l'on considère l'accroissement de la fréquence des maladies mentales et la durée d'hospitalisation des patients, pourquoi il existe une pénurie de lits d'hôpital dans le pays.
Si vous parlez aux employeurs, vous apprendrez que la partie des coûts de soins de santé absorbée par les employeurs — c'est-à-dire les indemnités d'invalidité à court terme et les frais de médicaments — qui augmente le plus rapidement est le fait de la maladie mentale. De fait, entre 4 et 12 p. 100 des coûts salariaux sont maintenant accaparés par la maladie mentale. Le chiffre exact varie, évidemment, d'un employeur à l'autre.
Plus intéressant encore, la quantité de médicaments administrés pour dépression, anxiété et autres troubles de l'humeur est devenue supérieure à celle des médicaments cardiovasculaires. Je pense, par exemple, au Lipitor et à d'autres médicaments de cet ordre, qui ont pris le pas sur les médicaments cardiovasculaires comme principal médicament remboursé par les régimes d'assurance.
La Commission de la santé mentale part d'un point de vue très simple, à savoir qu'une personne atteinte de maladie mentale mérite le même niveau de service que tout autre malade. Nous ne disons pas qu'un malade mental peut prétendre à ce que le problème soit traité instantanément, pas plus qu'une personne atteinte d'une maladie physique ne le peut. Nous savons que c'est impossible. Mais ce qui se passe, c'est que les services offerts aux personnes atteintes de maladie mentale sont très largement pires que ceux donnés aux personnes atteintes d'une maladie physique.
Comme vous le savez sans doute, la commission est l'aboutissement d'un rapport du Comité sénatorial permanent des affaires sociales, des sciences et de la technologie, que j'ai présidé. Ce rapport était intitulé « De l'ombre à la lumière ». Le titre attirait l'attention délibérément sur la stigmatisation. Ce problème est resté dans l'ombre pendant trop longtemps. De fait, si vous me demandiez de résumer en une phrase l'objectif réel de la commission, c'est de garder la question de la santé mentale hors de l'ombre pour toujours, autrement dit, ne la laissons pas glisser de nouveau dans l'ombre.
Nous sommes structurés sur le plan légal comme société sans but lucratif. Nous ne sommes pas un fournisseur de services. Nous sommes un catalyseur. Nous avons un conseil d'administration composé de 18 membres. Douze, dont moi-même, sont des membres non gouvernementaux, c'est-à-dire des représentants ou des particuliers appartenant au secteur privé dans tout le pays. Nombre d'entre eux sont des fournisseurs de services. Trois d'entre eux sont eux-mêmes des malades, afin d'assurer que nous connaissions la perspective du consommateur. L'autre tiers de nos membres appartiennent au pouvoir public, l'un au gouvernement fédéral et cinq aux provinces et territoires.
Nous avons le soutien actif de toutes les provinces et de tous les territoires, Québec excepté. Vis-à-vis de la province du Québec, à sa demande en fait, nous avons maintenant noué une relation bilatérale. Le problème à cet égard est que le Québec nous considère comme une institution fédérale, ce que nous ne sommes pas. Je le répète, sur les 18 membres du conseil, un seul est nommé par le gouvernement fédéral. Le Québec, si je puis exprimer les choses ainsi, s'est figé dans le contexte constitutionnel intergouvernemental.
En revanche, sur le terrain, au Québec, à Montréal — et Jayne Barker pourra vous en parler, si vous le souhaitez — nous avons le soutien enthousiaste des fournisseurs de services aux personnes atteintes de maladie mentale. De fait, des représentants du gouvernement siègent au comité directeur de notre projet destiné aux sans-abri de Montréal. Donc, la réalité est que, au niveau très élevé des subtilités constitutionnelles, le gouvernement du Québec renâcle, mais sur le terrain, le niveau qui compte réellement, vu que notre objectif est d'aider les gens, nous bénéficions d'un très bon soutien, même au Québec.
Nous avons huit comités consultatifs qui sont véritablement conçus de manière à nous doter des meilleurs conseils possibles sur toute une série d'enjeux. Pour vous donner quelques exemples, nous en avons pour les enfants et les adolescents, les personnes âgées, nous avons un comité consultatif pour les familles et un comité consultatif pour les soignants membres de la famille.
Permettez-moi de dire en passant, au sujet des familles, que la vaste majorité des services de santé mentale dans notre pays sont réellement dispensés gratuitement par les familles. J'entends par là que la quantité de travail qu'ils ont à faire pour s'occuper à la maison d'un patient souffrant de maladie mentale est énorme, et tout ce travail est bénévole, parce que ces soignants le font chez eux pour leurs proches.
Par exemple, la nécessité de soins de relève, pour donner un répit à ceux qui connaissent cette situation très stressante, est un sujet qu'aucun gouvernement n'a encore abordé. Nous avons aussi un comité consultatif sur le droit et les maladies mentales, car il existe dans ce domaine quelques grandes bizarreries, et nous allons proposer quelques changements. Il concerne principalement la façon dont la police et d'autres traitent les appels au service 911 en rapport avec une crise mentale.
Une parenthèse intéressante est que si vous parlez avec le chef de police de n'importe quelle grande ville, il vous dira que près de 50 p. 100 des appels au 911 concernent une crise de maladie mentale. En ce sens, nos agents de police sont les travailleurs de santé mentale de première ligne lorsque survient une crise.
Quel est notre objectif? Notre objectif est réellement d'offrir l'espoir que le système peut être modifié, et modifié dans leur intérêt, ce qui nous amène au premier enjeu, celui sur lequel travaille le Dr Chodos, à savoir une stratégie de santé mentale pour le Canada.
Nous avons fait deux choses. Nous avons enclenché un processus à deux étapes. La première consiste à déterminer ce que nous visons réellement. Autrement dit, si nous pouvions réviser le système, à quoi ressemblerait-il à l'arrivée? À cette fin, nous avons produit un document, et nous en avons des copies en anglais et en français si cela vous intéresse. C'est un document cadre. Il a fait l'objet de larges consultations. Howard et son équipe ont visité 13 villes à travers le pays et plus de 1 300 Canadiens ont répondu à notre consultation en ligne, dont maintes organisations, si bien que le nombre réel est en fait beaucoup plus important que cela.
Nous sommes sur le point de finaliser le cadre, qui bénéficiera d'un très large appui à travers le pays de la part de toutes les parties intéressées — pouvoirs publics, malades touchés, soignants, fournisseurs de services, et ainsi de suite.
La deuxième étape sera la plus difficile: comment passer du point de départ au point d'arrivée? La raison pour laquelle c'est la partie la plus difficile, je le mentionne en passant, c'est que nous avons certes pu réunir un consensus sur le point d'arrivée visé, mais pour aller d'ici à là, beaucoup de gens vont devoir modifier ce qu'ils font et leur façon de le faire, et donc la difficulté sera de convaincre les gens de changer. C'est très symptomatique de la phrase de Mark Twain lorsqu'il disait « Tout le monde est en faveur du progrès, c'est juste le changement que les gens n'aiment pas ».
Nous sommes tombés d'accord sur ce qui constituerait le progrès, mais le changement sera plus difficile. Nous travaillerons là-dessus au cours des quelques années qui viennent.
Je ne vais pas lire la courte esquisse du cadre, lequel est résumé dans les huit points vignettes du mémoire. Je vais plutôt parler du deuxième des quatre grands piliers, soit l'action en faveur des malades mentaux sans-abri.
Dans le budget déposé il y a 15 mois environ, le gouvernement fédéral a demandé à la commission d'entreprendre cinq projets pilotes pour essayer de cerner par quels moyens nous pourrions fournir les services aux sans-abri atteints de maladie mentale. C'est un problème qui confond les gouvernements de tous les pays industrialisés. Jane pourra vous parler plus en détails des études précises. Elles sont actuellement en cours, ce qui est remarquable, car il ne nous a fallu que 12 mois pour aller de zéro à l'envoi de chercheurs sur le terrain. Les résultats ne seront pas utiles seulement au Canada; les organisations internationales responsables de fournir des services aux itinérants sont également concernées de très près.
Pour mettre les choses en perspective, et bien que personne ne connaisse le chiffre exact, près de 50 p. 100 des personnes vivant dans la rue sont atteintes d'une maladie mentale d'une sorte ou d'une autre. Nombre d'entre elles ont également des problèmes de toxicomanie. L'incidence de la maladie mentale chez les sans-abri est très forte.
Pour ceux d'entre vous qui n'avez pas lu le livre, allez voir le film The Soloist, et vous comprendrez. Il est sorti tout juste la semaine dernière. C'est l'histoire d'un sans-logis souffrant de schizophrénie dans les rues de Los Angeles. Il vaut la peine d'être vu car il mettra le problème en perspective.
Notre troisième initiative est notre campagne décennale de lutte contre la stigmatisation et la discrimination, gérée par Mike Pietrus. Ce sera la première tentative systématique de changer les attitudes du public.
C'est évidemment très difficile à faire, mais nous savons d'après l'expérience australienne, où une campagne anti-stigmatisation est menée depuis près de 15 ans maintenant, et de la Nouvelle-Zélande, où elle est menée depuis 10 ans, ainsi que de l'Angleterre et de l'Écosse où ce travail a été lancé il y a quelque temps, qu'un programme correctement ciblé — et par-là je n'entends pas les annonces de service public classiques à la télévision, mais un programme ciblé sur des catégories de populations très précises — peut effectivement être très efficace.
Nous avons donc décidé de cibler deux groupes, initialement, pour des raisons très précises. L'un est celui des enfants et adolescents, car, franchement, il est beaucoup plus facile de modifier les attitudes des enfants que celles des adultes. Nous savons aussi que 70 p. 100 des adultes atteints de maladie mentale ont connu leur première épisode de cette maladie avant l'âge de 18 ans. Donc, si nous pouvons inculquer a la prochaine génération de Canadiens des attitudes positives à l'égard des personnes souffrant de maladie mentale, ce sera d'importance cruciale. Les résultats à l'étranger ont montré qu'une telle campagne est susceptible de connaître un bon succès.
Le deuxième groupe que nous allons cibler est celui des prestataires de soins de santé, et particulièrement ceux de soins de santé mentale. Vous pourrez être nombreux à vous demander — car c'est certainement la question que je me suis posée moi-même au début — pourquoi ? Tout de même, un médecin ou une infirmière doivent considérer qu'un patient souffrant de maladie mentale doit être traité de la même façon qu'un patient souffrant de cancer ou de maladie cardiaque ou d'autre chose. Mais le fait est qu'il n'en est rien. Le fait est que les professions de la santé et les soignants ont les mêmes attitudes négatives envers les malades mentaux que toute autre profession et tout autre Canadien. Donc, nous espérons modifier ces attitudes pour régler au moins le problème de la stigmatisation aux mains des soignants.
Enfin, permettez-moi de dire un mot sur la pauvreté, étant donné que c'est là une partie importante de votre travail, et je l'inscrirai dans deux contextes. Le premier est que, si la maladie mentale touche des personnes de tous âges, la réalité est que beaucoup de données montrent que plus le revenu est faible, et plus grande est l'incidence de la maladie mentale. Il y a là un peu le problème de la poule et de l'oeuf: votre revenu peut être faible parce que vous souffrez de maladie mentale, mais la réalité est qu'il y a un lien très clair entre le revenu et la maladie mentale. L'Enquête sur la santé dans les collectivités canadiennes de Statistique Canada fait apparaître très clairement l'existence d'une corrélation très étroite entre la situation socioéconomique et la maladie mentale.
Un deuxième problème se profile à l'horizon. L'incidence de la maladie mentale chez les Canadiens va sensiblement augmenter dans le courant de la récession. C'est toujours le cas, car lorsque les gens se trouvent soudainement au chômage, ils ont un problème, les familles vivent un stress énorme, et l'impact sur la famille et les enfants est très dévastateur.
Pour vous donner juste quelques exemples, au cours des trois premiers mois de cette année, à Oshawa — et je cite Oshawa uniquement parce que je me trouve à connaître les chiffres — le nombre de personnes demandant de l'aide pour des problèmes de santé mentale a augmenté de 20 p. 100 l'an dernier. Nous savons que dans une ville comme Windsor, les chiffres sont sensiblement supérieurs à cela. Nous savons aussi, malheureusement, que cela va exercer de très grandes répercussions sur les enfants, car l'effet du stress accru dans les ménages par suite des licenciements — dans certains cas touchant les deux soutiens de famille — est tel qu'il impose un stress supplémentaire énorme sur la famille et met les enfants sous forte pression.
Il y a donc un lien clair côté revenu, et nous avons commencé à nous demander si l'on ne pourrait pas faire quelque chose pour réduire l'incidence des problèmes de santé mentale pendant une récession.
Cela dit, ce n'est pas un problème spécifiquement canadien. Des données provenant de Nouvelle-Zélande montrent que le taux de suicide, par exemple, grimpe en flèche en période de récession. Les gens n'en peuvent plus et abandonnent tout simplement.
Permettez-moi de revenir au début, en guise de conclusion. Tout ce que peut faire la commission, c'est être un catalyseur de la réforme. Nous ne fournissons pas concrètement de services. Nous pouvons cajoler, nous pouvons parler, nous pouvons soulever le problème, nous pouvons aiguillonner et nous pouvons formuler des idées d'action. Mais, au bout du compte, le succès ultime de la commission dépendra entièrement de la réponse des Canadiens eux-mêmes, et je dis à vous et à tous vos collègues parlementaires que nous avons réellement besoin de votre soutien, car vous êtes des leaders dans vos collectivités.
Que vous participiez à des manifestations avec nous, que vous preniez la parole sur le sujet et simplement indiquiez qu'il est maintenant admissible de parler de santé mentale, sans stigmatisation... il y a beaucoup de petites choses surprenantes que vous pouvez faire qui ne coûtent rien et qui nous aideraient beaucoup dans notre travail.
J'ai été ravi que vous nous invitiez à comparaître aujourd'hui, monsieur le président, et je suis très impatient de travailler avec vous et vos collègues à l'avenir.
Merci beaucoup.
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Merci de cette question, et merci de votre préambule.
Je me souviens que lorsque j'étais chef de cabinet du premier ministre de la Nouvelle-Écosse, il y a très longtemps de cela, si quelqu'un avait mis mon portrait sur le mur, c'aurait été pour y lancer des fléchettes. Il y a donc peut-être du progrès.
Je ferai quelques remarques et je demanderai ensuite à Jayne de compléter.
Si vous prenez du recul pour considérer l'ensemble des programmes fédéraux, particulièrement ceux de RHDCC, qu'il s'agisse des prestations de maladie de l'AE ou des prestations d'invalidité du RPC, etc., tous ont été conçus pour ceux touchés par une maladie physique. C'est à eux que l'on songeait lorsqu'on a conçu ces programmes.
Franchement, ils ne marchent pas très bien dans le cas des maladies mentales. Permettez-moi juste de vous donner un exemple, et vous savez cela mieux que moi. Je crois que c'est 15 semaines. Lorsque vous arrivez à la fin des 15 semaines, vous perdez les prestations de maladie de l'AE. Cinquante pour cent des personnes qui sont toujours malades à la fin de la quinzième semaine souffrent d'une maladie mentale. Autrement dit, la moitié des personnes qui arrivent en fin de droits et qui ont encore besoin d'aide mais ne l'obtiennent plus souffrent d'une maladie mentale.
Le deuxième facteur est qu'un grand nombre des maladies mentales sont chroniques ou de nature épisodique. Vous vivez une période de dépression. Vous allez mieux, vous retournez au travail et vous souffrez d'un nouvel accès. Fréquemment, le temps écoulé entre ces deux accès n'est pas suffisamment long pour que vous deveniez admissible de nouveau au programme AE. Encore une fois, cela est dû simplement au fait que lorsque les prestations de maladie AE ont été conçues, on s'est simplement demandé, en toute logique, ce qu'il fallait faire pour quelqu'un souffrant d'une maladie? Eh bien, ces malades vont guérir, comme M. Savage l'a dit, et retourneront au travail. Voilà donc un problème qu'il faut considérer.
Les prestations d'invalidité du RPC sont un autre problème. Alors que techniquement, légalement, elles s'appliquent aux maladies mentales, tous les tests qu'il faut subir pour toucher les prestations d'invalidité du RPC sont clairement axés sur une affection physique. Vous allez être frappé d'incapacité pendant quelque temps, mais l'infirmité est une limitation physique, et non mentale.
En générale, si vous regardez les programmes, il serait beaucoup plus rationnel que je vous dise de ne pas essayer de bricoler et rapiécer un programme conçu pour une maladie physique; retranchons la maladie mentale de ces programmes et concevons un programme unique adapté aux caractéristiques spécifiques de la maladie mentale, c'est-à-dire qu'il faut typiquement plus de temps avant que l'état s'améliore, qu'elle est parfois épisodique et que la nature du traitement est également différente.
Je pense donc que la réponse à votre question est que je serais effectivement en faveur de rechercher une nouvelle façon de faire, en un sens, un ensemble de programmes conçus pour ceux souffrant de maladie mentale.
Maintenant que le RPC est autorisé à lancer des projets pilotes, ce qu'il ne pouvait pas faire jusqu'il y a quelques années, je pense que vous avez un véhicule qui rend l'expérimentation possible. Il faudra veiller très soigneusement à ce que toute modification des programmes soit adaptée à la rue. Ce que j'entends par-là, c'est que je veux réellement savoir ce qui va se passer sur le terrain. Je dis cela comme technocrate moi-même. Parfois, j'échoue complètement à anticiper comment les gens vont réagir à un programme donné. Mais, avec le RPC, vous pouvez maintenant tenter des expériences.
Souhaitez-vous ajouter quelque chose?