Bonjour, et merci de nous donner l'occasion de témoigner devant vous aujourd'hui pour discuter de certaines de nos préoccupations concernant ce projet de loi.
Je m'appelle Steven Schumann. Je suis le directeur des affaires gouvernementales pour l'International Union of Operating Engineers, ou l'IUOE. Nous sommes un syndicat progressif et varié. Nous représentons des travailleurs dans une vaste gamme d'emplois. Nos membres aident à construire l'infrastructure du Canada, et participent à la production de ressources et à la prestation des soins de santé essentiels et des services à la collectivité. Nous existons depuis 1896.
Présentement nous avons plus de 45 000 membres au Canada, présents dans chaque province et territoire par l'entremise de nos 20 sections locales. Nous avons également huit centres de formation d'avant-garde qui servent à élaborer et offrir de la formation sur la conduite de machinerie lourde et une vaste gamme de cours sur la sécurité dans le domaine de la construction pour répondre aux besoins actuels et futurs de l'industrie du bâtiment. Certains de nos centres de formation offrent les programmes de formation provinciale pour nos métiers.
Les travailleurs du bâtiment représentent la plus grande part de nos membres, environ 30 000 membres. Ils opèrent des grues à tour et mobiles. Ils conduisent la machinerie lourde, comme des bouteurs, des niveleuses, et des pelles rétrocaveuses. Ce sont les mécaniciens et les arpenteurs qui travaillent sur les sites de construction. Ils sont les premiers arrivés et les derniers partis. Ils travaillent pour des entreprises en bâtiment et des entrepreneurs civils et industriels. Ils construisent des routes, des ponts, des écoles, des hôpitaux, des pipelines et des raffineries de pétrole, entre autres. Nos membres créent les infrastructures et les lignes d'horizon du Canada.
Nous croyons fermement qu'il est important de collaborer avec nos employeurs, les autres syndicats du bâtiment, et tous les paliers de gouvernement pour faire en sorte que les Canadiens profitent des meilleures occasions de travail et puissent subvenir aux besoins de leurs familles.
Puisque ce projet de loi offrira des prestations supplémentaires à de nombreux Canadiens, y compris à certains de nos membres, nous appuyons le projet de loi même si nous ne sommes pas sûrs qu'il soit équitable. De plus, nous croyons que l'on a manqué une occasion d'apporter de vrais changements. Le temps passé sur ce projet de loi aurait pu être utilisé pour transformer et moderniser le système dans un contexte plus vaste qu'une approche ponctuelle.
Malheureusement, nous croyons que ce projet de loi montre qu'il existe toujours une mauvaise compréhension du secteur du bâtiment. Ce gouvernement, comme les précédents, pense que tous les secteurs de l'économie peuvent être gérés selon la même approche. On l'a vu avec d'autres initiatives, comme l'Accord sur le commerce intérieur qui a oublié à bien des égards le secteur du bâtiment. Cette approche unique ne fonctionne pas et elle doit cesser si l'on veut que le secteur du bâtiment au Canada puisse survivre avec les travailleurs qualifiés dont nous avons besoin pour faire le travail.
Bien que de nombreux travailleurs dans divers secteurs de l'économie pourront profiter de ces prestations, seul un nombre limité de nos membres répondront aux exigences de n'avoir reçu moins que 36 semaines de prestations au cours des cinq dernières années. Le secteur du bâtiment est unique; il est de nature cyclique, et l'activité est très différente d'une région à l'autre. L'industrie fluctue selon des cycles qui correspondent au niveau d'investissements et à la santé de l'économie. Ces investissements proviennent du secteur privé et du secteur public par l'entremise des trois paliers de gouvernement.
L'industrie du bâtiment aussi demeure souvent active au début d'un ralentissement économique pour terminer les projets en cours. En retour, il est à la traîne lors du rétablissement, puisque la planification et la préparation n'ont pas lieu jusqu'à ce que les investissements soient prêts. C'est ce que l'on peut voir maintenant. De nombreuses régions du pays sont demeurées relativement actives jusqu'au début de 2009, mais nous prévoyons une pénurie grave de travail dans ces mêmes régions en 2010 et au-delà. Les emplois du secteur du bâtiment sont également très uniques. Chacun de ces emplois a une date d'échéance. C'est peut-être une semaine, un mois, ou une année, mais cet emploi arrive à terme lorsque le projet est complété.
Ce ne sont pas des emplois classiques de 9 à 5. Nos membres travaillent sans relâche. Ils font beaucoup d'heures supplémentaires pour s'assurer que le travail soit fait et qu'il soit fait à temps. Nos membres font également face à de nombreuses pénuries de travail. Lorsqu'un projet se termine, nos membres doivent trouver un autre chantier. Régulièrement, ils se déplaceront dans différentes parties d'une ville ou d'une province, ou même iront ailleurs au pays. Nos travailleurs font donc face à des obstacles. Ils doivent déménager à leur propre frais, normalement pour des emplois à court terme. Cela peut leur imposer un lourd fardeau financier, et n'oublions pas les conséquences sur leurs familles.
Parfois, nos membres trouvent rapidement du travail, ou cela peut prendre quelques jours, une semaine ou même six mois ou plus; cela dépend de divers facteurs qu'ils ne contrôlent pas. Conséquemment, nombre de nos membres se voient forcer de demander plusieurs fois par année des prestations d'assurance-emploi. Voilà la nature de l'industrie du bâtiment; c'est ce qui nous différencie tant des autres secteurs de l'économie.
Tout simplement, le projet de loi ne tient pas compte de ces variations dans nos heures de travail et dans nos horaires de travail; alors nombre de nos membres ne pourront pas avoir accès à ces prestations. Nous estimons que plusieurs milliers de nos membres seront dans cette situation. Par exemple, au Québec, nous croyons que 80 p. 100 des membres de notre section locale, environ 1 000 membres, ne pourront pas en profiter; en Colombie-Britannique, c'est environ 20 p. 100, c'est-à-dire 2 000 membres; en Ontario, nous nous attendons aux mêmes nombres, sinon plus.
Ce sont des membres qui travaillent depuis 10, 15 ou 20 ans et qui ont cotisé pleinement à l'assurance-emploi. Ils se voient maintenant traités différemment des autres Canadiens et ils ne pourront pas profiter de ces prestations.
Nous nous préoccupons également du besoin d'éclaircissement concernant les conséquences de ce projet de loi sur les apprentis, et M. Blakely en parlera plus en détail dans son exposé. Les apprentis sont essentiels, et ils constituent l'avenir de notre industrie. Nous avons besoin de lois qui font la promotion de l'apprentissage et encouragent les apprentis à continuer leurs études et leur formation. S'ils se voient forcés de quitter leur programme pour trouver un autre emploi, ils ne reviennent pas dans le secteur du bâtiment comme apprentis; nous les perdons pour toujours.
Nous faisons déjà face à une pénurie importante de travailleurs qualifiés, et nous avons besoin de projets de loi qui peuvent régler ce problème, et non pas aggraver la situation. Nous croyons que le pourrait avoir comme conséquences imprévues d'aggraver sérieusement la situation en forçant les gens à quitter leurs programmes d'apprentis parce qu'ils ne peuvent pas obtenir ces prestations et qu'ils doivent chercher un autre emploi. Comme je l'ai dit, M. Blakely en parlera plus en détail.
Nous croyons également qu'il faut faire plus et rapidement. Il ne faut pas simplement adopter ce projet de loi et oublier les autres réformes. Nous croyons qu'il faut mettre en place de nombreuses petites mesures importantes, non seulement pour rendre l'assurance-emploi plus juste envers tous, mais également pour encourager les gens à chercher de l'emploi plutôt que de recevoir des prestations, afin de résoudre le problème de pénurie de travailleurs qualifiés.
Ces mesures pourraient comprendre la création d'une norme nationale d'assurance-emploi qui est logique et juste pour toutes les régions; l'amélioration du programme de partage de travail, parce qu'un grand nombre de nos membres qui ont des emplois sédentaires l'appuient; l'ajout de programmes de formation et de recyclage pour régler certaines des pénuries de travailleurs qualifiés imminentes; la création d'un crédit d'impôt ou d'une déduction pour les employés du secteur du bâtiment qui veulent déménager ailleurs au pays pour travailler; et des incitatifs financiers pour les employeurs afin qu'ils conservent leurs apprentis et en embauchent plus.
Nous croyons que de mettre en oeuvre ces mesures permettra au Canada de mieux répondre aux besoins de l'économie suite à la récession et nous aurons les travailleurs qualifiés nécessaires pour remplir les postes disponibles.
Nous sommes prêts à participer à des consultations plus vastes avec le gouvernement et toutes les parties pour élaborer des solutions durables qui ne profitent pas seulement au secteur du bâtiment mais à tous les secteurs de l'économie.
Merci de votre temps, et je serai ravi de répondre à vos questions.
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Merci monsieur le président, et merci aux membres du comité. Je veux vous remercier d'avoir ajouté une journée pour entendre des témoins.
Je m'appelle Bob Blakely. Je suis le directeur canadien des métiers de la construction. Les métiers de la construction sont les syndicats qui représentent les travailleurs du bâtiment au pays, que ce soient les ingénieurs des opérations représentés par M. Schumann, les travailleurs en réfrigération, les tuyauteurs, les électriciens ou les mécaniciens de chantier. Nous représentons environ 50 métiers et près de 500 000 personnes.
M. Christopher Smillie, analyste des politiques de notre bureau, m'accompagne aujourd'hui. Je vous le présente, parce que son père lui a dit que si son nom apparaissait dans le hansard, il lui paierait un souper.
Il y a une question qui aura des conséquences très graves, je crois, et elle est très importante pour une grande partie de nos membres.
M. Schumann a parlé d'un certain nombre de réformes que nous aimerions voir apportées à l'assurance-emploi. Nous sommes déçus qu'il n'y ait pas une simplification des zones d'admissibilité et rien sur la période de référence, mais en gros nous sommes prêts à appuyer les mesures générales du projet de loi . Nous sommes prêts à l'appuyer parce qu'il aidera concrètement un certain nombre de nos membres qui sont présentement sans emploi.
Nombre de personnes sont sans emploi tout simplement à cause de l'effondrement des marchés, et les travailleurs du bâtiment sont les premiers à être touchés par un ralentissement économique et les derniers à profiter de la relance. Les prestations supplémentaires sont quelque chose qui...
De nombreuses personnes seront désavantagées. Nous croyons qu'il y a une forte possibilité d'une conséquence imprévue concernant l'utilisation des prestations supplémentaires prévues dans le projet de loi pour les apprentis et ceux qui sont admissibles dans leur métier mais qui selon le libellé de la Loi sur l'assurance-emploi doivent se diriger vers des programmes de recyclage concernant des procédures ou des équipements nouveaux.
Tout simplement, les apprentis vont dans des écoles de métiers. Cela fait partie de leur travail. En Ontario, un certain nombre de métiers ont des périodes d'apprentissage de cinq ans: cinq périodes d'apprentissage sur cinq ans, qui dure chacune huit semaines. Donc il y a 40 semaines de formation à l'école. Nous nous attendons à ce que ces apprentis aillent à l'école. Ils doivent y aller pour être admissibles.
En Alberta, pour les métiers des domaines de l'électricité, de l'instrumentation ou de la réfrigération, il faut huit semaines par année pendant trois années et ensuite 12 semaines pendant la dernière année. Il s'agit donc de 40 semaines de formation. L'article 25 de la loi considère ces gens comme étant sans emploi et disponibles à travailler, et il n'y a aucune aide pour eux selon la définition des prestations spéciales. Il est fort possible que les apprentis qui ont travaillé chacune des heures possibles au cours des cinq dernières années ne seront pas admissibles aux prestations supplémentaires parce qu'ils ont reçu de l'assurance-emploi alors qu'ils étaient à l'école de métiers.
Peut-être n'avez-vous qu'à examiner la loi pour trouver une solution. Eh bien, nous avons fait beaucoup d'efforts pour parler à un grand nombre de gens, au gouvernement, de l'opposition, et dans la bureaucratie, et un certain nombre de gens nous ont dit de ne pas s'inquiéter, que tout va bien, et d'autres nous ont dit que nous avions peut-être raison et qu'il est possible que quelque chose de grave se produise.
Je ne sais pas combien de travailleurs journaliers cela pourrait toucher, mais il y a présentement 400 000 apprentis au Canada, et 60 p. 100 sont dans le secteur du bâtiment. Il ne faut pas qu'ils ne soient pas admissibles parce qu'ils sont allés à l'école de métiers.
En ce qui concerne les personnes qui suivent une formation en classe après s'être inscrites à l'AE — c'est-à-dire les programmes que l'AE leur conseille de suivre ou qui sont approuvés par l'AE conformément à la loi — je demande qu'elles ne soient pas déclarées inadmissibles par une modification mineure au paragraphe 12(3) ou par une disposition du règlement. Si les gens apprennent que le fait de suivre une formation les rendra inadmissibles à l'AE pendant plusieurs années, cela nuira à l'atteinte de nos objectifs.
Sur le plan démographique, la construction, comme bien d'autres secteurs, est une industrie d'enfants de l'après-guerre où 70 p. 100 des travailleurs ont les cheveux gris, à moins d'être chauves. Ils vont bientôt prendre leur retraite et nous devons les remplacer. Ce n'est pas le moment de décourager les gens de suivre de la formation.
Nous vous demandons de ne pas oublier les conséquences involontaires qu'une telle mesure pourrait avoir et d'indiquer clairement que les personnes qui suivront des cours de formation ne seront pas exclues des prestations prolongées si elles se retrouvent au chômage. Après tout, l'assurance-chômage est un contrat d'indemnité en cas d'événement prévisible, soit la perte d'un emploi.
Je suis prêt à répondre à vos questions.
Merci beaucoup d'avoir eu la patience de m'écouter.
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Merci, monsieur le président, mesdames et messieurs les députés.
[Traduction]
Tout d'abord, je tiens à remercier le Comité permanent des ressources humaines, du développement des compétences, du développement social et de la condition des personnes handicapées de nous avoir invités à vous faire part de nos observations sur ce projet de loi.
Comme nous représentons des employeurs et des entreprises québécois, je vais m'adresser à vous en français.
[Français]
Le Conseil du patronat du Québec travaille régulièrement en partenariat avec d'autres organisations partout au pays, et notamment avec le Conseil canadien des employeurs. N'étant pas une section provinciale d'un organisme pancanadien, le Conseil du patronat suit lui-même de près les dossiers fédéraux qui touchent les employeurs québécois et, notamment, les questions de travail, de développement, de ressources humaines et de fiscalité.
L'assurance-emploi et tous les autres régimes financés par les cotisations des employeurs basées sur la masse salariale sont suivis de très près par le Conseil du patronat. C'est d'autant plus vrai dans le cas de l'assurance-emploi, car les employeurs financent la majorité des coûts du régime puisque leur taux de cotisation est plus élevé de 40 p. 100 que celui des travailleurs.
Nous sommes intervenus publiquement en septembre dernier, lors de l'annonce de la modification proposée par le projet de loi. Nous sommes donc venus ici, aujourd'hui, réitérer de vive voix les préoccupations que nous avions alors soulevées et qui sont toujours aussi présentes.
Le Conseil du patronat souhaite tout d'abord que toutes les bonifications consenties en raison de la situation économique actuelle restent temporaires. Nous sommes, à cet égard, heureux d'avoir été entendus par le gouvernement.
Avec des coûts de près de 1 milliard de dollars, c'est-à-dire 935 millions de dollars pour être plus précis, on parle d'une modification du régime qui est tout de même majeure. Elle est majeure dans un contexte où l'on prévoit que, en vertu des règles actuelles, c'est-à-dire sans les bonifications du projet de loi , la hausse attendue des coûts du régime oscillera entre 35 et 70 p. 100, d'ici 2015, selon notre estimation. Il y a donc lieu de s'interroger sérieusement sur les modalités de financement de la bonification étudiée par votre comité.
Premièrement, comme il s'agit d'une bonification conjoncturelle, nous pensons que son financement ne devrait pas être assumé par le compte de l'assurance-emploi, mais plutôt par les revenus généraux du gouvernement. C'était le cas pour les bonifications annoncées lors du dernier budget fédéral, et la même règle devrait être appliquée aux bonifications présentées ici.
Deuxièmement, la responsabilité sociale implique également la responsabilité fiscale. Nous ne sommes pas dans un contexte économique où les contribuables peuvent puiser davantage dans leurs poches pour financer de nouvelles dépenses publiques. Le gouvernement devrait donc s'assurer que les modifications apportées ont un effet neutre sur le coût pour les finances publiques. En d'autres mots, les employeurs disent oui à des bonifications au régime d'assurance-emploi, à condition que ces bonifications soient accompagnées d'économies ou de réductions de coûts ailleurs dans le régime.
Troisièmement, et toujours sur la question du financement, le Conseil du patronat du Québec réitère qu'il serait important que le gouvernement restaure l'équité par un partage équitable du financement des coûts du régime, c'est-à-dire 50 p. 100 pour les employeurs et 50 p. 100 pour les travailleurs.
Cela m'amène à une dernière remarque. Le CPQ s'inquiète de voir le gouvernement procéder à la pièce à plusieurs changements au régime d'assurance-emploi. Comme je l'évoquais en introduction, le projet de loi s'ajoute aux bonifications annoncées dans le plus récent budget et qui totalisent près de 4 milliards de dollars. Nous ne sommes pas contre les modifications du régime. Toutefois, nous disons qu'il faudrait, à l'avenir, éviter le plus possible de faire des modifications à la pièce et procéder plutôt à des changements qui tiennent compte des préoccupations de l'ensemble des partenaires et notamment des préoccupations que je viens tout juste de vous présenter.
Merci beaucoup.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Merci d'être venus. Vous êtes les derniers témoins que nous allons entendre dans le cadre de notre étude du projet de loi . Nous avons eu des audiences intéressantes. Normalement, lorsqu'un projet de loi est déposé, des gens viennent nous dire qu'ils l'appuient, que c'est une mesure raisonnable, que c'est une mesure nécessaire. D'autres viennent dire qu'ils sont contre le projet de loi sous prétexte qu'il est insensé. Au sujet de ce projet de loi il y a en fait deux écoles de pensée: la première dit que c'est un mauvais projet de loi qui ne doit pas être appuyé; d'autres disent qu'ils ne l'aiment pas, qu'il ne va pas assez loin, mais qu'ils vont s'en contenter en attendant d'obtenir d'autres réformes. Je pense que personne, sauf peut-être le ministre, ne nous a dit que ce projet de loi est la solution idéale pour régler les problèmes de l'AE. Il s'agit d'un projet de loi discriminatoire, insuffisant, qui n'aidera pas assez de personnes et qui ne remonte pas assez loin en arrière pour tenir compte des circonstances actuelles.
Armine Yalnizyan a comparu au début de la semaine. J'ai lu son témoignage devant le comité du Sénat. Le Sénat a fait une étude préalable de ce projet de loi. Lorsqu'elle a comparu devant le Sénat, elle s'était exprimée avec une éloquence que je n'avais pas encore entendue. Elle a dit que nous nous trouvons dans une situation économique sans précédent, qu'elle a traitée de tsunami économique. C'est pourquoi il appartient au gouvernement d'aider tous ceux qui ont été emportés par cette vague de bouleversement économique, et pas seulement ceux qui ont été choisis comme étant les plus dignes d'être aidés.
Ceux qui ne sont pas des travailleurs de longue date et qui n'ont pas eu recours à l'AE pendant la période visée n'ont pas eu le choix de travailler ou de ne pas travailler. Les travailleurs du secteur de la pêche, de la foresterie, du tourisme, de l'hôtellerie, de l'agriculture, d'importants segments de la construction, ont des périodes de chômage, sans que cela soit de leur faute, et ils ont besoin d'AE. Au cours des six derniers mois, alors que l'AE dominait le paysage politique national, personne ne m'a dit que c'était la meilleure solution à notre problème. Nous avons entendu bien d'autres choses mais pas cela. Or, c'est la solution qu'on nous propose. Comme je l'ai déjà dit, je ne crois pas qu'il soit réaliste de dire: « Prenez ce que vous pouvez obtenir et passez à autre chose », parce que je ne pense pas qu'il y ait autre chose.
On prévoit que ce projet de loi coûtera 935 millions de dollars, c'est presque autant que ce qu'il en coûterait d'établir une norme nationale de 360 heures qui, selon le directeur parlementaire du budget coûterait moins de 1,2 milliard de dollars, par exemple.
Nous sommes donc dans une situation difficile. Ce projet de loi n'est pas la solution. Le président dit que nous faisons parfois des déclarations. Moi je me contente de poser des questions, mais parfois elles sont longues. Je veux vous poser la question qui suit parce qu'un grand nombre de personnes ne sont pas sûres des chiffres. Certains parlent de 935 millions de dollars, d'autres de 190 000 $. Je ne dis pas que vous avez les ressources qu'il faut, mais est-ce que l'un d'entre vous a pu examiner ces chiffres pour voir s'ils sont raisonnables? Nous devons voter sur ce projet de loi très bientôt.
Je m'adresse à n'importe lequel d'entre vous qui a eu l'occasion d'examiner les chiffres.
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C'est exact. L'une de nos plus grandes préoccupations est toujours l'aspect concurrentiel des entreprises qui font des affaires au Canada et, bien sûr, au Québec, dans notre cas. Or les taxes sur la masse salariale, qu'elles soient de divers types ou reliées à différents programmes, vont à l'encontre de la capacité concurrentielle des entreprises. Je crois qu'au Québec, l'ensemble des employeurs est d'accord pour que des programmes assurent un certain filet de sécurité et ne s'opposent pas à l'idée d'y contribuer, dans une mesure raisonnable. Par contre, il ne faut surtout pas augmenter la facture.
Notre plus grande préoccupation, dont j'ai parlé dans le cadre de mes remarques, est la possibilité que l'augmentation atteigne 70 p. 100 d'ici 2015, compte tenu de la restriction des cotisations en fonction des salaires. En ce qui concerne l'assurance-emploi, on a noté au cours des années passées, en période de croissance économique, une diminution du volume des prestations. Le problème est surtout qu'étant donné la situation actuelle, on prévoit une augmentation draconienne des prestations, une diminution radicale des revenus — évidemment, moins il y a de masse salariale à payer, moins il y a de revenus — et une augmentation de divers éléments du programme d'assurance-emploi qui ne sont pas des prestations, ce qui laisse facilement prévoir des augmentations faramineuses.
C'est pour cette raison, et non simplement pour dire « pas dans notre cour, mais plutôt dans celle des autres », que nous sommes intervenus. Lorsqu'on devra considérer l'ensemble de la structure de l'assurance-emploi, il faudra que les effets soient neutres, à la fin. En effet, on ne peut pas surtaxer davantage la masse salariale. En fait, la taxe sur la masse salariale ne représente pas seulement un coût pour les employeurs mais aussi des revenus que ceux-ci ne verseront pas en salaires aux employés. Toutes choses étant égales par ailleurs, l'ensemble d'une masse salariale représente également pour un employeur les dépenses des salaires. Si on paie davantage de taxes sur la masse salariale, on paie moins de salaires aux employés.
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Merci, monsieur le président.
Je remercie nos invités d'être venus nous faire part de leurs opinions sur cet important projet de loi des conservateurs, qui a été demandé par le NPD, selon M. Layton.
Nous sommes d'autant plus heureux de vous entendre que nous tentons de trouver le filon qui donnera une valeur à ce projet de loi. Je parle ici de paramètres qui nous semblent essentiels et qui touchent des principes que vous défendez vous-mêmes. Par exemple, le Conseil du patronat du Québec considère que ce régime doit revenir à sa mission première, qui est d'offrir un revenu aux personnes qui perdent leur emploi.
À ce sujet, j'aimerais m'adresser à vous, monsieur Dorval. Ce n'est pas moi qui fais vos choix stratégiques, mais quand vous parlez de la façon dont l'argent devrait être utilisé, j'ai l'impression que vous ne visez pas la bonne cible. Présentement, selon des données reconnues par le ministère des Ressources humaines, 64 p. 100 des personnes au chômage sont exclues du régime. De facto, on ne répond pas à votre préoccupation. Par ailleurs, ces personnes ont-elles été exclues du régime parce qu'il n'y avait pas suffisamment d'argent dans la caisse? Non, les 57 milliards de dollars ont été utilisés à d'autres fins, alors que seuls les employeurs et les employés cotisent à cette caisse.
Il me semble que vous avez abandonné le combat, la volonté de voir l'ordre des choses rétabli. Si ce que vous dites doit véritablement s'appliquer, je pense que vous devez demander que les employés des personnes que vous représentez puissent avoir accès à l'assurance-emploi et que votre argent serve à cela. J'aimerais entendre vos commentaires à ce sujet.
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Je vous remercie de la question. Comme je l'ai dit, la première des choses n'est pas seulement que les employés et les employeurs paient. D'ailleurs, je tiens à répéter que les employeurs paient 40 p. 100 de plus que les employés. Je suis tout à fait d'accord avec vous, il y a eu une ponction dans le passé qui nous apparaît inadéquate et inéquitable.
L'assurance-emploi, comme son nom l'indique, est un programme d'assurance. Dans certaines circonstances, on débourse différentes prestations en fonction d'un programme ou d'une réglementation. Il convient au gouvernement de fixer les modalités du programme d'assurance. Ces modalités doivent dépendre de différents facteurs. Pour n'importe quel programme d'assurance, il faut prendre en considération différents éléments. Nous n'avons pas d'objection à ce que le programme d'assurance-emploi soit réformé. Nous sommes d'accord pour ce qu'il soit simplifié et moins complexe, mais il y a une condition. L'effet financier doit être neutre, c'est-à-dire que cela ne doit pas générer davantage de contributions. C'est le premier élément de réponse à votre question.
Le deuxième élément est le suivant. Il s'agit d'un programme temporaire pour remédier à une situation temporaire, et la source du financement devrait provenir des Fonds généraux et non pas du programme lui-même. Autrement dit, il y a eu une ponction dans une situation particulière, et nous nous trouvons dans un autre type de situation particulière. Il devrait donc y avoir une contribution des fonds généraux qui ont reçu cette ponction particulière. On est d'accord avec vous sur ces aspects.
Finalement, différentes modalités ont été définies dans le temps, et ce, pour plusieurs raisons. On ne peut pas mettre en oeuvre un seul élément, par exemple le nombre d'heures travaillées, d'un océan à l'autre, sans en considérer tous les effets — on en a parlé lors de nos communications antérieures —, notamment celui de s'assurer que l'on n'instaure pas de désincitatifs pour le retour à l'emploi.
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Merci de votre question.
En fin de compte, il y a toujours quelqu'un qui finit par payer. Malheureusement, lorsqu'on discute avec des parlementaires ou des représentants du gouvernement, on tient beaucoup compte de certaines clientèles, de certains groupes, et ainsi de suite. Or on aime bien avoir une vue d'ensemble et se dire que de toute façon, quelqu'un paiera. Plus on fera de déficits, plus on affectera notre capacité de relance.
On a lutté contre le retrait des 57 milliards de dollars. Aujourd'hui, il ne serait pas réaliste de penser que 57 milliards de dollars apparaissent magiquement dans les fonds généraux et peuvent régler les problèmes du passé. On est dans une situation de récession. Si le gouvernement et le Parlement, au moyen d'un projet de loi, jugent qu'il est urgent d'investir, il ne faudrait pas que cela entraîne une augmentation des taxes sur la masse salariale des employeurs.
Comme les autres provinces, le Québec est touché, mais d'une façon différente. Dans cette province, les employeurs, les syndicats et les groupes sociaux sont assis autour d'une même table qui s'appelle la Commission des partenaires du marché du travail. On a développé un programme serré. Lorsqu'une entreprise québécoise fait face à un ralentissement à cause de la récession et qu'elle se voit dans l'obligation de laisser tomber des employés, ce programme, financé principalement par les employeurs en vertu de la loi du 1 % du Québec, vient financer la formation des employés et les maintenir en poste, de sorte qu'il n'y ait pas de chômage. De plus, ils sont formés, et lorsque la relance économique se produit, l'employé et l'employeur sont dans une situation extraordinaire pour y faire face. Ce programme est mené en partenariat avec les syndicats et les employeurs au Québec.
Il est dommage que M. Savage ne soit pas là, car il va m'accuser de commenter en son absence certaines remarques qu'il a faites. Je vais le faire néanmoins, et il lira plus tard le compte rendu.
Il a fait un peu plus tôt certaines observations, précédemment à la Chambre aujourd'hui, et ces observations méritent d'être consignées. Monsieur le président, il parlait de la norme de 360 heures. Je dirai simplement, pour que ce soit consigné au compte rendu, que le coût de ce projet de loi est d'un milliard de dollars sur trois ans. En ce qui a trait à la norme de 360 heures, M. Savage a demandé au directeur parlementaire du budget d'en établir les coûts, plus précisément en ce qui concernait les prestations spéciales et l'exclusion des travailleurs à temps partiel. Pourtant, le programme libéral, qui a été publié hier, dit que la norme de 360 heures devrait s'appliquer également pour les prestations spéciales et les travailleurs à temps partiel. Le coût de cette proposition est donc réellement d'environ quatre milliards de dollars.
M. Savage tient ici des propos... trompeurs, pour dire les choses avec gentillesse et diplomatie, mais il tient d'autres propos dans un autre contexte.
Mais après avoir consigné cette remarque et apporté des correctifs à cet égard, j'ai une question pour M. Schumann, pour préciser... Vous avez dit que certains travailleurs avaient travaillé de 10 à 15 ans, mais qu'ils n'auraient pas droit à ces prestations. Il y a là quelque chose que je n'ai pas compris. Parliez-vous de 10 à 15 années de travail, mais avec des périodes d'interruption? Est-ce bien cela que vous...?
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Merci, monsieur le président.
Il est un peu tard pour le faire, mais je voudrais, moi aussi, vous souhaiter la bienvenue. Vous avez failli ne pas être invitée. Je voudrais vous remercier d'avoir accepté à si court terme de venir témoigner aujourd'hui. Je voudrais aussi remercier mon collègue M. Lessard, qui a pris l'initiative de demander qu'on retarde le travail d'une journée, ce qui n'est pas grand-chose.
J'appuie les propos de mon collègue M. Savage au sujet des commentaires émis par les témoins que nous avons reçus depuis le début de cette étude. Tout le monde nous dit que ce projet de loi est mieux que rien. Certains nous disent qu'ils l'acceptent, mais que c'est peut-être parce qu'il n'y rien d'autre devant eux. Pour moi et pour bien d'autres, il est difficile d'accepter que le gouvernement du Canada offre si peu à la population canadienne, plus particulièrement aux personnes qui sont au chômage.
J'ai devant moi un tableau de Statistique Canada démontrant que, pour le Québec, de janvier à juillet 2009, 70,8 p. 100 des demandes d'assurance-emploi ont été acceptées. C'est donc dire que 29 p. 100 de ces demandeurs n'ont pas reçu de prestations, au Québec. Pire encore, dans les provinces de l'Atlantique, le taux le plus élevé était de 69,4 p. 100, et le moins élevé de 59 p. 100. En d'autres termes, sur l'ensemble des personnes qui ont fait des demandes d'assurance-emploi à l'Île-du-Prince-Édouard, presque la moitié n'ont pas pu recevoir de prestations. Comme je l'ai mentionné, ces chiffres proviennent de Statistique Canada.
Il y a quelques jours, j'ai posé une question concernant les femmes et le fait qu'elles étaient très durement touchées par cette situation. On m'a confirmé que c'était le cas, à cause des emplois temporaires ou à temps partiel qu'elles occupent, mais on m'a aussi répondu que les jeunes étaient plus durement frappés encore. Or M. Blakely nous dit que dans le cadre des programmes qu'il gère, il constate que ces jeunes sont en effet très durement touchés.
Je sais que vous avez abordé longuement cette question, mais elle est extrêmement importante. Est-ce que vous ou d'autres personnes invitées à témoigner aujourd'hui pouvez nous donner des suggestions concrètes sur la façon dont nous pourrions amender ce projet de loi? Ces jeunes qui ne sont pas véritablement au chômage ont accepté la bouée de sauvetage qu'ils pensaient obtenir de la part du gouvernement, mais celle-ci les fait s'enfoncer dans l'eau plutôt que les ramener à la surface.
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Merci, monsieur le président.
Je tiens à remercier nos témoins d'être venus nous rencontrer aujourd'hui. Nous en sommes fort reconnaissants.
Il importe de noter, et je l'ai signalé lors de la dernière réunion, que nous discutons ici d'une modification apportée à une loi. Des représentants du Parti libéral et du Bloc québécois ont parlé de réforme, et il s'agit en fait de la modification d'une loi. Cette modification permettra d'aider quelque 190 000 travailleurs sans emploi. Il s'agit d'un grand nombre de Canadiens qui ont besoin d'aide et qui ont cotisé au programme d'assurance-emploi pendant plusieurs années. Nous espérons que cette modification pourra les aider.
Les députés d'en face ont beaucoup parlé de ceux qu'ils voudraient aider et ce qu'ils voudraient changer, mais leurs votes indiquent clairement qu'ils ne veulent aider personne. Ils ont voté contre cette mesure législative. Ils pouvaient voter pour aider quelque 190 000 Canadiens et ils ont décidé de n'aider personne. C'est vraiment regrettable.
Que pensez-vous ou que connaissez-vous, monsieur Blakely, des modifications apportées récemment à l'Office de financement de l'assurance-emploi du Canada. Il y a en fait deux courants de pensée. La possibilité d'un système qui produirait des surplus qui seraient utilisés pour les caisses noires des libéraux ou un système dans lequel l'office arrête les comptes. Je préfère cette dernière version. Je me demande laquelle vous préférez.
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Merci beaucoup, monsieur le président. Merci beaucoup, chers invités, d'être ici, aujourd'hui.
J'aurais une dizaine de questions, mais j'ai très peu de temps. Je vous entends et j'ai entendu plusieurs autres témoins avant vous. Le problème de ce projet de loi n'est pas seulement qu'il n'est pas idéal, mais surtout qu'il est inéquitable. Il est discriminatoire, car il crée deux catégories de chômeurs. De plus, cela désolidarise les chômeurs entre eux et, parfois même, au sein d'une même entreprise. Nous avons reçu des témoins, cette semaine, qui nous ont précisé cela. Dans une même entreprise, on peut donc trouver des travailleurs qui seront admissibles et d'autres qui ne le seront pas. Le problème est là, en fait.
On parle aussi de rareté des ressources. Plusieurs témoins nous ont dit accepter cette mesure et espérer obtenir autre chose plus tard, comme l'accessibilité dès l'atteinte des 360 heures, la prolongation des semaines dans l'année, etc. Nous en doutons, tout d'abord parce qu'il y a peu d'argent, et nous doutons que n'arrive autre chose. On aurait donc souhaité une réforme beaucoup plus globale et complète. C'est inéquitable, car plus de 50 p. 100 des travailleurs n'y ont pas droit.
Monsieur Blakely, vous avez dit un peu plus tôt que vous souhaitiez amender ce projet pour que les apprentis des métiers y aient accès. Nous aimerions également l'amender pour que tous les travailleurs saisonniers y aient accès ainsi que tous les travailleurs à statut précaire.
Voteriez-vous pour le projet de loi , si on ne l'amendait pas en fonction de vos besoins?
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Honnêtement, je ne saurais dire quelle est la meilleure mesure. Nous n'avons pas eu l'occasion de l'étudier et d'obtenir toutes les informations. C'est une autre pièce qui s'ajoute à une autre pièce, qui n'a pas été considérée dans une réflexion globale. Quant à nous, il est difficile d'examiner la pertinence d'une pièce comme celle-ci sans avoir la possibilité de regarder l'ensemble, toujours dans le respect de la capacité de payer des payeurs.
On ne peut pas faire de commentaires sur la pertinence de cette mesure en particulier parce que cela constitue essentiellement une mesure qui s'ajoute à une autre. Finalement, il est question d'ajouter 4 milliards de dollars. Il faut faire la distinction entre des mesures sociales prises dans un contexte difficile et un programme d'assurance qui doit respecter des conditions. Si on est contre ces conditions, changeons-les, mais il devient extrêmement difficile, alors qu'on a cotisé, de voir les critères changer tout à coup.
Comme on vit une situation temporaire, il faut que ce soit également une mesure temporaire. Nous espérons tous que la relance se produise le plus rapidement possible, mais cela nécessitera des investissements privés. On a entendu parler d'infrastructure, et cela peut aider, mais à un moment donné, il faudra prendre des mesures pour stimuler l'investissement privé.
Pour revenir plus précisément à votre question, on prétend que l'argent doit provenir des fonds généraux. On est prêts à examiner le programme de façon générale pour voir comment on peut l'améliorer, compte tenu de la nouvelle économie et de la situation, mais pas dans une période de crise, parce que la crise est mauvaise conseillère.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
[Traduction]
Merci beaucoup à tous d'être ici aujourd'hui.
J'ai trois questions. Une porte sur l'équité et deux sur la réforme structurelle.
Donc ma première question, sur l'équité. Je suis originaire de la Colombie-Britannique et il me semble qu'il y a énormément de différence entre les provinces sur le plan des exigences d'admissibilité, alors je vous demanderais si vous ne pensez pas — je crois que M. Schumann a mentionné qu'une solution unique ne pouvait convenir à tous — s'il serait raisonnable et juste de s'assurer qu'il n'y ait qu'une seule norme qui s'applique à tous les travailleurs au pays?
Pour ce qui est de ma deuxième question, je pense que nous sommes tous très préoccupés par le déficit dans le secteur des métiers spécialisés au Canada. Je me demandais si vous aviez fait une évaluation des ressources humaines afin de déterminer quel serait ce déficit pour les différents métiers spécialisés. Si vous pouvez à un moment donné fournir cette information au comité, je suis certain que cela nous intéresserait beaucoup.
Enfin, vous avez mentionné un concept fondamental, monsieur Blakely, qui consiste à s'assurer que l'assurance-emploi s'autofinance, comme un véritable programme d'assurance. Avez-vous une structure et un plan pour faire en sorte que cela se réalise?
Merci beaucoup.
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Parlez-vous de recyclage professionnel?
En effet, je dirais que s'il y a un domaine d'intervention pour lequel l'ensemble des acteurs au Québec s'entendent d'une façon assez extraordinaire — j'en ai parlé un peu plus tôt relativement à la Commission des partenaires du marché du travail —, c'est bien celui-là. C'est une priorité chez nous.
En fait, plus on s'assurera que les travailleurs sont formés ou recyclés, plus on s'assurera d'une baisse du chômage, surtout que l'on fera face au prochain défi. Nous nous trouvons dans une période de crise extrêmement brève, si on considère l'histoire. Toutefois, particulièrement dans le contexte du Québec où il y aura bientôt un déficit démographique notable, il est extrêmement important de trouver des façons d'amener nos travailleurs à être mieux formés ou recyclés.
Également, lorsqu'on arrive dans une période de ralentissement économique, il est important de voir à ce qu'on travaille davantage à maintenir ces gens en emploi, pour que les employeurs ne les perdent pas et qu'ils soient prêts pour la relance. Pour nous, c'est primordial. C'est une opinion unanime, et pas seulement chez les employeurs. C'est aussi le cas dans la communauté et dans la société au Québec. On a eu des problèmes de chômage structurel et on veut s'y attaquer. Pour nous, c'est extrêmement important, c'est notre priorité.
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Cela dit, je suppose que la formation doit être tout aussi circonscrite qu'efficace. Également, il ne convient pas de former durant trois ans des personnes qui pourraient l'être en six mois ou en un an. De toute évidence, il y a place pour l'amélioration dans divers domaines.
Monsieur Blakely, vous avez déclaré qu'il nous fallait englober davantage de travailleurs, notamment les travailleurs saisonniers, et que nous devions englober divers aspects que nous ne touchons pas à l'heure actuelle. Du même coup, vous dites qu'il faut viser l'autofinancement. L'aspect que j'aimerais explorer, selon le temps dont je dispose, est le suivant: si vous ajoutez les prestations, cela entraînera soit des cotisations accrues, soit un accroissement du déficit.
Si j'ai bien compris, monsieur Dorval, vous ne souhaitez ni l'un ni l'autre. Vous voulez voir baisser la part de l'employeur pour qu'elle soit plus proche de celle de l'employé. C'est bien beau de dire que vous souhaitez ratisser large, etc., mais qu'advient-il en réalité?
Monsieur Dorval, quelles réflexions suscite chez vous ce commentaire?
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Merci, monsieur le président. Je pense que c'est quelque chose d'important. Monsieur Dorval, l'expérience que vous vivez à la Commission des partenaires du marché du travail est très révélatrice. À mon avis, on peut en tirer de nombreux enseignements.
J'aimerais connaître votre opinion au sujet de la formation. Cette question a aussi été soulevée par M. Blakely. On ne peut pas former tout le monde. Je vais donner deux exemples, qui proviennent probablement de vos membres. Prenons l'exemple de Whirlpool, de Rivière-du-Loup, l'ancienne manufacture Bélanger, qui a fermé ses portes il y a quatre ans. Il y avait 350 travailleurs. Plus de 20 p. 100 des travailleurs étaient âgés de plus de 55 ans. Ils y avaient travaillé pendant 35 ans, 40 ans ou 45 ans. On les a formés, mais il n'y avait pas plus d'emplois pour eux.
C'est la même chose pour un atelier de chaussures de Charlesbourg, qui a fermé ses portes il y a trois ans. La main-d'oeuvre était formée presque exclusivement de femmes. Toutes les femmes de plus de 55 ans, qui ont toujours travaillé dans le domaine de la chaussure, n'ont plus de débouchés. Beaucoup de femmes ont reçu de la formation, mais il n'y a pas plus d'emplois.
Une chose nécessite un examen et une réponse. Ces gens doivent-ils attendre jusqu'à 65 ans sans revenus ou si, dans le cadre de votre réflexion conjointe, vous avez trouvé des avenues pour compenser le manque d'initiative du gouvernement?
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Je vais laisser ma collègue parler plus spécifiquement du programme pour les travailleurs âgés.
Ce à quoi on essaie d'arriver ensemble, avec les partenaires du Québec, c'est une meilleure analyse des besoins de main-d'oeuvre. On veut également trouver comment créer un équilibre entre la demande et l'offre de travail. Cela nécessite évidemment une concertation.
J'ajouterai, puisqu'on parle de formation, que j'ai entendu un de vos collègues parler du Sceau rouge tout à l'heure. Je voudrais rappeler qu'au Québec, il y a une petit problème en ce qui a trait au Sceau rouge. Environ 70 métiers qui reçoivent une reconnaissance professionnelle rigoureuse ne peuvent pas faire partie du Sceau rouge parce que ce genre de métier ne trouve pas de reconnaissance professionnelle ailleurs. On aimerait bien que le Sceau rouge reconnaisse ces gens car des sommes d'argent y sont aussi liées.
Je reviens plus précisément à votre question. Il y a des gens qui ne pourront pas trouver d'autre travail parce qu'ils n'ont pas certaines aptitudes, certaines habiletés ou certaines capacités. Des programmes existent pour faire face à ces situations. Vous savez qu'à cause du déficit démographique au Québec, on demande maintenant d'apporter des changements au Régime de pensions, à la Régie des rentes du Québec, afin de trouver des incitatifs pour permettre à des gens de travailler même s'ils sont plus âgés. Pour ma part, je ne réglerais pas tout de suite la question de l'âge. En effet, les besoins de main-d'oeuvre et les occasions de travail pour les gens plus âgés seront très grandes dans l'avenir car il y aura un manque de main-d'oeuvre par rapport au travail disponible.
Pour revenir à votre question, je dirai qu'il y a certainement des situations pour lesquelles on ne peut pas trouver de solution. Il faut donc créer des programmes sociaux pour soutenir les gens qui n'ont pas les capacités, les habiletés nécessaires ou les possibilités de trouver un emploi.