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Merci. Je suis heureuse de témoigner devant votre comité au nom de l'Association des collèges communautaires du Canada.
Notre association représente 150 collèges, instituts de technologie, cégeps, écoles polytechniques et collèges universitaires du Canada. Nous avons plus d'un millier de campus répartis dans toutes les régions du pays, qu'elles soient urbaines, rurales, autochtones, francophones et anglophones. Les collèges sont enracinés dans les collectivités qu’ils servent et, par conséquent, ils sont étroitement liés à leur développement économique et social. Chose certaine, les travaux du comité sur la pauvreté intéressent vivement nos établissements. Ceux-ci accueillent tous les types d'apprenants. D'ailleurs, une plus grande proportion d'apprenants à faible revenu étudient dans nos collèges et instituts, comparativement aux autres établissement du pays.
Par notre exposé d'aujourd'hui, nous voulons démontrer à quel point la transformation démographique et économique pourrait contribuer à diminuer la pauvreté au pays. Notre succès économique futur dépend de la maximisation des niveaux de compétence de tous les Canadiens. Nous ne pouvons pas, à titre de pays, continuer d'ignorer cette réalité.
Malgré le ralentissement économique, le Canada continue de souffrir d'une pénurie aiguë de main-d’œuvre spécialisée, et la situation menace la productivité et la compétitivité de nos industries. Nous avions soulevé ce problème avant la présente récession, et nos partenaires de l'industrie, dans le cadre d'une coalition nationale composée de représentants du milieu des affaires, continuent de dire que cette pénurie paralyse l'économie de notre pays.
Compte tenu de la baisse du taux de natalité, nous devons absolument accroître notre productivité et notre compétitivité. Pour ce faire, tous les groupes de la société canadienne doivent participer à ces programmes.
Sachez que le Programme d'infrastructure du savoir a été d'une grande aide pour nos établissements. Nous tenons à le souligner.
Par ailleurs, il y a de longues listes d'attente pour s'inscrire dans les collèges et instituts du Canada. Les listes d'attente et le manque de capacité des collèges et des instituts étaient une triste réalité avant même le ralentissement économique. Ces listes s'allongent, étant donné le nombre de personnes qui perdent leur emploi et qui doivent faire appel à l'assurance-emploi. Il s'agit d'une situation préoccupante dans presque toutes les régions du pays, bien que certaines soient plus touchées que d'autres.
En ce qui a trait aux apprenants défavorisés — je suis sûre que Paul Cappon reviendra sur la question plus tard —, sachez qu'il y a un lien évident entre la pauvreté et le niveau de scolarité. Les personnes à faible revenu sont moins susceptibles d'entreprendre des études postsecondaires. Nombreux sont ceux qui ont besoin de programmes de transition et d'alphabétisation pour mieux pallier leurs lacunes en matière de compétence en vue de pouvoir poursuivre des études postsecondaires. Les apprenants à faible revenu et les personnes vivant dans la pauvreté sont confrontés à plusieurs autres obstacles.
Le comité sait sans aucun doute que 42 p. 100 de la population canadienne ne possèdent pas le niveau d'alphabétisation nécessaire pour satisfaire aux exigences de la société d'aujourd'hui. Si le gouvernement ne s'occupe pas de ces problèmes, il met en péril l'avenir même du pays.
Pour ce qui est des programmes d'assurance-emploi, même si on y a apporté quelques ajustements pour faire face au ralentissement économique, nous sommes très préoccupés par la durée de la période d'admissibilité aux programmes de formation avancée dont les gens ont besoin pour assurer l'avenir du pays. Les gens figurent souvent sur des listes d'attente. Ils sont admissibles à l'assurance-emploi et ils sont mis sur une liste d'attente, sauf que leurs prestations prennent fin avant qu'ils puissent acquérir des compétences avancées. La situation devient de plus en plus problématique. Nous recommandons certainement de prolonger la période d'admissibilité aux programmes d'assurance-emploi.
En ce qui concerne les programmes offerts aux apprenants qui souhaitent faire la transition aux études postsecondaires — un domaine où les collèges et les instituts sont essentiels —, les ressources nécessaires sont fragmentées au sein des gouvernements fédéral, provinciaux et territoriaux ainsi que des administrations municipales et autochtones. Cela suscite beaucoup de confusion chez nos établissements et nos agents chargés de l'aide financière. La situation est encore plus complexe pour les personnes concernées qui essaient de se sortir de la pauvreté.
Il y a également d'importantes inégalités entre les programmes. Par exemple, une personne qui passe d'un programme d'assistance sociale à un autre pourrait perdre ses prestations pour enfants ainsi que ses prestations pour soins de santé et dentaires. Cette situation préoccupe vivement les gens défavorisés, particulièrement ceux qui veulent entreprendre des études postsecondaires ou suivre des programmes de transition.
Par ailleurs, le gouvernement fédéral contribue aux programmes d'aide sociale par l'intermédiaire du Transfert social canadien, soit le même mécanisme utilisé pour appuyer l'éducation postsecondaire. Lorsque les gens ne sont plus admissibles aux programmes d'assurance-emploi, ils se tournent souvent vers les programmes d'aide sociale. Nous craignons donc que les besoins d'aide sociale entraînent une baisse du financement accordé aux études postsecondaires. Nous voulons nous assurer que les prestataires d'aide sociale puissent avoir accès à ces programmes d'études.
Le Programme de subventions canadiennes pour études, destiné aux étudiants de niveau postsecondaire et fondé sur les besoins, est une mesure positive. Toutefois, sachez qu'une subvention de 250 $ par mois est loin d'être suffisante pour subvenir à ses besoins. C'est pourquoi nous recommandons l'élargissement du programme afin de faciliter l'accès aux participants à faible revenu, particulièrement ceux qui vivent dans les régions du pays où le coût de la vie est plus élevé.
Le Programme d'aide aux étudiants de niveau postsecondaire d'Affaires indiennes et du Nord Canada impose un plafonnement annuel de 2 p. 100 à l'échelle nationale pour les hausses depuis 1996. Selon l'Assemblée des Premières Nations, plus de 10 000 étudiants admissibles attendent une aide financière. C'est un grave problème. Nombreux sont ceux qui terminent leurs études secondaires et qui n'ont pas accès à l'enseignement postsecondaire.
J'aimerais attirer votre attention sur un graphique très complexe qui figure dans notre document. Il y a un an, nous avons entrepris une étude sur les programmes et services offerts aux apprenants désavantagés ou inadéquatement préparés aux études dans les collèges et instituts. Les établissements et leurs partenaires communautaires et commerciaux soutiennent l'apprentissage grâce à un éventail de programmes et de services. Vous trouverez également notre rapport complet dans la documentation.
Cela peut vous paraître inhabituel, surtout lorsqu'il est question de pauvreté, mais sachez que les petites et moyennes entreprises jouent un rôle primordial. Ce sont les PME qui créent des emplois au pays. En collaboration avec les entreprises, les collèges effectuent des activités de recherche appliquée afin d'accroître leurs capacités d'innovation et de production. Il n'y a pratiquement aucun financement alloué à la recherche appliquée dans les laboratoires des collèges et du secteur privé. Par conséquent, nous recommandons que 5 p. 100 de l'investissement fédéral dans la recherche soit accordé aux collèges et à leurs partenaires afin que les entreprises puissent créer des emplois et ainsi être innovatrices pour l'avenir.
À la dernière page de notre rapport, nous avons formulé plusieurs recommandations, dont quelques-unes ont déjà été mentionnées. Nous voulons collaborer avec les provinces pour veiller à ce que les paiements de transfert destinés à l'enseignement postsecondaire servent aux fins prévues et que les collèges et instituts en reçoivent la proportion qui leur revient. Ensuite, il faudrait maintenir les investissements dans le capital humain et l'infrastructure du savoir, particulièrement dans l'infrastructure matérielle. La plupart des collèges et des instituts ont été établis au milieu des années 1960, à titre d'établissements d'enseignement postsecondaire révolutionnaires. L'infrastructure tombe en morceaux, et nous devons à tout prix répondre aux besoins d'expansion et de renouvellement des installations des collèges si nous voulons accueillir les étudiants et accroître notre capacité pour le futur. Évidemment, nous avons parlé de la fragmentation et du financement de courte durée des programmes d'alphabétisation, de formation de base des adultes, d'enseignement secondaire et postsecondaire.
Nous recommandons d'augmenter les subventions canadiennes pour études versées aux étudiants de niveau postsecondaire. Les collèges jouent un rôle important, de concert avec les petites et moyennes entreprises, particulièrement dans les communautés rurales, éloignées et tributaires de l'industrie primaire, mais aussi dans les régions métropolitaines du pays, en matière de recherche appliquée, de développement de produits, de capacité d'innovation et d'appui aux apprenants afin que ceux-ci puissent obtenir des emplois dans ces domaines.
Nous avons formulé quelques autres recommandations sur la prolongation de la période d'admissibilité aux programmes de formation de l'assurance-emploi et sur la possibilité d'organiser un sommet national regroupant les partenaires communautaires, l'industrie, les gouvernements, les établissements postsecondaires et autres secteurs pour étudier la question de la pauvreté. Nous sommes d'avis que nous allons compromettre la compétitivité de notre pays si nous restons inactifs face à la pauvreté et aux 42 p. 100 de Canadiens aux prises avec des problèmes d'alphabétisation.
Les collèges et instituts sont de véritables partenaires dans la lutte contre la pauvreté au pays. Depuis leur création, ces établissements ont toujours pris des mesures pour réduire la pauvreté, et nos membres espèrent pouvoir continuer de le faire en collaboration avec le gouvernement fédéral et toutes les collectivités qu'ils desservent.
Merci.
Je vais d'abord faire quelques brèves observations, puis je vais céder la parole à notre secrétaire général, M. Calvin Fraser.
Je tiens à vous remercier de nous donner l'occasion de comparaître devant vous aujourd'hui. Les enseignants, qu'ils soient au niveau de la petite enfance ou au niveau tertiaire, sont tous les jours témoins de la pauvreté, alors il est très important que nous puissions nous exprimer sur la question.
J'aimerais également vous féliciter pour la façon dont vous avez exposé la situation. Vous nous avez demandé « comment » le gouvernement fédéral pourrait contribuer à diminuer la pauvreté. On ne nous aurait pas dit ça il y a 20 ou 30 ans; on nous aurait plutôt demandé « si » le gouvernement pourrait contribuer à diminuer la pauvreté. D'ailleurs, je vous en félicite. À mon avis, le simple fait que vous ayez employé le mot « comment » démontre un ferme engagement de votre part, et je vous en remercie.
Vous avez notre mémoire entre les mains, et Calvin le parcourra avec vous.
La Fédération canadienne des enseignantes et des enseignants est une organisation bénévole qui représente des associations d'enseignants de partout au Canada. Elle agit à titre de porte-parole nationale pour près de 200 000 enseignants aux niveaux élémentaire et secondaire. En tant qu'enseignants, nous sommes témoins de la pauvreté qui accable les enfants, et il est important que tous les enfants aient le droit de profiter pleinement de l'éducation financée par l'État. Il ne suffit pas seulement d'y avoir accès; il faut aussi obtenir les résultats.
Les enseignants insistent sur quelques points, dont l'espoir. L'une des choses que les enseignants donnent aux enfants, à leurs parents et à leurs grands-parents, c'est l'espoir qu'ils puissent réaliser leur plein potentiel afin de jouir d'un meilleur avenir.
Vous trouverez nos recommandations à la dernière page de notre mémoire.
Je vais maintenant m'en remettre à Calvin pour tous les détails.
Merci.
Encore une fois, je tiens à vous remercier de nous avoir invités à comparaître devant vous aujourd'hui.
Je n'ai pas l'intention de tout vous lire notre mémoire. On vous l'a transmis à l'avance, et je suis sûr que vous avez eu ou aurez l'occasion de le lire. J'espère que vous vous y référerez pour rédiger vos propres rapports et même mener vos activités en dehors des séances du comité.
Prenons la première page intitulée « La pauvreté des enfants dans le contexte canadien ». De toute évidence, en tant qu'enseignants, la pauvreté infantile est une réalité à laquelle nous faisons face tous les jours. La pauvreté des enfants présente simplement un portrait de la véritable situation partout au pays. Toutefois, nous estimons que les gouvernements fédéral et provinciaux, de même que les organisations comme nous, doivent assumer conjointement la responsabilité d'oeuvrer auprès des enfants pour contribuer à bâtir l'avenir. C'est sur cette responsabilité que nous voulons insister dans cette section particulière du rapport.
À la deuxième page, nous nous sommes davantage attardés sur les sentiments que peuvent éprouver les enfants, leur vulnérabilité, et la raison pour laquelle, à notre avis, nous sommes en train de perdre certains de nos éléments les plus prometteurs dans ce pays. Lorsqu'un enfant craint de demander à sa mère des chaussures de sport parce qu'il sait que sa famille n'a tout simplement pas les moyens de lui en acheter, quel effet pensez-vous que cela aura sur lui? Évidemment, il y en a beaucoup. Je suis certain que dans une économie mondiale aussi compétitive, le gouvernement fédéral est aussi préoccupé que nous par le potentiel que nous perdons, et c'est un problème auquel nous voulons nous attaquer avec vous.
La page suivante, intitulée « Un appel à l'action », établit clairement que nous n'abandonnons pas notre responsabilité, mais plutôt que nous sollicitons votre aide pour contrer la pauvreté chez les enfants au Canada. Comme Emily l'a dit précédemment, nous avons été très impressionnés par les directives que vous avez données aux témoins, l'orientation que le comité a déjà prise et la sincérité de vos travaux. Nous vous sommes très reconnaissants de votre désir de collaborer à l'atteinte d'objectifs communs.
Il y a quelques autres questions particulières qui ont été mises en évidence sur cette page. Les Autochtones et les immigrants sont de bons exemples de groupes où la responsabilité fédérale est plus grande que la responsabilité provinciale. Chose certaine, le gouvernement fédéral doit absolument intervenir à ce chapitre. Encore une fois, il conviendrait d'abord de se pencher sur la situation des jeunes et sur la composition des classes afin de déterminer les mesures à prendre.
À la page 4, nous reconnaissons que le gouvernement fédéral apporte une aide précieuse. Nous avons indiqué que le taux de pauvreté des enfants et des familles aurait été de 10 p. 100 plus élevé sans les investissements publics. Ce n'est pas négligeable. Par contre, le fait que nous soyons encore en difficulté démontre que cette intervention n'est pas suffisante. Nous devons faire beaucoup plus et collaborer ensemble.
Nous avons également noté, dans les directives que vous nous avez soumises, que le comité avait déjà observé les bienfaits d'une intervention fédérale. Quand on examine la situation au Royaume-Uni, en Irlande ou en Nouvelle-Zélande, on constate qu'il y a des possibilités et des avantages à travailler ensemble.
La dernière page mérite qu'on s'y attarde quelques instants, en commençant par les quatre pierres angulaires proposées par le Conseil national du bien-être social: une vision, un plan d'action, une structure de reddition de comptes et une série d'indicateurs pour mesurer les résultats. Nous avons ensuite formulé des recommandations correspondant à ces quatre éléments auxquels nous souscrivons tous.
L'essentiel à retenir dans ce qui suit, c'est que tout est une question d'engagement. Une fois que la volonté y est, il y a toujours moyen d'atteindre le but. La réalisation des objectifs et la mise en oeuvre des recommandations exigeront probablement une collaboration interministérielle, car il est pratiquement impossible de tout confier à un seul ministère fédéral. Il faut probablement voir le tout comme un projet assorti d'objectifs ciblés et réalisables qui pourront servir de tremplin pour passer à l'étape suivante. Il faudra probablement utiliser les programmes existants et miser sur les succès déjà obtenus. Il faut probablement cibler l'éducation, particulièrement celle qui est destinée aux groupes qui sont de compétence fédérale, notamment les groupes autochtones et les immigrants. Enfin, il faudra probablement y faire participer des partenaires qui n'ont pas habitude de s'engager dans de pareilles activités.
Les groupes venus témoigner aujourd'hui sont capables de cerner les besoins et d'observer les effets des efforts déployés. Ils sont capables de communiquer et de faire rayonner davantage l'action du gouvernement fédéral. Je ne puis trop insister sur le fait que, si la volonté est au rendez-vous, il y a toujours un moyen et que ces groupes sont prêts à vous épauler.
Je vous remercie.
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Bonjour. Au nom des 10 000 membres de la Fédération canadienne des femmes diplômées des universités, je remercie le comité de m'avoir invitée à prendre la parole.
La fédération est un organisme autofinancé apolitique qui regroupe des femmes et étudiantes diplômées de 118 associations réparties un peu partout au pays. À son avis, le fait que le comité a choisi d'étudier le problème de la pauvreté profonde et continue dans un pays comme le nôtre qui est à la fois riche et prospère est de plus haute importance. Aujourd'hui, j'aimerais vous entretenir du lien entre la pauvreté et le genre.
Les femmes représentent la majorité des pauvres au Canada. De fait, une femme sur sept, soit quelque 2,4 millions de Canadiennes, vivaient dans la pauvreté en 2004. Cette pauvreté affecte les femmes différemment selon différents facteurs. La question est complexe et elle inclut l'âge, l'emploi, la race, l'orientation sexuelle et d'autres facteurs de ce genre.
J'aimerais vous lire un extrait du numéro du bulletin intitulé « Les femmes et la pauvreté » publié en 2005 par l'Institut canadien de recherches sur les femmes.
En Ontario, une mère seule avec un enfant reçoit 957 $ par mois d'aide sociale avant déductions. Elle paie 675 $ pour le loyer et 200 $ pour l'épicerie. Il lui reste 82 $ pour payer les factures (électricité, téléphone, et chauffage), la lessive, le transport, les besoins scolaires de son enfant... Elle doit expliquer à son enfant pourquoi il ne peut pas aller à la sortie éducative avec ses camarades de classe; pourquoi ses camarades de classe le taquinent parce qu'il porte des vêtements à l'occasion usés; pourquoi il ne peut pas aller à la fête d'un ami parce qu'il n'a pas d'argent pour acheter un petit cadeau; pourquoi il ne peut pas participer à la journée des hot-dogs à l'école parce qu'il faut de l'argent; pourquoi le lait a un goût différent parce qu'elle a dû le diluer avec de l'eau; pourquoi, à la fin du mois, ils doivent se rendre à la banque alimentaire parce qu'il n'y a plus rien à manger. Elle doit côtoyer des personnes à revenu plus élevé qui, remplies de bonnes intentions, lui suggèrent de faire ses achats en grosse quantité alors qu'elle n'a pas de voiture, ni les moyens financiers pour le faire. Soudain, la manière dont elle dépense son argent et les personnes avec qui elle sort deviennent des affaires publiques; on la critique si elle s'accorde une gâterie pour atténuer sa dépression ou pour faire plaisir à son enfant. Être pauvre, c'est avoir des possibilités limitées et non mal gérer son budget. Se débrouiller avec très peu d'argent, c'est comme travailler sept jours sur sept, sans vacances ni répit. La pauvreté use le corps et l'âme.
Cette misère noire affecte disproportionnellement les femmes au Canada. En 2006, les familles monoparentales dirigées par des femmes avaient une rémunération médiane de 30 958 $. Par contraste, celle de leurs homologues masculins était de 47 943 $. Du fait que le nombre de familles monoparentales canadiennes dirigées par des femmes dépasse le million, cet écart entraîne de la disparité et réussit à faire comprendre la raison pour laquelle la réalité des femmes touche inévitablement les enfants.
La Fédération canadienne des femmes diplômées des universités s'efforce de persuader sur les scènes internationale, nationale, provinciale et locale les élus de se porter à la défense des intérêts des femmes et des jeunes filles. Le problème de la pauvreté a toujours existé au Canada, tout au long de ses 90 ans d'histoire. Comme la lutte contre la pauvreté dure depuis longtemps, nous avons été à même de constater que les gestes symboliques ne sont pas efficaces. La question est complexe, elle est interreliée, de sorte que certains groupes de femmes risquent plus que d'autres de s'enliser dans une pauvreté profonde.
Les Canadiennes continuent de faire face à un écart salarial persistant qui s'est légèrement rétréci depuis les années 1980. Actuellement, une femme qui travaille à temps plein gagne 71 ¢ pour chaque dollar gagné par un homme. Les travailleuses qui occupent des emplois à temps partiel et saisonniers gagnent 54 ¢, les femmes de couleur, 38 ¢, et les femmes autochtones, seulement 46 p. 100 de ce que gagnent les hommes.
La tendance s'intensifie et l'écart grandit pour les femmes qui ont fait des études postsecondaires. En 1985, les femmes diplômées d'universités gagnaient 75 p. 100 de ce que gagnent les hommes, un taux qui avait reculé à 68 p. 100 en 2005.
L'iniquité salariale est lourde de conséquences, par exemple des prestations de maternité et des prestations parentales réduites et une plus grande probabilité d'être pauvre à la vieillesse en raison de prestations réduites du RPC et du RRQ.
Selon la fédération, il existe déjà un cadre clair en place pour régler le problème de l'iniquité salariale grâce à des lois proactives adoptées par le gouvernement fédéral. Le groupe de travail sur l'équité salariale a, dans son rapport de 2004, recommandé l'adoption d'une nouvelle loi autonome d'équité salariale qui s'appliquerait aux femmes ainsi qu'aux travailleurs de couleur, aux travailleurs autochtones et aux travailleurs handicapés. Les recommandations faites dans le rapport sont complètes. Elles indiquent clairement la voie à suivre et représentent des modèles utiles dont peuvent s'inspirer l'Ontario et le Québec pour instaurer de manière proactive l'équité salariale. Aucun gouvernement n'a encore mis en oeuvre les recommandations du rapport, et l'inclusion récemment de la Loi sur l'équité dans la rémunération du secteur public dans le projet de loi de mise en oeuvre du budget risque d'affaiblir le peu de recours dont disposent actuellement les femmes en la matière.
Les garderies de qualité à prix abordable représentent un autre moyen important de sortir de la pauvreté, et en plus d'être essentielles pour soutenir l'emploi et l'apprentissage, elles constituent aussi une stratégie pour réaliser l'égalité des femmes, un élément important de la réconciliation avec nos peuples autochtones et la clé à l'inclusion sociale des nouveaux venus au Canada. Malgré tout cela, le Canada est le membre de l'OCDE qui dépense le moins en éducation de la petite enfance et il se classe au dernier rang dans les évaluations internationales pour l'accès aux soins éducatifs à la petite enfance et leur qualité.
Il faut absolument que le gouvernement fédéral se consacre à cette composante de base de la lutte à la pauvreté en créant un réseau national de garderies à but non lucratif. Il pourrait commencer notamment par rétablir le financement pluriannuel fédéral versé aux provinces au moyen de transferts de capitaux réservés à cette fin. L'argent devrait être versé à des services de garderie communautaires, pour que les provinces et les territoires puissent commencer à offrir cette aide névralgique aux soins à l'enfance.
Les normes de soins et de services qui ont cours dans les provinces et les territoires de même qu'au Canada et dans d'autres pays qu'on dit avancés, y compris au sein du G-8, exigent une action vigoureuse et généralisée.
Actuellement, l'assurance-emploi est un programme essentiel qui permet aux chômeuses de vivre et de faire vivre leurs familles pendant qu'elles se cherchent un nouvel emploi. Les prestations d'assurance-emploi sont consacrées à l'acquisition des biens de première nécessité et, lorsqu'elles sont suffisantes, elles peuvent empêcher des familles de sombrer dans la pauvreté après la perte d'un emploi.
Toutefois, les règles des programmes d'assurance-emploi excluent ou pénalisent indûment les femmes parce qu'elles ne tiennent pas compte du fait que les régimes de travail des femmes sont différents de ceux des hommes. Bien que la grande majorité des femmes adultes fasse du travail rémunéré, les régimes de travail atypiques en excluent beaucoup des prestations d'assurance-emploi, tout comme les périodes d'absence du travail pour prendre soin des enfants ou d'autres personnes. Toutes ces responsabilités rendent encore plus difficile pour les femmes l'accessibilité à l'assurance-emploi. Après deux ans d'absence du marché du travail, le nombre d'heures requises passe d'une fourchette allant de 420 à 700 heures à 910 heures d'emploi, c'est-à-dire plus de six mois d'emploi à temps plein. Par conséquent, en 2004, 32 p. 100 seulement des femmes sans emploi ont établi leur admissibilité à des prestations régulières d'assurance-emploi, par rapport à 40 p. 100 des hommes au chômage.
L'écart est encore plus grand si l'on s'arrête aux prestations moyennes. En 2006-2007, les femmes touchaient des prestations moyennes de 298 $ par semaine, contre 360 $ chez les hommes. Les femmes sont admissibles pour de plus courtes périodes, en moyenne. En 2005-2006, 30 p. 100 des femmes avaient épuisé leurs prestations régulières, contre 26 p. 100 des hommes. Le fait le plus éloquent, c'est que seulement le tiers environ du montant total des prestations régulières d'assurance-emploi est versé à des femmes, bien que les femmes soient actuellement presque aussi actives que les hommes sur le marché du travail rémunéré.
La fédération appuie sans équivoque trois modifications aux programmes d'assurance-emploi: un seuil d'admissibilité de 360 heures de travail partout au pays pour permettre à plus de femmes d'y avoir droit, si elles perdaient leur emploi à temps partiel ou leur emploi occasionnel; 50 semaines de prestations, de manière à ce que moins de chômeuses épuisent leurs prestations; des prestations hebdomadaires plus élevées, calculées en fonction des 12 meilleures semaines de rémunération avant la mise à pied. De pareils changements aux programmes de l'assurance-emploi sont essentiels pour empêcher que la perte temporaire d'un emploi se transforme en condamnation à la pauvreté perpétuelle.
Dernier point, j'aimerais attirer l'attention du comité sur le fait que dans sa réponse au rapport périodique de mai 2006, le Comité des Nations Unies sur les droits économiques, sociaux et culturels a souligné que rien n'empêche le Canada de prendre les mesures nécessaires pour mettre fin à la pauvreté. Ce n'est donc pas une question de ressources, mais bien de priorités et de volonté politique.
Au nom de toutes les membres de la Fédération canadienne des femmes diplômées des universités, je vous prie instamment d'examiner ces recommandations visant à amoindrir la pauvreté qui frappe tant de femmes au Canada.
Je vous remercie de l'invitation à témoigner.
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Bonjour, tout le monde.
Monsieur le président, je vous remercie vivement de l'invitation à comparaître encore une fois devant le comité permanent. Je me permets quelques observations à propos de l'oeuvre et de l'engagement de ce comité, avant d'entrer dans le vif du sujet.
[Traduction]
J'aimerais souligner à quel point j'apprécie les excellentes contributions du comité à notre société. Bon nombre d'entre nous, lorsque nous lisons les délibérations de la Chambre et de ses divers groupes de travail, voyons le comité comme l'un des plus efficaces, des moins sectaires et des plus sérieux. On ne peut qu'admirer sa façon de fonctionner, sa collégialité et les résultats qu'il obtient. Le temps consacré à votre comité n'est pas une perte.
Je ne vais pas vous faire un long exposé, parce que je sais que vous avez déjà reçu le texte de nos notes et que nous déposerons un mémoire officiel.
[Français]
Le moyen que je prendrai aujourd'hui afin de contribuer à vos délibérations est tout simplement de répondre, tour à tour, à certaines des questions que vous avez posées aux intervenants qui ont comparu devant le comité.
Le comité demande d'abord comment nous estimons que la pauvreté devrait être évaluée. Le CCA, évidemment, n'évalue pas directement la pauvreté. Notre approche est plutôt la suivante: on tente d'établir comment l'apprentissage peut renforcer la stabilité de l'emploi en réduisant le nombre de périodes de chômage, comment il peut augmenter les revenus potentiels, multiplier les possibilités d'emploi et comment il peut contribuer à l'amélioration de la qualité de la vie et à la santé de l'ensemble des Canadiens. On analyse également la contribution de l'apprentissage à l'action communautaire et citoyenne. De nos jours, des gens doivent poursuivre leur apprentissage tout au long de leur vie, afin de maintenir leurs compétences à niveau.
[Traduction]
Quant au rôle que le gouvernement devrait assumer dans la lutte à la pauvreté au Canada, vous trouverez dans les notes une énumération de quelque six ou huit points qui gravitent tous autour du fait que, quand nous agissons, nous pourrions le faire mieux. Nous pourrions mieux faire le lien entre les Canadiens et les possibilités d'acquisition de compétences et d'apprentissage en milieu de travail tout au long de la vie. Nous pourrions faire un bien meilleur arrimage entre l'information sur le marché du travail et l'éducation postsecondaire.
J'aimerais simplement vous faire remarquer brièvement qu'il est assez ironique, quand on veut fournir de l'information et des données d'analyse aux Canadiens, qu'il soit si difficile de les obtenir et qu'il faille payer pour obtenir des données sur la pauvreté. Pour que votre comité, un groupe de recherche ou une organisation militante du Canada puisse obtenir des données sur la pauvreté de Statistique Canada, il faut qu'il paie, parfois une somme plutôt coquette.
Il en va de même pour les données sur le marché du travail. Vous l'avez peut-être constaté cette semaine dans les reportages sur l'étude du marché du travail dirigée par Don Drummond. Nous souhaitons informer les Canadiens des possibilités d'emploi, j'espère, si nous tenons à réduire la pauvreté. Or, il est très difficile de le faire si l'accès à l'information connue est trop restreint — de l'information qui, au départ, n'est pas suffisamment cohérente et accessible.
Quant à ce que pourrait faire de plus le gouvernement pour réduire la pauvreté, je propose 10 stratégies modelées sur les 10 commandements — mais comme elles visent le gouvernement fédéral, je parlerai de contributions —, suivi de huit autres stratégies plus précises. C'est ainsi que nous les qualifierons.
Un, il faut tout d'abord expliquer et promouvoir les avantages de l'acquisition continue du savoir. Le Conseil canadien sur l'apprentissage le fait grâce à son indice composite de l'apprentissage, qui mesure les conditions d'apprentissage au sein de la société. Notre quatrième indice annuel sera rendu public jeudi prochain. Il faut s'intéresser à ce que font d'autres pays. Le Royaume-Uni a un rapport complet, que votre comité consultera, j'espère, sur l'acquisition continue du savoir qu'il voit comme un éventuel moyen important de lutte contre la pauvreté. Certaines des recommandations faites au Royaume-Uni s'appliquent tout aussi bien au Canada.
Deux, nous pouvons encourager les employeurs à offrir plus de formation, ce qui contribuera à réduire la pauvreté à long terme. Lors d'un témoignage antérieur devant votre comité, le Conseil canadien sur l'apprentissage avait énoncé les cinq principes qui, selon lui, devraient guider l'aide consentie par le gouvernement aux employeurs qui en offrent.
Trois, il faut mieux faire connaître l'évaluation et la reconnaissance des acquis. Il est question des connaissances acquises de manière officielle ou officieuse dans le passé dont, bien souvent, on ne tient pas compte. Le Conference Board du Canada, comme vous le remarquerez dans nos notes, a laissé entendre que les Canadiens, si leur apprentissage était mieux reconnu, accroîtraient ainsi leur revenu annuel de 6 milliards de dollars, ce qui aurait un impact considérable dans la vie de certains qui vivent actuellement sous le seuil de la pauvreté.
L'an dernier, nous avons produit, avec des collègues, un rapport qui fournit beaucoup de précisions sur l'évaluation et la reconnaissance des acquis qui se font dans diverses provinces canadiennes, mais pas vraiment à l'échelle nationale.
Quatre, on pourrait promouvoir la reconnaissance de l'apprentissage informel — c'est-à-dire qui n'a pas été fait en salle de classe. Notre rapport annuel sur l'état de l'apprentissage le fait, selon moi, de manière très soutenue.
Cinq, il faut encourager les syndicats à tisser de solides relations de travail avec le patronat en vue de cerner efficacement les besoins de formation.
Six, nous avons besoin d'un mécanisme souple et accessible de prestation de services d'éducation aux adultes. Lorsqu'elle a évalué les systèmes d'éducation aux adultes du Canada, l'OCDE estimait que le nôtre manquait de cohésion et d'accessibilité parce que cette éducation n'était pas bien structurée au Canada.
Sept, il faut encourager la coopération entre les intéressés en matière de formation continue.
Huit, il faut favoriser le rayonnement d'une culture de l'apprentissage en milieu de travail. J'ai déjà mentionné le besoin d'encourager les employeurs à en faire plus à cet égard.
Neuf — et la FCE et d'autres l'ont déjà mentionné —, il faut cibler la population de travailleurs les moins qualifiés en investissant dans l'éducation des jeunes enfants, en lançant des initiatives à cet égard et en accroissant chez les adultes le taux de litératie, le taux de numératie et les compétences en matière de technologies de l'information. Bien qu'il faille en faire beaucoup plus chez les jeunes enfants, l'apprentissage a un impact intergénérationnel. Si nous pouvons en faire plus pour les parents et les grands-parents, ils en feront davantage pour leurs enfants parce que, naturellement, le milieu le plus important pour l'apprentissage chez les jeunes enfants est le milieu familial.
Dix, il faut reconnaître qu'il n'y a pas que les chômeurs qui sont vulnérables. Dès 2002, plus de 600 000 Canadiens étaient des travailleurs pauvres, un nombre qui a probablement augmenté depuis lors.
Quant aux huit stratégies plus précises que nous soumettons au gouvernement, elles s'ajouteraient aux mesures déjà prévues dans le plan d'action économique du Canada.
Premièrement, nous devons augmenter l'investissement stratégique dans l'infrastructure humaine, selon l'expression que nous employons, d'une façon proportionnelle aux investissements fédéraux dans l'infrastructure matérielle.
Deuxièmement, il faut offrir des incitatifs financiers pour encourager les entreprises à offrir de la formation et les particuliers à suivre les cours destinés aux adultes. Il faut cependant intervenir prudemment et ponctuellement. Nous ne voulons pas que l'argent soit accordé aux entreprises simplement parce qu'il s'agit de leur domaine. C'est pourquoi nous avons établi les principes susceptibles de régir l'octroi de ces montants aux entreprises.
Troisièmement, il faut fournir un soutien non financier aux employeurs. C'est probablement encore plus important parce qu'ils ne savent pas souvent quelle formation offrir à leurs employés. Il faut leur donner des renseignements, des conseils et des services d'aiguillage; il faut mettre en oeuvre des systèmes nationaux de reconnaissance des compétences et d'accréditation, y compris la reconnaissance des acquis, comme je lai déjà mentionné. Il faut appuyer leurs solutions novatrices en matière de formation et favoriser la communication des pratiques exemplaires à ce chapitre. De nombreuses pratiques exemplaires sont en vigueur au Canada, mais très peu d'entre elles sont connues dans l'ensemble du pays.
Quatrièmement, nous devons appuyer et promouvoir l'élaboration de programmes de formation novateurs s'adressant aux groupes à risque, comme le recyclage destiné aux travailleurs âgés et les programmes d'alphabétisation. Vous savez peut-être que 42 p. 100 des Canadiens ne répondent pas à la norme internationale en matière d'alphabétisation des adultes.
Cinquièmement, je le répète, nous devons offrir notamment des perspectives de formation et de perfectionnement des compétences ainsi que des programmes de réaménagement des effectifs pour nous assurer que l'offre de main-d'oeuvre correspond mieux à la demande.
Sixièmement, il faut faciliter la prise de décisions par les particuliers, les entreprises et les intervenants en tenant compte davantage de l'information sur le marché du travail dans l'élaboration des services de soutien, des services de counselling et des programmes de formation postsecondaire des adultes, conformément aux recommandations que devrait formuler, selon moi, le Comité d'information sur le marché du travail.
Septièmement, il faut financer la recherche pour trouver les méthodes d'apprentissage qui permettent aux entreprises et aux travailleurs canadiens de mieux s'adapter et de lutter contre la pauvreté. Cette recherche est essentielle parce qu'elle nous permet d'établir des normes, de mesurer et de signaler les progrès accomplis, ainsi que de dégager les critères rigoureux sur lesquels fonder les politiques, programmes et services qui s'adresseront aux entreprises et aux travailleurs canadiens.
Enfin, huitièmement, il faut élaborer des politiques gouvernementales justifiées et ouvertes sur l'avenir qui permettront aux entreprises et aux travailleurs canadiens de s'adapter à l'économie, aux services et aux technologies sur le plan écologique.
[Français]
Enfin, le comité demande quelles stratégies et solutions de réduction de la pauvreté notre organisation offre actuellement. Je pense avoir déjà dit que de notre côté, évidemment, on fait valoir l'importance de l'éducation et de l'apprentissage. On estime qu'investir pour mesurer et nourrir notre propre potentiel, notre infrastructure humaine, offre des avantages aussi importants et probablement plus durables que l'investissement dans les routes, les édifices et l'équipement.
Merci beaucoup.
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Merci, monsieur le président.
Je remercie également les témoins de leur présence.
J'ignore par où commencer. Nous avons quatre organisations qui, nous le savons, accomplissent de grandes choses au Canada. C'est avec plaisir que nous vous accueillons. Je pense que l'une de mes organisations préférées est la Fédération canadienne des enseignantes et des enseignants, et je vais vous dire pourquoi.
Lorsqu'elle rencontre les députés, la Fédération canadienne des enseignantes et des enseignants ne parle pas du régime de pension, des salaires ou de tout autre question essentielle touchant ses membres, mais elle aborde plutôt les plus grands enjeux. Il y a deux ou trois ans, ce fut la pauvreté. L'année dernière ou l'année précédente, ce fut la pauvreté dans les autres pays et les mesures prises par la fédération pour venir en aide aux pays qui en ont besoin. La pauvreté infantile est également un problème au Canada actuellement.
Emily, vous avez accompli un travail magnifique comme présidente, et je sais que votre remplaçante vient de la Nouvelle-Écosse. Mary-Lou Donnelly sera la prochaine présidente de la Fédération canadienne des enseignantes et des enseignants. Elle sera une porte-parole dynamique et déterminée. Je veux vous féliciter du travail que vous avez accompli.
Ma première question s'adresse à M. Cappon. Lorsque la ministre a comparu devant nous en mars dernier après la présentation du budget, on lui a demandé si vos crédits quinquennaux avaient été renouvelés par l'intermédiaire de RHDCC. Elle avait répondu qu'ils avaient été renouvelés. Par contre, lorsque les fonctionnaires du ministère ont comparu quelques jours plus tard, on leur a posé la même question, et ils nous ont répondu que les crédits avaient été réaménagés, ce qui, à mon avis, signifie qu'il n'en reste plus beaucoup en langage bureaucratique.
Quels crédits recevez-vous actuellement du gouvernement fédéral? Je vous pose la question parce que je sais que vous n'avez aucune attache politique.
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Merci, monsieur le président.
Je vous souhaite la bienvenue et vous remercie d'être ici. Il y a quelque chose de remarquable, selon moi, dans vos mémoires présentés ce matin: vous ciblez bien non seulement la problématique actuelle, mais vous en faites la synthèse, ce qui accélère la compréhension.
Je vais parler de manière globale. La Fédération canadienne des enseignantes et des enseignants, tout comme M. Cappon, a souligné ce qui se fait présentement dans d'autres pays, particulièrement en Union européenne, au Royaume-uni, en Irlande, en Nouvelle-Zélande, et elle a mentionné la position des Nations-Unis.
J'ai l'impression que vous avez quand même assez bien examiné ce qui se fait là-bas, en particulier du côté de la Fédération canadienne des enseignants. C'est ce que je comprends. J'ai l'impression, en même temps, qu'on est en train de répéter l'histoire. Lorsqu'on relit le mémoire que vous avez déposé en 1989, au moment où le gouvernement canadien s'engageait à réduire de 50 p. 100 la pauvreté chez les enfants avant l'an 2000, on se rend compte qu'il est presque identique, en termes de recommandations, à celui d'aujourd'hui. Cela me frappe beaucoup.
Vous dites que l'intervention du gouvernement canadien est quand même perceptible, qu'on la sent, qu'elle fait une différence d'à peu près 10 p. 100 en ce qui a trait au soulagement de la pauvreté. Par ailleurs, on se retrouve avec à peu près le même défi, si on consulte vos recommandations. Que doit-on comprendre de cela? A-t-on véritablement progressé ou fait-on du surplace? Si on fait du surplace, qu'est-ce qui fait qu'on ne progresse pas?
J'ai deux sous-questions. Qu'a-t-on à apprendre des stratégies ou des lois d'élimination de la pauvreté des pays que j'ai cités plus tôt? A-t-on quelque chose à comprendre, ou ces pays ont-ils des choses à comprendre de notre quasi-échec par rapport à l'objectif qu'on s'était fixé?
En ce qui nous concerne, on travaille souvent avec les autres pays. On exerce une certaine influence, je crois, au sein de l'Internationale de l'Éducation, qui est la plus grande organisation d'enseignants au monde. On travaille avec tous ces pays qu'on a mentionnés dans le brief. Il est intéressant de considérer la position du gouvernement fédéral au Canada parce que souvent, ici, on prend des initiatives provinciales. Cependant, il reste toujours un tas de choses que le gouvernement fédéral peut faire en travaillant non seulement avec les gouvernements provinciaux, mais aussi avec les autres organisations nationales et internationales, et qui peuvent apporter beaucoup pour, à la fin, vaincre ces défis.
[Traduction]
Qu'est-ce que les responsables fédéraux ne peuvent pas faire? Naturellement, ils ne peuvent mettre en oeuvre des solutions toutes faites. Même dans les autres pays, ces solutions toutes faites n'existent pas. Il faut comparer ce qui se fait ailleurs, examiner ce qui nous convient et l'adapter en fonction de notre réalité. Le gouvernement fédéral peut néanmoins coordonner les différents efforts déployés, et c'est ce qui a été souligné, je pense, par ma collègue. Nous devons faire fi des frontières, des différences linguistiques ou ethniques, des différences raciales ou religieuses. Le gouvernement fédéral est le seul en mesure de vraiment franchir ces barrières.
Nous pouvons offrir des incitatifs. Cette question a déjà été évoquée, par M. Cappon, je pense. Nous pouvons offrir des incitatifs financiers ou ce que j'appellerais des incitatifs assortis de services non financiers. J'y engloberais — et vous pouvez appeler cela des incitatifs financiers si vous le souhaitez — l'assurance-emploi et les garderies, domaines où le gouvernement fédéral peut intervenir massivement avec un effet bénéfique immédiat. Le gouvernement fédéral peut souligner et récompenser le succès. Il peut en faire la promotion d'un bout à l'autre du pays. Je pense que cela fait partie de la sensibilisation. C'est un autre aspect de la sensibilisation dont il a déjà été question. Ce succès devient donc un modèle dont on peut s'inspirer.
Le gouvernement fédéral peut avoir recours à des organisations nationales et il pourra, ultérieurement, en récolter le fruit lorsque nous aurons construit un pays plus fort.
Monsieur Lessard, j'ai eu de la difficulté à saisir certains de vos propos, car vous parlez assez doucement, mais je pense avoir répondu au moins partiellement à votre question.
[Français]
Si je peux vous en dire plus, dites-le moi, s'il vous plaît.
Je voudrais tout d'abord indiquer que j'ai bien aimé les propos du représentant du Conseil canadien sur l'apprentissage au sujet de notre comité. En fait, nous travaillons bien ensemble. Nous avons certes d'étranges divergences d'opinions et il nous arrive de discuter ferme, mais nous abordons et essayons d'aborder le problème de la pauvreté d'une façon constructive. Tous les partis ont dû s'entendre pour que cette étude puisse être entreprise, ce que j'apprécie comme tous ceux qui ont comparu devant nous.
La semaine dernière, pendant ce que nous appelons la pause parlementaire, le comité s'est rendu à Calgary pour assister à la conférence nationale sur la pauvreté, ce qui en dit long, je pense, sur l'engagement de notre comité à s'attaquer à ce problème. J'apprécie cette initiative.
Je voudrais poser trois questions. Je vous serais donc reconnaissant d'être brefs pour que vous puissiez répondre aux trois questions.
Je veux d'abord dire à Susan que, lorsque nous nous sommes rendus à Halifax il y a deux semaines, le YWCA est parti en croisade pour défendre les femmes les plus pauvres et les plus vulnérables. On ne demandait pas la charité ou des solutions de fortune. On réclamait la justice. Ce fut là, à mon avis, un message percutant que nous avions tous besoin d'entendre, ce qui m'amène à ma première question, que j'adresse aux représentants des collèges.
Terry-Anne, connaissez-vous l'histoire de la jeune Ontarienne Kimberly Rogers? Les politiques établies par un gouvernement peuvent non seulement créer des perspectives, mais également dresser des obstacles considérables. De la fin des années 1990 jusqu'au début des années 2000, il était illégal et criminel en Ontario de toucher des prestations d'aide sociale tout en recevant de l'aide financière pour étudier.
Cette Ontarienne se trouvait dans cette situation. Elle s'appelait Kimberly Rogers. Enceinte, elle était à sa dernière année d'études collégiales et elle s'apprêtait à recevoir son diplôme qui lui permettrait d'assurer son avenir et celui de son enfant qui devait naître sous peu. Elle a été inculpée, reconnue coupable et assignée à résidence. À Sudbury, elle et son enfant à naître sont décédés dans son appartement par la journée la plus chaude de l'été 2002. C'est un exemple épouvantable du résultat inattendu que peut donner une mauvaise politique.
Au Canada, existe-t-il d'autres politiques qui nuisent aux efforts de ceux qui essaient de se sortir de la pauvreté et de tirer profit de ce qu'offre le réseau des collèges communautaires? Je sais qu'une enquête a eu lieu et que des recommandations ont été formulées. Une des recommandations préconisait de permettre aux assistés sociaux de recevoir une aide financière pour étudier. Où en sont les choses actuellement?
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Comme je l'ai mentionné plus tôt, bien des choses découleraient d'une concertation sur la formation et d'un partage des données entre les provinces, le fédéral et les intervenants en éducation et apprentissage, dans le sens très large du terme.
Comme on l'a mentionné plus tôt, même l'information détenue en ce moment au Canada est très fragmentée. Par exemple, on ne connaît pas exactement le nombre d'étudiants qui sont présents à un moment précis dans un système donné, que ce soit dans un collège ou même dans une université. Dans divers domaines d'activité, nous ne savons pas combien il y a de diplômés. Comment pouvons-nous combler les besoins du marché du travail au Canada si nous ne savons même pas combien il y a de diplômés par année pour chacun des métiers?
Il faut que cette base de données soit établie dans le cadre d'une concertation fédérale-provinciale. Une fois cette tâche accomplie, il faut se donner des objectifs. Comme je l'ai mentionné plus tôt, il ne faut pas nécessairement qu'ils soient quantitatifs — et je suis d'accord avec Calvin Fraser là-dessus —, mais ils doivent être clairs et imputables. La province ne serait pas responsable à l'égard du Canada, mais tous les Canadiens le seraient face aux autres Canadiens. C'est dans ce sens très large que je parle d'imputabilité.
Avec une importante base d'information, des objectifs, des cibles et des repères partagés par les provinces, comme dans le cas des États membres de la Commission européenne, on pourrait mettre sur pied des projets-pilotes. Par exemple, le fédéral pourrait soutenir des projets-pilotes dans les provinces, en milieu de travail. Ceux-ci pourraient être exécutés par les intervenants et soutenus par les provinces. Il s'agirait d'inciter les employeurs à faire beaucoup plus en matière de formation et d'apprentissage, surtout en ce qui concerne la littératie, la numératie et les compétences de base des travailleurs. Ça ne se fait pas actuellement. Le Canada se situe vraiment sous la moyenne de l'OCDE, à cet égard.
La pauvreté est réellement liée à des compétences de base comme la littératie et la numératie. Mais encore là, il faut trouver une façon d'évaluer la qualité de ces interventions. Cette évaluation doit reposer sur des normes qui correspondent au point de vue de la province et à celui du fédéral.
Il y a un principe, mais il y a aussi des façons d'associer des activités à chacun des objectifs d'apprentissage. J'ai le même point de vue sur l'apprentissage chez les jeunes enfants. Au Canada, un enfant sur quatre entre à l'école sans posséder la compétence nécessaire. Il y a beaucoup d'exemples de ce genre.
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J'essaierai d'être très bref.
Je pense que pour ce qui est d'examiner les stratégies et la coopération fédérale provinciale, je peux faire une analogie, rapidement. Est-ce qu'on regarde la plage, ou le sable? Au niveau fédéral, il faut regarder la plage, et notre objectif, bien entendu, est de l'assainir. Il nous faut travailler avec toutes sortes de groupes différents parce que les problèmes, dans ce sable, peuvent être différents dans chaque province, alors il faut avoir une vue qui soit beaucoup plus d'ensemble.
Évidemment, il nous faut avoir des objectifs clairs, et ces objectifs doivent être énoncés et réalisables, atteignables. Mais une des choses que peut faire le gouvernement fédéral, c'est d'assurer la communication bilatérale sur où se trouvent les problèmes, comment les atteindre et aider ces gens-là, parce qu'ils peuvent, ensemble, faire quelque chose qui ne se fait simplement pas ailleurs.
[Français]
Pour ce qui est de la question des diplômés, surtout des diplômés internationaux, ce n'est pas un problème important dans le domaine de l'éducation, même si c'en est vraiment un dans les autres secteurs de notre économie. La mobilité des enseignants partout au Canada est un facteur, et c'est le cas aussi pour ceux qui arrivent d'autres pays. Par contre, ces derniers sont peu nombreux, du fait qu'il y a trop d'enseignants au Canada en ce moment. C'est une situation rare. Il est même possible que le Canada soit le seul pays du monde à avoir un surplus d'enseignants.
On a commencé à se pencher sur ce problème et sur la question de la mobilité, partout au pays. Le gouvernement fédéral et les provinces étudient la question. Des efforts ont déjà porté fruit dans quelques secteurs. J'ai abordé la question non seulement avec des parlementaires mais aussi avec des gens qui travaillent au sein de gouvernements provinciaux. C'est un des aspects qui s'améliorent.
J'apprécie les présentations que nous avons entendues aujourd'hui.
Je vais centrer la plus grande partie de mes observations sur l'éducation postsecondaire. Je pense que c'est évident. Je crois bien que nous nous entendons à peu près tous sur le fait que pour partir d'un bon pied, dès le jeune âge, il faut cette base élémentaire assez tôt. Par contre, je pense que nous sommes aussi conscients du fait que les différences et les écarts, pour ainsi dire, au plan de la capacité d'avoir un emploi salarié, interviennent, car il y a aussi le supplément de l'éducation postsecondaire. On m'a dit que la situation n'est pas tellement différente de celle du Canada dans bien d'autres pays du monde. En fait, il y a toujours place à l'amélioration, mais en ce qui concerne la participation, nous affichons l'un des plus hauts taux de participation à l'éducation postsecondaire de tous les pays de l'OCDE. C'est donc encourageant. Mais comme nous l'avons dit, nous pouvons toujours y travailler et relever encore les pourcentages.
Vous savez que notre gouvernement a augmenté le financement de l'éducation postsecondaire d'environ 40 p. 100. Il est bon de le rappeler. C'est assez énorme. Nous investissons environ 2,4 milliards de dollars dans l'éducation postsecondaire par l'intermédiaire du Transfert canadien en matière de programmes sociaux, et ce sera 3,2 milliards de dollars en 2008-2009.
J'aimerais aussi en savoir plus au sujet de la nouvelle infrastructure budgétaire, les 2 milliards de dollars. Je veux demander à Terry si elle a d'autres réflexions ou commentaires à formuler sur le sujet. J'ai ici un communiqué de presse de l'Association des collèges communautaires du Canada, qui a été diffusé le 26 janvier juste après l'annonce du fonds de 2 milliards de dollars pour l'infrastructure. Le président, James Knight, a dit ceci: « L'annonce faite aujourd'hui par le ministre des Transports, de l'Infrastructure et des Collectivités John Baird concernant la création d'un fonds de 2 milliards de dollars pour la construction, la réparation et la modernisation des collèges et des universités est une excellente nouvelle pour les étudiants, pour les collèges et pour le Canada ».
Il parle d'un millier de collectivités rurales et urbaines qui ont des campus, et c'est aussi très positif... Je ne savais pas qu'il y en avait autant, mais il a dit que plus de 90 p. 100 des diplômés de collège décrochent un emploi dans leur domaine moins de six mois après avoir obtenu leur diplôme, même dans le climat économique austère actuel. C'est donc un exploit digne de mention de nos collèges communautaires canadiens.
Il poursuit en disant que son collège avait grandement besoin d'injection de nouveaux capitaux pour l'aider à élargir et améliorer son infrastructure, et pour faire l'acquisition de technologie de pointe. C'était l'objet de l'annonce faite.
En ce qui concerne cette annonce qui a été faite en janvier, je sais que dans ma région, dans l'ouest du Canada, les choses commencent à bouger. Que pensez-vous, Terry, puisque vous avez des liens dans tout le pays, de ce que cet argent permet de réaliser? Il y a des rénovations, de l'entretien; ces travaux ont déjà été entamés. Il faut parfois un certain temps avant que l'argent soit versé, mais est-ce que c'est commencé? Avez-vous parlé avec des gens dans tout le pays?