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Merci, monsieur le président, et mesdames et messieurs les membres du comité. Je tiens à vous remercier de l'invitation à vous faire part de mes réflexions sur l'univers des médias numériques émergents.
Bibliothèque et Archives Canada a pour mandat de recueillir et de préserver la mémoire continue des Canadiens, ce qui comprend celle du gouvernement du Canada. Par notre collection de documents patrimoniaux, nous cherchons à offrir l'image la plus représentative possible de l'évolution de la société canadienne. Le patrimoine documentaire est la pierre angulaire de la littératie et même de la démocratie canadienne. En prenant soin de choisir, d'acquérir et de conserver les documents les plus importants et les plus pertinents, nous nous assurons qu'ils seront disponibles pour les Canadiens qui voudront les consulter à travers Ie temps.
Réaliser notre mandat en cette nouvelle ère numérique présente des défis et des possibilités que nous n'avions jamais imaginés jusqu'ici. Comme vous le savez, la technologie de l'information est en constante évolution. Elle a fondamentalement changé la manière dont les Canadiens produisent et conservent leur information. De plus, les Canadiens veulent pouvoir y accéder n'importe où et en tout temps. Cela vaut partout au sein des organisations et institutions de la société civile.
Aujourd'hui, l'information, sous toutes ses formes — films, documents, portraits, photos, etc., est plus que jamais éphémère, instantanée et dynamique. À cela s'ajoute un autre phénomène: à l'ère numérique, trop d'information est sauvegardée. C'est un défi majeur pour la fonction archivistique, car nous devons faire le tri de toute l'information qui existe et conserver uniquement ce qui devrait l'être.
[Français]
En 1995, un chercheur du CNRS, Tzvetan Todorov, écrivait que « la mémoire serait menacée ici, non plus par l'effacement des informations, mais par leur surabondance ». Cet enjeu de l'abondance de l'information affecte la capacité de toutes les sociétés à édifier, préserver et rendre accessible leur patrimoine documentaire. Pour s'y adapter, la plupart des sociétés réévaluent leurs politiques et leurs cadres législatifs afin de relever les défis posés par la préservation documentaire à l'ère numérique.
À titre d'agence relevant de Patrimoine canadien, BAC joue un rôle essentiel au sein des débats entourant ces questions au pays. Nous assistons aujourd'hui à une transition qui nous amène d'un environnement documentaire constitué de papier, de toiles, de vinyle et de film à un nouvel environnement documentaire numérique où l'information sensorielle prend maintenant la forme d'octets et de cellules invisibles et intangibles. Cela a un impact important sur notre mission et la façon dont nous nous en acquittons.
Les fonds d'archives, qui auparavant étaient composés de boîtes remplies de livres, d'images, et de documents papier classés selon les pratiques du donateur, nous arriveront désormais sur des clés de mémoire USB. Sur ces clés de mémoire, nous retrouverons différents répertoires contenant les livres qui ont été lus par le donateur, les documents qu'il a rédigés et les photos qu'il a prises. De plus, ces documents ne seront accessibles qu'à l'aide des logiciels employés 20 ans plus tôt, et ce, pour compliquer les choses, dans la mesure où nous aurons en main les versions appropriées de ces logiciels. Ceci est sans compter que nous ne saurons pas nécessairement ce que contiennent ces clés de mémoire avant d'y avoir accédé. Ce sont là les défis auxquels font face les institutions de mémoire au XXIe siècle.
Pour édifier et conserver le patrimoine documentaire du Canada dans ce nouvel environnement, il nous faudra adopter de nouvelles approches, mettre au point de nouvelles méthodes de travail et, par-dessus tout, établir de nouveaux partenariats stratégiques et de nouvelles ententes de collaboration.
[Traduction]
Afin de relever ce défi, les institutions de mémoire comme BAC doivent changer leur façon de faire. De plus en plus, elles devront collaborer étroitement pour cibler les éléments pertinents du patrimoine documentaire et pour agir en complémentarité dans les domaines de l'acquisition, de la préservation et de l'accessibilité.
Si notre nouvel environnement pose plusieurs défis, il est également porteur de plusieurs solutions si nous parvenons à mettre la technologie au service de l'acquisition, la préservation et l'exploration des ressources. Ces nouvelles approches numériques sont au coeur du travail de BAC en ce moment et nous y consacrerons de plus en plus de ressources à l'avenir. Elles nous permettront de remplir notre mandat et rapprocher les Canadiens de leur patrimoine documentaire. L'univers numérique peut devenir une voie d'accès au patrimoine documentaire pour l'ensemble des Canadiens, quel que soit l'endroit ou ils vivent et quel que soit leur statut socio-économique.
[Français]
Afin de tirer tous les fruits de la révolution technologique, nous devrons trouver le moyen d'identifier et de préserver le contenu des médias sociaux comme Facebook et MySpace. Nous devons nous ouvrir et donner accès à nos collections numériques et numérisées aux industries culturelles canadiennes, aux généalogistes, aux historiens, aux juristes et au grand public. Ce faisant, nous offrirons un accès direct, d'un océan à I'autre, à des ressources publiques souvent inexploitées. Donner un accès plus large à ces biens publics favorisera le développement de la littératie, répondra aux exigences de la démocratie et servira de multiples usages, dont certains sont encore inconnus. Par exemple, BAC partage ses ressources documentaires numériques avec d'autres institutions de mémoire de même qu'avec des industries culturelles canadiennes, ce qui permet de renouveler les usages des médias numériques et de faire place à l'innovation et à l'avènement de nouvelles perspectives commerciales.
Dans le cadre d'une autre initiative, BAC a permis à de jeunes Inuits de se rapprocher de leurs aînés, des Anciens, en invitant ces derniers à identifier et décrire des photographies de leurs ancêtres ayant été mises en ligne. Ces images sont souvent les seules représentations visuelles de ces individus auxquelles la communauté inuite a accès. Une large part des photographies présentées dans Ie cadre de ce projet, que l'on a baptisé « Un visage, un nom », ont été numérisées par BAC à partir de documents papier du gouvernement du Canada.
[Traduction]
À l'heure actuelle, les documents sont de plus en plus produits en format numérique. Les documents gouvernementaux n'échappent pas à cette tendance. Dans ce nouvel environnement, BAC a participé à l'élaboration d'un ensemble de politiques afin d'appuyer les ministères et organismes fédéraux dans la saisie et la gestion de leurs ressources numériques pertinentes, afin que ces dernières puissent demeurer accessibles à long terme. La Directive sur la tenue de documents est I'une de ces politiques; elle a été développée pour répondre aux besoins de l'environnement de travail numérique.
La plus importante leçon que nous avons tirée de cet exercice tient probablement au principe qui consiste à lier la production à la préservation des ressources numériques canadiennes. BAC a fait de ce principe une pratique exemplaire. À ce chapitre, Jonathan Zittrain, professeur de droit à Harvard, affirme que: « dans l'univers numérique, on sauvegarde tout, mais on préserve peu. »
Monsieur Ie président, mesdames et messieurs les membres du comité, nous ne pouvons plus attendre, ne serait-ce que quelques décennies, pour relever Ie défi de la préservation des documents numériques. Si nous attendons trop, notre mémoire continue risque de comporter des failles.
[Français]
Tandis que le Canada s'apprête à relever le défi que pose la préservation de son patrimoine documentaire numérique, nous devons développer un réseau pancanadien de dépôts numériques fiables — chambres fortes virtuelles — où les ressources produites en format numérique peuvent être stockées et diffusées à court et à moyen terme. Ces ressources seront soumises à un processus de sélection rigoureux qui permettra de déterminer ce qui doit être préservé et rendu accessible à long terme. BAC développe présentement des politiques, des normes, des méthodes de travail et la technologie nécessaire en vue de devenir un dépôt numérique fiable et de garantir l'accessibilité à long terme du patrimoine numérique canadien. Ce faisant, nous deviendrons réellement une institution de mémoire du XXIe siècle.
Notre mandat — préserver le patrimoine documentaire canadien pour les générations présentes et à venir — nous offre une occasion privilégiée de contribuer, compte tenu de notre expérience et de notre expertise, à la conceptualisation et au développement des stratégies en matière de ressources numériques au Canada. Nos propres initiatives de modernisation consistent principalement à relever ces défis, pour pouvoir offrir un riche héritage à nos enfants et petits-enfants.
Alors que nous examinons les avantages et les défis inhérents au monde des médias numériques, nous devrions nous rappeler que, dans une société libre et démocratique, c'est l'information qui sert de fondation aux institutions et qui oriente notre développement sur les plans culturel, économique et social. Peu importe la stratégie numérique qui sera retenue au Canada, nous devons nous assurer que l'information que nous acquerrons, conserverons et diffuserons sera pertinente, fiable, authentique et accessible, et ce, tant pour les générations actuelles que pour celles de demain. Merci.
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Mesdames et messieurs, les membres du comité du Patrimoine canadien, bonjour.
Je suis Maureen Parker, directrice générale de la Writers Guild du Canada. Je suis accompagnée de Kelly Lynne Ashton, qui est notre directrice de la recherche, Industrie et Politique.
Je vous remercie, au nom de la Guild, de nous avoir donné cette occasion de prendre la parole devant le Comité permanent du Patrimoine canadien. La Writers Guild est une association nationale représentant plus de 2 000 scénaristes écrivant pour le cinéma de langue anglaise, la télévision, la radio et les productions numériques. Ces professionnels regroupés au sein de notre association se situent à l'avant-garde de la création d'un contenu transmédia et convergent.
Les scénaristes sont les conteurs de l'époque contemporaine. Ils accueillent avec enthousiasme les nouveaux moyens de divertir les auditoires, mais en même temps s'inquiètent des difficultés qu'ils vont, eux et l'ensemble des Canadiens, avoir à surmonter. Si nous prenons la parole devant vous aujourd'hui, c'est au nom de tous ces scénaristes qui vous demandent d'appuyer leur appel à l'adoption d'une stratégie nationale en matière numérique afin, justement, de les aider à profiter des nouvelles occasions qui se présentent, et aussi à répondre aux nouvelles difficultés.
Une stratégie nationale dans le domaine du numérique devrait avant tout dégager les crédits nécessaires à la création professionnelle d'oeuvres numériques; en deuxième lieu, soutenir l'existence d'entreprises canadiennes sur lesquelles reposent la production nationale, avec les mesures d'incitation et de réglementation que cela suppose; et troisièmement apporter diverses modifications à la Loi sur le droit d'auteur pour que la législation applicable permette aux créateurs de toucher une part équitable des revenus découlant de leurs créations.
Maintenant, si vous le voulez bien, je vais vous entretenir brièvement de ce que nos membres font actuellement en matière numérique. Ils ont recours aux nouveaux moyens de création qui s'offrent à eux. Ils écrivent, par exemple, des webisodes pour l'émission Little Mosque on the Prairie, dans lesquels les personnages de la série télévisée prolongent par des récits complémentaires les épisodes de l'émission. Ils écrivent également des séries spécialement destinées à Internet telle que My Pal Satan, qui décrit ce que serait votre vie si vous aviez Satan pour colocataire.
My Pal Satan, dont la série a été primée, est un bon exemple de cette nouvelle liberté de création offerte aux scénaristes par les nouvelles plates-formes numériques. Nos membres n'emploient d'ailleurs pas uniquement un format linéaire, mais sont également à l'origine de jeux interactifs tel que Autotopsy, qui est le prolongement de la série télévisée Crash and Burn.
Les scénaristes explorent la convergence entre le récit et le jeu, et certains de nos membres sont à l'avant-garde des nouvelles formes de récit telles que Crushing It, le téléroman diffusé sur Twitter. Je sais que nous n'en aurons pas le temps au cours de la séance, mais c'est très volontiers que nous resterons après la fin pour vous montrer quelques extraits que nous avons enregistrés sur notre portable.
Les scénaristes canadiens souhaitent avoir recours aux nouvelles méthodes permettant d'atteindre directement le spectateur, sans passer par l'intermédiaire des radiodiffuseurs. L'univers numérique permet en outre de recueillir la réaction immédiate des spectateurs. Cela permet aux écrivains d'intégrer à leur création les idées qu'on leur fait parvenir.
En outre, le moindre coût des productions numériques permet aux scénaristes de devenir eux-mêmes producteurs de contenu numérique et de garder la haute main sur les divers aspects de la production, ce que ne leur permet pas la télédiffusion. Les scénaristes peuvent désormais exercer leur contrôle artistique sur l'oeuvre, de la production à la diffusion.
Les plates-formes numériques multiplient en outre les moyens de diffuser les émissions de télévision à une époque où les Canadiens consacrent une part croissante de leur temps aux contenus en ligne. Les émissions canadiennes de télévision peuvent en effet être regardées sur les sites Internet des radiodiffuseurs et les portails électroniques des câblo-opérateurs et, pour ceux qui veulent les acheter, téléchargées par l'intermédiaire de iTunes. Libérés des contraintes de l'horaire, les Canadiens auront maintenant davantage la possibilité de regarder des émissions canadiennes.
La principale difficulté, pour ceux et celles qui travaillent dans le numérique, est d'ordre financier. Il faut, en effet, financer les nouvelles productions numériques et assurer la juste rémunération des créateurs tant de ces nouvelles oeuvres numériques que des traditionnelles émissions de télévision.
Partons du principe que les scénaristes et les artistes doivent être rémunérés pour leur travail et qu'ils ont droit à une part des revenus provenant de l'exploitation de leurs oeuvres. Les barèmes minimums de rémunération sont fixés dans les conventions collectives et les contrats particuliers, et les divers types de recettes sont également prévus, mais le nouvel univers numérique va exiger davantage de souplesse dans la conclusion des négociations collectives et contractuelles.
Les modèles d'entreprises en ligne sont en pleine évolution et il est donc actuellement difficile de savoir d'où vont provenir ces recettes, et sous quelle forme. C'est le problème essentiel auquel nous devons faire face en tant que Guilde. Nous ne sommes pas en mesure de faire face à nous seuls au problème que constitue la perte de revenu due à de pratiques très répandues telles que le partage illicite de dossiers ou le téléchargement, choses qui ne sont pas actuellement autorisées aux termes de la Loi sur le droit d'auteur et pour lesquelles les créateurs ne perçoivent aucune rémunération.
Nous ne souhaitons pas qu'il soit mis fin à ces divers types d'utilisation, mais souhaitons au contraire que les consommateurs soient autorisés à faire de tels emplois, mais que l'on instaure en même temps un régime de permis collectifs permettant d'assurer la rémunération des créateurs. Il s'agit en effet, de parvenir à un équilibre entre leurs intérêts et ceux des consommateurs.
Certains prônent l'élargissement de la notion d'utilisation équitable, afin justement d'englober ce genre d'utilisation par le consommateur. Une telle solution aurait pour effet de décriminaliser un comportement qui est devenu habituel, mais aurait en même temps pour effet de priver les créateurs de leur part de recettes. C'est pour cela que nous nous opposons à l'élargissement des conditions d'utilisation équitable et autres exceptions au respect du droit d'auteur si ce n'est dans certains cas précis, tels que la parodie et la satire, où de telles exceptions se justifient entièrement. Nous convenons, bien sûr, que la définition d'utilisation équitable et autres exceptions au respect du droit d'auteur ne sont pas spécifiques aux diverses plates-formes technologiques et n'exigent pas par conséquent d'être modifiées en fonction des évolutions de la technologie mais il ne faut pas non plus que ces définitions et exceptions soient vagues au point où l'utilisation équitable pourrait servir de prétexte à tous les types d'utilisation imaginables
Un autre problème provient du fait que ce n'est pas seulement des pratiques telles que le partage illicite de fichiers qui empêche les scénaristes de toucher leur part des revenus découlant d'une diffusion électronique en direct de leurs oeuvres. Les radiodiffuseurs exigent des producteurs, sans augmentation de leur redevance, la reconnaissance de droits plus larges. Si, par exemple, un radiodiffuseur exploite une émission de télévision en en permettant le téléchargement à partir de la plate-forme iTunes, la plupart du temps c'est lui qui conserve le revenu qui en découle, aucune part de ce revenu n'allant au producteur. Nous estimons qu'un accord devrait intervenir entre les radiodiffuseurs et les producteurs au niveau des termes de l'échange, car faute d'un tel accord, le radiodiffuseur est le seul à percevoir les revenus provenant des nouvelles utilisations. Nous voulons nous assurer, en collaboration avec les producteurs indépendants, qu'une partie de ces revenus va effectivement aller aux créateurs.
Kelly Lynne.
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Si l'on n'assure pas à la production un financement suffisant, les Canadiens verront réduire leur accès aux productions numériques assurées au Canada par des professionnels. En effet, les coûts de création ont tellement baissé que la création est dorénavant à la portée de toutes les bourses. Mais ce sont seulement les coûts de production qui baissent — c'est-à-dire les caméras, les appareils de montage et les logiciels. Le contenu demeure un contenu amateur s'il est écrit ou interprété par des amateurs sans formation.
Comme beaucoup de ses amies, ma fille âgée de 13 ans a un canal YouTube. Jacob Glick, de Google, qui a pris la parole devant vous, vous a dit que YouTube diffuse de nombreuses séquences d'origine canadienne. Mais il compte en cela les vidéos produites par ma fille et même si je lui trouve beaucoup de talent, je suis la première à dire qu'elle n'a rien d'une professionnelle et que son auditoire est quelque peu limité. YouTube est effectivement un moyen bon marché de distribuer un contenu directement aux consommateurs sans passer par l'intermédiaire du radiodiffuseur, et les membres de notre association s'intéressent de plus en plus à ce moyen d'entrer directement en contact avec l'auditoire. Cela dit, un contenu amateur ne saurait se substituer aux productions assurées par des professionnels. Les Canadiens méritent mieux que cela. Or, sans l'aide du gouvernement, les Canadiens seront cantonnés dans cette énorme quantité de contenus produits par des professionnels américains et diffusés en ligne.
Nous sommes partisans des changements apportés au fonds des médias du Canada, qui exige dorénavant que le contenu soit diffusé à partir de plus d'une seule plate-forme. En effet, le FMC exige maintenant que les radiodiffuseurs, les producteurs et les créateurs de contenu en fassent davantage et créent un contenu destiné à plus d'une plate-forme. Aux termes du nouveau FMC, toutes les émissions de télévision bénéficiant d'une aide au financement doivent être accompagnées d'un contenu diffusé sur une plate-forme numérique, c'est-à-dire en diffusant l'émission sur la Toile, par exemple, en montant un simple site brochure, ou en produisant du contenu numérique à valeur ajoutée correspondant à au moins 50 p. 100 des programmes FMC distribués par le radiodiffuseur.
Les deux premiers peuvent facilement être financés par les radiodiffuseurs, mais le contenu à valeur ajoutée exige un financement qui va au-delà de ce qu'accordent actuellement le FMC et les radiodiffuseurs. Le financement est tout simplement insuffisant. La solution ne peut pas être de transférer au contenu numérique une partie de l'argent actuellement affecté à la télévision. On ne peut pas, en effet, réduire la qualité de nos émissions de télévision. Il ne faut pas oublier que l'auditoire demeure en grande partie constituée de téléspectateurs. Selon une étude récemment menée aux États-Unis par le groupe Nielsen, 99 p. 100 des heures de visionnement restent consacrées à la télévision et, selon le rapport annuel du CRTC sur la surveillance des communications, une part croissante des personnes visionnant des vidéos en ligne captent des émissions télévisées traditionnelles. En l'absence de modèles d'entreprise démontrant la rentabilité de ce genre d'activité, on ne peut pas, pour l'instant, envisager des financements privés. S'il est vrai qu'on a pu constater un certain nombre de succès en ligne, tels que Club Penguin et Justin Bieber, ces réussites font pour l'instant figure d'exception.
Mais que faudrait-il alors pour assurer une présence canadienne dans l'univers numérique? Il faudrait que le gouvernement décide que l'actuel crédit d'impôt pour production de films ou de vidéos canadiens soit désormais appliqué aux séries linéaires originales destinées à être diffusées sur la Toile, de manière à ce que le déclencheur du crédit d'impôt soit la distribution en ligne à partir d'un site canadien. Nous recommandons également que le gouvernement instaure un crédit d'impôt pour les médias numériques interactifs en s'inspirant des résultats concluants enregistrés sur ce plan par plusieurs provinces. Cela dit, afin que les financements publics aillent effectivement à des talents canadiens ainsi qu'aux producteurs et aux équipes de production, il faudra que soit instauré, pour les médias numériques, un système de certification du contenu canadien analogue à celui du BCPAC. Notre Guilde recommande qu'il faille que les cinq créateurs les mieux payés au Canada soient des Canadiens, outre les règles de financement actuelles qui exigent que 75 p. 100 des coûts de production soient engagés au Canada dans le cadre de projets dont la propriété et le contrôle appartiennent à des Canadiens. Cela ne devrait pas être trop difficile à obtenir.
Il faut en outre que les FSI, tels que Rogers et Shaw, contribuent comme il convient au contenu canadien comme le prévoit la Loi sur la radiodiffusion. Les diffuseurs ne sont pas, dans tout cela, de simples moyens de transmission. En effet, en raison d'un barème progressif des droits, les FSI gagnent davantage lorsque le consommateur télécharge un contenu médiatique plus riche. Avec nos collègues, les producteurs indépendants, nous avons recommandé au CRTC à l'occasion de ses audiences sur les nouveaux médias de faire en sorte que, comme il convient, les FSI contribuent, au moyen d'une redevance supplémentaire, à la création du contenu qu'ils diffusent. Le CRTC a choisi de ne pas instaurer une nouvelle redevance et de prolonger l'ordonnance d'exemption relative aux nouveaux médias, mais nous estimons toujours que les FSI vont devoir contribuer à la création du contenu canadien dont ils tirent avantage.
Nous attendons avec une certaine impatience la consultation du public que le gouvernement doit organiser sur l'économie numérique nationale. Nous souhaitons que la stratégie nationale en matière numérique englobe une mise à jour de la Loi sur le droit d'auteur; une mise à jour des termes d'échange; un élargissement des conditions d'admissibilité au crédit d'impôt pour les productions vidéo ou cinématographiques canadiennes et aussi l'instauration d'un crédit d'impôt pour médias numériques interactifs. Il convient en outre, d'après nous, de maintenir, en matière de télécommunications et de radiodiffusion, les règles actuelles exigeant une propriété et un contrôle canadiens.
Nous vous remercions de l'attention que vous nous avez prêtée et c'est très volontiers que nous répondrons maintenant aux questions que vous pourriez vouloir nous poser.
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Il s'agit de deux formes de contenu tout à fait différentes, madame Lavallée. Vous avez parfaitement raison.
Ce dont nous parlions, c'était du contenu créé par des professionnels de la création. Je ne parlais pas d'adolescents qui travaillent dans leur chambre ou au sous-sol. Ce genre de création a, bien sûr, sa place et c'est effectivement du spectacle, mais ce dont il s'agit ici, c'est plutôt des personnes possédant une formation artistique, d'artistes professionnels. Il s'agit de gens qui font carrière dans ce métier, mais qui, actuellement, ne sont pas correctement rémunérés pour leurs oeuvres.
Lorsque Jacob Glick, par exemple, évoque la surabondance de contenu, il ne parle pas du tout du contenu produit par des professionnels, mais du contenu amateur. Je veux bien. Toute chose a sa place, mais ce n'est pas la même chose. Il est clair qu'il y a des Canadiens à qui cela a permis de réussir, des gens comme Justin Bieber, comme Kelly Lynne nous le disait tout à l'heure. Ce genre de succès arrive effectivement, mais c'est extrêmement rare. Il s'agissait en l'occurrence d'un artiste amateur qui a, je le précise, été découvert par un professionnel qui l'a aidé et lui a servi de mentor.
Ce genre de production a sa place. Google est un outil merveilleux, mais ce n'est tout de même pas la même chose que le fait de produire un contenu canadien et de le diffuser par les moyens de radiodiffusion affiliés, que ce soit CTV.ca ou autre — et d'assurer par-là même que les Canadiens ont accès à des oeuvres élaborées par des professionnels de leur pays.
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Merci, monsieur le président.
Monsieur Caron, j'ai pour vous une question qui se présenter un peu sous forme d'exposé.
Je tiens d'abord à vous féliciter de l'excellent exposé que vous nous avez présenté. J'ai hautement apprécié ce que vous nous avez dit. En outre, je suis tout à fait d'accord avec vous car, sans fichier permettant de savoir quels livres s'y trouvent et comment les trouver, une bibliothèque ne servirait à rien. L'approche que vous avez retenue en matière de numérisation me semble être la bonne et c'est à juste titre que vous nous avez signalé une question qui doit retenir notre intérêt, celle de la préservation, car il ne s'agit pas seulement de mettre les fonds en ligne, mais encore faut-il en assurer la conservation. Je vous remercie donc de nous avoir signalé cet aspect de la question. J'ai l'impression que vous êtes engagé dans la bonne voie et je tenais à vous le dire.
Madame Parker et madame Ashton, j'aimerais maintenant revenir à ce que Charlie disait il y a quelques instants. Certains de vos propos me font craindre que vous ne fassiez davantage porter votre regard sur le passé que sur l'avenir. Or, l'étude que mène actuellement le comité est orientée vers l'avenir, car il s'agit de voir comment utiliser ces nouveaux outils, ces plates-formes émergentes pour améliorer la situation des artistes, des écrivains et des producteurs canadiens. Comment tirer le meilleur profit de ces nouvelles plates-formes?
D'après moi, Charlie a tout à fait raison. Le contenu que l'on trouve sur YouTube est peut-être l'oeuvre d'amateurs, mais les gens aiment ça et je dirais même qu'ils le préfèrent à certaines émissions professionnelles. Ils aiment vraiment ça.
J'irais jusqu'à dire que ces derniers temps, on voit de plus gros succès nés du travail d'amateurs que des productions de type plus classique.
Je me souviens, par exemple, des débuts de American Idol. Les milieux traditionnels de la musique disaient alors « C'est horrible. Qu'est-ce que c'est que cette plate-forme? C'est de la blague. » Et pourtant, cette plate-forme nous a donné des étoiles telles que Kelly Clarkson et Carrie Underwood. American Idol a été une pépinière d'étoiles. C'est vrai qu'il s'agissait d'amateurs. C'est vrai qu'il s'agissait de personnes qui, avant de percer dans le spectacle, faisaient la plonge dans des restaurants, mais elles avaient du talent. Peut-être ne s'en serait-on jamais aperçu si elles n'avaient pas eu cette occasion, justement, de se produire dans ces nouvelles conditions. Eh bien YouTube leur offre cette occasion. Il s'agit d'une plate-forme qui permet à tout le monde de se faire connaître.
Cela dit, vous avez raison de demander comment l'on va s'y prendre pour attribuer à ce genre de contenu une valeur monétaire. Comment faire en sorte que les écrivains perçoivent le fruit de leur travail?
Il s'agit d'une question sur laquelle le comité va devoir se pencher sérieusement. Il en va de même pour la Writers Guild et, franchement, pour les FSI ainsi que pour les actuels producteurs de contenu. Tout le monde va devoir s'entendre au sujet de cette plate-forme émergente.
Ça bouge. Je dirais même que ça bouge très vite et je vous demande, par conséquent, de regarder davantage vers l'avenir.
C'est sur l'ensemble de ces points que je vous demanderais de bien vouloir me répondre.
L'APFTQ existe depuis plus de 40 ans maintenant et regroupe plus de 130 entreprises de production professionnelle oeuvrant dans les deux langues officielles, et ce, dans tous les secteurs de la production audiovisuelle au Québec. Nous remercions le comité de nous donner aujourd'hui l'occasion d'exprimer notre vision du numérique.
Nous sommes en période de transition vers une production et une exploitation transmédiatiques ou multiplateformes du contenu culturel. Une nouvelle période de transition, devrions-nous dire, puisque notre industrie a connu plusieurs changements techniques et technologiques depuis la création de l'ancêtre du CRTC, la Commission canadienne de radiodiffusion, en 1932. Peut-être sommes-nous tentés de penser que ces changements étaient mineurs en comparaison de ceux auxquels nous faisons face présentement, mais ce serait une erreur.
Ces changements ont provoqué des bouleversements assez importants pour justifier de nombreux ajustements au mandat du CRTC, ou de ses ancêtres, et différentes modifications législatives. Les gouvernements de chacune des époques ont su s'adapter aux nouvelles réalités et prendre les moyens pour ajuster l'encadrement des industries de radiodiffusion et de télécommunications à ces réalités.
Le gouvernement doit, sans tarder, réviser certaines politiques et certaines lois déjà en place, afin de les adapter à la réalité d'aujourd'hui, tout en permettant à celles de demain d'y trouver place également. Nous n'appuyons pas la position qui prétend que tout est nouveau, que rien ne ressemble au passé et qu'aucun encadrement n'est requis, ni la position opposée qui veut couvrir toutes les nouvelles plateformes avec l'encadrement tel qu'il existe à l'heure actuelle.
Nous vous soumettons que la solution se situe plutôt dans la zone grise qui existe entre ces deux pôles. En radiodiffusion et en télécommunications, une première constatation est celle de l'explosion des canaux de diffusion du contenu ainsi que des canaux de distribution. Tout le système existant de production, de diffusion, de communication et de distribution est maintenant reproduit avec certains ajustements dans le monde virtuel des médias numériques. Par contre, plusieurs lois ou politiques gouvernementales n'y trouvent pas encore application.
Selon nous, on devrait commencer par adapter les lois de radiodiffusion et de télécommunications à cette nouvelle réalité. Le point de départ réside dans leurs politiques respectives. Je vous ferai grâce des exemples, mais vous pourrez vous référer à notre document. Les politiques des deux lois peuvent très bien être actualisées afin d'être adaptées aux médias numériques. Nous pensons que la plupart des grands principes que l'on y retrouve sont directement applicables au numérique. Bien sûr, la portée de ces deux lois devra être élargie afin de couvrir clairement toutes les façons de communiquer le contenu, connu et à inventer. Quant à l'encadrement réglementaire qui en découle, il devra être aussi technologiquement neutre que possible, tout en respectant les nouvelles politiques établies.
La seconde constatation est celle de la convergence. La numérisation et la convergence accentuent la tendance à la concentration des droits de propriété des médias. Il y a des interrelations croissantes et une complémentarité entre les secteurs de la télécommunication, de la publication, de la radiodiffusion et de l'Internet, où un petit nombre de joueurs économiques sont en mesure de posséder de vastes ensembles d'entreprises.
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À la lumière de ces constats, nous considérons qu'une stratégie globale du gouvernement est nécessaire pour élaborer une politique canadienne sur la communication qui regrouperait la diffusion, la distribution et la communication, tant à l'égard des médias traditionnels qu'à celui des médias numériques, et qui serait le reflet des valeurs et des principes à respecter au Canada. Toutes les lois concernées pourront ensuite être modifiées de façon à respecter cette politique-cadre.
Maintenant, permettez-nous de vous présenter certaines positions précises, soit sur la propriété étrangère, le contenu canadien, les grands groupes de propriété, le droit d'auteur et le financement.
En ce qui concerne la propriété étrangère, il est à noter que le premier principe de la politique de radiodiffusion est de s'assurer que le système de radiodiffusion est la propriété des Canadiens et sous leur responsabilité. Nous sommes convaincus que c'est la seule façon d'assurer le respect de tous les autres principes prévus dans la politique de radiodiffusion. Le gouvernement fédéral veut déréglementer cet aspect pour les télécommunications et les satellites. D'entrée de jeu, nous voulons appuyer la position de plusieurs intervenants de l'industrie culturelle selon laquelle rien ne prouve que l'assouplissement des règles sur la propriété étrangère prôné par le gouvernement fédéral est le meilleur moyen pour résoudre le problème perçu de tarifs trop élevés pour les consommateurs ou de manque de capitaux pour développer les infrastructures. Nous pensons que le gouvernement devrait analyser le problème, le cas échéant, et évaluer tous les moyens dont il dispose pour le régler, de même que leurs impacts. Ainsi, il sera en mesure de mettre en oeuvre la meilleure solution. Nous ne sommes pas convaincus qu'il existe un problème, mais si c'est le cas, nous pensons que la solution réside plutôt dans l'application de politiques et de réglementation que dans un plus grand accès à des capitaux étrangers.
Ce que nous craignons, c'est un contrôle beaucoup trop large par des intérêts étrangers. Par exemple, une entreprise étrangère qui exploiterait un satellite faisant face à des besoins grandissants de bandes passantes pourrait favoriser la diffusion de son contenu étranger au détriment du contenu canadien, ce qui pourrait se traduire par une grande difficulté, voire une impossibilité, pour les Canadiens d'avoir accès au contenu canadien. Comment, alors, respecter le principe de diversité des voix?
Tant que le gouvernement fédéral n'aura pas pris une position claire et ferme afin de protéger contre le contrôle étranger tous les médias appartenant à la culture canadienne, nous craindrons que ce qui s'est produit dans le cas de Globalive se produise dans le domaine de la radiodiffusion. Le gouvernement devrait instaurer des politiques, des lois et de la réglementation qui soient solides et adéquates. Il faut assurer que les exigences découlant de la Politique canadienne de radiodiffusion soient équitablement respectées dans l'un ou l'autre des canaux de diffusion. Sans cette volonté politique, le danger auquel nous faisons allusion est bien réel.
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En ce qui concerne le droit d'auteur, nous vous indiquons qu'un mémoire a été présenté au gouvernement fédéral lors des dernières consultations. Il pourra vous être fourni au besoin. Ce que nous présentons maintenant, c'est un résumé de certains aspects traités dans ce mémoire.
Au sujet du piratage et des mesures de protection, je dirai brièvement que, en représentation de tous les producteurs au Québec et au Canada, en musique et en audiovisuel, nous avions déposé une demande d'injonction contre un site Internet québécois qui permettait l'échange illégal de fichiers. La Cour supérieure a émis un jugement et a ordonné la fermeture du site. Une semaine plus tard, le site était rouvert, mais était hébergé à l'extérieur du Canada. Nous avons continué les démarches pendant un an et demi, pour en arriver à la conclusion que c'était impossible de lutter. Ils avaient choisi un pays qui ne nous permettait pas d'avoir accès à l'identité des gens responsables de l'exploitation de ce site. On croyait que c'étaient les mêmes gens. L'expérience nous a démontré qu'il est très difficile d'obtenir un résultat contre le piratage de masse. Selon nous, il est clair que les responsables de ce genre de site agissent illégalement. Par contre, il semble que ce ne soit pas si clair dans la loi.
Pour parvenir à régler ce problème, on proposait de s'assurer qu'il y aurait une déclaration claire selon laquelle ces fournisseurs d'outils de repérage de contenu agissent illégalement et que, pour ceux qui choisissent de protéger leur contenu, la façon de contourner le contenu soit rendue illégale.
On parle aussi de la responsabilité des intermédiaires, mais je n'entrerai pas dans les détails. On y reviendra plus en détail lors des questions, s'il y a lieu.
En ce qui a trait à la « titularité » du droit d'auteur sur l'oeuvre audiovisuelle, on est d'accord avec d'autres intervenants sur le fait que la loi est silencieuse à cet égard. Il faut attendre la fin de la création du produit pour pouvoir déterminer, par un tribunal, quel apport créatif détermine qui est titulaire des droits. Jusqu'à présent, la jurisprudence a donné des droits aux producteurs, aux scénaristes et aux réalisateurs, mais ce n'est jamais clair, ce n'est jamais certain. Il y a des types de production où il n'y a pas de scénario. Il y a aussi des types de production où le réalisateur ne fait que de la mise en ondes. La solution que l'on propose pour régler cette situation définitivement et pour simplifier la libération des droits d'auteurs — une question de grande importance au sujet du numérique — est de prévoir un régime d'exception pour l'employeur, comme il en existe un dans la Loi sur le droit d'auteur. Dans le cadre de l'emploi des gens, quand quelque chose est créé, l'employeur est le premier titulaire des droits pour réussir à les exploiter. Selon nous, le producteur de contenu audiovisuel, la seule personne qui est là du début à la fin et qui engage des gens à tour de rôle et au besoin, devrait bénéficier du même genre d'exception et être le premier titulaire des droits d'auteur.
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Merci, monsieur le président.
Je m'appelle Jason Kee. Je suis directeur de la politique et des affaires juridiques de l'Association canadienne du logiciel de divertissement.
L'ALD est l'association industrielle représentant les entreprises canadiennes concevant, éditant et distribuant des jeux vidéo et informatiques pour consoles de jeux vidéo, appareils portatifs, ordinateurs personnels et Internet. Nos membres comprennent les principales entreprises canadiennes de jeux vidéo. Ensemble, ils ont représenté plus de 90 p. 100 des deux milliards de dollars de ventes au détail de matériel et de logiciel de divertissement au Canada en 2009, et des milliards de plus en ventes à l'exportation dans le monde entier.
Nous tenons à remercier le comité de l'occasion qui nous est ainsi donnée de lui faire part du point de vue de l'ALD au sujet des défis et des possibilités que nous présentent les médias numériques.
Je tiens en premier lieu à vous citer rapidement quelques faits qui caractérisent l'industrie canadienne des jeux vidéo.
Le Canada est un des leaders mondiaux du secteur de jeux vidéo. Il se situe actuellement au troisième rang mondial après les États-Unis et le Japon. Contrairement à de nombreux autres secteurs canadiens de la création, les entreprises que nous représentons sont des exportateurs nets de produits créatifs et pour plus de la moitié des entreprises canadiennes de jeux vidéo, les ventes à l'étranger représentent 90 à 100 p. 100 de leurs revenus.
Le secteur canadien génère environ 3,5 milliards de dollars en recettes annuelles et emploie de manière directe ou indirecte plus de 14 000 professionnels bien rémunérés dans toute une gamme de disciplines, y compris la programmation, l'art, l'animation, les effets visuels, la conception des jeux et la production. Il s'agit d'un secteur en plein essor et malgré une conjoncture économique défavorable ces quelques dernières années, le nombre d'emplois dans ce secteur continue à croître de 30 p. 100 par an. De tous les pays occidentaux, le Canada est celui où le secteur se développe le plus rapidement.
Il s'agit donc de résultats exceptionnels, mais nous ne devons pas nous reposer sur nos lauriers. En effet, le secteur subit actuellement une profonde transformation en raison du développement et de l'adoption de technologies numériques qui l'affectent autant qu'il affecte les industries plus traditionnelles. Les difficultés, les défis, et les occasions aussi offertes par ces changements sont multiples et il convient d'adopter à leur égard une vue globale de l'incidence qu'ils sont appelés à avoir sur les divers secteurs. Seule une approche globale, qui tient compte des liens et des interactions entre les diverses parties de l'écosystème numérique et qui tient compte de ce contexte lors de l'examen des diverses questions qui se posent, nous permettra de parvenir à des solutions valables.
Selon nous, donc, le Canada va devoir élaborer et mettre en oeuvre dans le domaine numérique une stratégie nationale globale. Cette stratégie va devoir être à la fois ambitieuse et à long terme, car il s'agit en outre de créer des emplois de nouvelle génération et de consolider la position du Canada comme l'un des principaux acteurs de l'économie numérique. Il va donc falloir que la stratégie comprenne un plan global de soutien à la production et à la distribution des contenus, favorisant en outre l'essor des médias nationaux créatifs et numériques.
Le contenu et la technologie existent en symbiose. Le développement de nouveaux produits et services numériques, et le recours à de nouvelles méthodes de distribution, soutenus par un écosystème dynamique de modèles d'entreprise, va favoriser l'essor des secteurs canadiens de la création, stimuler l'innovation et la technologie dans le domaine des communications, et favoriser les investissements, le développement économique et la création d'emplois.
Dans le document de travail que nous venons de rendre public sous le titre de « À vos jeux, Canada! Jouer pour gagner dans l'économie numérique », nous plaidons pour l'adoption d'une stratégie globale qui place les secteurs du contenu au coeur même de l'économie numérique. Dans le cadre de ce document, nous avons formulé 10 recommandations pratiques sur divers points qui nous paraissent essentiels si nous voulons maintenir la réussite de notre secteur des jeux vidéo et assurer la position concurrentielle du Canada dans le secteur numérique.
Nous en avons remis au comité un exemplaire. Bon nombre de questions et de recommandations dont il est fait état dans ce document ont déjà été évoquées par des témoins qui ont comparu devant votre comité, notamment par l'Alliance interactive canadienne. Cela étant, nous n'en aborderons que quelques-uns aujourd'hui et c'est très volontiers que nous fournirons davantage de détails en réponse aux questions que vous pourriez avoir à cet égard.
D'abord, il va falloir adopter un plan visant à former des professionnels d'avant-garde et à les retenir. Cela suppose un réel effort en faveur de l'enseignement de sujets qui, comme les mathématiques et les sciences, sont les bases traditionnelles de la technologie, mais également dans les disciplines de la création telles que l'art, l'animation, les effets visuels, la conception des jeux et du son, sans oublier, cependant, une formation commerciale axée sur les nouveaux médias numériques.
Le Canada doit en outre éliminer les obstacles à l'arrivée des travailleurs étrangers possédant la formation et l'expérience nécessaires dans les secteurs numériques. Il convient d'élargir les programmes actuels et de simplifier les formalités en matière de visa de travail qui sont actuellement trop lourdes. Cela permettra non seulement de combler la pénurie de professionnels compétents, mais servira aussi à stimuler les transferts de compétences et de connaissances, la création d'emplois et la conservation des employés ayant des compétences particulières.
L'accès fiable au financement et aux capitaux est essentiel au développement d'une économie numérique solide. En raison des risques inhérents à ce domaine, les entreprises et créateurs du domaine des médias numériques ont du mal à attirer le capital-risque et autres formes de financement extérieur. De nouvelles sources de capitaux pour les entreprises numériques motiveront les investissements en offrant les moyens de se protéger contre le risque et donc de diminuer la volatilité et le roulement du secteur, et lui permettre une croissance plus stable et plus prévisible.
De nouveaux fonds devraient être affectés au volet « expérimental » du Fonds des médias du Canada ou à un nouveau fonds des médias numériques interactifs, non seulement pour le marché intérieur, mais aussi pour appuyer le contenu canadien de niveau international destiné à des publics internationaux.
Il conviendrait en outre de renforcer les actuels programmes provinciaux de crédit d'impôt destinés aux médias numériques en introduisant un nouveau programme fédéral de crédit d'impôt.
D'importants acteurs comme Ubisoft, Electronic Arts et Eidos ont été attirés au Québec par les incitatifs fiscaux destinés aux médias numériques ainsi que par des politiques gouvernementales favorables.
Vu le succès de ces mesures, d'autres ressorts ont offert des incitatifs fiscaux. Ces nouveaux programmes, s'ajoutant à la hausse de notre monnaie font que le Canada risque de perdre un de ses principaux avantages compétitifs. L'instauration d'un solide programme fédéral de crédit d'impôt destiné aux médias numériques permettra de renforcer le caractère concurrentiel de ce secteur essentiel de notre industrie national et aidera le Canada à consolider sa position de leader au sein de l'économie numérique.
J'ajoute que le succès de notre secteur des médias numériques exige une mise à jour de la réglementation assurant la protection de la propriété intellectuelle et notamment la modernisation des règles régissant le droit d'auteur afin d'adapter toute notre législation en ce domaine à ce nouvel univers numérique. Le piratage en ligne sape l'intégrité du marché électronique en exigeant des créateurs et des entreprises qu'ils concurrencent leurs propres produits. Cela a pour effet de détourner des recettes pourtant nécessaires au recouvrement des lourds investissements qu'exige la production des médias numériques, et qui entraîne par là même la perte d'emplois et la fermeture d'entreprises.
De solides mesures de protection du droit d'auteur permettent de défendre le travail des créateurs dans l'univers numérique. Elles sont dans l'intérêt non seulement des créateurs, mais également des entreprises et des consommateurs puisqu'elles sont un facteur d'une plus grande certitude sur le marché numérique, ce qui permet aux forces du marché de fonctionner correctement. Un cadre législatif plus moderne permettrait de protéger le temps, l'argent, le travail et la créativité investis par les entreprises et les créateurs dans ces nouvelles oeuvres numériques, leur permettant en outre de choisir, pour la distribution de leurs oeuvres, la forme qui convient le mieux. Un nouveau cadre législatif aurait également pour effet de stimuler les investissements dans le domaine des produits et services numériques, dans de nouvelles méthodes de distribution et d'offrir de nouveaux choix en matière de modèles d'entreprise, ce qui non seulement renforcera la concurrence, mais offrira aux consommateurs un plus grand éventail de choix et des produits à meilleur prix.
Le Canada devrait réformer la législation sur le droit d'auteur afin de s'aligner sur les traités relatifs à l'Internet conclus dans le cadre de l'OMPI, et notamment interdire les dispositifs permettant de contourner les technologies protégeant les oeuvres protégées par le droit d'auteur, interdisant en même temps la vente d'appareils et de dispositifs permettant de contourner les mesures de protection.
Actuellement, au Canada, les règles concernant la responsabilité de ceux qui, sciemment, facilitent, encouragent ou contribuent aux atteintes au droit d'auteur sont ambiguës et incertaines. Tout cela doit être clarifié et explicité. S'il est bon de prévoir une exonération pour les FSI, cette exonération doit être subordonnée à une collaboration effective avec les propriétaires de droits d'auteur afin de lutter contre les infractions en ligne.
J'ajoute que l'accès à prix raisonnable à une infrastructure à large bande, soit filaire soit sans fil, est essentiel au développement de nouveaux produits, de nouveaux services et de nouvelles méthodes de distribution en ligne, l'évolution de ces divers éléments ayant à leur tour pour effet de stimuler le recours au haut débit qui est, lui aussi, un facteur de développement. L'accès à une infrastructure à large bande est essentiel aux jeux en ligne ainsi qu'à la distribution numérique de ces jeux et revêt pour la prospérité de l'industrie du logiciel de divertissement une importance essentielle. Le Canada devrait ainsi adopter un plan global de développement et de mise en oeuvre de réseaux à large bande de nouvelle génération.
Et, enfin, le Canada doit faire un réel effort pour assurer la mise à jour de notre cadre juridique et réglementaire afin de l'adapter à l'économie numérique et notamment revoir les dispositions de la Loi sur la radiodiffusion et de la Loi sur les télécommunications.
Dans le cadre de cette réforme, le Canada devrait revoir le rôle et le mandat des institutions gouvernementales telles que le Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes et de la Commission du droit d'auteur et se pencher sur les rôles qui leur reviennent dans le nouvel espace numérique.
C'est très volontiers maintenant que je répondrai à vos questions.
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Nous nous intéressons de près au fonctionnement et aux politiques du CRTC. Cela dit, les membres de notre association, des entreprises oeuvrant dans le secteur des jeux vidéo, ne sont ni des radiodiffuseurs ni des entreprises de télécommunications, et ne sont, par conséquent, pas directement réglementés par cet organisme. Nous ne nous en plaignons d'ailleurs aucunement.
Je dois dire, en passant, que notre secteur d'activité, et son puissant dynamisme est un exemple intéressant d'un développement quasi organique. L'essor de notre industrie a été aidé par un certain nombre de politiques gouvernementales favorables, mais c'est très naturellement que nous produisons un contenu canadien, tant à l'intention du marché national que des marchés à l'exportation, et pour cela, il n'a pas été nécessaire de nous réglementer.
Cela étant, nous n'avons guère de recommandations spécifiques à formuler à cet égard. Je suis au courant des idées qui ont été avancées, tant au sein de ce comité que de manière plus générale. C'est simplement qu'il convient, d'après moi, de revoir l'actuel cadre réglementaire. D'ailleurs, le CRTC a lui-même demandé la révision de son mandat. En effet, cet organisme estime ne pas avoir tous les outils nécessaires pour intervenir dans les divers problèmes qui se posent dans ce nouveau contexte en ligne. L'idée de convergence est sur toutes les bouches. Il me semble donc indiqué de revoir à la fois le mandat du CRTC et le cadre législatif qu'il est chargé d'administrer.
Il est clair qu'il s'agit là d'un programme d'une application difficile. Il va falloir donner voix au chapitre aux diverses parties prenantes afin que chacune puisse faire valoir son point de vue concernant le mandat dont doit effectivement être investi le CRTC. Il y a aussi la question de savoir si les divers volets d'activité devraient être englobés dans une loi unique sur les communications et si ce serait utile de procéder ainsi. Tout cela doit être examiné, mais dans le contexte d'une stratégie nationale applicable à l'univers numérique.
Cela suppose effectivement une approche globale qui tient compte de l'incidence des divers éléments sur l'ensemble. Le secteur des jeux vidéo n'en sera pas nécessairement très affecté, mais il en ira autrement pour de larges pans du secteur des médias numériques, et notamment de l'audiovisuel. Il nous faut donc avancer avec prudence et tenir compte de tous les aspects de la question.
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Excellente question. Il y a, dans notre document de travail, une rubrique que je n'ai pas eu l'occasion d'aborder, celle de la littératie numérique. Il s'agit de quelque chose que nous tentons activement de promouvoir et que nous encourageons le gouvernement à promouvoir activement.
L'expression de « littératie numérique » n'est à vrai dire pas entièrement claire, mais nous avons adopté à cet égard une interprétation très large. Il ne s'agit pas seulement, d'après nous, d'apprendre aux enfants à se servir des nouvelles technologies numériques et à circuler dans le cyberespace, mais également d'être pleinement conscients des risques auxquels ils s'exposent dans ce nouvel espace et de tous les problèmes qui peuvent surgir. Je parle par exemple des risques de cyberintimidation, de la protection des renseignements personnels et, aussi, de la sécurité. Tout cela relève de ce qu'on appelle la cyberéthique, c'est-à-dire tout ce qui a à voir avec le comportement à observer en ligne. Cela comprend également le respect du droit d'auteur et de la propriété intellectuelle. En cela, il est clair que l'éducation a un rôle essentiel à jouer.
Nous continuons à entretenir, à l'égard de ces diverses questions, une attitude très proactive. Je disais tout à l'heure que nous ne sommes pas soumis à la réglementation du CRTC, mais je tiens à préciser que cinq provinces déjà ont adopté une réglementation concernant le contenu des jeux vidéo. Nous collaborons étroitement avec les autorités provinciales au niveau de l'administration de ces dispositions, afin justement de nous assurer que les enfants n'ont pas accès à des contenus qui ne leur conviendraient pas. Nous avons instauré un système de cotation. Les enfants, par exemple, ne devraient pas être exposés à des jeux cotés « M », c'est-à-dire des jeux réservés aux jeunes de plus de 17 ans. En cela, nous oeuvrons de concert avec les autorités, et nous oeuvrons également avec des groupes tels que le Réseau Éducation-Médias afin non seulement de promouvoir la littératie numérique, mais également de faire connaître les cotes attribuées aux divers jeux.
C'est dire qu'effectivement notre secteur a un rôle important à jouer en matière de pédagogie, en étroite collaboration, encore une fois, avec des organismes à but non lucratif tels que le Réseau Éducation-Médias ou Kids' Internet Safety Alliance. Il s'agit d'agir de concert également avec les autorités gouvernementales afin de promouvoir cela sur l'ensemble du territoire et peut-être même, dirais-je, d'intégrer un certain nombre de renseignements aux programmes scolaires afin que les enfants soient davantage en mesure d'en prendre connaissance.
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Merci beaucoup à tous de votre témoignage. C'est extrêmement intéressant et il y a peut-être trop d'information pour être capables de tout absorber, comme le disait le bibliothécaire qui a comparu avant vous.
Je veux parler aux gens de l'Association de producteurs de films et de télévision. Je veux vous parler de la propriété étrangère, parce que vous êtes parmi les rares témoins à nous en avoir parlé de façon aussi explicite.
Je veux d'abord vous dire que le monde culturel québécois, à qui j'ai parlé, est extrêmement inquiet à plusieurs égards. D'une part, il est inquiet parce que, de plus en plus, tout le monde constate que les télécommunications et la radiodiffusion, c'est pareil. On constate aussi que les entreprises de télécommunications qui, avant, ne touchaient pas du tout à la radiodiffusion le font maintenant. Ce n'est pas juste en raison de la convergence des câblodistributeurs, mais aussi parce que, entre autres, les téléphones intelligents sont devenus de véritables radiodiffuseurs. Non seulement on veut y présenter directement de la télévision, comme cela se fait en France actuellement, mais aussi — vous allez m'en parler sans doute — on est en train de produire des « mobisodes », des épisodes pour les téléphones mobiles. C'est de la radiodiffusion.
J'ai une belle publicité ici, que j'aime bien montrer, qui démontre que celui qui contrôle l'accès contrôle le contenu et le contenu culturel. Il s'agit d'une publicité de Bell qui offre des applications gratuites de contenu culturel canadien. Celle-ci est en anglais. On donne gratuitement accès à CBC Radio, mais aussi à Disney qui est américain, et à MACLEAN'S qui est un magazine. Sans doute qu'au Québec, les offres d'applications gratuites seraient très différentes, mais il reste quand même qu'on voit très bien que les télécommunications et la radiodiffusion sont de plus en plus pareilles. En donnant accès à la propriété étrangère aux entreprises de télécommunications, c'est comme si on le donnait aux entreprises de radiodiffusion, un secteur où il n'y a pas de réglementation actuellement.
Premièrement, il semble clair que vous vous opposez à la propriété étrangère dans les entreprises de télécommunications, n'est-ce pas? Deuxièmement, même s'il n'y avait pas l'enjeu de la propriété étrangère, ne croyez-vous pas qu'on devrait tenir ce débat public? Troisièmement, êtes-vous d'accord avec le CRTC qui veut fusionner la Loi sur la radiodiffusion et celle sur les télécommunications?