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Permettez-moi de présenter les deux motions d'un seul coup. Ensuite, on procédera au vote une par une, ou on discutera de chacune.
J'aimerais d'abord parler du cadre politique dans lequel s'inscrivent mes motions. Il y avait un programme de manifestations touristiques de renom subventionné par le ministère de l'Industrie. Celui-ci a annoncé, l'année passée, 100 millions de dollars qui devaient être remis à différents festivals un peu partout au Canada et au Québec. Puis, on ne sait pas pourquoi, il y a eu un délai tardif d'annonce des résultats de la répartition de ce programme de subvention. Les annonces ont été faites un mois après la date prévue.
En ce qui concerne les Francofolies de Montréal, la réponse a été négative. C'était dur à accepter d'autant plus qu'on était à peine un mois avant l'ouverture du festival. Ils n'avaient eu aucune espèce d'indication qu'ils n'auraient pas leur subvention de 1,5 million de dollars. Ce n'est pas rien. Tout à coup, après la répartition de la subvention, on apprend qu'un nouveau critère s'est ajouté dont on n'avait jamais entendu parler. Il s'agissait d'une règle d'après match, si je puis dire. On avait décidé que seuls deux festivals seraient subventionnés par ville. On n'avait jamais entendu parler de ce critère nulle part. On l'a appris après que les annonces eurent été faites.
De plus, cette affirmation ne tient pas parce que Winnipeg a reçu trois subventions. En effet, la ville de Winnipeg a reçu trois subventions pour trois festivals différents. Enfin, on n'a pas considéré que Montréal était une ville de festivals et que cela faisait partie de sa personnalité. On comprend donc mal qu'un critère comme celui-là soit appliqué à un programme de subvention et encore davantage quand on sait que ce critère a été appliqué après coup.
Pour terminer, en faisant l'analyse, je me suis aperçu que, des 100 millions de dollars que l'on avait annoncés en 2009, 12 millions de dollars n'avaient pas été dépensés. Seulement 88 millions de dollars ont été dépensés. Qu'est-ce que l'on a fait de ces 12 millions? Où les a-t-on mis? Pourquoi ne les a-t-on pas dépensés?
La première motion que je présente demande de rétablir immédiatement le financement des deux événements, les Francofolies de Montréal et le Festival de la fierté gaie de Toronto. La deuxième motion demande aux représentants du ministère de l'Industrie de s'expliquer sur les motifs qui justifient la fin du financement sans préavis de ces deux grands festivals. Qui l'a décidé, quand l'a-t-on décidé et pour quels motifs? C'est ce que l'on veut savoir.
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Merci, monsieur le président.
J'ai eu l'occasion d'examiner ces deux motions. Il me semble évident qu'afin de les traiter simultanément, il faudrait les modifier pour n'en faire qu'une seule; Mme Lavallée pourrait envisager de le faire, si elle le souhaite.
Je trouve incroyable, monsieur le président, que la députée présente des motions afin de réclamer du financement d'un programme contre lequel elle a voté. En fait, les bloquistes ont voté contre le financement de bien des événements culturels, en particulier contre ce programme de subventions, et maintenant, ils réclament que l'on rétablisse le financement.
Quoi qu'il en soit, la députée mentionne en particulier les FrancoFolies de Montréal. En 2006-2007, le festival a reçu 75 000 $, et en 2007-2008, le même montant. Cette année et l'année prochaine, le festival recevra au total 350 000 $, soit 175 000 $ par année. C'est un engagement sans précédent sur plusieurs années envers les FrancoFolies. La députée n'est pas franche à ce sujet. Je crois qu'elle le sait, mais qu'elle ne le dit tout simplement pas.
En ce qui concerne le festival de la fierté gaie de Toronto, c'est très simple, monsieur le président: l'année dernière, un grand nombre de festivals partout au pays craignaient de ne pas recevoir suffisamment d'aide des annonceurs et des commanditaires pour la tenue des événements. Il s'agit d'une activité économique importante dans la ville de Toronto. Par conséquent, le festival a reçu du financement. Mais bien franchement, nous constatons cette année et nous avons même constaté l'année dernière que les commanditaires ont été en grande partie au rendez-vous. Il y a bien eu un certain manque à gagner, mais ce n'était pas aussi dramatique que ce que nous avions prévu. Et cette année — nous pouvons demander aux annonceurs de Toronto ou de Montréal —, nous constatons que les annonceurs sont de retour. Le temps publicitaire a été acheté en bonne partie à la télévision et presque au complet à la radio. On peut donc en conclure que les festivals trouvent du financement.
Il ne faut pas oublier, monsieur le président, que le financement accordé l'année dernière n'avait jamais existé auparavant. Il s'agissait d'un nouveau programme de subvention des festivals. Et je vous rappelle encore une fois, monsieur le président, que la députée a voté contre ce programme, mais pas les députés libéraux d'en face. Ils n'ont pas voté contre le programme de subvention des festivals. Je crois qu'ils ont vu que des sommes étaient investies pour aider les festivals partout au pays et au Québec. Dans chaque région du pays, le programme a permis de le faire.
Cette année, une règle a été mise en place afin que ce soit un peu plus équitable et que nous puissions aider davantage de gens avec l'argent. Nous avons proposé qu'aucune ville ne reçoive plus de deux subventions. Dans les grands centres, les sommes seront probablement plus importantes. Mais les festivals qui ont lieu dans d'autres régions du pays, dans d'autres villes, sont susceptibles de recevoir des fonds de ce programme.
J'ajouterais que ce programme était une mesure de relance provisoire et qu'il va prendre fin. Comme il s'agit d'un programme temporaire, les groupes ayant reçu du financement doivent s'attendre à ce que l'année prochaine, ce programme de subvention des festivals n'existe plus, parce qu'il fait partie du programme de relance qui était — nous avons été très clairs sur ce point — ciblé, opportun et provisoire. Nous espérons donc que ce programme a permis d'aider tous les groupes qui ont reçu du financement à survivre à une période difficile. Mais en définitive, tous les festivals...
Monsieur le président, il y a un grand festival dans votre circonscription, celui de Stratford. Je sais qu'il a reçu du financement de ce programme, mais c'est un festival qui a un riche patrimoine; dans mon esprit, il ne fait aucun doute qu'il nous survivra. Il est très prisé et très couru.
Lorsque nous examinons l'ensemble de la question, nous constatons que la députée s'est prononcée contre un financement temporaire. Les FrancoFolies reçoivent plus d'argent que jamais cette année. La députée sait très bien que le ministère du Patrimoine canadien accorde un financement record aux arts dans l'ensemble du pays.
Franchement, aucune de ces motions ne dit tout. En fait, elles visent à induire les gens en erreur au sujet de l'aide véritable fournie par le gouvernement dans ces secteurs, et à mon avis, elles devraient toutes les deux être rejetées.
Je suggère également à la députée de modifier l'une ou l'autre des motions et de les combiner si elle souhaite en faire une motion unique.
Je suis d'accord pour qu'il n'y ait qu'une seule motion.
J'ai écouté mon collègue conservateur. J'entends constamment, à la Chambre des communes, la remarque simpliste selon laquelle on est méchant parce que l'on n'a pas voté avec le gouvernement. C'est peut-être une remarque efficace à la période des questions, mais je doute que cela ait la moindre crédibilité à cette table.
Que les députés du Bloc appuient le gouvernement ou non, ils sont ici, comme moi, comme les libéraux, pour examiner soigneusement les décisions qui sont prises. C'est le rôle de ce comité.
Il est logique de chercher à obtenir un juste équilibre en fixant une limite de deux festivals par collectivité lorsqu'il s'agit de villes canadiennes de même taille. Cependant, il est tout à fait absurde de ne subventionner que deux festivals dans des villes comme Toronto et Montréal, qui ont la taille de certaines provinces. Cela ressemble à une explication improvisée, et nous devrions entendre les représentants du ministère pour connaître les raisons de leur décision. C'est une question très pertinente.
Nous devrions également leur poser des questions au sujet de la controverse entourant le financement de la Semaine de la fierté gaie de Toronto. Si mes collègues se sont déjà rendus dans cette ville durant cet événement, ils savent qu'il est impossible de s'y déplacer en voiture. C'est l'un des plus grands moteurs économiques de la ville. Ce n'est pas un festival comme les autres; c'est un regroupement massif de gens.
L'année dernière, lorsque le gouvernement a accordé une aide financière à la Semaine de la fierté gaie, nous avons remarqué que des députés conservateurs ont fait des déclarations odieuses à ce sujet. Nous nous sommes demandé si le portefeuille de Mme Ablonczy avait été réduit parce qu'elle appuyait cet événement. Bien des gens se sont demandé pourquoi le gouvernement semblait tant s'opposer à ce festival. S'agit-il de conservatisme social? Peut-être. Et cette année, la Semaine de la fierté gaie a été complètement laissée de côté. Ces mêmes questions sont donc revenues, et je crois qu'elles sont légitimes.
Je suis donc tout à fait favorable à la motion de ma collègue.
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Je vais reprendre bien des points que Charlie a soulevés.
Il y a beaucoup de festivals dans ce pays. Si nous considérons qu'il y a 12 millions de dollars dans le vague — ce qui signifie que l'argent est là, mais qu'il n'est pas utilisé —, il y a certainement d'autres festivals dans ce pays qui sont dans le même bateau. Cela me met très mal à l'aise, à cette étape-ci, d'en désigner deux. Dans le seul but d'obtenir des réponses — c'est tout ce que je veux —, si l'on en choisit deux dont il faudrait rétablir le financement, attendez.
S'il s'agit d'une question d'idéologie, c'est une chose. Le Festival de la fierté gaie ou Les FrancoFolies ne me posent aucun problème. C'est très bien. J'ai vécu à Toronto. C'est une fête fantastique. Toutefois, je pourrais moi aussi suspecter un penchant idéologique, un conservatisme social, mais je pourrais également dire que des villes de Terre-Neuve-et-Labrador n'ont jamais reçu de fonds parce qu'il n'y avait aucun député conservateur élu dans cette province. Ce n'est pas ce que j'affirme; je dis seulement que c'est une possibilité. Je vais vous laisser en décider.
Une voix: Nous y réfléchissons.
M. Scott Simms: Vous y réfléchissez, d'accord. Très bien. Tenez-moi au courant de ce qui se passe.
Toutefois, je n'ai pas vraiment de certitude à cette étape-ci. Je serais favorable à un amendement qui ne vise pas à faire obtenir des fonds à deux festivals en particulier ou à faire rétablir leur financement. C'est un peu trop précis pour moi. C'est un peu trop prescriptif, si le terme est exact.
Comme Charlie l'a mentionné, je préférerais mettre les boeufs devant la charrue. Essayons de comprendre le processus ou d'en discuter avec quelqu'un. Nous savons comment cela fonctionne en général, mais j'aimerais que nous examinions la question plus en détail et j'aimerais en savoir davantage. Au lieu de désigner deux festivals, pourquoi ne pourrions-nous pas dire « les divers événements » qui ont été exclus la dernière fois?
Au sujet de ce que M. Simms vient d'ajouter, la meilleure façon de le faire serait peut-être de modifier la deuxième motion et de convoquer des représentants du ministère.
Mais j'aimerais clarifier certaines choses. Il ne reste pas 12 millions de dollars à attribuer ou à dépenser; tous les fonds du programme ont été attribués. Quand les représentants du ministère viendront témoigner, ils pourront nous l'expliquer clairement, si cela suscite des préoccupations.
J'aimerais parler également de certaines affirmations de M. Angus concernant ce qu'il a décrit comme une opposition idéologique.
Je dirais que si nous nous opposons à ces événements pour des raisons idéologiques, alors c'est ce qu'ont fait également les autres gouvernements qui ne leur ont jamais accordé de financement dans le passé. C'est injuste de cibler ce gouvernement et de dire, parce qu'il ne leur octroie pas de financement cette année, qu'il s'y oppose pour des raisons idéologiques. D'autres gouvernements n'ont jamais jugé opportun d'accorder des fonds non plus. On pourrait donc en arriver à la même conclusion, ce qui serait, à mon avis, totalement injuste.
Tous les partis ne s'entendent pas sur tout. Je peux vous dire, monsieur le président, qu'il y a au moins quatre parades officielles dans ma circonscription. Ce sont tous de grands événements. La fête du Canada attire entre 12 000 et 15 000 personnes environ, ce qui, dans une collectivité comme la mienne, représente une grande proportion du grand public; et il y a également beaucoup de gens qui regardent cet événement chez eux, à la télévision communautaire. Personne ne reçoit un sou du fédéral — pas un sou.
Quant à ce que M. Simms disait à propos des circonscriptions de Terre-Neuve-et-Labrador qui n'ont jamais reçu d'argent, sachez que ma circonscription n'a jamais été admissible à ces fonds parce qu'aucun festival n'était considéré comme assez important; aucune des parades de ma circonscription n'a reçu quoi que ce soit. Donc, soit je suis complètement inefficace, et j'en doute, soit c'est tout simplement de cette façon que le programme fonctionne, et nous pouvons en discuter.
Il va de soi que si vous souhaitez convoquer des représentants du ministère pour discuter du programme et de la façon dont il a été appliqué cette année, je donnerai mon accord. Cela ne me pose aucun problème, car je crois que de partager de l'information sur cette... Puisque Mme Lavallée aimerait leur poser des questions à propos de programmes précis, elle pourrait le faire à cette occasion.
Je pense que c'est beaucoup plus constructif que ce que nous avons devant nous actuellement. Certaines des observations formulées aujourd'hui sont, à mon avis, tout à fait inexactes, et je serais ravi de donner la possibilité aux représentants du ministère de s'exprimer à ce sujet.
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Bonjour. Je m'appelle Keith Schaitkin et je suis directeur adjoint du contentieux chez Icahn Enterprises, qui contrôle le groupe de sociétés Icahn participant à l'opération visant Lions Gate, que j'appellerai le Groupe Icahn.
La principale activité du Groupe Icahn consiste à investir dans des titres sous la direction de M. Carl Icahn, agissant par l'intermédiaire des entités membres de son groupe. M. Icahn est un investisseur qui mise sur la valeur. Il se concentre sur les sociétés qui sont sous-évaluées et dans lesquelles il investit des capitaux à long terme selon un style axé sur la discipline et l'investissement actif afin d'en accroître la valeur pour tous leurs actionnaires.
Le Groupe Icahn détient actuellement près de 19 p. 100 des actions ordinaires en circulation de Lions Gate. Il a commencé à acquérir des actions de Lions Gate en 2006, croyant que ces actions étaient sous-évaluées. Le Groupe Icahn propose d'acquérir jusqu'à la totalité des actions ordinaires en circulation de Lions Gate afin de pouvoir modifier la composition du conseil d'administration de Lions Gate et possiblement sa haute direction.
M. Icahn estime que Lions Gate devrait continuer de se concentrer sur la distribution de films et sur la production de films à créneaux et d'émissions télévisées, secteurs dans lesquels elle a obtenu beaucoup de succès par le passé, plutôt que de produire des films hollywoodiens très coûteux et donc très risqués. M. Icahn est également préoccupé par la stratégie en matière d'acquisition de la direction de Lions Gate.
Lions Gate cherche à faire tout ce qu'elle peut pour contrecarrer l'offre du Groupe Icahn. Par exemple, le conseil d'administration de Lions Gate a mis sur pied un régime de droits des actionnaires, couramment appelé pilule empoisonnée, qui a été conçu pour empêcher le Groupe Icahn d'acquérir 20 p. 100 ou plus des actions ordinaires de Lions Gate. Cette pilule empoisonnée a été déclarée invalide par la Commission des valeurs mobilières de la Colombie-Britannique, qui a jugé qu'il s'agissait d'une tactique défensive interdite qui contrevient aux droits des actionnaires. La Cour d'appel de la Colombie-Britannique a confirmé cette décision.
Nous croyons comprendre que le comité tient ses audiences, du moins en partie, afin de discuter du processus d'approbation en vertu de la Loi sur Investissement Canada relativement à l'offre d'achat présentée par le Groupe Icahn à l'égard des actions de Lions Gate. Je n'ai pas l'intention de discuter de ce processus aujourd'hui. La Loi sur Investissement Canada prévoit que le processus d'examen en vertu de la Loi doit se faire de façon confidentielle. En vertu de l'article 36 de cette loi, tous les renseignements fournis au gouvernement par un demandeur, comme le Groupe Icahn, doivent être gardés confidentiels. Cette obligation de confidentialité est particulièrement stricte à l'égard des examens en cours en vertu de la Loi, ce qui est le cas en l'occurence.
Nous pouvons comprendre les raisons pour lesquelles le Parlement a déterminé que le processus d'examen entrepris en vertu de la Loi sur Investissement Canada devrait être confidentiel. En tant qu'investisseur étranger, je serais peu intéressé à investir au Canada si le processus d'investissement m'obligeait à communiquer publiquement des renseignements sensibles sur le plan commercial et à discuter ouvertement de mes projets d'affaires futurs, puisque cela avantagerait la concurrence et risquerait de compromettre l'investissement et la société visée par l'investissement.
Je tiens à déclarer que le Groupe Icahn respecte les politiques culturelles du Canada et a entrepris le processus d'examen prévu par la Loi sur Investissement Canada. Il y a également lieu de préciser que la Loi sur Investissement Canada permet au ministre d'approuver un investissement uniquement s'il est considéré comme étant vraisemblablement à l'avantage net du Canada, compte tenu des facteurs énoncés dans la loi.
Par conséquent, si le ministre du Patrimoine canadien approuve notre investissement, cela voudra dire qu'il aura été jugé à l'avantage net du Canada, à la lumière de tous les facteurs considérés pertinents par le Parlement. Cela signifiera également que nous aurons convenu de faire en sorte que Lions Gate prenne des mesures qui procureront au Canada des avantages supérieurs à ceux que Lions Gate lui procure actuellement.
Voilà tout ce que je peux dire pour l'instant au sujet de nos discussions avec le ministère du Patrimoine canadien, étant donné que le processus d'examen est en cours et en raison des dispositions en matière de confidentialité de la Loi sur Investissement Canada. Toutefois, nous avons pensé qu'il serait utile, pour l'examen de ce dossier, de remettre en contexte la nature de la présence de Lions Gate au Canada. En effet, il ressort de la discussion entre les membres du comité tenue le 11 mai dernier que la décision de tenir ces audiences était en partie fondée sur la perception que Lions Gate a une présence très importante au Canada et qu'elle mérite de ce fait une considération spéciale.
Lions Gate a déjà été une société possédant d'importants actifs canadiens, notamment des studios, des dirigeants et des employés. Toutefois, ce n'est plus le cas. Lions Gate conserve son statut de société canadienne en vertu de la Loi sur Investissement Canada uniquement du fait que les deux tiers des membres de son conseil d'administration sont canadiens.
Bien que Lions Gate soit toujours constituée sous le régime des lois de la Colombie-Britannique, ses documents publics indiquent qu'avec le temps, ses liens avec le Canada se sont atténués au point qu'elle n'est pas très différente des autres studios d'Hollywood non canadiens qui produisent des films et des émissions télévisées au Canada à l'occasion.
En particulier, il y a lieu de préciser que Lions Gate est établie en Californie, et non au Canada. Selon son rapport annuel de 2009, son siège social et bureau principal au Canada est situé au 1055 West Hastings Street, suite 2200, à Vancouver, en Colombie-Britannique. Or, cette adresse est celle du cabinet d'avocats Heenan Blaikie, s.r.l. Il s'agit donc davantage d'une adresse postale que d'un bureau canadien. Je tiens également à préciser que les renseignements qui figurent dans les annexes de ce mémoire et qui ont trait à Lions Gate proviennent des documents publics de celle-ci.
L'autre bureau principal de Lions Gate est situé au 2200, Colorado Avenue, Suite 200, à Santa Monica, en Californie. C'est là que Lions Gate exerce réellement ses activités commerciales. Selon le rapport annuel de 2009 de Lions Gate, celle-ci occupe une superficie de 125 000 pieds carrés à cette adresse. Les actions de Lions Gate ont été radiées de la cote de la bourse de Toronto en 2006, et moins de 4 p. 100 des actionnaires de Lions Gate sont actuellement canadiens. Lions Gate ne possède plus ni ne loue de studios cinématographiques au Canada. Elle a décidé de ne pas renouveler son bail à ses installations de Burnaby en 2005, puis a vendu à un tiers la totalité de ses studios situés à Vancouver en 2006.
Lions Gate réalise des longs métrages et des émissions télévisées au Canada. Toutefois, elle le fait en louant de l'équipement et en embauchant du personnel au besoin, comme les sociétés cinématographiques étrangères qui font de la production au Canada.
Lions Gate ne semble pas avoir d'installations ou de bureaux au Canada. Dans son plus récent rapport annuel, la description de ses propriétés fait état de 10 propriétés à partir desquelles elle exerce ses activités. Toutes ses propriétés se trouvent aux États-Unis. Il semble donc que Lions Gate n'a aucun employé au Canada. Lions Gate n'est pas gérée par des Canadiens. Aucune des personnes mentionnées sur son site Web comme faisant partie de son équipe de direction ne semble être canadienne. Lions Gate a tenté de réduire davantage ses liens avec le Canada. En effet, elle a reconnu publiquement avoir sérieusement envisagé de changer de territoire de constitution — la Colombie-Britannique — pour les États-Unis, du fait, notamment, que la « vaste majorité de ses actionnaires » sont situés aux États-Unis.
En avril 2009, Lions Gate a également déposé une demande auprès de la Commission des valeurs mobilières de la Colombie-Britannique afin de cesser d'être un émetteur assujetti au Canada et de ne plus être assujettie à la législation canadienne en matière de valeurs mobilières. Lions Gate a retiré sa demande après que les représentants de M. Icahn s'y sont opposés.
Lions Gate détient actuellement une participation majoritaire dans Maple Pictures, un distributeur de films canadien. Lions Gate et Maple vous diront peut-être que l'investissement proposé du Groupe Icahn devrait être interdit parce qu'il est contraire à la politique du film du gouvernement du Canada, selon laquelle les distributeurs canadiens doivent être détenus et contrôlés par des intérêts canadiens. En fait, nous estimons que l'investissement du Groupe Icahn servirait à renforcer plutôt qu'à affaiblir le rôle joué par des Canadiens dans la propriété et la gestion de Maple.
Maple a été créée par Lions Gate en 2005 dans le but de séparer légalement Lions Gate de son entreprise de distribution cinématographique canadienne. Lions Gate a vendu à Maple la totalité de ses activités de distribution canadiennes et conclu avec celle-ci une convention de distribution à long terme de films de Lions Gate au Canada. Lions Gate détenait uniquement une participation en actions de 10 p. 100 dans Maple; le reste était détenu par des investisseurs canadiens. Cette situation s'est maintenue jusqu'au milieu de 2009, moment où Maple a procédé au rachat imprévu, semble-t-il, d'actions détenues par un important tiers investisseur canadien. Ce rachat d'actions a eu pour effet d'accroître la participation de Lions Gate dans Maple.
Depuis qu'elle a acquis de nouveau le contrôle de Maple en 2007, Lions Gate a déclaré comme un risque important la possibilité que Lions Gate, et par conséquent Maple, perde à tout moment son statut de société canadienne. Ce risque, reconnu par Lions Gate, est bien entendu lié au fait que la société, qui est détenue en quasi-totalité par des intérêts non canadiens et dont la vaste majorité des activités ont lieu à l'extérieur du Canada, cherche à faire d'importantes acquisitions aux États-Unis. S'il est déterminé que Maple est une société non canadienne, cela pourrait avoir des incidences financières importantes pour Lions Gate, Maple et les tiers qui utilisent Maple comme distributeur au Canada, et entraîner notamment l'obligation de rembourser des crédits d'impôt et des subventions au gouvernement canadien.
À la lumière des risques que comporte la propriété de Maple par Lions Gate, le Groupe Icahn a déclaré publiquement qu'il serait dans l'intérêt de Maple, de Lions Gate et des tiers que Maple redevienne un distributeur cinématographique canadien indépendant. Lions Gate ne s'est pas opposée publiquement à cette déclaration. Si le Groupe Icahn acquiert le contrôle de Lions Gate, il verra à ce que Lions Gate vende ses actions de Maple à un ou à plusieurs acheteurs canadiens indépendants.
Par ailleurs, Lions Gate et Maple vous diront peut-être que la proposition du Groupe Icahn de se départir des actions de Maple en faveur de Canadiens créerait de l'instabilité qui aurait une incidence défavorable sur les activités de Maple. Nous ne sommes pas de cet avis. Premièrement, nous savons que Lions Gate et Maple peuvent réussir séparément, comme c'était le cas entre 2005 et 2007. Deuxièmement, les clients et les parties prenantes de Maple ne semblent pas savoir que Maple est contrôlée par Lions Gate aujourd'hui. Actuellement, Maple se présente sur son site Web comme un distributeur de films indépendant et ne semble pas mentionner le fait qu'elle est contrôlée par Lions Gate.
En résumé, d'après l'information publique qui circule au sujet de Lions Gate, la présence de celle-ci au Canada pourrait se résumer comme suit: Lions Gate est constituée sous le régime des lois du Canada, du moins pour l'instant, mais elle appartient à des intérêts canadiens dans une proportion d'au plus 4 p. 100, et elle est dirigée et située à l'extérieur du Canada. Lions Gate produit actuellement des films et des émissions télévisées au Canada, sans y être pour autant établie, comme tout producteur cinématographique étranger. Lions Gate contrôle Maple, mais la propriété et la gouvernance de Maple par des Canadiens seraient grandement accrues si Lions Gate se départissait de ses actions de Maple en faveur d'un ou de plusieurs acheteurs canadiens indépendants, comme le Groupe Icahn l'a proposé.
Pour terminer, le Groupe Icahn respecte les politiques culturelles du Canada et l'importance de soutenir un secteur culturel canadien dynamique. Nous estimons que nos engagements envers Patrimoine Canada seront à l'avantage net du Canada.
Merci.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Je crois que vous avez reçu une courte série de diapositives. Vous devriez les avoir devant vous.
En plus d'être sous-ministre adjoint aux Affaires culturelles, je suis aussi directeur des investissements en vertu de la Loi sur Investissement Canada. Comme vous le savez, la loi est administrée par le ministère de l'Industrie et le nôtre, et une structure parallèle a été établie à cette fin. Je suis donc le directeur des investissements en vertu de l'article 6 de la loi, et Missy est ma sous-directrice.
Comme vous l'avez mentionné, monsieur le président, je ne suis pas vraiment ici pour vous parler de Lions Gate. Je suis ici pour vous donner de l'information d'ordre général à propos de la loi. Je vais tenter de répondre du mieux que je peux à vos questions, sans toutefois manquer à mes obligations à titre de représentant du gouvernement, conformément à la Loi sur Investissement Canada.
J'aimerais commencer en réitérant l'objectif de la Loi sur Investissement Canada. La loi contient une disposition de déclaration d'objet. Il est rare qu'une loi contienne ce genre de disposition, mais c'est parfois le cas, et c'est très utile pour administrer la loi en question. Vous verrez que la loi vise à encourager les investissements, à contribuer à la croissance de l'économie et à créer des emplois. Elle prévoit également un mécanisme d'examen des investissements effectués au Canada par des non-Canadiens et susceptibles de porter atteinte à la sécurité nationale.
Comme je l'ai indiqué plus tôt, le ministre, Missy, et moi-même sommes responsables de ce que nous appelons « l'entreprise culturelle ». Ce terme est défini à l'article 14.1 de la Loi sur Investissement Canada. Il fait référence à la publication de livres, de revues et d'autres périodiques ou journaux, sous forme imprimée ou assimilable par une machine, une expression qui est apparue au début des années 1980 pour désigner les technologies numériques et l'informatique; il est également question de la production, de la distribution, de la vente ou de la présentation de films ou de matériel vidéo; cela comprend aussi la distribution ou la vente de compositions musicales sous forme, encore ici, assimilable par une machine; et la radiodiffusion destinée au grand public, telle que définie dans la Loi sur la radiodiffusion.
À la page 4, vous trouverez les règles établies pour déterminer si une transaction nécessite un examen obligatoire ou si elle est sujette à avis. Vous vous rappellerez qu'il y a quelques années le gouvernement avait été mandaté, sous la présidence de Red Wilson, de se pencher sur la Loi sur Investissement Canada et d'autres enjeux d'ordre économique. Dans la production de son rapport, le comité a réalisé que la spécificité du secteur culturel était telle qu'elle justifiait l'établissement de règles spéciales. Le secteur culturel n'est ainsi pas assujetti aux mêmes règles que les autres entreprises en général, et ce sont nos collègues d'Industrie Canada qui administrent ce volet.
Il y a deux facteurs précis à considérer. Les seuils financiers qui justifient la tenue d'un examen sont moins élevés pour le secteur culturel. Nous avons ainsi le pouvoir d'examiner une entreprise même si la valeur de ses actifs s'élève à cinq millions de dollars. Du côté d'Industrie Canada, les seuils sont beaucoup plus élevés. Nous examinons aussi ce que l'on appelle parfois des investissements en installations nouvelles, alors ce ne sont pas que les entreprises existantes qui sont visées, mais aussi celles qui n'ont jamais été exploitées au pays.
Vous verrez à la page 4 qu'un examen est automatiquement enclenché dès qu'il y a acquisition des actifs d'une entreprise, qu'il s'agisse d'un investissement direct ou indirect. Il y a un investissement indirect en présence d'une société de portefeuille dont la structure fait en sorte que l'acquisition ne vise pas l'entreprise elle-même, mais l'entité qui la chapeaute.
D'autres éléments sont uniquement sujets à avis. Toutefois, lorsqu'on nous avise d'une transaction proposée ou d'un investissement éventuel, même s'il ne s'agit que d'un avis, le gouvernement peut décider d'enclencher un examen par l'entremise d'une directive du gouverneur en conseil. On a recours à cette méthode que dans des cas exceptionnels. Vous comprendrez que même une transaction de moins de cinq millions de dollars peut avoir des répercussions importantes sur le microcosme du secteur culturel. Il importe donc d'être vigilants.
On explique en gros, à la page 5, ce qui constitue un avantage net. L'article 20 de la loi en donne une définition très claire, couvrant une très vaste gamme de facteurs à considérer. Rien n'est donc vraiment coulé dans le béton; ce sont des facteurs beaucoup plus discrétionnaires.
Un des premiers facteurs à prendre en compte est l'activité économique. Quel effet cela aura sur l'emploi ? Dans quelle mesure l'entreprise pourra-t-elle créer...? On peut se demander à quel point cela servirait les industries créatives et les exportations canadiennes dans le secteur culturel.
Nous examinons également l'étendue de la participation canadienne. Il peut arriver qu'une société étrangère veuille faire l'acquisition de 60 p. 100 des parts d'une entreprise canadienne, qui elle en conserverait 40 p. 100. Nous devons donc examiner ce genre de transaction.
Viennent ensuite, comme on peut le voir à la page 6, la productivité et l'innovation. Comme vous le savez, la productivité intervient pour beaucoup dans la santé économique du Canada. Donc, le rendement industriel, les progrès technologiques, ainsi de suite, figurent également parmi les facteurs pris en compte.
L'article 20 de la loi fait aussi mention de la concurrence, l'objectif étant de promouvoir une saine concurrence au sein de l'économie canadienne.
Le facteur suivant suscite probablement plus d'intérêt, car il y a effectivement des politiques nationales qui régissent les investissements dans certains secteurs. Prenons, par exemple, la culture. Il existe des politiques en matière culturelle, notamment dans le domaine de la distribution de films, mais pas dans celui de la production. En fait, nous offrons des crédits d'impôt aux sociétés étrangères qui produisent des films au Canada, ce qui veut dire que la politique en la matière est favorable aux réalisateurs étrangers qui souhaitent tourner des films ici. Il n'y a pas de politique précise dans le domaine de la musique, mais il y en a une dans celui de l'édition du livre. Et bien entendu, comme vous le savez fort bien, la Loi sur la radiodiffusion dispose que les entreprises de radiodiffusion doivent appartenir à des intérêts canadiens et être sous contrôle canadien.
Cela dit, les politiques nationales ne sont pas jugées plus importantes que les autres facteurs. Toutefois, les ministres doivent être en mesure d'exercer leur pouvoir discrétionnaire de manière adéquate sans se sentir liés par une politique. Je m'explique: l'existence d'une politique signifie qu'il y a des exigences à satisfaire, dont certaines plus sévères, selon les circonstances en cause. Une politique ne peut être assimilée à une interdiction. Dans le cas récent d'Amazon, le gouvernement, malgré la politique, a approuvé la transaction en raison de toutes les circonstances existantes. Les politiques ne constituent pas un veto, mais un facteur — significatif — parmi d'autres.
Le dernier critère dans la liste est celui de la compétitivité mondiale.
Passons maintenant à la page 7, où il est question des étapes du processus d'examen, un sujet qui a été abordé plus tôt. L'investisseur doit envoyer un avis complet. Après réception de celui-ci, le gouvernement dispose de 21 jours pour déterminer s'il souhaite procéder à un examen, et ce, même si la valeur des actifs est inférieure au seuil déclencheur. Dans le cas où la demande est sujette à un avis et à un examen, voire même à un examen obligatoire, le gouvernement a 45 jours pour rendre une décision, le ministre pouvant prolonger cette période de 30 jours, et ce, de manière unilatérale. Par ailleurs, comme les transactions soient parfois compliquées — et elles sont effectivement d'une grande complexité en plus d'être l'objet de négociations incessantes —, des délais supplémentaires peuvent être autorisés, mais seulement sur entente mutuelle de l'investisseur et du ministre. Les discussions aboutissent habituellement à un accord.
Une fois l'investissement approuvé, des discussions sont entamées en vue de fixer les engagements. L'investisseur doit prendre des engagements fermes qui démontrent que la transaction proposée constitue un net avantage pour le Canada. En règle générale, les engagements sont pris pour une durée de cinq ans. Certains ne font l'objet d'aucune limite — lorsqu'une personne veut investir dans un créneau particulier, elle doit s'engager à ne pas procéder à l'expansion de son entreprise au-delà du créneau. Et bien sûr, Missy et son équipe assurent un suivi. Nous recevons des rapports annuels et d'étape au fur et à mesure que le projet avance.
La page 9 est intéressante. Je n'ai pas l'intention de passer beaucoup de temps là-dessus. Il est question des disposition d'exécution de la loi. Les problèmes à ce chapitre sont plutôt rares, car le milieu des affaires, en général, respecte les règles touchant le dépôt d'un avis et le processus d'approbation.
La page 10 porte sur la confidentialité de l'information. J'en ai parlé au tout début de mon exposé. L'article 36 de la loi est très clair: je ne peux, en tant que fonctionnaire, communiquer les renseignements que je reçois ou qui sont transmis à Missy ou à d'autres. La communication de ces renseignements constitue une infraction en vertu de l'article 42. Les investisseurs peuvent, s'ils le désirent, rendre cette information publique. D'ailleurs, ils sont parfois tenus de le faire — les sociétés cotées en bourse doivent, dans certains cas, communiquer tous les renseignements qui leur sont fournis en raison des lois sur les valeurs mobilières. Toutefois, les fonctionnaires ne peuvent divulguer aucune information.
J'ajouterais que, même si je m'occupe des investissements en vertu de la Loi sur Investissement Canada et que j'ai des contacts directs avec le ministre, le sous-ministre et mes collègues au sein du BCP et des autres ministères, ils n'ont pas toujours accès aux détails. Nous protégeons les renseignements que nous recueillons. La logique derrière tout cela est la suivante: il arrive parfois qu'un investisseur souhaite engager des discussions avec le gouvernement. Or, si l'investissement ne constitue pas un avantage net pour le Canada, par exemple, on ne voudra pas que l'information relève du domaine public. C'est le Parlement qui a choisi de procéder de cette façon, et c'est ce que précise la loi.
Lorsqu'une décision est prise, nous l'affichons, bien sûr, sur notre site Web. Les motifs qui sous-tendent la décision doivent être fournis, comme l'exige une modification récente apportée à la loi. Ainsi que le recommandait le rapport Red Wilson, les raisons du rejet d'une demande, par exemple, sont expliquées un peu plus en détail. Parfois, le contenu du communiqué conjoint est négocié avec l'investisseur pour que les gens sachent ce qui se passe.
Monsieur le président, voilà qui met fin à mon exposé. Nous répondrons volontiers aux questions de vos collègues.