Bonjour à tous. Je voudrais vous souhaiter la bienvenue à la 18e séance du Comité permanent du patrimoine canadien.
Avant que nous passions à notre ordre du jour, je voudrais vous donner un aperçu des séances à venir.
Jeudi prochain, nous accueillerons, à ma demande, des hauts fonctionnaires d'Industrie Canada.
Je propose de consacrer la séance de mardi prochain à nos travaux à venir, notamment le rapport provisoire et les séances publiques de l'automne. M. Angus demandera peut-être — qui sait? — un rapport sur Lionsgate. La réunion de mardi portera donc sur nos travaux à venir. Je pense qu'il reste cinq séances, avec celle d'aujourd'hui. Il ne faut pas attendre à la cinquième pour aborder le rapport provisoire, sinon nous ne pourrons pas le présenter à la Chambre.
Sur ce, passons à notre ordre du jour.
Conformément à l'article 108(2) du Règlement, le comité étudie la tentative de prise de contrôle de la société canadienne de production et de distribution cinématographie Lionsgate Entertainment Corporation.
Nous accueillons aujourd'hui les représentants de la Lionsgate Entertainment Corporation: Jon Feltheimer, directeur général, ainsi que Norman Bacal et Phyllis Yaffe, membres du conseil d'administration. Bienvenue.
Qui lira la déclaration préliminaire?
Jon.
:
Je pense que je vais ouvrir le bal.
Je vous remercie infiniment, monsieur Schellenberger.
Monsieur le président, bonjour. Mesdames et messieurs les membres du comité, bonjour.
Je m'appelle Jon Feltheimer. Je suis coprésident et directeur général de Lionsgate Entertainment, chef de file de l'industrie cinématographique canadienne.
Je souhaiterais vous présenter Phyllis Yaffe et Norman Bacal, deux membres de notre conseil d'administration très bien connus de beaucoup d'entre vous en raison du rôle qu'ils jouent depuis longtemps dans l'industrie cinématographique canadienne.
Je voudrais d'emblée remercier les membres du comité de nous avoir invités à comparaître aujourd'hui pour examiner nos préoccupations à propos de l'offre publique d'achat hostile présentée par le Groupe Icahn et visant la totalité des actions de Lionsgate. Vous n'êtes pas sans savoir que cette prise de contrôle non seulement se répercutera sur notre société, mais également aura un grave impact sur l'ensemble de l'industrie cinématographique canadienne. Nous sommes donc d'avis que cette prise de contrôle n'est pas à l'avantage net du Canada.
Les membres du comité ont reçu de la documentation sur Lionsgate, mais je voudrais brièvement vous brosser un tableau de notre société. Je voudrais aussi souligner notre apport au sein de l'industrie canadienne du film et de la télévision depuis notre création il y a un peu plus de 10 ans.
Je commence par une évidence: Lionsgate est une société canadienne. C'est à ce titre que nous comparaissons aujourd'hui. Notre entreprise s'est constituée en société en Colombie-Britannique. Les deux tiers de notre conseil d'administration sont des Canadiens. Point tout aussi important, par nos investissements et notre présence, nous apportons une contribution fière et dynamique à l'essor de l'industrie cinématographique canadienne.
Les dirigeants de notre société sont établis en Californie pour être à proximité du coeur de l'industrie cinématographique et télévisuelle. Cependant, que nous travaillions dans nos bureaux à New York, Londres, Toronto, Sydney ou Hong Kong, mes collègues et moi relevons tout de même de notre conseil d'administration.
Depuis sa création en 1997, Lionsgate est devenue une entreprise diversifiée de presque deux milliards de dollars au sein de l'industrie internationale du spectacle. Elle est passée d'un modeste studio indépendant distribuant surtout des petits films d'art à une figure de proue dans les domaines de la production et distribution de films, de la production et distribution sous licence d'émissions télévisées, du divertissement au foyer, de la distribution en mode numérique et des plates-formes pour les nouvelles chaînes.
L'un des principaux moteurs de cette croissance, c'est notre capacité de produire des films et des émissions de télévision mettant à contribution des équipes et des artistes canadiens, les crédits fédéraux et provinciaux et l'aide fournie par quatre grandes villes canadiennes — Vancouver, Montréal, Toronto et Edmonton.
Notre apport à l'industrie canadienne saute aux yeux. En fait, Lionsgate est indissociable du Canada... Pensez à notre marque de commerce, Lionsgate, qu'on identifie à Vancouver, aux 48 films et séries télévisées que nous avons tournés au Canada ces 10 dernières années, à notre société de distribution torontoise Maple qui connaît une croissance rapide, à notre partenariat avec la Société générale de financement du Québec et à notre association de longue date avec le Festival international du film de Toronto, dont le déroulement coïncide avec celui de notre réunion annuelle des actionnaires. D'ailleurs, notre film Crash y a mérité un prix il y a quelques années. Nous sommes également fiers de commanditer tous les ans le Festival de la télévision de Banff.
Nous comparaissons aujourd'hui pour vous rappeler non seulement que le Canada a joué un rôle important dans notre succès, mais aussi que nous avons également contribué à celui de l'industrie canadienne du film et de la télévision. Nous avons investi plus de 800 millions de dollars dans la production de films et d'émissions télévisuelles réalisés au Canada, créant ainsi plus de 20 000 emplois, selon le facteur de multiplication de l'ACPFT.
Nous comparaissons aujourd'hui à cause de l'incertitude suscitée par la tentative de prise de contrôle de Lionsgate, mais il n'y a aucune incertitude quant au message que nous avons transmis aux fonctionnaires et aux parlementaires ces dernières semaines et à votre comité aujourd'hui. Quel est ce message? Nous chérissons la valeur patrimoniale de Lionsgate au Canada. Nous sommes fiers du rôle que nous avons joué dans l'économie canadienne. Nous sommes fiers de notre apport à la vie culturelle canadienne et québécoise. Nous avons à coeur la croissance soutenue de notre industrie cinématographique et télévisuelle. De concert avec notre récente pénétration de nouveaux créneaux, cette croissance soutenue nous permettra de contribuer davantage à l'essor de cette industrie.
Avant de comparaître devant vous, j'ai lu attentivement les délibérations préalables à l'adoption unanime par le comité de la motion à l'origine de la présente séance. Le comité a été sage de préciser qu'il ne s'agissait pas d'interdire systématiquement toute forme d'investissement étranger. Les Canadiens peuvent et, en fait, devraient être fiers que nos entreprises attirent des investissements étrangers substantiels. Le comité et le gouvernement doivent plutôt déterminer si l'industrie et les artistes canadiens tireront un avantage net de cette prise de contrôle. Sur la foi des propos de M. Icahn à cet égard, nous estimons qu'ils ne pourront tout simplement en tirer aucun.
Mesdames et messieurs, le gouvernement canadien se trouve devant une alternative toute simple: il doit choisir entre le Lionsgate d'aujourd'hui et ce qu'il deviendrait après son acquisition par le Groupe Icahn. D'une part, nous sommes une société canadienne qui investit massivement au Canada depuis 10 ans, à savoir près de un milliard de dollars dans la réalisation de centaines d'heures d'émissions télévisées et de films, ce qui a créé des dizaines de milliers d'emplois ici même.
D'autre part, notre acheteur éventuel n'a jamais investi dans l'industrie canadienne du divertissement, il n'a jamais produit d'émissions télévisées ou de films au Canada et il n'a jamais créé d'emplois dans l'industrie canadienne des médias. En fait, c'est un néophyte dans l'industrie du divertissement du Canada ou de tout autre pays. Dans une entrevue qu'il a donnée récemment à CNBC, M. Icahn a même évoqué que Lionsgate devrait abandonner le domaine de la production. Il faudrait donc dire adieu aux 800 millions de dollars investis dans des émissions télévisées et des films réalisés au Canada, de même qu'aux 20 000 emplois que cela crée ici même.
M. Icahn ayant refusé de faire part de ses plans au comité ou aux Canadiens et même de comparaître devant vous, nous ignorons comment il a l'intention de relever le défi et de satisfaire aux exigences de la loi.
De plus, M. Icahn propose, dans son offre, de vendre le secteur de la distribution de films canadiens de Lionsgate. Il ne le fait pas pour, comme vous l'a indiqué son représentant mardi, favoriser l'essor de l'industrie canadienne ou de Maple, mais simplement pour se soustraire à la politique cinématographique de longue date du gouvernement fédéral, qui interdit à des étrangers d'acquérir des entreprises canadiennes de distribution de films. Ce bradage de Maple se répercutera négativement sur l'industrie cinématographique canadienne, car Maple sera vendue soit à un concurrent — privant ainsi d'un débouché les productions canadiennes —, soit à une société qui se tient à l'écart de la distribution de films. Dissociée de Lionsgate, Maple deviendra davantage un pion dans l'industrie.
Nous espérons que vous conviendrez que le choix est clair. Si l'on permet que la prise de contrôle de Lionsgate se concrétise dans ces circonstances, le Canada ne pourra en tirer aucun avantage net, et l'ensemble de l'industrie sera durement touché.
Merci beaucoup.
Mes collègues et moi serons ravis de répondre à vos questions.
En fait, nous avons étendu les activités de Maple et, d'après moi, il n'y aura pas d'expansion si Maple passe entre les mains d'un autre acheteur. Je ne saurais vous dire le nombre exact d'employés dans notre bureau de Toronto. Je présume qu'il y en a une quarantaine. Quoi qu'il en soit, nous avons étendu leurs activités.
Peut-être le savez-vous ou non, mais notre société de distribution à Toronto mène plusieurs activités. Elle ne s’occupe pas seulement de distribuer des films produits par Lionsgate; cette année, nous avons étendu les activités, de sorte que le tiers de notre répertoire, du point de vue des recettes, se compose de films produits par d’autres compagnies que Lionsgate. Comme vous le savez peut-être, nous distribuons également tous les films francophones d'Equinoxe. Nous sommes le distributeur de ces films au Canada anglais. En collaboration avec Lionsgate, Maple acquiert des films provenant de tiers sur le marché international. Pour vous dire franchement, si Maple est en mesure de financer ces films, c'est en grande partie à cause des autres droits que Lionsgate parvient à acheter.
Alors, ces deux ou trois dernières années, notre objectif en ce qui concerne Maple a été d'accorder à nos employés canadiens une part dans la société et de faire en sorte que Maple ne se limite pas aux produits de Lionsgate et qu'elle continue de croître en tant que société canadienne.
:
Quand on vend des actions à la bourse, surtout si on tient à étendre la participation dans la société, quelqu’un peut toujours venir et prendre possession de celle-ci; c’est un risque inhérent au marché.
On nous a dit l'autre jour — sans vouloir offenser les administrateurs ici présents —, que le conseil d'administration ne sait pas vraiment ce qu'il fait, que la société effectue de mauvais investissements et que c'est à cause de vous que les actions, dont environ 20 p. 100 appartiennent à M. Icahn, sont sous-évaluées. Il n'est pas très content de la situation et il compte l’arranger, à titre d’investisseur qui mise sur la valeur.
Je crois que vous avez dit qu'il détient des actions dans une foule de sociétés. Il prétend savoir comment mieux les administrer. Il a d'ailleurs amassé une petite fortune, à ce qu'il paraît. Il doit bien connaître une chose ou deux en affaires. Je surveille le marché d'assez près. Je pense qu'il sait probablement de quoi il parle.
Dans ce dossier, il y a un élément qui m’inquiète. M. Rodriguez a bien mis les choses en perspective: à ce stade-ci, nous nous occupons seulement de déterminer si cette acquisition est à l’avantage net du Canada. Ce qui me préoccupe, c'est que parfois des sociétés comme la vôtre prétendent être des entreprises canadiennes par opportunisme. À preuve, 4 p. 100 de vos actionnaires sont effectivement Canadiens. Vous produisez des films au Canada, d'accord, mais c’est ce que font bon nombre d'entreprises parce que nous offrons d'excellents incitatifs. Je pense que nous avons réussi à bâtir une assez bonne industrie. Alors, ce n'est pas l’apanage de votre société. Ce n'est pas comme si vous étiez la seule entreprise à produire des films au Canada.
J'avoue que c'est une question délicate, parce que si nous allons nous mettre à jouer au yoyo avec les règles et à protéger ces gars, du seul fait que nous croyons que c'est ce qui s'impose, les investisseurs étrangers vont se dire: « Attendez un instant, vous avez fixé des règles et des procédures à suivre, mais vous faites ensuite des exceptions particulières parce que vous n'êtes pas prêts à accepter un engagement de la part de quelqu'un qui est disposé à dire... » Et je suis d'accord avec vous à 100 p. 100: l’acheteur éventuel n'a pas indiqué ses engagements envers le Canada. Il devra prendre des engagements à l’égard du ministère. Nous ne sommes pas en droit de les connaître.
Honnêtement, quand les étrangers voient comment les choses se déroulent, un certain risque se pose pour un pays qui se décrit comme une économie de marché libre et qui veut assurer sa croissance à la fois en effectuant des investissements à l'étranger et en recevant des investissements directs étrangers. C’est ce qui m’inquiète.
Voici donc ma première question: êtes-vous une société canadienne par pur opportunisme? Est-ce bien l’adresse de votre siège social? On nous a dit qu'il s'agit d'une adresse postale à Vancouver.
:
Qu'il ne vous en déplaise, mais le fait d'être une société canadienne n'a rien d'opportuniste, comme en témoigne la récente décision rendue par la British Columbia Securities Commission, décision que nous avons d'ailleurs jugée déplorable. Selon nous, la Cour d'appel a rendu une très mauvaise décision, sans que nous ayons un mot à dire. Quoi qu'il en soit, nous sommes une société canadienne depuis le début. Presque chaque jour, je lis un article sur notre entreprise dans la presse internationale qui commence par les mots suivants: « Lionsgate, la société canadienne du divertissement ou des médias ».
Chaque fois que nous prenons une mesure, j'en rends compte — tout comme chaque employé de notre entreprise — à un conseil sous contrôle canadien. Rien de ce qu'on fait... chacun de nos comités, je crois, est sous contrôle canadien. Nous ne procédons à aucune transaction stratégique et nous n'appliquons aucun budget sans avoir obtenu l'approbation d'un conseil canadien. Nous avons une société de distribution très dynamique à Toronto. C'est une entreprise que nous avons fait croître. Selon moi, nous avons honoré l'engagement pris envers le Canada et nous avons utilisé l'investissement accordé pour produire un nombre important de films que nous pourrions, franchement, produire ailleurs dans le monde.
À mon avis, nous avons été un partenaire très loyal pour le Canada, et vice versa. Ensemble, le Canada et Lionsgate ont bâti un géant dans le monde des médias. Soit dit en passant, l'équipe de direction n'a pas changé. En 2000, lorsque j'ai pris la tête de la société, notre action se vendait, à un moment donné, à 1,50 $. Elle se vend maintenant à 7 $. Notre chiffre d'affaires était de moins de 100 millions de dollars, alors qu'il frôle maintenant les 2 milliards de dollars. La société doit sa croissance aux efforts de cette équipe de direction qui est toujours fidèle à l'engagement de produire et de distribuer des films en anglais et en français au Canada. Il n'y avait rien de particulièrement opportuniste là-dedans.
:
Eh bien, tout d'abord, sachez que le directeur général est un guitariste. Je vois les affaires sous l'optique de la créativité. Rien n'est plus important pour moi que le fait d'appuyer les artistes. D'ailleurs, je suis ravi du projet de loi qui vient d'être adopté et qui appuie les droits des artistes. Encore une fois, je pense avoir bien montré, tout au long de mes observations, que nous ne sommes pas seulement des distributeurs, mais aussi des producteurs importants.
Si vous étiez sur le plateau de Running Wilde dernièrement à Vancouver, où nous avons tourné une émission pilote, vous auriez vu des gens là-bas qui avaient commencé leur carrière comme messagers ou machinistes de production. L'un d'eux est maintenant directeur photo de cette production.
Nous avons appuyé la production au Québec grâce à notre financement et à notre distribution de nombreux films en français, notamment Elvis Gratton, Les 3 p'tits cochons et de nombreux autres projets.
Nous avons développé bien des projets avec les Canadiens. J'ai mentionné tout à l'heure la création d'un fonds avec l'aide de Paul Haggis.
Rien ne compte plus pour moi. Encore à ce jour, je prends le temps de lire chaque scénario que nous allons produire. Je m'entretiens avec des auteurs et des réalisateurs tous les jours dans le cadre de mon travail. Il n'y a rien de plus important pour moi que l'aspect culturel de notre industrie.
:
Ne minimisons pas les faits.
J'oeuvre au sein de la société depuis maintenant 10 ans. Pendant cinq ans, j'ai occupé le poste de conseiller juridique et, depuis ces cinq dernières années, je siège au conseil d'administration. Je ne pense pas que nous devions minimiser l'effort et la contribution de la direction pour créer un véritable modèle de réussite canadien, en partie grâce à ce qu'elle a fait pour le Québec.
Pour n'importe qui, l'idée de recommencer à zéro et de rebâtir toute une entreprise est une tâche monumentale. Si l'on tient compte de la place qu'occupe maintenant Lionsgate et de ce qu'elle a signifié pour le Canada ces 10 dernières années, c'est tout un exploit. Le fait de revenir à la case départ...
Quelqu'un a affirmé publiquement son ignorance de la valeur du répertoire de films de notre société, mais sachez que nous possédons le plus grand répertoire au Québec. Cette personne ne reconnaîtrait probablement pas les titres, mais M. Feltheimer a fait allusion à plusieurs d'entre eux. Mentionnons, à titre d’exemples, la télésérie sur la vie de René Lévesque, ainsi que Mon oncle Antoine — un trésor québécois — et beaucoup d'autres. Qu'adviendra-t-il de ces films dans l'avenir?
Tout d'abord, nous ne pouvons pas prédire l'offre qui sera présentée. Nous ignorons la teneur des discussions entre cette personne et Patrimoine canadien ou ce que l'avenir réserve pour Lionsgate. Mais suggérer que notre exploit pourrait être facilement répété par n'importe qui, c'est sous-estimer les réalisations de la direction au cours des 10 dernières années.
:
Merci, monsieur le président.
Je remercie tous les témoins d'être venus aujourd'hui. J'apprécie surtout la présence du directeur général. De toute évidence, vous prenez cette affaire très au sérieux.
Je me trouve devant un dilemme parce que chaque cinéaste est à la fois entrepreneur et, bien sûr, artiste. Je vois la question sous les deux angles. Je ne pense pas que ce soit une bonne idée pour les politiciens canadiens d'entraver les possibilités économiques des investisseurs, comme je l'ai indiqué à la dernière réunion, lorsque nous avons accueilli un investisseur important au pays. Il vaudrait mieux, à tout le moins, donner aux investisseurs étrangers l'idée qu'il existe un marché ici et que le Canada est favorable aux affaires et aux investissements.
En même temps, j'apprécie évidemment toutes les réalisations de Lionsgate au fil des ans. Comment notre comité a-t-il pu en arriver là? Je pense que nous anticipons trop les choses. En l'occurrence, on a mis la charrue avant les boeufs. Aux fins du compte rendu, je tiens à réitérer mon opinion, à savoir que cette audience n'est pas un bon précédent parce que cette question aurait dû être négociée à huis clos et, au besoin, avec le gouvernement du Canada. Je tenais à le dire; c'est ma perspective en tant qu'homme d'affaires et artisan du cinéma. Je ne crois pas que ce soit très avantageux pour notre industrie quand un groupe de politiciens, qui n'ont vraiment pas les informations, tiennent des discussions si à l'avance.
Cela étant dit, je veux passer à certaines des positions qui ont été formulées par le Groupe Icahn, conscient du fait que vous ne voulez pas qu'il achète la société. Je sais que vous dites que l'argument clé réside dans l'avantage net pour le Canada, et je pense que vous avez raison. Il est assez évident que le Groupe Icahn ne parviendrait pas à défendre l'argument qu'il serait à même de fournir au Canada un avantage net supérieur à ce que procure déjà votre conseil d'administration. Mais, d'après le témoignage du Groupe Icahn, j'ai l'impression que ce n'est pas son angle d'approche. L'argument invoqué porte plutôt sur votre statut de société canadienne.
Comment répondez-vous à cet argument par les moyens dont vous disposez? Je fais aussi allusion à M. Blais, le SMA, qui a comparu devant notre comité. Quand on lui a demandé de préciser si votre société était canadienne, il était incapable de fournir une réponse claire. Que doit faire votre société pour établir ce fait auprès du ministère et pour contrer l'attaque du Groupe Icahn?
:
Vous avez mentionné la côte Ouest.
Eh bien, nous avons un fonds de production cinématographique et télévisée d'une valeur de 400 millions de dollars avec la SGF. Ce fonds nous a servi pour tourner la première saison de Blue Mountain State. Nous espérons pouvoir l'utiliser une fois de plus pour la deuxième saison, mais dans tous les cas, nous allons produire la deuxième saison au Québec.
Nous nous attendons à ce qu'Epix, une chaîne de télévision payante, diffuse une des miniséries que nous avons créées, appelée Atlas Shrugged. Ce serait une production d'environ 25 ou 30 millions de dollars.
Encore une fois, nous ne faisons pas de plan pour convaincre qui que ce soit que nous continuerons de produire et de distribuer au Canada, parce que nous le tenons pour acquis: c'est notre entreprise, cela fait partie de notre plan d'affaires, c'est permanent. Mais j'ajouterais un point —et, encore une fois, je pense que c'est très important —, pour revenir à la conversation sur Maple: une partie de notre croissance au Canada est liée à l'appui et à l'expansion de Maple.
Le fait de renforcer Maple, de lui permettre de distribuer plus de films produits par des compagnies autres que Lionsgate — des films provenant de tiers et des droits de distribuer des films francophones du Québec au Canada anglais —, voilà un énorme avantage pour les cinéastes, tant francophones qu'anglophones, partout au Canada. La force de Maple leur fournit un énorme avantage; alors, l'idée de la vendre ou de la consolider va clairement à l'encontre de cela.
:
Eh bien, chaque fois que nous avons un film qui ne donne pas de bons résultats, j'ai l'impression d'apprendre une leçon. Mais la leçon, ce n'est pas d’arrêter de tourner des films.
Ce que nous avons fait, c'est équilibrer nos activités; nous avons adopté une approche du portefeuille. M. Icahn a récemment parlé d'un de nos films qui avait coûté plus cher que prévu, mais il n'a pas remarqué que, comme nous l'avons indiqué dans notre présentation aux actionnaires, notre exposition moyenne au risque de production après les ventes internationales, pour l'ensemble des films, est d'environ 13 millions de dollars. C'est probablement le tiers de celle des grands studios.
J'ai l'impression d'apprendre quelque chose chaque jour dans l’ensemble de nos activités. Mais il est un peu choquant d’entendre dire que nos coûts indirects sont élevés, alors qu’en pourcentage, ils sont les plus faibles dans l'industrie.
Nous savons certes que, pour traverser des périodes économiques difficiles, nous devons agir intelligemment sur le plan des dépenses et des coûts indirects. Comme je l'ai dit, chaque fois qu'un projet de film ou d’émission télévisée n’aboutit pas, j'ai l'impression d'apprendre quelque chose et j'essaie de l'appliquer la prochaine fois, avec l’aide de tout notre personnel et notre conseil d’administration.
Mais je crois que la leçon principale que j'ai apprise, c'est que nous devons continuer de faire croître notre entreprise, mais quand on commence à faire des compressions et à essayer de montrer seulement des résultats financiers, au lieu d’assurer la croissance des activités de base — après tout, notre domaine, c'est la culture, le cinéma et la télévision, le soutien à de grands auteurs et réalisateurs: bref, j'ai appris qu'au bout du compte, c’est ce qui génère plus d'argent. Mais, en fait, ce qui importe le plus, c'est d'être fidèle à l’entreprise et, dans notre cas, il s’agit d’une entreprise artistique et culturelle.
:
Je crois que l'avenir est extrêmement prometteur. Nous venons tout juste de publier un incroyable communiqué sur les résultats. Nous misions sur un excédent brut d’exploitation rajusté de 75 millions de dollars, mais le montant se chiffre plutôt à près de 130 millions. Nous avons connu une très forte année de revenu, nous prévoyons une augmentation des recettes d’environ 13 à 15 p. 100 cette année et nous observons une croissance dans chacune de nos sphères d’activité.
Nos chaînes se portent très bien. Pour ce qui est de nos activités télévisuelles, nous avons entrepris de diffuser une série télévisée. Il s’agit de Running Wilde, dont le projet pilote a été tourné à Vancouver, comme je le mentionnais. Nous avons choisi une série, et on l’a adoptée. Nos téléséries Mad Men, Weeds et Nurse Jackie remportent un vif succès.
Ainsi, notre entreprise est dynamique, ce qui est crucial. Comme je l'ai dit, nos employés sont extrêmement motivés, car ils sont appelés à participer et ils peuvent prendre des décisions. J’estime que la société se porte merveilleusement bien. Notre bilan est très positif.
Je crois comprendre qu’il faut critiquer la gestion si l’on veut recourir à une procuration, mais nous croyons que nous nous portons très bien, après tout.
:
En ce moment, des changements sont en cours relativement au texte de loi. On hausse le seuil, et il y a deux articles. Actuellement, le seuil est d'environ 300 millions de dollars et il sera majoré à 600 millions de dollars plus tard. J’estime qu'il est important de parler de ces chiffres, car les Canadiens doivent se rendre compte que c'est vraiment ce qui est en jeu ici.
Quant aux autres dispositions relatives à la sécurité — il s’agirait donc de l'examen —, c’est le ministre de l'Industrie qui les déclenche automatiquement, et non le ministre du Patrimoine.
De nouveau, il doit y avoir des éléments qui prouvent l’avantage net pour le Canada. Ainsi, votre présence sur la Colline est utile, car il n'est pas nécessaire d’induire les Canadiens en erreur quant au fait qu’il y aurait un prédateur, une acquisition hostile ou peu importe, et que cette démocratie n’aurait aucun rôle à jouer dans le cadre de cette discussion. Il faut que les règles soient claires.
Vous n'avez pas vraiment donné de détails quant à votre avenir au Canada. Cela nous aiderait. Vous avez dit avoir une vaste bibliothèque.
Pouvez-vous nous garantir ou nous promettre que vous allez envisager d’accroître la production au Canada par l’entremise de Téléfilm ou tout autre type de distribution ou de production? Ce serait utile si Lionsgate nous garantissait qu’elle a un plan d'affaires pour le Canada qui inclut les Canadiens. Je crois que c'est ce qu’il vous manque ici aujourd'hui: nous ne comprenons pas vers où se dirige votre entreprise et quel est son rôle. C'est pourquoi je vous ai demandé la valeur de la production au Canada par rapport à celle des États-Unis, entre autres.
Si vous n'avez pas ces renseignements en ce moment, je vous recommande de nous dire — du moins, c’est ce que j'aimerais entendre — quelle est la prochaine étape pour Lionsgate et pour Maple Pictures au Canada, pour que nous soyons en mesure de comprendre.
:
Je ne veux pas prendre trop de votre temps, mais nous ne verrions absolument aucun inconvénient à vous fournir un abrégé de tous les talents canadiens avec lesquels nous faisons des affaires. C’est très complet.
J'ai essayé de diviser le tout en catégories, dans un sens. J'ai parlé de ce que nous sommes en train de produire au Québec et de notre partenariat avec la SGF. Je vous ai touché un mot d'une production récente à Vancouver. J'ai oublié de parler de Décadence VII, et je vous remercie de me l’avoir rappelé. Ce film en trois dimensions est en cours de tournage à Toronto. Pour ce qui est de la production télévisuelle et cinématographique, nous poursuivons simplement nos activités. Je n'ai pas de données précises, notamment parce qu’en télévision, il faut principalement commander les séries par réseaux pour s'engager dans une production. Il y a donc une variable plutôt difficile à cibler.
Pour ce qui est de notre engagement continu, dans le cadre de l'expansion de Maple Pictures et non pas de sa contraction, je n’ai peut-être pas bien expliqué le lien entre le financement des films au Québec et au Canada anglais et leur distribution. Bien souvent, en plus de travailler avec des films achevés, nous offrons du financement au moyen de nos appareils de distribution à Maple Pictures pour soutenir la production de ces films. Sans partenaire de distribution solide, ces films ne seraient pas réalisés. Il s’agit d’une liste très complète. Je peux bien sûr la fournir à votre comité. Je serais ravi de le faire.
J'ai également mentionné ma collaboration avec Paul Haggis, relativement au théâtre ainsi qu’à la production télévisuelle. Si vous voulez avoir un montant précis, il serait très difficile de vous en donner un. Je peux seulement vous dire que vous pourriez vouloir vous concentrer sur 800 millions de dollars.