:
Merci beaucoup, monsieur le président.
Merci aussi à mes collèges du comité.
[Traduction]
Comme on l'a mentionné, je voudrais d'abord vous présenter les personnes qui vont témoigner avec moi. Un bon nombre d'entre vous connaissent déjà Jean-Pierre Blais, qui a comparu à de nombreuses reprises devant le comité.
Daniel Jean comparaît, je crois, pour la première fois, en tant que sous-ministre du Patrimoine canadien, devant le Comité du patrimoine. Je pense qu'il a déjà comparu avec moi devant le Comité des langues officielles, mais il remplace Judith LaRocque, qui est la sous-ministre depuis longtemps. Un bon nombre d'entre vous connaissent peut-être déjà Daniel Jean, mais si vous ne l'avez pas encore rencontré, ce sera l'occasion pour vous de dialoguer avec lui pour la première fois.
Je me réjouis qu'ils soient tous les deux présents ici. Ils se feront un plaisir de répondre aux questions que vous leur adresserez.
Je suis également heureux d'avoir l'occasion de discuter avec chacun d'entre vous au sujet de notre radiodiffuseur public national. En 2011, nous célébrons le 75e anniversaire de la création de la Société Radio-Canada. Dans ce contexte, j'aimerais tout d'abord énoncer certains faits que je mentionne souvent aux Canadiens lorsque je parle des arts et de la culture aux quatre coins du pays, parce que ce sont des messages qui valent la peine d'être répétés, non seulement par moi, mais par tous les députés qui croient nécessaire d'appuyer l'économie créative du Canada.
Le secteur des arts et de la culture emploie plus de 630 000 personnes au pays et il représente plus de 46 milliards de dollars du produit intérieur brut. Il est plus important que les secteurs canadiens de l'assurance et de la foresterie.
Notre gouvernement a déposé cinq budgets devant le Parlement. Dans chacun de ces cinq budgets, nous avons augmenté les crédits pour les arts et la culture. Contrairement à d'autres gouvernements membres du G8, notre gouvernement a décidé non seulement de renouveler les crédits accordés aux arts et à la culture, mais de les augmenter en ces temps de récession. Pas de réduction, pas même la stabilité, mais une hausse des fonds destinés aux arts. Lorsqu'une récession sévit, les arts et les cultures sont les premiers à en subir les contrecoups, c'est un secret pour personne. Dans la situation mondiale actuelle, c'est la réalité pour bon nombre de nos partenaires du G8 et du G20, mais pas au Canada. Nous avons fait des choix différents et cela pour deux principales raisons.
Premièrement, c'est parce que les arts et la culture jouent un rôle social important dans notre pays en renforçant les collectivités, en améliorant la qualité de vie de tous les Canadiens, en renforçant l'unité nationale, en respectant notre passé et en inspirant nos enfants. Le contrat social qui existe entre le gouvernement et les citoyens lorsqu'il s'agit de soutenir les arts est une chose que notre gouvernement valorise énormément.
La deuxième raison pour laquelle nous n'avons pas réduit le financement des arts, mais nous l'avons augmenté, c'est parce que les arts sont un puissant moteur de croissance économique dans nos collectivités. Les arts et la culture créent des emplois et stimulent notre économie.
[Français]
Nous reconnaissons l'importance des arts lorsqu'il s'agit de former des collectivités dynamiques et d'investir dans des emplois en cette ère numérique. L'industrie de la radiodiffusion est un exemple parfait. Comme vous le savez, le système canadien de radiodiffusion est unique. Notre système a été façonné par notre géographie, nos langues et notre proximité avec les États-Unis. Cela ne changera jamais. Notre système de radiodiffusion joue un rôle déterminant, tant pour notre société que pour notre économie.
Notre système de radiodiffusion connaît une période de changements et les consommateurs s'adaptent au nouvel environnement. Les Canadiens se tournent vers des expériences plus interactives. L'avenir dans le domaine des nouvelles, de l'information et du divertissement passe par la technologie mobile maintenant.
[Traduction]
Les toutes dernières technologies offrent de nouvelles possibilités aux Canadiens. Les modèles d'entreprise s'adaptent aux virages technologiques et à l'évolution des habitudes des consommateurs. Des partenariats voient le jour. Devant ces changements, notre gouvernement a déjà pris des mesures importantes pour s'assurer que notre système de radiodiffusion est parmi les meilleurs au monde.
Parmi les engagements les plus importants qu'a pris notre gouvernement envers le système de radiodiffusion, mentionnons le financement accordé à Radio-Canada.
Je sais qu'il arrive parfois à certains membres du comité de l'oublier, mais je voudrais leur rappeler que dans son programme électoral de 2004, 2006 et 2008, ainsi que dans les discours du Trône qui ont suivi les campagnes de 2006 et 2008, notre gouvernement a pris des engagements très clairs, simples et précis envers la SRC, à savoir qu'un gouvernement conservateur dirigé par le premier ministre Harper maintiendrait ou augmenterait le financement versé à Radio-Canada.
Comme je l'ai dit, le ministre des Finances a déposé cinq budgets devant le Parlement et dans chacun de ces budgets, nous avons tenu parole. Le financement de Radio-Canada est garanti comme jamais auparavant.
En fait, monsieur le président, je voudrais rappeler au comité que nous avons tenu cet engagement, même si nous avons été élus en 2006, avant la pire récession que le monde ait connue depuis la Seconde Guerre mondiale. Malgré un contexte économique difficile, nous avons tenu notre engagement envers la SRC; nous avons tenu notre promesse aux Canadiens de soutenir la Société Radio-Canada.
Non seulement nous avons apporté la stabilité promise, mais nous l'avons fait après une période de restrictions budgétaires, imposées par le gouvernement précédent, qui ont eu des effets dévastateurs pour la SRC. Depuis 2006, nous avons fourni le financement stable et prévisible que les Canadiens demandaient pour le radiodiffuseur public.
Nous parlons de l'argent des contribuables. En tant que société d'État, Radio-Canada relève du Parlement et, plus particulièrement, des contribuables. Cela comprend les Canadiens qui souhaitent présenter des demandes d'accès à l'information auprès du radiodiffuseur public. Dans le cadre de la Loi fédérale sur la responsabilité, les députés de tous les partis ont travaillé ensemble en vue de faire adopter des nouvelles mesures de sorte que plus de 70 organismes gouvernementaux soient assujettis à l'accès à l'information pour la première fois. Nous soutenons l'accès à l'information et croyons qu'il s'agit d'un droit public.
Le différend entre Radio-Canada et le Commissaire à l'information du Canada à cet égard est bien connu. Radio-Canada a contesté bon nombre de ces désaccords jusqu'en Cour fédérale. M. Lacroix en a d'ailleurs parlé devant le présent comité en décembre.
Je trouve encourageantes les observations que Radio-Canada a faites au sujet du respect des normes que l'on attend d'elle sur le plan de l'accès à l'information. Je crois toutefois qu'en tant que membres du Parlement, nous pouvons tous reconnaître que lorsque nous avons travaillé ensemble pour faire adopter ces mesures rigoureuses, nous nous attendions à ce que toutes les sociétés d'État se conforment aux règles, y compris la Société Radio-Canada.
Comme je l'ai dit, Hubert Lacroix, le président et directeur général de la Société Radio-Canada s'est engagé à ce que les choses s'améliorent avec le temps, ce que nous trouvons encourageant.
Lorsque les citoyens ouvrent leur journal et qu'ils lisent un article au sujet de Radio-Canada, il faut qu'ils puissent être certains que leur radiodiffuseur public s'acquitte de ses obligations en vertu de l'accès à l'information. Je tenais seulement à le souligner, car c'est, je pense, un élément de responsabilisation important. Par le passé, notre gouvernement s'est inquiété de voir que Radio-Canada ne donnait pas suite aux demandes d'accès à l'information, mais nous comptons bien voir qu'à l'avenir, les choses se passeront différemment.
Comme tous les radiodiffuseurs canadiens et, en fait, la plupart des organismes au Canada, qu'ils soient publics ou privés, Radio-Canada a dû prendre un certain nombre de décisions difficiles au cours des 24 derniers mois en raison de la récession économique mondiale. Tout comme d'autres entreprises canadiennes, Radio-Canada a préparé un plan de redressement. La société a assaini ses finances. Aujourd'hui, son avenir est extrêmement prometteur. C'est notamment grâce à l'encadrement de M. Hubert Lacroix, avec qui j'entretiens de solides rapports. M. Lacroix mérite d'être félicité pour avoir su diriger Radio-Canada durant les changements structurels apportés à la société, changements qui seront bénéfiques pour le radiodiffuseur public et les Canadiens pendant de nombreuses années à venir.
[Français]
Permettez-moi de dire quelques mots sur ce qui attend Radio-Canada. Il y a quelques semaines, la société annonçait sa nouvelle vision, accompagnée d'un plan d'action qui guidera Radio-Canada jusqu'en 2015.
Je suis heureux de dire que le plan de la société est axé sur les régions, le contenu numérique et les émissions canadiennes.
Dans toutes les collectivités au pays, les Canadiens veulent savoir ce qui se passe près de chez eux. Ils veulent entendre des nouvelles locales et des discussions sur les questions qui touchent leur région, le genre d'émissions régionales que seul un radiodiffuseur public est en mesure de leur offrir.
Les Canadiens vivant en dehors des grandes villes veulent avoir accès à des émissions culturelles de qualité provenant de partout au pays, soit par l'entremise de la radio ou de la télévision.
La population canadienne veut pouvoir s'identifier aux émissions qu'elle aime.
[Traduction]
En tant que radiodiffuseur public national, Radio-Canada est l'une des institutions culturelles les plus vastes et importantes au pays. Elle est au coeur même de notre infrastructure culturelle. Nous continuerons de nous assurer que Radio-Canada est responsable et efficace, et que la majorité des Canadiens, dans toutes les régions du pays, sont informés, divertis et reliés les uns aux autres.
Monsieur le président, je suis heureux de pouvoir parler avec vous de la Société Radio-Canada et j'ai hâte de répondre aux questions des membres du comité.
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J'ai examiné le plan quinquennal. Comme je l'ai dit, Hubert Lacroix a discuté de ces questions ouvertement. Nous avons eu de bonnes discussions, lui et moi, par le passé, au sujet de ce qu'il faudrait faire, en respectant, bien sûr, les frontières qui doivent exister entre le ministre responsable et l'indépendance de la SRC.
Les questions de financement sont parfois un peu plus précises. Mme Lavallée m'a posée une question au sujet d'un engagement financier de cinq ou dix ans envers la SRC et du fonds de 60 millions de dollars pour la programmation. Mais c'est peut-être simplifier les choses un peu trop, n'est-ce pas? Certains diront: « Combien d'argent allez-vous donner à la SRC? S'agira-t-il de 1,1 milliard de dollars, 1,2 milliard de dollars? Pour combien d'années? Ce sera bloqué? Et les 60 millions de dollars? C'est permanent ou non? »
Les défis auxquels la SRC et, il faut l'avouer, tous les radiodiffuseurs, ont été confrontés ces trois dernières années sont beaucoup plus compliqués que cela. N'oubliez pas que le tiers des recettes de la SRC proviennent de la publicité, de sources externes comme les ventes de DVD, de t-shirts, de tout ce qu'elle fait pour lever des fonds à l'extérieur. Cela représente le tiers de son financement. Tous les radiodiffuseurs ont vu leurs recettes publicitaires diminuer énormément, si bien que les difficultés de la SRC étaient dues à bien d'autres facteurs que le montant du financement que le gouvernement allait lui accorder et sa durée.
Il y avait aussi des questions structurelles, comme la vente de certains actifs que la SRC voulait monnayer pour financer certains des changements structurels qu'elle a apportés et qui serviront ses intérêts à long terme. Il s'agit, par exemple, de la vente de ses avoirs dans la radio par satellite — dans un terrain de stationnement du centre-ville de Toronto, si je me souviens bien — et cela rapidement, par l'entremise du Conseil du Trésor afin qu'elle puisse avoir accès à ces fonds rapidement pour résoudre certains de ses problèmes de trésorerie causés par la baisse de ses recettes publicitaires.
Nous travaillons avec la SRC de façon plus étroite qu'on ne se l'imagine sur le plan financier. Au lieu de voir simplement combien nous lui donnerons dans le prochain budget et pendant combien d'années, ce travail se fait de façon permanente. Pendant une crise économique comme celle que nous venons de connaître, la porte reste ouverte et nous avons de saines relations de travail avec la SRC afin de pouvoir régler certains problèmes de financement directement et de façon raisonnable. C'est ce que nous avons fait.
J'ai déjà chanter les louanges de Hubert Lacroix, mais je pense qu'il le mérite vraiment pour avoir trouvé des moyens novateurs et efficaces pour que l'argent des contribuables qu'obtient la SRC produise des résultats le plus rapidement possible. Ainsi, les Canadiens verront le produit fini, qui sera un contenu canadien plus important sur leurs écrans de télévision, sur leurs écrans d'ordinateur, sur leurs téléphones mobiles et sur les ondes de leurs radios.
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Merci, monsieur le président.
J'apprécie votre présence ici aujourd'hui, monsieur le ministre.
La principale question qui ne vient à l'esprit, au sujet de la SRC — on en a déjà parlé un peu — est certainement la responsabilisation de la SRC à l'égard de la Loi sur l'accès à l'information. Je vais donc revenir sur ce sujet.
M. Lacroix est venu nous voir deux fois, récemment. Les deux fois, notre parti lui a demandé pourquoi la SRC répugnait à se conformer à la Loi sur l'accès à l'information. La dernière fois, c'était pas plus tard que la semaine dernière. En fait, excusez-moi, c'était cette semaine. Les deux fois, il a répondu que la Société était pour la transparence et qu'elle répondait aux demandes plus rapidement qu'elle ne l'avait jamais fait. Malheureusement, je ne suis pas certain que les faits confirment ce qu'il a déclaré au comité.
Vous avez aussi mentionné, dans votre déclaration préliminaire, que lorsque les citoyens ouvrent le journal et y lisent que la SRC a refusé de divulguer des documents, ils ont l'impression qu'elle a quelque chose à cacher.
Vous avez également mentionné, dans votre déclaration préliminaire, qu'étant donné que c'est une société financée par les contribuables vous croyez, et je suis certainement d'accord avec vous, que les Canadiens devraient savoir, et sont en droit de savoir, où va leur argent.
Je me demande si vous pourriez nous en dire un peu plus à ce sujet.
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Merci, monsieur le président.
Je vous remercie d'être ici, même si je vous ai dit au revoir tout à l'heure. C'est parce qu'on pensait que c'était fini.
Monsieur Blais, je suis très heureux que vous ayez abordé la question, quoique brièvement, de la naissance de Radio-Canada et du but pour lequel elle a été fondée, soit donner une voix particulière et une personnalité réelle au Canada.
Actuellement, Radio-Canada nous offre un plan stratégique pour cinq ans qui me semble très bien fait, qui tient compte des nouvelles technologies, des nouvelles réalités physiques, des dispositions des gens, de la démographie du pays qui a changé. En tenant compte du mandat original de Radio-Canada et de son mandat actuel, que pensez-vous de ce plan?
Ma deuxième question, qui porte sur la faisabilité de l'affaire, s'adresse peut-être à vous, monsieur Bouchard. Comme c'est vous qui vous occupez des Affaires de portefeuille, j'imagine que c'est vous qui traitez des questions d'argent.
Comme on le sait, Radio-Canada va recevoir le même financement — du moins on l'espère. Ce n'est pas indiqué que c'est pour cinq ans, mais on présume que cette société va recevoir le même financement. Or, les coûts de production vont augmenter, comme c'est le cas partout ailleurs. CBC/Radio-Canada s'entend pour nous dire qu'elle ira chercher des revenus supplémentaires en ayant recours davantage à la publicité et en utilisant mieux ses actifs humains, financiers et physiques, si on peut dire.
Que pensez-vous de ce côté financier de l'affaire? La faisabilité du plan est-elle réelle?