:
Merci, monsieur le président.
L'Association canadienne-française de l'Ontario, région du Témiskaming, aimerait remercier le Comité permanent du patrimoine canadien de la Chambre des communes d'accepter de recevoir notre mémoire au sujet du mandat et du financement de la Société Radio-Canada.
L'ACFO du Témiskaming a pour but de desservir les 7 375 francophones, ainsi que nombre de francophiles, de la partie sud du Témiskaming, dans le Nord de l'Ontario.
L'ACFO région Témiskaming encourage et fait la promotion du développement et de l'épanouissement des Franco-Ontariennes et des Franco-Ontariens de sa région dans les domaines social, culturel, religieux, éducatif, économique et communautaire, et ce, sans but lucratif.
Parlons de l'importance de Radio-Canada pour la survie des communautés francophones. Pour les francophones du Témiskaming, la Société Radio-Canada a un rôle essentiel à jouer afin d'assurer leur survie.
Le diffuseur public nous permet d'apprendre et de connaître ce qui se fait dans les autres régions de la province et du Canada où des gens, comme nous, vivent en situation minoritaire.
Il nous donne aussi l'occasion d'être informés de ce qui se passe au Québec. Sans Radio-Canada, il serait impossible pour les communautés francophones du Canada de promouvoir leur culture, leur diversité, leur dynamisme et leur développement socio-économique, puisqu'il n'y aurait pas ce lien qui nous unit.
Il demeure important que la Société Radio-Canada soit financée de façon adéquate pour qu'elle puisse jouer le rôle qui sied à une société d'État canadienne. Nous avons donc une occasion de nous identifier comme Canadiennes et comme Canadiens en se servant d'un média qui est accessible.
II n'y a pas, au Témiskaming ontarien, de radio ni de journaux francophones établis à demeure. Trois journaux différents ont déjà été lancés, au cours des ans, par I'ACFO Témiskaming mais ont dû cesser leur publication parce que nous n'avions pas la force démographique suffisante pour les soutenir.
Pour obtenir des nouvelles dans notre langue, nous devons avoir recours à un journal du Témiscamingue québécois, Le Reflet Témiscamien. Même s'il couvre parfois les activités qui se déroulent chez nous, il s'intéresse, bien sûr, aux enjeux et aux problèmes qui touchent sa clientèle cible, c'est-à-dire les Québécoises et les Québécois de sa région.
En ce qui a trait à la radio, nous sommes desservis par la station CKVM de Ville-Marie, au Québec, une radio indépendante qui s'adresse elle aussi à sa clientèle cible, c'est-à-dire les Québécoises et les Québécois de sa région.
Nous recevons aussi la station de la Société Radio-Canada, CBON, de Sudbury, qui couvre tout le Nord de l'Ontario. Bien que cette dernière ait le mandat de nous desservir, la pauvre qualité de la réception dans certains endroits du Témiskaming fait en sorte que nombre de francophones se tournent vers la station québécoise CKVM ou écoutent tout simplement les stations de langue anglaise.
Le manque de fonds à la société d'État est l'une des causes de la mauvaise qualité de la réception radio. Comment créer un sentiment d'appartenance chez nos francophones quand nos médias ne peuvent nous rejoindre?
Pour obtenir des nouvelles dans notre langue, il est important pour nous d'avoir accès à la télévision et à la radio de Radio-Canada.
Un manque de fonds adéquats à la station CBON risque d'occasionner, dans le Témiskaming, une couverture médiatique de moindre qualité pour les événements qui se déroulent chez nous.
L'autre option est de se tourner vers la radio de langue anglaise CJTT, de New Liskeard, et de recevoir l'information qui nous touche parfois personnellement dans une autre langue.
La même chose peut être répétée pour la télévision. Si davantage d'argent était accordé à la Société Radio-Canada, il y aurait la possibilité d'avoir un journaliste en région qui nous informerait dans notre langue des activités bien de chez nous.
Les médias francophones et anglophones ne rapportent pas les mêmes aspects d'une situation, ni la même réalité. II est donc essentiel pour nous d'avoir des médias qui comprennent nos enjeux, nos défis, nos aspirations.
Les Franco-Ontariennes et les Franco-Ontariens sont très fiers de leur culture francophone et de leur langue et se battent pour les protéger.
Pour nous, il demeure important d'avoir la possibilité d'être informés en français de façon adéquate et professionnelle. Cela crée un sentiment d'appartenance et nous unit à la grande famille francophone du pays.
La Société Radio-Canada peut avoir pour rôle d'animer cette fierté et de nous aider à assurer notre épanouissement, nous, l'un des peuples fondateurs du Canada, mais qui vivons en situation minoritaire. Si la Franco-Ontarienne ou le Franco-Ontarien n'a pas de modèle et n'a pas de moyens de s'identifier, il devient pratiquement impossible d'assurer sa survie.
L'Association canadienne-française de l'Ontario, région Témiskaming, croit que la Société Radio-Canada est essentielle à la survie des communautés francophones en situation minoritaire au Canada.
Le gouvernement se doit de fournir un financement adéquat pour assurer, à long terme, la survie et la stabilité financière du diffuseur public.
II est faux de croire qu'on peut s'en tirer en diluant de plus en plus les fonds publics fournis à la Société Radio-Canada et de penser qu'il y aurait un autre diffuseur capable de rallier les francophones établis à la grandeur de notre beau pays.
Merci.
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Bonjour, monsieur Carrière.
J'aimerais vous faire part de mon expérience. Avant d'être porte-parole libérale pour la Francophonie, j'étais porte-parole libérale en matière de langues officielles. À cette époque, j'ai traversé le Canada en long et en large pour rencontrer les francophones du Canada et, évidemment, les anglophones du Québec. Deux choses m'ont frappée et on me les a répétées tout le temps. La première est la vieille histoire de l'abolition du Programme de contestation judiciaire du Canada. Par la suite, le gouvernement l'a plus ou moins rétabli, mais cela a causé de grands torts aux minorités linguistiques de langue française et anglaise à travers le Canada.
Je siège à ce comité pour la journée. Je vois une institution que je respecte énormément, pour plusieurs raisons, et qui va peut-être elle aussi perdre beaucoup d'ailes et de sang. À mon avis, cette institution a créé un esprit canadien pour les anglophones d'un océan à l'autre. Elle a aussi aidé à créer un esprit francophone, minoritaire bien sûr, mais francophone quand même dans tout le Canada.
Monsieur Carrière, ce que j'entends de votre part me fait énormément peur. J'ai peur quand j'entends ce que vous nous dites d'une communauté isolée dans le Nord de l'Ontario, où les jeunes subissent déjà un phénomène appelé « la perte de la langue », ce qui équivaut à une perte de culture. C'est inévitable puisqu'ils écoutent la radio et la télévision en langue anglaise. Notre génération fait la même chose, mais c'est pire pour les jeunes. Une fois qu'ils ont perdu leur langue, c'est perdu presque à jamais.
Je sais que la SRC n'est pas régie par le gouvernement. Nous le savons tous, mais nous savons aussi que ce que Radio-Canada peut faire dépend également des budgets qui lui sont alloués par le gouvernement, n'est-ce pas?
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Merci, monsieur le président.
La dernière fois que je me suis présenté devant un comité parlementaire, vous en faisiez partie, mais il s'agissait d'un autre comité que celui-ci.
[Français]
Monsieur le président, membres du comité, je vous remercie d'avoir invité les Amis de la radiodiffusion canadienne à comparaître aujourd'hui.
[Traduction]
Amis de la radiodiffusion canadienne est un organisme indépendant qui joue le rôle d'observateur critique de la programmation canadienne à la radio, à la télévision et dans les nouveaux médias. Nous bénéficions du soutien de 150 000 Canadiens. Notre organisme n'est affilié à aucun radiodiffuseur ni à aucun parti politique.
Le comité mène une étude sur le mandat et le financement de la SRC, un sujet que les Canadiens ont à coeur. Depuis le début des années 1990, notre organisme commande périodiquement des recherches sur l'opinion publique portant sur des questions liées à la radiodiffusion. Vous pouvez consulter ces recherches en vous rendant dans la section « Ressources » de notre site Web friends.ca
Je veux prendre quelques instants pour vous présenter un résumé d'un sondage récent que nous avons commandé à la société Pollara sur les attitudes et les attentes des Canadiens à l'égard de la radiodiffusion publique. Une proportion de 88 p. 100 des Canadiens estiment que, à mesure que les liens économiques du Canada avec les États-Unis se resserrent, il devient plus important de consolider la culture et l'identité canadiennes; quelque 78 p. 100 des répondants écoutent chaque semaine l'une ou l'autre des émissions diffusées par la SRC; une proportion de 81 p. 100 des répondants sont d'avis que la SRC est l'une des choses qui contribuent à distinguer le Canada des États-Unis; enfin, 74 p. 100 des répondants ont indiqué qu'ils aimeraient que la SRC soit renforcée dans leur région.
Enfin, voici une question qui pourrait présenter un intérêt pour un groupe de parlementaires: « Supposons un instant que votre député fédéral vous demande votre avis au sujet d'un vote à venir à la Chambre des communes portant sur le financement de Radio-Canada. Pour quelles options parmi les trois suivantes lui conseillerez-vous de voter? Réduire le financement par rapport aux niveaux actuels, maintenir le financement au niveau actuel ou augmenter le financement actuel de la SRC? » Les résultats sont les suivants: 9 p. 100 des répondants ont opté pour une réduction du financement, 31 p. 100 pour le maintien du financement et 47 p. 100, pour une augmentation. Le message est clair: la SRC est populaire auprès des Canadiens de toutes allégeances politiques.
Notre organisme s'est présenté à plusieurs occasions devant le comité pour rappeler qu'il soutient fermement le mandat de la SRC, énoncé à l'article 3 de la Loi sur la radiodiffusion. À notre avis, l'un des points essentiels tient au large fossé qui sépare les intentions du Parlement et les services que la SRC fournit quotidiennement aux Canadiens, particulièrement en ce qui a trait au mandat consistant à refléter la globalité canadienne et à rendre compte de la diversité régionale du pays, sur le plan tant national que régional, tout en répondant aux besoins particuliers des régions. En outre, l'incapacité du réseau de télévision anglophone de diffuser une programmation principalement et typiquement canadienne, surtout aux heures de grande écoute, contribue à élargir ce fossé.
Le comité a été une source de renseignements précieux et exhaustifs concernant la radiodiffusion publique. Par exemple, à la page 178 du rapport Lincoln se trouve un graphique où sont comparés les investissements en radiodiffusion publique en pourcentage du PIB au sein des démocraties occidentales. On peut constater que, au chapitre du financement, la SRC se trouve au bas du classement — tout comme les Sénateurs d'Ottawa. Seuls le Portugal, la Pologne, la Nouvelle-Zélande et les États-Unis investissent moins que le Canada dans la radiodiffusion publique. Il y a donc un écart entre l'attachement du public à l'égard de la radiodiffusion publique et les investissements du gouvernement dans ce secteur, et cet écart n'a cessé de croître au cours des dernières années.
Notre organisme vérifie régulièrement le montant indexé sur l'inflation de la subvention parlementaire versée à la SRC de manière à détecter les variations que subit le pouvoir d'achat de cette dernière. Des graphiques portant sur les données des 21 dernières années à ce sujet sont affichés sur notre site Web. Sous les gouvernements Mulroney, Chrétien, Martin et Harper, la capacité financière de la SRC a diminué. Les Canadiens peuvent entendre et voir chaque jour les effets de cette diminution. La programmation s'étiole, et sa portée décroît. De plus en plus de contenu étranger est télédiffusé aux heures de grande écoute, et les rediffusions sont à la hausse. Il y a dix ans, aux heures de grande écoute, le réseau de télévision anglophone de la SRC diffusait 27 heures de programmation canadienne, et seulement une heure de programmation étrangère chaque semaine. L'an dernier, aux heures de grande écoute, la SRC diffusait sept heures de programmation étrangère, soit 25 p. 100 de sa grille horaire aux heures de grande écoute, plus précisément de 19 heures à 23 heures, sept jours par semaine. Cela survient après que le comité a formulé une recommandation selon laquelle l'intégralité de la programmation du réseau de télévision de la SRC aux heures de grande écoute devrait être d'origine canadienne. Chacun des membres du comité pourrait probablement raconter une anecdote concernant les effets du sous-financement.
Plus tôt cette année, des résidents du Nouveau-Brunswick ont appris que la SRC avait suggéré de mettre fin à la télédiffusion par la voie des ondes à Moncton et à Saint John en septembre prochain, ce qui a soulevé une tempête de protestations auprès du CRTC.
Il y a quelques années, des résidents de la vallée du lac Comox ont perdu leur signal de télévision par voie des ondes de la SRC après qu'une antenne a pris feu. Celle-ci n'a pas été remplacée.
La SRC semble revenir sur les ententes d'affiliation qu'elle avait conclues dans plusieurs collectivités, notamment à Peterborough et à Kingston. On pourrait citer de multiples exemples de régions du pays qui se voient privées des services de la SRC simplement en raison du manque d'argent.
Notre organisation accueille favorablement la recommandation formulée récemment par le comité selon laquelle le financement de base de la SRC devrait être accru d'un montant équivalent à au moins 40 $ par habitant. Le fait d'accroître le financement par habitant du réseau national de radiodiffusion publique de manière à ce qu'il atteigne la moitié du financement moyen des pays membres de l'OCDE constituerait une bonne première étape en vue de combler les lacunes au chapitre du financement.
La recommandation du comité est bien accueillie par les Canadiens. Le sondage mené par Pollara révèle que 54 p. 100 des Canadiens sont d'accord avec la recommandation du comité selon laquelle le financement de la SRC devrait être augmenté de façon à atteindre 40 $ par habitant; une proportion de 20 p. 100 des Canadiens estiment qu'il s'agit là d'un montant trop peu élevé, et les 26 p. 100 restants sont d'avis que ce montant est trop élevé.
Dans le cadre de son rôle de surveillance, notre organisme se tient au courant des moindres déclarations que font les politiciens à propos de la radiodiffusion et de la souveraineté culturelle. Notre site Web regorge d'exemples tirés du règne des libéraux, mais aujourd'hui, je veux me concentrer sur ce que fait le gouvernement actuel.
Le premier ministre Harper a fait une apparition remarquée sur notre écran radar lorsque, en mai 2004, à titre de leader de l'opposition, il a fait la déclaration suivante:
J'ai proposé que les subventions gouvernementales destinées à appuyer les services de la SRC visent des sujets qui [...] n'ont pas de débouché commercial [...]
Il a ensuite ajouté ce qui suit:
[...] Lorsqu'il s'agit de la télévision de langue anglaise et, à un moindre degré, de Radio Two, il serait possible d'assurer une diffusion commerciale.
Quelques mois plus tard, de façon apparemment contradictoire, M. Harper a déclaré qu'il chercherait à, et je cite:
[...] réduire la dépendance de la SRC envers les revenus de la publicité et la concurrence qu'il doit livrer au secteur privé pour obtenir cet argent précieux, particulièrement dans la programmation non sportive.
Depuis qu'il est au pouvoir, le premier ministre ne s'est plus prononcé sur ce dossier; du moins, il s'est abstenu de le faire en public.
Cependant les lettres de collecte de fonds du Parti conservateur, où il est question de la radiodiffusion publique, ont fait apparaître des signes troublants. Par exemple, en septembre 2008, à la veille des élections générales, Doug Finley, directeur de campagne du Parti conservateur, a envoyé aux donateurs du parti une lettre à laquelle étaient joints les résultats d'un sondage national réalisé en 2008 portant sur des enjeux cruciaux. Dans sa lettre, M. Finley soulignait qu'il s'adresserait personnellement au premier ministre pour lui faire part des résultats généraux du sondage et de tout commentaire à ce sujet.
La question 5 était ainsi libellée: « La SRC coûte chaque année 1,1 milliard aux contribuables. À votre avis, s'agit-il d'une bonne ou d'une mauvaise façon d'utiliser l'argent des contribuables? »
Cette mise en contexte vous aidera peut-être à comprendre pourquoi nous sommes préoccupés à la lecture du compte rendu de la réunion qu'a tenue le comité le 23 novembre. M. Del Mastro a posé la question suivante à un membre de la direction de Corus — je ne vais citer qu'un extrait de la question, car celle-ci faisait à peu près 300 mots.
[...] Il est peut-être temps de sortir de la télédiffusion et de se mettre à investir plus d'argent dans le contenu?
Il a ensuite ajouté ce qui suit:
[...] je n'ai peut-être pas été assez clair. Les 1,1 milliard de dollars, plus tout un paquet d'autres choses que nous investissons dans le télédiffuseur public: devrions-nous envisager de réorganiser cela afin de pouvoir mettre plus d'argent dans le contenu?
Se retirer du secteur de la télédiffusion — dois-je m'arrêter ici, monsieur le président?
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D'accord. Je vais devoir supprimer ma citation du regretté Dalton Camp.
Se retirer du secteur de la télédiffusion, cela revient pour ainsi dire à mettre fin aux activités de la radio de Radio-Canada, de la télévision de Radio-Canada, du réseau de l'information de Radio-Canada, du site Web de la SRC et de leur pendant anglophone respectif. Ce commentaire perturbant a été formulé par le secrétaire parlementaire du ministre du Patrimoine canadien.
Nous savons également que le ministre Moore a été invité à deux occasions durant la période des questions à se dissocier des commentaires de M. Del Mastro, mais qu'il ne l'a pas fait.
Comme vous le savez, le mois dernier... Je vais laisser tomber les déclarations de Jason Kenney.
Il y a 80 ans, un premier ministre conservateur a instauré la radiodiffusion publique au Canada. J'aimerais conclure par une citation d'un autre éminent conservateur, le regretté Dalton Camp, que je traduis librement de la façon suivante:
Nous possédons un service national de communication, la SRC, qui n'a rien à voir avec Mitsubishi, General Dynamics ou Krupp, et ce service mérite d'être conservé. Ce que nous savons, c'est que, au sein d'un monde où le pouvoir est de nature économique, et où un si grand pouvoir nous échappe, la SRC ne trahira jamais sciemment l'intérêt national du Canada, et ne bradera jamais notre patrimoine national. De plus, nous sommes les seuls actionnaires de cette société.
Lorsque vous entendez des gens évoquer la nécessité de diminuer le rôle que joue la SRC ou de liquider ses éléments d'actif, regardez bien qui parle — il s'agit de personnes qui s'expriment non pas au nom de la population du Canada, mais au nom d'actionnaires d'un autre type de société.
Merci, monsieur le président.
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À notre avis, il y a deux problèmes vraiment importants. J'ai eu l'occasion de faire allusion à l'un d'entre eux durant mon bref exposé, et il s'agit de l'écart entre le mandat de la SRC et les ressources dont elle dispose. Tout le monde peut constater les effets réels de cet écart avec lequel la SRC doit composer.
Cela dit, je vais prendre quelques instants pour vous parler de l'autre problème, lequel remonte aux origines de la SRC. Les postes de président et de membres du conseil d'administration de la SRC sont distribués en guise de faveurs politiques. Cela a donné lieu à de bonnes nominations, de même qu'à de mauvaises. Le hic, c'est que, en règle générale, le responsable de la SRC est une personne qui ne possède aucune expérience dans le secteur de la radiodiffusion.
Comme vous le savez — il s'est présenté devant le comité — le président actuel de la SRC est une personne très affable et très qualifiée qui possède de l'expérience en droit des fusions et acquisitions. Il n'a jamais dirigé une société. Il n'a jamais dirigé une société de radiodiffusion. Il ne possède aucune expérience dans le secteur de la radio, de la télévision, de la commercialisation, de la production ou dans quelque autre secteur du genre.
À notre avis, le conseil d'administration de la SRC — et je souligne au passage que ce sujet a été abordé dans le cadre de rapports antérieurs du comité — devrait être composé des Canadiens les plus qualifiés et les plus brillants, et devrait détenir le pouvoir de nommer le président et de le destituer. Nous estimons que, dans les faits, à l'heure actuelle, une telle obligation de rendre des comptes fait défaut.
Je me souviens que M. Angus avait demandé à M. Rabinovitch, lorsque ce dernier s'était présenté devant le comité, d'indiquer qui, selon lui, était son patron. M. Rabinovitch avait mis quelques secondes avant de répondre qu'il considérait la population canadienne et le comité comme ses patrons. M. Angus avait répliqué: « Autrement dit, je suis votre patron », et cela m'avait bien amusé.
Le président de la SRC n'a de comptes à rendre à personne.
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Merci, monsieur le président.
Je n'ai pas coupé la parole au témoin pendant la période dont il disposait pour présenter sa déclaration. Il disposait d'un certain temps pour formuler les commentaires de son choix sans être interrompu. Je lui ai posé une question directe — je lui ai demandé pourquoi il avait supprimé la première phrase, qui contient le passage suivant: « Ce n'est pas une politique du gouvernement ».
De toute évidence, il souhaite passer cela sous silence, car il a rédigé une diatribe de six pages qu'il a diffusée à l'appui de sa collecte de fonds. Il semble que, pour une somme d'à peine 3 $ par mois, il sauvera la SRC. Cet homme va sauver la SRC avec 3 $ par mois. Quand j'ai appris cela, je me suis dit que cela était intéressant, et que j'allais écrire à la SRC pour savoir comment le fait de verser 3 $ par mois permettrait de la sauver.
Shaun Poulter, directeur principal des relations gouvernementales, a répondu à ma lettre. Voici un extrait de sa lettre, que je traduis librement:
Il n'existe aucun lien. Ian Morrison et l'organisme dénommé Amis de la radiodiffusion canadienne n'entretiennent aucun lien avec la Société Radio-Canada, et celle-ci ne coopère d'aucune façon avec ceux-ci. En fait, la majeure partie des activités de cet organisme consistent à rédiger des lettres et des déclarations pour formuler des critiques à l'égard de la Société Radio-Canada et de ses activités.
Amis de la radiodiffusion canadienne se sert de l'envoi massif de messages et d'autres activités pour obtenir des dons des Canadiens. Cet argent ne contribue d'aucune façon à la Société Radio-Canada ou aux services de programmation canadienne qu'elle fournit. J'ignore ce que Ian Morrison peut vouloir dire lorsqu'il affirme que les fonds qu'il sollicite visent directement à « aider » la SRC.
Je répète:
J'ignore ce que Ian Morrison peut vouloir dire lorsqu'il affirme que les fonds qu'il sollicite visent directement à « aider » la SRC. Comme vous le savez, la Société Radio-Canada reçoit un soutien essentiel des Canadiens, lequel prend la forme de crédits parlementaires — elle n'accepte aucune somme versée directement par les citoyens pour financer ses activités.
Au fil des ans, un certain nombre de Canadiens ont communiqué avec nous parce qu'ils ne savaient pas à quoi s'en tenir en ce qui a trait aux liens éventuels entre les deux organisations. La Société Radio-Canada a écrit plusieurs fois à Ian Morrison; nous lui avons demandé d'indiquer clairement sur son site Web et dans ses documents de collecte de fonds qu'il n'existait aucun lien entre son organisation, ses activités de collecte de fonds et la Société Radio-Canada.
Vous n'avez pas fait cela. Ce document n'indique pas qu'il n'existe aucun lien entre la SRC et votre organisme. En fait, monsieur, ce que dit ce document, c'est que, pour aussi peu que 3 $ par mois, vous allez sauver la SRC. Vous êtes un imposteur, monsieur. Comment réagissez-vous à cela?
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Je dirais le tiers environ.
Avant de poursuivre, il y a quelque chose d'autre que je dois dire, madame Crombie, à savoir que la tâche de notre organisme consiste à surveiller l'ensemble du réseau audiovisuel canadien. Comme je l'ai mentionné au début de mon exposé, notre organisme joue le rôle d'observateur critique de la programmation canadienne. Nous surveillons la radiodiffusion publique, ce qui comprend, par exemple, le Knowledge Network en Colombie-Britannique ou TVOntario. Nous surveillons également l'ensemble du système public de radiodiffusion, ce qui comprend la télévision et la radio. Nous surveillons les activités du CRTC. Nous surveillons les très importants et très puissants distributeurs de services de télévision par câble et par satellite, par exemple Rogers et Shaw. Et puis nous surveillons le gouvernement fédéral.
J'ai mené récemment, à l'intention du comité de direction de notre organisme, une analyse sur le temps que consacre notre organisme à chacune de ses activités. Pour vous donner une idée, en 2010, nous avons participé à 15 activités dans le cadre desquelles nous avons soit présenté un exposé, soit déposé un mémoire ou des observations. Nous avons participé à deux réunions du ministère de l'Industrie, dont une réunion du comité de l'industrie, présidé par M. Chong. Nous avons participé à 12 réunions du CRTC; la vaste majorité avaient trait non pas à la SRC, mais au programme du CRTC.
Ainsi, je dirais que, en moyenne, nous consacrons à peu près le tiers de nos ressources à nos activités de surveillance et de suivi, et comme l'a indiqué M. — j'oublie son nom, mais il s'agit du représentant de la SRC que M. Del Mastro vient de citer —, nous formulons souvent des commentaires critiques en ce qui concerne l'administration de la SRC.
:
Monsieur le président, avant la réunion, M. Pomerleau m'a demandé, de façon officieuse, de lui indiquer d'où je venais. Je lui ai répondu:
[Français]
je suis un petit gars de Toronto.
[Traduction]
Mon rôle est celui d'un porte-parole.
Votre question concerne, en fait, la gouvernance de notre organisme. Amis de la radiodiffusion canadienne est dirigé par un conseil d'administration — que nous appelons le comité de direction — et qui est composé de personnes que vous ne connaissez probablement pas, en raison du clivage linguistique.
Par exemple, le président du comité de direction est le doyen des études supérieures de l'Université Memorial. Le célèbre acteur R. H. Thompson fait partie du comité. Aritha van Herk, que vous connaîtriez si vous veniez de l'Alberta, car elle est l'historienne de la province, elle est aussi membre du comité. La liste se poursuit.
Ces gens composent l'instance de gouvernance. Je suis le porte-parole.
En outre, notre organisme est virtuel dans la mesure où il ne possède ni bureau ni employés.
Monsieur Pomerleau, un jour, quelqu'un m'a envoyé un message qui était à peu près formulé de la manière suivante: « Nous ne vous enverrons 3 $ par mois que si vous nous promettez que vous ne gaspillerez pas votre argent pour vous installer dans des locaux coûteux sur la rue Bloor, à Toronto. » Il faudrait que j'emprunte de nouveau la lettre pour vous fournir l'adresse, car je ne me rends jamais là-bas — il s'agit d'une boîte postale. J'ai répondu à cette lettre de la façon suivante: « Je vous le promets. Notre bureau est d'une hauteur de 6 pouces, d'une largeur de 12 pouces et d'une profondeur de 18 pouces. » Ainsi, notre organisme est virtuel. Il est composé de toutes sortes de personnes spécialisées en diverses matières, entre autres la radiodiffusion, la recherche, les communications et la collecte de fonds.
Mon rôle consiste à coordonner les activités de l'organisme et à faire connaître ses opinions.
:
Je tiens moi aussi à appuyer la motion.
Je pense que les Canadiens de toutes les régions du pays ont été outrés par quelques-unes des images qu'ils ont vues à la télévision. Hier soir encore, un joueur de hockey a porté un terrible coup à la tête d'un adversaire durant une partie. Il semble que le message ne passe pas. Vendredi soir, j'ai assisté à une partie de hockey de niveau senior AAA à Peterborough, et j'ai été témoin d'un plaquage qui aurait facilement pu être considéré comme un coup à la tête, mais l'arbitre n'a décerné au joueur responsable qu'une lamentable pénalité de cinq minutes pour plaquage illégal. Nous pouvons observer que les gens reproduisent les gestes qu'ils voient à la télévision.
Cela est répréhensible, et je ne parle pas seulement du coup porté à Montréal par Zdeno Chara, qui était à deux doigts de donner... Je tiens à mentionner, aux fins du compte rendu, ce qui m'a le plus dérangé à cet égard. Il est extraordinaire d'entendre des sociétés dire qu'elles envisagent de cesser de commanditer ceci ou cela, mais je crois que la réaction du commissaire de la LNH était insultante pour les Canadiens. Il s'agit de notre sport national. À mon avis, il a fait preuve d'une arrogance déplacée en réagissant aux propos des commanditaires.
Les Canadiens sont préoccupés par certaines choses qui se produisent dans leur sport national. Ces choses ne font pas partie de ce sport. Le hockey a toujours été un sport rude et marqué par la compétition. Le hockey a toujours été caractérisé par beaucoup de choses qui nous tiennent à coeur et qui nous définissent en tant que Canadiens, mais il n'a jamais été un sport de bas étage, et certaines des choses qui se produisent actuellement sont de cet ordre.
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Merci, monsieur le président.
J'appuie le but de la motion. Je ne veux pas lancer une tendance, mais j'ai moi aussi un amendement à proposer. Il s'agit d'une modification très mineure, à mon avis, mais elle permet de dissiper deux ou trois légères préoccupations avec lesquelles je suis aux prises.
Je tiens simplement à déclarer tout d'abord que j'appuie le but de la motion. Comme M. Del Mastro et d'autres personnes l'ont mentionné, nous avons récemment été témoins d'un certain nombre de coups qui montrent vraiment que les joueurs de hockey ne se respectent pas les uns les autres sur la patinoire. Il s'agit d'un phénomène que l'on remarque surtout au hockey, mais je sais que d'autres sports sont aux prises avec ce genre de problèmes.
Je me souviens que, lorsque j'étais jeune et que je jouais au hockey, des coéquipiers recevaient des coups et subissaient un traumatisme qui serait aujourd'hui sans aucun doute qualifié de commotion cérébrale, mais dans ce temps-là, on disait simplement qu'il s'était fait sonner les cloches. L'entraîneur montrait deux doigts au joueur et lui demandait de lui dire combien de doigts il voyait. Le joueur, amoché, répondait « Euh, deux? », et l'entraîneur lui disait: « C'est bon, tu peux retourner sur la patinoire. »
À présent, les choses ne pourraient manifestement pas se passer ainsi. De toute évidence, il s'agit d'une bonne chose. C'est une bonne idée de mener une étude à ce sujet.
Toutefois, il y a deux ou trois mots de la motion qui me posent problème, simplement parce que je crois qu'ils donnent l'impression que nous jugeons d'avance les faits, avant d'entreprendre notre étude. Plus précisément, au milieu de la motion, il est indiqué que l'étude concernera le « nombre croissant de traumatismes », etc. J'aimerais que l'on supprime le mot « croissant », de manière à ce que l'on lise: « face au nombre de traumatismes cérébraux et spinaux ». Si je demande cela, c'est uniquement parce que je me demande si le mot « croissant » donne l'impression que nous préjugeons de la conclusion de l'étude. J'ai vraiment de la difficulté avec le fait de porter un jugement prématuré sur la conclusion de l'étude. J'appuie le but de la motion, mais je voulais faire part de cette préoccupation.
Je propose que nous supprimions du libellé de la motion le mot « croissant » qui suit le mot « nombre ».
:
Tout d'abord, je tiens à féliciter M. Angus — j'estime qu'il s'agit d'une étude qu'il est très utile pour le comité de mener à ce moment-ci. Toutefois, il y a une observation que j'aimerais formuler.
La plupart des commentaires qui ont été formulés par les membres concernent le hockey, car c'est ce sport qui fait les manchettes en ce moment. Cependant, au cours des 34 dernières années environ, j'ai participé à de nombreux sports, que ce soit à titre de joueur ou d'entraîneur, et parfois à l'échelon national, et je tiens à souligner que les commotions cérébrales et les blessures surviennent dans une kyrielle de sports. Je suis très heureux de constater que nous allons nous pencher sur tous les sports. Tout le monde regarde La soirée du hockey; le hockey est le sport national du Canada, mais chaque jour, des jeunes courent des risques en participant à une multitude d'activités sportives, et non seulement à des joutes de hockey.
Cette année, je suis l'entraîneur d'une équipe de basket-ball, et je peux vous dire que nous observons un nombre sans cesse croissant de cas de commotions cérébrales, et cela est attribuable au simple fait que les athlètes d'aujourd'hui sont plus grands, plus forts et plus rapides que ceux d'autrefois, et que le cerveau humain n'est pas plus résistant — du moins dans certains cas — qu'il ne l'était. Les athlètes d'aujourd'hui sont de plus en plus grands et de plus en plus forts.
Je suppose que nous allons entendre de nombreux spécialistes. Nous devons convoquer les spécialistes appropriés. Nous entendrons quelques bonnes recommandations quant à la manière dont le gouvernement peut aider les associations sportives à composer avec ces changements de la physiologie humaine. À mon avis, nous devons adopter cette orientation.
Le hockey n'est pas mon sport de prédilection, et je tiens à souligner que le sujet de l'étude concerne tous les sports, ou du moins la plupart des sports où se produisent des contacts ou des collisions. Il ne s'agit pas d'un problème propre au hockey — il s'agit d'un problème que l'on observe dans tous les sports auxquels participent les jeunes.