:
Merci beaucoup, monsieur le président.
Merci à tous les membres du comité de bien vouloir m'accueillir ici aujourd'hui.
Je suis vraiment très heureux d'avoir l'occasion de discuter avec vous de l'avenir du contenu canadien et du contenu en ligne.
Je m'appelle Jacob Glick et je suis conseiller en matière de politique au Canada pour Google. Je travaille ici même à Ottawa.
Mon exposé se limite essentiellement à deux points principaux. Alors, si vous sombrez dans le sommeil ou dans l'ennui, il faudrait tout de même que vous gardiez à l'esprit ces deux points: premièrement, tout converge désormais sur Internet public; et deuxièmement, en corollaire, cette convergence est bonne pour l'innovation, la variété des choix offerts aux consommateurs et la concurrence.
Examinons tout cela dans une perspective générale.
Avant d'aller plus loin, je dois préciser que la réglementation américaine sur les valeurs mobilières ne m'autorise pas à vous révéler quoi que ce soit au sujet de nos projets futurs. Notre entreprise connaît actuellement une période plutôt tranquille, mais je ne peux rien vous dire des produits que nous comptons commercialiser. Vous n'alliez sans doute pas m'interroger à ce propos de toute manière, mais, peu importe, je ne pourrais pas vous répondre.
Revenons donc aux deux points que j'ai soulevés. Tout converge sur Internet public et c'est bon pour l'innovation, le choix et la concurrence.
On peut se demander à quoi ressemble l'ancien modèle — ceci dit sans connotation péjorative — que nous connaissons depuis 150 ans dans le secteur des communications de masse. Et plus précisément quelle forme a pris cet ancien modèle au cours des cinquante dernières années? Certains l'ont décrit comme un alignement de silos abritant chacun un réseau unique opéré par une entité unique aux fins d'une application pour ainsi dire unique.
On généralise beaucoup, mais le fait demeure. L'entreprise de câblodistribution opère le réseau de câblodistribution et offre la télévision par câble; la compagnie de téléphone gère le réseau téléphonique et permet les communications sur ce réseau. C'est le monde tel qu'on le connaissait avant Internet.
Ce monde présentait de nombreux désavantages. Je vais m'intéresser surtout aux aspects culturels, mais le modèle actuel est aussi préférable à bien des égards dans le contexte de l'innovation et du développement technologique.
Pour ce qui est de la culture, l'ancien modèle limitait l'espace de diffusion du contenu. Par exemple, la câblodistribution n'offre qu'un nombre limité de chaînes. Il peut bien y en avoir 500, leur nombre demeure limité. Pour la télédiffusion par antenne, le spectre est encore plus restreint. Qui plus est, non seulement le nombre de chaînes est-il limité, mais les heures de syntonisation de ces chaînes — ce qu'on appelle les heures de grande écoute — sont encore moins nombreuses. On se retrouve ainsi avec une offre limitée en raison de cet espace de diffusion restreint et c'est d'ailleurs dans ce contexte, et en s'appuyant sur certaines hypothèses, que notre réglementation en matière de radiodiffusion a dû évoluer.
On est notamment parti de l'hypothèse qu'il n'y a tout simplement pas assez d'heures dans une journée pour diffuser un contenu susceptible de faire valoir la vision que le Canada a de lui-même et permettre aux Canadiens de se raconter à leurs concitoyens. Mais cela s'est traduit en fait — je ne parle pas de la politique de radiodiffusion, mais bien de l'espace restreint de façon plus générale — par un recours accru à des mesures de contrôle de la part des grands réseaux, des entreprises de câblodistribution ou de quiconque décide quelles émissions seront diffusées et quelles personnalités nous verrons au petit écran.
Différents formats de diffusion ont dû évoluer. Nous sommes habitués à la formule des 22 minutes de télévision assorties de huit minutes de publicité. C'est l'un des formats audiovisuels qui nous sont devenus familiers.
Cette intensification des mesures de contrôle fait notamment en sorte que moins de voix peuvent se faire entendre, car la variété de gens pouvant faire de la télévision est limitée simplement par le temps d'antenne disponible et par le nombre de chaînes accessibles. Bien souvent, cela se traduit malheureusement par une présence moindre de la culture canadienne et par la diffusion d'une culture plus banale — et je ne porte pas de jugement sur l'ensemble de la culture — pour plaire au plus vaste auditoire possible dans un souci de maximisation des indices d'écoute.
Il s'agissait donc de l'ancien modèle des communications.
Soi dit en passant, je pourrais vous présenter une analyse semblable dans le cas des journaux. La problématique ne se limite pas à la télévision et à la câblodistribution. Faute de temps, je vais m'en abstenir, mais je vous encourage à parler à quelqu'un comme Mathew Ingram, ancien chroniqueur au Globe and Mail qui écrit maintenant ses chroniques à partir de Toronto pour GigaOm, un formidable blogue auquel vous êtes tous abonnés, je l'espère. C'est un penseur remarquable qui s'intéresse à bon nombre de ces questions.
L'avènement d'Internet a transformé le monde des communications de masse; les anciens silos cèdent la place à ce qu'on pourrait appeler le « sablier vertueux », pour reprendre l'expression de mon collègue Rick Whitt, de Washington. Je vous invite à visualiser tous ces silos que l'on fondrait en un même bloc pour qu'ils épousent la forme d'un sablier. Au sommet du sablier, on insère toutes ces applications distinctes auparavant gérées indépendamment dans leurs silos respectifs (télévision, téléphonie mobile, téléphonie résidentielle, câble), avec leurs différentes formes de contenu (musique, etc.) pour les voir toutes converger sur Internet public.
En fait, tous ces services sont maintenant offerts via Internet. Vous pouvez y obtenir vos services téléphoniques; si vous avez un téléphone VoIP sur votre iPod, vous pouvez profiter de services de communications mobiles via Internet à partir d'un point d'accès sans fil. Vous pouvez bien sûr capter des signaux de télévision, sans compter l'accès à un large éventail de contenu audiovisuel, notamment pour les actualités.
C'est la raison pour laquelle je vous dis que tout converge sur Internet. Ainsi, Internet devient la plateforme de prédilection pour toutes ces applications auparavant accessibles à partir de leurs silos respectifs. Le réseau de câblodistribution est devenu par exemple un nouveau canal pour faire entrer Internet haute vitesse dans nos foyers; il en va de même pour le téléphone et les communications sans fil. Les téléphones mobiles offrent un mode d'accès aux services Internet haute vitesse, non seulement dans nos domiciles, mais partout où nous allons.
Ce sablier vertueux fait donc en sorte que toutes ces applications auparavant autonomes et disponibles uniquement à partir de leurs silos respectifs sont désormais accessibles de n'importe quel point de connexion à Internet et auprès de différents fournisseurs en mode de concurrence. Il n'est plus nécessaire d'être propriétaire d'une chaîne de télévision ou d'un journal pour que sa voix puisse être entendue. Si vous avez une bonne idée ou une passion à partager, vous pouvez vous faire entendre, voir ou lire par des milliers, voire des centaines de milliers de personnes de toute la planète.
J'y vois personnellement un pas de géant dans le monde des communications, car cela ouvre la porte à des innovations culturelles de toutes sortes, via de toutes nouvelles formes de contenu qui seront créées, de nouvelles voix qui se feront entendre, exprimant de nouveaux points de vue dans leurs langues respectives. Tout cela est devenu possible du fait que l'on n'est plus limité par l'espace restreint qu'offrait l'ancien modèle de diffusion culturelle. En fait, ce phénomène a donné lieu à une renaissance du discours non commercial.
À l'échelle planétaire, on charge sur Internet pas moins de 22 heures de contenu vidéo à toutes les minutes. C'est beaucoup, on ne peut pas le nier. Si seul le contenu canadien vous intéresse, vous pouvez y avoir accès sur YouTube tous les jours de la semaine, 24 heures par jour, sans jamais voir deux fois la même chose.
Je dois dire que cela ne se limite pas à YouTube. C'est simplement l'exemple que j'utilise, mais c'est vrai pour Internet dans son ensemble. Si vous vous intéressez au contenu canadien ou si vous souhaitez entendre des voix nouvelles ou différentes, toutes ces possibilités vous sont offertes, et ce, précisément en raison de la nature ouverte d'Internet auquel quiconque voulant mettre en commun une idée intéressante peut se connecter pour rejoindre de nouveaux auditoires. Il s'est ainsi créé un écosystème entièrement nouveau offrant un formidable éventail de choix aux consommateurs, aux producteurs de contenu et aux réalisateurs, tout en permettant une innovation rapide au chapitre des plateformes, du contenu culturel et des applications possibles.
Je souligne au passage que tous ces éléments sont positifs. Les consommateurs en sortent gagnants, tout comme les créateurs de contenu. C'est bon pour la culture car, plus que jamais auparavant, on favorise sa création, sa diffusion et son appréciation par des publics tout autant planétaires que canadiens.
Quelles sont les incidences du point de vue réglementaire? Je ne vous apprends certes rien — car c'est ce qui est à l'origine de l'étude que vous avez entreprise — en vous disant que les anciennes hypothèses à la base du processus réglementaire sont remises en question et que nos modèles de réglementation sont en transition. Dans un contexte où la rareté n'est plus une considération, nous devons nous interroger sur la pertinence de plusieurs de nos anciens instruments réglementaires.
En outre, de nouvelles réalités économiques touchant le contenu ont aussi des répercussions sur le plan de la réglementation. Si l'on s'en tient aux considérations économiques traditionnellement liées au contenu, les coûts des intrants sont ceux de la production, de la promotion et de la distribution. Eh bien, les obstacles à franchir pour ces trois éléments s'écroulent à un rythme accéléré.
Si on pense à la production, il suffit maintenant d'une caméra HD et d'un MacBook pour réaliser une vidéo de qualité professionnelle. En vous appuyant sur le dynamisme de vos réseaux sociaux et en utilisant efficacement la publicité ciblée en ligne, vous pouvez faire la promotion de votre contenu comme jamais auparavant. Quant à la distribution, l'accès à Internet public et à toutes les plateformes disponibles vous permet de diffuser votre contenu, souvent gratuitement, et souvent sous de nouvelles formes à des auditoires non accessibles autrefois.
Compte tenu de toutes ces considérations, quelles seront les principales considérations stratégiques à examiner? Désolé, si c'est un peu long, mais je devrais bientôt conclure.
D'abord et avant tout, je vous encourage à ne pas chercher absolument à « régler des problèmes ». En effet, certains des phénomènes que je viens de vous décrire sont problématiques pour bon nombre des intervenants en place. Il s'agit toutefois, dans l'ensemble, d'éléments favorables aux Canadiens, à leur capacité de choisir, à l'innovation et à la culture.
Je présume malgré tout que l'on vous demandera, et que l'on demandera aux différents gouvernements, de revenir en arrière en raison des difficultés créées par une partie de ces innovations. Je vous inviterais à vous interroger sur le sens de ces requêtes: vous demande-t-on de régler un problème véritable ou bien un problème qui affecte un modèle d'affaires existant dans la nouvelle conjoncture?
En outre, je vous prierais de ne pas tirer sur le messager, comme le veut l'expression populaire. Les intermédiaires jouent un rôle important dans ce système. Plus on demandera aux intermédiaires — fournisseurs Internet et autres — de policer le contenu accessible en ligne, plus on minera les efforts d'innovation et de diffusion, car ils ne pourront faire autrement que de prendre des mesures qui réfréneront le débit du courant culturel actuel.
En conclusion, c'est peut-être une évidence, mais je vous le dis quand même: résistez à la tentation de réglementer. Bon nombre des problèmes qui se posent actuellement ne pourront être résolus par la voie réglementaire; au contraire, on ne ferait qu'empirer les choses. Lorsqu'on a le mandat de légiférer, toutes les occasions peuvent sembler invitantes. Je comprends bien que vous puissiez être tentés de le faire, mais j'estime qu'il est primordial de protéger et de favoriser cette ouverture même qui est la caractéristique principale d'Internet, cette ouverture qui lui a permis de prendre de l'ampleur et faire progresser la culture en ligne.
Je termine ici mon exposé préliminaire. Je me réjouis maintenant de pouvoir discuter avec vous au cours de l'heure et demie qu'il nous reste. Merci beaucoup.
:
Merci beaucoup, monsieur le président.
M. Glick, nous sommes ici pour étudier une éventuelle stratégie du numérique, et certains voudraient faire simplement une étude des nouveaux médias. Pour ma part, je pense qu'il faut faire une étude plus large et se pencher sur une politique du numérique. C'est la raison pour laquelle on a commencé à recevoir des témoins.
Je vais vous dire d'emblée que je ressens un petit malaise à l'idée de recevoir d'abord un représentant de Google. Je pense qu'il aurait fallu aller du général au particulier, et pas le contraire. Enfin, vous êtes là et je suis heureuse de vous voir. Si je comprends bien, votre message est de ne rien réglementer.
On a beaucoup entendu un tel message véhiculé par plusieurs entreprises qui témoignent devant plusieurs comités, ici comme ailleurs. La plupart de ces entreprises disent qu'il ne faut pas qu'on adopte de règlements ou de lois et qu'elles s'en occuperont.
Cependant, l'expérience nous démontre que lorsqu'on n'adopte pas de règlements, les entreprises font ce qu'elles veulent. Par exemple, la compagnie Air Canada, qui a été obligée d'offrir des services dans les deux langues officielles, est la seule compagnie d'aviation de qui on peut obtenir un service en français. Il est impossible d'avoir des services en français de n'importe quelle autre compagnie d'aviation.
Le malaise est présent, et vous ne répondez pas tout à fait à nos questions sur les nouveaux médias. Vous vous vantez de plusieurs réalisations. Vous avez raison, je pense que Google est un joueur immensément puissant dans le domaine des nouveaux médias.
Par ailleurs, vous mêlez la culture et le loisir. Quand on parle de loisir, on parle, par exemple, des gens qui jouent à Star Wars dans le fond de leur sous-sol, qui se filment et qui diffusent ça par YouTube, avec plus ou moins de succès auprès de leurs amis. La culture, c'est autre chose. On parle d'oeuvres faites par des professionnels, des gens qui tentent d'en vivre ou qui en vivent et produisent les oeuvres artistiques que l'on connaît, que ce soit dans le domaine des arts visuels, de la littérature, des arts de la scène ou de la musique.
Revenons au fait que vous avez copié des millions de livres. Vous dites que vous en êtes très fier, mais, au Québec, l'Association nationale des éditeurs de livres n'est pas très fière de vous.
Il est vrai que vous ne les avez peut-être pas encore tous diffusés par Internet, mais vous en avez la possibilité et vous n'avez payé aucun droit d'auteur. De plus, vous l'avez fait de façon assez cavalière, en disant aux gens que s'ils ne sont pas contents, ils n'ont qu'à se retirer et à vous poursuivre devant les tribunaux — les tribunaux américains, il va sans dire —, ce qui pose un tout autre problème.
De plus, le gouvernement français vous trouve un peu intrusif. Le rapport Zelnik porte même expressément sur Google et fait état de problèmes avec cette compagnie. Le président Nicolas Sarkozy a accepté les conclusions du rapport.
Il parle plutôt de fuites sur le plan fiscal, mais, au Québec et au Canada, on pourrait davantage parler de fuites sur le plan artistique. Il dit aussi que c'est particulièrement dommageable et que ça altère le jeu de la concurrence. Il a raison dans les domaines économique et fiscal, mais il a aussi raison dans le domaine artistique.
Vous avez copié des millions de livres sans demander la permission des auteurs et en les obligeant à vous poursuivre s'ils ne sont pas contents, s'ils veulent avoir leurs droits d'auteur ou s'ils ne veulent pas tout simplement que vous le fassiez. On a le droit de ne pas vouloir que vous numérisiez les livres.
Vous nous dites de ne pas adopter de réglementation. Pourquoi devrait-on vous écouter et suivre votre suggestion, parce que vous dites que vous offrez un très grand choix aux consommateurs? Vous avez raison. Vous offrez un très grand choix aux consommateurs, sauf qu'il ne faut peut-être pas le voir ainsi. On est ici pour se préoccuper davantage des artistes, de leur oeuvre et du respect de leurs droits d'auteur.
:
Merci beaucoup pour votre question.
Je vous prie tout d'abord de m'excuser si mes observations ont pu vous sembler idéologiques. Je crois être demeuré dans les limites du descriptif en cherchant à faire valoir que le contenu canadien connaît actuellement un grand succès en l'absence de réglementation et que l'on devrait peut-être y penser à deux fois avant de risquer de tout gâcher. C'est ce que je voulais dire. Je ne voulais pas laisser entendre que le gouvernement n'avait aucun rôle à jouer, bien au contraire.
Vous avez demandé ce que pourrait faire le gouvernement, particulièrement en ce qui concerne les droits d'auteur.
Voici ce que j'en pense. Premièrement, on pourrait étendre l'utilisation équitable. Deuxièmement, la solution d'avis et avis devrait être implantée comme régime de responsabilité pour les fournisseurs. Troisièmement, on pourrait procéder à une mise en oeuvre limitée d'un ensemble de mesures ou de règles de protection technologique, de manière à établir le lien...
Je ne sais pas dans quelle mesure votre comité a approfondi l'étude de ces questions. Je suis pour ma part plutôt passionné par la problématique des droits d'auteur, alors vous comprendrez mon enthousiasme.
Dans le cadre du Traité de l'OMPI sur le droit d'auteur, chaque pays doit mettre en oeuvre des mesures de protection pour les technologies qui empêchent la copie des travaux. Les obligations découlant de ce traité peuvent être satisfaites de bien des manières. Je ne crois pas que les mesures de contrôle d'accès soient primordiales à ce chapitre, mais j'estime par contre importantes les mesures législatives qui assimilent à une violation des droits le fait de contourner la technologie de protection mise en place.
Par exemple, votre téléphone mobile est équipé d'un dispositif de protection technique. Si vous désactivez ce dispositif afin de pouvoir utiliser votre téléphone sur un autre réseau —passer de Rogers à Bell, ou l'inverse —, vous ne vous exposez pas nécessairement à des problèmes avec la justice. Il faudrait pour ce faire que ce geste soit assimilé à une action volontaire à l'encontre des droits établis. J'estime qu'il s'agit là de l'un des éléments importants de la réforme des droits d'auteur. Je vous souligne au passage que j'exprime ici mon point de vue personnel, et non celui de Google.
Je suis persuadé que l'on pourrait grandement contribuer à protéger l'innovation si l'on étendait l'utilisation équitable de manière à suivre l'évolution technologique. C'est aussi important pour vous dans votre rôle de législateurs, et pour le Parlement également, je présume, car les gens vont cesser de vous réclamer des modifications législatives à toutes les fois que des changements technologiques interviennent.
Monsieur Glick, nous vivons dans ce que j'appellerais un environnement très stimulant. Nous vivons dans un monde où quiconque peut être diffuseur et où quiconque écrit une chanson peut la diffuser à autant de personnes qu'il le veut.
Pour en revenir à Adam Smith, une de ses citations célèbres est que l'offre génère sa propre demande, et de certaines façons, dans le monde de YouTube, c'est bien vrai. Les gens offrent sur YouTube un contenu pour lequel il y a une demande. Des centaines de millions de personnes le visionnent.
Il n'est pas facile de tenir une discussion au sujet des possibilités que nous offre la technologie numérique sans parler de droits d'auteur. Comme vous, je suis un mordu de droits d'auteur. Il est vrai qu'au cours des dernières années, j'ai eu à apprendre énormément de choses sur un sujet que bien des gens ne considéreraient pas comme une lecture de chevet.
Vous avez parlé d'utilisation équitable. Il y a une chose qui est très difficile et très exigeante. J'ai parlé des défis auxquels est confronté le CRTC pour créer un marché de la radiodiffusion exclusif au Canada, puisque cet organisme a été fondé dans les années 1960. Nous vivons maintenant dans un monde où il est impossible de tracer des frontières autour de la radiodiffusion parce que n'importe qui peut devenir radiodiffuseur, alors cela présente des défis de taille.
Dans le monde des droits d'auteur, vous avez mentionné l'utilisation équitable. Je crois que c'est important, si nous songeons à présenter un projet de loi sur les droits d'auteur, de ne pas avoir à tenter de réexaminer ce dossier. Depuis 1996, année où nous avons signé le Traité de l'OMPI, nous avons essayé de faire adopter un projet de loi mis à jour sur les droits d'auteur.
Je dois vous dire que la question de l'utilisation équitable est très épineuse, car les opinions divergent. Si vous vous penchez sur la question de l'utilisation équitable, dans quelle mesure est-elle importante? Je sais que les États-Unis ont un système d'utilisation équitable dans le cadre duquel il est possible de soulever des questions d'utilisation équitable sur lesquelles un système judiciaire indépendant pourra trancher. Mais selon vous, dans quelle mesure importe-t-il qu'un nouveau projet de loi sur les droits d'auteur aborde réellement la question de l'utilisation équitable et fasse en sorte qu'elle puisse s'adapter, au fil du temps, à la technologie de façon à ce que nous ne soyons pas toujours obligés de réexaminer le projet de loi?