:
Je vous remercie beaucoup, monsieur le président.
Je me réjouis de l'occasion qui m'est offerte de faire le point sur les négociations de libre-échange entreprises avec l'Union européenne en vue de la conclusion d'un accord économique et commercial global, comme disent les Européens. En ce qui me concerne, je préfère parler d'un accord de libre-échange avec l'Union européenne.
Je suis accompagné de Steve Verheul, qui est le négociateur en chef dans le cadre des négociations entourant cet accord entre le Canada et l'Union européenne.
[Français]
J'aborderai également certaines questions ayant trait à la culture soulevées dans le contexte de ces négociations.
[Traduction]
De par leur portée et leur niveau d'ambition, ces négociations sont incontestablement la plus importante initiative commerciale qu'ait lancée le Canada depuis la signature de l'accord de libre-échange entre le Canada et les États-Unis. Elles sont au coeur de l'ambitieuse stratégie commerciale du gouvernement, une stratégie qui crée des emplois et qui est source de prospérité pour les Canadiens.
[Français]
Au cours des cinq dernières années, nous avons conclu de nouveaux accords de libre-échange avec huit pays: la Colombie, le Pérou, le Panama, la Jordanie et quatre pays membres de l'Association européenne de libre-échange, soit la Norvège, la Suisse, le Liechtenstein et l'Islande. Et nous négocions actuellement avec une cinquantaine d'autres pays.
[Traduction]
Nos négociations avec l'Union européenne, formée de 27 pays membres, représentent un volet essentiel de ces efforts. Les accords de libre-échange sont des occasions extraordinaires pour le Canada et ils sont indispensables à la prospérité économique et à la création d'emplois, deux éléments sur lesquels nous concentrons nos énergies.
[Français]
Un accord avec l'Union européenne entraînerait une augmentation de 12 milliards de dollars annuellement du produit intérieur brut du Canada.
[Traduction]
Il aurait pour effet un accroissement de 20 p. 100 annuellement des échanges commerciaux bilatéraux. Ces chiffres sont fondés sur une étude conjointe qui a été menée avant d'entamer les négociations afin de déterminer s'il serait judicieux de négocier un accord de libre-échange.
Un accord conférerait au Canada un avantage concurrentiel considérable sur d'autres nations commerçantes. Le Canada est le premier pays développé avec lequel l'Union européenne a décidé de négocier un accord de libre-échange. Si un accord est conclu, le Canada serait alors le seul pays développé à avoir conclu des accords de libre-échange avec l'Union européenne et les États-Unis, les deux plus grandes puissances économiques du monde. Cela ferait du Canada un pays de prédilection pour investir et faire des affaires.
[Français]
À mesure que se consolide la reprise économique au Canada, nous avons besoin de ce genre d'avantages. Ces négociations suscitent également beaucoup d'enthousiasme chez les Européens.
[Traduction]
Au cours de l'année écoulée, j'ai effectué un certain nombre de visites en Europe pour aider à rallier des appuis aux négociations en cours. Nos partenaires sont donc conscients qu'il existe de multiples avantages à faire plus d'affaires avec le Canada et au Canada. Notre pays jouit d'une excellente réputation et il est perçu comme un très bon partenaire. La robustesse de l'économie canadienne par rapport à celle de nombreux autres pays à l'heure actuelle est de plus en plus remarquée. Ces partenaires sont attirés par notre stabilité économique ainsi que par la qualité de notre main-d'oeuvre, qui est la plus qualifiée du monde et qui compte la proportion la plus élevée de diplômés postsecondaires de tous les pays membres de l'Organisation de coopération et de développement économiques. Ils sont aussi attirés par la force de notre milieu des affaires, qui est une source de création d'emplois.
[Français]
Nous sommes fiers des progrès accomplis à ce jour. Le Canada et l'Union européenne ont convenu d'un calendrier de négociations exigeant. En fait, la sixième série de négociations s'est déroulée plut tôt ce mois-ci à Bruxelles, et elle sera suivie d'autres réunions au cours des mois à venir.
[Traduction]
D'importants progrès ont été réalisés jusqu'à présent au chapitre des biens et services, de l'investissement et des marchés publics. Nous nous rapprochons d'une entente mutuellement profitable.
Vous le savez sans doute, la semaine passée et en décembre dernier, j'ai eu l'occasion de rencontrer mon homologue de l'Union européenne, le commissaire Karel De Gucht, pour déterminer si les avancés enregistrées allaient nous permettre de continuer le processus. Nous étions, l'un et l'autre, satisfaits des progrès réalisés jusque-là, et nous sommes tombés d'accord pour reconnaître que nous sommes en bonne voie de conclure les négociations. Nous sommes également encouragés par le niveau sans précédent de collaboration et de flexibilité dont fait preuve chacune des parties. Elles semblent toutes les deux déterminées à conclure un accord.
De concert avec nos partenaires européens et les représentants des provinces et territoires qui, dès le départ, ont été parties prenantes à ces négociations — ce qui, soit dit en passant, ne s'est jamais produit dans toute l'histoire du Canada — notre gouvernement travaille d'arrache-pied afin de parvenir à la conclusion d'un accord ambitieux et de vaste portée qui profitera à tous les Canadiens à l'échelle du pays.
[Français]
Je note aussi, cependant, un certain nombre de préoccupations — il s’agit, dans bien des cas, de préoccupations dénuées de fondement — qui se font entendre au sujet de certaines questions faisant l’objet des discussions. La culture est l’un de ces enjeux. Pour plusieurs d’entre nous, c’est du déjà vu.
Au moment de la signature de l’Accord de libre-échange entre le Canada et les États-Unis et, par la suite, de l’Accord de libre-échange nord-américain, des voix se sont élevées dans certains secteurs, disant que c’était la fin du Canada et que notre économie et notre culture allaient être submergées par nos voisins du Sud. C’est tout le contraire qui s’est produit.
[Traduction]
Le libre-échange a créé des emplois et amené la prospérité au Canada. Aujourd'hui, le Canada fait l'envie du monde entier, tant sur le plan économique que sur celui de la qualité de vie.
Les adversaires du libre-échange ont soulevé aussi de grandes craintes au sujet de la perte de notre culture, des craintes qui ne se sont pas matérialisées.
[Français]
Notre culture est vivante et se porte bien, et nombreux sont les exemples qui indiquent que les Américains apprécient les livres, la télévision, la musique ou l’art canadiens. Pensons à Céline Dion, Shania Twain et, maintenant, Justin Bieber.
Le gouvernement fédéral a fait la preuve de son attachement à la culture dès le tout début. Nous avons engagé plus de 1 milliard de dollars sur cinq ans en investissements nouveaux ou renouvelés dans le domaine des arts, de la culture, du patrimoine et du tourisme. De plus, notre Plan d’action économique prévoit environ 335 millions de dollars de soutien direct aux arts et à la culture au Canada.
[Traduction]
Sur la scène internationale, le Canada, de concert avec ses partenaires, travaille activement à l'élaboration de divers traités en matière de coproduction et d'accords d'échanges culturels avec des pays tels que la Chine, l'Inde et la Colombie. Le Canada entretient aussi des relations culturelles de longue date avec plusieurs pays européens clés, dont la France, le Royaume-Uni et l'Allemagne, pour n'en citer que quelques-uns.
En outre, nous avons été un chef de file mondial en ce qui a trait à l'élaboration et à la mise en oeuvre de politiques et de conventions aux Nations Unies, notamment la Convention sur la protection et la promotion de la diversité des expressions culturelles.
[Français]
Comme vous le savez, la convention reconnaît l’importance de la diversité culturelle pour le développement économique et social international. Cette convention reconnaît aux pays comme le Canada le droit d’adopter des mesures et des politiques pour protéger et promouvoir la diversité de leurs expressions culturelles.
L’Union européenne, à l’instar du Canada, considère la promotion et la protection de la culture comme étant un important objectif stratégique. On ne doit pas perdre de vue que l’Union européenne constitue l’un des groupes où la diversité des cultures est la plus marquée dans le monde. C’est un marché unique d’un demi-milliard de citoyens répartis dans 27 pays et parlant 23 langues. Nulle part ailleurs l’importance de la culture et de sa place dans la société n’est aussi bien comprise qu’au sein de l’Union européenne, et cela englobe aussi les négociations commerciales.
[Traduction]
En 1989, lors des négociations du Cycle d'Uruguay de l'Accord général sur les tarifs et le commerce, dont est issue l'Organisation mondiale du commerce, nous avons travaillé en étroite collaboration avec nos partenaires européens pour faire en sorte que les pays puissent préserver leur capacité de mettre en oeuvre leurs priorités culturelles.
En fait, le Canada a une solide tradition de négociation d'exemptions culturelles, notamment dans le cadre de l'Accord de libre-échange Canada-États-Unis, de l'Accord de libre-échange nord-américain et de nombreux autres accords de libre-échange.
Il en est de même de nos négociations actuelles avec l'Union européenne.
[Français]
Je peux donner l’assurance aux membres de ce comité, ainsi qu’à tous les Canadiens, que nous garderons intacte notre capacité respective de poursuivre nos objectifs nationaux en matière de politique culturelle dans tout accord commercial que nous conclurons avec l’Union européenne. Notre gouvernement demeure fermement attaché à la défense de nos intérêts culturels, y compris dans le cadre de nos accords commerciaux.
À mesure que progressent ces négociations, je veux espérer que les députés — et, bien entendu, tous les Canadiens — ne se laisseront pas distraire par le discours alarmiste et infondé des traditionnels opposants sur le péril qu’un accord commercial avec l’Union européenne représenterait pour la culture canadienne et pour le mode de vie canadien.
J’espère qu’ils regarderont plutôt les faits — la culture canadienne est vivante, elle se porte bien et elle est florissante — et se concentreront sur l’énorme potentiel de cet accord pour la création d’emplois et la prospérité des Canadiens aux quatre coins du pays.
Je vous remercie. C'est avec plaisir que je participe à la discussion aujourd'hui.
[Traduction]
Je serai ravi de répondre à vos questions, avec l'aide de M. Verheul.
:
Merci beaucoup, monsieur le président.
[Français]
Je suis heureux d’avoir la possibilité de faire le point sur l’Accord commercial relatif à la contrefaçon, ou ACRC.
Comme vous le savez déjà, les négociations sont arrivées à terme en octobre dernier, à Tokyo, au Japon. Il s’agit d’une étape importante d’un processus qui a été entamé il y a presque quatre ans lorsque le gouvernement a annoncé qu’il prendrait part aux négociations en vue de conclure un accord.
Ces négociations ont été menées par un groupe de pays d’optique commune, y compris le Canada et ses principaux partenaires commerciaux, ayant des intérêts convergents pour ce qui est de lutter plus efficacement contre la croissance du commerce des marchandises contrefaites et piratées et de protéger la santé et la sécurité des consommateurs.
Ce commerce illicite est un fléau qui ne cesse de se répandre à l’échelle mondiale et qui ne présente aucun signe de ralentissement. De nombreuses études, y compris celles menées par l’Organisation de coopération et de développement économiques, l'OCDE, indiquent que le commerce mondial des marchandises contrefaites et piratées enregistre une croissance constante.
[Traduction]
Le gouvernement estime que le Canada et les Canadiens non seulement considèrent que le commerce des marchandises contrefaites et piratées constitue un problème général, mais souhaitent également qu’il soit réglé, car ce commerce est néfaste pour les industries innovatrices et créatives, l’emploi au Canada, les revenus du gouvernement et des entreprises et, dans certains cas, la santé et la sécurité publiques.
Même si l’ACRC s’inscrit dans un processus international, il importe de signaler que les efforts que doit déployer le Canada pour régler la question commencent à l’échelle nationale. La position que le Canada a adoptée à propos des négociations de l'ACRC ne repose pas sur le vide; en effet, elle a été inspirée et a tiré profit de la législation et des politiques canadiennes en vigueur et a pris appui sur les opinions et les recommandations émises par les intervenants et les législateurs canadiens.
J’inviterais les membres du comité à se rappeler les rapports sur la contrefaçon et le piratage élaborés en 2007 par le Comité permanent de l’industrie, des sciences et de la technologie et le Comité permanent de la sécurité publique et nationale. La réponse du gouvernement à ces rapports est la consécration du travail accompli par chaque comité et dénote l’engagement du gouvernement à « mettre à profit les efforts déjà déployés ». Or, depuis longtemps, on s’affaire à l’élaboration de politiques et de lois nationales en matière de propriété intellectuelle, mais il reste encore du travail à faire.
Depuis l’amorce des négociations, le gouvernement a constamment réitéré son soutien à une défense rigoureuse des droits de propriété intellectuelle, comme en témoigne le discours du Trône de 2010, dans lequel le gouvernement s’est engagé à renforcer les lois régissant la propriété intellectuelle et le droit d’auteur.
C’est en octobre 2007 que le Canada a annoncé sa participation aux pourparlers de l’ACRC, incité par une compréhension à l’échelle nationale des enjeux qui en faisaient l’objet. Cette participation ne représente qu’une facette des activités que mène le Canada à l’échelle internationale pour lutter contre la contrefaçon et le piratage, car il est également présent dans le cadre d’autres tribunes, comme l’Organisation mondiale de la propriété intellectuelle, l’Organisation mondiale du commerce ainsi que des groupes de travail au sein du G8 et d’INTERPOL, entre autres.
Le gouvernement a longuement consulté les intervenants canadiens, notamment en proposant des consultations en ligne, en organisant des tables rondes et en adoptant une politique de « porte ouverte ». La position du gouvernement dans le cadre des négociations reflétait entièrement les intérêts du Canada et des Canadiens. Affaires étrangères et Commerce international Canada a coordonné la participation de nombreux ministères et organismes fédéraux partageant un intérêt pour l’application des mesures assurant le respect des droits de propriété intellectuelle.
Par sa participation aux négociations de l’ACRC, le Canada a pu collaborer à l’atteinte des résultats de ces dernières. Il a également exercé son influence pour que les résultats reflètent les intérêts des Canadiens et a veillé à ce qu’ils soient conformes à son approche en matière de protection et de respect des droits de propriété intellectuelle.
Bref, la participation du Canada à ces négociations est fidèle à la stratégie et à la vision globales du gouvernement en ce qui a trait à la protection de la propriété intellectuelle à l’échelle nationale.
[Français]
Actuellement, le gouvernement scrute l'accord tout en visant les prochaines étapes éventuelles. Avant de signer un accord, le gouvernement doit être convaincu qu'il est dans le meilleur intérêt du Canada et des Canadiens de le faire. En outre, avant d'assumer des obligations dans le cadre de l'ACRC, le Canada devrait soumettre l'accord au processus de dépôt des traités devant le Parlement.
[Traduction]
Pour conclure, l’ACRC marque une étape importante et concrète dans la lutte contre le commerce illégal des marchandises contrefaites et piratées. En effet, l’ACRC mettra en place un instrument international qui permettra d’améliorer la coopération et d’établir de nouvelles normes internationales visant l’application des mesures assurant le respect des droits de propriété intellectuelle. Ces normes sont complémentaires aux initiatives menées à l’échelle internationale.
La participation du Canada aux négociations de l’ACRC découle du constat que le commerce illégal est un problème croissant et réel qui nécessite une action internationale concertée. Par sa participation aux négociations de l’ACRC, le Canada a pu collaborer à l’atteinte des résultats et exercer son influence sur ceux-ci.
Merci.