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Permettez-moi, avant de commencer, de vous remercier de m'avoir invité à prendre la parole devant vous.
Je crois pouvoir dire, en regardant autour de cette table, que nous n'avons pas encore eu l'occasion de nous rencontrer. En effet, je ne fais pas vraiment partie du monde de la culture. Je suis Canadien, certes, mais je suis ingénieur, un technicien, donc, du numérique et c'est dans le domaine du numérique que j'ai effectué le plus clair de ma carrière.
J'appartiens à une entreprise dont le siège est à Waterloo, mais qui a des établissements dans de nombreuses autres villes du Canada. Nous sommes la plus grande entreprise de logiciel du Canada. Ce qui est intéressant, ce n'est pas tellement le fait que nous soyons une entreprise de logiciel, mais que j'aie passé la plus grande partie de ma vie d'adulte à l'étranger. Nous faisons un milliard de dollars de chiffre d'affaires, mais 95 p. 100 de nos recettes proviennent de marchés extérieurs. Nous faisons partie de la catégorie de ce que certains appellent les entreprises 5/95.
Depuis 25 ans, je travaille dans Internet au service des industries culturelles et des États. Nos logiciels sont chaque jour employés par probablement une personne sur trois se connectant à Internet. Nous comptons parmi nos clients BMW, la BBC, FOX News ou Canal 5, et leurs équivalents dans les diverses régions du monde.
Tout cela m'a persuadé de faire porter mes efforts davantage sur le Canada, car je me suis rendu compte, il y a quelques années, que le Canada n'adoptait pas les technologies numériques aussi rapidement que les autres pays, ou bien ne le faisait pas de la même manière. C'est pourquoi j'ai décidé de m'impliquer dans plusieurs initiatives, dont le Canadian Digital Media Network, un CECR, c'est-à-dire un centre d'excellence en commercialisation et en recherche. Il s'agissait de réunir, à l'échelle nationale, divers types d'organisation, aussi bien des universités, que des entreprises et le secteur public, de s'entretenir des grandes questions qui se posent en ce domaine, et d'échanger les résultats des recherches entreprises.
Ce qui est peut-être le plus remarquable, c'est que le centre est déjà parvenu à organiser deux conférences nationales. Je viens d'assister à la deuxième, la conférence Canada 3.0, qui a eu lieu à Stratford ces deux derniers jours. Ce qui m'a paru intéressant — et j'espère que cette précision vous servira d'encouragement — c'est que c'était comme participer à Woodstock. Je n'ai pas tout à fait l'âge d'avoir assisté à Woodstock, mais presque. J'ai rencontré à Stratford de nombreux Canadiens que ce domaine passionne énormément. Nous étions environ 2 000. La première année, nous attendions à peu près 500 personnes. Cette année, nous en attendions 1 000. Or, bien que nous n'ayons vraiment pas fait de publicité, du moins pas par les moyens ordinairement employés, nous avons attiré beaucoup de gens. Nous avons été en quelque sorte adoptés par contagion.
Je voudrais aujourd'hui vous faire part de certains des propos que j'y ai recueillis. Il s'agit simplement de vous donner une idée de ce qui s'y est dit. Une documentation de fond pourra en outre vous être transmise, mais pas immédiatement, car la conférence s'est terminée il y a seulement deux jours. Étant donné qu'il s'agissait d'une conférence sur les médias numériques, tous les aspects « contagion » ou virtuels de la conférence sont à la disposition des Canadiens. Plus de 2 000 personnes ont saisi l'occasion de participer en ligne. Vous pouvez, si vous le voulez, consulter tous les tweets et les blogues. Tous les vidéoclips sont affichés sur les divers sites concernant la conférence.
La documentation officielle va être préparée en trois vagues. Ni moi, ni le Canadian Digital Media Network ne prônons une ligne particulière. Nous tentons simplement d'entretenir la conversation sur l'impact du numérique. Dans les quelques jours qui suivent, les présidents de la conférence vont publier un communiqué qui sera, essentiellement, un résumé correspondant en gros à ce que j'entends vous présenter aujourd'hui. Dans un mois environ, le groupe rédigera un sommaire plus détaillé, d'une quarantaine de pages, pour résumer l'ensemble des débats de la conférence.
Les 2 000 participants ont été répartis entre cinq séances thématiques, chacune animée par un président de séance. L'ensemble de nos travaux s'est déroulé sous le signe de la collaboration, ainsi que vous pourrez vous-mêmes le constater en prenant connaissance de la documentation que nous allons vous transmettre.
Et puis il y a aussi un site virtuel qui accueille plus de 3 000 blogueurs collaborant dans le cadre d'un média social — un peu comme Facebook — pour essayer de cerner, de tout un éventail de points de vue, l'impact que le numérique est appelé à avoir sur notre pays. Des 2 000 personnes ayant assisté à la conférence, 500 étaient des jeunes inscrits à l'université ou en études secondaires. Sur le reste, un tiers environ provenait du secteur public, et un tiers du secteur privé — des milieux de la création, c'est-à-dire ceux qui façonnent ou utilisent les outils numériques — et puis un tiers encore émanant du secteur public.
Un des sujets débattus est le fait que les participants estimaient, dans leur ensemble, que notre pays a besoin de se fixer un objectif que le numérique doit permettre d'atteindre. Nous l'avons dénommé, un peu naïvement peut-être, l'objectif lune. À la conférence, certains ont pensé que cela faisait trop américain, et qu'on aurait peut-être dû parler plus simplement d'étape suivante ou de quelque chose dans ce genre-là.
Le fait est que pour susciter l'intérêt des Canadiens et faire comprendre tout cela aux illettrés du numérique, il serait bon effectivement que le pays se fixe un objectif. Il est clair que les avis peuvent être partagés quant à ce que cet objectif devrait être, mais nous avons au moins eu le mérite d'en discuter.
Il convient de relever qu'un certain sentiment de frustration s'est aussi exprimé à la conférence — de la part de personnes qui sont déjà très impliquées dans le monde du numérique — et c'est d'ailleurs pour cela qu'elles se trouvaient là —, mais également un grand optimisme quant aux possibilités qui s'offrent à nous. C'est dire qu'il s'agit de sujets qui inspirent parfois un des sentiments un peu contradictoires.
J'ai constaté en outre que les moins de 25 ans ne se voient pas tout à fait de la même manière que les plus de 25 ans. Ils sont, en effet, partagés entre le fait d'être Canadiens et le sentiment d'être aussi des citoyens du monde. Je ne suis pas spécialiste des sciences sociales, mais je pense que l'on pouvait déceler une différence d'optique par rapport aux personnes ayant plus de 25 ans.
Il est clair aussi qu'il existe dorénavant une opposition entre les modèles d'entreprise traditionnels et les nouveaux modèles. Je fais notamment allusion au modèle dit de la longue traîne pour la distribution de certains produits, notamment les produits culturels. Il y a donc ces nouveaux modèles d'entreprise qui s'opposent de manière assez brutale aux modèles appliqués jusqu'ici.
S'est également exprimée à la conférence une grande inquiétude que si nous ne prenions pas bientôt certaines dispositions en ce domaine, nous risquions de devenir sur le plan numérique, une colonie un peu comme nous l'étions il y a 40 ou 50 ans avant la création des trois conseils et les efforts que nous avons consentis au cours des années 1960 et 1970. Il y a donc cette profonde inquiétude car, d'après un des chiffres importants qui nous a été communiqué, selon la mesure employée, au Canada de 1 à 4 p. 100 du contenu est numérique, ce qui veut dire que de 96 à 99 p. 100 ne l'est pas. C'est quelque chose que j'ai moi-même pu constater lors de mes déplacements dans le monde. D'autres pays consacrent des efforts considérables au numérique, ce qui n'est pas le cas du Canada. Or, nous ne parviendrons pas à transmettre notre culture si nous n'employons pas davantage le numérique. Si vous avez moins de 25 ans, et que vous cherchez quelque chose qui se trouve dans un livre, c'est en ligne que vous allez le consulter.
Nous avons, ici au Canada, longuement parlé de connectivité, mais si nous nous contentons de nous connecter à des contenus provenant d'au-delà de nos frontières, peut-être conviendrait-il de repenser très sérieusement les objectifs que nous nous sommes fixés.
La littératie numérique n'a, elle, fait l'objet d'aucun débat. Or, il est clair qu'il nous faut instaurer un programme de littératie numérique, comme il y a 100 ans nous avons dû faire un effort d'alphabétisation alors que la population quittait les campagnes pour s'installer dans les villes où les gens devaient savoir lire pour occuper les nouveaux emplois.
Nous avons, à la conférence, longuement débattu de cette question de l'objectif, certains l'envisageant sous l'angle de l'économie, et d'autres sous l'angle de la nation. Là encore, le débat a été passionnant.
Je sais que vous avez pour la culture un intérêt particulier et j'aimerais donc ajouter que, contrairement aux efforts qui peuvent être engagés dans d'autres domaines... et je crois que c'est peut-être là l'essentiel. Dans le passé, avec les signaux de radio ou de télévision, on pouvait distinguer entre ce qui était culturel et ce qui était commercial. En ce qui concerne les lignes de téléphone, on pouvait discuter et dire qu'il s'agissait à la fois de quelque chose de culturel et de commercial. Mais, dans l'univers des données, avec ces bits et ces multiplets, que je transmette une chanson ou que je transmette une facture, le mode de transmission est le même.
Cela revêt une importance essentielle non seulement au niveau de notre productivité, mais pour le Canada en tant que pays. Comment nous organiser numériquement? Il ne s'agit pas de quelque chose facile à définir. C'est même peut-être le plus important défi que nous pose le numérique, étant donné que son influence se fait sentir dans tous les domaines. En effet, l'impact du numérique ne touche pas uniquement un secteur de notre structure socio-économique. C'est pour cela qu'en ce domaine l'impulsion doit venir du centre et c'est peut-être un des principaux défis que cela nous pose.
Nous avons discuté, lors de la conférence, des avantages du numérique en matière de productivité, mais également des avantages que l'adoption du numérique présente pour notre système de soins de santé.
Permettez-moi, pour terminer, de dire qu'à la conférence un consensus semble s'être dégagé autour de trois thèmes concernant l'univers numérique et ses conséquences au niveau de la culture. Les trois thèmes dégagés sont la connectivité, le contenu et la collaboration. Il s'est trouvé que cela donnait trois C, mais on entend par connectivité, la rapidité et la disponibilité; par contenu, on entend que ce qui n'est pas numérisé n'existe pas et par collaboration, on entend l'accès et la littératie numérique qui permettent d'employer les nouveaux outils.
Je vais m'en tenir là. C'est très volontiers que je répondrai aux questions que vous voudriez me poser au sujet de mes activités et de ce que j'ai pu apprendre.
Je précise dès le départ que je ne suis pas à vrai dire un technicien, mais plutôt un sportif. Nous venons tout juste, Tom et moi, de nous rendre compte que nous habitons dans le même coin. Tom travaille à Waterloo — et c'est également là, j'imagine, qu'il vit, alors que moi, je viens de la ville qui n'a pas d'équipe de hockey, c'est-à-dire Hamilton. On a donc certains points en commun, d'autant plus qu'un des types de sa ville a presque réussi à doter Hamilton d'une équipe de hockey, ce dont nous nous souvenons tous.
Il est agréable de voir tellement de chemises de sport dans cette salle.
Une voix: Surtout les rouges.
Une voix: Du calme, du calme!
M. John Levy: Oh, vous savez, je viens de Hamilton, et donc je n'aime pas tellement les chemises bleues non plus.
Des voix: Oh, oh!
M. John Levy: Mesdames et messieurs les députés et collaborateurs du comité, bonjour. Je m'appelle John Levy. Je suis président-directeur général de Score Media Inc.
J'aimerais vous entretenir aujourd'hui du devenir des médias numériques et émergents, des incidences de ce progrès sur les industries culturelles canadiennes, et de la manière dont les institutions fédérales pourraient aider les Canadiens et les industries culturelles de notre pays à profiter de cette évolution.
Avant d'entrer dans le vif du sujet, je souhaite par contre vous dire quelques mots de Score Media et de mes propres antécédents, car cela fournira un peu de contexte à mes propos.
Je suis, au sein de l'industrie canadienne des communications, un des rares à combiner l'optique d'un petit câblo-opérateur et celle d'un petit radiodiffuseur. Avant de fonder Score Media, à la fin des années 1990, j'étais en effet actionnaire majoritaire d'une entreprise appelée Cableworks Communications, une des premières entreprises de distribution de télévision par réseaux de câbles lancées au Canada. Cableworks en effet a été fondée par mon père en 1959. Elle a fini par avoir plus de 65 000 abonnés dans la région de Hamilton. C'est dire que j'ai grandi dans le secteur du câble et dans celui de la radiodiffusion et que j'ai pu assister au développement et à la transformation auxquels a donné lieu l'apparition des chaînes thématiques et de la télévision payante et les nouvelles technologies, y compris la transmission par micro-ondes, par fibres optiques et par satellite.
Cableworks était également un des premiers fournisseurs de service Internet. Nous avions en effet lancé un FSI par accès commuté afin de nous préparer au déploiement des connexions Internet haut débit par câble qui s'est répandu en moins de 10 ans. J'aurai l'occasion d'y revenir un peu plus tard, mais je dois dire dès maintenant que cette prolifération de l'accès à Internet qui permet aux gens de se joindre instantanément et de se transmettre un contenu est, d'après moi, la transformation technologique sans doute la plus importante de notre existence.
Score Media a fait de gros investissements afin d'assurer la pertinence de sa présence sur toutes les plates-formes médiatiques, car c'est là où se trouve en grande partie la clientèle des 18 à 34 ans. Score Media comprend le Score Television Network, une chaîne thématique de sport, d'actualités et d'information offerte à 6,7 millions de foyers au Canada; Hardcore Sports Radio, une chaîne de radio parlée à prédominance sportive diffusée dans toute l'Amérique du Nord par Sirius Satellite Radio; et Score Media Ventures, notre division des médias numériques qui s'occupe de notre site Web, thescore.com, de notre service mobile, sur lequel j'aurai l'occasion de revenir un peu plus tard, ainsi que de nos applications de télévision interactive.
Nos nouvelles plates-formes et notre chaîne de télévision se développent toutes de manière satisfaisante, mais nous sommes particulièrement fiers de notre service mobile. En juin 2009, nous avons, en effet, lancé Score Mobile pour téléphones intelligents BlackBerry. Ce produit a beaucoup contribué à notre marque, à la fois ici au Canada, et sur le marché international. Notre Score Mobile version BlackBerry a été un énorme succès en Amérique du Nord, 70 p. 100 de nos utilisateurs habitant les États-Unis. Nous avons, depuis ce lancement, enregistré plus de deux millions de téléchargements, ce qui est un résultat tout à fait considérable pour une entreprise canadienne dans un secteur extrêmement concurrentiel. Notre Score Mobile version BlackBerry est en fait le numéro un mondial des applications sportives gratuites destinées au BlackBerry. Nous sommes très fiers de cela.
Nous avons également eu beaucoup de succès avec notre application pour iPhone. Depuis son lancement, en juillet 2008, nous enregistrons plus d'un million et demi de téléchargements, dont plus d'un tiers émanant des États-Unis.
Prises dans leur ensemble, ces applications génèrent — c'est comme cela que l'on mesure notre performance, et nous utilisons le même argument pour vendre de la publicité, sujet dont, là aussi, je reparlerai dans un instant — plus de 1,3 million de visiteurs uniques par mois et, tous les mois, nous enregistrons plus de 50 millions de visualisations de page.
Nos nouvelles plates-formes de distribution font partie intégrante de nos activités et de notre stratégie de développement. Ce sont, à nos yeux, des plates-formes de développement à part entière, tant au Canada qu'à l'étranger.
J'ajoute que la progression de nos recettes traduit l'importance financière de ces nouvelles plates-formes. Plus de 10 p. 100 de nos recettes publicitaires proviennent de nos nouvelles plates-formes de distribution et nous prévoyons un développement exponentiel de ces revenus. Nos nouvelles plates-formes contribuent très sensiblement à notre bénéfice d'exploitation.
Notre entreprise est axée sur l'innovation et pour maintenir notre avance, nous sommes en perpétuelle transformation. Face à la concurrence internationale, nous avons décidé de faire des technologies numériques et émergentes la pierre de touche de notre stratégie de développement.
J'ai pris la liberté de consulter quelques-unes des questions qui ont été posées et je vais essayer d'y répondre par avance.
D'abord, quelles sont, pour les industries culturelles canadiennes, les répercussions de ces nouveaux médias numériques et émergents? Ces nouveaux médias ont, il est clair, de très nombreuses conséquences, mais, d'après nous, la plus importante, en ce qui concerne les industries culturelles canadiennes, est que ces nouvelles technologies ont démocratisé la diffusion des connaissances et de l'autorité.
Nul ne conteste que les obstacles à l'entrée des producteurs de contenu ont été éliminés. Toute personne souhaitant mettre ses connaissances en ligne et se constituer un auditoire peut dorénavant le faire sans avoir à persuader au préalable le traditionnel intermédiaire, en l'occurrence le radiodiffuseur. Chacun a maintenant un accès direct à son public, avec qui il peut, sans avoir à passer par les médias grand public, établir des liens de confiance et d'autorité. Cela ne s'est jamais vu.
Il est donc essentiel que les entreprises et industries culturelles parviennent à profiter de ces nouvelles possibilités et ne restent pas prises dans leurs anciens schémas. The Score a, par exemple, pu profiter de ce phénomène en employant Internet pour découvrir de nouveaux talents. Je cite à titre d'exemples The Basketball Jones, un groupe de quatre comiques experts en basket-ball qui se sont attiré un nombre sensible de partisans en ligne qui apprécient l'esprit caustique de leurs balados et de leurs vidéos; Paul Brothers qui a remporté notre concours « Drafted », un nouveau type de recherche multi plates-formes destinée à trouver le prochain grand chroniqueur sportif du Canada. Nous avons organisé ce concours dans le cadre d'un partenariat avec Procter and Gamble; et puis, les blogueurs de la Score Sports Federation, qui réunit les meilleurs blogues sportifs du Canada.
Les créations de ces individus constituent maintenant l'essentiel de notre contenu Web et si nous avons pu les amener à The Score, c'est parce que, justement, ils avaient employé Internet pour créer une marque et s'imposer sur le Web. C'est un fait que nous, en tant que radiodiffuseur, avons plus besoin d'eux qu'ils n'ont besoin de nous. J'espère qu'ils ne m'écoutent pas en ce moment. Il est vrai, cependant, qu'il y a un déplacement très net du centre de pouvoir et c'est pour cela que je dis que les connaissances et l'autorité ont été démocratisées de manière tout à fait inattendue. Les institutions culturelles doivent tenir compte de cette évolution, et l'épouser. D'après nous, toute institution qui refuse de voir dans Internet un nouveau champ de jeu ouvert et démocratique, sera rapidement écartée, et remplacée par ceux qui savent tirer pleinement parti des nouvelles possibilités offertes par cette ouverture sans précédent.
Les nouvelles technologies transforment les médias en service public. Les progrès techniques donnent au public les moyens de manier lui-même les médias, d'y participer. Les médias traditionnels, destinés à un auditoire passif, perdant rapidement de leur intérêt aux yeux du public. Internet, par exemple, est le moyen parfait d'accueillir les réponses et de distribuer les récompenses. Notre entreprise peut, par exemple, savoir quels sont ceux qui répercutent le plus nos contenus, et quels sont les contenus qui s'attirent les partisans les plus fervents. Les nouvelles technologies permettent aux utilisateurs de dialoguer. C'est un véritable courant. Ceux qui nous suivent peuvent devenir des créateurs, et nos créateurs peuvent devenir des partisans. Il s'agit, là encore, d'un phénomène que nos institutions culturelles vont devoir épouser si elles souhaitent rester de la partie.
J'aimerais, enfin, dire un mot au sujet des politiques que le gouvernement fédéral pourrait adopter afin d'aider les Canadiens et les industries culturelles du Canada à tirer profit des possibilités qu'offrent les médias numériques et émergents. Nous avons déjà évoqué la question devant le CRTC, l'organisme qui réglemente notre secteur.
Nous estimons que le principe de base des politiques et des règlements relatifs au domaine des communications au Canada doit être la neutralité d'Internet afin que tous les producteurs de contenu, verticalement intégrés ou non à des fournisseurs de service Internet, puissent bénéficier de l'égalité des chances.
Nous sommes, dans le domaine sportif, un acteur indépendant de petite envergure et nous avons dû pour cela faire preuve d'agilité face à des concurrents qui sont des géants des médias sportifs, des distributeurs verticalement intégrés dans un domaine où les ligues sportives jouissent souvent d'un énorme pouvoir de négociation leur permettant de disposer de leurs propres plates-formes.
Dans un tel contexte, notre réussite est due au fait que nous respectons notre public, que nous sommes à son écoute et que nous diffusons un contenu authentique et honnête. Sans accès, cependant, nous n'aurions rien pu faire.
Lorsqu'il y a plus de 10 ans, nous avons lancé The Score en tant que chaîne thématique, les règles établies par le CRTC en matière d'accès et de diffusion des signaux prioritaires, a permis à cette jeune pousse de se faire entendre. Si notre droit d'être diffusé avait, il y a 10 ans, été laissé à l'appréciation des entreprises de radiodiffusion, aux distributeurs, notre voix indépendante n'aurait pas l'occasion de s'exprimer devant vous aujourd'hui.
Dans cet univers de nouveaux médias, le développement organique et fulgurant d'Internet a créé un environnement où, avec un peu de créativité, des petites entreprises telles que Score Media peuvent créer une entreprise mondiale. Toute personne qui, n'importe où au monde, a accès à Internet, peut éventuellement rejoindre notre public. Cela dit, plus ça change, plus c'est la même chose. Aujourd'hui, la survie dépend essentiellement de l'accès. Or, au cours de ces dernières années, l'accès à Internet devient de plus en plus concentré aux mains de quelques-uns. Les FSI ont un pouvoir de vie ou de mort sur les créateurs de contenu dont l'accès au public dépend d'Internet. De nombreux FSI sont intégrés à des producteurs de contenu qui ont tout intérêt à exercer les pouvoirs dont ils disposent.
J'ai voulu, dans le cadre de cet exposé, vous dire quelques mots de ce que nous faisons dans le domaine des médias numériques et émergents et des moyens qui permettraient de favoriser l'innovation au Canada.
Je résumerai notre recommandation à l'intention du gouvernement fédéral en quelques mots. Épousez la démocratisation de l'information et de l'autorité à laquelle donnent lieu ces nouveaux médias, et préserve l'ouverture d'Internet. Les moyens que les fournisseurs de service Internet et fournisseurs de service sans fil ont de contrôler l'accès à Internet, soit en raison de leur intégration verticale, soit parce qu'ils ont tout intérêt à accorder la priorité à leur propre contenu, ou encore parce qu'ils ont conclu des accords avec de grandes sociétés de distribution à qui ils accordent un accès prioritaire, sont pour nous une source de préoccupation. Si nous souhaitons, dans l'univers de ces nouveaux médias, préserver la diversité de voix authentiquement canadiennes, on ne peut pas subordonner l'accès à Internet au paiement d'un droit d'entrée.
Je vous remercie. C'est très volontiers maintenant que je répondrai à vos questions.
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Je vous remercie d'évoquer la question.
En tant qu'entrepreneur, je suis d'un naturel optimiste et j'ai donc confiance en ce qui se passe actuellement. Il y en a, par contre, qui voient tout cela d'un mauvais oeil.
Notre pays ne compte que pour 2,5 p. 100 du PIB mondial. Notre population, en pourcentage, pour encore moins que cela. Il nous faut, d'après moi, tenir compte de cela quand on songe à, si vous voulez, nos moyens d'action, notre place dans le monde.
Cela dit, nous avons de grands atouts. D'abord, il y a le multiculturalisme... Mes déplacements dans le monde m'ont permis de constater que notre pays fonctionne remarquablement bien. Je sais qu'au Canada il est fréquent d'entendre des critiques à cet égard, mais notre pays fonctionne remarquablement bien. C'est un fait. Vous qui vous êtes rendu dans d'autres parties du monde, le savez très bien.
Cela nous offre donc de grandes possibilités. Lorsque vous songez à ce qui a été dit, notamment quant à l'importance des liens, j'estime que le fait que nous soyons un lieu de rencontre de nationalités si diverses, nous offre de grandes possibilités. Cela nous donne des moyens que n'ont pas normalement les pays ayant une population à peu près comparable à la nôtre.
Songez-y: nous avons Open Text; nous avons Research in Motion; nous avons le Cirque du Soleil. Je pourrais vous citer d'autres exemples encore. Cela fait beaucoup d'acteurs majeurs pour un pays de cette dimension... Nous sommes un petit pays, mais la qualité de nos infrastructures, de notre enseignement et de notre communauté culturelle exerce, sur notre capacité, un effet multiplicateur. Ces atouts, auxquels s'ajoute notre accueil des diverses diasporas nous classent dans une catégorie à laquelle notre population, à elle seule, ne nous donnerait pas accès.
C'est là qu'intervient le concept d'impulsion, la création de quelque chose, d'un ensemble d'objectifs ou d'une méthodologie visant à créer un environnement nous permettant justement de tirer profit de nos atouts. Or, nous avons de très puissants atouts.
Je tiens à remercier nos deux témoins.
J'ai écouté vos exposés avec beaucoup d'attention et votre témoignage est, selon moi, le plus intéressant que nous ayons recueilli depuis l'audition de Jacob Glick, de Google. Il me paraît important de bien situer tout cela dans son contexte. C'est en effet de l'avenir qu'il s'agit, et non pas du présent.
Il est clair que le comité et le gouvernement doivent réfléchir à l'avenir beaucoup plus qu'au présent. Or, à l'heure actuelle, on assiste à des changements continus. Les anciens modèles cherchent à se défendre. Ils se fondent pour cela sur d'anciens systèmes. Or, les nouveaux modèles sont et vont au-delà de nos frontières nationales et c'est en fait cela qui est à la base de cet énorme...
Vous avez fait allusion à la longue traîne, sujet qu'avait évoqué Jacob Glick. J'ai lu un livre sur la question et il ne fait aucun doute que nous allons devoir revoir nos modèles et les adapter à l'avenir. Si notre comité entend faire des propositions dans l'intérêt des artistes, dans l'intérêt de la vie culturelle canadienne, afin de nous renforcer dans ces domaines, il va falloir tenir compte des idées dont vous nous faites part aujourd'hui.
Vous nous avez un peu parlé, monsieur Jenkins, des jeunes de moins de 25 ans. Je ne sais pas si cela correspond à ce que vous avez pu vous-même constater, mais les formats habituels, la radiodiffusion hertzienne, manifestent encore beaucoup de vigueur, même si l'on s'aperçoit que les téléspectateurs modifient la manière dont ils captent les émissions. Le public continue à lire ce que les journalistes écrivent, mais il est en train de changer son mode de lecture.
Selon vous, cela est-il vrai des diverses tranches d'âge? Le mouvement a commencé avec les moins de 25 ans, mais j'approche de la quarantaine et je m'aperçois que ce que vous disiez tout à l'heure s'applique également à moi. Les jeunes ont été les premiers à être attirés par les nouveaux modèles, mais le mouvement commence à s'étendre. Le mouvement n'est pas parti du sommet de la pyramide, mais de la base. Les jeunes ont recours...
Oui, monsieur le président, je vous remercie. J'ai effectivement moins de 40 ans.
Je constate, en effet, que d'autres tranches d'âge adoptent petit à petit les nouveaux médias et, contrairement à la manière dont cela se passait autrefois, le mouvement va s'étendre vers le haut et devenir de plus en plus facile à employer et de plus en plus accessible.
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Merci, monsieur le Président.
Membres du comité, mon nom est Alain Pineau. Je suis le directeur général de la Conférence canadienne des arts, le plus ancien et le plus vaste organisme-parapluie du secteur de la culture, des arts et du patrimoine au Canada.
La CCA a pour mandat de contribuer à un débat informé sur toute politique ou réglementation à l'échelle fédérale qui touche à ce vaste secteur d’une façon ou d’une autre. Nous nous réjouissons de voir que le débat sur la nécessité de développer une stratégie numérique nationale est enfin sur la place publique. Nous sommes préoccupés qu'il ne porte pas seulement sur les enjeux économique mais également sociaux et culturels.
Le débat actuel porte trop souvent sur les infrastructures et leur financement, et pas suffisamment sur ce qui est véhiculé par les nouvelles plateformes, ou sur les intérêts de ceux qui développent les contenus, culturels ou autres. Nous nous réjouissons donc que vous, dans un premier temps, et le gouvernement, cette semaine, ayez élargi la conversation et que vous vous préoccupiez de ces aspects fondamentaux du débat.
L’arrivée des technologies numériques a changé la façon dont les artistes produisent et la relation des institutions avec leurs publics. L’interactivité bouleverse les modèles d’affaires et modifie les modes de consommation des produits culturels.
[Traduction]
Le secteur des arts et de la culture accueille sans réserve les nouvelles possibilités offertes par les technologies numériques. De nombreux artistes y ont recours pour produire des oeuvres scéniques, parfois en alliant les nouvelles technologies aux moyens artistiques traditionnels.
Mais outre l'utilisation de technologies numériques dans le domaine de la création artistique, il convient également de réfléchir aux répercussions qu'ont, au niveau de la promotion et de la diffusion des oeuvres, les systèmes de distribution à large bande, Internet et le service Internet sans fil. Le numérique permet dorénavant aux artistes ainsi qu'aux galeries et aux musées d'exposer les oeuvres. Certains artistes et certaines institutions techniquement en pointe parviennent ainsi à atteindre le public beaucoup plus rapidement et de manière beaucoup plus efficace qu'avant. Internet offre de nouveaux moyens de capter l'attention du public, de faire connaître les artistes et leurs oeuvres, et éventuellement d'enregistrer les commandes.
Rappelons tout de même que la démocratisation des outils de production soulève des questions essentielles concernant le statut professionnel des artistes et des journalistes. Il est maintenant relativement plus aisé de produire des oeuvres d'art et de les diffuser. Les médias comptent de plus en plus sur les images et autres documents fournis par des membres du public qui peuvent transmettre leurs reportages au moyen d'appareils portables à usages multiples.
L'intérêt de cette évolution est qu'elle encourage la création et la participation. Son inconvénient est qu'elle risque d'entraîner une dépréciation des oeuvres produites par des professionnels talentueux, avec une baisse de la qualité et, pourrais-je ajouter, les risques auxquels cela expose les moyens d'existence des créateurs.
[Français]
Plusieurs l’ont déjà dit avant nous, le développement d’une stratégie numérique canadienne doit s’appuyer sur une nouvelle loi sur le droit d’auteur. Il est urgent de reconnaître l’importance de la propriété intellectuelle de ceux qui développent des contenus et de créer un environnement numérique encourageant la création, la dissémination et la protection des oeuvres. Nos artistes veulent partager leurs créations sur les plateformes les plus larges possibles, mais ils doivent pouvoir le faire dans l’assurance qu’ils recevront une juste compensation pour leur travail, que ce soit pour la distribution en ligne ou pour le transfert sur d’autres instruments médiatiques.
À ce chapitre, nous appuyons l’extension du présent régime de copie privée. Il ne s’agit pas là d’une taxe, mais d’une façon aussi efficace que possible de permettre à tous les Canadiens d’acquérir le droit de choisir l’appareil de son choix pour accéder aux produits culturels acquis légitimement, tout en assurant que l’artiste est compensé pour son travail. Il s’agit d’une mesure complémentaire importante pour appuyer la création du contenu qui ne saurait cependant remplacer le besoin fondamental d’une protection des droits des créateurs par l'intermédiaire d’une mise à jour de la loi.
Un autre aspect des nouvelles réalités concerne le fait que plusieurs utilisateurs peuvent prendre le travail d’un artiste et recréer de nouvelles oeuvres. Une fois que l’oeuvre a pénétré dans l’univers numérique, il est possible d’en faire ce qu’en anglais on appelle un mash-up. Il est important qu’en développant une stratégie numérique nationale, le gouvernement inclue une politique novatrice qui protège les droits des auteurs sans pour autant décourager la créativité que leurs oeuvres peuvent générer à leur tour.
[Traduction]
Quelques mots maintenant au sujet de la formation.
Le commissaire de l'Office national du film, Tom Perlmutter, vous a entretenus de ce sujet l'autre jour, dans le cadre de son éloquent appel à l'adoption d'une stratégie nationale en matière numérique. Pour affronter la concurrence dans un marché ouvert, les artistes et les administrateurs artistiques doivent dès maintenant acquérir de nouvelles connaissances. Ceux qui savent manier les moyens de commercialisation numériques, et les médias sociaux auront plusieurs longueurs d'avance lorsqu'il s'agit de promouvoir, de présenter et de professionnaliser leur pratique artistique. Il va donc falloir accorder davantage d'importance à la formation des jeunes artistes et des jeunes créateurs, afin de leur inculquer, non seulement les nécessaires connaissances numériques, mais également les éléments de base de l'entreprenariat.
Une économie de la connaissance est une économie qui ne manquera jamais de matière première. Étant donné les départs à la retraite, il nous faut dès maintenant investir dans des programmes de transfert des connaissances, des programmes de mentorat et d'apprentissage dans les industries culturelles et dans les arts.
Une stratégie nationale en matière numérique doit également promouvoir la littératie numérique au sein de la population du Canada. C'est pour cela que la CCA est partisane de l'établissement de centres communautaires multimédias, idée proposée par la Canadian Association of Community Television Users and Stations.
Je suis heureux de constater que sur ce point, nous sommes sur la même longueur d'onde. Nous ne nous étions pas entendus sur ce point à l'avance.
Nous y voyons, d'après nous, un des piliers d'une stratégie numérique nationale réellement démocratique et il conviendrait, d'après nous, de faire figurer cette idée dans votre rapport.
Les Canadiens ont droit à leur culture, et ce droit est reconnu par les politiques publiques au titre desquelles, depuis des années, le gouvernement souscrit des accords internationaux conclus dans le cadre des Nations Unies et de l'UNESCO. Au cours des 50 dernières années, les gouvernements qui se sont succédé ont mis en place divers mécanismes de soutien afin d'offrir aux Canadiens, et aux populations des autres pays, les divers produits et services issus de notre culture.
Le nouvel environnement numérique rend de telles politiques plus importantes que jamais. Le gouvernement doit mettre en oeuvre tous les moyens dont il dispose, qu'il s'agisse de soutiens financiers directs, de réglementation ou de mesures fiscales.
Ainsi que les représentants de l'ACTRA et de l'Association canadienne de cinéma-télévision l'ont affirmé dans le cadre de leurs exposés, les politiques en vigueur doivent être adaptées aux nouvelles réalités. C'est bien pour cela que la CCA prône l'augmentation des investissements publics dans les oeuvres de créateurs canadiens, par le truchement d'institutions telles que Radio-Canada, Téléfilm, l'Office national du film, ou le Conseil du Canada, ou par l'intermédiaire de nouveaux instruments tels que le Fonds des médias du Canada. C'est également pour cela que depuis plusieurs années déjà nous demandons que l'actuel régime de redevances applicable aux radiodiffuseurs par ondes hertziennes, aux câblodiffuseurs et entreprises de diffusion par satellite, soit étendu aux nouvelles plates-formes de distribution telles Internet et la distribution sans fil.
Nous demandons en outre au gouvernement de s'en tenir, dans toutes ses négociations commerciales, à sa position officielle voulant que par rapport à l'ensemble des biens et services, les biens et services culturels fassent l'objet d'une exception, faute de quoi le gouvernement fédéral et les gouvernements provinciaux n'auront plus les moyens de mettre en oeuvre ou de modifier les politiques culturelles qui ont permis le développement de nos secteurs des arts et de la culture.
Cela m'amène à mon dernier point, la question de la propriété étrangère.
Depuis plusieurs décennies, la politique culturelle du Canada repose sur le principe que la propriété et le contrôle effectif de nos industries culturelles par des intérêts canadiens permettent d'assurer que la population a accès à davantage d'oeuvres canadiennes. Il a été jugé plus facile de réglementer l'activité d'entreprises appartenant à des Canadiens que d'entreprises appartenant à des intérêts étrangers. Il est en outre probable que, comparé aux oeuvres de non-Canadiens, les idées et les récits émanant de créateurs canadiens soient davantage conformes à notre histoire, à nos traditions et à nos valeurs.
L'absence de réglementation de l'industrie du cinéma est le meilleur exemple des conséquences néfastes d'une industrie culturelle essentiellement aux mains d'intérêts étrangers. La politique canadienne en matière de distribution cinématographique ne fait, au niveau des principaux distributeurs, aucune distinction entre les droits de distribution sur le marché canadien et les droits de distribution sur le marché nord-américain. Cela étant, les distributeurs étrangers exercent un contrôle étroit sur la plupart des films distribués au Canada. Les films étrangers, en l'occurrence les films américains, occupent, dans les régions anglophones du Canada, plus de 98 p. 100 du temps d'écran, la situation étant à cet égard légèrement meilleure au Québec.
La question de savoir s'il serait sage d'ouvrir le secteur des télécommunications aux investissements étrangers avec le risque de voir ce secteur éventuellement tomber aux mains d'intérêts étrangers, est actuellement controversée. L'argument avancé est qu'en augmentant la concurrence, on abaissera les prix au consommateur. L'objectif est certes louable, mais il y a de bonnes raisons de craindre les conséquences d'un tel moyen détourné de modifier, dans le domaine de la culture, des politiques en place depuis longtemps.
Le rapport 2008 du groupe d'étude sur les politiques en matière de concurrence recommandait l'assouplissement des restrictions quant aux investissements étrangers dans les secteurs des télécommunications et de la radiodiffusion « dans le sillage d'un examen des politiques touchant la radiodiffusion et la culture, y compris le volet investissement étranger ».
Qu'il me soit permis de douter que les quelques séances du Comité permanent de l'industrie, des sciences et de la technologie, où les témoins disposent de 10 minutes pour présenter un exposé et de cinq minutes pour répondre aux questions, constituent un examen satisfaisant des politiques en matière de culture et de radiodiffusion.
Prenant la parole devant le Comité permanent de l'industrie, des sciences et de la technologie, le président du CRTC a récemment déclaré que:
toute libéralisation des règles de propriété étrangère au chapitre des télécommunications doit bien tenir compte des objectifs sociaux et culturels de la Loi sur la radiodiffusion... en raison de l'importance du secteur des communications sur le plan économique, tous sont essentiellement d'accord pour dire
— j'ajouterais à cela l'importance culturelle et stratégique de ce secteur —
que des intérêts canadiens devraient en garder le contrôle.
Les accords conclus par le Canada en matière de commerce international entraînent peut-être une restriction de la liberté d'action du Canada en matière de politiques culturelles. Le chapitre 11 de l'ALENA reconnaît en effet aux investisseurs étrangers le droit d'actionner le gouvernement canadien et de demander à être indemnisés des mesures, y compris celles prises par des organismes de régulation tels que le CRTC, qu'ils estiment contraires aux droits qui leurs sont garantis aux termes de l'ALENA. Le CCA s'inquiète beaucoup du fait que le gouvernement canadien a proposé l'adoption d'un tel mécanisme de règlement des différends dans le cadre des négociations globales actuellement en cours avec l'Union européenne.
Pourquoi cela nous inquiète-t-il? D'abord, la CCA relève, en ce qui concerne l'ALENA, que l'exception culturelle ne s'applique qu'aux industries culturelles qui existaient lors de la conclusion de l'accord. Il est important de noter que cela ne comprend pas le secteur des nouveaux médias, tels que la télévision interactive, les jeux électroniques, etc.
Deuxièmement, dans ce domaine, les droits reconnus au chapitre 11 pourraient être invoqués dans deux hypothèses. En cas de modification des règles concernant les télécommunications, une entreprise étrangère investissant dans une entreprise canadienne de câblodistribution ou de radiodiffusion pourrait structurer l'opération de manière à la faire correspondre très exactement aux nouvelles règles en matière de télécommunications. Au cas où le CRTC souhaiterait s'opposer à cet investissement, l'entreprise pourrait actionner le gouvernement au titre du chapitre 11, faisant valoir l'inégalité de traitement dont elle a fait l'objet par rapport à un concurrent direct intervenant sur le même marché.
Enfin, dans l'hypothèse où des entreprises étrangères seraient autorisées à prendre des participations dans notre secteur de la radiodiffusion, ou y entreraient de force, les règles et règlements actuels concernant la production et la distribution de contenu canadien pourraient voir confirmer leur validité dans la mesure où ces sociétés étrangères prendraient pied sur un marché soumis déjà à un cadre réglementaire. Mais, si le CRTC ou le gouvernement tentait de mettre cette réglementation à jour afin de l'adapter à un nouvel environnement, les compagnies étrangères disposeraient d'un argument de poids pour intenter un procès au titre du chapitre 11.
Voilà pourquoi les négociations en matière de commerce extérieur nous inspirent de telles réserves.
[Français]
Je vous remercie de votre attention, et je répondrai à vos questions si vous en avez.
:
Avant de commencer, je regrette sincèrement que notre présentation ne soit pas disponible en français. Ça fait trois semaines que nous avons des consultations intenses avec le CRTC. Nous sommes une petite organisation bénévole et citoyenne, et ce n'était tout simplement pas possible. Toutefois, je serais absolument ravie de recevoir vos questions à la fin en français, si vous préférez, et d'y répondre dans la même langue.
[Traduction]
Je remercie le Comité permanent du patrimoine canadien d'avoir invité le CACTUS. J'aborderai les questions 4 à 6 de votre mandat, qui traitent de l'accessibilité aux médias numériques et émergents.
Notre proposition est la même, mais plus courte, que celle qui a été présentée devant le CRTC lors de son examen de la télévision communautaire il y a deux semaines. Nous apprécions la valeur que vous avez attribuée à la télévision communautaire indépendante dans la motion que vous avez adoptée le 30 avril. Comme cette motion ne portait que sur le Québec, j'apprécie la possibilité de vous présenter notre vision d'une télévision communautaire indépendante pour tous les Canadiens et de l'accès aux médias numériques et émergents par l'entremise de ces organismes.
Pour ceux d'entre vous que je n'ai pas eu l'occasion de rencontrer en personne, la Canadian Association of Community Television Users and Stations représente les canaux de télévision communautaires qui diffusent par la voie des ondes, par câble et par Internet, les Canadiens qui l'utilisent et la regardent, de même que la majorité des Canadiens qui, à l'heure actuelle, n'ont pas accès à un tel canal.
Comme vous le savez, les médias numériques ne sont pas vraiment nouveaux. Les ordinateurs sont monnaie courante dans les foyers canadiens depuis les années 1980; ils ont d'abord servi à stocker des textes au format numérique, puis des graphiques et des photographies. Internet comme moyen de partage de l'information s'est développé dans les années 1990 et les formats numériques pour stocker des documents audio et vidéo sont devenus disponibles à peu près à la même période.
La nouveauté est sans doute le degré de convergence entre les ordinateurs et les technologies audiovisuelles. C'est le désir de partager davantage d'information audiovisuelle sur une grande largeur de bande qui pousse à la hausse la demande d'accès à la large bande. L'autre changement d'importance à l'horizon est, bien sûr, le passage officiel à la télévision numérique, qui alimente le contenu de production en haute définition, l'achat de postes de télévision numériques et de récepteurs numériques. Il y a aussi la perte possible de la diffusion par ondes hertziennes pour les collectivités canadiennes comptant moins de 300 000 habitants.
Avec ce changement, la dernière distinction entre l'ancien service analogique et le nouveau service numérique disparaîtra. On pense que de plus en plus de gens regarderont la télévision sur Internet, mais personne ne sait vraiment si on pourra répondre à une telle demande, même en large bande.
Avec tout ce que l'on dit au sujet de la bande passante et des plates-formes de distribution, il est facile de perdre de vue le contexte. Le média est toujours créé selon les formats de base qui avaient cours au XXe siècle: texte, audio, images fixes et films. Les nouvelles plates-formes comme Internet accroissent la probabilité que ces médias se combinent et interagissent entre eux, mais le média de base — et la nécessité pour les Canadiens d'avoir une formation pour l'utiliser — demeure le même.
« L'éducation aux médias » fait référence à la capacité d'interpréter les médias et de créer des médias pour soi-même. Par exemple, nous enseignons aux enfants non seulement à lire, mais également à écrire. Dans leur réflexion à long terme, les décideurs se sont toujours préoccupés des retombées des nouvelles technologies médiatiques pour le grand public, à la fois en tant que créateur et consommateur de contenu. Il est largement reconnu que l'invention de la presse de Gutenberg a accru le niveau d'alphabétisation dans la culture occidentale. Les bibliothèques publiques sont devenues courantes à compter du XIXe siècle.
Avec l'invention d'appareils pour enregistrer le son et l'image au XXe siècle, les gouvernements et les citoyens progressistes ont cherché à avoir accès à la radio et à la télévision. Les premières stations de radio communautaire ont vu le jour dans les années 1930. Les premiers canaux de télévision communautaire ont ouvert dans les années 1970, ici même au Canada. C'est peut-être parce que les premières caméras vidéo tombaient en panne fréquemment que leur entretien et la gestion de ces canaux de télévision étaient laissés aux câblodistributeurs, qui se dotaient d'une infrastructure pour la distribution de télévision locale.
Tous les pays ont suivi notre exemple dans les années 1980 et 1990, et lorsque le prix et la complexité du matériel de télévision ont commencé à diminuer, les collectivités elles-mêmes ont commencé à posséder des canaux de télévision communautaire. Au Canada, il n'y a que de rares endroits où la collectivité est propriétaire de son canal communautaire, y compris au Québec comme votre motion le mentionne. Il y a également sept diffuseurs de télévision par ondes hertziennes répartis au Canada et deux coopératives de câblodistribution dans les Prairies qui offrent des services locaux, c'est-à-dire une poignée à peine.
Mais la radio et la télévision sont des médias traditionnels. Qu'ont-ils à voir avec l'accès public aux nouveaux médias et aux médias numériques? Les Canadiens ont besoin de savoir-faire pour créer de nouveaux messages médiatiques et de la technologie pour atteindre les auditoires cibles, et il y a une hiérarchie des connaissances et des coûts pour obtenir ces formes d'accès.
La lecture et l'écriture sont considérées comme si essentielles qu'on les enseigne à l'école. Pour créer un programme de radio ou un message audio, vous devez savoir non seulement écrire le scénario, mais également interviewer des invités, enregistrer le son et faire l'édition et le montage. Pour créer un programme de télévision ou un message vidéo, vous devez comprendre des choses comme les angles de caméra, l'éclairage et le cadra. Tout comme le niveau des compétences requises s'élève pour produire un texte, un document vidéo et un document audio, ainsi en va le coût. Bien que le prix des caméras numérique ait diminué, tel n'est pas le cas des microphones, de l'équipement d'éclairage, des studios d'enregistrement et du matériel nécessaire à la transmission.
Bien que n'importe qui puisse capter des images brutes à l'aide d'un caméscope et les poster sur YouTube, il existe tout de même des barrières multiples à franchir pour la personne moyenne dans l'environnement des nouveaux médias. Il y a des barrières de connaissance pour produire des messages efficaces. Il y a des barrières de production technologique pour capter des événements civiques ou culturels qui exigent des studios, de l'éclairage, de multiples caméras et des équipes. Il y a aussi des barrières technologiques de distribution pour accéder à des auditoires, particulièrement des auditoires locaux, si le document vidéo est disponible uniquement parmi des millions d'autres sur YouTube. Il peut aussi y avoir des obstacles à la distribution et au coût si l'auditoire cible ne peut avoir accès à Internet à haute vitesse ou ne peut se l'offrir.
Enfin, comme l'ont mentionné d'autres présentateurs, il y a des obstacles juridiques si vous ne voulez pas céder les droits d'auteur à YouTube ou à d'autres agrégateurs de contenu à but lucratif.
Les éducateurs canadiens reconnaissent depuis près de 20 ans que la définition d'alphabétisme doit être élargie pour englober tous les médias, y compris l'audio, le vidéo et la plate-forme Internet elle-même. Grâce au Regroupement des associations canadiennes d'éducation aux médias, ou RACEM, l'éducation aux médias, y compris les rudiments de la production multimédia, font partie du programme de langue partout au Canada depuis 2002.
Puisque les nouveaux médias et les outils numériques continueront d'évoluer, il faudra des ressources dans les collectivités où les Canadiens de tous âges — même si vous avez déjà 40 ans — peuvent à la fois se familiariser avec les nouveaux médias et les utiliser pour distribuer des messages. Il s'agit d'une bibliothèque multimédia du XXIe siècle et d'un réseau de distribution, si vous voulez.
Dans la plupart des régions du pays, le modèle de gestion par câble de la télévision communautaire domine toujours et pose malheureusement problème. Les données du CRTC montrent que plus de 70 p. 100 des sommes versées par les abonnés à la câblodistribution pour payer l'expression de la vie communautaire sont utilisées pour des programmes produits sur le câble et qui font la promotion de leur marque. Plus des deux tiers des quelque 300 canaux communautaires qui existaient à un moment ont été fermés. La consolidation dans l'industrie de la câblodistribution a mené à la centralisation des ressources plutôt qu'à une nécessaire décentralisation pour favoriser une stratégie numérique inclusive. Une fois de plus, les Canadiens qui habitent les régions rurales sont exclus.
Finalement, le câble comme plate-forme de distribution est passé d'un taux de pénétration de plus de 80 p. 100 il y a une décennie à tout juste 60 p. 100 aujourd'hui. Ainsi, la câblodistribution n'est plus universellement accessible, particulièrement dans les régions rurales qui ont un faible taux d'accès à Internet à haute vitesse, et elles pourraient même perdre la télévision gratuite par voie des ondes.
Comme c'est le cas des bibliothèques, les centres de formation aux nouveaux multimédias doivent faire l'objet d'une gestion publique et d'une reddition de comptes, être librement accessibles pour la collectivité et diffuser leur contenu sur toutes les plates-formes.
Notre vision de l'accès aux nouveaux médias et aux médias numériques par tous les Canadiens est fondée sur la politique de télévision communautaire existante et sur la modernisation de cette politique. L'argent que les Canadiens versent déjà pour un accès communautaire pourrait être attribué à des centres de multimédias exploités par la collectivité qui donneraient accès à toutes les technologies des médias au fur et à mesure où elles deviennent disponibles.
En se servant de la main-d'oeuvre disponible dans la collectivité, il y aurait moyen de générer le contenu local qui est devenu si onéreux à financer pour les secteurs public et privé. Cela permettrait de distribuer le contenu gratuitement aux câblodistributeurs et sur le Net en passant par la voie des ondes. Dès que les collectivités auraient leurs propres infrastructures de transmission — ce que possèdent déjà quelques-uns de nos membres — elles pourraient offrir de retransmettre gratuitement la télévision par la voie des ondes sous forme numérique si elles le souhaitent, et d'autres nouveaux médias, y compris Internet sans fil et la télévision mobile au fur et à mesure de leur disponibilité.
Les sommes versées l'an dernier par les abonnés à la câblodistribution, qui ont dépassé les 130 millions de dollars, sont suffisantes pour financer 250 de ces centres. Cela représente au moins un centre pour chacune des collectivités de plus de 10 000 habitants, les bureaux de quartier supplémentaires dans les villes de plus de 500 000 habitants et environ 50 centres dans les milieux ruraux. Ces installations permettraient de rejoindre plus de 90 p. 100 des Canadiens.
Une partie importante de notre stratégie est de tabler sur l'infrastructure existante. Par exemple, vous avez pu entendre dire qu'il y a déjà plus de 3 000 portails Internet gratuits à l'échelle du pays — des sites de PAC — qui ont été financés par Industrie Canada depuis les années 1990. Plusieurs sont situés dans les bibliothèques et les centres communautaires, selon ce que nous envisageons, et permettent déjà d'enseigner des compétences pour l'utilisation d'Internet, y compris les multimédias. Ainsi donc, notre vision réunit de tels organismes qui évoluent déjà dans le même sens au fur et à mesure de la convergence des technologies.
Pour conclure et aussi pour répondre à votre question six, nous recommandons d'abord que le CRTC réaffecte les fonds provenant de la câblodistribution à des centres multimédias appartenant à des collectivités et exploités par elles pour favoriser l'expression locale en créant des fonds indépendants, entièrement transparents et responsables.
Deuxièmement, nous recommandons qu'une fréquence hertzienne soit réservée aux collectivités dans tous les marchés afin qu'elles puissent bénéficier d'une nouvelle technologie de diffusion au fur et à mesure de leur disponibilité. À l'heure actuelle, nous ne savons pas si c'est le CRTC, Industrie Canada ou Patrimoine canadien qui pourrait agir en ce sens, et nous demandons votre aide pour clarifier la situation.
Troisièmement, les radiodiffuseurs publics et privés qui choisissent d'abandonner la transmission dans les collectivités de moins de 300 000 habitants après le mois d'août de l'an prochain devraient être invités à donner un accès gratuit à perpétuité à leurs tours de transmission et à leurs équipements afin que les collectivités qui le souhaitent puissent profiter de l'offre d'une télévision à diffusion publique, y compris la télévision communautaire.
Encore une fois, j'aimerais mentionner que deux de nos membres le font déjà. Ils retransmettent des signaux éloignés provenant des secteurs public et privé en plus d'offrir un service communautaire. Il est donc possible de le faire au plan financier pour les petites collectivités. L'une de ces collectivités ne compte que 1 000 personnes.
J'accueillerai vos questions au nom de CACTUS.
:
Premièrement, nous ne sommes pas du tout contre le fait que les canaux soient offerts par l'entremise du câble si les compagnies veulent bien continuer de les offrir et que les gens apprécient le service qui leur est offert. Nous croyons cependant qu'il serait plus transparent pour elles de revenir devant le CRTC et de demander une licence du type qu'elles souhaitent, qui serait plus similaire à celle d'un radiodiffuseur privé local.
Dans l'exemple que vous venez de donner, vous avez dit que votre câblodistributeur local donne un reflet de la collectivité dans le bulletin de nouvelles, qu'il a modifié le format et qu'il y a eu levée de boucliers. Vous parlez d'un modèle descendant de programmation où c'est la compagnie de câblodistribution qui décide ce qu'elle produira. Encore une fois, il n'y a rien à redire de cette approche, puisque c'est ce que font les radiodiffuseurs privés. Ils cherchent à produire des programmes que les gens veulent regarder.
Mais tel n'était pas le but de ces canaux au départ. La Loi sur la radiodiffusion dit clairement qu'il doit y avoir des secteurs publics, privés et communautaires. L'argent — 2 p. 100 des revenus des câblodistributeurs — devait permettre aux collectivités de faire leur propre production. C'était la seule fenêtre dans le système de radiodiffusion qui devait être ouverte aux gens ordinaires.
Il n'y a donc aucune raison pour qu'un canal à accès entièrement ouvert ne puisse coexister avec un canal par câble, ce qui devait être fait avec les fonds perçus au départ. Cela ne pose aucun problème. Si les gens de notre collectivité aiment le service, il n'y a aucune raison qu'ils ne puissent continuer d'en profiter.
La plupart des gens au Canada ne savent pas que ce droit existe, parce qu'il s'est écoulé une douzaine d'années depuis que nous avons eu une télévision à accès communautaire dynamique et saine au Canada. Il ne viendrait même pas à l'idée de la plupart d'entre nous d'appeler leur câblodistributeur pour lui dire « Je voudrais faire un programme », parce que nous n'en avons pas vu sur les ondes depuis fort longtemps, sauf dans de toutes petites régions au Canada comme je l'ai mentionné. Nous croyons donc qu'il y a suffisamment d'espace dans le système pour que tous ces modèles coexistent.
Il y a aussi un autre problème avec le modèle de câblodistribution. Vous avez parlé de ceux qui dépensent l'argent recueilli auprès des abonnés du câble pour donner une image de la vie locale. Ces gens ont adopté un modèle professionnel qu'ils ont tendance à payer. lls ont consolidé leurs ressources dans les grands centres où se trouve tout leur personnel de production, ce qui — nous le savons — est beaucoup plus coûteux que de travailler avec des bénévoles, puis ils rediffusent leurs programmes en région.
Je ne sais pas quel est le pourcentage dans votre collectivité, mais il y a déjà eu 30 services indépendants et différents au Nouveau-Brunswick. En raison de l'attribution de licences sur une base de zone, c'est-à-dire que le CRTC autorisait les câblodistributeurs à consolider d'assez petites licences, à l'époque où il y avait un studio dans chaque région; il a favorisé la consolidation. Aujourd'hui, il n'y a plus que six studios dans l'ensemble du Nouveau-Brunswick au lieu de 30, et ces studios réunissent un service à l'échelle de la province.
Indépendamment de la question de savoir si des émissions sont produites par des professionnels ou par des bénévoles, on retient qu'il y a eu consolidation. Nous assistons donc au même type de perte du reflet de la collectivité locale dans le secteur des canaux communautaires comme c'est le cas dans les secteurs public et privé, où les studios dans les petites collectivités ont été fermés.
Outre le fait que notre proposition aborde les besoins de formation pour accroître les compétences pour l'utilisation des nouveaux médias numériques et l'accès à ces médias, elle aborde aussi la réduction considérable de la programmation locale que nous observons partout au pays.
Je le sais parce qu'à l'époque où je travaillais, j'ai été coordonnatrice bénévole chez Shaw Cable à Calgary...