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Bonjour à tous. Bon retour, nous entamons nos cinq semaines de travaux avant la prochaine semaine de relâche.
Je dois dire que j'ai été très occupé la semaine dernière. J'ai aussi été enrhumé toute la semaine. Alors, si vous m'entendez renifler un peu aujourd'hui, veuillez m'en excuser.
Bienvenue à la sixième séance du Comité permanent du patrimoine canadien. Conformément au paragraphe 81(4) du Règlement, nous étudions le Budget principal des dépenses 2010-2011: crédits 1, 5, 10, 15, 20, 25, 30, 35, 40, 45, 50, 55, 60, 65, 70, 75, 80, 85, 90 et 125 sous la rubrique Patrimoine canadien, renvoyé au comité le mercredi 3 mars 2010.
Nous recevons ce matin l'honorable James Moore, ministre du Patrimoine canadien et des Langues officielles.
Bienvenue, monsieur le ministre.
Nous recevons également trois fonctionnaires de Patrimoine canadien: Judith A. LaRocque, sous-ministre; Pablo Sobrino, sous-ministre adjoint, Politique stratégique, planification et affaires ministérielles; et Jean-Pierre Blais, sous-ministre adjoint, Affaires culturelles.
Avant de demander au ministre de présenter son exposé, je vous informe que chaque personne aura cinq minutes pour poser des questions et obtenir des réponses. Je vais essayer de m'en tenir le plus possible à la limite fixée pour que tout le monde puisse prendre la parole.
Oui, monsieur Angus.
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Je ferai de mon mieux pour formuler des réponses brèves.
Merci, monsieur le président.
[Français]
Mesdames et messieurs, membres du comité, je suis heureux de témoigner à nouveau devant vous aujourd'hui.
Je suis accompagné de Mme Judith LaRocque, sous-ministre, de M. Pablo Sobrino, sous-ministre adjoint à la politique stratégique, à la planification et aux affaires ministérielles, et de M. Jean-Pierre Blais, sous-ministre adjoint aux affaires culturelles.
Presque un an s'est écoulé depuis mon dernier passage au comité. Au cours des derniers mois, notre gouvernement a travaillé sans relâche dans de nombreux domaines liés à la culture. Je souhaite partager nos réalisations avec vous.
[Traduction]
Les Jeux olympiques et paralympiques d'hiver 2010 sont l'événement culturel et sportif tenu au pays qui a reçu le plus de visibilité ces 10 dernières années. Ils ont donné lieu à des activités extraordinaires — les relais de la flamme olympique et de la flamme paralympique, les cérémonies d'ouverture et de clôture, et bien sûr, les compétitions sportives en tant que telles.
[Français]
Cela a aussi donné lieu à l'Olympiade culturelle dans le cadre de laquelle quelque 650 spectacles et expositions ont été présentés. Plus d'un quart des artistes en vedette provenaient des communautés francophones du pays. Il est maintenant difficile d'égaler nos artistes. Ils ont été une source de divertissement et d'inspiration pour les Canadiens et les gens du monde entier.
Les Jeux ont été une occasion sans pareille. Ils ont rassemblé les Canadiens de tous les âges et de tous les milieux. Nous pouvons dire qu'ils ont été des Jeux pour tout le Canada, des Jeux qui ont surpassé les normes du Comité international olympique et qui ont uni les Canadiens dans une célébration de nos athlètes, des athlètes remarquables qui font notre fierté.
[Traduction]
Notre gouvernement comprend que les arts et la culture jouent un rôle essentiel dans la vie de tous les jours des Canadiens et qu'ils contribuent à la vitalité des collectivités partout au pays. Nous comprenons également l'importance des arts dans l'économie du Canada. Les arts et la culture représentent plus de 650 000 emplois au pays et leurs retombées économiques s'élèvent à 46 milliards de dollars, ce qui représente près de 4 p. 100 du PIB.
Au cours de la dernière année, notre gouvernement s'est appliqué à créer les conditions qui permettront au secteur de la création artistique de devenir encore plus fort. Dans le cadre du Plan d'action économique, le Canada investit pour obtenir des retombées à long terme et améliorer l'économie, en particulier dans le domaine de la création. Dans la première année de ce plan de deux ans, nous avons donné un soutien sans précédent aux arts et à la culture au Canada. Ainsi, depuis le 1er avril 2009, nous avons alloué plus de 53 millions de dollars à 113 projets réalisés dans des petites et grandes collectivités partout au pays.
[Français]
Parmi ces investissements, mentionnons la somme de 1,3 million de dollars accordée à l'École nationale de théâtre à Montréal pour l'aider à demeurer une école de formation en art de calibre mondial; l'appui de 1,8 million de dollars versé au Vancouver East Cultural Centre pour l'aider à rénover le York Theater à Vancouver qui a été construit en 1911 et qui est presque centenaire; le financement d'environ 1 million de dollars réservé à la Troupe du Jour afin d'établir un centre de premier rang où elle pourra présenter ses productions francophones de grande qualité — la Troupe du Jour est la seule compagnie théâtrale professionnelle francophone en Saskatchewan; le Garden of the Gulf Museum situé à Montague, à l'Île-du-Prince-Édouard, sera en mesure de mettre en valeur ses artefacts et de faire les rénovations nécessaires grâce à un investissement dans le cadre du Plan d'action économique.
[Traduction]
De plus, nous injectons 335 millions de dollars dans les infrastructures des arts et de la culture. Pour ne donner que quelques exemples, nous investissons dans des nouvelles installations comme celles du Quartier des spectacles à Montréal, des sites historiques comme celui du Centre des visiteurs de Fort York, berceau de la ville de Toronto, et des rénovations comme celles qu'on effectue au Royal BC Museum, un des plus anciens et des plus importants établissements culturels du Canada.
Par ces projets, nous donnons le coup de pouce dont avait besoin l'économie de la création et nous bâtissons des infrastructures qui serviront aux arts pour les prochaines générations. Le discours du Trône du mois dernier s'inscrit dans notre volonté d'agir dans le secteur des arts et de la culture du Canada. On y mentionne plusieurs anniversaires historiques qui permettront aux Canadiens de célébrer ensemble leur patrimoine riche et varié. On a déjà planifié une bonne partie des fêtes de commémoration, comme celles du 400e anniversaire de la première colonie anglaise du Canada à Cupids, dans la province de Terre-Neuve-et-Labrador, du bicentenaire de la guerre de 1812, et du jubilé de diamants de la Reine, le 60e anniversaire de l'accession au Trône de Sa Majesté la Reine Elizabeth II, que nous aurons d'ailleurs l'honneur d'accueillir à l'été 2010.
On réitère également, dans le discours du Trône, l'intention du gouvernement de lancer une stratégie relative à l'économie numérique et d'adopter une mesure législative qui renforce les lois concernant la propriété intellectuelle et le droit d'auteur. Cela aura pour effet de favoriser les nouvelles idées et de protéger les droits des Canadiens dont les recherches, l'innovation et la créativité artistique contribuent à notre prospérité et à notre bien-être.
[Français]
Les créateurs doivent disposer des bons outils pour affronter la concurrence sur les marchés mondiaux et créer de nouveaux modèles commerciaux. Voilà pourquoi notre gouvernement a récemment modifié et modernisé plusieurs programmes afin de mieux aider l'industrie en cette période de changements.
Le mois dernier, j'ai assisté au lancement du Fonds des médias du Canada. Je suis fier de pouvoir vous dire que ce partenariat des secteurs public et privé injectera, cette année seulement, près de 350 millions de dollars dans la production d'émissions canadiennes, ce qui veut dire plus de choix, plus de programmation canadienne et plus de financement pour assurer l'avenir des divertissements numériques au Canada.
Nous avons aussi annoncé le renouvellement de notre soutien aux périodiques, à la musique et aux livres canadiens. Cet investissement offrira aux Canadiens un accès inégalé à des œuvres culturelles canadiennes. Pour ces programmes, notre objectif est clair: diminuer les lourdeurs administratives, appuyer efficacement les journaux communautaires et les magazines canadiens et encourager la présence des auteurs et des artistes canadiens partout au pays.
[Traduction]
Ainsi, les responsables des périodiques et des journaux hebdomadaires profitent désormais d'un meilleur programme, qui les aide à offrir à la population du contenu canadien de qualité. Également, les artistes indépendants et les petites maisons de disques ont plus que jamais accès à des fonds de développement pour faire connaître leur musique. Enfin, tous ceux qui aiment lire les auteurs canadiens pourront toujours compter sur une vaste gamme de livres de ces auteurs.
En plus d'avoir augmenté le financement pour les arts dans tous nos budgets, nous avons renouvelé et stabilisé le financement pour les programmes des arts et de la culture jusqu'en 2014. Cela signifie que les festivals, les théâtres et les musées, de même que les programmes jeunesse et les programmes de formation des artistes de demain reçoivent maintenant un soutien meilleur qu'à n'importe quelle autre époque dans l'histoire du pays. Les organisations artistiques nous avaient justement demandé de stabiliser le financement pour qu'elles puissent planifier leurs activités à long terme. Malgré l'incertitude économique, notre gouvernement a offert tout le soutien nécessaire pour répondre aux besoins de stabilité de ces organisations, un fait sans précédent.
En tout, notre gouvernement investit plus de deux milliards de dollars chaque année dans les programmes ayant trait aux arts, au patrimoine et à la culture. Cela comprend une somme record pour le Conseil des Arts du Canada. En outre, Radio-Canada a reçu un financement plus important que jamais. J'ai le plaisir d'annoncer aujourd'hui que 64 organisations artistiques ont reçu 14,9 millions de dollars qui s'ajoutent, pour les bonifier, à près de 21 millions de dollars donnés par le secteur privé. Avec cette annonce, notre gouvernement a accordé, depuis 2006, 59,5 millions de dollars aux organisations artistiques, qui ont amené l'entreprise privée à fournir, pour sa part, plus de 93 millions de dollars.
Nous soutenons des organisations comme l'Orchestre symphonique de Montréal, le Festival international de Lanaudière, la Vancouver Symphony Society, le Manitoba Theatre Centre et la Compagnie d'opéra canadienne. C'est sans parler du Fonds du Canada pour la formation dans le secteur des arts, qui est passé de 17 millions à 24 millions de dollars, une augmentation de 41 p. 100. Ce fonds est destiné à 36 écoles qui ont prouvé que la formation qu'elles donnent était essentielle au succès de leurs diplômés.
[Français]
Parallèlement, nous continuons à gérer les fonds publics de manière prudente et responsable. Cette année, le Conseil des Arts du Canada, la Société Radio-Canada, l'Office national du film du Canada et Téléfilm Canada ont entrepris un examen stratégique de leurs dépenses de programmes. Notre gouvernement a conclu que les programmes de ces organismes étaient conformes aux priorités des Canadiens et du gouvernement.
[Traduction]
En particulier, l'ONF a été un chef de file pour ce qui est de tirer avantage de la technologie moderne. L'an dernier, l'organisme a mis sur son site Internet onf.ca près de 1 500 films, qui peuvent être visionnés sans frais, et a lancé une application gratuite pour le iPhone. Notre gouvernement a décidé très tôt d'augmenter le financement pour les arts dans chacun de ses budgets. Les initiatives que j'ai soulignées aujourd'hui mettent en évidence l'importance qu'attache notre gouvernement aux des arts et à la culture au Canada. Nous reconnaissons que les technologies, qui évoluent rapidement, ont des conséquences sur les arts et la culture, et nous avons pavé la voie au secteur de la création pour qu'il s'adapte aux changements.
Je vous remercie et je suis prêt à répondre à vos questions.
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Peut-être que oui, mais je vais continuer. Vous pourriez en effet l'acheter, ça me ferait un immense plaisir, mais vous pouvez payer des redevances sur votre iPod. Aussi, comme l'accent du terroir est à couper au couteau, je vous ai offert le livre qui l'accompagne qui s'intitule « Comme une odeur de muscles ». Ainsi, vous pourrez suivre le déroulement en même temps. Il n'y a pas de problème de droits d'auteur. Je ne l'ai pas photocopié ou partagé, mais il a probablement été numérisé par Google.
Google a envoyé une lettre à l'Association des éditeurs du Québec en lui disant d'intenter une poursuite si elle n'était pas contente. Je ne vous ai pas entendu parler de cela, monsieur le ministre, et cela me peine et peine aussi les artistes. Je pense particulièrement à tout le monde de l'édition qui est obligé de se battre seul contre Google sans votre appui.
Cela me fait un immense plaisir de vous le remettre. Il y a malheureusement un DVD à la fin. Je ne l'ai même pas regardé pour être certaine de ne pas contrevenir à la Loi sur les droits d'auteur. Fred Pellerin a aussi fait un disque de vieilles chansons francophones qu'il a revisitées à sa façon. L'une d'elles s'intitule Mommy. Je vais vous dire que, comme vous le voyez, le DVD n'est pas ouvert. Faites bien attention, les étiquettes et le prix sont encore dessus. Je veux être certaine de ne pas contrevenir à la Loi sur les droits d'auteur. Je veux aussi être certaine que cet artiste en ait pour son argent. Il y a une mesure de protection pour vous empêcher le téléchargement sur un MP3. Je le sais, j'ai essayé et je n'ai jamais été capable de le faire.
Il faut comprendre que lorsque les artistes ne se sentent pas protégés, ils font leurs propres mesures de protection. Vous essaierai et vous m'en reparlerez, mais il faut comprendre ces mesures de protection. Il y a donc une chanson, Mommy, qui est d'ailleurs la seule chanson en anglais. C'est une chanson patriotique sur le français qui dénonce justement l'assimilation du français par l'anglais. Alors, à titre de ministre des Langues officielles, cela va certainement vous intéresser. C'est une écoute obligatoire.
Je n'ai pas terminé, parce qu'il n'y a pas que des cadeaux dans la vie même s'ils nous permettent d'avoir un hôte plus réceptif par la suite. Je veux vous parler de numérisation. Je sais que dans votre présentation, vous nous avez dit que vous vouliez avoir une stratégie sur la numérisation. Je sais aussi que c'est dans le discours du Trône, mais on ne sent pas l'intention de faire une véritable stratégie globale sur la numérisation. Vous picossez à droite et à gauche et vous présentez des choses. Vous avez enlevé de l'argent aux musiciens spécialisés — les pauvres qui n'avaient que cela — pour le donner à la numérisation de disques. C'est correct de faire la numérisation de disques, mais vous ne pouvez pas tout simplement déshabiller Pierre pour habiller Paul. Je n'aurai pas le temps de dire ce que j'ai à dire à ce sujet, mais il faut une vraie politique sur la numérisation. Vous ne pouvez pas devenir le ministre « kit-gadget » qui ne présente que des petits cossins à droite et à gauche, qui twitte sur Twitter des choses qui ne se caractérisent pas par une réflexion, qui n'ont pas d'inspiration ou de souffle. On s'attend à une véritable stratégie sur le numérique.
Est-ce que j'ai épuisé mon temps?
D'abord, si vous le permettez, j'aimerais répondre à M. Angus qu'en ce qui concerne le Fonds des médias du Canada, la principale préoccupation exprimée par la vérificatrice générale à propos de l'ancienne structure était l'apparence de conflit d'intérêts. Nous avons une bonne gouvernance. Ce fonds était sur le point de disparaître complètement. Nous avons ramené les partenaires à la table de travail. Nous avons créé un fonds qui injectera cette année 350 millions de dollars dans la production d'émissions canadiennes.
Le financement de CBC/Radio-Canada est toujours disponible et continuera d'augmenter chaque année. Le tiers de l'enveloppe est destiné aux créations de langue française, et l'on peut présumer que Radio-Canada pourra très probablement en bénéficier largement. Nous avons plus d'argent sur la table que jamais. L'enveloppe des garanties n'y est pas, mais nous offrons un financement sans égal à CBC/Radio-Canada et à tous les télédiffuseurs. C'est une bonne nouvelle. Votre façon de présenter les choses est erronée.
En ce qui a trait au financement provisoire, nous avons décidé de ne pas emprunter cette voie. Nous avons choisi une méthode différente. Il ne s'agissait pas de pertes d'emploi. La société d'État a vendu des actifs qu'elle n'utilisait pas de toute façon. Elle avait des locaux inoccupés au centre-ville de Toronto qui sont maintenant loués, et grâce au leadership d'Hubert Lacroix et de son équipe, on a trouvé des solutions. Je dois dire qu'ils ont très bien su gérer le manque à gagner qui, soit dit en passant, a touché l'ensemble du secteur de la radiodiffusion, et nous avons travaillé avec eux en ce sens. À mon avis, c'est une réussite, et c'est aussi ce que dit Hubert Lacroix dans son rapport annuel.
[Français]
Je remercie Mme Lavallée pour ses commentaires. J'ai toujours apprécié les cadeaux.
Je suis bien satisfait que vous vous prépariez au débat qui va se tenir au sujet de notre projet de loi sur les droits d'auteur et notre programme de stratégie numérique.
[Traduction]
D'ailleurs, je tiens à dire à Mme Lavallée et aux autres membres du comité que l'objectif d'une stratégie numérique, qui englobe aussi le droit d'auteur, est de reconnaître qu'il s'agit d'un processus évolutif. Tout gouvernement qui affirme détenir la stratégie numérique permanente parfaite n'a pas la bonne façon de voir les choses. Nous ignorons jusqu'où ira la technologie. Nous ne savons pas jusqu'où les nouvelles plateformes se rendront.
Il y a cinq ans, par exemple, le RAZR de Motorola était le sans-fil le plus vendu au Canada. Aujourd'hui, on ne le voit plus. BlackBerry sort un nouvel appareil tous les trois mois. Un nouveau iPhone sera lancé en juin. On vient de sortir le iPad. Il y a toutes sortes de plateformes. Android... Microsoft a un nouvel appareil.
L'univers numérique évolue de telle façon que personne ne peut prédire ce qui se fera dans deux ans, et encore moins dans dix ans. En réalité, le gouvernement ne doit pas dire que nous possédons une stratégie numérique qui fonctionnera nécessairement pour les prochaines générations, mais plutôt créer une mentalité — dans l'élaboration des programmes gouvernementaux et des mesures législatives et dans la façon dont nous envisageons le fonctionnement du gouvernement et le financement des projets — qui tienne compte pour toujours du virage profond dans la consommation de contenu canadien et dans l'utilisation des multimédias, des arts et de la culture. Il doit également soutenir l'économie créative non seulement dans la façon dont les citoyens consomment de l'information, des données et du divertissement, mais également dans la façon dont les Canadiens les créent pour les autres Canadiens et le reste du monde.
Il ne s'agit pas de nous doter d'une stratégie numérique que nous pourrons cimenter aujourd'hui et qui sera appropriée pour toujours, mais plutôt de reconnaître un changement massif sur le plan de la création et de la consommation de l'information. Voilà ce qu'est une stratégie numérique.
Bien entendu, nous serons confrontés à des enjeux contemporains: la transition vers la télévision numérique et la loi sur le droit d'auteur. Adopter une approche numérique signifie reconnaître que tous les programmes gouvernementaux, du Fonds des médias du Canada à notre fonds du livre, notre fonds de la musique, qui a maintenant un budget pour aider les gens à mettre des choses sur le marché en ligne... Tout a un élément qui tient compte de la réalité numérique d'aujourd'hui et de demain.
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Revenons à la numérisation, à la transition à la radiodiffusion numérique.
Je tentais de vous expliquer, avec l'exemple de la musique spécialisée, qu'il n'y a rien actuellement pour la radiodiffusion numérique. Vous ne faites que prendre l'argent qui est déjà alloué à des programmes pour la création et la diffusion et vous le donnez dans ce cas pour la numérisation de la musique.
Vous avez fait la même chose avec le Fonds des médias du Canada. Il n'y a pas d'augmentation, il n'y a pas plus d'argent pour la création et la production. Cependant, il y a une partie importante de l'argent du Fonds des médias du Canada qui est destinée à des gadgets numériques. Je dis « gadgets » parce qu'on ne peut pas faire une stratégie de radiodiffusion numérique en oubliant une grande partie de la population, qui ne nous suit pas encore à cet égard et qu'on doit considérer.
Par exemple, dans 16 mois — c'est demain, on parle d'août 2011 —, il y aura 9 p. 100 des Canadiens et 15 p. 100 des Québécois qui ne pourront pas bénéficier de la télévision numérique telle qu'elle est actuellement. Également, en ce qui a trait aux téléphones, 13 p. 100 des Québécois ont un téléphone intelligent, mais il n'y a que 8 p. 100 d'entre eux qui s'en servent pour accéder à l'Internet. Alors, tout ce que vous ferez pour les « web episodes » et les « mob episodes » dont on parle actuellement, ce ne sera pas pour eux. Ils ne comprennent même pas ce que vous dites quand vous en parlez.
Je vous disais donc que les petits pas que vous faites à droite et à gauche, de façon erratique, ne sont pas une stratégie globale de radiodiffusion numérique. Conséquemment, on ne sent pas qu'il y a une stratégie, une vision.
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Je ne sais pas si mon commentaire va me mettre dans l'eau chaude, mais je vais tout de même le faire. Je dis parfois à la blague au ministre Clement que j'ai décidé de me lancer en politique pour financer ma dépendance envers la technologie. Bref, je pourrais vous parler pendant des heures des diverses technologies et des appareils de toutes sortes. C'est un univers fascinant qui offre des possibilités infinies.
Glenn Wong, l'ancien président d'Electronic Arts, a été nommé au conseil d'administration du Fonds des médias du Canada. C'est un homme très brillant qui apportera beaucoup à l'équipe du Fonds des médias du Canada. Mais si j'ai décidé de le nommer, c'est surtout parce que je veux envoyer le message important que toutes les plateformes sont appelées à fusionner.
Si vous allumez une console Xbox 360 et que vous consultez le menu interactif Xbox, vous verrez que les ordinateurs personnels, les téléviseurs, les téléphones et les consoles de jeux se raccordent les uns aux autres et qu'ils deviennent rapidement un seul et même produit. L'objectif du Fonds des médias du Canada est de reconnaître l'évolution des technologies et le fait que nous ne savons pas en fin de compte qu'est-ce qui va accrocher les consommateurs. La transition va probablement se solder, je présume, par un méli-mélo de produits. Certaines personnes vont préférer regarder la télévision à la maison, en famille. D'autres voudront écouter la télévision sur leur ordinateur portable quand ils doivent prendre l'avion, et c'est ce genre de services qu'elles vont rechercher. L'idée est de financer et d'appuyer la création d'émissions canadiennes et de veiller à ce qu'elles soient offertes sur différentes plateformes.
Un des critères pour recevoir du financement consiste à créer des émissions qui seront disponibles sur différents supports. Le secteur privé et le secteur public le font déjà, et nous voulons en encourager d'autres à le faire aussi. Prenons la CBC, par exemple. L'émission de radio Q, avec Jian Ghomeshi, est offerte en ligne gratuitement sous forme de baladodiffusion vidéo. Parce que je travaille habituellement aux heures de diffusion normales, je n'ai jamais l'occasion d'écouter cette émission, puisqu'elle est diffusée en direct sur la chaîne de la CBC, mais je ne manque pas de la regarder en format vidéo, normalement sur mon téléphone. On parle d'une émission de radio traditionnelle qui est diffusée en format vidéo et que je peux regarder sur mon téléphone. Vous comprenez le principe: le contenu a été créé pour un média en particulier, mais je le consomme grâce à un format pour lequel il n'a pas été conçu au départ. C'est parce que la CBC a décidé d'adopter de nouveaux médias et d'aller de l'avant avec cette idée. Et c'est tout à fait réussi, d'ailleurs.
Encore à la CBC, on diffuse l'émission d'Evan Solomon, Power & Politics. Je ne la regarde jamais parce que l'heure de diffusion ne me convient pas, mais je l'écoute toujours. Je télécharge des fichiers audio de l'émission que j'écoute sur mon iPod. J'écoute donc une émission de télévision sur un appareil qui n'existait pas lorsqu'on a créé le concept de l'émission à saveur politique, et j'écoute la télévision sur un appareil qui a été inventé avant même que l'émission de radio ne voit le jour.
Toutes ces plateformes se combinent. Vous pouvez regarder des films sur votre console de jeux vidéo. Vous pouvez écouter des émissions de radio à partir de votre téléviseur. Nous ne voulons pas que les émissions canadiennes manquent le bateau. Nous voulons nous assurer que la population sera prête à adopter ce nouveau mode de consommation et qu'elle contribuera à son effervescence.
Dans le secteur privé, nous avons annoncé la création du Fonds des médias du Canada à l'émission Flashpoint sur CTV. Flashpoint est une émission très populaire qui procure de bonnes cotes d'écoute à CTV. Elle est diffusée les vendredis soirs, à heure de grande écoute. Je crois que le succès à long terme de l'émission est principalement dû au fait qu'elle a fait tomber bien des barrières. Vous voyez, Flashpoint est diffusée en direct sur Internet. Il est possible de télécharger un épisode à la fois si vous voulez l'écouter sur un appareil portable. On a permis aux gens de le faire.
C'est un univers important, et nous voulons nous assurer d'offrir du financement pour rappeler aux producteurs et aux diffuseurs d'émissions canadiennes que leur auditoire ne se limite pas au Grand Vancouver ou à la population francophone du Québec, il faut penser à l'échelle mondiale. Pour être en mesure de mettre en vitrine notre créativité et l'excellence de notre travail devant un auditoire international, il faut se tourner vers les nouvelles technologies et veiller à ce que ce soit fait efficacement. Nous voulons encourager ce nouveau tournant, et c'est pourquoi nous voulons investir cet argent dans le Fonds des médias du Canada et le Fonds de la musique du Canada. Nous faisons tout ce que nous pouvons pour y arriver.