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Bonjour, monsieur le président, mesdames et messieurs les membres du comité.
[Traduction]
Merci beaucoup de m'avoir donné l'occasion de m'adresser au comité des droits internationaux de la personne.
Au cours de l'été 1999, le Venezuela a adopté une nouvelle constitution comprenant l'une des listes de dispositions les plus complètes en matière de droits de l'homme, mais son cadre institutionnel plutôt faible ne permet pas d'assurer le respect et l'exercice de ces droits. Le gouvernement s'est habilement servi de la nouvelle constitution pour prendre progressivement le contrôle de presque toutes les institutions. Le manque d'indépendance des pouvoirs législatif et judiciaire, de l'appareil électoral et du prétendu « pouvoir du citoyen » vis-à-vis du pouvoir exécutif tient non seulement au fait que les membres qui sont nommés sont manifestement associés au parti au pouvoir, mais aussi à l'ingérence directe dans leurs fonctions.
L'un des exemples probablement les plus scandaleux à cet égard est une déclaration de la présidente de la Cour suprême en décembre 2009: « Nous ne pouvons pas continuer à penser au partage des pouvoirs parce que c'est un principe qui affaiblit l'État. »
Il est vrai que les droits de l'homme peuvent être violés n'importe où, et qu'ils le sont effectivement. Toutefois, l'existence de freins et de contrepoids dans une société démocratique permet aux victimes d'obtenir réparation. Les pouvoirs ne sont pas partagés au Venezuela, et c'est ce qui rend les victimes impuissantes.
En matière de droit à la liberté d'expression, le gouvernement vénézuélien se sentirait bien plus à l'aise s'il pouvait contrôler tous les pouvoirs non officiels, comme les médias. C'est ce qui explique les tentatives répétées du gouvernement de réduire l'influence du journalisme indépendant. Dans ce secteur, on voit couramment: la fermeture de médias qui critiquent le gouvernement; la confiscation d'équipement; le retrait des permis de diffusion de stations de radio; et la détention de photojournalistes pour de courtes périodes, dont le matériel est confisqué et détruit.
Aussi, nous savons qu'au moins un journaliste a fait l'objet de poursuites criminelles et qu'il a passé huit mois et demi en prison. Il a été condamné à une peine d'emprisonnement de trois ans et demi pour des allégations de corruption. L'affaire a été dénoncée par le système interaméricain de même que par des ONG internationales.
Des agences de publicité ont fait l'objet de pressions de la part du gouvernement pour qu'elles retirent des publicités diffusées par certains médias critiques à l'endroit du gouvernement. Il est important de noter que la seule entreprise pour laquelle nous savons qu'il existe une preuve écrite de ces pressions est une entreprise canadienne. De plus, des médias, des propriétaires de médias et des journalistes ont été soumis à des procédures disciplinaires, administratives et criminelles. Des groupes civils proches du gouvernement ont attaqué le siège social de certains médias et le domicile de certains journalistes à l'aide d'armes à feu et d'explosifs.
Le droit à la liberté d'expression comprend aussi le droit à la recherche d'information. Toutefois, il arrive bien souvent que des organismes publics n'invitent pas les journalistes et les médias critiques à l'égard du gouvernement aux points de presse, ou bien qu'ils leur en interdisent l'accès. Les porte-parole du gouvernement refusent de faire des déclarations aux médias, et il est difficile d'avoir accès aux renseignements et aux statistiques ayant trait à des questions d'ordre public comme la santé, l'éducation, l'emploi et le logement.
En ce qui concerne le droit à la propriété, l'« Observatorio de la Propiedad » dit qu'il y aurait eu 762 expropriations entre 2005 et 2009. Cela touche une grande variété de propriétés, comme des terres agricoles, des terrains urbains, des bâtiments et des logements, des universités, des centres culturels, des entreprises ou des usines, des médias, des entreprises de télécommunications, des commerces, des centres commerciaux, des hôtels, des sites touristiques, des entrepôts, des grossistes et des banques.
Selon la loi, seuls les tribunaux peuvent donner un avis d'expropriation, qui doit être accompagnée d'une compensation. Cependant, dans bien des cas, l'avis d'expropriation a été donné par voie d'acte administratif, et la compensation, déterminée de façon unilatérale, n'a été payée qu'avec extrêmement de retard, le cas échéant. Seules les sociétés multinationales expropriées ont reçu une compensation. Aucun société nationale n'a été expropriée. Dernièrement, la tendance montre qu'on s'est servi des expropriations à titre de sanction pour des violations présumées aux règlements administratifs ou économiques, commises dans certains cas pour des motifs politiques.
Pour ce qui est du droit de protester pacifiquement, la Commission interaméricaine des droits de l'homme a remarqué que les articles 357 et 360 du code pénal restreignent le droit de manifester pacifiquement et celui de faire la grève pour des revendications professionnelles.
De plus, l'article 56 de la Loi organique sur la sécurité nationale prévoit des peines d'emprisonnement de 5 à 10 ans pour toute personne réputée avoir créé des conditions propices à un conflit sur un lieu de travail appartenant aux principales industries de l'État.
La commission a obtenu des renseignements selon lesquels cet article aurait été invoqué à plus de 70 reprises au cours de l'année 2008. Selon Provea et Espacio Publico, le nombre de protestations pacifiques a presque doublé entre 2006 et 2009, et la répression s'est aussi intensifiée. En novembre 2009, Provea a dénombré 2 240 personnes qui faisaient face à des accusations criminelles pour avoir pris part aux manifestations. Ce sont pour la plupart des travailleurs, des dirigeants syndicaux, des étudiants et des leaders sociaux. Par exemple, il s'agit de 1 507 paysans, détenus en attendant leur procès; de métallurgistes qui travaillent pour SIDOR, détenus depuis 2006 en attendant leur procès même s'ils devaient l'être pour un maximum de deux ans; et d'employés de la mairie de la métropole.
Il est aussi important de prendre note que la moitié des travailleurs et des dirigeants syndicaux qui font face à des accusations criminelles pour avoir manifesté sont des « Chavistas », c'est-à-dire des sympathisants et des partisans du président Chávez. En un an, six personnes ont été tuées au cours de manifestations. Le plus souvent, les revendications des manifestants portent sur les droits des travailleurs, les services sociaux et les droits en matière d'éducation.
En ce qui a trait à la persécution politique, quelque 40 personnes sont toujours en prison pour des motifs politiques, et bien d'autres subissent un procès ou ont été condamnées. Bien que les porte-parole du gouvernement affirment qu'il n'y a aucun prisonnier politique, mais qu'il y a plutôt des politiciens en prison, presque tous les cas présentent des caractéristiques semblables: les procès durent extrêmement longtemps; la majorité des appels et des autres recours sont rejetés systématiquement; les accusations criminelles sont exagérées afin de garder l'accusé en prison; les accusations de corruption sont souvent trafiquées à des fins politiques; et les preuves à l'avantage des prévenus sont fréquemment écartées. En somme, le droit à un procès équitable est sérieusement menacé.
En outre, au cours des dernières années, on a utilisé un mécanisme pour limiter les chances que des membres de l'opposition puissent se porter candidats à une charge publique, une restriction découlant de résolutions administratives. Selon la loi, de telles restrictions, appelées inhabilitaciones, peuvent seulement être appliquées lors de procès criminels à titre de peine accessoire, après que la peine finale a été déterminée.
Avant les élections régionales de novembre 2008, les droits politiques de quelque 400 personnes ont été brimés par des mesures administratives. Au cours des deux dernières semaines, au moins huit — il y en avait sept lorsque j'ai envoyé mon texte, mais huit hier soir — candidats à l'Assemblée nationale ont été soumis à de telles restrictions en prévision des élections du Congrès qui devraient avoir lieu en septembre 2010.
Il arrive fréquemment que les défenseurs des droits de la personne soient harcelés, privés de l'exercice de leurs droits, menacés et incriminés, tant dans les déclarations publiques des porte-parole du gouvernement qu'au moyen de gestes directs. La Commission interaméricaine des droits de l'homme ou la Cour interaméricaine des droits de l'homme ont pris des mesures pour assurer la protection d'au moins cinq défenseurs ou groupes de défenseurs des droits de la personne.
Un projet de loi a été déposé à l'Assemblée nationale pour réglementer la coopération internationale afin de limiter l'aide internationale accordée aux ONG locales, y compris les organismes pour les droits de la personne. Le libellé du projet de loi est extrêmement vague, laissant libre cours à l'interprétation discriminatoire. Bien que le projet de loi n'ait pas encore été adopté, certaines des dispositions qu'il contient ont déjà été imposées à des organismes oeuvrant pour les droits de la personne.
Dans le cadre des enquêtes entourant la tentative de coup d'État en avril 2002, un document, publié par l'Assemblée nationale, désignait un certain nombre d'organisations qui travailleraient prétendument dans le sens des « objectifs de l'Empire »: l'Association interaméricaine de la presse, Human Rights Watch, les partis de droite au sein du Parlement européen et du Mercosur, le département du Trésor des États-Unis, l'Internationale démocrate-chrétienne et l'Organisation démocrate chrétienne d'Amérique, les prétendus responsables de la lutte antidrogue aux États-Unis, la FBI, la CIA, le Mossad et leurs agents au sein de différents services de renseignement partout au monde, le Rendon Group, les réseaux de télévision CNN, ABC News, Televisa, Univision, FOX, CBS, TV Azteca et TV Globo, le groupe PRISA, la presse écrite contrôlée par l'élite dans des pays qui se plient aux intérêts des États-Unis, la Commission interaméricaine sur les droits de l'homme et l'International Republican Institute.
Comme je viens de l'expliquer, le manque d'indépendance entre les différents pouvoirs menace sérieusement le respect des droits de la personne. La permanence des juges a toujours été un problème au Venezuela. D'ailleurs, le premier rapport annuel que Provea a publié en 1989 en faisait mention. Pendant quelques années, on a pu observer une hausse du nombre de juges de carrière. Cette tendance s'est sérieusement renversée après 1999, lorsque l'assemblée constitutionnelle a décrété l'état d'urgence au sein du système judiciaire. Depuis, la proportion de juges de carrière a chuté pour atteindre 10 p. 100. Pour comprendre les problèmes afférents à l'administration de la justice, il est essentiel de connaître ce manque de stabilité, de même que de savoir que les avocats qui intègrent le système judiciaire sont embauchés sur une base discrétionnaire.
Une étude récente montre que l'autorité responsable de trancher lors de poursuites contre l'administration publique — le Contencioso administrativo — évite de se prononcer sur les affaires sur le fond. Ses décisions semblent se limiter à des formalités. Il est important de mentionner qu'en octobre 2003, trois des cinq magistrats de la Cour suprême des litiges au sein de l'administration ont été renvoyés pour une présumée erreur judiciaire impardonnable dans un dossier qui allait à l'encontre de l'administration centrale.
Il est facile de comprendre pourquoi les nouveaux magistrats évitent de se mêler des questions de fonds pouvant prêter à controverse au détriment de l'administration, quand on sait que leurs trois autres prédécesseurs ont été renvoyés sans procédure administrative ni disciplinaire. La Commission interaméricaine a porté l'affaire devant la Cour interaméricaine des droits de l'homme, qui a donné raison aux magistrats. Toutefois, la Cour suprême a déterminé que cette décision ne pouvait pas s'appliquer. C'était la première fois que la Cour suprême se prononçait ouvertement à l'encontre d'une décision rendue par la Cour interaméricaine.
Monsieur le président, je ne peux pas conclure mon exposé sans mentionner le cas de Maria Lourdes Afiuni, une juge permanente depuis 2006. Le 10 décembre 2009, après que plusieurs juges et procureurs aient refusé de tenir une audience sur le dossier d'Eligio Cedeño, la juge Afiundi a accepté d'entendre l'affaire. Cedeño était en détention préventive sans procès depuis plus de deux ans. Au cours de l'audience, la défense a présenté sa requête de nouveau, et le juge Afiuni a décidé de mettre Cedeño en libération conditionnelle en attendant son procès et de lui imposer d'autres restrictions, plutôt que de le garder en détention préventive.
Dans l'affaire Cedeño, la juge a basé sa décision sur le code criminel du Venezuela de même que sur des recommandations d'un rapport publié par le Groupe de travail de l'ONU sur la détention arbitraire. Moins d'une heure après que la juge Afiuni ait pris sa décision, un groupe de policiers des services du renseignement et de la prévention se sont rendus au bureau central du tribunal pour procéder à son arrestation, de même qu'à celle de deux officiers de justice, et ce, sans mandat.
Le 11 décembre, le président Chávez a dit que la juge Afiuni était un bandit qui méritait 30 ans d'emprisonnement. Sa déclaration a été diffusée simultanément sur les ondes de la télévision et de la radio nationales. Le même jour, le procureur général, qui a assisté à la déclaration présidentielle, a contraint la juge Afiuni de comparaître devant un tribunal pénal pour répondre à des accusations de corruption, d'abus de pouvoir, d'évasion fiscale et de manoeuvres frauduleuses, et il a déterminé que la juge Afiuni serait détenue à l'Institut national d'orientation féminine, ou INOF.
Dans le cadre de son travail, la juge Afiuni avait prononcé la peine de 24 autres détenues de l'INOF, dont sa voisine de cellule. Depuis qu'elle y est, des prisonnières extrêmement dangereuses, dont certaines ont été condamnées pour homicides multiples et pour trafic de stupéfiants, l'ont plusieurs fois menacée de mort et ont tenté de l'assassiner à plusieurs reprises. Le 10 juin, la juge Afiuni aura passé six mois dans cette prison. Des organismes défenseurs des droits internationaux de la personne ont essayé à plusieurs reprises de porter l'affaire en appel en son nom, mais en vain.
L'administration de la justice a tout d'abord ignoré les décisions des organismes des droits internationaux de la personne, avant de les déclarer non applicables, pour finir par emprisonner une juge qui a osé appliquer une décision de l'ONU.
Merci beaucoup.
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Merci, monsieur le président.
Je tiens à remercier le témoin de son exposé.
Votre exposé était très différent de celui de certains des témoins que nous avons entendus auparavant, mais j’aimerais poursuivre un peu la discussion sur le sujet dont M. Dorion parlait. Les États-Unis, par le biais de la CIA, et Cuba ont la réputation d’exercer des activités partout dans cette région. Cela remonte à de nombreuses années.
En ce qui concerne la différence entre votre témoignage et celui des autres — et je ne remets nullement en question le témoignage que vous avez apporté —, je ne fais qu’établir une comparaison. Pour ce qui est de la Constitution, certains des témoins que nous avons entendus nous ont dit que les citoyens moyens étaient tellement fiers de leur Constitution que bon nombre d’entre eux la portaient sur eux, qu’un dialogue s’était instauré dans les rues et au sein des collectivités et que la population éprouvait un sentiment d’engagement qu’en réalité, les Canadiens leur envieraient.
Vous avez mentionné les soins de santé. Dans leur témoignage, ils ont aussi indiqué que la situation des pauvres s’était considérablement améliorée dans le domaine de l’éducation.
Encore une fois, je veux discuter un peu de la question que M. Dorion a soulevée à propos des stations de télévision. On a témoigné ici qu’une station de télévision en particulier avait réellement mené le coup d’État. Toutefois, les autres témoignages concordaient avec le vôtre en ce qui concerne la fermeture des autres stations par le régime. C’est précisément le témoignage que vous avez apporté.
On a indiqué que le pire problème dont souffrait le pays n’était pas l’armée ou le gouvernement, mais que c’était les policiers eux-mêmes. Les membres du gouvernement ont constaté qu’ils ne déployaient pas suffisamment d’efforts pour surveiller et peut-être éduquer les policiers et que ceux-ci commettaient beaucoup d’injustices.
Personnellement, je ne suis pas tellement surpris qu’un durcissement se produise dans un pays où le gouvernement a subi une tentative de coup d’État. Les témoignages s’entendent pour dire que le gouvernement est plus déterminé que jamais et que son approche s’est durcie.
Vous avez mentionné les nominations, et je ne suis pas tellement certain que vos propos visaient uniquement les juges de la Cour suprême, mais ici, au Canada, une série de gouvernements ont nommé au Sénat des gens qui, politiquement parlant, leur étaient acquis, y compris le gouvernement actuel. Cette pratique n’est pas jugée particulièrement déplorable parce que, lorsqu’on a une idée de la façon dont on veut faire avancer le pays, s’appuyer ainsi… Mais, encore une fois, l’indépendance du système judiciaire est un principe qui doit être préservé.
Si vous voulez répondre à l’une ou l’autre de ces remarques ou à chacune d’entre elles, n’hésitez pas à le faire. Puis, nous pourrons peut-être aller plus loin.
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Je pense que cela a été l’un des effets positifs de notre Constitution actuelle, dont nous bénéficions depuis 1999. Son mérite découle précisément du fait qu’elle a déclenché une énorme discussion au sein du pays et que les droits de la personne étaient l’un des principaux sujets de cette discussion. Donc, cela a été l’une des conséquences très positives de la discussion qui a eu lieu en 1999.
À mon avis, le problème que vit le gouvernement à l’heure actuelle, c’est qu’à l’époque, ses membres étaient majoritaires — ils ne formaient pas le gouvernement, mais les gens qui sympathisaient avec Chávez étaient probablement majoritaires à l’assemblée nationale constitutionnelle. À mon sens, ils ont signé la Constitution comme s’ils étaient membres de l’opposition. Mais, un jour, ils ont constaté qu’ils étaient au pouvoir, qu’ils allaient devoir remplir les promesses que contient la Constitution et qu’ils allaient devoir l’appliquer et la respecter. C’est la difficulté à laquelle ils se heurtent maintenant.
Comme je l’ai dit au début de mon exposé, la question des droits de la personne était cruciale. Je pense que c’est la raison pour laquelle les gens sont fiers de la Constitution et pour laquelle ils réclament les droits qu’elle reconnaît. C’est pourquoi le nombre de manifestations s’est considérablement accru au cours des dernières années. Au début, il était très facile de dire: « Nous sommes un nouveau gouvernement, et tous les problèmes découlent de l’ancien régime » ou, si vous voulez, de La Cuarta República de Venezuela , comme ils l’appellent.
Les gens faisaient confiance au gouvernement et disaient: « Eh bien, attendons un peu. Ce n’est pas de votre faute. Nous devons avoir confiance en vous, et vous ferez de votre mieux. » Mais après 9, 10 ou 11 ans, l’absence de résultats commence à rendre les gens très mal à l’aise et mécontents. C’est pourquoi les gens se promènent maintenant avec la Constitution en main. Ils en sont toujours fiers, mais ils l’utilisent d’une manière qui déplaît au gouvernement.
En ce qui concerne le rôle que les stations de télévision ont joué dans le cadre du coup d’État, il y a eu une interruption totale de l’information; c’est vrai. Les médias privés ont complètement cessé de diffuser des renseignements. Ils ont tous leur part de responsabilité. Les quatre principales stations de télévision partagent cette responsabilité. Elles ne l’admettent pas, bien entendu, mais elles sont responsables de l’embargo sur les nouvelles qui a eu lieu pendant cette période.
J’en ai été moi-même la victime. Je tentais de m’approcher d’une des stations radio quand un membre du régime du président Chávez a été arrêté. Je suis allée le visiter, mais on ne m’a pas permis de le voir dans la prison politique. Je n’ai pas été en mesure de me faire entendre sur les ondes de ce canal de télévision avant 23 h, heure à laquelle un journaliste et ami à moi a décrété: « D’accord, je vais ouvrir le microphone ». Malheureusement, il était 23 h.
Donc, il y a eu une interruption de l’information. Nous ne pouvons pas prétendre que les médias privés sont innocents. Ce que je dis, c’est qu’ils sont coupables et qu’ils doivent être poursuivis en justice. Il est impossible de résoudre ce problème en prenant des mesures administratives qui n’ont rien à voir avec les motifs d’accusation.
En ce qui concerne la police, nous avons probablement quelques bonnes nouvelles à communiquer à propos d’une question. Un service national de police a été créé, il y a quelques années. La personne qui a été nommée secrétaire générale et qui est responsable de concevoir et de surveiller toute la mise en oeuvre du processus est une personne issue du mouvement des ONG en faveur des droits de la personne. Elle s’appelle Soraya El Achkar. C’est une éminente défenseure des droits de la personne au Venezuela, et je suis certaine qu’elle fait de son mieux pour que les choses bougent, malgré la très grande résistance que lui oppose son patron, le ministre de l’Intérieur.
Les membres de mon équipe, Provea et les membres de toutes les organisations de défense des droits de la personne font de leur mieux pour que les choses bougent. Tous les mercredis, nous contribuons à renseigner les nouveaux policiers sur les droits de la personne. C’est notre seul moyen d’entrer directement en rapport avec le gouvernement et d’avoir des échanges positifs avec lui, mais c’en est un excellent.
Désolée, il s’agit du service national de police. Cela ne s’applique pas aux autres corps de police. Par conséquent, le problème reste entier.