[Français]
J'aimerais souhaiter la bienvenue à tout le monde.
[Traduction]
Nous tenons, ce matin, la 45e séance du Comité permanent des anciens combattants.
[Français]
Aujourd'hui, nous poursuivrons et conclurons l'étude sur la transition.
[Traduction]
Pendant la première moitié de la séance, nous aurons le plaisir d'entendre Don Ludlow et Tim Patriquin, les président et président sortant du Treble Victor Group, ainsi que Phil Ralph, directeur du programme national et David MacDonald, de Wounded Warriors Canada.
[Français]
Par la suite, à la deuxième heure de ce comité, nous recevrons monsieur Guy Parent, ombudsman des vétérans.
[Traduction]
Prenez note que la réunion se terminera par 15 minutes de discussion au sujet de la demande du Comité permanent du patrimoine canadien invitant notre comité à étudier l'article 1 du projet de loi .
[Français]
Nous sommes prêts.
[Traduction]
Je voudrais attirer l'attention sur mon vice-président, Peter Stoffer, et la jolie épinglette que son collègue…
Très bien, c'est pour moi?
:
Très bien. Merci, monsieur le président, membres du comité et tous ceux qui se sont joints à nous ici, aujourd'hui.
C'est un plaisir pour mon collègue, Tim Patriquin et moi-même d'être ici pour représenter les membres du Treble Victor Group et participer à cette importante discussion.
Le Treble Victor Group, ou 3V, est un réseau d'anciens dirigeants militaires qui travaillent dans l'entreprise privée, au gouvernement ou dans les secteurs sans but lucratif et qui se soutiennent mutuellement dans leurs nouvelles carrières. Nous nous entraidons au moyen du mentorat, de conseils et de réseautage, en participant à des conférences tout en consultant les entreprises et autres organismes dans le but d'établir des programmes pour les militaires qui font la transition à la vie civile. Nous ne représentons pas expressément les soldats malades ou blessés, mais nous mentionnerons simplement que notre organisme comprend 250 anciens dirigeants militaires ayant une multitude d'antécédents et d'expériences diverses et qui en sont tous à des stades différents de leur carrière.
Nous savons que tous les vétérans quittent l'armée à un moment donné. Un grand nombre d'entre eux, sinon la plupart, cherchent à se lancer dans une carrière intéressante après leur service. Nos membres croient qu'un grand pays comme le Canada doit, lorsqu'il envisage d'adopter une politique nationale à l'égard des anciens combattants, s'assurer de ce qui suit: que nous honorons nos héros qui ont servi en temps de guerre et de paix; que nous prenions soin de nos soldats malades et blessés en veillant sur leur guérison, leur réadaptation et leur retour à un travail intéressant; et que nous exploitions les talents formidables que notre pays a développés dans le cadre de ces services militaires. Notre organisme s'intéresse particulièrement à ce dernier aspect étant donné qu'il cherche à collaborer avec les entreprises et les organisations de tout le pays pour mettre en valeur les compétences, les capacités et l'expérience des personnes ayant des antécédents militaires.
Pourquoi est-il essentiel d'exploiter les talents des vétérans qui retournent à la vie civile? Tout d'abord, le Canada a beaucoup investi pour développer et renforcer les compétences et les capacités de ces citoyens qui viennent de toutes les régions du pays et de toutes les classes de la société. Deuxièmement, un grand nombre des compétences acquises dans le cadre du service militaire sont très recherchées dans le milieu des affaires, des compétences souvent qualifiées de générales comme le leadership, la gestion de la diversité, l'initiative et la capacité de faire face à l'ambiguïté et à des changements rapides. Enfin, l'évolution de la situation démographique, économique et concurrentielle exige que nous mobilisions tous les talents disponibles au sein de la population pour remédier à la pénurie imminente de main-d'oeuvre et de talents.
Dans cet esprit, nous voudrions partager avec vous un certain nombre de conclusions que les membres du 3V ont tirées de leur propre expérience. La première est que la transition exige du temps. Ce que nous avons nous-mêmes vécu montre qu'une transition de la vie militaire à la vie civile bien planifiée et bien exécutée peut prendre au moins deux ans et souvent beaucoup plus longtemps. Les conséquences de cet état de fait sont claires. Si les vétérans, blessés ou non, ne consacrent pas de temps et d'efforts à se préparer pour leur nouvelle carrière pendant qu'ils sont encore sous les drapeaux ou en convalescence, les initiatives prises à la dernière minute ne se révéleront probablement pas fructueuses pour eux-mêmes ou leur nouvel employeur.
Deuxièmement, notre expérience de la transition a démontré qu'il y faut presque toujours prévoir une brève période de recyclage ou de perfectionnement pour accéder à un secteur ou un emploi donné. Par conséquent, les emplois qui comportent, au départ, un stage de formation et de perfectionnement, qu'il s'agisse d'excellents programmes généralistes offerts par certaines sociétés ou, par exemple, les emplois dans la vente pour lesquels toutes les nouvelles recrues suivent les mêmes cours de formation, semblent bien convenir aux vétérans en transition et assurer énormément de succès pour tout le monde.
Enfin, nous avons appris qu'un retour réussi à la vie civile exige souvent un parrainage actif ou le solide soutien d'un organisme. Les soldats canadiens sont très bien considérés par le public et les dirigeants du secteur des affaires, mais la transférabilité et la pertinence de l'expérience militaire ne sont pas aussi bien comprises. Trop souvent, même avec une personnalité intéressante et marquante, un candidat ayant une expérience militaire peut sembler poser un risque à l'embauche comparativement aux autres candidats qui ont déjà exercé un emploi civil.
Néanmoins, le succès génère le succès. Lorsqu'on leur en donne la chance, nos vétérans travaillent généralement extrêmement bien et s'intègrent rapidement dans les nouvelles organisations, les nouvelles équipes et les nouvelles façons de faire. Il n'est pas étonnant que les entreprises qui en ont recruté avec succès commencent à employer beaucoup plus de vétérans et que les programmes de recrutement d'ex-militaires deviennent un élément important de leur stratégie de dotation.
Néanmoins, les vétérans ont besoin d'un parrainage et de quelqu'un qui est prêt à leur donner une chance. En réalité, il n'y a pas suffisamment de champions de ce genre dans le milieu des affaires à l'heure actuelle. Autrement dit, même si de nombreux chefs d'entreprise et gestionnaires d'embauche ont de la sympathie pour les anciens militaires et ont de l'estime pour eux, certains obstacles s'opposent à une bonne transition. Nous tenons à souligner que malgré ces difficultés, les vétérans ne recherchent pas votre pitié. Ils veulent seulement un emploi intéressant pour lancer leur carrière après leur service.
Que peut-on faire pour améliorer la situation de nos vétérans et permettre au Canada de faire une meilleure utilisation des personnes ayant des antécédents militaires?
Nous avons trois recommandations à formuler. Premièrement, la transition doit commencer bien avant que les vétérans ne soient libérés ou qu'ils aient terminé leur réadaptation. Il faut les inciter à réfléchir à leur avenir et leur fournir des ressources pour soutenir leurs projets d'emploi après l'armée un certain nombre d'années avant qu'ils ne quittent leur uniforme. Le soutien à la transition doit aller beaucoup plus loin que des séances d'information sur l'art de rédiger un CV ou sur la pension. Il devrait être structuré de façon à fournir à la fois des ressources et du temps pour l'amélioration de la formation ou le perfectionnement des compétences.
Deuxièmement, il faut insister particulièrement sur les aspects éducatifs de la transition. Il faudrait fournir aux vétérans un financement suffisant pour faire des études postsecondaires ou recevoir une formation pendant leur service ou à la fin et il faudrait accélérer les initiatives visant à octroyer des attestations d'équivalence fondées sur le service et les qualifications militaires. Le risque paraîtra bien moindre si l'ancien combattant possède au moins une formation et des qualifications semblables à celles des autres candidats à des postes civils.
En dernier lieu, nous croyons qu'il faudrait établir des objectifs clairs et des partenariats officiels avec les entreprises canadiennes. Le programme mené avec beaucoup de succès au sud de la frontière pour la création de 100 000 emplois démontre ce qu'il est possible d'accomplir lorsqu'on se fixe un objectif précis et lorsque les entreprises comprennent qu'il peut être bénéfique pour elles de soutenir la transition des vétérans. La Compagnie Canada, pour prendre un exemple plus proche de nous, a établi un objectif de 10 000 emplois pour les vétérans et il est possible de l'atteindre avec le soutien du milieu des affaires. Une fois qu'on se fixe des objectifs communs, nous croyons possible d'établir des programmes d'apprentissage, d'accueil ou de perfectionnement avec les entreprises de tout le pays pour soutenir les vétérans en transition et de les financer en partie au moyen de subventions ou d'incitatifs fiscaux.
Pour conclure, nous ne croyons pas que les vétérans veulent la charité, mais qu'ils veulent plutôt l'occasion d'utiliser les compétences et l'expérience qu'ils ont acquises dans les forces armées pour lancer leur nouvelle carrière. Nous vous demandons d'examiner des moyens de soutenir les vétérans bien avant la date de leur transition tout en travaillant avec les entreprises canadiennes à l'établissement de programmes visant à faire des vétérans qualifiés des membres productifs de leur organisation. Il est important de faire tout cela comme il faut pour les vétérans qui continueront à faire un travail intéressant tout en contribuant au succès et à l'énergie continus de la société canadienne.
Nous vous remercions infiniment de nous avoir permis de prendre la parole devant vous aujourd'hui et nous avons hâte de répondre aux questions et de poursuivre la discussion.
:
Monsieur le président et membres du comité, au nom des Wounded Warriors Canada, nous avons le plaisir de comparaître encore une fois devant le comité pour participer à la discussion très importante sur le continuum des services de transition à l'intention de nos membres des Forces armées canadiennes malades et blessés.
Je commencerais par dire que je m'appelle Phil Ralph et que je suis le directeur du programme national de Wounded Warriors Canada. Je suis aussi, depuis un quart de siècle, l'aumônier du 32e Régiment du génie des Forces canadiennes. J'ai le plaisir d'être accompagné aujourd'hui de David MacDonald, directeur des partenariats nationaux de Wounded Warriors Canada, qui est toujours réserviste du Royal Regiment of Canada.
Pour vous présenter brièvement notre organisme, Wounded Warriors Canada est un organisme sans but lucratif qui aide les membres des Forces armées canadiennes, qu'ils soient de la force régulière, réservistes ou retraités, et qui ont été blessés pendant leur service. Grâce à un vaste éventail de programmes et services nationaux, nous aidons à trouver des solutions lorsque nos vétérans et leurs familles se retrouvent dans le besoin à cause de lacunes. À l'heure actuelle, nous centrons surtout nos efforts sur la santé mentale et particulièrement les lourdes conséquences du trouble de stress post-traumatique.
Dans l'ensemble, nous avons pour mission d'aider tout vétéran dans le besoin à faire la transition à la vie civile.
À Wounded Warriors Canada, nous travaillons quotidiennement avec des membres des Forces armées canadiennes qui attendent d'être libérés pour raison médicale ou qui ont été libérés et relèvent d'Anciens Combattants Canada. Les réalités de la libération pour raison médicale sont extrêmement décourageantes. Pour commencer, leur carrière militaire prend fin brutalement et ils sont maintenant confrontés à une transformation très difficile de leur vie professionnelle.
Le RARM apporte une aide financière pour la transition, mais ce soutien financier est seulement temporaire. De plus, les personnes libérées pour des raisons médicales sont blessées et mentionnent souvent que le transfert du ministère de la Défense nationale à celui des Anciens Combattants n'a pas été sans difficulté. Il est encourageant d'entendre le ministre de la Défense nationaleet le ministre des Anciens Combattants reconnaître la nécessité d'apporter des améliorations dans ce domaine important et en parler ouvertement.
Comme vous l'avez certainement entendu dire par d'autres témoins, les programmes et la prestation des services présentent des lacunes pour faciliter la transition des membres des Forces armées canadiennes malades et blessés. Wounded Warriors Canada travaille diligemment à mettre en lumière ces lacunes pour faire en sorte que l'argent durement gagné de nos donateurs serve à améliorer les choses au maximum.
Pour vous donner quelques exemples de nos programmes de cette année, nous avons financé le programme COPE, Couples Overcoming PTSD Everyday, récemment lancé; le programme de transition des vétérans pour l'Ontario; le programme novateur de zoothérapie du TSPT en partenariat avec Can Praxis, le principal programme de zoothérapie hippique du TSPT destiné aux couples; nos activités Tribute to Your Service pour combler les lacunes dans le soutien aux membres de la famille qui se tiennent jour après jour aux côtés des membres de nos Forces armées canadiennes; VETS Canada pour aider à loger dans des logements abordables nos vétérans sans abri qui vivent dans la rue ou des refuges; et nous en sommes à la deuxième année d'un programme de bourses de doctorat de Wounded Warriors Canada de 400 000 $, d'une durée de 10 ans, pour la recherche sur la santé mentale des anciens combattants, en partenariat avec l'Institut canadien de recherche sur la santé des militaires et des anciens combattants.
Notre gamme des soins, comme nous l'appelons, vise à faire en sorte que les vétérans qui souffrent de divers problèmes personnels, médicaux et financiers soient soutenus pour leur transition à la vie civile.
Récemment, nous avons constaté une grave lacune sur le plan de l'aide à la disposition des membres de la famille qui doivent faire face à un cas de TSPT ou de traumatisme lié au stress opérationnel. Voilà pourquoi notre organisme aborde le traumatisme lié au stress opérationnel dans une optique familiale. Cela donne d'excellents résultats.
Quelles que soient les lacunes, comme je l'ai mentionné, il est extrêmement important de préciser que des ressources efficaces existent au sein des deux ministères pour aider nos membres des Forces canadiennes et vétérans en transition. Notre organisme travaille en collaboration avec ceux qui fournissent des soins aux membres des Forces canadiennes, ce qui comprend les services de santé, le programme de soutien social aux victimes de stress opérationnel ou ACIUS, les aumôniers, la gestion du soutien aux blessés et les services aux familles des militaires, entre autres ressources.
Au total, nous cherchons à inciter les membres à se prévaloir des programmes et des services offerts par la Défense nationale et les Anciens Combattants et ceux qui existent indépendamment grâce au soutien financier d'organismes comme Wounded Warriors Canada.
Il faut également mentionner que depuis notre création, nous avons prêté particulièrement attention aux membres de la Première réserve. Toute personne souffrant d'un traumatisme lié au stress opérationnel est confrontée à un certain nombre d'obstacles et de défis sur la voie de sa guérison et de sa transition à la vie civile. Cela dit, au sein des Forces canadiennes, ces défis sont particulièrement complexes pour les membres de la Première réserve.
Une réalité dont on ne parle pas souvent est que les membres de la Première réserve que les dirigeants des Forces canadiennes ont qualifiés d'essentiels pour pouvoir accomplir leur mission en Afghanistan, rentrent chez eux avec peu de soutien pour gérer leur transition à la vie civile.
Ceux qui ont fourni 30 % des forces effectives déployées retournent dans la société civile mal équipés pour reconnaître leurs besoins ou pour y répondre. De plus, s'ils veulent avoir accès aux programmes en place, ils se sentent souvent abandonnés en raison des réalités que sont les manques de temps et d'espace et de la nécessité d'assurer leur subsistance et celle de leur famille une fois qu'ils ont réintégré le service de catégorie A.
Pour résumer, nous nous considérons comme un organisme de bienfaisance qui interagit, écoute et répond de son mieux aux besoins des hommes et des femmes qui servent bravement notre pays. Compte tenu de notre interaction quotidienne avec les vétérans et leurs familles, nous nous devons d'offrir des suggestions pratiques quant aux façons dont les FC pourraient répondre plus efficacement aux besoins existants. Par exemple, nous devons éliminer les longs délais administratifs pour la réception des primes et des rémunérations. Le RARM doit élargir sa garantie, surtout dans le domaine de l'éducation, tant sur le plan des programmes offerts que de leur durée. Nous devons améliorer le recyclage et les ressources disponibles pour soutenir la transition au marché du travail des personnes libérées pour des raisons médicales. Enfin, le remplacement d'une pension par un paiement forfaitaire que prévoit la nouvelle charte des anciens combattants nous est souvent signalé comme une politique exigeant d'être réexaminée.
Pour conclure, nous remercions le comité de son invitation. Nous restons à votre disposition si vous avez d'autres questions à nous poser maintenant ou par la suite. J'ajouterais simplement que nous avons des copies de notre rapport annuel que les membres du comité pourront emporter. Ils y trouveront un aperçu général des activités de Wounded Warriors Canada.
Merci.
:
Merci, monsieur le président.
Je vous remercie tous infiniment d'être venus aujourd'hui. Je vous remercie, au nom de nous tous, de l'énorme travail que vous accomplissez pour aider les héros de notre pays et également leurs familles, ce qui est aussi important.
Lors de mes contacts avec certains vétérans — c'est peut-être une lacune ou simplement une ignorance fondamentale et généralisée — lorsqu'une personne souffrant de TSPT est embauchée dans le secteur privé, la société ou la petite entreprise en question ne sait pas ce qui déclenche parfois le TSPT. Bien souvent, l'intéressé… Je m'occupe actuellement d'un homme, en Nouvelle-Écosse, qui a malheureusement perdu son emploi dans le secteur privé parce que l'entreprise ne savait pas quoi faire. Elle ne savait pas comment faire face au problème. Lorsque j'ai parlé au directeur, il m'a dit: « Nous n'avons eu aucune formation ou sensibilisation pour faire face aux anciens combattants souffrant de TSO ou de TSPT. »
Je voudrais que l'un d'entre vous m'éclaire à ce sujet. Comment diffuser l'information dans le secteur privé et les emplois que les vétérans vont occuper…? Nous leur disons qu'ils sont des héros et des chefs d'équipe. Ils sont productifs, attentifs et ont toutes les autres qualités, mais ils souffrent de TSO ou de TSPT. Des entreprises les embauchent, mais malheureusement, cela ne marche pas et l'intéressé ressent un nouveau sentiment d'échec. Il n'est plus dans l'armée. Il n'a pas pu avoir un emploi dans le secteur privé. Maintenant, que va-t-il faire? Il a l'impression de se faire lui-même du tort et de laisser tomber également sa famille.
Quels conseils pouvez-vous nous donner à cet égard pour aider le secteur privé ainsi que le secteur médical? De nombreux médecins civils n'aiment pas toujours soigner les hommes et les femmes du service souffrant du trouble stress post-traumatique parce que ses formes sont compliquées et longues et qu'il y a des listes d'attente. J'ai seulement besoin de savoir ce que vous nous conseillez de faire à ce sujet.
Encore une fois, merci beaucoup pour l'excellent travail que vous accomplissez tous.
Oui, je peux assez bien comprendre votre question. Personnellement, j'ai eu un diagnostic de TSPT en 2013, suite à des traumatismes que j'ai subis à l'étranger. J'ai exercé un emploi dans une entreprise où l'on n'a pas bien compris ce qui se passait. Lorsqu'un ancien combattant qui souffre de TSO ou de TSPT perd l'emploi dans le secteur privé qu'il avait eu tant de mal à décrocher, c'est un coup terrible, bien entendu.
Malgré toute la documentation, tous les travaux et toutes les connaissances que nous possédons au sujet du TSPT, nous sommes très loin de vraiment comprendre ce qui se passe dans la tête de l'intéressé. Il y a dans la société un niveau général d'ignorance — je ne vois pas quoi dire d'autre — qui l'empêche de vraiment comprendre. La stigmatisation qui entoure le TSPT est… j'en ai parlé avec des groupes. Ils disent toujours la même chose. Je décris exactement ce qui m'est arrivé dans une présentation PowerPoint sans révéler qui je suis et j'obtiens toujours le même résultat. Les participants disent: « Il va être suicidaire. Il est toxicomane. Il va être en colère » et parlent de dépression, du sentiment d'abandon et de ce genre de choses. Je n'ai aucun de ces problèmes. Je ne souffre d'aucun de ces troubles ou de rien de tel. J'ai été suicidaire à un moment donné en raison de mon TSPT, mais je n'ai pas de toxicomanie. Je ne souffre pas de dépression ou de quoi que ce soit de ce genre.
Tout cela vient de la stigmatisation qui entoure le TSPT. Pour commencer à résoudre ce problème, il faudrait un programme général de sensibilisation à l'intention des entreprises et des employeurs pour qu'ils comprennent que lorsqu'ils embauchent un vétéran qui souffre peut-être du TSPT, c'est aussi simple que... J'ai eu de la chance lorsque j'ai obtenu mon emploi à la Banque TD. Au cours de l'entrevue, on m'a posé la question habituelle: « Y a-t-il quoi que ce soit qui vous empêcherait de faire votre travail ou avez-vous des besoins particuliers? » Et j'ai eu la chance de pouvoir avouer la vérité et j'ai répondu carrément: « Je souffre du TSPT ». Je me suis dit aussitôt: « Oh, mon Dieu! » car j'avais perdu des emplois en faisant cet aveu lors de l'entrevue. La banque a très bien réagi. On m'a dit: « D'accord. Avez-vous besoin d'un chien? Avez-vous un besoin particulier…? » J'ai juste dit: « J'aurais peut-être seulement besoin d'une ou deux petites pauses de plus au cours de la journée ». On m'a dit que cela ne posait pas de problème. On en a pris note, c'est allé aux RH et les renseignements ont été transmis aux différents échelons.
Mais y a-t-il eu un programme officiel de sensibilisation? Non. Les RH auraient peut-être pu fournir un document expliquant que si vous avez quelqu'un qui souffre du TSPT… un simple document d'information sur ce qu'est le TSPT, car de nombreux employeurs ignorent ce que c'est. Ils croient qu'il s'agit d'une maladie mentale et malheureusement, il y a encore beaucoup de gens qui pensent qu'un jour vous allez perdre la tête et peut-être tirer sur tout le monde au bureau. Ce n'est pas ça du tout. Malheureusement, les médias ont dépeint les choses de cette façon, comme nous le voyons trop souvent à la télé. Ce n'est pas la réalité.
Je pense qu'il faut commencer par la communication et un programme d'éducation.
:
Merci, messieurs, de comparaître devant nous aujourd'hui.
Vous savez, je suis un civil. Je n'ai aucune expérience militaire. Je viens d'une ville, Guelph, où notre seul rapport avec l'armée consistait, pour la plupart d'entre nous, à regarder le 11e Régiment d'artillerie quitter le manège militaire pour aller faire des exercices. C'était un spectacle rare et très intéressant pour nous.
J'essaie de comprendre le TSPT. Je n'y arrive pas. Je me souviens d'avoir participé à des missions d'aide internationale, ce qui m'est arrivé souvent. En 1999, j'ai passé trois semaines dans la jungle du Honduras où j'ai travaillé avec les pauvres, où j'ai cherché de la nourriture couverte de mouches, où j'ai vécu dans des conditions très difficiles et quand je suis rentré chez moi, j'ai eu de la difficulté à retourner au travail. C'était seulement au bout de trois semaines. Je ne pouvais même pas entrer dans une épicerie, chez Zehrs et regarder autour de moi, car j'étais bouleversé devant l'abondance du choix. Si j'ai éprouvé cela au bout de seulement trois semaines, je ne peux pas imaginer ce que c'est pour les gens qui sortent des forces armées après avoir vécu des situations beaucoup plus périlleuses.
Cela dit, je ne pense pas que nous comprenions pleinement l'impact du TSPT et un ou plusieurs d'entre vous l'ont d'ailleurs dit. Je voudrais poser la question suivante à M. Ralph. Vous avez parlé de soutenir les familles et surtout les conjoints. De toute évidence, vous connaissez Jenny Migneault. Je lui ai parlé à plusieurs reprises. Elle est persévérante. Elle met beaucoup de ferveur à nous convaincre de mieux répondre aux besoins des familles dont un des membres souffre du TSPT.
Elle a parlé, par exemple, des week-ends de retraite où l'on peut travailler avec les conjoints pour qu'ils puissent aider ceux qui souffrent du TSPT. Vous travaillez avec les conjoints afin qu'ils sachent quoi faire, ce qui allège le fardeau des médecins, le fardeau d'ACC et ainsi de suite.
Vous semblez savoir ce que vous faites. Par conséquent, pouvez-vous nous dire comment le gouvernement pourrait mieux vous aider? Il n'est pas juste, je pense, d'imposer entièrement aux bureaucrates et au gouvernement la responsabilité de comprendre tout cela. Pourquoi ne pas charger les gens comme vous-mêmes et Jenny, qui veulent travailler, d'assurer les services?
:
Absolument. Idéalement, toute personne s'enrôlant dans les forces armées devrait penser à long terme. Je vais prendre ma retraite à un moment donné. Ou bien je prendrai ma retraite avec une pension, j'arrêterai de travailler et je ferai du bénévolat, ou bien j'entreprendrai une deuxième ou peut-être une troisième carrière et le plus tôt sera le mieux.
Comme nous l'avons dit, selon notre propre expérience, il faut deux ans pour réussir la transition. Les gens que nous avons rencontrés, qui ont trouvé un travail vraiment intéressant qu'ils aiment et qu'ils ont conservé, ont mis deux ans à y arriver. Pourquoi?
Si vous restez longtemps dans l'armée, vous n'êtes pas peut-être pas au courant des options qui s'offrent à vous après votre départ. Voulez-vous travailler dans une entreprise forestière ou des services financiers ou voulez-vous travailler à votre compte? Il faut un certain temps pour analyser toutes les options existantes et celles qui vous attirent vraiment. Une fois que vous avez commencé à le faire, comment préparez-vous votre réussite? Vous ne pouvez pas dire, le dernier jour, en quittant votre uniforme, que vous allez lancer une entreprise demain. Vous pourriez peut-être le faire, mais vous ne réussiriez probablement pas aussi bien que si vous y aviez consacré davantage de préparation, de temps et d'efforts et peut-être même des études, un recyclage de vos compétences et une formation.
Nous disons aux militaires qui envisagent de retourner à la vie civile, même dans quelques années, qu'il n'est pas trop tôt pour commencer à y réfléchir et préparer leur réussite. Vous diriez la même chose à une personne qui travaille dans le civil. Si quelqu'un travaille dans le secteur bancaire ou est avocat et veut se lancer dans le monde des affaires, c'est dur à faire du jour au lendemain. Il faut un certain temps pour faire la transition d'une industrie, d'un secteur ou d'un emploi à l'autre. C'est la même chose pour les vétérans.
:
Il est important de mentionner qu'en ce qui concerne Anciens Combattants… Vous avez demandé si le ministère pourrait jouer un rôle au MDN. D'après mon expérience personnelle comme réserviste, je peux dire que cela ne peut qu'améliorer les choses.
Lorsque je suis rentré au pays, aucun représentant des Anciens Combattants ne m'attendait. Je ne connaissais pas le processus. Personne n'était là pour moi jusqu'à ce que je parle finalement à quelqu'un quatre ans plus tard. Anciens Combattants n'a aucun représentant et je peux dire qu'il serait certainement souhaitable d'avoir quelqu'un sur place maintenant.
Pour revenir à la question de savoir où débuter le processus de reconversion professionnelle, rien ne nous empêche de commencer dès la formation de base, de prendre une heure ou deux, pendant la formation, pour démarrer la transition et l'acquisition des compétences.
Une des raisons pour lesquelles la transition est si longue à faire par la suite, une fois que vous êtes dans l'armée par rapport au chemin inverse, est que votre statut de militaire est profondément enraciné en vous. Vous commencez à parler en militaire. Vous exsudez la vie militaire. Lorsque vous quittez l'armée et que vous rencontrez un employeur, vous allez lui expliquer: « Je suis un sergent qui a suivi le cours AWACS et possède l'expérience du Task Force 308 ». Malheureusement, cela ne veut rien dire pour l'employeur. Vous pouvez avoir un PDG prêt à embaucher un millier de vétérans par an au cours des 10 prochaines années, mais quand c'est transmis au personnel des ressources humaines, il ne comprend pas.
Vous pouvez apprendre à l'ancien combattant à parler le langage des affaires et à recycler ses compétences, mais si vous n'enseignez pas aux employeurs canadiens à parler un peu le langage militaire et à le comprendre… Cela vaut dans les deux sens. Pour le moment, l'enseignement se fait seulement d'un côté et nous nous heurtons à un obstacle du côté des employeurs. Nous devons le faire des deux côtés.
:
Monsieur le président, membres du comité, je vous remercie.
[Traduction]
Avant de commencer, je voudrais tout d’abord vous remercier de votre soutien indéfectible à l’égard des vétérans et de leur famille. Les annonces faites récemment par le réduisent les écarts concernant certains aspects de la Nouvelle Charte des anciens combattants que vous avez soulignés dans votre rapport de juin 2014 intitulé « La Nouvelle Charte des anciens combattants: Allons de l’avant ».
[Français]
Les changements annoncés ne comprennent pas tout ce dont les anciens combattants ont besoin, mais il s'agit du début d'un processus de renouvellement auquel votre leadership a contribué. À titre d'ombudsman des vétérans, je vous remercie et j'espère que ces progrès se poursuivront.
[Traduction]
J’ai lu tous les témoignages entendus à ce jour dans le cadre de vos audiences sur la transition de nos militaires, hommes et femmes, vers la vie civile, et je constate que la plupart de ceux-ci sont centrés sur les programmes et services individuels. Bien que cela soit important, je crois qu’il est tout aussi important pour vous d’examiner la transition d’un point de vue holistique, centré sur le vétéran et stratégique.
La complexité et la confusion du processus de transition, l'accessibilité aux programmes et services et les conditions d'admissibilité sont évidentes dans le témoignage. Sans une bonne compréhension du processus de transition ainsi que des enjeux et exigences reliés à celui-ci, il est quasi impossible de formuler des recommandations appropriées visant à l’améliorer. C’est pourquoi mon bureau s’est joint au Bureau de l'ombudsman du ministère de la Défense nationale et des Forces canadiennes pour cerner les obstacles que rencontrent les militaires, hommes et femmes, lorsqu’ils sont libérés pour des raisons médicales et proposer des solutions.
À mon avis, un enjeu clé à la transition qui a été négligé par presque tout le monde est l'impact de la culture et de la philosophie militaire. Dès le premier jour où un jeune homme ou une jeune femme joint les Forces armées canadiennes, tout est centré sur la mission, et on s’intéresse à presque tous les détails de sa vie pour qu’il ou elle puisse accomplir la mission qui lui est confiée.
Nos militaires sont connus pour leur attitude positive, pour accomplir l’impossible et protéger les personnes faibles et vulnérables. Le processus de transition doit aussi être centré sur la mission et les Forces armées canadiennes doivent fournir un soutien continu aux membres tout au long du processus de transition. La libération de nos militaires sera ainsi une expérience positive, centrée sur l’individu, ce qui lui donnera espoir.
[Français]
Notre examen systémique conjoint a commencé au début de 2014 en raison de la nécessité bien documentée de veiller à ce que le processus de transition se fasse le plus facilement possible. L'objectif de cet effort conjoint est de trouver et de recommander des moyens de simplifier les processus et les services de soutien pour les militaires qui font la transition vers la vie civile avec leur famille.
[Traduction]
Pendant la phase initiale de notre examen, nous avons schématisé le processus de transition et l’expérience d’un militaire de la Force régulière libéré pour des raisons médicales à partir du moment où une catégorie médicale permanente est recommandée jusqu’à ce qu’il soit suivi par Anciens Combattants Canada. Dans le cadre de ces travaux, plus de 50 recommandations et réponses formulées dans les rapports récents de la Chambre des communes, du Sénat et du Vérificateur général ont été examinées.
Dans le cadre de l’examen effectué jusqu’à maintenant, notre équipe a cerné cinq enjeux qui créés des obstacles en ce qui a trait à une transition réussie: la gouvernance, la prestation de services centrée sur le programme, la sécurité financière, le soutien familial et les communications.
Pour ce qui est de la gouvernance, il n’y a pas de cadre de responsabilisation intégré pour les FAC et ACC définissant clairement les rôles et les responsabilités pour le processus de transition. Deux ministères appuient la transition, et chacun agit selon son propre cadre de responsabilisation. Cette façon de faire entraîne un chevauchement des efforts, des lacunes et un manque d’uniformité entre les groupes et les régions géographiques. Il n’y a pas de système de surveillance ou de suivi unique et central pour tous les membres des FAC libérés pour des raisons médicales. Il n’existe pas non plus de normes intégrées de prestation de services pour les FAC et ACC permettant d’évaluer l’efficacité de la transition, ni de critères pour évaluer le processus de transition.
En ce qui concerne la prestation des services centrée sur le programme, les programmes et les services offerts aux militaires libérés pour des raisons médicales doivent être centrés sur les vétérans. Actuellement, ils ne le sont pas. Voici certains des domaines de préoccupation particuliers. Il y a au sein des FAC et d’ACC au moins 15 organisations clés, et chacune possède ses propres processus opérationnels et offre souvent des services de transition en silos.
Actuellement, les gestionnaires de cas des FAC et d’ACC travaillent indépendamment, sans aucune coordination ou supervision officielle. Les contraintes sur le plan des ressources, notamment le nombre restreint de gestionnaires de cas disponibles dans les FAC et à ACC, causent des retards pour les entrevues et un manque d’uniformité des normes de service dans l’ensemble du pays. Actuellement, environ 10 % de tous les militaires libérés pour des raisons médicales sont considérés comme des cas complexes et reçoivent un plan de transition intégré.
Tous les militaires libérés pour des raisons médicales devraient avoir l’opportunité de planifier et de coordonner leur transition.
Il y a deux programmes de réadaptation professionnelle principaux, le Régime d’assurance-revenu militaire ou RARM et le Programme de réadaptation d’ACC. Il y a des critères d’admissibilité, des exigences d’évaluation et des avantages différents pour chacun de ces deux programmes. Un examen par un tiers est nécessaire pour prendre une décision éclairée avant de procéder à des changements.
ACC doit participer plus tôt au processus de transition afin de s’assurer que les avantages et les services sont en place au moment de la libération. Actuellement, la première participation d’ACC à ce processus est au moment de l’entrevue de transition qui a lieu après la réception de l’avis de libération, de façon générale dans les six mois précédant la libération, ce qui est trop tard.
Les services offerts par l’Unité interarmées de soutien du personnel et les Centres intégrés de soutien du personnel ne sont pas uniformes dans l’ensemble du pays, et les partenaires ne sont pas toujours colocalisés afin d’offrir des services de soutien à « guichet unique » axés sur le client. Il est important de souligner que seuls les militaires des FAC libérés pour des raisons médicales qui ont des limitations médicales à l’emploi graves sont affectés à l’UISP.
Le consentement de la personne constitue un obstacle à une transition réussie, car chaque fournisseur de service doit obtenir le consentement de la personne pour partager les renseignements. Sans ce consentement, le fournisseur de service ne peut pas partager l’information ni engager une discussion approfondie sur les besoins en matière de transition.
Pour ce qui est de la sécurité financière, dans le cadre de l’Étude sur la vie après le service militaire de 2013, on a constaté que le revenu après la libération des personnes libérées pour des raisons médicales avait diminué de 20 %. Cette constatation fait valoir l’importance de s’assurer que les avantages et les services sont en place au moment de la libération afin d’atténuer le stress financier pour les membres vulnérables des FAC et leur famille. Le délai actuel de 16 semaines pour recevoir le premier versement de la pension des Forces canadiennes est problématique, car beaucoup de militaires ne disposent pas de ressources financières suffisantes pour subsister pendant cette période d’attente.
[Français]
Parlons du soutien familial. Il n'est pas facile pour les conjoints et les enfants d'obtenir des services et d'accéder aux programmes. Si le conjoint ou la conjointe travaille à l'extérieur ou a des responsabilités en ce qui concerne le soin et la garde des enfants, ils ne seront peut-être pas disponibles pendant les heures de travail habituelles pour participer aux entrevues liées au plan de transition intégré.
[Traduction]
Au chapitre des communications, comme d’autres personnes qui ont comparu devant vous l’ont également souligné, le volume d’information qu’un militaire reçoit pendant la transition est actuellement trop abondant et peut empirer une situation qui est déjà stressante et qui entraîne de la confusion pour un militaire blessé qui ne quitte peut-être pas les FAC de plein gré.
Actuellement, il n’y a pas de point de contact unique ni de « navigateur » direct pour guider, faciliter et surveiller l’élaboration et la mise en oeuvre du plan de transition. Certains membres des FAC ne connaissent pas l’existence des CISP et des services offerts alors que d’autres hésitent encore à demander des services au CISP. Malheureusement, comme la participation au programme de SPSC n’est pas obligatoire et que les séminaires du programme sont présentés tard pendant le processus de libération, les militaires ne sont peut-être pas préparés pour leur transition.
[Français]
Pour conclure, une transition réussie pour un militaire, homme ou femme, libéré pour des raisons médicales est essentielle à son autonomie financière, à sa qualité de vie personnelle et familiale et à une meilleure santé.
[Traduction]
L’objectif de notre projet conjoint est de s’appuyer sur la culture et la philosophie militaire axée sur la mission et de veiller à ce que, grâce à des communications claires et une approche de transition intégrée, les services et les avantages soient prêts au moment de la libération.
J’espère que notre produit final sera aussi utile pour vous et la communauté des vétérans que l’a été mon rapport de 2013 sur la Nouvelle Charte des anciens combattants. Je crois qu’avec des efforts bien ciblés, du leadership et une vision, nous pouvons préparer une expérience de transition de calibre international et permettre aux militaires libérés pour des raisons médicales, ainsi qu’à leur famille, de réintégrer plus facilement la vie civile. Ils ont beaucoup à offrir aux employeurs canadiens tant sur le plan de leurs compétences, de leur expérience, de leur esprit de leadership et de leurs qualités personnelles, tout ceci acquis pendant qu’ils servaient leur pays. Investir dans la réussite de leur transition est non seulement bon pour les vétérans et leur famille, c’est également bon pour les affaires et pour la prospérité économique du Canada.
Merci beaucoup, monsieur le président.
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Merci pour cette question.
Je pense que les familles ont une grande importance. Il ne s'agit pas d'une préoccupation pour le milieu militaire. Pourtant, les gens ont des familles. Ce n'est que tout récemment que le ministère de la Défense nationale semble avoir pris conscience que les jeunes soldats ont des parents. Après qu'un soldat de 18 ou 19 ans a subi une blessure, ce sont surtout des membres de sa famille qui le soignent. Il va sans dire que les familles sont importantes. À l'heure actuelle, il ne s'en fait pas assez dans ce domaine, quoique certains mouvements s'amorcent pour apporter des améliorations.
À mon avis, ce qui est également important, c'est le fait que, même dans le cas d'un ancien combattant en santé, la transition présente un défi pour sa famille. Je ne suis pas sûr que le ministère de la Défense nationale et celui des Anciens Combattants ont en place un processus de libération et de transition pour les anciens combattants en bonne santé. C'est certainement dans ce domaine qu'il serait approprié de prendre conscience de l'existence de la famille. Le retour d'un militaire à la vie civile a des répercussions considérables sur sa famille.
J'ai été militaire pendant 37 années, au cours desquelles j'ai déménagé tous les trois ans. Nous n'avions vraiment aucun port d'attache nulle part, rien de la sorte. Quitter un tel mode de vie — et l'état militaire n'est pas un travail, mais une profession et un mode de vie — pour se retrouver dans un milieu complètement nouveau constitue tout un défi et est passablement déconcertant. Imaginez ce que ça peut être pour celui qui, de plus, souffre d'un trouble psychologique ou d'une blessure physique. C'est bien pire.
L'engagement du conjoint dans le processus de transition devrait être obligatoire. Il s'agit toujours, bien entendu, d'un choix individuel, mais il y a certainement des gens qui doivent être encouragés à faire participer leur famille au processus de transition. Je pense que nos études et l'examen que nous effectuons en ce moment avec le MDN feront probablement ressortir ce point également.