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Mesdames et messieurs, bonjour. Bienvenue à la deuxième séance du Comité permanent de l'industrie, des sciences et de la technologie de la session en cours.
Nous accueillons aujourd'hui le ministre de l'Industrie, M. James Moore. Nous entendrons également M. John Knubley, sous-ministre du ministère de l'Industrie, et M. Paul Halucha, directeur général de la Direction générale des politiques-cadres du marché.
Messieurs, je vous souhaite la bienvenue.
Nous recueillerons aussi les témoignages de M. Martin Bolduc, vice-président de la Direction générale des opérations de l'Agence des services frontaliers du Canada, ainsi que du Surintendant Eric Slinn, directeur général des Services de soutien aux opérations de la police fédérale de la Gendarmerie royale du Canada.
Nous allons maintenant entendre les déclarations des témoins. Ce sera le ministre qui commencera, mais permettez-moi d'indiquer aux nouveaux membres du comité que puisque nous changeons constamment de salle et que les horloges des salles ont toujours quelques minutes d'écart, nous allons suivre systématiquement l'heure affichée sur nos BlackBerry, car nos appareils sont tous synchronisés par la Chambre des communes. Je voulais vous le signaler au cas où que vous regardiez l'horloge qui est derrière moi.
Nous écouterons maintenant le ministre. Mesdames et messieurs, vous connaissez la procédure: les témoins feront leur déclaration et il y aura ensuite les séries de questions habituelles.
Monsieur le ministre, je vous en prie.
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Merci, monsieur le président.
Chers collègues, merci.
Tout d'abord, j'aimerais féliciter les nouveaux porte-parole de l'opposition sans oublier, bien sûr, les nouveaux membres du parti ministériel. Comme vous le savez, votre comité a pu, au fil des nombreuses années, s'attaquer à certaines des questions en matière d'orientation les plus difficiles et les plus complexes du jour. Les chefs de vos partis respectifs vous rendent honneur en vous confiant les tâches liées à l'examen de ce projet de loi, qui peut être fort complexe et technique. J'ai hâte de travailler avec vous aujourd'hui et dans l'avenir sur bon nombre de dossiers qui nous attendent.
De plus, j'ai lu les témoignages recueillis par le comité avant l'arrivée des nouveaux membres, ainsi que les débats qui ont eu lieu à la Chambre des communes. Il me semble que les points de vue s'entendent pour dire qu'il faut modifier le projet de loi. Il existe un soutien général à l'égard du texte législatif, mais je sais que l'opposition cherche à peut-être apporter quelques amendements, et les représentants du gouvernement y ont indiqué leur ouverture. J'espère que c'est de bon augure pour un processus politique qui servira bien les Canadiens.
Encore une fois, monsieur le président, j'aimerais vous remercier de m'avoir invité à vous parler du projet de loi , la , et du travail de notre gouvernement pour empêcher l'entrée des produits piratés sur le marché canadien.
Comme le comité le sait bien, notre gouvernement a travaillé ardemment à moderniser les lois du Canada relatives à la propriété intellectuelle afin de les adapter au XXIe siècle. Nous avons promis de moderniser la Loi sur le droit d'auteur et notre gouvernement a tenu sa promesse. Nous avons présenté et fait adopter un projet de loi qui établit un équilibre entre les besoins des créateurs et ceux des consommateurs, mais il ne s'agit que d'une partie de la solution recherchée.
[Français]
La mondialisation continue d'ouvrir de nouveaux marchés et de stimuler le commerce à l'échelle mondiale. Comme vous le savez, le Canada a récemment signé l'entente commerciale la plus complète de l'histoire avec l'Union européenne, qui assurera un accès préférentiel à un marché de plus de 500 millions de consommateurs et à ses 17 billions de dollars par année d'activité économique.
La technologie continue d'évoluer et a révolutionné notre façon de faire des affaires, ce qui a également rendu les échanges commerciaux plus rapides et plus sophistiqués. Le monde prend rapidement conscience de l'importance d'avoir des lois modernes, souples et efficaces pour assurer une croissance économique soutenue et créer des emplois.
[Traduction]
Nous ne nous contentons plus d'échanger des produits et des ressources avec quelques proches alliés du continent. Dans l'économie moderne de nos jours, nous faisons le commerce de biens matériels et de la propriété intellectuelle avec un plus grand nombre de pays et de personnes, et le volume de ces échanges est en hausse. L'augmentation du commerce apporte de belles occasions et retombées, mais en tentant d'optimiser ces possibilités, nous ne pouvons pas ignorer les risques accrus, notamment ceux liés au vol et à la revente de propriétés intellectuelles canadiennes. Nous avons pris des mesures nécessaires, par l'entremise de la Loi sur la modernisation du droit d'auteur, pour harmoniser les lois canadiennes sur le droit d'auteur avec les normes internationales.
Mais, comme le comité le sait bien, ayant étudié la question à plusieurs reprises, il reste du travail à faire pour veiller à ce que les biens et services qui violent les droits de propriété intellectuelle du Canada ne puissent entrer au pays aux fins de vente commerciale. En plus de nuire aux activités des entreprises canadiennes légitimes, ces biens représentent une menace pour la santé et le bien-être de nos familles.
En passant, j'ai apporté avec moi des exemples de biens contrefaits qui ont été saisis à la frontière canadienne comme des piles, des vêtements, un chandail olympique de Sidney Crosby, ainsi qu'une variété d'articles qui traversent la frontière, qui minent non seulement notre identité nationale et la propriété intellectuelle des sociétés canadiennes, mais qui créent également de graves problèmes en matière de sécurité publique. Il s'agit de disjoncteurs, de piles, de rallonges, et ainsi de suite. Ce sont des faux qui ne répondraient pas aux normes canadiennes en vigueur sur le marché.
[Français]
Notre projet de loi modifiera la Loi sur les marques de commerce et la Loi sur le droit d'auteur. Il fournira en outre aux titulaires de droits, aux agents des services frontaliers et aux organismes d'application de la loi les outils dont ils ont besoin pour travailler ensemble afin d'affronter directement la menace grandissante posée par la contrefaçon et le piratage à l'échelle internationale.
[Traduction]
De nos jours, la propriété intellectuelle est constamment exposée à des risques. Les objets contrefaits et piratés franchissent de plus en plus nos frontières et entrent sur le marché canadien. La valeur au détail des produits contrefaits saisis par la GRC a augmenté de façon constante, passant de 7,6 millions de dollars en 2005 à 38 millions de dollars en 2012. Il s'agit là d'une augmentation de 400 % en seulement sept ans et de l'argent et des emplois qui sont enlevés aux Canadiens.
Je vais vous donner des exemples de la façon dont les biens contrefaits touchent les Canadiens. Premièrement, les produits contrefaits menacent la santé et la sécurité des Canadiens. Nous ne parlons pas seulement des sacs Gucci contrefaits qui sont vendus dans la rue. Les produits piratés peuvent représenter une menace réelle dans notre vie quotidienne. Il y a eu de nombreux signalements de sacs gonflables, de dentifrice, de jouets pour enfants ainsi que d'aliments et de boissons contrefaits qui menacent la santé et la sécurité de nos familles.
Deuxièmement, les produits contrefaits ont souvent été associés au crime organisé. Les groupes criminels utilisent les profits générés par les produits piratés pour financer d'autres activités criminelles, ce qui nous inquiète tous.
Troisièmement, les produits contrefaits et piratés constituent une menace pour la croissance économique et la création d'emplois au Canada. Lorsque les fabricants de produits contrefaits volent la propriété intellectuelle à des fins commerciales, ce sont les entreprises canadiennes qui sont les plus touchées. Il ne s'agit pas seulement de la perte de revenus découlant de produits non vendus, mais aussi des dommages causés à l'intégrité de la marque. Lorsque les criminels importent des produits contrefaits et piratés au pays, ils cherchent à réaliser un profit rapide. Ils peuvent très facilement entacher la solide réputation des marques canadiennes de qualité.
[Français]
Prenons l'exemple de Canada Goose, qui s'est forgé une réputation de chef de file mondial en tant que fabricant de vêtements d'hiver de qualité. Cette entreprise a consacré de l'énergie, de l'argent et un temps précieux à la création d'une marque qui est maintenant reconnue mondialement et qui est synonyme de qualité. Cela étant dit, l'an dernier, la marque Canada Goose a été durement touchée en raison des produits contrefaits, d'une qualité inférieure, qui sont entrés au Canada.
[Traduction]
Monsieur le président, comme vous le constatez, notre gouvernement n'est pas le seul à savoir que des mesures doivent être prises. Les parties prenantes ont appuyé sans réserve le projet de loi dont nous sommes saisis. Par exemple, le vice-président du marketing global chez Canada Goose et le coprésident du Conseil canadien de la propriété intellectuelle, a indiqué que « les Canadiens ont longtemps été les victimes du commerce illicite de produits contrefaits et la est une bonne nouvelle pour les consommateurs, les entreprises et les détaillants ».
L'association Produits alimentaires et de consommation du Canada affirme que:
Les produits contrefaits représentent une menace réelle pour la santé et la sécurité des Canadiens. Leur présence sur le marché pose un risque pour les Canadiens et nuit à notre économie... nos membres félicitent le gouvernement Harper de prendre des mesures fermes et décisives pour s'attaquer aux biens contrefaits...
L'association Manufacturiers et Exportateurs du Canada « félicite le gouvernement des mesures qu'il a prises afin d'améliorer les conditions commerciales des entreprises qui investissent et qui créent des emplois ici même dans nos collectivités ».
Il est évident que ce projet de loi est nécessaire. Afin d'endiguer la propagation de la contrefaçon et du piratage, le projet de loi fournira aux titulaires de droits et aux organismes d'application de la loi du Canada les outils dont ils ont besoin pour lutter contre cette menace à la frontière et prendre des mesures contre ceux qui tirent profit du commerce de produits contrefaits et piratés.
[Français]
Plus particulièrement, le projet de loi accordera aux agents des services frontaliers le pouvoir de détenir les envois soupçonnés de contenir des produits contrefaits et d'aviser les titulaires de droits de la retenue, peu importe si les marchandises suspectes sont importées ou exportées.
[Traduction]
Il créera également un nouveau processus appelé une demande d'aide, qui permettra aux titulaires de droits de collaborer avec les agents des services frontaliers et de leur demander de détenir des envois commerciaux soupçonnés de contenir des produits contrefaits. De plus, le projet de loi fournira aux titulaires de droits de nouveaux outils leur permettant de protéger leurs propres droits de propriété intellectuelle et d'agir en justice contre les contrefacteurs. Il ajoute de nouvelles causes d'action civile qui couvrent la fabrication, la possession, l'importation, l'exportation et la tentative d'exportation de produits contrefaits à des fins commerciales. Les titulaires de droits auront ainsi la possibilité d'arrêter les contrefacteurs avant que les biens en question ne soient vendus sur le marché.
[Français]
Ces changements sont nécessaires et attendus depuis longtemps. Je tiens toutefois à préciser que ce projet de loi ne vise que les personnes qui violent les droits de propriété intellectuelle dans le but de réaliser des profits. L'utilisation de produits contrefaits à des fins personnelles ne sera pas ciblée.
[Traduction]
Le projet de loi a été créé pour répondre aux préoccupations des consommateurs et des entreprises, pour assurer la sécurité de notre économie et la santé et la sécurité des Canadiens et pour enrayer les activités criminelles qui profitent de ce commerce.
Monsieur le président, je tiens à remercier encore une fois le comité de prendre le temps d'étudier cet important projet de loi. J'invite tous les membres du comité à le retourner à la Chambre dès que possible afin que les titulaires de droits canadiens, les agents des services frontaliers et les organismes d'application de la loi disposent des outils nécessaires pour lutter contre la contrefaçon et le piratage à l'intérieur du pays et à nos frontières.
Merci beaucoup.
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Bien sûr. Je crois qu'il est évident que nous ne voulons pas seulement accorder des droits aux consommateurs. Nous disons souvent que la meilleure façon d'appuyer les consommateurs dans notre société, c'est de leur accorder davantage de pouvoirs, d'argent et de liberté dans leurs choix concernant leur façon de vivre, et ce, grâce aux allègements fiscaux, à la liberté économique et à la responsabilité personnelle, tout en protégeant les consommateurs des gens qui leur feraient du mal.
Comme je l'ai dit, j'ai ici avec moi de nombreux exemples de produits qui nuiraient aux consommateurs, surtout lorsqu'ils sont disponibles sur le marché et ressemblent de façon identique aux produits qui sont vendus par les fabricants légitimes. Par exemple, moi-même, en tant qu'ancien ministre responsable des Olympiques, je suis d'avis que n'importe qui qui verrait ce chandail dans une boutique penserait qu'il ressemble exactement à l'objet réel. Même le toucher est pareil. Le tissu est le même, les chiffres sont en sergé et tout est comme il se doit, mais ce sont des biens contrefaits, des faux, que nous retrouvons sur le marché et nos consommateurs se font avoir.
Les contrefacteurs visent de grandes marques canadiennes et leur font du tort. Il ne s'agit pas seulement d'une question d'identité nationale, il me semble, car lorsque des entreprises comme Canada Goose et d'autres voient leurs produits copiés, lorsque des consommateurs achètent ces produits et les utilisent, et il y a des défaillances, les consommateurs en parlent à leurs amis et aux amis de leurs amis, leur déconseillant des produits parce qu'ils sont défectueux. C'est l'économie qui en souffre.
Dans le dossier de la protection des consommateurs, nous avons entendu des histoires, certaines provenant du Canada et d'autres pays, concernant des dentifrices insalubres et des jouets qui contiennent du plomb. La nécessité de lutter contre la contrefaçon est évidente, et c'est la raison pour laquelle vous êtes saisis du projet de loi: les gens dont les droits sont violés auront des moyens afin de protéger la propriété intellectuelle violée sur le marché.
Pour ce qui est des intérêts des consommateurs généraux, je crois que les mérites du projet de loi sont évidents.