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Bonjour mesdames et messieurs.
Bonjour à tous. Bienvenue à la 22e séance du Comité permanent de l'industrie, des sciences et de la technologie. Conformément à l'article 108(2) du Règlement, nous poursuivons notre étude de l'objet des articles 175 à 192, Agence de promotion économique du Canada Atlantique et Société d'expansion du Cap-Breton; 239 à 241, Loi sur les télécommunications; 317 à 368, modifications liées aux traités internationaux sur les marques de commerce; et 369-370, mesures de réduction des postes pourvus par le gouverneur en conseil, du projet de loi C-31, loi portant exécution de certaines dispositions du budget déposé au Parlement le 11 février 2014 et mettant en oeuvre d'autres mesures.
Nous avons parmi nous aujourd'hui M. Steve Anderson, directeur exécutif de OpenMedia.ca. Nous avons aussi John Lawford, directeur exécutif et avocat général, du Centre pour la défense de l'intérêt public et Geoffrey White, avocat. M. Lawford représente également l'Association des consommateurs du Canada.
Monsieur Anderson, veuillez procéder à votre déclaration préliminaire, et nous passerons ensuite à M. Lawford.
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Je vous remercie de m'avoir donné l'occasion de m'exprimer sur le projet de loi .
Je m'appelle Steve Anderson, et je suis directeur exécutif de OpenMedia.ca. Nous avons été créés en 2008. Nous sommes une organisation de participation civique qui s'attache à préserver le caractère ouvert du réseau Internet. Pour ceux et celles qui ne nous connaissent pas, OpenMedia.ca est sans doute surtout connu pour sa campagne Stop The Meter, arrêtez le compteur, qui a mobilisé plus d'un demi-million de Canadiens contre la facturation Internet en fonction de la consommation. Il s'agit de la campagne la plus vaste qui ait été menée en ligne dans l'histoire canadienne. En plus de notre travail de participation civique, nous participons régulièrement à des processus d'élaboration de politiques et nous produisons des rapports sur les politiques.
Mes commentaires aujourd'hui porteront sur les articles 239 à 241, qui se rapportent à la Loi sur les télécommunications.
Je commencerai par vous donner un peu de contexte. Les Canadiens sont indignés d'avoir à payer des tarifs parmi les plus élevés du monde industrialisé pour les services de téléphonie mobile. Le Canada est au nombre des 10 pays membres de l'OCDE les plus chers dans pratiquement toutes les catégories, et parmi les trois pays les plus chers pour plusieurs plans ordinaires se limitant à la transmission de données. Nous nous classons avant-derniers pour la tarification, alors que les exploitants canadiens occupent le quatrième rang parmi les pays de l'OCDE pour les revenus découlant de la téléphonie mobile. L'utilisation des appareils mobiles augmente partout dans le monde, mais les revenus de l'entreprise par abonné sont uniquement en train d'augmenter en Amérique du Nord, et plus particulièrement au Canada.
L'an dernier, OpenMedia.ca a fait paraître ses constatations dans un rapport intitulé « Time for an Upgrade », ou Demandez un choix, qui révélait que les Canadiens sont systématiquement maltraités par les trois grands fournisseurs de téléphonie cellulaire du pays. C'est dans le manque de choix que résident nos maux. Le Bureau de la concurrence a examiné le marché sans fil pour une présentation au CRTC un peu plus tôt cette année et a trouvé que les fournisseurs sans fil titulaires avaient une grande puissance commerciale, ce qui est assimilé à « la capacité d’une entreprise ou d’entreprises de maintenir de manière rentable les prix au-delà de leur niveau concurrentiel ».
Les mauvais traitements et les prix élevés persistent parce que nous avons trois grands conglomérats titulaires, Bell, Rogers et Telus, qui contrôlent plus de 90 % du marché. Les trois géants ont atteint ce degré oligarchique de puissance parce qu'ils contrôlent plus de 85 % des fréquences disponibles. La plupart de ces fréquences leur ont été cédées gratuitement. Les fréquences, bien entendu, constituent l'autoroute numérique que les fournisseurs de téléphones cellulaires utilisent pour fournir leurs services sans fil.
Je sais que le gouvernement et les partis de l'opposition reconnaissent ces faits et qu'ils se sont engagés à remettre en état notre marché brisé de la téléphonie cellulaire. Or, malgré quelques mesures positives adoptées par le CRTC et le gouvernement pour respecter ces engagements, les prix n'ont fait qu'augmenter pour l'instant. En fait, chacun des fournisseurs a rehaussé ses tarifs au mois de mars.
En 2008, lors de la vente aux enchères des fréquences réservées aux SSFE, le gouvernement a veillé à donner de nouveaux choix aux Canadiens pour les services de téléphonie cellulaire en attribuant des fréquences à de nouvelles entreprises. Ces nouvelles entreprises n'ont néanmoins pas eu le soutien qu'il leur fallait du côté de la réglementation pour pouvoir s'insérer dans le marché de manière viable. Et depuis que Telus a récemment pris le contrôle du fournisseur indépendant Public Mobile, les Canadiens ont désormais moins de choix qu'il y a un an.
Je vais passer maintenant au plafonnement des frais d'itinérance qui est prévu dans la loi.
Les dispositions sur le plafonnement des frais d'itinérance dans le projet de loi sont une mesure provisoire que nous accueillons favorablement. Les mesures prévues dans le projet de loi feront en sorte que les trois grands fournisseurs ne pourront pas percevoir de leurs nouveaux concurrents plus d'argent pour les frais d'itinérance qu'ils n'en perçoivent de leurs propres clients. La mesure est favorablement accueillie, car, comme le ministre de l'Industrie l'a fait constater, les trois grands titulaires perçoivent parfois des nouveaux arrivants des tarifs 10 fois supérieurs à ceux qu'ils perçoivent de leurs propres clients ». Il est tout à fait impossible pour un fournisseur indépendant de rester dans la course dans ces conditions.
Soyons clairs, il ne s'agit pas de réguler directement les frais d'itinérance que paient les Canadiens, mais plutôt le coût que les fournisseurs indépendants de téléphonie cellulaire versent pour utiliser l'infrastructure des fréquences des trois grands titulaires. Si les mesures prévues dans ce projet de loi n'encadrent pas directement les services au détail, elles devraient par contre commencer à niveler le terrain entre les titulaires et les nouveaux arrivants, et avoir ainsi un effet modeste en aval se traduisant par une diminution des prix pour les Canadiens. Ces mesures devraient également augmenter les chances que les fournisseurs indépendants de téléphonie cellulaire ont de survivre et de demeurer disponibles pour les clients des téléphones sans fil.
J'ai commencé par souligner qu'il s'agit d'une mesure provisoire favorable parce que, dans un premier temps, le projet de loi ne traite que d'un des nombreux obstacles injustes qui s'opposent à un choix réel dans le domaine de la téléphonie cellulaire et que, dans un deuxième temps, il limite tout simplement l'inflation des coûts pour les nouveaux arrivants afin de rendre service aux Canadiens au lieu d'aller jusqu'au bout et de veiller à ce que tous les intéressés aient à payer des coûts de base identiques pour la prestation des services.
Si les coûts d'infrastructure sont établis en fonction des revenus découlant de la vente au détail, les nouveaux arrivants finissent essentiellement par payer pour le coût de l'accès, sans parler d'autres facteurs qui entrent en jeu dans le prix de vente, dont le coût de la publicité, de l'image de marque et de la promotion; la subvention des dispositifs; le service à la clientèle; le travail lié à la vente, aux aspects juridiques et à la réglementation; les opérations de réseau; et bien plus encore. S'il est vrai que le plafonnement est une mesure utile dans la bonne direction, il demeure que les nouveaux arrivants ne devraient pas subventionner les trois géants à long terme.
Pour avoir un terrain de jeu vraiment égal pour les services et l'innovation en matière de téléphonie cellulaire, l'infrastructure doit être disponible à des taux fondés sur les coûts. Heureusement, le CRTC est également en train d'étudier les accords d'itinérance. Je m'attends à ce que le CRTC établisse des tarifs fondés sur les coûts pour l'itinérance, comme il a passablement réussi à faire pour les services de télécommunication filaires. S'il n'établit pas des tarifs fondés sur les coûts, je crains qu'il appartiendra au gouvernement de prendre des mesures ultérieures à ce chapitre.
J'aimerais souligner, pour finir ici...
Oui?
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Merci, monsieur le président.
Monsieur le président, mesdames et messieurs, je m'appelle John Lawford, je suis directeur exécutif et avocat général du Centre pour la défense de l'intérêt public, et je témoigne aujourd'hui au nom du centre, mais aussi de l'Association des consommateurs du Canada. Je suis accompagné par Geoffrey White, avocat du Centre pour la défense de l'intérêt public.
Nous sommes heureux de présenter nos commentaires sur les modifications que l'on propose d'apporter à la Loi sur les télécommunications afin de fixer le montant maximal qu'un exploitant canadien de services sans fil peut percevoir d'un autre exploitant canadien pour les frais d'itinérance. Notre message principal aujourd'hui c'est qu'il est nécessaire et positif d'aborder les défis qui continuent à se poser pour la concurrence dans le domaine sans fil, en partie au moyen du règlement sur le taux de vente de gros, qu'une partie de ce projet de loi cherche à faire. Nous avons cependant quatre points précis que nous voudrions soulever au sujet de ce projet de loi.
Premièrement, les frais d'itinérance perçus pour la vente de gros ont une incidence directe sur la manière dont les Canadiens choisissent et utilisent leurs dispositifs sans fil, et affectent par conséquent la concurrence. Deuxièmement, les frais d'itinérance extrêmement élevés perçus des détaillants nationaux vont à l'encontre de l'objectif qui est de promouvoir la concurrence dans le secteur sans fil, et nous sommes donc partisans des efforts qui cherchent à contrer cette menace. Troisièmement, et bien que ce soit un pas dans la bonne direction, la formule de calcul des tarifs proposée dans le projet de loi, garde temporairement les mêmes prix élevés que les titulaires peuvent percevoir de leurs propres abonnés. Quatrièmement, la modification est un fait exceptionnel, qui ne devrait pas être répété, car il pourrait compromettre l'autorité du CRTC.
Geoff.
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Pour ce qui est du premier point et de la manière dont les frais d'itinérance perçus par les ventes de gros affectent la façon dont les Canadiens choisissent et utilisent leurs dispositifs sans fil et peuvent par conséquent affecter la concurrence au niveau de la vente au détail, où des frais d'itinérance exorbitants sont perçus par les grossistes, ou des conditions restrictives sont imposées par un exploitant à un autre, ces frais sont inévitablement passés aux consommateurs à titre de frais de vente au détail. Les consommateurs canadiens, de leur côté, sont plus réticents à s'abonner à tel ou tel fournisseur si les frais d'itinérance sont élevés pour les communications à l'intérieur du pays. Le règlement sur le tarif de gros est censé régler ce problème.
Notre deuxième point, c'est que les frais d'itinérance élevés ont été à l'encontre de l'objectif de promouvoir la concurrence dans le domaine des services sans fil, et que nous accueillons donc favorablement des mesures susceptibles de contrer cette menace. Comme le commissaire de la concurrence a récemment fait valoir, les fournisseurs de services titulaires ont « la puissance commerciale », et les marchés sont « caractérisés par d’autres facteurs qui, lorsqu’ils sont combinés à cette forte concentration et à ces importants obstacles à l’entrée et à l’expansion, créent un risque d’interaction coordonnée dans ces marchés ». Le problème s'est avéré très palpable depuis ces dernières années où les petits concurrents devaient verser des frais d'itinérance déraisonnables et maintes fois plus élevés que les tarifs que les trois géants percevaient entre eux pour les services d'itinérance, et supérieurs également aux tarifs que même les concurrents plus modestes pouvaient obtenir des principales entreprises américaines pour les frais d'itinérance aux États-Unis.
C'est donc à juste titre que le CRTC vient de tenir une audience publique en vue d'établir si les tarifs de gros pour les frais d'itinérance sont injustement discriminatoires aux termes de la Loi sur les télécommunications. Le CRTC est par ailleurs en plein milieu d'un autre processus de consultation sur d'autres questions générales touchant la concurrence dans le domaine du sans-fil, dont les ententes de partage de tours et de réseaux.
John.
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Nous voulons d'abord faire valoir que, bien qu'il s'agisse d'un pas dans la bonne direction pour des frais d'itinérance plus justes, la formule de calcul des tarifs préconisée dans le projet de loi ne s'appliquera pas aux prix élevés que les titulaires peuvent percevoir de leurs propres abonnés en raison de leur puissance commerciale.
Les organes de réglementation des télécommunications peuvent établir des tarifs de gros de diverses façons. Le projet de loi propose quant à lui d'appliquer tout simplement les tarifs moyens de ventes au détail à la vente en gros. Il s'agirait à toutes fins pratiques de faire en sorte que les tarifs que le titulaire perçoit de ses propres abonnés deviennent les tarifs de gros que les concurrents devront verser pour que leurs clients puissent utiliser les réseaux des titulaires.
C'est un moyen relativement rudimentaire de se rapprocher des tarifs actuellement en vigueur pour la transmission de la voix, de textes ou de données, mais ce que cela ne fait pas et ce que le CRTC fera lors d'un processus ouvert et public c'est d'évaluer si le tarif actuel est juste aux termes de la Loi sur les télécommunications à la lumière du pouvoir que les titulaires détiennent sur le marché.
Nous reconnaissons toutefois que cette approche pourrait être acceptable en attendant, étant donné l'urgence et l'importance de la question, pendant que les trois géants se replient et les concurrents restants continuent à lutter ou se demandent s'il vaut vraiment la peine de tenter de se faire une place dans le marché national.
Notre quatrième point porte sur la modification de la Loi sur les télécommunications avant que le CRTC n'ait achevé son examen, ce qui n'est pas la meilleure manière d'obtenir le résultat recherché. Nous aurions préféré que le gouvernement laisse le CRTC s'acquitter de son mandat qui consiste à fixer les tarifs et à réglementer le marché des services sans fil. Or, tout en comprenant le pourquoi de cette approche face à la situation du marché que nous avons décrite dans notre premier point, nous espérons que l'adoption de modifications ciblées et rapides en l'absence d'un examen complet des organismes de réglementation ne devienne pas une pratique courante, car cela pourrait finir par compromettre l'autorité du CRTC.
Voilà pour nos remarques, monsieur le président. Merci.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Je remercie les témoins d'être présents parmi nous aujourd'hui.
Le premier aspect sur lequel j'aimerais me prononcer, ce sont les conditions dans lesquelles nous examinons cet enjeu très important. C'est le Comité permanent des finances qui nous a demandé d'examiner cet enjeu, mais malheureusement, nous ne pouvons pas l'examiner de façon plus approfondie et séparé du projet de loi omnibus, ni présenter d'amendements. C'est vraiment déplorable.
Je vous remercie quand même d'être venus nous rencontrer et de nous faire bénéficier de votre point de vue.
Il est ressorti de la seule heure que nous avons consacrée à la discussion de cet enjeu avec les fonctionnaires du gouvernement et, surtout, des consultations que nous avons menées à l'extérieur du comité, que ce problème est loin d'être facile à régler. Dans le marché canadien, il y a des disparités dans les coûts des services offerts aux consommateurs. Dans certaines provinces, les coûts sont plus avantageux. Parfois, le fait d'avoir un prix plus bas n'amène pas nécessairement un service de qualité. Il y a des exemples probants à travers le monde à cet égard. J'aimerais entendre vos commentaires là-dessus.
Pouvez-vous parler de la situation au Canada? Quelle serait votre priorité, que ce soit par rapport à la qualité du service ou par rapport au prix? En fin de compte, sur le marché canadien, ces deux aspects sont-ils compatibles?
J'aimerais ajouter que nous sommes en train de composer avec l'apprentissage tiré de la vente aux enchères des fréquences en 2008, où l'organisme de réglementation a reconnu la nécessité d'adopter des mesures précises pour favoriser la concurrence, à savoir des services d'itinérance et le partage de tours, mandatés dans les deux cas. Nous en avons tiré un apprentissage en plus de constater que le processus ne se déroulait pas assez rapidement pour permettre aux nouveaux arrivants de réaliser leur plein potentiel. Nous avons constaté du positif du côté de la tarification dans les marchés où il y avait un quatrième intervenant, et pas seulement sur le plan du coût ou du coût modique nécessairement. Il s'agit de supprimer les obstacles à l'entrée afin que ces intervenants plus novateurs et les régions également puissent ajouter cette quatrième place concurrentielle pour faire réagir les titulaires.
J'affirme donc que les prix étaient manifestement meilleurs sur les marchés à quatre joueurs et je finirai sur cela. Quand les nouveaux sont arrivés, on les a vu offrir des plans illimités pour la transmission de la voix et de textes. Les trois géants y ont réagi en créant des marques dérivées et proposant des offres analogues. C'est la preuve qu'il ne s'agit pas seulement de coût; il s'agit de choix concurrentiels.
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Merci beaucoup monsieur le président.
Je tiens à remercier tous nos témoins. Nous apprécions énormément votre présence.
J'aimerais reprendre les commentaires que vous avez faits tous les deux en ce qui a trait aux travaux qui sont en cours au CRTC et à Industrie Canada.
Mais je ne peux m'empêcher de vous consacrer mon premier commentaire, John Lawford, car votre citation de la politique sur le domaine sans fil que j'ai ici c'est bien la politique du Canada sur le sans-fil, c'est apparemment la politique d'Industrie Canada en la matière, qui « augmentera l'investissement dans les réseaux sans fil et fera baisser les prix ».
Pourriez-vous juste prendre un moment pour vous étendre là-dessus? La nouvelle est excellente pour nous tous, et j'aimerais bien en savoir davantage.
Nous disions donc que le CRTC a mené une analyse pour déterminer ce que les titulaires facturent à leurs petits concurrents et aux acteurs régionaux pour cette itinérance. Nous avons découvert que les titulaires facturent jusqu'à 10 fois plus, et même parfois plus encore, pour ce service essentiel, pour cette fonction qui vous sert quand vous quittez votre domicile pour voyager ailleurs au Canada.
Le CRTC a suivi deux processus, et nous affirmions dans notre allocution que le CRTC est un organisme de réglementation expert dans ce domaine. Il dispose de tous les faits. Il a de l'expérience dans ce type d'établissement de prix de gros et de taux et de référence. C'est un processus très détaillé, et le projet de loi indique bien que ces modifications tomberont d'elles-mêmes dès que le CRTC terminera son travail et tirera une conclusion différente.
Donc c'est ce que nous affirmons, que nous nous attendons à ce que le CRTC produise les bons résultats.
Je crois qu'on nous demandait si nous pensons que ce projet de loi résoudra le problème face à la concurrence du sans fil et face au pouvoir de marché des titulaires. Je crois qu'on peut répondre tout de suite que non. Nous recommandons que le processus du CRTC, qui a une bien plus grande portée et qui est mené par un organisme de réglementation expert qui dispose de tous les faits... selon nous, ces processus, eux, réussiront à résoudre les problèmes plus généraux.
De plus, nous ne pensons pas qu'une orientation politique soit nécessaire. Le CRTC dispose de tous les outils qu'il lui faut. Nous pourrions discuter de cela. Nous pourrions en discuter sans fin, mais on trouve dans la Loi sur les télécommunications, aux articles 24 et 27, des dispositions sur la discrimination indue et sur les taux équitables et raisonnables. Le CRTC dispose déjà de ces outils et s'en sert pour résoudre ce problème.
Donc en résumé, non, ces mesures ne résoudront pas tous les problèmes, mais nous les apprécions en attendant.
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Merci, monsieur le président.
Je comprends la question de ma collègue Judy Sgro, et je pense que personne ici ne s'imagine que l'on puisse, monsieur le président, régler ce problème en y apportant une solution unique. Tout le monde aujourd'hui s'entendait sur le fait que les prix de la téléphonie mobile sont trop élevés et que nous devrions encourager la concurrence. Nous ne pouvons pas appliquer une solution unique à ce problème, mais si je comprends bien, nous semblons être d'avis qu'il s'agit d'une solution parmi plusieurs autres et que nous nous dirigeons dans la bonne direction. Le fait est, monsieur Lawford, qu'un de vos collègues, M. Bruce Cran de l'Association des consommateurs du Canada, a dit:
Les Canadiens paient trop pour leurs services de téléphonie mobile parce que ce marché n'est pas assez concurrentiel au niveau national....
Et il ajoute:
Nous appuyons la politique du gouvernement du Canada sur la courbe de spectre parce qu'elle vise à créer cette concurrence terriblement nécessaire dans le marché du sans fil au Canada.
Êtes-vous aussi d'accord avec lui?
Monsieur Anderson, vous avez aussi parlé de ce besoin de créer de la concurrence et des prix élevés des services mobiles. Vous avez dit que les prix élevés des services mobiles pèsent très lourd sur la création d'emplois et d'occasions économiques partout au pays. Je suis sûr que vous soutenez votre affirmation et que vous êtes d'accord avec le gouvernement, dont la grande priorité est de renforcer l'économie, créer de l'emploi, créer une économie prospère et concurrentielle. Vous êtes d'avis que la réduction des taux de services mobiles contribueront à cela?
Vous savez que le gouvernement a injecté des millions de dollars dans l'infrastructure et qu'il crée à l'heure actuelle un milieu plus concurrentiel qui réduira les prix pour les Canadiens. Vous êtes d'accord que nous nous dirigeons ainsi dans la bonne direction, n'est-ce pas? Comme vous l'avez souligné, nous n'avons pas encore tout fait. Nous pouvons en faire plus, mais êtes-vous d'accord que nous nous dirigeons dans la bonne direction?
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Merci, monsieur le président.
Merci d'être venus. Je suis heureux de vous revoir.
Nous avons beaucoup discuté de cela, John, déjà je crois.
C'est un problème très ardu, n'est-ce pas? Quand nous pensons à la manière traditionnelle dont la société Bell Canada, comme vous l'avez dit dans votre allocution, s'est installée partout au pays, on pensait que quand on la privatiserait, quand on l'ouvrirait, elle pourrait fonctionner comme un monopole qui appartiendrait vraiment aux Canadiens. Maintenant en réalité, nous prenons toute cette infrastructure et nous forçons les entreprises à la partager. Le problème se complique parce que maintenant ces entreprises deviennent des sociétés ouvertes qui utilisent l'argent des pensions et des placements d'un grand nombre de personnes. La situation est vraiment très difficile quand on essaie de déterminer ce qui est équitable et ce qui ne l'est pas.
À ce problème s'ajoute la géographie. Nous parlions de l'Irlande. Évidemment, elle n'a que la taille, je ne sais pas, du Nouveau-Brunswick avec une population qui est la moitié de celle du Canada. Cela s'applique à bien d'autres pays. Ils n'ont pas nos gros hivers. Il est très difficile de faire cela dans notre pays.
D'abord, est-ce que nous nous sommes trompés, est-ce que nous avons mal installé Bell? Avons-nous fixé de mauvaises règles à ce moment-là et maintenant nous essayons d'y apporter des solutions temporaires? Si nous voulons attirer de nouvelles entreprises, il faut qu'elles puissent faire des profits. D'un autre côté, nous ne pouvons pas voler les profits légitimes de sociétés qui ont versé l'argent de leurs actionnaires...
Où se trouve l'équilibre? Je suppose que c'est ce que nous examinons. Pourriez-vous peut-être commenter là-dessus?
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Je pense que personne n'envisage, en prenant cette mesure ou en appliquant n'importe quelle autre politique gouvernementale, d'exproprier les fonds légitimes que des sociétés ont injectés. Selon moi, la société Bell Canada voulait sortir de la réglementation et devenir autonome déjà pendant les années 1970 ou 1980 de toute façon.
L'essentiel, c'est qu'à un certain moment, si les taux de sans fil sont trop élevés, vous retardez la croissance générale de l'économie canadienne. Voilà ce qui devrait vous préoccuper. Nous lisons des rapports de l'OCDE et autres qui indiquent que les prix au Canada sont élevés par rapport à ceux du reste du monde, ce qui nuit à toute l'économie du pays.
Nous désirons simplement créer un peu de concurrence — ce projet de loi serait une façon d'y parvenir un peu plus rapidement — et essayer d'en créer juste assez pour faire baisser les prix à un niveau qui stimulera l'économie et qui sera équitable pour les consommateurs. Selon nous, s'ils descendent plus bas que cela, le CRTC ne les laissera pas tomber à un point où les titulaires doivent confisquer des coûts irrécupérables.
J'apprécie beaucoup votre présence ici, messieurs.
J'aimerais dire un mot à propos des régions, à ce sujet, car si nous voulons que le Canada demeure concurrentiel sur le marché, les régions doivent l'être également. Cela signifie que nous avons besoin de fibre optique, de haute vitesse et de services compétitifs de téléphonie mobile. Lorsque j'examine tous les coûts reliés au partage des pylônes d'antennes et à l'accès aux poteaux, je me rappelle que dans les années 1990, nous pensions déréglementer le marché pour que les choses se fassent librement, mais ce n'est pas ce qui s'est passé. Il doit y avoir un acteur — faisant figure d'arbitre — qui insiste pour que les grosses entreprises laissent entrer les plus petites dans les régions, parce qu'il n'est pas viable économiquement de créer sa propre infrastructure ou de payer des frais d'accès scandaleux.
Quel rôle croyez-vous que le CRTC pourrait jouer en 2014 pour assurer que nous pourrons attirer quelques concurrents dans les régions?
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Je trouve intéressant que nous parlions d'entreprises de l'extérieur qui viennent au Canada — et nous attendons toujours le grand sauveur des télécommunications qui n'est jamais venu — mais je pense également aux petites entreprises locales qui veulent une part du gâteau et à la difficulté qu'elles éprouvent à entrer sur un marché plus vaste.
Dans ma région, Ontera a mis en place de nombreuses infrastructures non rentables et maintenant les libéraux provinciaux les ont vendues à rabais à Bell. Lorsque je parle avec de plus petits concurrents qui sont très intéressés à prendre de l'expansion et à concurrencer les autres, ils me disent: « Si Maman Bell détient toute l'infrastructure, est-ce même possible pour nous d'être compétitifs et d'offrir une alternative? » Nous avions là une entreprise provinciale qui desservait les régions. Si nous vendons les infrastructures de ces petits concurrents à la grosse Maman Bell sans autorité de régulation pour assurer que ces petits joueurs aient droit à leur part, notre situation s'est peut-être empirée.
Vous dites que vous attendez le rapport du CRTC, et ils font un travail formidable, mais pensez-vous qu'on devrait leur accorder plus de pouvoir afin qu'ils puissent... Enfin, je veux dire que Bell n'a aucun intérêt à laisser entrer les petits concurrents.
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D'accord, chers collègues, nous sommes de nouveau en séance publique.
Nous avons deux groupes de témoins avec nous: Mme Janet Fuhrer, deuxième vice-présidente de l'Association du Barreau canadien et M. Mark Eisen, trésorier et ancien président de l'Institut de la propriété intellectuelle du Canada, ainsi que M. Michel Gérin, directeur général.
Nous débuterons avec l'Institut de la propriété intellectuelle, car je crois que nous attendons des copies d'observations de l'Association du Barreau canadien.
Veuillez commencer et tentez de limiter votre exposé à cinq minutes.
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Merci, monsieur le président.
Bon après-midi et merci de nous donner l'occasion de témoigner devant vous, aujourd'hui.
Je suis Michel Gérin, directeur général de l'IPIC. Je suis accompagné de Mark Eisen, un de nos anciens présidents, qui est de retour au sein de notre conseil d'administration étant donné que notre ancien trésorier vient d'être nommé à la Cour fédérale.
L'Institut de la propriété intellectuelle du Canada est l'association professionnelle des agents de marques de commerce, des agents de brevets et des avocats en propriété intellectuelle. Il compte plus de 1 700 membres.
M. Eisen va maintenant vous exposer certains de nos commentaires relatifs au projet de loi.
Je vous remercie de me donner l'occasion de m'adresser à vous aujourd'hui.
Je suis avocat et j'ai été reçu au Barreau, en Ontario, en 1985. J'ai obtenu une certification du Barreau du Haut-Canada à titre de spécialiste du droit de la propriété intellectuelle. Je suis un agent de brevets enregistré et agent des marques de commerce agréé; je dépose et poursuis des demandes de marques de commerce au Bureau canadien des marques de commerce depuis 1985.
Nous avons étudié ce projet de loi et considérons qu'il comporte de nombreux aspects positifs. Plusieurs d'entre eux sont assez détaillés et le temps qui nous est accordé ne permet pas d'entrer dans les détails; mais par exemple, la correction des erreurs évidentes dans le registre, la simplification des procédures d'enregistrement des transferts de titre, et ainsi de suite, sont toutes de très bonnes choses.
Je suis ici principalement pour discuter d'un sujet important, soit l'abolition de l'exigence qu'une marque de commerce soit utilisée avant qu'elle devienne une marque déposée canadienne. Cette mesure a pour effet d'alourdir le registre avec du bois mort. Essentiellement, l'Institut de la propriété intellectuelle croit que davantage de consultations sont requises et que les modifications ne devraient pas être adoptées dans un tel projet de loi sans consultations plus approfondies. Cependant, si les amendements sont adoptés, l'IPIC recommande de créer d'autres amendements mettant en place des mesures de protection, afin d'éviter d'alourdir le registre de marques de commerce non utilisées au Canada.
Actuellement, un requérant qui finit par ne pas utiliser sa marque de commerce et qui par conséquent, ne peut déposer une déclaration d'utilisation, abandonne sa demande. En vertu des amendements proposés, cette marque de commerce sera déposée.
Pourquoi voulons-nous éviter d'encombrer le registre des marques?
Eh bien, voici comment se déroule une journée typique dans nos bureaux. Un client vient nous consulter car son entreprise a un nouveau produit à lancer. Ils ont choisi un ou plusieurs noms de marque pour ce produit. Le nom de marque que l'entreprise choisira servira à la promotion et à la mise en marché. Il apparaîtra sur les emballages. Ils peuvent acquérir un nom de domaine. À la fin, ils feront une demande pour faire enregistrer la marque.
Avant de passer à toutes ces étapes, ils doivent faire approuver la marque. La première place à visiter est le Bureau canadien des marques de commerce. Des chercheurs professionnels de marques de commerce passent en revue les marques de produits similaires, afin de repérer des possibilités de conflits. J'obtiens ensuite le résultat de cette recherche, puis je détermine s'il existe une marque qui pourrait porter à confusion. Si j'émets un avis favorable, l'entreprise va de l'avant avec le nom de marque. Si au contraire, je dis qu'il y a possibilité de conflit, ils doivent repartir à zéro. Parfois, plusieurs recherches sont nécessaires avant que l'entreprise trouve un nom de marque qui à la fois satisfait ses besoins commerciaux et n'entre pas en conflit avec une marque existante.
Ceci entraîne des coûts substantiels. Il y a les coûts reliés à l'approbation du nom de la marque, qui augmentent avec le nombre de marques inscrites dans le registre. C'est parfait si l'économie est florissante et que toutes ces marques de commerce sont utilisées. Mais les amendements proposés, malheureusement, feront qu'un grand nombre de marques inutilisées au Canada resteront dans le registre. Du point de vue de l'IPIC, ceci impose un fardeau inutile aux entreprises canadiennes qui désirent lancer de nouveaux produits.
Nous avons proposé trois recommandations pour atténuer le problème.
La première, qui est incluse dans notre soumission, est de fournir une définition de l'expression « projeter d'employer ». Que veut dire le demandeur lorsqu'il affirme avoir l'intention d'utiliser une marque de commerce? Cela signifie-t-il « nous l'utiliserons peut-être un jour au Canada » ou « nous avons véritablement l'intention d'utiliser cette marque de commerce au Canada dans un avenir rapproché »?
La seconde est une recommandation reliée à la première. Le demandeur doit déclarer son intention véritable quant à l'utilisation de la marque de commerce et s'engager à l'utiliser, en affirmant fermement ses intentions.
La dernière fait figure de mesure de protection, post-inscription; les entreprises inscrites devraient être tenues de déposer périodiquement des preuves d'emploi de la marque de commerce sur le marché canadien. Aux États-Unis, l'article 8 de la loi oblige le demandeur à déposer une déclaration d'utilisation entre la cinquième et la sixième année, puis à chaque renouvellement, tous les dix ans.
Voilà nos propositions en ce qui a trait à la mise en œuvre de la législation, dans le cas où ces dispositions sont adoptées.
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Monsieur le président, chers membres, je vous remercie de nous avoir invités à prendre la parole aujourd'hui.
L'Association du Barreau canadien est un regroupement national de 37 500 avocats, notaires, professeurs de droit et étudiants. Un grand nombre de nos membres sont des conseillers juridiques internes qui représentent des acteurs importants du système de propriété intellectuelle. La section nationale du droit de la propriété intellectuelle de l'ABC s'occupe des lois et des pratiques se rapportant à tous les aspects de la propriété, de la concession de licences, du transfert et de la protection de la propriété intellectuelle.
La loi canadienne sur les marques de commerce est respectée à l'échelle internationale, car elle est efficace pour protéger les droits des détenteurs de marques. Une exigence fondamentale du système de marques établit que la marque doit être en usage avant que son détenteur en obtienne les droits exclusifs. Cette exigence constitue la pierre angulaire de la loi canadienne sur les marques depuis que la première loi a été adoptée, en 1868.
Les articles du projet de loi qui reflètent la modification apportée — soit l'élimination de l'exigence de déclaration d'emploi — englobent l'article 330, lequel influe sur l'article 16 de la Loi sur les marques de commerce en ce qui a trait au droit à l'inscription, l'article 339, qui modifie l'article 30 portant sur la teneur des demandes et l'article 345, qui retire de l'article 40 l'exigence de déposer une déclaration d'utilisation. Mais il ne s'agit pas uniquement d'éliminer un formulaire. Ces articles abordent de façon holistique l'exigence d'emploi, tel que l'a expliqué M. Eisen.
L'un des points que nous voulons souligner est que l'élimination de l'exigence d'emploi n'est certainement pas un prérequis dans les trois traités qui seront mis en œuvre par le projet de loi — soit le Protocole de Madrid, la Classification de Nice et le Traité de Singapour. En fait, le Traité de Singapour suggère de maintenir ou d'ajouter une exigence d'emploi dans les pays qui ont adopté ce traité.
Les amendements proposés auront des effets négatifs sur les entreprises canadiennes à maints égards. Nous en avons décrit sept dans notre soumission. D'abord, tel que mentionné par M. Eisen, le registre des marques sera encombré d'inscriptions qui ne reflètent plus la réalité du marché — n'indiquant plus un motif d'utilisation et une date, tel qu'exigé actuellement si la marque a été utilisée. Le manque d'informations utiles rendra l'étape d'approbation de la marque plus difficile, comme l'a précisé M. Eisen. Il devient ainsi plus difficile de procurer des conseils significatifs, par exemple, sur les chances de succès d'une entreprise canadienne dans les cas de contrefaçon ou de tromperie commerciale.
Sans cette exigence de déclaration d'emploi pour les requérants, davantage de procédures d'opposition — ce sont des procédures qui peuvent survenir dans le cadre du dépôt d'une marque de commerce — seront requises pour protéger les intérêts des détenteurs de marques.
Il y a un risque réel d'attirer les « squatteurs » ou les chasseurs de marques. Industrie Canada a mené une consultation récemment sur le besoin d'instaurer des mesures pour gérer le phénomène des chasseurs de brevets. Malheureusement, cette législation crée la possibilité d'attirer les chasseurs ou les squatteurs de marques. Il suffit de penser aux difficultés que créent les cybersquatteurs qui enregistrent des noms de domaine en association avec un site Web.
Bien que les inscriptions de marques inactives peuvent être annulées ou supprimées sommairement en vertu de l'article 45 de la Loi sur les marques de commerce, ceci n'est autorisé que trois ans après l'enregistrement. Rien n'empêche le titulaire d'une marque inactive d'enregistrer la marque à nouveau, une conséquence directe de l'élimination de l'exigence de déclaration d'utilisation.
Nous croyons que ces amendements créent des droits de propriété industrielle et commerciale « indépendants » — c'est-à-dire de simples droits de marques qui ne sont plus enchâssées dans l'usage. Ceci met en péril l'efficacité du système de marques.
En plus d'être confrontées à ces augmentations de coûts et ces incertitudes, les entreprises canadiennes devront peut-être subir une augmentation des droits d'enregistrement en raison du système de classification de Nice, qui exige de classer les biens et les services, et se voir imposer des renouvellements plus fréquents. La période initiale d'enregistrement dans toute période de renouvellement sera réduite d'un tiers, soit de 15 à 10 ans, suite à l'adoption du Protocole de Madrid.
De plus, les sociétés canadiennes peuvent faire face à des coûts supplémentaires pour s'enregistrer à nouveau ou s'adresser à la Cour fédérale lorsqu'elles ne peuvent corriger des erreurs dans le certificat d'enregistrement qui doit être publié dans les six mois. En vertu de ce projet de loi, les corrections doivent être apportées en deçà de six mois. Elles devraient disposer de tout le temps nécessaire pour corriger les erreurs produites par l'Office de la propriété intellectuelle du Canada.
Merci.
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C'est une bonne question. Si l'obligation liée à l'emploi d'une marque de commerce est maintenue, nous pourrions nous accommoder de l'adoption de ce projet de loi.
Reformulons les choses en ces termes: les traités fournissent des outils, le Protocole de Madrid en particulier, parce que Madrid prévoit un mécanisme visant à simplifier l'enregistrement international des marques, mais ce n'est pas vraiment ... En fait, il s'agit d'un forfait d'enregistrements internationaux. C'est ainsi qu'il faut comprendre l'utilité du Protocole de Madrid pour les propriétaires. Mais en réalité, ce système ne profite qu'à ceux qui souhaitent enregistrer leurs marques dans plus de deux ou trois pays. Autrement, ce n'est vraiment pas rentable.
La plupart de nos clients qui veulent enregistrer leurs marques se tournent du côté des États-Unis et de l'Europe, deux compétences distinctes. L'Europe possède un système unitaire, contrairement au système de Madrid. Un seul enregistrement peut couvrir 28 pays. Avec Madrid, en fait, on obtient des enregistrements nationaux. Il faut désigner les pays auxquels ils s'appliquent. Et il y a des frais. C'est un système très complexe que seules les entreprises très sophistiquées, ainsi que les propriétaires de gros portefeuilles de marques, utiliseront. Il ne comporte aucun avantage intéressant pour les petites sociétés ou les petites entreprises.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Je remercie également tous les témoins. Je vous suis vraiment très reconnaissante de votre présence.
Je poursuivrai dans la même veine que mon collègue, et mes questions porteront sur le formulaire de déclaration d'emploi. Mais avant, j'aimerais avoir votre opinion d'avocate. Un avis juridique gratuit, qui l'aurait cru?
Nous avons reçu de l'information sur les modifications relatives aux traités internationaux sur les marques de commerce énoncées dans le . L'un des points soulevés était que l'issue des litiges est fondée sur l'emploi effectif d'une marque de commerce. Autrement dit, elle n'est pas fondée sur le fait de remplir un formulaire ou pas, mais bien sur son emploi effectif sur le marché. Est-ce exact ou non?
Je vais d'ailleurs utiliser à bon escient ces quatre minutes et demie en commençant par dire qu'il est vraiment gênant de travailler sur un coin de table, comme le veut le gouvernement, alors que ces articles que nous étudions auraient mérité un projet de loi séparé au lieu d'être noyés dans un projet de loi omnibus.
Je remercie quand même nos témoins d'être ici pour nous faire profiter de leur expertise et nous faire part des conséquences liées aux modifications.
J'aimerais profiter de l'occasion pour parler d'une entreprise qui est située dans ma circonscription de Beauport—Limoilou, soit les Éditions Gladius inc., dont le fonds de commerce dépend beaucoup, en quelque sorte, des marques qu'il peut déposer. C'est une question de propriété intellectuelle.
Vous parlez d'une possible augmentation du nombre de litiges relativement au droit des marques de commerce. Certains types d'entreprises sont-ils plus touchés que d'autres?
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Merci à vous tous d'être venus ici cet après-midi pour discuter de cet important volet de l'exécution du budget.
Madame Fuhrer, je trouve curieux que dans votre entourage, vous ne discutiez pas du point soulevé par M. Warawa concernant les États-Unis, à savoir pourquoi ils sont réglementés et soumis à l'exigence de déclaration. Évidemment, je ne suis pas ici pour vous faire un cours. Vous connaissez les lois internationales beaucoup mieux que moi, mais c'est un fait que la façon dont leur constitution est établie, entre les États... Vous savez, nous parlons des problèmes d'échanges commerciaux que nous avons entre provinces, eh bien, apparemment, ils ont ce petit problème là-bas aussi. Comme le disait M. Warawa, ils trouvent ça lourd eux aussi.
Je comprends maintenant vos préoccupations et je suis conscient qu'en tant qu'avocate, vous voulez protéger votre client, mais ne voyez-vous pas que la nécessité des changements qui sont en train de s'opérer se fait sentir de façon généralisée dans la nouvelle façon de faire du commerce international? C'est trop tard pour faire marche arrière, l'oiseau s'est envolé, ainsi va la vie. Vous pourriez peut-être montrer une certaine compréhension envers ce gouvernement qui progresse au rythme des règles internationales?
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Merci, monsieur le président.
Monsieur Gérin, j'écoutais ce que vous avez mentionné. La propriété intellectuelle est certainement quelque chose qui nous préoccupe dans la circonscription de Québec. Dans ma circonscription, il y a aussi quelques industries qui se préoccupent de cette question.
Avez-vous des informations concernant les industries culturelles? Québec est d'abord et avant tout une ville culturelle d'importance où les arts et les spectacles foisonnent. Justement, la question de la propriété intellectuelle ainsi que tous les projets de loi et tout ce qui est proposé par le gouvernement à cet égard y sont scrutés à la loupe parce que cela a un impact concret. Pourriez-vous me donner des informations concernant le secteur qui pourrait être touché?
Également, dans le secteur des TI, l'industrie du jeu vidéo connaît un boom sans précédent à Québec. D'ailleurs, ce secteur, comme on me le confirmait récemment, accapare une part de marché assez intéressante.
Seriez-vous en mesure de nous dire comment la proposition actuelle du gouvernement pourrait plus particulièrement toucher ces industries?
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J'aimerais profiter de l'occasion pour vous demander une chose au sujet des consultations publiques.
Le gouvernement actuel est un peu allergique aux consultations publiques. Pourtant, elles pourraient être tellement bénéfiques. Plus il y a de gens qui sont consultés sur le terrain, plus il y a de voix qui sont entendues. Peut-être que les idées exprimées ne sont pas toutes bonnes, peut-être qu'au final, certaines sont plutôt farfelues, mais peut-être que certaines idées formulées par des experts qui seraient entendus sur le terrain pourraient être bénéfiques au processus.
Des consultations publiques auraient-elles pu être bénéfiques dans ce cas-ci pour bonifier la proposition actuelle? Si tel est le cas, je vous donne l'occasion d'indiquer aujourd'hui ce qui aurait pu être plus profitable pour nous, en tant que législateurs qui sommes présents ici?
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J'aimerais être clair sur la question des consultations parce que vous avez probablement reçu cette information. En 2010, le gouvernement a mené des consultations sur la question des traités. Je ne suis pas certain quelle a été l'ampleur de ces consultations. Comme les autres témoins l'ont dit, il y a des aspects positifs et négatifs dans les traités.
En ce qui a trait à la question de l'utilisation qui est présentement à l'enjeu, on avait recommandé au gouvernement qu'il y ait plus de discussions. Il n'y avait pas assez d'informations à l'époque pour que nous puissions prendre position. On considérait qu'il fallait plus de discussions à cet égard, mais cela n'a pas eu lieu. En novembre, il y a eu une très brève consultation. Elle était très limitée et n'abordait que certains des éléments. Elle ne touchait pas l'ensemble de ce qu'on voit aujourd'hui.
Alors, oui, je pense qu'une consultation plus vaste aurait été plus bénéfique. Comme M. Eisen l'a mentionné, les entreprises auraient pu aussi se prononcer sur les changements qui sont proposés en ce moment.
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Ne devrait-on pas aujourd'hui prendre acte de ce commentaire? Je vous laisserai continuer à ce sujet.
Ne devrait-on pas en prendre acte et ne plus tenir des consultations publiques comme celles que je vois trop souvent? Dans ce genre de consultations, le gouvernement convoque un interlocuteur et lui fait part de certains points précis. Je n'ai toutefois pas l'impression qu'en retour, il y ait un véritable échange. Cela ne va pas dans les deux sens, comme cela devrait être le cas dans le cadre d'une consultation. Il faut aussi qu'elle soit publique.
Parfois, il me semble que le gouvernement n'a consulté que deux ou trois personnes en leur faisant part de ce qu'il allait faire sans nécessairement tenir compte de certains éléments qui pourraient justement causer un problème.
Je vais laisser Mme Fuhrer répondre à ce sujet.