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Bonjour, mesdames et messieurs. Je vous souhaite la bienvenue à la 44
e séance du Comité permanent de l'industrie, des sciences et de la technologie. Nous commençons notre étude sur l'état des technologies perturbatrices. Nous recevons de très éminents témoins pour nous donner de l'information à ce sujet.
Le Conseil national de recherches du Canada est représenté par Danial Wayner, vice-président des Technologies émergentes, et Duncan Stewart, gestionnaire principal des Technologies de sécurité et de rupture. Nous recevons également Kevin Fitzgibbons, vice-président associé à la Division de la planification et des politiques organisationnelles du Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie du Canada. Enfin, accueillons Ted Hewitt, président du Conseil de recherches en sciences humaines du Canada.
Pourquoi ne pas suivre l'ordre des témoins qui paraît ici? Nous allons commencer par l'exposé de M. Wayner. Bien sûr, messieurs, je crois que vous savez comment le comité fonctionne, mais une fois que vous aurez terminé vos déclarations préliminaires, nous ferons une tournée de questions.
Chers collègues, les 10 dernières minutes de séance vont se dérouler à huis clos. Nous avons quelques questions à régler rapidement à la fin, donc vous pouvez vous y préparer mentalement.
Allez-y, monsieur Wayner.
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Merci infiniment, monsieur le président.
Bonjour, je m'appelle Dan Wayner et je suis vice-président de la Division des Technologies émergentes au Conseil national de recherches du Canada. Je suis accompagné de M. Duncan Stewart, gestionnaire principal du portefeuille Technologies de sécurité et de rupture du CNRC. Je suis ravi de vous rencontrer au nom du CNRC pour vous parler des technologies de rupture.
Le CNRC est l'organisation de recherche et de technologie du Canada, en bref une ORT, c'est-à-dire une organisation dont la mission principale est de développer puis de déployer des technologies en fonction des besoins du marché. En quelque sorte, nous servons de trait d'union dans le réseau de l'innovation en incitant les entreprises à investir dans la recherche-développement, en faisant fructifier les sommes injectées dans la recherche, en atténuant les risques et, souvent, en mettant au point des technologies adaptées au marché dans nos installations de recherches, un peu partout au pays.
[Français]
Le CNRC compte plus de 2 000 employés en recherche-développement. Ceux-ci sont des experts dans une multitude de domaines scientifiques et techniques et sont en mesure de répondre aux besoins actuels et futurs de l'industrie canadienne. Le CNRC peut mettre rapidement sur pied des équipes multidisciplinaires afin d'aider l'industrie à surmonter les difficultés auxquelles elle doit faire face, que ce soit le fait de répondre à des besoins pressants à court terme ou encore d'établir les connaissances et les technologies fondamentales qui lui permettront de s'attaquer à de nouveaux marchés.
[Traduction]
En collaboration avec l'industrie canadienne, le CNRC a perfectionné et mis au point de nombreuses solutions technologiques. En voici quelques exemples: le premier vol au monde d'un avion à réaction civil uniquement alimenté par du biocarburant; l'avènement d'Internet au Canada et l'inauguration du premier réseau optique national de R-D de la planète; l'invention du balayage 3D au laser, technologie aujourd'hui abondamment employée partout dans le monde; des percées en médecine, y compris la création d'un vaccin contre la méningite pour les nourrissons, le premier stimulateur cardiaque de la planète et les premiers isotopes utilisés en médecine nucléaire; le développement des lasers les plus rapides au monde, ceux dont le faisceau lumineux a une durée approchant le milliardième d'un milliardième de seconde.
[Français]
En tant que vice-président de la Division des technologies émergentes, une de mes fonctions consiste à m'assurer que les sommes investies à long terme par le CNRC dans les sciences et la technologie sont concentrées sur les enjeux technologiques qui pourraient menacer ou dynamiser l'économie du Canada ou encore améliorer le bien-être de sa population au cours des deux prochaines décennies.
Pour cela, nous mettons en oeuvre et appuyons certaines capacités, c'est-à-dire un savoir-faire et des plateformes de recherche-développement dans divers domaines, notamment l'analyse des données volumineuses, les technologies quantiques, les technologies optiques et les nanotechnologies, pour n'en mentionner que quelques-unes.
[Traduction]
Par « technologie de rupture », on entend habituellement une technologie qui entraînera un changement radical discontinu, une sorte de saut quantique, soit au niveau des capacités, soit à celui des coûts et de la performance. Il faut bien comprendre que l'impact est de nature économique et sociale — c'est la façon dont nous vivons, travaillons et communiquons qui est affectée. Il est donc en fait question d'innovations — la technologie en soi ne crée pas de rupture tant qu'elle n'est pas déployée sur le marché.
Il y a de nombreux exemples de perturbations causées dans le passé par des technologies ou des combinaisons de technologies. La découverte de la double hélice de l'ADN, au début des années 1950, a transformé la science sans causer de rupture. Combinée au séquençage rapide, à la protéomique et aux données volumineuses, cependant, cette découverte nous mène à l'aube de la médecine personnalisée. Le transistor a sonné le glas du tube cathodique, ce qui pourrait être perçu comme une rupture, mais combiné au laser, à la transmission des données par fibre optique, à l'analyse des données et à une innovation commerciale, il a abouti au cybercommerce. Plus près de nous, on peut songer au téléphone intelligent — une invention canadienne. Cette technologie a eu un impact majeur sur l'économie et a profondément changé la société.
Par conséquent, l'idée de rupture en ce qui concerne une technologie ou une innovation ne concerne pas tant son aspect technique que les répercussions qu'elle a sur la vie. L'automobile autonome sera-t-elle une innovation de rupture? Peut-être. Nous ne le saurons vraiment qu'après l'avoir créée et déployée.
[Français]
De quoi le Canada aura-t-il besoin pour continuer à avoir une influence sur le développement et le déploiement d’éventuelles innovations dites « de rupture », à savoir des innovations révolutionnaires? Si discerner les innovations qui franchiront la ligne d’arrivée est difficile, choisir la bonne course l’est davantage.
En effet, en sachant à quelle course on participe, il sera plus facile d’établir de quelles plateformes technologiques on aura absolument besoin pour ouvrir la porte à de telles innovations.
[Traduction]
Ici, je tiens à mettre en relief un élément capital. Nous sommes ici en partie pour parler de ce dont le Canada a besoin pour être concurrentiel dans la conception de technologies de rupture potentielles, et à mes yeux, cet élément capital est la collaboration.
Bien organisé, un réseau d'innovations ne va pas sans ressembler à une équipe de hockey professionnelle. Le secteur de l'innovation compte divers acteurs — universités, ORT comme le CNRC ou les LNC, par exemple, et d'autres à l'échelle provinciale, qui ont tous un rôle à jouer. Le gardien de but n'essaiera pas de marquer des points, l'ailier doit ne prendra pas la place de l'ailier gauche (mais il lui prêtera main-forte le moment voulu). Sans collaboration, le réseau de l'innovation ressemble à des enfants jouant au hockey — tout le monde court après la rondelle et on se bat l'un avec l'autre au lieu de faire équipe pour remporter la partie.
Des exemples d'excellence en collaboration pour parvenir à une innovation de rupture existent au Canada. Je n'en nommerai qu'un, soit le partenariat public-privé en informatique quantique de Waterloo. C'est un magnifique exemple de technologie inspirée par une vision de l'avenir. Selon moi, la collaboration entre les universités, les ORT comme le CNRC et l'industrie est un ingrédient indispensable du succès. D'un côté, les sciences émergentes peuvent déboucher sur de nouvelles technologies qui répondront éventuellement à certaines possibilités sur le marché. De l'autre, l'industrie sait où se situent ces possibilités et peut influer sur l'orientation prise par la S-T.
Les ORT comme le CNRC peuvent leur servir de passerelle, bref prendre les idées issues de la science émergente et les intégrer à de nouveaux prototypes techniques. Quand tout fonctionne, s'ensuit un cercle vertueux où l'industrie incite les scientifiques à combler les lacunes du savoir et de la technologie et où les scientifiques coopèrent avec l'industrie pour incorporer les technologies émergentes à ses produits et procédés, et cela afin de devancer la concurrence sur le marché mondial.
Donc, le CNRC, en tant qu'ORT, appuie-t-il l'industrie canadienne dans le domaine des technologies de rupture? Le programme Électronique imprimable du CNRC illustre bien une initiative ayant pour but de faire naître un nouvel écosystème industriel au pays. L'électronique imprimable est une technologie émergente de fabrication évoluée, qui fait partie de la famille des procédés de fabrication additive qui permet la fabrication numérique bon marché de dispositifs électroniques. Elle pourrait jouer un rôle déterminant en débouchant sur des innovations transformationnelles comme l'Internet des objets.
Ce programme est intégré à un consortium de l'électronique imprimable piloté par l'industrie, dont la création remonte à 2012 et ayant pour membres des entreprises de toute la chaîne de valeur. Ce consortium établit les priorités de R-D, et le CNRC entreprend les travaux voulus avec la coopération de ses partenaires industriels, puis effectue des démonstrations qui atténuent les risques associés au perfectionnement et au déploiement de la technologie. L'objectif est de catalyser un secteur de l'électronique imprimable mondialement concurrentiel au Canada. Jusqu'à présent, 11 technologies créées avec la collaboration du CNRC ont été transférées à l'industrie en vue de la commercialisation de produits de l'électronique imprimable.
Un des détenteurs de licence du CNRC, Raymor Industries de Boisbriand, au Québec, a d'ailleurs remporté le prix du meilleur nouveau matériau au monde au colloque IDTechEX tenu en 2014 aux États-Unis, le plus grand colloque et salon commercial dans le monde de l'électronique imprimable. Le matériau que vend maintenant Raymor est l'encre à nanotubes semi-conducteurs la plus pure actuellement disponible sur le marché — une innovation qui pourrait en être une de rupture pour l'industrie de l'électronique flexible.
Un autre exemple nous vient de l'Institut national de nanotechnologie, né de la collaboration entre le CNRC et l'Université de l'Alberta. Depuis quelques années, nous travaillons de concert aux frontières mêmes de la nanotechnologie. Aux termes d'un de ces projets coopératifs est née une entreprise appelée QSi. Cette entreprise développe et commercialise une toute nouvelle méthode de fabrication de circuits et de dispositifs de calcul à l'échelle atomique plus rapides que les dispositifs existants et consommant considérablement moins d'énergie. Le rôle du CNRC consistait à prendre un concept élaboré en laboratoire et à montrer qu'on pouvait en faire un procédé de fabrication — une étape capitale pour intéresser les investisseurs.
En terminant, j'aimerais rappeler que le Canada est bien placé pour devenir un acteur de taille dans le développement et le déploiement des éventuelles technologies de rupture. La collaboration dans le secteur de l'innovation en demeure la clé: il faut cimenter les universités, les ORT comme le CNRC et l'industrie pour faire en sorte que le Canada dispose d'une solide filière de l'innovation, capable de saisir les possibilités qui se présentent ici même et ailleurs dans le monde.
Merci beaucoup.
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Merci, monsieur le président, de votre accueil chaleureux. Je remercie également les autres membres du comité de m'avoir invité à prendre la parole devant vous aujourd'hui.
[Français]
Je suis très heureux d’être ici aujourd'hui pour vous présenter des informations qui viendront appuyer l’étude récemment entreprise par le comité au sujet de l’état des technologies perturbatrices au Canada. Il s’agit d’un sujet important qui est digne d'une étude sérieuse.
[Traduction]
Pendant le temps qui m'a été accordé, je souhaite parler surtout de la façon dont le CRSNG perçoit et définit les technologies perturbatrices. Je vais également vous parler du rôle du CRSNG en tant qu'organisme canadien qui investit le plus dans la recherche axée sur la découverte et qui facilite les partenariats avec l'industrie, ce qui contribue, en fin de compte, à produire des technologies perturbatrices.
En ce qui concerne la définition des technologies perturbatrices, je crois qu'Industrie Canada a donné au comité un excellent aperçu de la situation plus tôt cette semaine, et bien sûr, mon collègue Danial l'a très bien fait à son tour.
[Français]
J’ai eu l’occasion de consulter la documentation pertinente à cet égard avant de m’adresser à vous aujourd’hui. Comme certains d’entre vous, j'ai constaté qu’il n’y a pas de définition normalisée de ce que sont les technologies perturbatrices. Le cabinet d’experts-conseils McKinsey, le Forum économique mondial, le MIT et d’autres ne s’entendent pas pour déterminer quelles sont les technologies qui seraient les plus perturbatrices.
Toutefois, en consultant la liste, j’ai remarqué que plusieurs domaines communs y figurent. Le CRSNG connaît bien ces domaines en raison de la gamme de travaux de recherche qu’il appuie.
[Traduction]
Par exemple: nous appuyons les technologies relatives à la façon dont on accède à l'information, dont on la manipule et la représente, comme dans le domaine de la sécurité informatique. Nous favorisons les technologies qui ont trait à la manière dont on alimente le monde en énergie, comme celles des nouvelles piles et des nouvelles sources d'énergie renouvelable qui ont donné lieu à des cellules solaires capables de capter la gamme complète de l'énergie solaire. Nous appuyons aussi les technologies qui sous-tendent la façon dont on fabrique les choses, comme celle des domaines de matériaux de pointe, y compris les nanomatériaux, de la fabrication additive et bien sûr, de l'impression 3D.
Au CRSNG, nous considérons les technologies perturbatrices comme l'application de découvertes susceptibles d'avoir une incidence transformatrice. Nous n'essayons pas de deviner de quelle manière elles changeront notre façon de voir les choses.
Le CRSNG a un rôle majeur à jouer dans ce processus. D'abord, les technologies perturbatrices naissent de la recherche axée sur la découverte. J'entends par recherche axée sur la découverte les travaux de recherche qui sont habituellement menés dans un contexte non industriel et qui visent à résoudre un problème d'intérêt purement scientifique. On parle alors de découverte puisque les connaissances qui en découlent sont de véritables percées.
Ensuite, les résultats de ces travaux deviennent « perturbateurs » lorsqu'un autre chercheur qui tente de résoudre un problème les consulte avec une application possible en tête. Tout est dans le contexte. Soudainement, il y a une nouvelle et meilleure façon de faire les choses.
Prenons par exemple l'impression 3D, invention issue de travaux de recherche fondamentale sur les polymères liquides photodurcissables, c'est-à-dire des plastiques qui durcissent sous l'effet de la lumière. L'innovation consistait à trouver une façon de concevoir des objets en trois dimensions, couche par couche, au moyen de l'informatique. L'une des principales raisons pour lesquelles l'impression 3D attire autant l'attention à l'heure actuelle, c'est que les brevets d'origine sont expirés. Ainsi, de nombreux concurrents font leur entrée sur le marché avec des produits à prix inférieurs.
Pour en revenir au CRSNG, la vision de l'organisme est d'aider à faire du Canada un pays de découvreurs et d'innovateurs, au profit de tous les Canadiens.
[Français]
Les subventions du CRSNG appuient 11 300 professeurs qui oeuvrent dans de nombreux domaines. Il s’agit d’une main-d’oeuvre de calibre mondial incroyablement productive et créative qui fait constamment des découvertes. Le président du CRSNG, M. Mario Pinto, appelle cela « la richesse intellectuelle du Canada » ou, en anglais, Canada's brain trust.
Ainsi, quand on parle de technologies dites perturbatrices, comme les nouvelles technologies de fabrication, on vise inévitablement les investissements du CRSNG dans la recherche axée sur la découverte.
Examinons par exemple les chiffres des dix dernières années pour les subventions du CRSNG liées à la découverte. Ce sont des programmes qui appuient des travaux de recherche motivés par la curiosité. Le CRSNG a investi environ 425 millions de dollars dans des programmes de recherche relatifs aux nanotechnologies de fabrication menés par des chercheurs canadiens.
[Traduction]
Le CRSNG investit dans des programmes qui stimulent l'innovation. Il aide les entreprises à employer ces percées scientifiques de calibre mondial pour stimuler la R-D et ainsi, alimenter le marché en innovations. Ce faisant, le CRSNG joue un rôle clé pour ce qui est de créer des connaissances à valeur ajoutée et d'atténuer les risques généraux liés à l'innovation. Cette façon de faire axée sur la clientèle est à l'origine de plus de 3 000 partenariats entre les entreprises et le milieu de la recherche. Grâce à ces partenariats, le CRSNG instaure un environnement propice à l'établissement du contexte que j'ai mentionné plus tôt.
D'ailleurs, la phrase « Tiens, je n'avais pas pensé à ça! » pourrait être à l'invention ce que la formule « Eurêka! » est à la découverte.
Pour terminer, je tiens à remercier encore une fois le comité de m'avoir invité à faire une présentation, et c'est avec plaisir que je répondrai à vos questions.
[Français]
Je vous remercie.
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Bonjour et merci monsieur, le président.
[Traduction]
Au nom du Conseil de recherches en sciences humaines, je vous remercie de l'occasion que vous m'offrez, vous et les membres du comité, pour parler de la fabrication additive et d'autres technologies de rupture.
[Français]
Au CRSH, nous reconnaissons que ces secteurs ont le potentiel de stimuler fortement l'économie canadienne.
[Traduction]
Il va s'en dire qu'ils créent des emplois et des exportations. Lorsque je pense, par exemple, à l'utilisation de l'impression 3D pour créer des prothèses de la hanche sur mesure, il est indéniable que ces technologies peuvent aussi améliorer la qualité de vie des Canadiens. Simultanément, le développement rapide de ces technologies, comme l'impression 3D et la robotique, donne lieu au besoin de mieux comprendre les incidences économiques, sociales, environnementales et juridiques de leur adoption et de leur utilisation. On peut cependant faire valoir que leur adoption dépend de ces mêmes incidences. Nous sommes conscients que les adopteurs précoces disposent d'un avantage concurrentiel, mais d'autre part, ils doivent aussi composer avec une plus grande incertitude et de plus grands risques, et les avantages peuvent être de courte durée.
[Français]
Les sociétés s'adaptent mieux aux changements technologiques rapides lorsqu'elles en comprennent la portée, les capacités et les complexités. Les spécialistes en sciences sociales et les chercheurs en sciences humaines se trouvent dans une position privilégiée pour répondre à ces questions avec des solutions faites ici.
[Traduction]
En effet, ces derniers peuvent aborder des questions complexes comme les technologies de rupture de façon critique et créative. Au CRSH, nous comprenons que le gouvernement, l'industrie et le milieu universitaire doivent collaborer pour faire avancer la technologie de rupture, mais aussi pour faire valoir son potentiel. En lançant des nouvelles occasions de financement favorisant la création de partenariats, le CRSH a renforcé son engagement en ce qui a trait au potentiel de tous les types de partenariats — plurisectoriels, pluridisciplinaires et pluri-institutionnels — qui conféreront des avantages intellectuels, culturels, sociaux et économiques au Canada et au reste du monde.
[Français]
Dans son plan stratégique 2013-2016, le CRSH a déterminé qu'il y a lieu, en ce qui concerne les partenariats plurisectoriels, d'améliorer la participation, l'élaboration et le partage des pratiques exemplaires, ainsi que la diffusion des résultats et l'impact de la recherche.
[Traduction]
Dans le cadre de ces partenariats, les utilisateurs de la recherche participent à la conception et la mise en oeuvre de projets de recherche, ce qui augmente par le fait même le potentiel de contribution directe à l'innovation dans les secteurs public, privé et sans but lucratif.
Prenons par exemple Aaron Sprecher, professeur agrégé à l'École d'architecture de l'Université McGill, et récipiendaire d'une subvention de développement de partenariat du CRSH. Son Laboratory for Integrated Prototyping and Hybrid Environments contribue à changer la façon dont les architectes conçoivent, collaborent et construisent. Il travaille avec une équipe interdisciplinaire ainsi que des partenaires et sociétés externes, et son travail fait progresser la conception, les processus d'optimisation, la performance des matériaux et la fabrication. Il s'agit d'une initiative destinée aux utilisateurs finaux qui change la donne. De plus, les étudiants des cycles supérieurs subventionnés par le CRSH dont la recherche porte sur l'impression 3D et la fabrication additive sont alignés sur les pratiques interdisciplinaires de architecture, des beaux-arts et des études historiques.
[Français]
À titre d'exemple, M. François Leblanc est un candidat au doctorat subventionné par le CRSH. Il explore la façon dont l'impression 3D facilite la conception et la production de structures complexes et optimisées qui étaient inconcevables il n'y a pas si longtemps. Il étudie aussi la façon dont cette technologie peut optimiser la quantité de matériaux utilisée pour la construction au moyen d'une distribution précise de ceux-ci.
[Traduction]
Le partenariat du CRSH et de Mitacs continuera à favoriser le perfectionnement des talents en finançant des stages pour les étudiants des cycles supérieurs des domaines des sciences sociales, des lettres et des sciences humaines dans l'industrie et dans les organismes communautaires. Il est possible d'explorer d'autres possibilités d'offrir de la formation aux étudiants dans les domaines où la fabrication additive présente un potentiel, pour aider les entreprises canadiennes à devenir plus innovantes, compétitives et productives.
[Français]
Au CRSH, nous reconnaissons que les nouvelles technologies dynamiques rendent possibles, accélèrent et influencent de profonds changements conceptuels du milieu de la recherche, de l'économie et de la société.
[Traduction]
Donc, en collaboration avec le CRSNG, l'ISRC, le FCI et Génome Canada, le CRSH dirige la création d'un nouveau cadre stratégique visant à relever les défis liés à l'infrastructure numérique. La politique, conçue en collaboration avec des intervenants de divers secteurs, mettra sur pied des pratiques exemplaires visant à gérer et à faire croître l'écosystème numérique requis pour répondre aux besoins en matière de recherche du XXIe siècle et donc de contribuer à la prospérité sociale et économique du Canada.
Comme il n'existe pas de définition standard de ce qui constitue une technologie de rupture, on peut dire qu'elle se trouve à l'intersection de nombreux domaines de recherche. À cet égard, le CRSH continuera d'explorer des possibilités visant à coordonner ses efforts avec ceux d'organismes fédéraux partenaires ainsi qu'avec le milieu de la recherche, l'industrie et d'autres organismes, dans le but de créer un environnement facilitateur qui fait progresser la recherche et le perfectionnement des talents dans ce domaine.
[Français]
J'aimerais ajouter que ces efforts sont particulièrement bien harmonisés avec l'initiative « Imaginer l'avenir du Canada », du CRSH, par l'entremise de laquelle nous tentons d'accroître la contribution des sciences humaines pour saisir les occasions et relever les défis sociétaux à long terme.
[Traduction]
À la suite d'un processus exhaustif d'une durée de deux ans, nous avons cerné six domaines des défis de demain pour le Canada qui, dans un contexte mondial en évolution, sont susceptibles d'émerger dans 5, 10, 15 ou 20 ans.
L'un des défis importants pour le CRSH concerne la façon de mettre à contribution les technologies numériques au profit des Canadiens. Il faut notamment comprendre les risques, les possibilités et les enjeux associés à l'adoption de technologies perturbatrices et émergentes (par exemple l'impression 3D, la robotique et la nanotechnologie) et fournir de la formation et des outils efficaces pour optimiser l'utilisation de ces technologies et en assurer l'accès équitable.
En fait, les technologies émergentes et la meilleure façon d'en tirer profit seront le sujet d'une Subvention sur la synthèse des connaissances qui sera lancée par le CRSH à l'automne. Cette possibilité de financement nous aidera à déterminer l'état de nos connaissances sur les technologies émergentes ainsi qu'à repérer les lacunes dans nos connaissances ainsi que les politiques et pratiques les plus prometteuses à cet égard. Plus que jamais, le Canada a besoin de spécialistes en sciences sociales et de chercheurs en sciences humaines pour se concentrer sur ces questions.
Pour terminer, j'aimerais mettre l'accent sur le fait que la technologie en soi (qu'elle soit « de rupture » ou autre) est essentiellement neutre. Au bout du compte, l'innovation est une activité humaine. La technologie est essentielle, mais ce qui lui donne vie, ce sont les éléments à valeur ajoutée qui proviennent pour la plupart des recherches que nous subventionnons au CRSH: la conception, la planification des activités, le marketing, le contenu et la formation. À cette fin, le CRSH concentre ses efforts pour encourager et promouvoir la recherche, le perfectionnement des talents et la mobilisation des connaissances dans ce domaine, et nous suivrons de près la capacité de recherche ainsi que l'éventail de connaissances qui s'élargit grâce à toutes nos possibilités de financement.
[Français]
Je vous remercie de m'avoir donné l'occasion de présenter ce que le CRSH et le milieu de la recherche peuvent apporter à cette importante question.
[Traduction]
N'hésitez pas à me faire part de vos questions.
Merci beaucoup.
:
C'est une question très intéressante, en fait. Je vais prendre le risque de donner une réponse générale, car à mon avis, il est vraiment essentiel de comprendre que parfois, des décennies s'écoulent entre les étapes d'invention et d'innovation. La double hélice a été découverte en 1953. Il a fallu 75 ans pour que nos connaissances soient appliquées dans les industries qui, à mon avis, révolutionneront les soins de santé au cours des prochaines décennies.
Comme je l'ai dit, je ne sais pas parfaitement bien ce qui s'est passé dans l'industrie nucléaire durant les années 1950, mais le même problème se pose avec le transistor, qui a été découvert dans les années 1940. La révolution des semi-conducteurs, comme on l'appelait, a eu lieu au cours des années 1960, soit 20 ans plus tard. Du côté de la création des premiers ordinateurs, j'ai eu un ordinateur XT au début des années 1980.
Il y a donc un décalage dans le temps, et tout dépend vraiment du type de technologie, mais il y a également le fait que ce n'est pas qu'une seule invention, mais bien un ensemble de nombreuses inventions qui se traduit par des innovations. Comme je l'ai dit tout à l'heure concernant la rupture liée à la cybervente de détail, elle découle du transistor, du laser, de la télécommunication optique, de l'analytique. Un certain nombre d'avancées dans les connaissances sont liées.
Je voulais parler de ce que vous demandiez au sujet de l'acquisition de compétences, car il est vrai que dans bien des cas, les ruptures entraînent des changements économiques, ce qui requiert un perfectionnement professionnel de la main-d'oeuvre. Lors d'une conversation que j'ai eue récemment avec un de mes collègues provinciaux, j'ai posé la question suivante: que faisons-nous à l'heure actuelle concernant la possibilité que dans 20 ou 30 ans, les usines n'emploient plus beaucoup de gens, ou si ce n'est pas le cas, que les compétences de la main-d'oeuvre soient différentes de celles d'aujourd'hui? Je pense que nous devons prendre une longueur d'avance sur ce plan. Nous ne devons pas penser qu'aux inventions et aux technologies qui mènent à ces inventions, mais nous devrions en fait réfléchir aux mesures que nous prenons en ce qui a trait au perfectionnement de nos travailleurs. De quelles compétences auront-ils besoin?
Je vais m'arrêter ici, mais je veux seulement dire qu'il y a toujours une période qui sépare l'étape de l'invention et celle de l'innovation. Si les innovations sont vraiment perturbatrices, cela signifie souvent qu'en fait, la main-d'oeuvre a besoin d'une formation d'appoint pour qu'on puisse vraiment en tirer parti.
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Eh bien, je vous remercie beaucoup. C'est vraiment une question fascinante et je pense que tous les décideurs du Canada et du monde posent des questions similaires.
En ce qui concerne le financement de la recherche dans les universités, je pense qu'il est en quelque sorte difficile de faire une distinction nette entre la recherche fondamentale et la recherche appliquée dans les universités. Je crois que plus tôt cette semaine, Industrie Canada vous a dit que bien que les dépenses en recherche et développement des entreprises ne figurent pas en haut de la liste, si l'on veut, nous sommes au sommet de la liste des pays du G7 — comme on le dit maintenant — sur le plan des investissements dans la recherche et le développement dans les établissements d'enseignement supérieur.
Je crois que les résultats qui en découlent et la position du Canada dans le monde sont mis en valeur, par exemple, dans une étude que le Conseil des académies canadiennes a publiée il y a deux ans: L'état de la science et la technologie au Canada. Dans cette étude, le conseil fait un bref compte rendu des domaines dans lesquels le Canada est respecté à l'échelle internationale, par exemple, dans la publication de revues auxquelles on fait référence, les travaux innovateurs. On a renforcé le message selon lequel le Canada compte une partie des plus grands chercheurs.
Notre président aime dire qu'il ne s'agit pas du chercheur qui travaille à l'Université de Toronto ou à l'Université de la Colombie-Britannique, mais il s'agit plutôt d'examiner cela dans le contexte des 11 000 personnes qui font ce travail depuis des décennies, et non seulement au Canada, mais en collaboration avec d'autres pays. Je crois que c'est un aspect très important pour l'avenir.
Dans une bonne partie de la recherche à laquelle le CNR fait référence, ce sont souvent les chercheurs du CNR qui ont soit été financés par le CRSNG pendant leur carrière universitaire, soit collaboré avec des universités. C'est un ensemble de choses.
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Je dirais que vous touchez au coeur du problème, néanmoins; et je pense que c'est une question embêtante non seulement pour ce gouvernement, mais pour tous les gouvernements depuis plusieurs décennies.
De plus, je suis sûr que votre comité peut comprendre que la nature de l'économie canadienne est grandement liée au niveau d'activités de recherche, de développement et d'innovation. Lorsque nous examinons nos exportations, nous constatons que nous avons une économie de ressources très forte qui, de son côté, n'est habituellement pas considérée comme une économie performante en recherche et développement. Toutefois, elle adopte — de façon très avancée — des technologies de l'information, par exemple.
Cependant, je crois que vous parlez de quelque chose que nous considérons comme une lutte incessante, et il s'agit d'essayer de rapprocher les deux mondes. Cela peut se faire en grande partie par les partenariats. Au CRSNG, par exemple, nous avons conçu un certain nombre de programmes qui ne consistent pas qu'à faire sortir les technologies pour dire qu'il y a quelque chose de vraiment génial que les gens de l'industrie devraient examiner, mais aussi à discuter avec les gens des problèmes qu'ils ont, et leur faire connaître les ressources qui pourraient leur fournir l'information et leur permettre d'accroître l'efficacité.
Toutefois, cela fait partie de tout un écosystème incluant d'autres éléments. Par exemple, les gens du PARI, le Programme d'aide à la recherche industrielle, collaborent constamment avec les petites et moyennes entreprises, en particulier, pour les aider à y arriver.
Au CRSNG, notre travail est lié au volet financement. Nous nous assurons que d'une part, nous avons une base de recherche très riche, diversifiée et de grande qualité, et d'autre part, qu'il y a des liens.
J'approuve simplement ce qui a été dit en général. Du point de vue du CRSHC et des sciences humaines, lorsqu'il s'agit de la comparaison entre la recherche fondamentale et la recherche appliquée, nous avons tendance à voir cela comme un continuum. Des gens font des travaux qui semblent vraiment correspondre à de la recherche fondamentale, mais d'autres personnes et les travaux d'autres personnes permettront de l'appliquer. Certaines personnes font des travaux qui couvrent tout le spectre.
Nous élaborons nos programmes de façon à ce que les gens puissent demander des fonds à toutes les étapes, que ce soit par notre programme Subventions Savoir — davantage dans le volet de la recherche fondamentale —, ou par des partenariats — davantage dans le volet de la recherche appliquée.
Par contre, ce que j'ajouterais, entre autres concernant votre question sur l'innovation et les répercussions, c'est que dans nos disciplines en particulier, il est parfois très difficile de montrer quelles sont les répercussions. Par exemple, du point de vue des travaux, cela peut mener à un changement de politique, qui est intégré et dont l'industrie tire ensuite parti. Il est bien souvent difficile de comprendre exactement quel était le cheminement. Personnellement, je ferais valoir l'idée d'accroître un peu les enquêtes.
Je peux vous donner rapidement un exemple de technologie de rupture à laquelle une question de science sociale est liée, et c'est que dans le secteur forestier, il est maintenant possible de construire de grandes structures exclusivement en bois. On pourrait donc construire un édifice de 20 ou de 40 étages, je crois, en bois seulement. Je ne sais pas qui aimerait vivre au 39e étage, et il s'agit donc d'une technologie de rupture sans foyer.
L'Ontario a déterminé qu'on peut construire une structure de six étages en bois, de sorte que la politique a changé, et c'est sans aucun doute le résultat de recherches. Peut-être que sur le plan de la sécurité, c'est raisonnable. Toutefois, il s'agit de déterminer si l'on veut vivre au 39e étage et quels travaux de recherche changeraient l'attitude des Canadiens à cet égard, ou non.
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Je dois revenir au défi de reconnaître qu'il ne s'agit pas d'une perturbation, du moins à mon avis, jusqu'à ce que le produit soit sur le marché. Je crois que c'est correct de tenter de comprendre le potentiel de créer un nouveau marché ou de déplacer des technologies dans un marché existant. Habituellement, au début d'une évaluation commerciale, on vérifie s'il y a une demande sur le marché.
Les diapositives que j'ai présentées contiennent quelques graphiques. L'un d'entre eux... Nous aimons commencer par déterminer les occasions de marché. Si nous comprenons les occasions de marché, nous pouvons ensuite cerner les lacunes technologiques qui nous empêchent d'avoir accès à ces marchés. Si nous comprenons ces lacunes, nous pouvons cerner les lacunes en matière de connaissances qui nous empêchent d'inventer cette technologie. C'est à ce moment-là qu'on a recours à la collaboration.
L'une des choses que j'ai dit dans mon exposé, c'est qu'il est risqué de tenter de choisir le cheval, mais je crois qu'il n'y a aucun mal à choisir la course.
Lorsque je dis qu'il n'y a pas de mal à choisir la course, je veux dire que je suis raisonnablement certain que l'interface entre l'humain et la machine engendra des perturbations importantes. Je crois que l'intelligence artificielle est l'un de ces domaines où le Canada doit bâtir de solides technologies de plateforme, car nous nous attendons à ce qu'il produise des technologies perturbatrices.
Nous pouvons dire la même chose pour la robotique et la fabrication additive, par exemple l'impression 3D.
Lorsque j'examine le monde, et que je prévois à court terme... Tout d'abord, vous devez comprendre le point de vue du CNRC. Nous menons des travaux qui visent essentiellement à appuyer les entreprises sur une période de deux à cinq ans, et parfois sur une période plus courte. Nous menons aussi des travaux à moyen terme, même si mon service tente de prévoir un peu plus loin. Nous tirons des leçons des marchés que nous comprenons actuellement, et cela nous permet de réfléchir aux occasions de marché émergentes.
C'est peut-être une réponse indirecte à votre question. Le pouvoir de perturbation d'une technologie est lié à notre capacité de penser à la façon dont elle sera utilisée.
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Eh bien, je crois qu'il est important pour nous, du moins au CRSNG, de... Nous avons tendance à ne pas utiliser ce type de terminologie, car dans de nombreux cas, cela dépend vraiment de la recherche et où elle nous mène. Cela dit, et peut-être pour utiliser certains points dont nous avons parlé plus tôt, le travail du CRSNG consiste tout d'abord à déterminer comment évaluer la situation. Par l'entremise du processus d'examen par les pairs, nous recevons chaque année de 3 000 à 12 000 demandes de chercheurs de partout au pays qui proposent des idées qui, selon eux, sont de calibre mondial; ce sont des idées de qualité supérieure sur les sciences et les connaissances. Cela ne se passe pas seulement au Canada, mais aussi à l'échelle mondiale.
Le travail des pairs examinateurs, c'est-à-dire les gens qui comprennent ces domaines, consiste à déterminer s'ils travaillent dans des domaines qui soulèvent l'enthousiasme. Travaillent-ils dans des domaines en croissance? C'est l'un des éléments à considérer, et il faut continuellement l'entretenir, car tous les autres pays du monde font la même chose. C'est une constante du développement que nous ne pouvons pas nous permettre d'ignorer.
L'essentiel, c'est toujours de savoir comment appliquer ces technologies de façon efficace. Encore une fois, il s'agit de parler à ceux qui font face aux problèmes, que ce soit sur le marché ou dans la société, et d'être en mesure de leur dire que leurs connaissances ou leurs découvertes peuvent nous aider à résoudre notre problème.
J'aimerais revenir sur la discussion que vous avez eue avec Dan, à savoir comment peut-on prévoir qu'on met au point une technologie perturbatrice? Je crois que dans ce cas, il est évident qu'on fixe un prix. Le meilleur exemple est probablement celui des technologies de l'information et des communications. Certains d'entre vous connaissent peut-être la loi de Moore, qui se fonde essentiellement sur un principe de ligne droite — chaque année, la puissance double et le prix est réduit de moitié.
Nous sommes maintenant dans la troisième décennie de la loi de Moore, et nous sommes en mesure de faire des choses qui étaient inimaginables il y a seulement deux ans. Il ne s'agit pas seulement d'un petit appareil, mais de toutes les connaissances qui circulent dans la communauté universitaire. En passant, la recherche fondamentale n'est pas seulement effectuée dans les universités, mais elle est également menée dans d'autres institutions.
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Je crois que c'est une très bonne question, et comme vous l'avez remarqué, elle touche à un point que j'ai soulevé et sur lequel j'aimerais revenir.
Dans le modèle que nous avons tendance à utiliser, nous pensons que la recherche fondamentale suit un continuum vers son application. Ensuite, nous cherchons à déterminer le moment de la révélation.
J'aimerais proposer — et cela revient à un commentaire formulé par Kevin et sur lequel Dan a également mis l'accent — que le moment de la révélation, très souvent, n'est pas vécu par le chercheur ou la chercheuse. Il se peut qu'il ne fasse même pas partie du processus de recherche, mais qu'il soit vécu par d'autres membres de l'équipe, comme vous l'avez dit et qui, selon leur propre perspective, examinent une technologie ou considèrent qu'une technologie est perturbatrice relativement aux préférences sur le marché, à ce qui pourrait soulever un intérêt important chez les investisseurs et à ce qui pourrait changer complètement les règles du jeu.
Comme vous l'avez laissé entendre, il faut utiliser une approche par équipe dans laquelle les scientifiques travaillent en collaboration avec des chercheurs du domaine social et des spécialistes du domaine des affaires, de l'économie ou de l'anthropologie, afin de mettre au point ces éléments perturbateurs, car nous savons, par exemple, que de nombreuses technologies ne sont pas considérées comme étant perturbatrices jusqu'à ce qu'une personne comprenne comment les rendre perturbatrices. Cela revient au point soulevé par Dan.
L'automobile est un bon exemple, mais la conception est également un élément essentiel. En effet l'automobile que nous connaissons maintenant remplit la même fonction depuis le moment où elle a été inventée, il y a 100 ans. Apparemment, comme on me l'a dit, l'automobile n'est pas beaucoup plus efficace sur le plan de la consommation d'essence.
Toutefois, je serais prêt à parier — mais vous connaissez l'industrie mieux que moi — que la plupart des éléments à l'intérieur de l'automobile sont conçus davantage en fonction de l'expérience du conducteur qu'en fonction de la conduite de l'automobile. Par exemple, les accessoires Bluetooth, la navigation sur le Web, le confort du siège ou l'attention portée à la route — mon auto est équipée d'un système qui freine automatiquement si je ne fais pas attention.
Ces inventions sont conçues par des ingénieurs, mais également par d'autres spécialistes en sciences sociales, même des humanistes, qui ont été en mesure d'humaniser les inventions ou les technologies qui ont été mises au point. C'est un effort d'équipe, et il dépasse la technologie. Le dernier point que j'aimerais faire valoir, c'est que très souvent, l'élément perturbateur est réellement généré lorsqu'on réfléchit à la façon dont ces inventions seront utilisées au bout du compte.
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Je vais probablement dire la même chose, mais sous un angle différent. Cela me rappelle qu'il y a quelques jours, j'ai lu une présentation donnée par Industrie Canada. Les intervenants ont beaucoup parlé des caractéristiques des effets entraînés par les technologies perturbatrices.
Tout d'abord, il y a des effets sur le marché. La technologie change-t-elle grandement la façon de faire des affaires ou les produits achetés? Force-t-elle des entreprises à fermer leurs portes? C'est une perturbation du marché. Change-t-elle la façon dont les gens agissent, par exemple pour avoir accès à des renseignements, qu'ils soient bons ou mauvais?
Deuxièmement, les changements sont rapides, et ils s'effectuent à l'échelle mondiale. Je crois que si vous examinez la question en fonction des effets, cela vous permet d'avoir une meilleure idée de la façon de procéder.
Je crois que nous disons tous les trois la même chose. Prise seule, la technologie est seulement une technologie qui accomplit des choses. Elle sert à faire quelque chose. Elle est un produit de l'intelligence, de l'innovation et des innovateurs, mais c'est une chose neutre. Il s'agit seulement d'une série d'appareils de plus en plus petits et de plus en plus intelligents.
Quant à la façon dont ces choses sont utilisées... c'est tout à fait cela. Le meilleur exemple, à mon avis, est celui du Printemps arabe. On l'a appelé, sur Facebook... Personne n'aurait pu imaginer que le fait d'avoir ce type de technologie pourrait changer le cours de l'histoire de façon aussi importante dans de nombreux cas, par exemple en Égypte. Nous ne pouvons pas prévoir ces dénouements. Mais cela a certainement produit des perturbations.
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Je crois que la réponse des autres témoins sera un peu différente de la mienne, car j'aimerais parler davantage du processus.
Les types d'éléments dont j'ai parlé — la conception, le contenu, les éléments qui rendent la technologie réellement performante et qui créent des perturbations — ne sont souvent pas considérés par notre société comme faisant partie de la recherche. C'est très intéressant. Pensez à la conception et à mon iPhone. C'est mon propre iPhone, et il peut servir de lampe de poche jusqu'à ce que vous examiniez ce qu'il contient. J'y ai mis des livres, des films, de la musique et du contenu et de nombreux produits culturels. Ces éléments ont tous été ajoutés à l'appareil pour le rendre performant.
Très souvent, on ne reconnaît pas que certaines recherches sont réellement des recherches, surtout celles menées dans les entreprises — par exemple les recherches en matière de commercialisation, de marchés internationaux et de conception. Je vous parie que nos comptes publics ne considèrent pas qu'il s'agit d'un investissement dans la recherche.
Par exemple, je sais — et c'est sans commentaire — que notre système de crédits fiscaux industriels ne reconnaît pas que les recherches effectuées pour la planification des affaires, la commercialisation, le contenu ou la conception représentent des dépenses admissibles pour obtenir un crédit d'impôt. J'ai dit que je ne ferais pas de commentaire, et j'aimerais donc seulement suggérer que nous commencions à réfléchir davantage à ces éléments relativement à la gestion et à la promotion des technologies perturbatrices ou à la création de technologies perturbatrices à partir de technologies qu'on pourrait juger non perturbatrices, et qu'on les considère comme étant des éléments viables du processus de recherche, et qu'il faut les valoriser, les financer, les appuyer et leur donner une valeur dans l'industrie. Je crois que cela nous permettra de réaliser des progrès.
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Merci, monsieur le président.
Monsieur Hewitt, je vous écoutais tout à l'heure et je comprenais bien vos propos en ce qui a trait à l'écart entre l'invention et l'innovation. Il y a certainement un mot à ajouter à cet égard quant à l'importance de la formation et des ressources ainsi qu'à l'importance d'avoir une stratégie sur la façon dont on doit utiliser nos ressources.
Je ne suis pas certaine que l'on ait vraiment les meilleurs leaders au Canada pour faire cela. Il y a certainement quelque chose qui nous échappe. À ce sujet, je vais vous citer en extrait d'un article du Globe and Mail, qui mentionnait ce qui suit:
[Traduction]
Le Canada accuse un grand retard par rapport aux chefs de file mondiaux au chapitre de la R-D...
[Français]
Je vais citer encore une fois ce que disait le Globe and Mail.
[Traduction]
Le Canada est le seul pays développé avec un déficit en matière de propriété intellectuelle — autrement dit, nous dépensons plus d'argent pour acquérir la technologie des autres pays que ce que nous leur vendons...
C'est peut-être un point.
Et ce qui est encore plus décevant, c'est que le secteur privé continue de ne pas investir suffisamment, malgré les nombreuses mises en garde au sujet des conséquences potentielles. Les dépenses des entreprises au titre de la R-D représentent 0,88 % du PIB, soit l'un des taux les plus bas parmi les pays de l'OCDE.
J'aimerais vous entendre à ce sujet, parce qu'il ne semble pas y avoir un sentiment d'urgence. En fait, c'est peut-être ça le problème. C'est probablement une question sur laquelle nous devrions nous pencher.
Je vais vous citer un autre extrait de cet article:
Taïwan, qui a dépensé la moitié de ce que le Canada a dépensé en 2002, consacre maintenant 3 milliards de dollars par année de plus que ce pays pour la R-D.
Il y a probablement quelque chose à faire à ce chapitre.
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En effet, nous reconnaissons qu'il y a un
innovation gap ou, ce qu'on appelle en français, un déficit d'innovation. Ce déficit est très sérieux au Canada, à un point tel que le gouvernement a mis en place le comité Jenkins pour aborder cette question. Votre comité a justement fait référence à ce rapport dans le cadre de ses travaux au sujet de cette question.
Dans son rapport, ce comité a indiqué qu'il fallait agir sur plusieurs plans. Dans un premier temps, il faut agir sur le régime fiscal, soit les impôts et la façon dont ils sont administrés. Deuxièmement, il s'agit de développer un accès beaucoup plus lié au marché, ce qui, d'une certaine façon, se reflète dans la transformation du CNRC. Pour le CRSNG, en ce qui a trait à cet enjeu, il s'agit, sans perdre la richesse de la découverte purement scientifique, de créer des liens avec les programmes que nous menons avec l'industrie.
Par exemple, en 2009, le nombre de partenariats industriels dont les projets étaient financés par le CRSNG était de 1 500 compagnies par année. Cinq ans plus tard, le nombre a augmenté à 3 000 compagnies par année. Nous avons fait des efforts pour ajuster la programmation afin de créer ces fonds.
D'une certaine façon, je pense que vous avez touché au sujet qui est essentiel à cet égard, à savoir la main-d'oeuvre et les ressources humaines. Ces changements se créent dans l'esprit des gens. Nous essayons de le faire de plus en plus. Avec l'émergence de Mitacs comme étant...
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Avec plaisir. Je suis ravi que vous souleviez une question que je voulais aborder.
En ce qui a trait à la sécurité, je pourrais revenir à l'exemple que je vous ai donné tout à l'heure au sujet de l'Association des produits forestiers du Canada et de ses immeubles en bois de 40 étages. Encore une fois, il s'agit de faire les recherches qui nous aideront à mieux comprendre ces enjeux et à amener le public à accepter ce qu'il en est.
Toutefois, je voulais parler de la façon dont nous maintenons un processus linéaire relativement à la découverte, à l'invention, à l'innovation et à l'application. J'aimerais vous démontrer à quel point ce n'est pas le cas, et cela revient à votre question sur les lacunes.
Dans une vie antérieure, j'étais le vice-président du département de recherche d'une grande université canadienne. Je peux vous assurer qu'au Canada, il y a des centaines et des centaines de brevets pour des technologies incroyables qui dorment sur les tablettes des bureaux de transfert de technologie universitaires et qui sont conservées à un coût considérable.
Je vais vous donner quelques exemples. Un inventeur avait un appareil photo numérique 360 degrés — extraordinaire. Un autre avait un scanner numérique 3-D portatif. Cela revient à ce que disait Mme Papillon. Ces technologies ont-elles été adoptées? Non. Pourquoi? Ce sont des technologies clairement perturbatrices, mais le problème, c'est que sans une culture de planification des activités, une pensée novatrice ou une bonne connaissance du marché, ces avancées scientifiques ne vont nulle part. Nous parlons parfois de la réceptivité et de la prise de risques des entreprises, qui n'en ont tout simplement pas profité.
Ce n'est peut-être pas la meilleure réponse à votre question, mais selon moi, les lacunes ne se situent pas au niveau du développement de la technologie ni de notre capacité à le faire, parce que j'estime que nous sommes à la hauteur, compte tenu de ce que nous avons déjà accompli, mais plutôt au niveau des personnes qui ont le savoir-faire, les capacités et le goût du risque et qui peuvent trouver des applications à ces technologies afin de se tailler une place sur le marché. C'est là où se situe la principale lacune.
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Je vais continuer avec vous, si vous le voulez bien.
Il est intéressant de noter que tout le monde ne s'entend pas sur ce qui constitue une technologie perturbatrice. C'est une notion très difficile à définir, en fait. Pour moi, c'est quand on peut dire que la vie n'est plus ce qu'elle était depuis l'avènement de telle ou telle technologie. Si on remonte dans le temps, on peut penser à la voiture, à l'électricité, au transport aérien, au téléphone — l'original, pas le BlackBerry, mais le BlackBerry a lui aussi changé les choses.
Viennent ensuite les choses comme Google Maps, et ce n'est pas nécessairement dans la même catégorie, mais cette technologie est inspirée des cartes papier... Je sais que nous allons avoir la chance d'entendre des représentants de Google et nous pourrons peut-être leur poser la question, car c'est fascinant de les entendre parler de la façon dont ils déterminent les mouvements de la circulation pour vous aider à choisir votre itinéraire, d'après le ralentissement et l'accélération de la circulation. C'est venu révolutionner notre manière de nous déplacer en voiture.
C'est pourquoi ma question s'adresse à vous, Ted. Elle s'inspire de mon expérience personnelle. Quand il est question des technologies qui changent complètement nos vies, on parle surtout de choses et non pas de procédés. Dans le cas de l'autisme, c'est une manière de faire les choses qui a révolutionné le domaine. Mon fils de 19 ans est autiste, et je me souviens que dans les années1970, le Dr Lovaas a développé aux États-Unis une méthode d'intervention comportementale intensive pour les personnes atteintes d'autisme. Cette méthode a changé notre perception des personnes autistes et des possibilités qui s'offrent à elles.
Comme vous représentez le secteur des sciences humaines, pourriez-vous nous parler de la notion de technologies perturbatrices dans ce domaine?