:
Merci, monsieur le président.
Il fait bon voir les collègues.
Monsieur le président, je n'utiliserai pas trop de temps du Comité. Si vous me le permettez, je vais consacrer quelques instants à récapituler où nous en sommes. Pour ceux qui nous ont regardés tout ce temps-là depuis chez eux, il doit être difficile de comprendre ce que nous faisons ici.
Nous avions la motion initiale, qui porte sur la question de privilège soulevée par M. Poilievre au sujet des documents caviardés. Le Comité avait reçu ces documents conformément à une motion adoptée par les membres du Comité. Les documents nous ont été remis à temps dans le format indiqué dans la motion. Les passages caviardés auxquels M. Poilievre semble s’opposer sont directement liés au travail effectué par le légiste parlementaire. Je comprends pourquoi M. Poilievre n'est pas satisfait du résultat de la motion. Toutefois, la motion initiale avait été rédigée par son parti.
Ensuite, nous avons été saisis d’un amendement et d’un sous-amendement concernant la production des documents, la version des documents à divulguer, la façon dont ils sont comparés et plus encore. Pour ne pas perdre de temps, je n'entrerai pas dans les détails. Le point crucial de ce sous-amendement est la comparution du greffier du Conseil privé. Comme mes collègues l’ont fait remarquer, et comme mes collègues de l’opposition le savent très bien, nous sommes en possession d’une lettre du plus haut fonctionnaire du pays. Le greffier du Conseil privé et secrétaire du Cabinet est le chef de notre fonction publique, le chef du Bureau du Conseil privé, chargé de coordonner le fonctionnement du gouvernement du Canada. À titre de secrétaire du Cabinet, cette personne est la conseillère principale du Cabinet. Elle est responsable de consigner avec précision le contenu des réunions et des décisions. De toute évidence, ce greffier est expert en un nombre considérable d'enjeux. Il est évidemment en mesure de témoigner sur la divulgation de documents qu'il avait lui-même ordonnée de façon préventive, ce qui comprenait des documents confidentiels du Cabinet et les noms des fonctionnaires concernés, avant même que le Comité ne présente sa motion.
Il est important que nous nous concentrions un instant sur les questions à l’étude. Comme je l’ai mentionné, le greffier est le secrétaire du Cabinet et il est responsable de conserver l’information liée au Cabinet. Par conséquent, il est le gardien des documents confidentiels du Cabinet. Il peut choisir d’y renoncer dans certaines circonstances, comme il l’a fait dans le cas de la Bourse canadienne pour le bénévolat étudiant. Il a choisi de renoncer à la confidentialité et de fournir tous les documents qui avaient circulé dans le système des documents du Cabinet. Il s’y était engagé avant même que nous votions sur notre demande de documents.
Étant responsable de protéger la confidentialité des documents du Cabinet, le greffier a adopté la position selon laquelle le contenu qui ne se rapportait pas à la Bourse canadienne pour le bénévolat étudiant ne devrait pas être divulgué. Est-ce une position déraisonnable? Je ne pense pas. Cette position que le greffier a choisie, de caviarder le contenu confidentiel du Cabinet qui n’avait aucun lien avec l'enjeu en question dépassait-elle la portée de son mandat? Non, pas du tout. Est-il hors de la portée du mandat des hauts fonctionnaires, qui sont des employés non partisans, de caviarder ces documents à la source? Non. Est-il anormal pour la fonction publique de fournir des documents du Cabinet entièrement non caviardés au légiste du Parlement et de le laisser, à lui seul, choisir ce qui devrait y être caviardé? Oui, tout à fait.
C’est exactement ce que M. Poilievre et mes collègues de l’opposition demandent. L’opposition majoritaire demande à ce comité d’adopter une position sur les demandes de documents qui est très loin de la pratique normale. Cela ne se produit pas seulement ici. Cela se produit également dans d’autres comités. Nous le voyons aussi dans la structure de la motion que les conservateurs ont présentée il y a quelques semaines au sujet de leur motion d’opposition et dans laquelle ils demandent une fois de plus des documents non caviardés pour laisser le légiste y caviarder le contenu confidentiel du Cabinet. Le légiste parlementaire n’a jamais eu le pouvoir d’examiner des documents confidentiels du Cabinet. Il existe des précédents juridiques et des raisons à cela — de très bonnes raisons.
À titre d’information pour mes collègues, je m’en tiens à notre sous-amendement. Je crois qu’il est important d’établir le bon contexte. Vous comprendrez très bien mon point de vue dans un instant.
Comme je l’ai expliqué, la façon dont l’opposition majoritaire a demandé des documents est plutôt inhabituelle et très peu orthodoxe. Il est surtout intéressant de constater que la motion originale rédigée et adoptée par l’opposition reconnaissait que le contenu confidentiel non pertinent des documents serait caviardé à la source, puis transmis au légiste pour une vérification de la protection des renseignements personnels.
Cette motion a été structurée et adoptée ainsi, et aucun membre de l’opposition n’a suggéré le contraire. Imaginez notre surprise lorsque M. Poilievre est apparu au point de presse après la divulgation des documents en brandissant des documents caviardés, des documents qu’il avait reçus du légiste et qui respectaient les exigences précises d’une motion qu’il avait proposée.
J'en arrive maintenant au greffier du Conseil privé. À la mi-août, le leader du gouvernement à la Chambre a divulgué des documents, précisément les documents que le greffier avait promis de remettre et que le greffier avait demandés dans la motion, moins les passages caviardés par le légiste. Il s’agissait d’une divulgation extraordinaire de secrets de la Couronne. Comme on l’a déjà dit devant ce comité, cette divulgation était sans précédent. On y faisait référence à des fonctionnaires particuliers, mais le greffier a pris la mesure extrême de ne pas caviarder leurs noms. Il a dû pour cela envoyer un avis au commissaire à la protection de la vie privée pour l'informer de son initiative.
Il faut que mes collègues comprennent la gravité de cette décision. Nous avons maintenant deux ensembles de documents. D'un côté, nous avons l’information légèrement caviardée du leader du gouvernement à la Chambre, qui a permis la divulgation complète de l’information sur la Bourse canadienne pour le bénévolat étudiant, moins le contenu confidentiel du Cabinet qui n'y était pas lié, mais qui comprenait les noms de certains fonctionnaires. Nous avons aussi les documents du légiste, qui sont un peu plus caviardés et qui ne contiennent plus les noms, les numéros de téléphone, les adresses courriel et autres renseignements personnels de fonctionnaires.
Maintenant, l’opposition s’oppose aux caviardages initialement effectués par des fonctionnaires dans le contenu confidentiel du Cabinet non relié à l'enjeu en question. Je le répète, je trouve cela étrange, puisque la motion du Comité demandait qu'on le fasse. C’est une chose que l'on fait habituellement avant d'envoyer des documents à un comité, bien que cela ne corresponde manifestement pas au point de vue partisan de l’opposition majoritaire. Ces caviardages initiaux préoccupent M. Poilievre, M. Julian et d’autres. Nous pourrions débattre toute la journée des raisons pour lesquelles la motion adoptée a entraîné ces préoccupations, mais nous allons laisser cela de côté pour le moment.
Comme je l’ai dit, le greffier du Conseil privé est le gardien des documents confidentiels du Cabinet et il est expert de leur divulgation. Il a offert de témoigner devant le Comité. La lettre qu’il nous a envoyée indique clairement que ses sous-ministres et lui-même seraient heureux de comparaître devant le Comité pour expliquer leur examen de la motion du Comité, leur façon de compiler les documents et les efforts qu'ils ont faits pour répondre le mieux possible à notre demande.
Tout cela a passé aux nouvelles, ce qui fait que les Canadiens partout au pays sont eux aussi au courant de ces faits. Personnellement, je ne comprends pas les préoccupations que l’opposition peut avoir sur le caviardage du contenu confidentiel de documents du Cabinet qui ne se rapporte pas à l'enjeu en question. Je comprends qu’ils ont leur jeu politique à jouer, alors je suis prêt à jouer le jeu jusqu'à un certain point. C’est pourquoi je pense qu’il est tout à fait raisonnable d’inviter le greffier et ses collègues sous-ministres à venir s’expliquer. N'oublions surtout pas que, comme nous, les excellents fonctionnaires du gouvernement du Canada prêtent serment de respecter le secret de tous les enjeux dont ils sont saisis dans le cadre de leurs fonctions et de respecter les lois canadiennes sur la protection des renseignements personnels.
Alors que nous poussons ces fonctionnaires à divulguer de l’information, ils cherchent à établir un équilibre délicat entre nos droits de parlementaires à un accès raisonnable aux documents du gouvernement et leur serment de protéger la confidentialité du processus du Cabinet et du fonctionnement d’un gouvernement responsable. Je pense que nous aurions dû dès le départ féliciter le greffier. Il a reconnu que cette bourse reposait sur un bon concept, mais que sa mise en œuvre présentait très évidemment des problèmes. Il a reconnu la nécessité de présenter avec franchise et transparence la façon dont cette bourse avait été créée et il a veillé à ce que les documents du Cabinet relatifs à sa création et à son approbation soient mis à la disposition des parlementaires.
Cependant, nous les membres du Comité devons reconnaître la nécessité d'équilibrer la divulgation sans précédent de cette information avec la nécessité de protéger le contenu confidentiel du Cabinet s'il n'a aucun rapport avec l'enjeu en question. Si nous acceptions la demande de comparution du greffier, je pense qu'il expliquerait cela au Comité. Je pense qu’il a une explication mesurée et raisonnable des raisons pour lesquelles certains renseignements ont été divulgués et d’autres pas. Je pense que son témoignage indiquera que le greffier du Conseil privé n'est pas responsable d'aider l’opposition officielle à chasser l'information à l'aveuglette pour des raisons politiques.
Je ne pense vraiment pas qu’il devrait annuler des caviardages pour des raisons purement politiques, pour aider l’opposition. Cela entacherait le processus du Cabinet. Il vaudrait mieux que le greffier nous présente lui-même ces explications.
J'ai bien l'impression que nous savons ce dont nos collègues d’en face ont peur. Ils sont contrariés de voir que nous ne laisserons pas la tyrannie de l’opposition majoritaire régner ici. Je pense qu’ils sont contrariés du fait qu’un fonctionnaire professionnel non partisan est prêt à venir témoigner. Ils craignent que son témoignage aille à l’encontre de leur stratégie partisane munie d'œillères. J’encourage tous mes collègues à voter en faveur du sous-amendement pour permettre au greffier de venir expliquer la position du gouvernement sur ce caviardage. C'est ainsi que nous devrions agir.
Je demande à mes collègues de faire ce qui s’impose: permettre au greffier de comparaître devant nous. Après son témoignage, nous passerons à autre chose afin d'accomplir le travail que les Canadiens attendent de nous. J’ai particulièrement hâte de discuter de la motion de Mme Dzerowicz sur les consultations prébudgétaires. C’est la raison d’être de ce comité. Écoutons le greffier, puis passons à la planification prébudgétaire.
Cet argument est essentiel et très pertinent, car si nous y repensons, ce débat sur l’amendement de M. Kelly et sur le sous-amendement proposé par les libéraux, vraiment, tant qu'il se poursuit — et à mon avis, le sous-amendement est extrêmement important — ce débat nous empêche d’examiner la motion de Mme Dzerowicz, qui correspond tout à fait à ce que le Comité, comme je viens de le dire, est chargé de faire: entamer les consultations prébudgétaires afin que nous puissions écouter les Canadiens nous présenter leurs priorités.
Avec sa deuxième vague, la COVID-19 continue de nuire à presque toutes les régions du pays de différentes façons. Dans ma propre province, l’Ontario, nous faisons face à des défis réels, non seulement dans la région du Grand Toronto et à Ottawa, mais aussi dans d’autres régions. En nous attaquant à ce problème, nous devrons écouter des experts, notamment en économie, et nous pencher sur les répercussions de la COVID-19 dans tout le pays. Je ne saurais trop insister auprès de mes collègues sur la nécessité de viser cet objectif. Si nous repensons au jour où les contribuables nous ont élus, que désiraient-ils que nous accomplissions ici?
Le processus des comités est au cœur même du mandat de tous les parlementaires. Nous savons tous que ce travail comporte de nombreuses facettes. En fin de compte, nous avons deux tâches. Nous travaillons dans nos circonscriptions, ce qui est essentiel, mais nous participons aussi au travail effectué sur la Colline du Parlement. Dans le cadre de notre travail sur la Colline du Parlement, les discussions en comité sont cruciales. J’ai eu l’honneur de siéger au comité des affaires étrangères, au comité de la sécurité publique et nationale et maintenant, depuis deux ans, sous votre savante direction, monsieur le président, et je le dis très sincèrement... Je sais que vous êtes un homme modeste, je vous vois hocher la tête. Vous ne devriez pas. Vous avez dirigé le Comité de façon très compétente, monsieur le président.
Il est extrêmement important de siéger au comité des finances, car nos tâches sont très diverses. Nous recueillons des idées sur l'intervention économique à la COVID-19 qui se traduisent en recommandations pour la et, bien sûr, pour le . C’est très important. Mes collègues et moi-même en serons fiers, mais nos électeurs ressentent aussi beaucoup de fierté lorsqu’ils savent que leurs députés les représentent dans ce comité, qui est sans doute le plus important de tous sur la Colline du Parlement.
Depuis le début de ce débat, je pense à ce qu’il empêche de se produire. Il nous empêche très évidemment d'examiner la motion de Mme Dzerowicz, qui nous demande d’entamer sans tarder les consultations prébudgétaires.
Toutefois, cela ne veut pas dire que je sois prêt à céder la parole à l’opposition, parce qu’il y a un certain nombre de choses en jeu ici. Nous avons le greffier du Conseil privé qui a souligné une chose très importante, à savoir qu’il souhaite comparaître devant le Comité pour répondre aux questions non seulement des députés libéraux, mais aussi à celles des députés de l’opposition. C’est un geste extraordinaire de sa part, mais l’opposition s’y oppose.
Cela me préoccupe profondément. Il y a une chose que nous n’avons pas abordée au cours de réunions précédentes, et je vais la soulever maintenant devant le Comité. Il a été suggéré, surtout par M. Poilievre, et je suis déçu de ne pas entendre nos collègues de l’opposition le contester à ce sujet... Je vais vous dire — et je pense parler au nom de tous les libéraux — que, lorsque M. Poilievre a laissé entendre qu'il ne voudrait pas, qu'il ne serait pas en faveur de la comparution du greffier devant le Comité parce que, selon lui, le greffier se plie à tous les caprices du et, selon l'expression qu'a utilisée M. Poilievre, si je ne me trompe pas, il est en quelque sorte sous la férule du premier ministre, il se fie entièrement à lui, il est « dépendant » de lui... Il ne cesse d'utiliser cette expression. M. Poilievre a dit que le greffier du Conseil privé dépend du premier ministre. C’est parfaitement faux.
Par définition, le plus haut fonctionnaire du pays est neutre et objectif. Il est obligé de l'être pour remplir son rôle, et quel est ce rôle? Le greffier assume le rôle le plus important de la fonction publique. Nous devons nous assurer, même pendant les querelles entre députés des deux côtés de la Chambre, de ne pas nous attaquer à la fonction publique qui, comme nous l’avons vu dans le dossier du jour, celui de la COVID-19, sans la fonction publique fédérale... Nous pourrions aussi mentionner les services publics provinciaux et municipaux, mais je ne m'y engagerai pas. Je vais me concentrer sur la fonction publique fédérale et sur le travail extraordinaire qu’elle a accompli dans son intervention à la COVID-19.
En laissant entendre que le chef de la fonction publique du Canada est en quelque sorte « dépendant » du , comme l’a dit M. Poilievre, il ternit non seulement la réputation de ce greffier, mais aussi celles des greffiers précédents et de ceux qui viendront après M. Shugart. Il porte également atteinte à la réputation et à l’honneur des fonctionnaires actuels de tous les niveaux, qu’ils soient nouvellement embauchés ou qu'ils aient accumulé une longue d'expérience.
Je me demande pourquoi mes collègues conservateurs continuent à faire cela presque chaque fois qu’ils en ont l’occasion. Je suis également surpris que M. Poilievre ait soulevé ce point, parce qu’il parle en termes très élogieux, du moins il l’a fait au cours de séances et de réunions précédentes du Comité... Pendant la législature précédente, par exemple, je me souviens qu’il avait déclaré publiquement avoir beaucoup d'estime pour M. Shugart. Cette observation était intéressante, mais il l'a totalement contredite en affirmant que M. Shugart est sous le joug de l’actuel . Ce n’est tout simplement pas le cas. En fait, si je ne m’abuse, quand M. Poilievre siégeait au Cabinet, M. Shugart était son sous-ministre. Il a servi sous différents gouvernements.
Tout cela pour dire que lorsque nous commençons à attaquer des fonctionnaires, nous entrevoyons l'arrivée d'une vague, d'un virage de notre démocratie qu'il faut absolument éviter. Nous occupons tous un siège de député, mais cette position n'est pas éternelle. Certains d'entre nous l'occupent pendant quelques années, d'autres pendant de nombreuses années. Il est vrai que la partisanerie joue un rôle dans ce processus. Nous avons décidé d’aborder notre service public d'une certaine manière, mais les fonctionnaires qui décident de travailler dans la fonction publique, d'apporter leur contribution de cette façon, ne veulent rien savoir de la politique. Dès que nous commençons à les attaquer, nous enfreignons une règle fondamentale, la règle cardinale de toute démocratie: la fonction publique ne peut pas être politisée.
Les fonctionnaires ne politisent pas le processus. Cependant, à mon grand étonnement, je le répète, en entendant ces accusations de M. Poilievre, l’opposition n’est pas intervenue pour le corriger ou pour exprimer son point de vue sur la question. Elle érode ainsi la nécessité de veiller à ce que notre démocratie, que représente la fonction publique, ne soit pas politisée.
Je tiens à souligner une autre chose que M. Gerretsen avait suggérée sans toutefois terminer sa réflexion, si je me souviens bien, lorsqu’il a siégé à ce comité il y a quelques semaines. C’est que nous devons surveiller de très près nos discussions sur la fonction publique, parce qu’elle n’est pas devant nous pour se défendre. Lorsque M. Poilievre porte ces accusations, il le fait sans la présence de M. Shugart et d’autres fonctionnaires. Cela me scandalise, parce que pour toutes les raisons que je viens d'exposer, nous ne devrions pas attaquer les fonctionnaires puisqu'ils ne sont pas en mesure de participer à ces débats.
M. Shugart en est conscient, mais d’une façon très honorable, il a envoyé une lettre au Comité pour demander de comparaître. Si à ce moment-là, mes collègues de l’opposition veulent dialoguer de façon combative avec lui, je suppose qu'ils pourront le faire. Il est tout à fait extraordinaire de lancer ces accusations en l'absence du greffier du Conseil privé, et je crois que je n'ai jamais vu cela dans un comité. Je me demande si cela s’est déjà produit dans d’autres comités. Peut-être que oui, car le Parlement existe depuis très longtemps. Je vais supposer, en raison de la solidité de notre démocratie, que ces incidents ont été plutôt rares.
L’idée de ne pas attaquer les fonctionnaires, qui servent notre pays...
:
Merci, monsieur le président.
Tout d’abord, je tiens à remercier mon collègue de cette présentation élogieuse. Je crains de vous décevoir. Je ne suis pas prête à prononcer une allocution pour le moment, même si j’ai une chose probablement intéressante à présenter avant de prononcer les remarques que j'ai préparées. Je vous dirai honnêtement que je vais en grande partie développer les propos de M. Fragiskatos. Il disait exactement ce que je pensais, alors je vais approfondir certaines de ses observations.
Je vais commencer par vous dire que nous, du côté du gouvernement, ne croyons pas — et je le dis de tout cœur — que nous cachons quoi que ce soit. J’aime toujours rappeler à tous ceux qui nous écoutent, et peut-être à certains des nouveaux collègues qui se sont joints à nous aujourd’hui, que nous avons entendu pendant près de deux mois d’été des témoignages qui expliquaient la manière dont l’organisme de bienfaisance UNIS avait été sélectionné pour distribuer les fonds de la Bourse canadienne pour le bénévolat étudiant, la BCBE.
Ces témoignages ont établi très clairement l'absence totale de corruption et d’utilisation abusive des fonds. Ils ont prouvé qu'UNIS avait en fait été choisi indépendamment par des fonctionnaires. Nous avons hâté nos activités avant l’été parce que nous savions que les étudiants universitaires désiraient gagner autant d’argent que possible pour financer leurs études. Nous avons conclu un accord de contribution et non un contrat à fournisseur unique de façon très délibérée. Nous avons expliqué tout cela, en ajoutant que nous avions agi ainsi pour aider les étudiants.
Non seulement avons-nous fondé cette bourse, mais nous avons investi plus de 9 milliards de dollars pour soutenir les étudiants. La grande majorité de cet argent a été versée. Il a été très utile, comme dans le cas de mon neveu, qui étudie maintenant à l’Université Brock. Il se plaint du fait que l’université ne fonctionne pas à plein régime, mais je sais qu’il a pu suivre certains programmes dont il avait besoin. Je tenais à mentionner cela, parce que je trouve que c’est très important.
On ne trouve aucune preuve tangible dans plus de 5 000 documents — je crois qu’il y en a environ 5 600. Il n’y a aucune preuve tangible. Le sous-amendement dont nous sommes saisis cherche à réunir autour de la table toutes les personnes qui ont participé à cela — au caviardage, à la collecte des documents et aux raisons qui justifient les caviardages. Ensuite, nous pourrons répondre à toutes les questions et les préoccupations qui restent encore en essayant de le faire de façon publique et transparente, afin de pouvoir passer aux consultations prébudgétaires. C’est une motion que j’avais présentée lors de notre toute première séance, après la prorogation et après avoir écouté le discours du Trône. Je crois que c’était le 8 octobre.
J’ai trouvé dans un journal une annonce que je veux vous lire. Elle a été publiée dans un numéro du week-end du Toronto Star. Une fondation a décidé... Il s'agit d'un groupe qui avait en fait participé activement au travail d'UNIS pendant plus de 10 ans. Il a loué une pleine page publicitaire, et ce qu’on y lit s'insère parfaitement dans notre débat. Je cite:
The Real #WEscandal is the Loss of #WEcharity.
Je m’appelle Andy Stillman. Je crois en une philanthropie intelligente et percutante. Voilà pourquoi, pendant près d’une décennie, ma fondation familiale a appuyé l'organisme UNIS. Mais au cours de ces derniers mois, je ne comprenais plus rien en lisant les articles négatifs publiés sur UNIS et ses fondateurs. Si vous pensez comme moi, vous voulez couper court à la politicaillerie et aller au fond des choses.
C’est exactement ce que j’ai fait. J’ai embauché des enquêteurs et des juricomptables non partisans de haut calibre, dont Matt Torigian, ancien sous-solliciteur général de l’Ontario, et le juricomptable Al Rosen, qui a comparu devant la Cour suprême du Canada.
Ces experts ont examiné plus de 5 000 pages de documents du gouvernement fédéral et près de 400 documents divulgués par UNIS et ils ont mené une évaluation approfondie des finances de l'organisme UNIS et de l’entreprise sociale Me to We qui finance UNIS.
Les résultats m’ont si bien convaincu que j'ai payé la publication de ces annonces de pleine page pour que les Canadiens sachent la vérité.
Voici les cinq constatations principales des experts:
1. Après avoir évalué plusieurs autres organismes et groupes de bienfaisance, la fonction publique a déterminé qu'UNIS serait le meilleur partenaire pour administrer la Bourse canadienne pour le bénévolat étudiant (BCBE) et pour aider les étudiants.
2. Le Cabinet du premier ministre n’avait pas décidé d'avance de sélectionner UNIS pour administrer la Bourse canadienne pour le bénévolat étudiant.
3. L'organisme UNIS n’aurait tiré aucun profit de cette bourse, mais il n’aurait été remboursé que pour les dépenses admissibles d’administration du programme. L'organisme UNIS désirait vraiment aider les étudiants.
4. L’entreprise sociale ME to WE a créé des emplois à l’étranger pour aider les gens à sortir de la pauvreté. Elle a donné 100 % de ses profits à UNIS et elle a réinvesti des fonds à des fins sociales.
5. Marc et Craig sont des bénévoles qui n’ont jamais tiré de profits des activités d'UNIS. De son côté, la famille Kielburger est l’un des soutiens financiers les plus généreux de l'organisme UNIS.
Autrement dit, il n'y a pas de fricotage dans cette affaire. Le vrai #WEscandal, c’est la politicaillerie causant la perte d’un organisme de bienfaisance canadien extraordinaire qui aide des millions de jeunes depuis plus de 25 ans.
Consultez les faits au site FriendsofWE.org pour voir comment vous pouvez aider à corriger cette injustice.
Je fais confiance à l'organisme UNIS et je continuerai à le soutenir. Le monde d’aujourd’hui a besoin de plus de jeunes bénévoles, et non pas moins. Prenons donc un peu de recul, examinons les choses dans un esprit critique et examinons nos suppositions.
J’espère que ces rapports vous redonneront confiance en un organisme important, comme ils ont renforcé ma confiance. Si vous voulez faire part de votre expérience, j’espère que vous décrirez les changements que l'organisme UNIS a apportés dans votre vie en les affichant à FriendsofWE.org
Je tenais à vous dire cela parce que, de nouveau, cela valide... La raison pour laquelle nous parlons en fait d’un sous-amendement à l'amendement d’une motion originale, c’est que cette motion originale laissait entendre que nos fonctionnaires indépendants avaient caviardé du contenu qui présentait des preuves irréfutables, qui camouflait un grand scandale ou une vaste opération de camouflage. Ce n’est pas du tout le cas.
Je le répète, à la suite des témoignages que nous avons entendus pendant deux mois... J’ai vraiment trouvé étonnant que cette fondation ait décidé d’embaucher ses propres enquêteurs et juricomptables indépendants pour vérifier s’il y avait vraiment eu du fricotage. En voyant les résultats, ces gens ont décidé de les annoncer au public, parce qu'ils trouvaient qu'il était vraiment important de le faire. J’ai voulu commencer par cela, parce qu’il est crucial que le Comité le sache.
Pour revenir au sous-amendement, encore une fois, la raison pour laquelle nous voulons son adoption est que du côté libéral, nous tenons à éliminer toute préoccupation voulant qu'il existe un document quelconque qui cacherait un grand secret ou une activité malhonnête, car nous voulons passer le plus vite possible aux consultations budgétaires. Maintenant, après toutes ces discussions, il semble que nous nous entendions sur le fait que nous risquons d'éliminer le secret du Cabinet et tout ce qui concerne la sécurité nationale. À l'heure actuelle, nous nous trouvons devant des passages caviardés dans le groupe original des documents envoyés au légiste. Comme ces passages ne sont aucunement liés à l'enjeu en question, nous n'étions pas tenus de les soumettre. Cependant, comme ils faisaient tout simplement partie des documents, ils ont fini par être soumis et ont été automatiquement caviardés. Ce qu’il est important de dire, c’est que si ces passages n’avaient pas été inclus dans ces documents, personne ne s’en serait plaint, parce qu'initialement, personne n'avait demandé que nous les soumettions.
Quoi qu’il en soit, je ne sais pas si tout cela est clair, mais il nous reste quelques heures pour éclaircir cette situation.
Tout cela pour souligner ce qu'a dit mon collègue, M. Fragiskatos, en rappelant que M. Shugart, notre greffier du Conseil privé, a présenté une lettre très claire à la greffière du Comité pour indiquer ce qui suit:
Je vous écris dans la foulée des discussions récentes au Comité permanent des finances.
Mes collègues et moi serions heureux de nous rendre disponibles pour vous parler du caviardage des documents si cela peut être utile.
Je sais que nous discutons des documents demandés par le Comité depuis un certain temps déjà, et je pense que je ne me trompe pas en constatant un certain désaccord entre les partis sur le fait que des fonctionnaires ont caviardé, dans les documents confidentiels du Cabinet, du contenu qui n'a aucun rapport avec les enjeux en question. De plus, personne ne semble savoir avec certitude qui a caviardé les documents que l'on fait circuler.
Jetez un coup d'œil au sous-amendement que nous avons proposé. Vous constaterez que nous avons proposé de présenter au Comité les deux séries de documents. La première regroupe les documents caviardés par des fonctionnaires indépendants. C'est donc la première série. La deuxième est celle des documents qui reviennent des services du légiste et qui ont été de nouveau caviardés. Ainsi, nous pouvons voir les différences.
Quoi qu’il en soit, il semble y avoir une certaine confusion. On ne sait plus trop qui a caviardé quel ensemble de documents. Nous avons l’ensemble très complet de documents communiqués par le leader du gouvernement à la Chambre. Ils ont été légèrement caviardés de façon à protéger des renseignements personnels et les renseignements confidentiels du Cabinet non liés à l'affaire. Ensuite, il y a les caviardages du légiste, qui sont plus importants.
Pour ce qui est de la première série de documents, les caviardages et les instructions provenaient du légiste. M. Fragiskatos a un peu expliqué que c’est le greffier qui a donné des instructions très claires à tous les ministères au sujet des renseignements à communiquer. Je tiens à ajouter que les renseignements confidentiels du Cabinet sont très clairement définis. Six points succincts définissent les renseignements confidentiels du Conseil privé de la Reine pour le Canada, et ils se trouvent dans un paragraphe de la Loi sur la protection des renseignements personnels:
70(1) La présente loi ne s’applique pas aux renseignements confidentiels du Conseil privé de la Reine pour le Canada, notamment aux:
a) notes destinées à soumettre des propositions ou recommandations au Conseil;
b) documents de travail destinés à présenter des problèmes, des analyses ou des options politiques à l’examen du Conseil;
c) ordres du jour du Conseil ou procès-verbaux de ses délibérations ou décisions;
d) documents employés en vue ou faisant état de communications ou de discussions entre ministres sur des questions liées à la prise des décisions du gouvernement ou à la formulation de sa politique;
e) documents d’information à l’usage des ministres sur des questions portées ou qu’il est prévu de porter devant le Conseil, ou sur des questions qui font l’objet des communications ou discussions visées à l’alinéa d);
f) avant-projets de loi ou projets de règlement.
Il importe de signaler ces dispositions à tous ceux qui nous écoutent. En toute honnêteté, j’ai dû moi aussi me renseigner là-dessus. Je l’ai fait au cours de toutes ces discussions. Il est évident que, lorsqu’on demande des documents officiels, il y a des lignes directrices très claires sur la façon de définir les renseignements confidentiels du Cabinet, les éléments de sécurité nationale et les éléments qui ne sont pas pertinents. Je tenais à rappeler tout cela.
Se conformant aux instructions très justes du greffier du Conseil privé, plusieurs ministères ont entrepris de communiquer un volume d'information sans précédent, y compris des renseignements confidentiels du Cabinet relatifs à la BCBE. Cinq milles pages ont été communiquées, dont des documents qui n’auraient jamais été transmis... Il est écrit dans mes notes qu’ils n’auraient jamais été transmis sous le gouvernement Harper.
Voilà qui montre bien que le gouvernement actuel fait de son mieux pour être le plus transparent et le plus ouvert possible, ce dont témoigne la publication d’un nombre sans précédent de documents. Je souligne également, et ce n'est pas sans importance, que le n’a pas prorogé le Parlement avant que tous ces documents ne soient officiellement rendus publics.
C’est un fait très important à rappeler, parce que pour moi, il s'agit là d'une autre mesure du qui montre clairement que nous n'entendions aucunement éviter de communiquer l'intégralité des documents, conformément à ce qui a été convenu à la séance du Comité des finances, le 7 juillet.
La publication de ces documents est importante. Les députés de l’opposition peuvent maintenant s’offusquer du fait que certains passages ont été caviardés par des fonctionnaires, mais rien n'est plus normal. J’ai expliqué que des définitions très claires encadrent le caviardage. J’ajouterais que ceux qui font le travail reçoivent probablement beaucoup de formation à pour veiller à ce que ne soit caviardé que ce qui doit l'être et à ce que tout le reste soit rendu public.
Je m’adresse à mes collègues du Parti conservateur. Comme ils le savent, et M. Poilievre au premier chef, les réunions du Cabinet, le plus souvent, ne portent pas sur un seul sujet, surtout en cette période de pandémie. Un nombre incalculable de sujets importants y sont abordés, et des décisions pertinentes sont prises afin d’assurer un bon gouvernement, un gouvernement responsable. Un caviardage raisonnable a été pratiqué pour exclure les sujets non pertinents, y compris ces documents du Cabinet, afin de permettre leur communication. Ce n’est pas inhabituel, et je tiens à le répéter.
Je vais passer à autre chose.
Nous avons en main une lettre de M. Shugart, qui exprime le souhait de comparaître devant le Comité avec les sous-ministres en cause pour discuter des documents qui ont été rendus publics par le gouvernement du Canada. En raison de la position de M. Shugart et de son engagement initial à divulguer toute la documentation relative à la Bourse canadienne pour le bénévolat étudiant, ce fonctionnaire est en fait particulièrement bien placé pour répondre à nos questions.
D'où la question: pourquoi l’opposition ne veut-elle pas entendre le greffier et les sous-ministres en cause? Je demande aussi, en ce qui concerne le sous-amendement, pourquoi nous ne voudrions pas faire comparaître le greffier du Conseil privé et le légiste en même temps. C’est ce que le sous-amendement fait également ressortir.
Je veux aussi revenir sur une chose que M. Poilievre a dite à la dernière séance. J'ignore si d’autres conservateurs ont dit la même chose, mais je me souviens bien que M. Poilievre a plus d'une fois fait cette affirmation. Il semble laisser entendre que le greffier du Conseil privé n’est pas indépendant. C'est troublant. Je me suis empressée de souligner que, quand un parti forme le gouvernement — et les conservateurs ont été au pouvoir pendant un certain temps —, les Canadiens et tous les autres partis présument que la fonction publique sera indépendante et agira en conséquence, peu importe le parti au pouvoir. Je crois fermement que c’est le cas actuellement.
Si M. Poilievre ou d’autres députés croient pour quelque raison que la fonction publique n’est plus indépendante, c’est là un problème beaucoup plus grave qui requiert notre attention. Ce n’est pas et ce ne devrait pas être ce qui nous intéresse en ce moment, mais je relève une attitude très troublante dans ce type de question ou d’accusation indirecte, qui n'est pas si indirecte que cela. Je crois sincèrement que le greffier du Conseil privé, qui a été — ce n'est pas la première fois qu'on le dit — sous-ministre de M. Poilievre lorsqu’il était ministre dans des gouvernements antérieurs... À ce moment-là, M. Shugart a agi de façon indépendante, et je crois fermement que le greffier du Conseil privé, titre actuel de M. Shugart, agit également de façon indépendante.
J’allais dire que c’est une pente glissante, mais je ne pense même pas que ce soit le cas. Je ne pense même pas que nous devrions nous engager sur quelque pente que ce soit en disant que les fonctionnaires ne sont pas indépendants et qu’ils n’agissent pas dans l’intérêt supérieur de tous les Canadiens.
Et maintenant? Je voudrais parler du pourquoi. Pour être honnête, je préférerais que nous en soyons maintenant aux consultations prébudgétaires. Je ne comprends pas très bien pourquoi l'opposition ne nous permet pas d’entendre le greffier du Conseil privé et le légiste. À dire vrai, je n’ai jamais entendu parler de parlementaires qui auraient refusé d’entendre ces fonctionnaires indépendants, et le fait même de leur refuser la possibilité de témoigner devant le Comité a pour effet de politiser la fonction publique.
Au Canada, la fonction publique est expressément non partisane pour une bonne raison. Il est absolument inacceptable que l’opposition adopte ce genre de position. Mettons un instant de côté l'esprit de parti et la politique. Reconnaissons le fait que, à la demande du greffier du Conseil privé, la fonction publique a réuni des documents relatifs à la Bourse canadienne pour le bénévolat étudiant.
Conformément à la motion du Comité, les documents confidentiels du Cabinet ont été exclus. C’est une pratique normale, et j’en ai déjà beaucoup parlé. Tout le monde est au courant. Le greffier n’a ajouté qu’une mise en garde à la divulgation de ces documents: il fallait que les renseignements personnels soient retirés des documents. Malgré tout, les noms du personnel politique et des fonctionnaires ont été laissés. Seuls les numéros de téléphone et les noms des membres des familles sans lien avec l'affaire ont été supprimés, comme le greffier l’a précisé dans sa lettre.
Le légiste, lorsqu’il a reçu les documents, le 8 août, s’est acquitté de son devoir d’examiner les documents pour y repérer les renseignements personnels, comme le prévoit la motion du Comité, et il les a caviardés comme il convenait. Ce sont les documents caviardés que les membres de l’opposition brandissent dans des « moments sublimes », comme on dit ici, mais c’est aussi l’opposition qui agite les mêmes documents en français et en anglais.
Je tiens à ce qu'on sache que j'ai le plus grand respect pour le légiste parlementaire et pour son travail. Son rôle est essentiel au fonctionnement du Parlement et à la protection de ses droits et privilèges. Comme la plupart des avocats, il défendra toujours vigoureusement les droits de ses clients. Ses avis juridiques seront toujours fondés sur le point de vue le plus prudent, selon lequel le Parlement est l’autorité suprême parmi les trois pouvoirs. C’est tout à fait logique. C’est son travail. Je suis heureuse qu’il soit de mon côté. Il a fait de l’excellent travail dans ce dossier dans les circonstances les plus difficiles qui soient, compte tenu notamment de la pandémie. Cependant, le greffier du Conseil privé et les fonctionnaires en général ont aussi des responsabilités inhérentes à leurs postes. Ils sont responsables envers l'État, ils doivent protéger les secrets de l'État et faire respecter et appliquer les lois adoptées par les législateurs.
Cela nous amène à la tension normale qui existe, et pas seulement maintenant. Elle a toujours existé. Il y aura toujours des tensions entre le légiste et le greffier du Conseil privé au sujet de la communication de documents comme ceux-là. Le légiste optera toujours pour l'interprétation la plus large du droit des parlementaires d’avoir accès aux documents. Le greffier du Conseil privé et, par extension, les fonctionnaires, adopteront toujours la position contraire, à savoir que les documents confidentiels du Cabinet doivent être protégés et défendus à tout prix.
Le plus souvent, les négociations permettent de dissiper cette tension et de trouver un juste milieu. C’est l’idéal. Voilà pourquoi nous avons proposé ce sous-amendement. Faisons comparaître ces deux personnes. Comme je l’ai dit à maintes reprises, nous avons déjà prouvé, grâce aux témoignages entendus pendant deux mois l'été dernier, qu’il n’y a pas de scandale et qu’il n’y a pas de camouflage, comme M. Poilievre, je crois, aime bien le déclarer de façon théâtrale. Il n’y a pas de preuve tangible, vu ces plus de 5 000 pages de documents.
Vous n'avez pas à nous croire sur parole. Il y a aussi une fondation indépendante qui a été très liée à UNIS et qui a été très troublée par toutes ces allégations à son sujet. Elle a, de son côté, retenu les services de M. Al Rosen, ancien sous-solliciteur général de l’Ontario et juricomptable, qui a comparu devant la Cour suprême du Canada, pour confirmer qu'il n'y a eu aucune irrégularité.
Sur ce, je voudrais laisser cette seule réflexion à tout le monde avant de céder la place à quiconque voudra intervenir: je m'inquiète vivement de nos consultations prébudgétaires. Je me demande si nous pourrons vraiment accorder le temps nécessaire aux presque 800 organisations, particuliers et sociétés qui nous ont présenté des mémoires. Je suis censée accorder une interview au sujet de ce qui se passera s’il n’y a pas de consultations prébudgétaires.
Je crois vraiment en la valeur du travail du gouvernement, du travail du Comité. Nous avons un travail important à faire: écouter ceux qui traversent une pandémie sans précédent, entendre leurs meilleures idées sur la façon dont nous pouvons appuyer non seulement leurs organisations, leurs entreprises, mais aussi l'ensemble des Canadiens. Comment pouvons-nous remettre notre économie sur les rails? Comment pouvons-nous construire une assise économique solide à partir de laquelle nous pourrons nous rétablir après la pandémie? Comment pouvons-nous aussi nous préparer à être encore plus concurrentiels et à régler certains des problèmes financiers structurels que nous avons éprouvés par le passé? Comment pouvons-nous mettre nos capitaux à contribution pour devenir aussi concurrentiels que possible? Comment pouvons-nous nous attaquer à certains des plus gros problèmes que nous avons sur le plan des excédents commerciaux?
Il est vraiment important que nous essayions de passer à autre chose. J’ai entendu M. Julian dire à quelques reprises — je sais qu’il est sur le point de prendre la parole, alors il va probablement me répondre — qu’il a mis toutes ces idées sur la table.
Honnêtement, monsieur Julian, je n’ai pas entendu toutes vos idées. Je n’ai entendu qu’un « non », ou une réticence à accepter le sous-amendement afin que nous puissions peut-être réunir tous les acteurs pour essayer de passer à autre chose et consacrer un certain nombre de séances et de délibérations aux consultations budgétaires, de façon à présenter d'excellentes idées à la et au gouvernement afin qu’elles puissent être intégrées au budget de 2021 que nous attendons avec impatience et dont nous avons tant besoin.
Sur ce, merci beaucoup, monsieur le président, et merci à tous de m'avoir écoutée.
Merci.
:
Merci, monsieur le président.
Je remercie mon collègue, M. Julian, de ses observations. Nous faisons confiance au Président de la Chambre, tout comme lui et tous nos collègues de la Chambre. Nous faisons également confiance au légiste pour prendre une décision fondée sur les faits. Les deux thèses se défendent et il faut en tenir compte avant de prendre une décision finale sur la façon de procéder.
Il n’y a pas si longtemps, je suivais à la télévision les travaux du Comité. Les députés savaient mettre de côté l'esprit de parti, travailler ensemble et parvenir à un consensus sur la façon d'aborder les questions de l’heure. C’est vraiment dommage de voir que la politique polarisante qui s’est emparée d’autres pays du monde continue de s’insinuer chez nous, au Parlement du Canada.
Malheureusement, cette politique est surtout présente dans les tactiques ou la stratégie de mes collègues des partis de l’opposition. Avant que M. Julian ne se porte à la défense de M. Poilievre et qu’il ne conteste la pertinence de mes propos, j’espère profiter d'une certaine latitude, car je vais en venir au point que je veux faire valoir au sujet du sous-amendement, non pas du sous-amendement dont M. Julian a parlé, mais du premier. Il me faudra cependant un petit moment pour en arriver là.
L’attitude de mes collègues, surtout conservateurs, montre de façon flagrante qu’ils ont pleinement adhéré aux tactiques de désinformation de l’extrême droite. Cela n’a jamais été aussi évident que dans l'objectif initial qui nous a plongés dans le débat d’aujourd’hui. Il s'agit donc de la motion de privilège de M. Poilievre, et au cours du débat sur cette motion, nous avons été saisis d'un amendement et d'un sous-amendement, et peut-être y en aura-t-il un autre encore, relativement à cette motion. La motion initiale est l’élément clé. C’est la raison du sous-amendement aujourd’hui à l'étude.
Le greffier du Conseil privé est un témoin expert en ce qui concerne la divulgation des renseignements confidentiels du Cabinet. C’est M. Shugart qui a accepté de rendre publics tous les documents relatifs à la Bourse canadienne pour le bénévolat étudiant, avant même que le Comité n'en fasse la demande. Il est vraiment important que le greffier comparaisse, puisqu'il y a un rapport avec la motion initiale de M. Poilievre. La vérité, c’est que la question de privilège soulevée par l’honorable député n’est rien d’autre qu’une combine mesquine et sectaire. C’est une fausseté absolue déguisée en artifice de procédure et conçue pour servir le discours des conservateurs. C’est une tactique de l’extrême droite, qu’on a vue un peu partout dans le monde dernièrement, cette tendance à mettre de côté la vérité et à continuer de faire valoir un argument qui n’a aucun fondement dans la réalité.
Comme bon nombre de mes collègues l’ont dit devant le Comité, le gouvernement du Canada a publié plus de 5 000 pages de documents contenant tous les renseignements relatifs à la conception et à la mise en œuvre de la Bourse canadienne pour le bénévolat étudiant. L’opposition a dû être tout simplement abasourdie par tous les détails que des fonctionnaires impartiaux ont décidé de ne pas caviarder. M. Poilievre a dû être complètement renversé en constatant que des documents portant les mentions « Secret » et « Document confidentiel du Conseil privé de la Reine pour le Canada » figuraient dans le lot et n’étaient pas caviardés. Nous pourrons savoir exactement pourquoi ces documents ont été inclus si le greffier vient témoigner à ce sujet. Pourtant, pour une étrange raison, mes collègues de l’opposition font obstacle.
C’est un tout nouveau monde, celui où les députés de l’opposition empêchent la comparution du dirigeant non partisan de la fonction publique. C’est vraiment dommage.
Pour revenir à mon propos, je suis certaine que mes collègues ont été renversés par tous les détails qui figurent toujours dans les documents. À ce moment-là, les conservateurs et peut-être d’autres collègues de l’opposition se sont retrouvés avec un problème sur les bras. Ils ont dû se dire que, puisque tous les documents avaient été rendus publics — compte tenu de ce fait et du témoignage —, ils étaient complètement démunis.
Je ne peux pas imaginer la profondeur de leur désarroi lorsqu’ils se sont rendu compte de cela, mais quelle est la vérité? Pour mes collègues d’en face, la vérité est subjective. S'inspirant des groupes d’extrême droite qui ont surgi dans le monde, ils ont peut-être décidé de brouiller les pistes et de créer leur propre récit. À bien y penser, cela explique pourquoi certains collègues refusent que le greffier du Conseil privé vienne témoigner aujourd’hui: son témoignage saperait fort probablement la version des faits qu’ils essaient de colporter depuis des semaines.
Comme je l’ai dit plus tôt, il fut un temps où la civilité l’emportait et où les parlementaires collaboraient pour régler les problèmes de l’heure. Il fut un temps où la vérité aurait été acceptée sur présentation des faits. Malheureusement, nous ne vivons plus à cette époque. De nos jours, si les faits réfutent une thèse, on renchérit. Lorsqu’on vous présente des témoins experts...
:
Merci, monsieur le président.
Je remercie mon collègue de son rappel au Règlement. Nous allons sans doute convenir que nous ne sommes pas d'accord.
J'en reviens à mes observations. Depuis que je suis députée, c'est-à-dire depuis un peu plus d’un an, je n'ai jamais vu un parti de l’opposition refuser qu’un fonctionnaire qui a des renseignements pertinents à fournir témoigne devant un comité, à plus forte raison lorsque ce fonctionnaire est à la tête de la fonction publique. Je l’ai déjà dit par le passé, et je fais écho à ce qu'a expliqué ma collègue, Mme Dzerowicz: si nous commençons à douter du greffier du Conseil privé, alors nous avons certainement sur les bras un problème bien plus grave à régler, au lieu de débattre d'un sous-amendement proposé à un sous-amendement et peut-être d’un autre sous-amendement.
Dès le départ, ce que le Comité a demandé comme documents était clair, et le témoignage que le greffier du Conseil privé nous a livré a dit clairement ce que nous recevrions de lui. Je le répète, plus de 5 000 pages de renseignements pertinents ont été communiquées, avec peu de caviardage. Le greffier s'est engagé à faire en sorte que le Comité obtienne l’information nécessaire pour bien comprendre ce qui s’est passé depuis la conception jusqu'à la mise en œuvre de la Bourse canadienne pour le bénévolat étudiant.
Il a respecté son engagement. Mes collègues d’en face savent pertinemment que les passages caviardés concernent des questions qui n'ont rien à voir avec ce qui nous intéresse, mais en raison de la nature des documents, ils ont été caviardés pour permettre de communiquer l’information sur la BCBE. Le légiste lui-même a caviardé d’autres passages et pas seulement lorsqu’il a reçu les documents, car il est aussi intervenu sur certains caviardages. C’est ce que je crois comprendre.
Dans la motion du Comité, il était admis que les renseignements confidentiels du Cabinet sans intérêt pour nous seraient caviardés. Le Comité a également compris que le légiste parlementaire retirerait certains renseignements personnels des documents. Le greffier du Conseil privé pourrait s'expliquer si nous l’invitions à comparaître. Je suis heureuse d’entendre M. Julian dire qu’il n’aurait pas d’objection à ce que M. Shugart comparaisse, car j'estime vraiment que cette comparution doit avoir lieu au plus tôt. Il a pris la décision extraordinaire de laisser les noms des fonctionnaires et il en a informé le commissaire à la protection de la vie privée. Le greffier du Conseil privé n'y peut rien si la motion du Comité a par la suite amené le légiste à caviarder les noms mêmes que le greffier a tenté de divulguer. S’il pouvait comparaître, il pourrait expliquer sa décision.
Le Comité a reçu ces documents dans les délais impartis. Ils ont été transmis au légiste, comme le disait expressément la motion initiale, et le légiste a fait ses propres caviardages à peu près au moment de la prorogation. Il a remis ces documents aux membres du Comité. Ce qui est intéressant ici, c’est qu’il est clair que le caviardage pratiqué par le légiste est beaucoup plus radical que celui des documents originaux remis par la fonction publique.
Par souci de transparence, le leader du gouvernement à la Chambre a de toute façon rendu publique la version la moins caviardé des documents. Essentiellement, le gouvernement du Canada a respecté la promesse du greffier du Conseil privé et la demande que le Comité a formulée dans sa motion. Si le greffier était autorisé à témoigner, il confirmerait ce fait très simple.
Cela nous ramène encore une fois à la raison pour laquelle nous débattons encore du sous-amendement. Tout simplement, nous en sommes là parce que l’opposition majoritaire ne peut pas reconnaître qu’on lui a donné tout ce qu’elle voulait. Cela ne cadre pas avec le discours qu’elle essaie de faire passer dans l'opinion, tout comme le témoignage du greffier ne correspondrait pas à la version qu’elle présente à l'opinion. Nous sommes en train de débattre d’un sous-amendement à un amendement à une motion qui, en fin de compte, n’est qu’une astuce procédurale pour mousser cette manœuvre politique mesquine qui, de jour en jour, tient de moins en moins la route.
Cette question retient notre attention depuis des semaines. Le Comité a le mandat de mener des consultations prébudgétaires, et je suis tout à fait d’accord avec M. Julian pour dire que nous devons nous en acquitter.
Nous avons une solution à notre portée. Au moyen d'un seul vote, nous pourrions mettre de côté la motion de M. Poilievre, non pas la rejeter, seulement la mettre de côté. Nous pouvons inviter le chef de la fonction publique, le greffier du Conseil privé, M. Shugart, à comparaître devant le Comité. Lui et les sous-ministres concernés pourraient alors nous livrer ses réflexions et leur raisonnement concernant les documents qui ont été fournis.
Ils pourraient nous expliquer qu'aucune des discussions et des décisions relatives à la Bourse canadienne pour le bénévolat étudiant n'a été censurée. Ils pourraient nous expliquer que des renseignements n'ayant aucun rapport avec le sujet de notre étude ont été censurés. Ils pourraient enfin dissiper toutes les préoccupations de l'opposition.
Je sais que cela ne répondrait pas aux intérêts politiques particuliers que l'opposition majoritaire souhaite promouvoir. Je sais que cela ferait voler en éclats le scénario fantaisiste que M. Poilievre essaie de fabriquer, mais c'est tant pis. M. Poilievre et d'autres députés de l'opposition veulent connaître la vérité, alors allons-y. Faisons la lumière là-dessus. Il est temps que le chef non partisan de la fonction publique soit convoqué ici et nous donne l'heure juste.
Je vais donc me répéter. J'exhorte mes collègues à mettre de côté leurs divergences politiques pour revenir à l'époque révolue de la collégialité et du décorum parlementaires et à se rappeler que nous sommes dans cette enceinte pour servir nos électeurs et défendre leurs intérêts avant tout. Témoignons notre respect à l'endroit de nos fonctionnaires professionnels et non partisans en évitant de les mêler à des manœuvres politiques.
Monsieur le président, je demande à mes collègues de travailler avec nous et d'approuver le sous-amendement visant à inviter le greffier du Conseil privé et d'autres sous-ministres à comparaître devant le Comité dans les plus brefs délais.
:
Merci beaucoup, monsieur le président.
Je remercie également ma collègue, Mme Khalid.
Soyez la bienvenue parmi nous.
Je félicite M. Fragiskatos pour la noblesse de ses propos. Il a tout à fait raison.
Quand les gens font des commentaires, j'ai tendance à les oublier. En vieillissant, de peur d'oublier ce que je veux dire, je préfère donc répondre du tac au tac. Je vais donc répondre directement aux commentaires de M. Julian.
Premièrement, il a dit que nous empêchons le comité des finances d'entreprendre son étude sur les consultations prébudgétaires. Je n'en ai pas parlé au cours de cette réunion et il est très important que je me répète.
Le 8 octobre, quand le comité des finances s'est réuni pour la première fois après l'élection de notre président et de nos vice-présidents, j'ai présenté une motion portant sur les consultations prébudgétaires. J'ai été la première ici à le faire. Nous aurions pu commencer si M. Julian ou tout autre député de l'opposition avait décidé d'appuyer cette motion. Ce n'a pas été le cas.
M. Poilievre a interrompu le processus de mise aux voix de la motion en présentant une motion sur la question de privilège, après quoi nous sommes passés à un sous-amendement à l'amendement de la motion initiale. Je tiens absolument à le signaler. Nous voulions passer directement aux consultations prébudgétaires. Je n'accepte pas que quelqu'un prétende que l'équipe libérale a essayé de nous empêcher de passer directement aux consultations prébudgétaires.
Je veux maintenant revenir sur motion de M. Poilievre. Dans la question de privilège qu'il a déposée et sur laquelle il veut que nous nous prononcions, il dit ceci: « Votre comité a conclu que la réponse du gouvernement ne respectait pas l'ordre » — il s'agit de l'ordre du 7 juillet — visant la production de tous les documents relatifs à UNIS et leur transmission au légiste aux fins de censure.
Dans toutes les réunions que nous avons eues depuis le 8 octobre, nous n'avons cessé de démontrer que nous nous sommes conformés à cette motion du 7 juillet. Nous avons expliqué pourquoi nous y avons donné suite. Nous avons expliqué quels étaient les documents confidentiels du Cabinet. Nous avons parlé des lettres de transmission. Nous les avons examinées dans les moindres détails. Nous avons même donné des exemples à n'en plus finir de passages censurés. Nous avons ensuite déposé le sous-amendement pour signifier que nous étions prêts, même s'ils ne nous croient pas, à convoquer les principaux intéressés. Convoquons le greffier du Conseil privé. Convoquons le légiste. Convoquons les sous-ministres concernés. Réglons cette affaire une fois pour toutes, publiquement et de manière transparente, parce que nous pensons qu'il n'y a rien de répréhensible. Nous n'avons rien à cacher.
Nous avons déposé cette motion assez tôt, mais ni M. Julian, ni aucun autre député de l'opposition n'y a donné suite. Je ne laisserai jamais personne prétendre que nous avons essayé de retarder les consultations prébudgétaires. Au contraire, nous avons toujours fait tout en notre pouvoir pour régler cette question le plus rapidement possible et passer aux consultations prébudgétaires.
Je tiens à répéter ce que j'ai déjà dit. M. Julian n'a proposé aucune idée nouvelle pour nous sortir de cette impasse.
Voilà. Je tiens à remercier chaleureusement Mme Khalid de m'avoir cédé quelques minutes de son temps pour répliquer aux propos de M. Julian.
Je vous remercie.
:
Je suis tout à fait d’accord avec Mme Jansen.
En ce qui a trait au premier point concernant le scandale d'UNIS, voilà cinq semaines que les députés ministériels n'ont fait que traînailler, nous infligeant de grands discours, quelque 171 000 mots au total. Leurs propos ont porté sur la Bible, la Torah, le Coran, les philosophes grecs, les personnages de dessins animés et tous les sujets possibles et imaginables, le tout pour épuiser le temps et éviter de publier ces documents.
Aujourd’hui, j’ai présenté une motion qui reflétait le compromis auquel le leader parlementaire du Parti libéral a souscrit lorsqu’il a tweeté à ce sujet plus tôt cette semaine. Nous constatons maintenant que ces tweets ne correspondent pas à ce que les libéraux sont prêts à faire. Nous avons dit que nous serions prêts à mettre en veilleuse pour l’instant les documents qui contiendraient des soi-disant secrets du Cabinet afin que l'on puisse divulguer tout le reste. En effet, le gouvernement prétend avoir dû protéger la confidentialité du Cabinet pour expliquer sa principale objection à la divulgation non censurée de ces documents. Nous avons présenté une motion conforme à ses souhaits, et voilà qu'il nous dit hésiter une fois de plus.
Les délais ne sont pas une excuse non plus. Les documents sont en possession du gouvernement. Il n'a qu’à les envoyer sans encre noire. S’il possède des versions caviardées, il doit aussi avoir les versions antérieures, sans encre noire. Ce sont des documents numériques. Je présume que les copies transmises au Comité ne sont pas les seules, mais elles ont été caviardées et il n’y a aucun moyen de prendre connaissance des originaux, qui sont pourtant bien là. Le gouvernement sait ce qu'ils contiennent. Il a toute une armée de fonctionnaires qui peuvent les produire sans encre noire. Il pourrait les envoyer au légiste sur une clé USB, voire par courriel, et ce, dès ce soir s’il le voulait. Laisser entendre qu’il ne peut pas le faire d’ici jeudi — désolé, je veux dire vendredi... Je lui ai donné jusqu’à vendredi, pour l’amour du ciel. Je ne sais pas combien de temps il faut pour envoyer un courriel.
Ensuite, prétendre qu’il ne peut pas s’organiser et demander au greffier du Conseil privé de venir témoigner à la date prévue dans la motion, qui est, je crois, au milieu de la semaine prochaine... c’est tout aussi ridicule. Le greffier vit à Ottawa. Il a accès aux communications électroniques. Il peut certainement se rendre disponible. Il ne lui serait pas difficile de modifier son horaire à la demande du Parlement du Canada.
Il n’y a aucune raison logistique pour empêcher le gouvernement d’accepter cette motion ce soir même. Il ne fait que traînailler, retarder les choses toujours davantage. Pendant ce temps, des millions de personnes sont sans emploi et des entreprises se font expulser de leurs locaux, parce que le gouvernement a une fois de plus fois bâclé son Programme d’allégement des loyers commerciaux, un programme que nous aurions pu remanier ici, au Comité, n’était-ce du fait que nous sommes paralysés par l’obstruction systématique des libéraux, qui dure depuis cinq semaines. On nous demande maintenant 48 heures de plus pour pouvoir lire une motion d’un petit paragraphe de rien du tout.
En ce qui concerne l’article 69, monsieur Fraser, je pense que vous péchez par excès de modestie au sujet de vos capacités. Vous êtes un avocat compétent, un homme cultivé. Il vous suffirait de quelques minutes pour parcourir l’article 69 de la Loi sur l’accès à l’information. Vous avez toute l'intelligence voulue pour le faire. Je soupçonne en fait que vous connaissez déjà cet article, car je sais que vous passez beaucoup de temps à lire ces lois. Je ne rigole pas en disant que vous pourriez maîtriser cet article en un tournemain. Il est tout court. Il n'a qu'une centaine de mots et parle essentiellement de « documents confidentiels du Cabinet ».
Aucune des excuses que nous entendons aujourd’hui n’a de bon sens. Il semble qu’on veuille nous lancer dans une autre aventure futile pour gaspiller 48 heures de notre temps, au lieu de régler la question une fois pour toutes pour que nous puissions reprendre nos travaux.
Mme Jansen a tout à fait raison. Je me demande parfois si le gouvernement nous inflige cette interminable obstruction non seulement pour camoufler le scandale d'UNIS, mais encore pour éviter que l’on scrute à la loupe cette grande relance dont parle maintenant le , cette idée qu’il va rénover la société canadienne pour l’adapter à ses ambitions utopiques, à ses « Trudeautopies ». Ce n’est pas le moment de repenser la société à son goût ou selon son idéologie socialiste.
C’est le moment de ramener les gens au travail en toute sécurité, de protéger leur vie et leur gagne-pain, et non le moment pour le gouvernement de profiter de la crise pour accroître massivement ses pouvoirs au détriment de la liberté des Canadiens. C’est de cela que nous devrions parler au Comité des finances. Nous devrions nous opposer aux coups de force dont le est en train de parler.
Je commence à me demander si cette obstruction vise à camoufler non seulement le scandale d'UNIS, mais aussi les grands projets d’ingénierie sociale et économique du gouvernement, pour dissimuler le coup de force qu’il caresse depuis le début de cette crise. Franchement, nous avons perdu patience. Nous voulons une réponse. Nous voulons aller de l’avant.
Merci, monsieur le président.
:
Merci, monsieur le président. En fait, je suis heureuse d’être de retour à Ottawa et de voir tout le monde dans la salle.
Madame Jansen, je suis tout à fait de votre avis, et je pense que nous sommes probablement tous d’accord pour dire que nous voulons reprendre nos travaux. Pour moi, en ce moment, reprendre les travaux veut dire passer directement aux consultations prébudgétaires.
Je rappelle encore une fois à tous que le 8 octobre, lors de notre première réunion, j’avais présenté une motion dès les premières minutes pour que nous commencions les consultations prébudgétaires. Je vous dirais que si nous voulons passer aux choses sérieuses, nous pouvons le faire sans plus tarder à condition que la question de privilège que M. Poilievre a soulevée après ma motion soit retirée. Il n’y a absolument aucun retard de notre part.
Je suis très reconnaissante à M. Poilievre d’avoir présenté une motion aujourd’hui. Je vous dirais toutefois qu’elle nous a été remise en pleine réunion. Si c’était quelque chose que nous aurions voulu décider à l'avance, on aurait dû nous distribuer la motion avant la réunion, comme il arrive souvent. Nous aurions pu l’envisager à l’avance. Nous aurions pu la lire et l’examiner avant de venir ici aujourd’hui pour prendre une décision, mais cela n’a pas été fait. La motion nous a été remise au cours de notre réunion.
Cela dit, je suis très heureuse que M. Poilievre ait proposé quelque chose. Comme mon collègue M. Fraser l’a indiqué, cela semble prometteur. Je pense qu’il y a beaucoup d’éléments qui pourraient nous amener là où nous voulons tous en venir, mais il nous faut un peu de temps pour y réfléchir comme il se doit.
D’après ce que j’ai compris de la proposition de M. Fraser et de ce que notre président s'efforce de faire comprendre, nous avons proposé quelque chose de très rapide qui pourrait nous ramener sur la bonne voie d’ici jeudi. Si j’ai bien compris les propos de mon collègue, M. Fraser, il a dit qu’il était prêt à commencer à travailler là-dessus dès ce soir, en plus d'autres questions dont il doit s'occuper, et il a proposé un appel téléphonique demain à quiconque souhaiterait en discuter — de tous les partis —, afin que nous puissions peut-être répondre à certaines questions et continuer d'avancer vers, espérons-le, une sorte d’entente.
Je crois avoir entendu dire que nous pourrions également trouver le moyen — à condition de nous entendre — de régler la question sur le plan de la procédure au début de notre réunion de jeudi, si nous ne trouvons pas une salle de réunion disponible ou qui se libère miraculeusement pour demain. Nous pourrons ainsi nous mettre à l'œuvre et entendre notre gouverneur et notre sous-gouverneure jeudi.
Je n’ai entendu personne dire qu’il fallait se contenter d'attendre. Ce que j’ai entendu, c’est qu’il faut essayer d’agir le plus rapidement possible, avoir la chance d’examiner cette motion et nous assurer de bien la comprendre. Nous allons nous y mettre immédiatement. Nous sommes prêts à nous rencontrer demain matin par téléphone et — pour peu que nous puissions nous entendre — déterminer la marche à suivre pour pouvoir régler la question dès la première partie de notre réunion de jeudi afin que nous puissions nous mettre au travail le jour même.
C’est ce que j’ai entendu, et je ne pense pas que nous tentions de retarder les choses ou de recourir à quelque tactique dilatoire que ce soit, mais que le fait de vouloir examiner la motion qui nous a été présentée relève tout simplement de notre responsabilité.
Je veux aussi m’adresser à M. Poilievre. Il me fait toujours rire avec certaines de ses allusions. Je tiens à préciser, aux fins du compte rendu, qu'au cours de ces dernières semaines, personne n’a dit mot du Coran, de la Torah ou de tout autre sujet qu’il a évoqué tantôt. Je pense que nous tentions désespérément d'atteindre un compromis, et nous avions proposé un sous-amendement qui, nous l’espérions, devait régler les problèmes soulevés par l’opposition.
:
Merci, monsieur le président.
En mars dernier, le comité des finances a été chargé de surveiller les dépenses du gouvernement. Il avait deux rôles à jouer: veiller à ce que les gens reçoivent de l’aide pendant cette pandémie, et veiller à ce que le gouvernement dépense de sorte que les gens et les petites entreprises dans le besoin reçoivent effectivement ces fonds. Nous avions ces deux responsabilités, et nous les avons admirablement bien assumées jusqu’au 18 août, date à laquelle le a prorogé le Parlement unilatéralement et sans autre forme de procès.
Depuis, ces trois derniers mois, entre la prorogation et l’obstruction systématique, le comité des finances est incapable de s’acquitter des fonctions qui lui ont été confiées par une motion unanime de la Chambre des communes. Les députés ministériels affirment que l’opposition doit faire des compromis. On a fait toute une série de suggestions. On nous a demandé du temps pour les examiner pour ensuite les rejeter systématiquement.
Je suis profondément préoccupé par l’idée que, même si tous les éléments de la motion de M. Poilievre ont déjà été suggérés par les députés ministériels, le gouvernement veuille prendre le temps d'y réfléchir de nouveau. Or, comme nous l'avons vu lors de manifestations antérieures de ce processus, ou de cette stratégie, la réponse sera invariablement négative.
C'est un peu ironique de ma part, monsieur le président, mais la motion compte moins de 200 mots. Le gouvernement demande maintenant 48 heures pour l'étudier, autrement dit, environ 15 minutes pour examiner chaque mot. Une partie de la motion dit « député de Westminster-Burnaby ». Ce sont quatre mots, soit toute une heure de réflexion que les députés ministériels semblent demander. Je n’arrive absolument pas à comprendre pourquoi ils font traîner les choses, alors qu'il est question de reprendre des suggestions du gouvernement lui-même, si ce n'est pour l'ajout d'un témoin supplémentaire, à savoir la commissaire à l’éthique.
Voilà trois mois que nous aurions dû nous concentrer sur les dépenses du gouvernement et veiller à ce que l'on s'occupe des gens. Tout cela s’est fait de façon unilatérale par les libéraux, d’abord par la prorogation et maintenant par l’obstruction. Nous avons aujourd’hui l’occasion d’adopter cette motion, de faire en sorte que les députés libéraux retirent le sous-amendement qui la bloque, et d’aller de l’avant.
Il n’y a vraiment aucune raison de ne pas adopter la motion présentée par M. Poilievre. Je l’appuie sans réserve. C’est un compromis raisonnable, et j’espère qu’il nous permettra de revenir à ce que la Chambre des communes nous a demandé de faire au début de cette pandémie, c’est-à-dire examiner les dépenses du gouvernement et nous assurer de venir en aide à autant de gens que possible tout au long de la crise.
Je ne comprends pas la tactique de l’obstruction. Avec le dépôt de cette motion, il est raisonnable de s’attendre à ce que les députés ministériels aient déjà mené des consultations au cours de la dernière heure. Ils ont toute une autre heure pour s'y prendre et faire leurs appels téléphoniques. Finissons-en une fois pour toutes pour que nous puissions faire le travail qui nous a été confié par une motion unanime de la Chambre des communes au début de cette pandémie. Nous n’avons pas pu agir au cours des derniers mois, d’abord à cause de la prorogation, une décision unilatérale, et maintenant, à cause de cinq à six semaines d’obstruction systématique.
:
Permettez-moi d'apporter une précision. Normalement, nous le pourrions. J'ai parlé à la greffière, et on me dit qu'il n'y a pas de salle pour nous demain. C'est un problème, compte tenu de toutes les contraintes que nous impose la COVID et du fait que nous devons composer avec Zoom et les horaires, etc. Normalement, le Comité pourrait se réunir cinq jours par semaine, mais les choses sont différentes, et c'est un problème. Je n'ai pas changé d'avis. J'ai dû me rendre à l'évidence, je suppose, qu'il n'y a pas de salle pour nous accueillir demain.
J'ai Mme Dzerowicz sur ma liste, puis nous reviendrons au sous-amendement. Toutefois, pour donner aux membres du Comité matière à réflexion, je crois vraiment que si nous y travaillons, nous pourrons arriver à la réunion de jeudi avec une solution à ce problème.
Je tiens à le mentionner pour que les membres du Comité y réfléchissent, parce que je sais que nous voulons tous en venir aux consultations prébudgétaires. Nous voulons lire les 793 mémoires qui ont été soumis et qui contiennent beaucoup de bonnes recommandations. Nous en avons vu certains — du moins certains d'entre nous les ont vus, parce qu'ils nous ont été envoyés directement.
C'est au Comité d'y réfléchir. Notre règlement prévoit que nous fassions rapport de nos consultations prébudgétaires d'ici le 8 décembre. Comme je l'ai dit, 793 mémoires ont été déposés avant le 15 août et sont à notre disposition pour que nous puissions les examiner.
Je sais que les analystes y ont travaillé et qu'ils ont essayé de les résumer, afin que nous puissions examiner les recommandations, notamment. Cela voudrait dire que nous n'aurions pratiquement pas le temps, je suppose, d'entendre des témoins en personne. et nous aurions probablement besoin de deux ou trois réunions — trois, fort probablement — pour proposer des recommandations, en discuter et nous entendre. C'est le premier scénario. Ce serait une possibilité.
L'autre possibilité serait que nous demandions la permission de la Chambre de déposer le rapport au cours de la première semaine de février. Pour ce faire, il faudrait obtenir la permission de la Chambre pour tenir des audiences virtuelles au-delà du 11 décembre, parce que je crois comprendre que la motion à la Chambre ne les autorise que jusqu'au 11 décembre.
Si nous adoptions ce scénario, nous aurions quelques créneaux d'ici le 11 décembre, mais après le 11 décembre, les autres comités ne se réuniront pas, ou du moins je ne le crois pas. Si nous tenions des réunions de trois heures ou plus les 14, 15, 16 et 17 décembre, nous pourrions entendre 12 témoins, soit six par heure et demie. Cela nous permettrait d'entendre 48 témoins prioritaires. Les analystes auraient le mois de janvier pour rédiger le rapport, et nous pourrions faire le travail nécessaire au cours de la dernière semaine de janvier pour terminer notre rapport. Comme je l'ai dit plus tôt, ils travaillent actuellement à une annexe concernant les mémoires, qui nous sera très utile.
L'autre point que j'aimerais soulever — et, comme je l'ai dit, c'est simplement pour y réfléchir, parce que nous devons faire ce travail d'une façon ou d'une autre pour le bien des Canadiens —, c'est que les analystes ont également contribué à nos audiences sur la COVID-19 au printemps.
J'ai vu un résumé de ce que les analystes avaient préparé avant la prorogation. Ils ont poursuivi ce travail. Il y a beaucoup de bonnes suggestions dans les mémoires relatifs à la COVID-19 que nous avons vus. Ils ont préparé un résumé complet des suggestions concernant la COVID-19. Nous pourrions également en faire rapport à la Chambre pour donner à la , notamment, l'occasion de voir ce que d'autres ont dit au cours des audiences du printemps. Cela s'ajouterait au travail que nous pourrions décider de faire dans le cadre des consultations prébudgétaires.
Je vous fais part de cela en ma qualité de président. Je pense que nous devons réfléchir à ce que nous allons faire et à la meilleure façon de prendre connaissance de l'information que les Canadiens ont pris le temps de rédiger et au sujet de laquelle ils ont soumis des mémoires et comparu devant nous au printemps.
Je voulais seulement attirer votre attention sur cela.
Madame Dzerowicz, vous en êtes toujours à la proposition de motion de M. Poilievre. Ce n'est pas vraiment une motion dont nous sommes saisis, mais nous allons vous permettre d'intervenir. Puis, nous reviendrons au sous-amendement.
:
D'accord. Je pensais qu'elle était prête à intervenir. En tant que bon collègue, j'étais prêt, même dans ce cas-ci, à céder un peu de temps à l'opposition. Cela témoigne de la bonne foi des députés libéraux.
Pour revenir à ce que je disais, je pense qu'il faut tenir un débat rigoureux pour s'assurer de faire les choses correctement. Il y a déjà de la confusion du côté des députés de l'opposition après l'adoption d'une motion visant précisément à supprimer les documents confidentiels du Cabinet, ce qu'ils demandaient. Il semble que, dans leur empressement à adopter cette motion, ils se soient embrouillés, malheureusement.
Compte tenu de toutes les histoires que l'opposition essaie de raconter au sujet d'UNIS, il n'est pas étonnant qu'il y ait une certaine confusion. Il faut vraiment être plongé dans ce qui se passe ici et dans le débat que nous avons pour comprendre toutes les subtilités. Ce que je peux dire avec certitude, c'est que les électeurs ne s'embourbent pas dans les menus détails de l'affaire UNIS, du moins ceux de la circonscription que je représente. Bien franchement, les Canadiens ont eu l'occasion d'examiner cette question de près au cours des derniers mois, et la conclusion de la plupart d'entre eux semble claire, à savoir que rien d'irrégulier ne s'est produit.
C'est logique, monsieur le président, parce qu'après des heures de témoignages de ceux que la majorité de l'opposition prétend être impliqués, et après que des milliers de pages de documents ont été rendues publiques, il est clair que rien de fâcheux ne s'est produit.
Je comprends que M. Julian est peut-être impatient de m'interpeller au sujet de la pertinence de mon intervention, ce qu'il n'a pas encore fait — ce sera la première fois depuis longtemps, mais la soirée est encore jeune — relativement au sous-amendement. C'est compréhensible. Je m'excuse, mais j'adore les préambules. Mais je vous promets que j'en arrive au point que je veux faire valoir. Je crois que nous devons bien expliquer cela à ceux qui nous regardent à la maison, afin qu'ils puissent comprendre exactement ce qui se passe ici. En fait, je pense qu'il est essentiel que, dans tout ce que nous faisons, nous tenions nos électeurs informés et nous veillions à ce qu'ils puissent suivre et comprendre les arguments fallacieux que la majorité de l'opposition au sein de ce comité et du Parlement essaie de faire passer.
Monsieur le président, il est clair que mes collègues de l'opposition savent très bien que le public ne se laisse pas prendre par les histoires qu'ils essaient de répandre. Nous sommes encore en train de débattre de documents, des versions non expurgées qui sont entre les mains du légiste, qui brossent vraiment un tableau clair de ce qui s'est passé et qui appuient la position du gouvernement. M. Poilievre peut argumenter tant qu'il veut au sujet des documents protégés et des documents caviardés. Toutefois, la vérité est évidente. La motion présentée par M. Poilievre précisait que les documents confidentiels du Cabinet devraient être supprimés. Les documents fournis par le gouvernement par l'entremise du leader du gouvernement à la Chambre étaient très clairs et transparents en ce qui concerne la Bourse canadienne pour le bénévolat étudiant et levaient pour la première fois le rideau sur certaines choses. M. Poilievre n'est pas content que son projet de demander au légiste d'examiner les documents ait été rejeté, qu'en fait, ce soit le légiste qui ait caviardé une quantité importante d'information dans les documents. Ce sont ces documents que M. Poilievre a montrés devant la tribune de la presse en août.
Il est tout à fait compréhensible que M. Poilievre soit mécontent. C'est parce que le greffier du Conseil privé qui, je le rappelle aux membres du Comité, a fait l'objet de notre discussion au sujet de cette motion, a ordonné une divulgation sans précédent de documents du Cabinet ayant trait à la Bourse canadienne pour le bénévolat étudiant. En août, le leader du gouvernement à la Chambre a rendu publics ces documents. Je sais que mon collègue espérait, dans son scénario imaginaire, que ces documents soient complètement caviardés. Ce n'est pas ce qui s'est produit, cependant, et cela le dérange.
Nous sommes ici aujourd'hui parce que nous avons une motion, un amendement et un sous-amendement, qui portent tous sur les documents en question. Une partie de notre discussion a été axée sur la comparaison des documents, ce que M. Poilievre ne veut pas, parce que cela montrera que c'est le légiste, et non la fonction publique, qui a caviardé le plus les documents. Il ne veut pas que le greffier du Conseil privé ou les sous-ministres témoignent parce que leur témoignage confirmera également que la fonction publique a agi de façon ouverte et transparente.
Si nous pouvions entendre M. Shugart, je suis certain qu'il nous dirait la même chose que lors de ses témoignages antérieurs devant d'autres comités et devant ce comité, c'est-à-dire qu'il a ordonné pour la première fois la divulgation de documents confidentiels du Cabinet et de renseignements personnels. Il attesterait probablement que les modifications mineures apportées aux documents confidentiels du Cabinet ont été faites parce que l'information n'était pas liée à la Bourse canadienne pour le bénévolat étudiant. Il nous rappellerait probablement que le Cabinet et le gouvernement essayaient alors de naviguer dans la première vague de cette pandémie mondiale, et que certaines décisions prises n'étaient pas pertinentes dans le contexte et étaient liées à la sécurité nationale et à d'autres questions qui ne devraient pas être rendues publiques. Cependant, nous ne pouvons pas être certains de ces choses, car la majorité de l'opposition continue de régner en maître ici.
Je crois sincèrement que chacun d'entre nous doit avoir du respect pour cet endroit. Les collectivités que nous représentons au Parlement nous font confiance. C'est un privilège unique que peu de gens avant nous ont eu. Lorsque j'ai été élu pour la première fois en 2015, à London-Centre-Nord, j'avais de grands espoirs concernant ce qui pouvait être réalisé. J'ai déjà entendu des députés de tous les partis unir leurs efforts pour le bien commun. En fait, j'en ai certainement vu quelques exemples au fil des ans.
Il est franchement inacceptable que l'opposition bloque le débat sur une motion visant à permettre au plus haut fonctionnaire du Canada de témoigner devant un comité parlementaire.
Je pensais qu'à un moment donné, nous pourrions en arriver à un compromis, et ce sous-amendement semblait une façon juste et équitable d'aller au fond des choses concernant ces documents. Cela devait nous permettre d'entendre ceux qui contrôlent les processus de caviardage. Il est vraiment malheureux que la politique partisane nous empêche d'en arriver à cet accord. Il est encore plus malheureux que ces jeux partisans aient pour effet de politiser le rôle du greffier, qui a travaillé sous les gouvernements des deux partis et qui a toujours été un fonctionnaire honnête et respecté.
Parfois, en tant qu'élus, nous devons avoir du recul et prendre conscience des effets des mesures que nous adoptons. Malheureusement, comme M. Poilievre n'a pas obtenu ce qu'il voulait par suite de la demande initiale de documents, il est maintenant prêt à faire tout ce qu'il peut pour continuer à raconter son histoire.
Nous sommes saisis d'un sous-amendement qui pourrait répondre à toutes les questions de tous les partis, et comme il ne correspond pas aux intérêts partisans étroits de la majorité de l'opposition, nous n'avons pas encore atteint un consensus.
J'implore mes collègues de mettre de côté la partisanerie, de mettre de côté leur vendetta personnelle contre le et sa famille, d'examiner les faits qui sont clairs et évidents, les témoignages qui ont été tout ce qu'il y a de plus concret, de voter pour cette motion et de faire ce qui s'impose, c'est-à-dire permettre au greffier de se présenter devant nous pour nous expliquer que rien de répréhensible ne s'est produit et enfin mettre cette affaire derrière nous une fois pour toutes.
Nous avons un travail important à faire. Nous accusons beaucoup de retard dans la réalisation des consultations prébudgétaires prévues dans le Règlement de la Chambre des communes. C'est le travail que nos concitoyens attendent de nous. C'est le travail qui nous aidera à rebâtir notre économie. C'est le travail pour lequel nous avons été élus.
En fait, monsieur le président, j'aimerais revenir sur ce dernier point. Il est essentiel que le Comité réfléchisse longuement à la voie à suivre. Le sous-amendement propose une façon concrète de répondre exactement à ce que demandent les députés de l'opposition, à ce que les députés libéraux sont plus que disposés à appuyer sous forme de sous-amendement, mais pour une raison ou une autre, ils continuent de retarder les choses, de s'opposer.
Nous avons ici quelque chose de tout à fait raisonnable, monsieur le président, et quand on pense au travail qui pourrait être fait maintenant...Nous pourrions tenir des consultations prébudgétaires. Nous pourrions entendre parler de la meilleure façon d'aller de l'avant, non seulement pour faire face à la pandémie, mais aussi pour la relance économique qui doit suivre.
Nous pourrions entendre des organisations de partout au pays qui s'intéressent à l'environnement, aux questions autochtones, au transport urbain, aux enjeux ruraux, à toutes ces questions qui devraient être examinées par le Comité, le comité sans doute le plus important à Ottawa.
Quand vient le temps de choisir les comités où ils vont siéger, tous les députés de la Chambre des communes veulent siéger à celui des finances. C'est un rôle et un honneur uniques. Au lieu de faire le travail que je m'attendais à faire à ce moment-ci, comme tous les députés ici présents d'ailleurs, nous continuons de débattre de ces questions, alors qu'une solution valable est sur la table et que les partis de l'opposition devraient l'appuyer.
La position des députés de l'opposition à ce sujet a fait en sorte qu'ils ont politisé le rôle du greffier du Conseil privé, le premier et le plus haut fonctionnaire de tout le Canada, en suggérant, comme ils l'ont fait lors de réunions précédentes, encore et encore... Cela n'a pas été l'affaire d'une seule fois.
Je pense que chaque membre conservateur... Si je devais pointer quelqu'un du doigt, j'exclurais M. Julian et M. Ste-Marie. Mais nos collègues conservateurs ont laissé entendre que le greffier du Conseil privé est en quelque sorte sous la coupe du premier ministre. Ils ont politisé sa fonction. Le greffier du Conseil privé est un fonctionnaire indépendant, point à la ligne. Les premiers ministres, conservateurs et libéraux, ont tous eu à leur service des gens comme M. Shugart. Aussi, lorsque de telles allégations sont faites, cela mine la confiance du public non seulement à l'endroit du Conseil privé, monsieur le président, mais également sa confiance dans les institutions du pays.
Ces allégations sont non seulement inexactes, mais encore amplifiées par les conservateurs, ce qui est symptomatique chez eux d'une certaine attitude à l'égard de la fonction publique contre laquelle nous devons nous insurger. En effet, si vous regardez les tendances dans les démocraties modernes, vous ne manquerez pas de constater l'ampleur prise par la droite populiste. Heureusement, le Canada a été épargné jusqu'à présent, mais ce phénomène se manifeste dans d'autres démocraties bien établies, où les fonctionnaires sont dépréciés, avec le résultat que les citoyens perdent confiance en la démocratie. Je demanderais à mes collègues de l'opposition de se montrer plus prudents, de se rappeler que le greffier du Conseil privé a exprimé, verbalement et dans une lettre envoyée au Comité, le souhait de comparaître pour s'expliquer et répondre à nos questions. Pourtant, les conservateurs ont rejeté cette offre, prétextant qu'il ne pouvait le faire parce qu'il se trouve, de quelque façon, sous la coupe du premier ministre. Voilà un argument bizarre et sans fondement. Le plus grave, c'est qu'on ne peut se permettre de rire devant un tel argument, bien qu'il soit risible, du fait, comme je l'ai dit, de ses effets délétères sur la confiance du public dans les institutions fédérales.
Il ne fait aucun doute que la popularité des médias sociaux fait que la démocratie que nous avons connue a été réduite, à bien des égards, à un algorithme. Lorsque les conservateurs lancent des idées de ce genre, elles se retrouvent inévitablement sur Facebook et ailleurs. Il n'en faut pas de beaucoup pour que, tout à coup, une image se fasse et qu'une personne réputée objective et non partisane passe pour le contraire.
De la façon dont les choses se présentent, la personne dont je parle, le greffier, M. Shugart, risque de tomber en discrédit aux yeux des Canadiens pour cause de non-objectivité. Et voilà que tout à coup les institutions du pays paraissent ne plus être capables de servir l'intérêt public.
Mme Jansen est d'accord avec moi et continue de me suivre, et je constate qu'elle trouve cet argument très amusant, qui me laisse supposer qu'elle est tout à fait d'accord avec ce que je propose au Comité. Je dis cela, bien sûr, pour la forme, et je lui dirais très respectueusement, puisque je sais qu'elle ne va pas m'interrompre — elle est trop polie pour le faire — que je ne l'interromprai pas lorsqu'elle prendra la parole.
Je lui demanderais de transmettre le message à M. Falk, à M. Poilievre et aux autres membres conservateurs du Comité. Je vois que M. Kelly a disparu. M. Poilievre exerce une influence sur lui. M. Kelly est habituellement très assidu aux séances du Comité, mais il est soudainement parti, et je suppose que c'est l'influence de M. Poilievre qui joue. Oh, le voilà. C'est bon. M. Poilievre n'a donc pas autant d'influence que je luis prêtais. Voilà, il a disparu de nouveau. M. Kelly est parti.
Sans vouloir trop plaisanter, monsieur le président, nous sommes tous collègues ici et nous nous efforçons tous de trouver des façons de travailler ensemble. Dans le cas de Mme Jansen ou de M. Falk, je ne sais pas, Mais cette idée que le greffier du Conseil privé est en quelque sorte sous la coupe du premier ministre du Canada, je vous prie de l'abandonner. C'est inacceptable, et nous ne devons pas ternir la réputation des fonctionnaires.
Dans mes remarques, monsieur le président, je réfléchis à ce que cela signifie d'être député au Parlement et au travail que l'on s'attend à faire ici. J'ai toujours vu le travail du député... et je reconnais que je suis encore relativement nouveau dans ce rôle, depuis maintenant cinq ans. Mais je pense qu'il est juste de dire qu'il s'agit en fait d'un double rôle.
Il y a le rôle exercé dans la circonscription, puis celui que le député joue sur la Colline du Parlement. Le rôle exercé dans la circonscription est l'élément le plus important du travail de député. Appelé à siéger au comité des finances, j'ai pu fusionner les deux. J'ai pu y faire état de problèmes locaux et même avoir le privilège de proposer des témoins de ma propre circonscription.
Vous vous souviendrez peut-être, monsieur le président, que des organismes établis à London ont été invités à quelques reprises au fil des ans à témoigner devant le comité des finances, dans le cadre de consultations prébudgétaires ou pour d'autres raisons. Mes collègues m'ont parfois reproché, à la blague et avec enjouement, de trop parler de London, mais je ne m'en excuse pas, monsieur le président. Je ne m'excuserai jamais de faire de la collectivité que je représente un élément clé de mon travail au Parlement.
Ce à quoi je veux en venir, c'est que nous pourrions être en train de tenir des consultations prébudgétaires. Je pourrais inviter des organismes et des intervenants locaux... et je sais que les autres membres du Comité auraient le même droit et le même privilège de le faire. Au lieu de cela, nous restons ici dans une impasse. Nous continuons de perdre notre temps parce que l'opposition ne veut pas traiter le sous-amendement avec sérieux.
Je vais m'arrêter là-dessus, monsieur le président, parce que je ne suis pas de ceux des membres qui aiment monopoliser la discussion.
Je vois que M. Fraser a levé la main. Dans un esprit de collégialité, il demande la parole et moi j'accepte volontiers de la lui céder.