Je vous souhaite la bienvenue à la 58e séance du Comité permanent des finances de la Chambre des communes. Conformément au paragraphe 108(2) du Règlement et à la motion adoptée par le Comité le mardi 27 avril 2021, le Comité se réunit pour étudier les efforts de l'Agence du revenu du Canada afin de combattre l'évitement fiscal et l'évasion fiscale.
La séance d'aujourd'hui se déroule en format hybride, conformément à l'ordre adopté par la Chambre le 25 janvier dernier. Il y a donc des membres présents dans la salle et d'autres qui utilisent l'application Zoom à distance. Les délibérations seront accessibles depuis le site Web de la Chambre des communes. Je pense que nous savons tous que la diffusion Web ne montre que la personne qui parle.
Cela dit, nous avons la chance d'accueillir aujourd'hui la ministre du Revenu national, l'honorable Diane Lebouthillier. Je crois comprendre qu'elle fera une déclaration préliminaire d'environ sept minutes.
Merci, madame la ministre. Ce ne sont pas tous les ministres qui nous fournissent leur déclaration préliminaire dans les deux langues officielles la veille d'une réunion. Nous vous en remercions.
La ministre est accompagnée de M. Ted Gallivan, sous-commissaire de la Direction générale des programmes d'observation, qui a témoigné devant notre comité à maintes reprises. Nous lui souhaitons la bienvenue également.
Nous entendrons tout d'abord la ministre...
Bonjour à tous mes collègues.
Monsieur le président, je veux profiter de l'occasion, avant de commencer mon allocution, pour vous souhaiter un joyeux anniversaire.
Je vous remercie tous de m'avoir invitée aujourd'hui, afin de vous fournir des précisions sur les stratégies de lutte contre l'évasion fiscale et l'évitement fiscal abusif de l'Agence du revenu du Canada.
Rappelons premièrement que le gouvernement du Canada et l'Agence sont fermement déterminés à lutter contre l'évasion fiscale et l'évitement fiscal abusif sur tous les fronts. De plus, nous sommes tous déterminés à rendre la tâche beaucoup plus difficile pour ceux qui choisissent de ne pas respecter leurs obligations fiscales.
C'est grâce aux investissements du gouvernement du Canada depuis 2016 que l'Agence bénéficie dorénavant de meilleures données, de meilleures approches et, au bout du compte, de meilleurs résultats.
Ces investissements ont notamment permis à l'Agence de se doter d'une stratégie qui favorise l'échange de données à l'échelle mondiale, car, disons-le, l'évasion fiscale et l'évitement fiscal abusif sont des problèmes mondiaux d'une rare complexité.
Or, l'Agence collabore dorénavant avec des partenaires internationaux par l'entremise de diverses organisations multilatérales, dont l'Organisation de coopération et de développement économiques, ou OCDE, et son Forum sur l'administration fiscale. Je salue d'ailleurs la nomination de Bob Hamilton, commissaire de l'Agence, à titre de président de ce forum, en août 2020.
Grâce à cette stratégie moderne et collaborative, le Canada possède maintenant 93 conventions fiscales et 24 accords internationaux d'échange de renseignements fiscaux. Le Canada est l'un des quelque 70 pays qui échangent des informations à partir de la Déclaration pays par pays.
De plus, le Canada participe au programme de Déclaration des télévirements internationaux liée aux transferts électroniques internationaux de fonds de plus de 10 000 $. Avec la mise en œuvre de la Norme commune de déclaration, en 2016, le Canada et près de 100 autres États ont pu bénéficier des données des institutions financières qui signalent les comptes financiers détenus par des clients non résidants à des fins fiscales.
Mieux équipée en matière de ressources et d'outils, l'Agence est maintenant en mesure de se concentrer sur les grandes multinationales, les réseaux à valeur nette élevée, l'économie clandestine, la cryptomonnaie et les transactions immobilières.
On revient toujours au fait que c'est grâce aux investissements consentis par le gouvernement canadien que l'Agence récolte aujourd'hui les fruits de son travail.
Au cours des dernières années, l'Agence a établi l'équivalent de plus de 12 milliards de dollars de cotisations chaque année grâce à des vérifications, dont plus de 60 % sont liées à l'évitement fiscal réalisé par de grandes multinationales et à la planification fiscale abusive réalisée par des particuliers fortunés.
De plus, ces investissements ont généré, à ce jour, environ 5 milliards de dollars de recettes fiscales fédérales supplémentaires en date de mars 2021.
Par ailleurs, le Programme des enquêtes criminelles de l'ARC a renforcé sa capacité d'enquêter sur les cas les plus graves en matière de crimes fiscaux. Soulignons que l'Agence enquête sur des cas complexes en collaboration avec ses partenaires du ministère des Finances, du ministère de la Justice, et aussi de la Sécurité publique, par l'entremise de la GRC, pour éliminer ce qui pourrait être perçu comme des échappatoires dans les lois. Mentionnons que l'Agence a déplacé son attention vers des enquêtes plus percutantes, qui occasionnent plus de peines de prison et des amendes plus élevées.
Toutefois, n'oublions jamais que l'évasion fiscale implique souvent des structures nationales et internationales de transferts de fonds fort complexes, qui entraînent des processus de collecte de renseignements longs et laborieux pour l'Agence.
Par ailleurs, il faut reconnaître que certains contribuables fortunés, qui font l'objet de vérifications, utilisent de plus en plus le système judiciaire pour éviter de fournir des documents et des renseignements à l'Agence. Il faut aussi dire que le volume des litiges complexes est en nette augmentation par rapport aux années précédentes, avec environ 3 000 affaires actives dont la complexité est considérée de niveau élevé.
Ainsi, dans le cadre de l'Énoncé économique de l'automne 2020, et confirmé par le budget de 2021, le gouvernement du Canada s'est engagé à investir 606 millions de dollars sur cinq ans, à compter de 2021‑2022, pour poursuivre ce travail des plus complexes.
Ces investissements permettront de combler l'écart en matière d'observation des particuliers fortunés, de renforcer le soutien technique pour les vérifications à risque élevé, d'améliorer la capacité de l'Agence à repérer l'évasion fiscale impliquant des fiducies, d'améliorer la capacité de l'Agence à mettre fin aux remboursements frauduleux ou injustifiés de la TPS/TVH et, finalement, d'améliorer le Programme des enquêtes criminelles.
Grâce aux investissements du budget de 2021, des changements législatifs seront également mis en place afin de renforcer les règles relatives aux prix de transfert, aux témoignages oraux, à l'érosion de la base d'imposition et au transfert de bénéfices, ainsi qu'aux règles de divulgation obligatoire.
Avant de terminer, j'aimerais souhaiter une très belle retraite au président de ce comité, M. Wayne Easter.
Je vous remercie personnellement, monsieur Easter, de votre travail exceptionnel au service des Canadiens. Vous nous manquerez.
Monsieur le président, je suis fière de dire que le gouvernement canadien et l'Agence ont fait preuve de détermination et d'innovation en créant des approches efficaces et proactives pour identifier les personnes qui évitent de payer leur juste part d'impôt, et que tous prennent les moyens pour y parvenir.
Merci.
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Je suis d'accord avec le président. J'aimerais certainement qu'un plus grand nombre de libéraux prennent leur retraite.
Merci beaucoup.
Évidemment, ma question s'adresse à la ministre.
L'incapacité de récupérer les sommes que doivent les fraudeurs fiscaux — qui se situent entre 10 et 25 milliards de dollars par an — a des conséquences réelles. Notre dette actuelle, madame la ministre, dépasse mille milliards de dollars, le ratio de la dette du gouvernement au PIB dépassera les 50 % et il semble que le gouvernement est peu capable, voire incapable, de contrôler les dépenses. Bien qu'il ait augmenté les impôts de nombreux travailleurs canadiens et de propriétaires d'entreprises, le gouvernement n'a pas non plus bien réussi à augmenter ses revenus. En fait, il ne l'a pas fait. Nul doute que cela est lié en partie, comme je l'ai mentionné, au fait que des fraudeurs fiscaux milliardaires et des amis libéraux évitent de payer des impôts.
La ministre va‑t‑elle enfin nous dire franchement aujourd'hui à quel moment les libéraux vont imposer une taxe sur l'un des rares abris fiscaux qui restent aux Canadiens de la classe moyenne — à savoir leur maison? Sinon, pourquoi surveilleraient-ils la vente de résidences principales, si ce n'est pour éventuellement imposer une taxe.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Je remercie chaleureusement la ministre de sa présence aujourd'hui.
Monsieur Gallivan, bienvenue à vous, qui témoignez à nouveau devant notre comité.
L'opposition présente des arguments fallacieux selon lesquels notre gouvernement libéral fédéral n'a rien fait pour s'attaquer à l'évasion fiscale et à l'évitement fiscal. M. Gallivan a dit que nous avions, en fait, investi des sommes importantes depuis 2015 dans la lutte contre l'évitement fiscal et l'évasion fiscale: 444 millions de dollars ont été investis en 2016, 523 millions en 2017, 90,6 millions en 2018, 150,8 millions en 2019, et 304 millions supplémentaires dans le budget de cette année.
Madame la ministre, nous avons également entendu, comme vous l'avez mentionné, que ces investissements importants de plus d'un milliard de dollars ont permis de faire entrer dans nos coffres plus de 5 milliards de dollars de recettes supplémentaires liés à des cas d'évitement fiscal
Nous avons également entendu parler du Consortium international des journalistes d'investigation, qui établit un classement. C'est lui qui a révélé l'affaire des Panama Papers, et il a classé le Canada au 9e rang sur 80 pays dans le monde. Nous sommes dans le peloton de tête pour ce qui est de notre capacité à nous attaquer à ces questions à l'échelle mondiale. Par conséquent, je tiens à vous remercier énormément pour votre leadership. Je remercie également les dirigeants de l'ARC, pour les efforts et le travail extraordinaires qu'ils ont accomplis. Je vous en remercie.
Pour que l'on puisse vraiment reconnaître nos efforts et le chemin que nous avons réellement parcouru, pouvez-vous prendre quelques instants pour ajouter un peu de contexte concernant les efforts que déploie notre gouvernement pour financer la lutte contre l'évasion fiscale en expliquant dans quelle situation était l'Agence du revenu du Canada à votre arrivée au poste de ministre en 2015, après près d'une décennie de compressions des conservateurs?
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Merci, monsieur le président.
Tout comme la ministre l'a fait, je vous souhaite, à mon tour, un joyeux anniversaire. Bonne fête, monsieur le président.
Je vais commencer par une déclaration. Ensuite, je poserai mes questions.
Bonjour, madame la ministre. Je vous remercie beaucoup de votre présence cet après-midi.
Le Comité travaille déjà depuis quelque temps sur les problèmes de l'évasion fiscale et de l'évitement fiscal, en particulier sur les stratagèmes fiscaux mis en place par KPMG, procurant un véhicule financier permettant à certains de ses clients de réduire leurs impôts à payer. À la lumière des documents internes relatifs à cette planification remis au Comité par KPMG le 17 mai 2016, il pourrait s'agir d'une forme d'évasion fiscale, donc de quelque chose d'illégal.
Tous ces problèmes sont hyper complexes, comme vous l'avez reconnu et rappelé lors de votre allocution. À titre d'exemple, aujourd'hui, nous pouvons lire ce qui suit dans La Presse: « Des données de l'Agence du revenu du Canada (ARC) démontrent que ses efforts récents pour combattre l'évasion fiscale des plus riches Canadiens n'ont mené à aucune mise en accusation ni condamnation. » Nous retrouvons le même genre d'article sur CTV.
Des experts sont venus nous dire qu'il existe un sentiment d'impunité face au gouvernement et à l'Agence au sein des utilisateurs des paradis fiscaux et des fiscalistes qui créent leurs stratagèmes. On nous a dit que, pour briser ce genre de comportement, les États‑Unis avaient sorti l'artillerie lourde face à KPMG: enquêtes de l'Internal Revenue Service, menaces de perquisitions et d'accusations d'entrave à la justice, pénalités, accusations criminelles de fraude et complot contre l'entreprise et ses dirigeants, et menaces d'accuser la firme d'être une organisation criminelle. Ici, il n'y a rien eu de tout cela. L'Agence a plutôt proposé des divulgations volontaires et il n'y a toujours rien de réglé auprès des clients qui n'ont pas accepté.
Les experts nous ont rappelé qu'il n'est pas possible de contrôler ce que nous ne voyons pas. Malheureusement, comme vous l'avez dit lors de votre témoignage, l'Agence du revenu du Canada n'a pas accès à toutes les informations pour effectuer ces vérifications. Par exemple, KPMG multiplie les démarches judiciaires pour ne pas partager ses informations avec l'Agence. Les experts dénoncent l'apparence d'impunité et d'iniquité pour les riches clients et les boîtes qui créent les stratagèmes. Ils cachent leurs informations à l'Agence et contestent les demandes devant la cour. Au Comité, il est excessivement difficile d'obtenir des réponses à nos questions pour faire la lumière sur toute cette affaire. Il y a même des témoins qui refusent de comparaître, malgré l'assignation adoptée par le Comité. Ce n'est pas des farces!
Je le répète: il est important de faire la lumière sur toute cette affaire et d'aller au fond des choses. Il faut pouvoir mettre en place les lois, les règlements, les processus et les balises permettant d'empêcher toute forme d'évasion fiscale. C'est pourquoi je vous demande, madame la ministre du Revenu national, de déclencher une enquête publique sur l'affaire des stratagèmes créés par KPMG, qui ont permis à des contribuables canadiens de percevoir, sous forme de dons ou autrement, des sommes non incluses aux déclarations de revenus des bénéficiaires en provenance des sociétés de l'île de Man ou de tout autre État, comme l'article 231.4 de la Loi de l'impôt sur le revenu vous en confère le pouvoir. Je crois que le Comité pourrait aussi adopter une motion en ce sens un peu plus tard.
Voulez-vous déclencher l'enquête publique, madame la ministre, s'il vous plaît?
Merci.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Je veux également vous souhaiter un joyeux anniversaire. Nous fêterons un jour ensemble, j'en suis certain.
Je souhaite la bienvenue à la ministre et à M. Gallivan.
Je vais continuer dans la même veine que M. Ste‑Marie.
Nous parlons de milliers de Canadiens, de victimes qui ont perdu toutes les épargnes de leur vie. Nous savons très bien que, dans les fraudes commises par Cinar, Norshield et Mount Real, il y a des milliers de Canadiens qui ont tout perdu. Le système n'a jamais obtenu justice pour eux.
Madame la ministre, vous êtes ministre depuis six ans. Que dites-vous aux victimes, comme Janet Watson qui a comparu devant le Comité, qui déclarent que le gouvernement n'a absolument rien fait pour les protéger ni pour poursuivre les coupables en justice?
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Cela veut dire qu'il n'y a eu aucune mise en accusation ni aucune condamnation concernant l'île de Man; aucune condamnation relativement aux Panama Papers; aucune en lien avec les Bahamas Leaks; ni aucune concernant les Paradise Papers.
Il n'y a donc eu aucune condamnation depuis six ans.
[Traduction]
En 2016, vous avez dit devant ce comité que nous parlions de mesures prises pour obtenir des informations sur les transferts électroniques de fonds. En ce qui concerne les vérifications de l'ARC sur les transferts électroniques de fonds de plus de 10 000 $, combien de dossiers font maintenant l'objet de poursuites pénales? Combien de condamnations y a‑t‑il eu?
Nous voyons le cas de Cinar, et nous voyons que rien n'est fait au sujet du stratagème de l'île de Man. Nous constatons qu'absolument aucune accusation n'a été portée concernant tous ces cas de violations très claires de notre code fiscal. Je rappelle à la ministre, bien sûr, les commentaires de Brigitte Unger, professeure d'économie, qui a déclaré que cela revient à voler de l'argent des coffres de l'État, et pourtant rien n'est fait.
En ce qui concerne les transferts électroniques de fonds, combien de dossiers font maintenant l'objet de poursuites pénales?
Je vais essayer de vous expliquer pourquoi ce nouvel investissement d'un milliard de dollars par année ne nous a pas permis de réduire l'écart de beaucoup, parce qu'il est vrai que le résultat est avant tout tactique. C'est le genre de dossier auquel nous nous attaquons qui change, et nous créons une jurisprudence. C'est là où se trouve toute la valeur stratégique. Il est vrai que notre objectif est de récupérer 5 milliards de dollars sur six ans et que nous en sommes déjà à 5,3 milliards de dollars, mais c'est très opérationnel.
Je vous rappelle que quatre affaires ont été soumises à la Cour suprême, que de nombreuses affaires ont été soumises à la Cour d'appel fédérale et que des milliers d'affaires ont été soumises à la Cour canadienne de l'impôt, pour véritablement retracer la ligne déterminant en quoi consiste une planification fiscale acceptable dans ce pays. C'est la raison pour laquelle nous nous concentrons, avec le budget de 2021, sur l'embauche de nouveaux avocats pour creuser et plaider ces causes pour le ministère de la Justice.
Sur le plan stratégique, je pense que vous pourrez constater la pression accrue imposée au secteur de la planification fiscale avancée, et je pense que vous pouvez également observer une hausse de l'activité au ministère des Finances pour remédier aux échappatoires mises en lumière, de sorte que le combat s'est vraiment déplacé devant les tribunaux et qu'il s'agit désormais de véritablement faire appliquer la loi plutôt que de multiplier les vérifications.
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Le premier chiffre que je vous ai donné est celui sur lequel je me concentre, c'est‑à‑dire que l'écart fiscal est d'environ 6 milliards de dollars pour les multinationales. Elles ne sont pas si nombreuses au Canada, et nous avons les ressources nécessaires pour effectuer les vérifications requises et les poursuivre au besoin. Le deuxième chiffre, c'est le manque à gagner de 800 millions à 3 milliards de dollars d'une population un peu plus difficile à définir, qui se compose de particuliers ayant une valeur nette élevée.
Comme je l'ai déjà dit, nous convenons qu'il y a encore d'autres milliards à aller chercher, mais qu'on réussisse à en récupérer la moitié ou les deux tiers, nous avons le sentiment de faire des progrès. Nous croyons aussi qu'en osant nous adresser aux tribunaux, nous envoyons un fort message dissuasif et que cela incite aussi le ministère des Finances à remédier aux échappatoires.
Pour ce qui est des gens ordinaires, dans le cadre de la fonction de vérification que je dirige, dont relèvent environ 11 000 employés de l'ARC, nous effectuons très peu de vérification visant des personnes gagnant moins de 100 000 $. Nous fondons de plus en plus nos vérifications sur le facteur de risque. En moyenne, les vérifications effectuées par mes équipes visent des écarts fiscaux bruts d'environ 170 000 $, soit deux fois plus grands qu'avant.
Je vous dirais, à la lumière des données à notre disposition et de nos analyses, que nous avons de plus en plus de résultats en ciblant les personnes à valeur élevée et les multinationales. Les réclamations que nous faisons à la suite de nos vérifications visent à 60 % à peu près 2 000 multinationales et 16 000 particuliers à valeur nette élevée chaque année. Les autres 40 % de nos réclamations visent les 2 millions d'autres entreprises et les 26 millions d'autres Canadiens.
Je pense que nous ciblons de plus en plus la tranche supérieure. C'est vraiment ce sur quoi nous voulons nous concentrer, dans une perspective d'équité et de dissuasion, mais comme on l'a déjà souligné, les résultats sont lents à se manifester, parce que ces personnes contestent nos démarches devant les tribunaux. C'est la raison pour laquelle il y a tant d'affaires soumises à la Cour suprême. C'est la raison pour laquelle il y a tant d'affaires soumises à la Cour d'appel fédérale. Dans l'un de mes dossiers, le contribuable a intenté 53 poursuites liées à la vérification. Nous ne l'avons même pas encore terminée et nous faisons déjà l'objet de 53 poursuites différentes destinées à de nous freiner.
Je vous dirais que dans la situation actuelle, nous avons le même angle d'approche que le Comité, nous voulons nous concentrer sur les acteurs les plus coriaces. Bien sûr, les opinions divergeront sur la rapidité de nos progrès, mais je peux vous assurer que nous ne nous concentrons pas sur les petits citoyens ordinaires, que nous utilisons de plus en plus nos données pour être sélectifs quand il le faut.
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Elle vous a salué avant de quitter la réunion.
Je tiens à faire un rappel au Règlement en ce qui concerne l'interprétation que M. Gallivan a donné du pouvoir d'enquête de la ministre en vertu du paragraphe 231.4(1).
Évidemment, je ne suis pas du tout d'accord sur son interprétation et je tiens à rappeler que M. Lareau, un des plus grands spécialistes en matière de fiscalité canadienne, nous a demandé lors de sa comparution de demander à la ministre de déclencher une enquête publique en vertu de ce paragraphe.
J'aimerais lire le paragraphe, qui ne fait que quelques lignes, mais qui est éloquent. J'aimerais rappeler que le pouvoir d'enquête accordé par le paragraphe 231.4(1) a été confirmé par un jugement de la Cour suprême du Canada. Cela s'est rendu jusque là. Il s'agit donc d'un paragraphe reconnu. Pour la compréhension de tous, je vais le lire.
231.4 (1) Le ministre peut, pour l’application et l’exécution de la présente loi, autoriser une personne, qu’il s’agisse ou non d’un fonctionnaire de l’Agence du revenu du Canada, à faire toute enquête que celle-ci estime nécessaire sur quoi que ce soit qui se rapporte à l’application et l’exécution de la présente loi.
La ministre a tout à fait le pouvoir de déclencher l'enquête en vertu de ce paragraphe. C'est ce qu'a dit M. Lareau, le spécialiste qui est venu témoigner au Comité, et cela a été confirmé par la Cour suprême du Canada.
Je voulais juste que ce soit bien clair. Cela termine mon rappel au Règlement.
Merci, monsieur le président.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Je pense qu'il doit nous rester environ 45 minutes. Je crois que M. Ste-Marie souhaite également revenir sur une question.
J'ai déjà fait circuler la motion et je vais la lire pour la consigner au compte rendu, puis j'ajouterai un amendement, juste pour faciliter les choses. Cette motion fait suite à des discussions tenues avec M. Sorbara. Je propose:
Que le Comité demande au gouvernement d'ouvrir une enquête publique en vertu de la Loi de l'impôt sur le revenu...
J'ajouterais « ou de la Loi sur les enquêtes ».
... afin d'enquêter sur la planification fiscale par KPMG, ou l'une de ses filiales, à l'Île de Man, sur l'implication possible des sociétés au nom d'épée Shashqua, Katar, Sceax, Spatha et la société Parrhesia, et d'enquêter sur la fraude fiscale dans les affaires Cinar, Norshield et Mount Real et sur les liens possibles avec la planification fiscale de KPMG à l'Île de Man et/ou les sociétés au nom d'épée de l'Île de Man, et qu'il en soit fait rapport à la Chambre.
J'ajoute « ou de la Loi sur les enquêtes » parce que cela donne au gouvernement la possibilité d'utiliser l'un ou l'autre de ces outils, et étant donné qu'il existe un différend au sujet de l'utilisation de la Loi de l'impôt sur le revenu, mon interprétation — et je suis certainement d'accord avec M. Ste-Marie et M. Lareau à ce sujet — est que le gouvernement bénéficie ainsi d'une plus grande latitude pour utiliser l'outil le plus adapté.
Le plus important ici est que nous savons, grâce au témoignage de Janet Watson, grâce au travail journalistique essentiel réalisé à la fois par Enquête sur Radio-Canada et par The Fifth Estate sur CBC, que des milliers de Canadiens ont été escroqués. Cet argent est parti à l'étranger. Nous avons une responsabilité et nous avons entrepris de faire tout notre possible pour éclaircir cette affaire. Toutefois, à ce jour, nous avons posé de nombreuses questions à KPMG, mais nous avons reçu des réponses souvent évasives ou incorrectes, voire aucune réponse.
Par conséquent, je crois que, compte tenu de ce que nous savons, nous avons tous intérêt à aller au fond des choses et à obtenir justice pour les victimes de ces fraudes colossales d'un demi-milliard de dollars — ces gens qui ont perdu les économies de toute une vie. Imaginez une personne qui a épargné, comme Janet Watson, dont les économies s'élevaient à 68 000 $, et qui a tout perdu à cause de cette fraude.
Je pense que nous avons le devoir d'adopter cette motion. En fin de compte, il s'agit d'une demande, mais elle vise à rendre justice aux victimes, et je crois que c'est ce que tous les membres de ce comité souhaitent également.