:
Je déclare la séance ouverte.
Bienvenue à la réunion numéro 56 du Comité permanent des finances de la Chambre des communes.
Conformément au paragraphe 108(2) du Règlement et de la motion adoptée par le Comité le mardi 27 avril 2021, le Comité se réunit pour étudier les efforts de l'Agence du revenu du Canada afin de combattre l'évitement fiscal et l'évasion fiscale.
La réunion d'aujourd'hui se déroule dans un format hybride, conformément à l'ordre de la Chambre du 25 janvier; par conséquent, les membres assistent en personne à la réunion dans la salle et à distance en utilisant l'application Zoom.
Cela dit, je vais laisser de côté les formalités.
Nous avons une motion rapide à examiner concernant le coût du budget du projet pour cette série d'audiences. Je pense que M. Ste‑Marie a distribué une motion aux membres. Pour que les membres soient prévenus, nous traiterons de cette question pendant les 15 dernières minutes du Comité.
Je crois que le budget pour cette série d'audiences sur l'étude des efforts de l'Agence du revenu du Canada pour combattre l'évasion et l'évitement fiscaux a été envoyé aux membres. Un montant de 1 800 $ est demandé pour cette étude. Les coûts sont ventilés dans les documents qui ont été envoyés aux membres.
Quelqu'un veut‑il en proposer l'adoption?
:
J'invoque le Règlement, monsieur le président. Je vais seulement prendre un bref instant.
Je sais que pendant la vérification du son, des mots très aimables ont été prononcés sur l'annonce que vous avez faite hier. J'aimerais tout d'abord souligner le travail fantastique que vous avez accompli en tant que président. Au cours des six dernières années, j'ai siégé à ce comité de façon intermittente. Ce fut un plaisir de participer à ce comité avec vous, monsieur Easter.
Monsieur Easter, vous êtes un grand parlementaire. Vous nous manquerez beaucoup pour les services que vous avez rendus à la communauté, au pays et à votre parti, et pour votre grand jugement. Vous n'avez jamais laissé votre loyauté envers votre parti faire obstacle à l'équité envers les autres partis, à l'amitié ou à votre bonne humeur. Je vous souhaite mes meilleurs vœux pour votre retraite.
J'ai très hâte d'entendre votre discours ce soir. Lorsque nous en aurons terminé avec le Comité, je me rendrai à la Chambre. Je suis très impatient d'entendre ce que vous pourriez avoir à dire ce soir.
Merci, monsieur Easter. Je vous suis très reconnaissant de votre service.
Je vous remercie de m'avoir invité à comparaître devant le Comité aujourd'hui.
Il y a plusieurs années, j'ai rencontré le journaliste Laurent Laplante, et il m'avait dit qu'on ne pouvait pas contrôler ce qu'on ne voyait pas. Cela résume bien le thème de ma présentation d'aujourd'hui, qui traitera essentiellement de la planification de KPMG à l'île de Man.
Je ferai une analogie avec les chefs cuisiniers. Quand on veut faire une recette de cuisine, on utilise divers ingrédients, qui sont tous bons. Cependant, lorsque mis ensemble, ces ingrédients peuvent donner un résultat surprenant, et même parfois décevant. C'est exactement ce qui est arrivé dans le cas de la planification fiscale de KPMG.
Les ingrédients étaient la constitution d'une société dans un paradis fiscal. Des gens font des dons à une société, et, en revanche, la société investit ces sommes et redonne les rendements sous forme de dons aux investisseurs. Les ingrédients pris isolément ne posent pas de problème. La constitution d'une société n'est pas problématique, et les dons ne le sont pas non plus. Cependant, quand on met tout cela ensemble, cela crée un artifice incroyable qui ressemble effectivement à un feu d'artifice. Cela ne fonctionne pas.
M. Brian Arnold, qui était professeur à l'Université Western à London, en Ontario, a déjà dit que la stratégie de KPMG ressemblait à un CELI, soit un compte d'épargne libre d'impôt. Il s'agissait d'un CELI qui n’était nullement plafonné et qui était destiné exclusivement aux riches. Le professeur Arnold avait aussi demandé à une autre personne, avec qui il faisait une marche, ce qu'elle avait à dire au sujet de cette planification de KPMG.
Voici ce qu'a dit cette personne au sujet de la planification:
[Traduction]
« Permettez-moi de résumer. Vous donnez plusieurs millions de dollars à des étrangers sur une île lointaine, mais chaque fois que vous voulez retirer une partie de cet argent, vous pouvez le faire sans payer d'impôts au Canada. Voilà qui semble trop beau pour être vrai. »
Si je me fie à ma propre expérience, la plupart des choses qui semblent trop belles pour être vraies s'avèrent être fausses.
[Français]
KPMG nous dit avoir mis sur pied le stratagème à 16 reprises. Le cabinet a demandé des honoraires s'élevant à au moins 100 000 $ pour chacune des stratégies, et même davantage, parce qu'il y avait aussi des sommes payables annuellement sur les rendements. Est-ce que KPMG a utilisé cette stratégie ailleurs qu'à l'île de Man? On ne le sait pas. KPMG refuse de répondre à cette question.
Au cours de leur témoignage, M. Greg Wiebe et Mme Lucy Iacovelli ont mentionné que le cabinet avait compris, dès l'année 2003, qu'il devait cesser d'utiliser cette stratégie. Or nous apprenons maintenant que cette stratégie a été utilisée jusqu'en 2014. Cette stratégie n'a pas été utilisée jusqu'en 2010, comme on le pensait, mais jusqu'en 2014 et peut-être même 2015. On sait même que KPMG a perçu des honoraires concernant la stratégie au moins jusqu'en 2008, selon une lettre envoyée par M. Mark Meredith, de KPMG, à Mme Cecilia Jenkins, de l'Agence de revenu du Canada, ou ARC, le 6 janvier 2012.
La famille Cooper est la seule famille à avoir contesté l'avis de cotisation. Non seulement ses membres se sont-ils présentés devant les tribunaux pour contester cet avis, mais ils ont plus tard poussé l'audace jusqu'à déposer une divulgation volontaire, parce qu'ils ont continué à utiliser la stratégie jusqu'en 2015. Le 31 décembre 2015, ils ont déposé, par l'entremise de leur avocat, une demande de divulgation volontaire. L'Agence du revenu du Canada leur a dit que leur demande était irrecevable puisqu'ils faisaient l'objet d'une enquête. Leur avocat a même déposé une demande pour que la Cour fédérale révise cette décision de l'Agence du revenu du Canada. Par la suite, il y a eu un règlement pour l'ensemble du dossier de la famille Cooper.
Récemment, on a beaucoup entendu parler du mouvement #MeToo. Ce mouvement fait prendre conscience aux gens que les actes criminels ne sont pas assujettis à la prescription. Un acte criminel ne cesse pas d'être criminel avec le temps. La faute commise n'est pas moins grave lorsque le temps s'est écoulé. Les crimes économiques doivent eux aussi être poursuivis, même après toutes ces années.
Or, dans le cas de KPMG, le tribunal doit être mis à contribution. On doit vérifier dans quelle mesure il y a eu de l'évasion fiscale. Je n'ai pas besoin de vous transmettre ma conclusion, que vous connaissez, mais le tribunal doit se pencher sur ce sujet.
Finalement, une théorie a été créée en 2012 dans l'affaire Meeds c Meeds devant la Cour du Banc de la Reine, en Alberta, qui s'appelle Organized Pseudolegal Commercial Arguments, ou OPCA. Cette théorie suggère que des gens se servent d'arguments détachés d'une réalité donnée pour convaincre des individus qu'ils ont raison.
Peut-être que vous connaissez les Fiscal Arbitrators. Ces gens avaient décidé de remplir des déclarations de revenus pour des clients. Ils leur facturaient ensuite une somme, mais ils avaient créé des pertes fictives pour eux. Le créateur de Fiscal Arbitrators est en prison aujourd'hui, et il purge une peine de six ans.
Existe-t-il réellement une différence entre le créateur de Fiscal Arbitrators, qui a fait miroiter des pertes qui n'existaient pas et la stratégie de KPMG, qui a fait miroiter des dons qui n'en étaient pas? Ces dons n'existaient pas vraiment.
Dans la décision Meeds, il est énoncé:
[Traduction]
Un tribunal ou un professionnel du droit peut répondre de manière explicite et claire à cette catégorie de pseudo-droit. Cependant, certaines pseudo-lois des Arguments commerciaux pseudo-juridiques organisés, ou « autre règle de droit », n'ont rien à voir avec le droit « conventionnel » et représentent une catégorie « différente » de pensée, de croyance et de comportement.
[Français]
C'est exactement ce qui s'est produit ici.
En conclusion, je dirai qu'il doit y avoir une enquête publique dans l'affaire de KPMG. Au paragraphe 231.4(1), la Loi de l'impôt sur le revenu prévoit que l'on peut exiger une enquête publique pour faire la lumière sur cette situation.
Si, dans leur sagesse, les tribunaux en viennent à la conclusion qu'il n'y a pas eu d'évasion fiscale, qu'il en soit ainsi. Toutefois, pour l'instant, les gens sont outrés de cette planification.
Je vous remercie de votre attention.
Je vous remercie de m'avoir invité à comparaître devant le Comité aujourd'hui.
L'Association pour une taxe sur les transactions financières et pour l'action citoyenne, ou ATTAC, est une organisation qui est représentée dans plusieurs pays et sur quatre continents. ATTAC‑Québec, comme les autres ATTAC, est particulièrement préoccupée par les questions de fiscalité. La justice fiscale est indispensable, selon nous, pour permettre plus de justice sociale, une meilleure répartition de la richesse et le développement de services publics de qualité.
Puisqu'il s’agit ici d'évaluer les efforts de l'Agence du revenu du Canada visant à combattre l'évasion fiscale et l'évitement fiscal, c'est à vous, mesdames et messieurs les députés, que nous nous adressons aujourd'hui. Ce sont de vos propres efforts que nous parlerons, puisque l'Agence relève de vous.
Nous tenons d'abord à mentionner que la situation des finances publiques du Canada a de quoi nous inquiéter. Combattre les effets de la COVID‑19 a coûté très cher et cela accentuera grandement le déficit budgétaire. D'autres augmentations des dépenses sont à prévoir. La transition écologique, absolument nécessaire pour notre santé économique et pour notre survie, en tant qu'espèce sur cette planète, nécessitera des investissements publics majeurs, notamment pour d'importantes transformations technologiques axées sur l'économie d'énergie, sur l'électrification des transports, sur la transition des énergies fossiles vers les énergies renouvelables, et ainsi de suite.
Devant une pareille situation, l'austérité budgétaire, qui nous a étouffés ces dernières années et a grandement affaibli notre capacité de réagir contre la pandémie, n'est plus envisageable. C'est dire à quel point l'ARC occupera un rôle fondamental dans les prochaines années et à quel point la lutte contre l'évasion fiscale et l'évitement fiscal devrait être au cœur de nos préoccupations collectives.
Nous nous inquiétons d'abord du financement, encore trop faible, selon nous, de l'ARC. D'après le Collectif Échec aux paradis fiscaux, le gouvernement du Canada aurait renfloué l'Agence de 500 millions de dollars depuis 2015, auxquels se sont ajoutés 534 millions de dollars dans le dernier budget fédéral. Nous avons donc tout juste compensé les compressions de un milliard de dollars faites par le gouvernement Harper, alors que les besoins sont aujourd'hui beaucoup plus grands.
L'échange automatique de renseignements, mis en place récemment, rend enfin accessible une gigantesque quantité de données qui facilitera le travail des enquêteurs, mais, surtout, qui demandera un important travail d'analyse et de traitement des données fait par des experts de haut niveau, ce qui exige un investissement considérable. ATTAC‑Québec propose donc que soit considérablement relevé le budget de l'ARC, en plus des sommes déjà attribuées, et que l'argent soit consacré à des enquêtes qui permettent de cibler les plus grands fraudeurs, qu'il s'agisse d'entreprises ou d'individus.
En ce qui concerne l'évitement fiscal, nous croyons beaucoup en l'efficacité d'un registre des bénéficiaires effectifs, selon les conditions suivantes: l'accès au régime doit être gratuit et aisé pour l'ensemble du public; les informations publiées doivent permettre de se faire une idée complète de l'identité des bénéficiaires effectifs; des ressources adéquates doivent être dédiées à vérifier les informations transmises et le seuil d'assujettissement doit être de 10 % de la la part de l'entreprise visée, reprenant ainsi la distinction entre un investissement direct étranger et un investissement de portefeuille proposé par Statistique Canada. Un seuil trop élevé, comme celui de 25 % au Royaume‑Uni, n'a jamais fait l'objet d'un consensus scientifique quant à son efficacité.
Nous apprécions, finalement, la proposition du G7 de mettre en place un impôt minimal, à l'échelle mondiale, sur les sociétés, qui est un bon moyen de combattre l'évitement fiscal et la stratégie, particulièrement nocive, des prix de transfert. Cependant, le taux de 15 % d'imposition minimale nous semble trop bas et pourrait contribuer à accentuer la concurrence fiscale entre les États dotés d'une bonne fiscalité. De plus, ce taux prévu pour les multinationales seulement nous fait craindre un traitement de faveur à leur avantage, aux dépens des PME et des citoyens et citoyennes, alors que d'importants efforts devraient être mis pour atteindre une véritable progressivité de l’impôt.
Les décisions que vous aurez à prendre concernant l'ARC seront vitales pour les prochaines années afin d'assurer plus de justice sociale et une meilleure protection de l'environnement. Même si des progrès ont été faits, ceux-ci sont loin d'être suffisants. Il est essentiel de tout faire pour éliminer les paradis fiscaux. Nous espérons que vous saurez adopter les mesures nécessaires pour que le Canada devienne un leader mondial sur ces questions, plutôt que de continuer à prendre la position passive et attentiste qui a malheureusement été la nôtre depuis très longtemps.
Cela met fin à mon allocution.
Je vous remercie beaucoup de votre attention.
Monsieur le président, mesdames et messieurs les membres Comité, bonjour.
C'est avec grand plaisir que je m'adresse aux membres du Comité. Je le fais aujourd'hui dans un autre rôle que celui qui m'a déjà amené ici. Comme ancien contrôleur général du Canada, j'ai travaillé avec bon nombre d'entre vous et avec de nombreux parlementaires et hauts fonctionnaires. Je suis donc très heureux de présenter aux membres du Comité les commentaires de CPA Canada, dont je suis le président et chef de la direction. Mon collègue Bruce Ball, vice-président, Fiscalité, m'accompagne aujourd'hui.
Avant de commencer, permettez-moi de vous féliciter, monsieur le président, pour vos 28 années au service du Canada et de votre province. CPA Canada a toujours aimé travailler avec vous, et nos meilleurs vœux vous accompagnent pour l'avenir.
CPA Canada est l'organisation nationale qui représente la profession comptable canadienne tant à l'échelle nationale qu'à l'échelle mondiale. Elle soutient les organisations provinciales et territoriales qui réglementent les 220 000 membres de la profession en vertu du pouvoir que leur confère la loi. Parmi ses nombreuses activités, CPA Canada a pour mission d'agir dans l'intérêt public et de contribuer au développement économique et social.
CPA Canada a toujours eu une bonne relation de travail avec le gouvernement, notamment avec le ministère des Finances et l'Agence du revenu du Canada. Pendant la pandémie, notre collaboration avec le fédéral s'est avérée particulièrement efficace. Ainsi, nous avons renseigné nos membres, et leur avons fourni des outils pour aider les particuliers et les PME à s'y retrouver dans les principaux programmes de soutien publics; nous avons formulé des conseils sur les améliorations importantes à apporter, et proposé notre expertise pour ce faire; puis nous avons participé à la recherche de solutions permettant aux contribuables admissibles de bénéficier des mesures auxquels ils ont droit.
[Français]
Comptables professionnels agréés du Canada, ou CPA Canada, est d'avis que le système fiscal du pays est un mécanisme important pour mettre en œuvre les politiques appuyant la relance économique du Canada et ses efforts pour rebâtir en mieux. Ainsi, notre organisation recommande depuis longtemps au gouvernement de procéder à un examen exhaustif du système fiscal canadien, qui est fort complexe et que les contribuables auraient avantage à mieux comprendre pour être en mesure de respecter leurs obligations. C'est important, car notre niveau de vie à tous ne peut se maintenir que si tous paient leur juste part d'impôt.
S'étant engagée à servir l'intérêt public, CPA Canada prend systématiquement position contre l'évasion fiscale et d'autres délits de nature financière qui, intrinsèquement illégaux et contraires à l'éthique, nuisent aussi à l'économie et aux sociétés dans le monde entier.
[Traduction]
Ces crimes ne sont pas sans conséquence sur les gens: ils font des victimes en chair et en os. Les récits des personnes qui subissent les effets gravissimes de ces délits, sur le plan de la santé, de leur bien-être, de leur vie familiale et de leur épargne, sont déchirants. Notre position à l'égard de la criminalité financière a toujours été claire, et elle est de notoriété publique.
CPA Canada collabore avec le gouvernement canadien et les organisations internationales pour améliorer le système fiscal, lutter contre le blanchiment d'argent et renforcer le système financier afin de contrer des activités criminelles. Par exemple, CPA Canada a participé aux discussions menées par l'OCDE et le B20, de même qu'au Forum consultatif du secteur privé du Groupe d'action financière. Notre organisation a témoigné à plusieurs reprises devant votre comité et devant le Comité sénatorial permanent des finances nationales. Lors de ces audiences, nous avons demandé un examen complet du système fiscal, et les deux comités ont donné leur aval à nos recommandations. Aussi, des représentants de CPA Canada siègent au Comité consultatif sur l'économie clandestine de la .
Enfin, nous avons participé au renforcement du régime canadien de lutte contre le blanchiment d'argent en présentant de nombreux mémoires au gouvernement, en siégeant au Comité consultatif sur le blanchiment d'argent et le financement des activités terroristes du ministère des Finances du Canada et, dernièrement, en participant aux travaux de la Commission Callen, une commission publique en Colombie-Britannique.
[Français]
CPA Canada a aussi participé activement aux consultations du gouvernement en vue du renforcement et de la transparence de la propriété effective des sociétés, et ce, depuis le début des discussions en 2018. Nous félicitons le gouvernement pour l'engagement qu'il a pris dans le dernier budget d'instaurer le régime public des propriétaires réels. Nous estimons que la transparence est un facteur crucial de la lutte contre la criminalité financière et nous en félicitons notre gouvernement.
Nous sommes également heureux de voir que le gouvernement fédéral s'est engagé à accroître l'observation de la réglementation fiscale, à renforcer l'intégrité du système fiscal ainsi qu'à assurer l'équité fiscale.
[Traduction]
Les mesures annoncées dans le budget de 2021 pour financer de nouvelles initiatives et étendre les programmes existants permettront de contrer l'évasion fiscale et l'évitement fiscal abusif, et accroîtront la capacité de l'ARC à percevoir rapidement les impôts impayés.
Il s'agit d'importants pas en avant, mais nous devons tous en faire plus. La responsabilité d'agir nous incombe à tous. Pour contrer l'évasion fiscale, nous devons admettre que le système fiscal canadien est excessivement complexe et poursuivre sa simplification. Nous encourageons le Comité à continuer dans cette voie et à veiller à la mise en œuvre de ces recommandations. Globalement, la simplification facilite l'observation.
Comme toujours, CPA Canada est prête à collaborer avec les parlementaires pour faire avancer ces priorités.
Je vous remercie de votre attention, monsieur le président et mesdames et messieurs les membres du Comité. M. Ball et moi serons heureux de répondre à vos questions.
:
Monsieur le président, veuillez m'accorder six minutes et 15 secondes, car je voudrais d'abord prendre un court instant pour vous remercier de vos nombreuses années au service non seulement de vos électeurs, mais aussi de votre province et de votre pays.
Lorsque j'ai été élu à la Chambre pour la première fois il y a sept ans et demi, je me souviens que nous siégions ensemble au comité des comptes publics. Vous étiez du côté de l'opposition, tout seul en tant que libéral. Je me souviens de l'homme d'État que vous étiez en tant que membre de l'opposition. Et maintenant, j'ai pu profiter de votre rôle de président du Comité. J'ai constaté que vous êtes encore un grand homme d'État, et peut-être même plus. Vous avez été courtois, respectueux, tolérant et certainement dépourvu de partisanerie dans votre rôle, et je vous en remercie, monsieur Easter. Je vous remercie pour votre amitié. Vous n'avez pas laissé votre travail s'immiscer dans vos amitiés, et je vous en remercie.
Mes six minutes peuvent maintenant commencer.
Je remercie tous nos témoins de comparaître devant le Comité. Je suis ravi de votre contribution sur ce sujet fort important dont nous discutons ayant trait à la lutte contre l'évitement fiscal et l'évasion fiscale.
Monsieur Lareau, j'ai été particulièrement intéressé d'entendre votre analyse de la situation de KPMG et des paradis fiscaux que l'émission The Fifth Estate a tenté de documenter pour les Canadiens. Certaines personnes ont perdu leurs économies de toute une vie, et de dures épreuves sont attribuables au stratagème fiscal auquel se sont livrées de nombreuses personnes sans scrupules avec l'aide de KPMG, semble‑t‑il.
Je vais cependant aller plus loin. Monsieur Lareau, je veux vous poser une question sur le contexte actuel. Le , dans sa lettre de mandat de 2019 à l'intention de la , a demandé à celle‑ci de chercher « de nouvelles façons de lutter contre l’évasion et la fraude fiscales par les gens fortunés », « d'améliorer nos programmes actuels de dénonciation de l’évasion et de la fraude fiscales », et de « chercher d’autres occasions d’investir des ressources pour lutter contre les fraudeurs fiscaux ».
Monsieur Lareau, à votre avis, le gouvernement a‑t‑il pris des mesures adéquates pour atteindre cet objectif?
:
Je vous remercie, monsieur le président.
J'adresse mes salutations à tous les témoins qui sont des nôtres aujourd'hui.
Je les remercie d'être ici. Ils apportent des éléments des plus intéressants qui, je l'espère, feront avancer les travaux du Comité.
Avant de poser mes questions, je dirai quelques mots au président.
Monsieur Easter, vous êtes un parlementaire et un président de comité exemplaire. C'est vraiment un plaisir pour moi de siéger à vos côtés. Je vous trouve parfois dur, mais toujours juste. Je vous tire mon chapeau. Je suis quand même sous le choc d'apprendre que vous ne serez pas des nôtres après la pause estivale. Vous allez certainement nous manquer. Nous aurons encore certainement l'occasion de nous chicaner, car il nous reste quelques rencontres. Je vous remercie pour tout.
Mes premières questions s'adressent à M. Lareau.
Messieurs Vaillancourt et St‑Jean, si vous voulez renchérir, n'hésitez pas à intervenir.
Monsieur Lareau, en réponse à la question posée par M. Falk, vous avez dit qu'il était très important de ne pas en rester là dans l'affaire KPMG, parce que, si rien n'était fait, cela envoyait en quelque sorte un message d'impunité aux sociétés qui créeront de tels stratagèmes, comme les sociétés-écrans.
Selon vous, qu'est-ce qui devrait être fait par — vous avez parlé de son pouvoir d'enquête —, par le gouvernement et par le Comité?
:
L'évasion fiscale est un crime. Or, peu importe le nombre de dispositions prévues dans la loi pour interdire ce crime, encore faut-il le découvrir, le déceler. Il faut donc agir en amont. Il faut décourager les gens qui sont tentés de commettre un crime de nature économique. Tant et aussi longtemps que l'Agence du revenu du Canada offrira des ponts d'or, notamment aux clients de KPMG à qui elle a offert de produire des divulgations volontaires, la situation ne se réglera pas.
Tout cela est venu de l'Agence, qui a écrit ceci à KPMG: « Nous invitons vos clients à produire des divulgations volontaires. »
La famille Cooper a été aux prises avec des avis de cotisation jusqu'en 2010. Plus récemment, nous apprenions que c'était jusqu'en 2015. Il y a eu un règlement dans l'affaire. Il faut absolument que l'ARC agisse de façon beaucoup plus sévère.
Dans le cas de KPMG, particulièrement, il faut tenir une enquête publique ou, simplement, déposer des plaintes pénales, que le tribunal pourra évaluer afin de vraiment élucider toute cette affaire. KPMG refuse de répondre à vos questions et de faire la lumière sur cette affaire. Si KPMG n'est pas tenue par un tribunal de venir témoigner, personne ne saura quoi que ce soit. KPMG agit-elle ailleurs, dans d'autres États, en utilisant la même stratégie? En plus des 16 contribuables, y en a-t-il d'autres?
Nous ne le savons pas. Par contre, nous savons que M. Barry Philp, de KPMG, a écrit ce qui suit en 1999:
[Traduction]
« Il n'est pas déraisonnable de s'attendre à ce que Revenu Canada, s'il était pleinement informé du stratagème proposé, chercherait à ce que les sociétés extraterritoriales soient traitées comme des résidents permanents au Canada, auquel cas leurs revenus seraient imposables. »
[Français]
En 2002, il a ajouté ce qui suit concernant la protection offerte à la famille Cooper dans le capital-actions: « Il faut faire cela dans une convention à part et non pas dans le capital-actions. »
[Traduction]
« Cela avait le grand avantage de ne pas être du domaine public, comme le sont ces articles. »
[Français]
On voit qu'on veut cacher tout cela. Il faut donc infliger des sanctions sévères: un procès au criminel contre KPMG et contre les gens eux-mêmes qui ont imaginé ce stratagème. Bien sûr, il faut aussi que l'Agence fasse montre d'une attitude beaucoup plus énergique. Nous parlons d'évasion fiscale.
Si nous parlions d'évitement fiscal, je vous dirais de modifier le paragraphe 245(4) de la Loi de l'impôt sur le revenu, qui prévoit le renversement du fardeau de la preuve, où c'est l'Agence, c'est-à-dire Justice Canada, qui doit alors prouver qu'il y a eu évitement fiscal. Ce n'est plus au contribuable de prouver qu'il n'y en a pas eu. Or, ce fardeau de la preuve est très difficile à établir. Il faut enlever le renversement du fardeau de la preuve du paragraphe 245(4).
:
Cela concernait une planification fiscale antérieure, et KPMG s'était fait prendre dans cette situation. KPMG et les individus eux-mêmes ont été cités à procès. On a infligé des amendes totalisant 450 millions de dollars ainsi que des possibilités de peines de prison. Je ne sais pas s'il y en a eu, car je ne me souviens plus de la décision au complet.
Comparons la situation de KPMG avec celle de Fiscal Arbitrators, dont je vous ai parlé tantôt. Selon l'information dont je dispose, il y a eu, dans un procès en fiscalité, des circonstances aggravantes pour lesquelles on a envoyé des gens en prison, notamment le haut niveau de préparation de la fraude impliquant plusieurs personnes et la sophistication de la fraude démontrée, entre autres, par le recours aux services d'un comptable. On a donc envoyé des gens en prison parce qu'ils avaient eu recours aux services d'un comptable, alors qu'ils étaient eux-mêmes des comptables.
Il y avait également le fait que l'on avait tenté d'éluder le montant d'impôt, qui était supérieur à un million de dollars, le fait que des fonds publics avaient été mis en péril, le fait que la fraude se soit déroulée sur une période de près d'un an et le fait qu'après des demandes répétées de Revenu Canada, la personne a continué ses agissements, documents à l'appui.
Bref, les gens ont continué à perpétrer leurs crimes, et c'est la même chose dans le cas de KPMG. On nous avait dit que c'était terminé, alors que ce ne l'était pas. Cela avait continué jusqu'en 2015.
:
Je vous remercie beaucoup, monsieur le président.
Je ne ferai pas d'obstructionnisme en ce qui concerne M. Easter. J'avais déjà fait des commentaires là-dessus. Nous aurons probablement la chance d'en parler davantage dans les prochains jours.
Je remercie nos témoins d'être avec nous aujourd'hui. Nous espérons que leurs familles et leurs proches sont sains et saufs dans le contexte de cette pandémie.
Mes premières questions s'adressent à M. Lareau.
Monsieur Lareau, je vous remercie beaucoup d'être avec nous aujourd'hui.
Au cours de quelques séances tenues il y a un an, nous avons rencontré des représentants de l'Agence du revenu du Canada, et nous les avons aussi reçus la semaine dernière. Nous leur avons demandé pourquoi aucun des individus et des cabinets figurant dans les documents des paradis fiscaux et les Panama Papers n'avait fait l'objet de poursuites judiciaires. Un an plus tard, rien n'a changé. Il n'y a aucune poursuite judiciaire en cours.
En 2016, vous étiez censé témoigner devant ce comité, mais cela n'a pas eu lieu et vous n'avez pas eu la chance de donner votre opinion sur la situation.
Nous nous demandons toujours pourquoi il y a un tel manque de volonté pour ce qui est de poursuivre KPMG, d'autres cabinets comptables et des personnes riches qui fraudent le système.
Ma question comporte deux volets.
D'abord, qu'auriez-vous dit en 2016, si vous aviez eu l'occasion de témoigner devant le Comité?
Selon vous, la situation est-elle différente aujourd'hui?
:
En 2016, on ne savait pas que la stratégie avait été employée après 2010. Aujourd'hui, on le sait. Ce que j'aurais dit en 2016, je vous l'ai dit aujourd'hui. Je pense que j'aurais présenté la même argumentation à ce moment-là.
Une chose est certaine: les représentants de KPMG nous ont dit que, en 2003, ils avaient appris leur leçon et qu'ils avaient cessé d'avoir recours à cette stratégie. Ils ont dit en quelque sorte qu'ils ne voulaient plus faire cela. Ils ont semblé reconnaître qu'ils avaient tort.
Soit ils ont décidé de reconnaître qu'il s'agissait d'un crime, auquel cas les criminels doivent être poursuivis, même 18 ans plus tard, soit ils se sont simplement fait prendre la main dans le sac. Selon ma théorie, ils se sont fait prendre la main dans le sac et se sont dit que le jeu n'en valait pas la chandelle. Ils ont donc décidé de faire amende honorable et de se dégager un peu de cela.
Les réponses qu'ils ont fournies aux questions que vous leur avez posées démontrent qu'ils n'ont aucune volonté de collaborer. Le comportement de cette firme comptable n'est nullement indicateur d'un désir de collaborer, de faire preuve de transparence fiscale et de mettre fin à l'évasion fiscale. Au contraire, elle vous envoie paître et vous dit simplement qu'elle ne répondra pas aux questions en invoquant le secret professionnel.
Pourtant, le Comité a tout à fait le pouvoir d'obliger les représentants de KPMG à répondre à ses questions. Ce secret professionnel ne protège pas les comptables comme ils veulent le laisser croire.
:
Premièrement, monsieur Easter, depuis tout le temps que nous travaillons ensemble, j'ai pu détecter chez vous un coeur d'agriculteur, et je vous en suis très reconnaissante. Quand vous avez dit que vous aviez une annonce à faire, je croyais que vous alliez peut-être traverser du bon côté de la Chambre.
Des voix: Oh, oh!
Mme Tamara Jansen: Ce fut un plaisir de travailler avec vous. Merci beaucoup.
Revenons à la question qui nous occupe. Monsieur St-Jean, nous sommes ici pour évaluer les progrès de l'ARC dans ses efforts pour s'attaquer à l'évasion fiscale. J'aimerais nous ramener en 2015, à l'époque où le a dit que les Canadiens les mieux nantis utilisaient les taux d'imposition des petites entreprises pour réduire leur fardeau fiscal. Il accusait pour ainsi dire les propriétaires de petites entreprises de fraude fiscale.
À l'époque, je faisais partie de ces gens qui livraient des fleurs aux clients dans la chaleur de l'été, à la sueur de mon front, dans un vieux camion Hino sans air climatisé et selon lui, ce n'était là rien de plus qu'un habile paradis fiscal. Je dois dire que j'ai été vraiment insultée, tout comme beaucoup d'autres propriétaires de petites entreprises, j'en suis sûre.
Voilà maintenant qu'en 2021, les libéraux envoient des milliards de dollars à l'ARC pour que le ministère expose les soi-disant fraudes fiscales des petites entreprises. Je sais que la FCEI avait déjà dit à l'époque que ces préjugés n'avaient aucune raison d'être, et il semble encore qu'il n'y ait absolument aucune preuve que le premier ministre visait juste. Se pourrait‑il que les libéraux aient élaboré cette politique fiscale et embauché des hordes de nouveaux employés sur la base de ces suppositions, ce qui est d'autant plus choquant qu'on voit que le ministère conclut des ententes avec les grands fraudeurs fiscaux, mais qu'il continue de pourchasser les petits?
:
Merci infiniment, monsieur le président. Bien sûr, je commencerai de la même façon que tous mes collègues.
Je tiens à mon tour à vous remercier du fond du cœur de votre leadership. Vous nous manquerez épouvantablement. Vous êtes en tout point un noble exemple pour tous les députés. Vous êtes l'exemple même du député que nous nous efforçons tous d'être, en tout cas je parle pour moi. Je suis seulement frustrée que vous partiez avant que nous ayons pu tenir un festival d'huîtres et de homard, donc nous pourrions devoir aller vous rendre visite à l'Île‑du‑Prince-Édouard.
Sur ce, je poserai ma première question.
Lors de notre dernière session, nous avons appris que le gouvernement fédéral avait investi beaucoup au cours des cinq ou six dernières années pour combattre l'évitement fiscal et l'évasion fiscale. Nous avons déjà réussi à récupérer 5 milliards de dollars grâce à un investissement d'un milliard de dollars.
Nous avons également entendu que nous nous classions au 9e ou 10e rang mondial sur 80 pour repérer l'impôt impayé et que nos efforts portent fruit. Bien sûr, il y a toujours place à l'amélioration.
Nous avons également entendu parler un peu de signes encourageants au chapitre de la divulgation volontaire, ce qui est très bien. J'aimerais savoir comment on pourrait l'encourager davantage encore.
J'ai une deuxième question sur le même sujet. Nous savons qu'il y a beaucoup d'affaires complexes qui sont soumises aux tribunaux. C'est ainsi parce qu'il en coûte tout de même moins cher aux grandes entreprises de payer un million ou deux pour éviter 40 millions de dollars en impôts.
Je me demande ce que nous pourrions faire de plus pour qu'il devienne moins attrayant de subir un procès en matière fiscale.
Je peux peut-être entendre d'abord M. St‑Jean, puis M. Ball. Pouvez-vous répondre à cela?
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Certainement. Je peux peut-être vous parler de divulgation volontaire, puis ensuite des poursuites judiciaires.
Il est difficile de convaincre les gens de faire des divulgations volontaires. On ne veut pas être trop indulgent envers ceux qui ne se conforment pas aux règles, et ce, peut-être intentionnellement, mais en même temps, on veut faire en sorte que ceux qui souhaitent s'y conformer osent divulguer la chose dans un contexte raisonnable.
Je n'en ai pas fait beaucoup au fil des ans, mais il est arrivé à quelques reprises que je donne un coup de main dans un dossier de divulgation volontaire, et je peux vous dire que cela apporte beaucoup de paix d'esprit aux gens. Je pense qu'il vaudrait vraiment la peine de sensibiliser les gens à cela.
Pour ce qui est de l'aspect judiciaire, je suis d'accord avec M. St‑Jean. J'ajouterais que les CPA du Canada travaillent en collaboration avec l'ARC au processus d'opposition. C'est l'étape qui précède le procès, pour essayer de régler quelques questions en amont. Il y a des affaires qui se rendent jusque devant les tribunaux en raison de désaccords légitimes. Nous essayons vraiment de voir si nous pourrions en faire plus en amont, avant que ces affaires soient soumises aux tribunaux, pour résoudre les litiges fiscaux avant même qu'ils ne soient soumis aux tribunaux.
Permettez-moi de revenir sur la question qui vient d'être soulevée.
Si je ne me trompe pas, les pénalités infligées au Québec s'élèvent à 30 %, tandis qu'à l'Agence du revenu du Canada, elles sont de 0 % dans les cas de divulgations volontaires. Si nous prenons l'affaire KPMG aux États‑Unis, la pénalité était de 50 %, en plus des poursuites criminelles, entre autres choses.
Nous pouvons donc nous inspirer de cela, madame Dzerowicz.
Ma prochaine question s'adresse à MM. Lareau et Vaillancourt, mais les représentants de CPA Canada peuvent aussi intervenir.
Dans l'affaire Cinar, Norshield et Mount Real, mettant en cause leurs dirigeants, dont M. Weinberg, des milliers de petits investisseurs ont été floués. J'ai été très touché par le témoignage de Mme Watson, l'une de ces investisseuses flouées, qui est venue témoigner au Comité. C'est épouvantable, ce qui s'est passé. Près de 500 millions de dollars ont disparu, dont la plupart restent introuvables.
Que pouvons-nous faire? Qu'est-ce que le gouvernement peut faire? Qu'est-ce que la peut faire? Que faut-il changer afin que de telles situations ne se répètent pas et que nous soyons capables de retrouver l'argent?
En lien avec cela, il y a les sociétés aux noms d'épées. Les articles de CBC/Radio‑Canada présentent des arguments très convaincants selon lesquels la firme KPMG aurait un lien avec ces sociétés, parce qu'elle a fait enregistrer une société-écran au même moment que ces quatre sociétés ont été enregistrées. Chez KPMG, on nous dit que ce n'est pas le cas. Nous avons posé la question à ses représentants, et ils nous ont répondu par écrit avoir consulté ses documents des dix dernières années. Ils maintiennent leur dénégation.
Qu'est-ce qui peut être fait pour obtenir justice dans un tel cas et pour que cela ne se reproduise jamais?
Monsieur Lareau, je voudrais d'abord avoir vos commentaires.
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Merci, monsieur le président.
Mes prochaines questions s'adressent à M. Vaillancourt, à M. St‑Jean et à M. Ball.
Comme on l'a déjà souligné, les fraudes de Norshield et de Cinar ont fait perdre des sommes astronomiques aux Canadiens, certains y ont perdu les économies de toute une vie, les pertes représentent 500 millions de dollars, mais le gouvernement n'a toujours rien fait pour élucider ces fraudes. Ce n'est vraiment que la pointe de l'iceberg. Le directeur parlementaire du budget estime que les Canadiens perdent chaque année 25 milliards de dollars en impôts impayés. Quand on regarde tous les problèmes auxquels les Canadiens sont confrontés (le manque de logements abordables, la difficulté à effectuer la transition vers l'énergie propre, l'absence d'eau potable sûre dans les communautés autochtones), on voit que ces 25 milliards de dollars par année pourraient résoudre beaucoup de problèmes auxquels les Canadiens sont confrontés.
Ma question tient en deux volets. Premièrement, que le gouvernement devrait‑il faire pour faire la lumière sur les fraudes de Cinar et de Norshield, et les liens de KPMG avec l'Île de Man? Deuxièmement, êtes-vous d'accord pour dire que le manque à gagner pour les coffres publics est énorme, il représente 25 milliards de dollars, perdus au profit de paradis fiscaux étrangers et de stratagèmes frauduleux. Cet argent pourrait être tellement important pour relever la qualité de vie de tant de Canadiens.
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Ce que j'ai à dire là-dessus, je le dis en tant que citoyen, car je ne suis pas vraiment un expert dans ce domaine.
Vous avez parfaitement raison, monsieur Julian, de dire que nous allons avoir besoin de sommes incroyables au cours des prochaines années.
La transition énergétique et la transition écologique vont coûter cher, et des investissements publics majeurs devront être faits. On apprend qu'il y a des trous dans lesquels des sommes colossales sont complètement enfouies et que, en plus, nous n'avons pas les moyens nécessaires pour aller les chercher. À mon avis, il faut mettre les bouchées doubles pour y remédier. Je pense que toutes sortes d'organisations, comme le regroupement Canadiens pour une fiscalité équitable et le Collectif Échec aux paradis fiscaux ont une série de solutions. Lisez leurs documents, lisez ce qu'ils préconisent. Je n'ai pas le temps d'expliquer cela en quelques minutes, mais tout est là.
Vous avez aussi des experts, à l'Agence du revenu du Canada, qui sont capables d'aller chercher des solutions. Il faut vraiment s'attaquer au plus vite à ce problème, parce que nous avons un besoin d'argent urgent et considérable. Nous sommes en train de faire une transition importante, et, pour cela, nous avons besoin de tout notre argent.
Les situations dont vous avez parlé, monsieur Julian, ne doivent plus se reproduire, et ce sont les élus qui ont la responsabilité d'y veiller.
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La divulgation volontaire va être effectuée par quelqu'un qui sent la soupe chaude.
Pour ce qui est de l'évasion fiscale à l'échelle internationale, puisque le bilan de l'Agence du revenu du Canada n'est pas très reluisant à cet égard, pourquoi quelqu'un qui aurait caché son argent à l'extérieur du pays accepterait-il de faire une divulgation volontaire, quand il sait fort bien que l'Agence ne prendra pas les dispositions nécessaires pour aller le chercher hors du pays?
On ne fera donc pas de divulgation volontaire, parce que, justement, on sait qu'on ne se fera pas pincer et que l'on ne cherchera pas à retrouver une personne ayant caché de l'argent à l'extérieur du pays. On n'incite donc pas les gens à faire des divulgations volontaires.
Il y a eu des divulgations volontaires tout à fait importantes dans le passé, bien sûr. On se souviendra de M. Brian Mulroney, qui avait divulgué volontairement des revenus plusieurs années par la suite et qui avait payé la moitié de l'impôt dû. Ce sont des situations tristes, mais dont les gens se souviennent.
On se rappellera aussi que les États‑Unis ont eu des programmes très ponctuels de divulgation volontaire. Les États‑Unis donnaient un délai de trois mois aux gens pour divulguer volontairement leurs revenus, après quoi c'était trop tard pour le faire. Aujourd'hui, les États‑Unis ont ouvert beaucoup plus les portes et il y a de la divulgation volontaire beaucoup plus libre qui se fait.
Ici, au Canada, les mesures sont maintenant plus contraignantes. C'est bien, mais, quand même, il n'y aura pas de divulgation volontaire tant que l'Agence du revenu du Canada n'enquêtera pas de façon plus proactive sur les cas d'évasion fiscale à l'échelle internationale.
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J'allais justement en parler.
Je veux faire écho aux sentiments exprimés par mes collègues en soulignant votre capacité à comprendre les choses et à faire en sorte que la dimension humaine transcende l'aspect politique de ce travail. Très peu de gens parviennent à le comprendre vraiment. Vous avez très bien réussi à le faire, comme en témoigne l'harmonie qui caractérise les travaux de notre comité.
Vous savez vous montrer impartial et vous comprenez bien le rôle que nous jouons tous à titre de représentants élus. Je voulais donc moi aussi souligner le fait que nous avons été tous les deux des adversaires. C'est vous qui étiez chargé de critiquer mon travail alors que j'étais ministre du Commerce international. Même à ce moment‑là, lorsque vous deviez me cuisiner lors de mes comparutions devant le Comité ou à la Chambre des communes, vous vous êtes toujours montré juste. Vous ne me ménagiez pas, mais je ne vous ai jamais considéré comme un ennemi. J'ai toujours eu l'impression que nous étions en fait du même côté des choses, en ce sens que nous avions tous les deux à coeur les intérêts commerciaux du Canada et que nous devions simplement nous entendre sur les moyens à prendre pour bien servir ces intérêts.
Tout cela témoigne bien, en fait, non seulement de votre compétence en tant que porte-parole et que président de ce comité, mais aussi de la personne que vous êtes. Je veux simplement vous rendre hommage pour l'ensemble de votre oeuvre. Vous pouvez partir à la retraite en sachant que vous avez le respect de tous vos collègues à la Chambre des communes.
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Merci, monsieur le président.
Je remercie les témoins d'aujourd'hui. C'est très intéressant de vous écouter compte tenu de la vaste expérience et des connaissances que vous avez au sujet des impôts et de l'évasion fiscale.
Dans l'énoncé économique de l'automne de 2020, notre gouvernement s'est engagé à investir 606 millions de dollars sur cinq ans, à compter de 2021, pour combler l'écart de conformité pour les personnes fortunées, renforcer le soutien technique pour les audits à risque élevé et améliorer le programme des enquêtes criminelles.
Il a été dit aujourd'hui que l'engagement financier de notre gouvernement est encore insuffisant. J'ai écouté avec un réel intérêt lorsque j'ai entendu que le gouvernement précédent, le gouvernement Harper, avait coupé dans les ressources de l'ARC. Je me demande si vous pouvez nous dire — et je pense que MM. Vaillancourt et Lareau ont parlé des compressions — quelles ont été les répercussions de ces compressions. Si nous investissons de l'argent et que c'est toujours insuffisant, quelles ont été les répercussions lorsque des ressources ont été retirées? Sommes-nous toujours en train d'essayer de rattraper le temps perdu? Est‑ce que nous n'avons pas toutes les technologies dont nous avons besoin à cause de cela? Est‑ce que c'est parce que nous n'avons pas assez de personnel, ou peut-être que les ressources dont nous disposons sont insuffisantes pour faire le travail?
Est‑ce que quelqu'un veut essayer de répondre à ces questions?
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Je pourrais peut-être faire un ou deux commentaires.
Au cours des dernières années, la technologie a évolué de façon extraordinaire. La capacité de faire des choses est très différente de ce qu'elle était il y a cinq ans.
Nous avons parlé des nouveaux outils qui sont nécessaires pour lutter efficacement contre l'évasion fiscale et je pense avoir parlé de l'intelligence artificielle un peu plus tôt. Il s'agit de certains des outils que nous devons fournir à tous nos services, et nous devons également trouver avoir accès aux talents qu'il faut pour pouvoir déployer et utiliser ces outils. À cet égard, il n'y a pas surabondance de talents au Canada, comme nous vous l'avons dit à plusieurs reprises. Il y a une guerre des talents. Attirer les talents constitue un défi non seulement pour le gouvernement, mais aussi pour le secteur privé.
Trouver toutes les personnes nécessaires qui ont le talent requis est un problème qui ne va pas disparaître facilement, mais le gouvernement doit continuer à essayer de trouver les talents, les personnes et la technologie pour améliorer la situation, parce que l'autre partie investit également et essaie de trouver des moyens de déjouer le système. C'est une bataille sans fin.
Je pourrais peut-être me tourner vers mon collègue, M. Ball, pour voir s'il souhaite ajouter quelque chose à ma réponse.
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J'ai parlé de cette question plus tôt.
Je disais que les coupes du gouvernement Harper ont été effectuées dans un contexte de politique d'austérité. Il faut dire qu'elles ont causé beaucoup de dommages au pays. Actuellement, avec l'argent que l'on réinvestit dans l'Agence du revenu du Canada, on se situe à peu près au même point qu'auparavant, alors que les besoins sont bien plus grands et que la situation s'est grandement complexifiée.
La technologie a effectivement changé, sans compter que nous avons accès à beaucoup plus d'information qu'auparavant. Il est très difficile de traiter cette information, et elle est extrêmement complexe, que ce soit sur le plan des fuites fiscales ou de l'échange automatique de renseignements.
C'est donc la raison pour laquelle nous disons qu'il faut non seulement dépasser le niveau actuel et compenser les pertes, ce que l'on est en train de faire, mais aussi aller beaucoup plus loin et investir beaucoup plus d'argent.
À mon avis, le gouvernement Biden a compris que, dans la situation d'urgence actuelle causée, entre autres choses, par toutes les dépenses supplémentaires engendrées par la pandémie de COVID‑19, il est temps de récupérer cet argent. Ces fonds ne peuvent être accessibles que si l'on augmente le nombre d'experts et de spécialistes qui pourront faire des enquêtes pour attraper les fraudeurs, qui sont les plus difficiles à chasser.
C'est pourquoi nous considérons notre demande comme importante.
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Je vous remercie, monsieur le président.
Je remercie tous les témoins.
Avant de présenter ma motion, je voudrais faire une mise en contexte.
Jeudi prochain, nous poursuivrons l'étude du Comité portant sur le même sujet. Or, le but de la rencontre est de cibler les témoins clés dans l'affaire qui nous intéresse. Selon ce que je comprends, jusqu'à maintenant, les six témoins qui étaient nommés dans l'article diffusé par CBC/Radio‑Canada n'ont pas accepté l'invitation. L'un de ces témoins, qui n'a pas la citoyenneté canadienne, aurait décliné toute offre et les autres personnes visées par la motion dont il sera question n'ont pas refusé de comparaître. Je comprends que certains délais peuvent être serrés et que, idéalement, le Comité pourrait adopter une motion visant à inviter ces témoins. Toutefois, comme la séance du Comité se tiendra jeudi et que, par la suite, il ne nous restera qu'une rencontre avec les ministres, je proposerais une motion visant à assigner ces témoins.
Je tiens vraiment à clarifier que ces motions ne visent pas des témoins qui ont refusé de venir témoigner au Comité. Étant donné que les délais sont serrés et que nous n'avons pas eu de réponses jusqu'à maintenant, je voudrais m'assurer que nous recevrons des témoins clés lors de cette étude importante. C'est pourquoi je vous ai transmis une motion.
Voici donc le libellé de la motion que je présente:
Que M. Michael Morris, Mme Susan Gibbons, M. William Maycock et M. Serge Bilodeau soient assignés à comparaître devant le Comité dans le cadre de l'étude sur les efforts de l'Agence du revenu du Canada afin de combattre l'évitement fiscal et l'évasion fiscale, lors de la rencontre du jeudi 17 juin 2021 et que le Comité ordonne à M. Ian Morris de transmettre les coordonnées de M. Michael Morris au greffier du Comité afin qu'il puisse l'assigner à comparaître.
Je vous remercie.