FISH Réunion de comité
Les Avis de convocation contiennent des renseignements sur le sujet, la date, l’heure et l’endroit de la réunion, ainsi qu’une liste des témoins qui doivent comparaître devant le comité. Les Témoignages sont le compte rendu transcrit, révisé et corrigé de tout ce qui a été dit pendant la séance. Les Procès-verbaux sont le compte rendu officiel des séances.
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STANDING COMMITTEE ON FISHERIES AND OCEANS
COMITÉ PERMANENT DES PÊCHES ET DES OCÉANS
TÉMOIGNAGES
[Enregistrement électronique]
Le jeudi 26 mars 1998
[Traduction]
Le président (M. George S. Baker (Gander—Grand Falls, Lib.)): Je déclare la séance ouverte.
Aujourd'hui notre ordre de renvoi, notre ordre du jour est établi conformément à l'alinéa 108(2) du Règlement, étude des problèmes de la pêche du Canada central. Je souhaite rappeler au comité que nous allons nous rendre très prochainement au Manitoba pour cinq audiences publiques, aussi certains des témoins que nous avions prévus aujourd'hui comparaîtront soit à The Pas, Grand Rapids, Gimli, Selkirk ou Winnipeg au moment de ces audiences.
Nos témoins d'aujourd'hui sont les suivants; de la Northwest Co-operative Fisheries Limited, M. Rick Hay qui en est le directeur général; comparaissant à titre individuel, Karen Olson qui a une entreprise de pêche commerciale sur le lac Winnipeg, et Kim Sigurdson qui commercialise le poisson et les produits de la mer. Nous allons donc entendre ces trois témoins l'un après l'autre.
• 0925
Nous avons au comité aujourd'hui les porte-parole du Parti
réformiste du Canada, du Bloc et du Nouveau Parti démocratique,
ainsi que le secrétaire parlement du ministre des Pêches et des
Océans.
Qui souhaite commencer? À ceux qui font un exposé, nous demandons normalement de dire quelques mots avant de permettre aux différents partis de poser des questions. Monsieur Sigurdson.
M. Kim Sigurdson (comparaissant à titre individuel): Je remercie M. Baker et les membres du comité. L'Office de commercialisation du poison d'eau douce existe depuis 1968-1969. Son créateur est McIvor, vous vous souvenez peut-être de la Commission McIvor et de la Commission du blé.
Le monopole de l'OCPED, l'Office de commercialisation du poisson d'eau douce, ressemble un peu à celui de la Commission du blé. Je pense que cette dernière est de taille un peu plus réduite. La superficie sur laquelle l'Office de commercialisation du poisson d'eau douce a un monopole total est d'environ 6 millions de kilomètres carrés. Elle couvre le nord-ouest de l'Ontario, le Manitoba, la Saskatchewan, l'Alberta et les Territoires du Nord- Ouest.
Environ 3 500 pêcheurs travaillent pour cet office. Celui-ci verse une somme de l'ordre de 32 millions de dollars par an à ses 3 500 pêcheurs. Nous avons reçu une lettre de John Crosbie lorsqu'il était ministre. Chose ironique, John pensait que 32 millions de dollars c'était beaucoup d'argent pour beaucoup de monde. Il avait raison. C'était beaucoup de monde.
Si vous prenez 3 500 pêcheurs et que vous divisez entre eux ces 32 millions de dollars, ça nous donne une moyenne de 9 143 $ par personne. Je ne sais combien de gens au Canada accepteraient de travailler pour 9 000 $ par an seulement, mais c'est en gros l'objet des plaintes que nous avons à formuler à l'encontre de l'office.
L'office ne permet à personne d'autre qu'à lui-même de commercialiser le poisson et de le transformer. Il y a des permis spéciaux pour négociants qu'on peut obtenir—et j'y reviendrai un peu plus tard—mais en gros l'office achète une espèce et une espèce seulement, le doré jaune.
Le corégone est un marché important, mais le seul problème, c'est qu'on ne l'a pas bien commercialisé. On demande en gros aux pêcheurs de jeter 60 à 70 p. 100 de leurs prises. Lorsqu'on parle de 60 à 70 p. 100 des prises dans un secteur de la taille dont je viens de vous parler, on parle de 20 à 30 millions de livres par an qui sont rejetées par les plus pauvres d'entre les pauvres.
Je veux dire par là que 75 à 80 p. 100 des pêcheurs sont des autochtones. Ils vivent dans des localités parmi les plus sordides que vous puissiez imaginer des conditions de vie du tiers-monde. Je crois que la dernière fois que le Comité permanent des pêches est venu du Manitoba, il a eu l'occasion d'aller voir comment certains de ces autochtones vivent.
Personnellement, je suis métis, mais il y a quelques communautés qui sont dans des situations désespérées, mais si vous regardez certaines communautés des premières nations où le taux de chômage est de 60, 70, 80 p. 100, à qui on ne permet pas de transformer le poisson et qu'on oblige à le rejeter, c'est tout de même paradoxal.
Le comité permanent est allé voir ce qui se passe sur la côte est, et les pêcheurs sortent en mer tous les jours pour voir ce que la mer leur réserve, mais il n'y a rien. Puis il est allé sur la côte ouest, où l'heure grave est imminente puisqu'il n'y a pratiquement plus de poisson là-bas non plus. Il ira ensuite dans les provinces des Prairies et dans le Nord, où les lacs regorgent de poisson et on demande aux pêcheurs de les rejeter.
Vous vous souvenez peut-être de l'ancien président, Ron MacDonald, qui disait que c'était de la pauvreté légiférée. C'est exactement ce que c'est. Pour moi, c'est une politique raciste. Étant autochtone et voyant dans quelles conditions certains d'entre nous vivent, je trouve que c'est tout à fait insensé. Ce n'est absolument pas justifié.
En définitive, rien ne va changer tant qu'on ne se débarrassera pas de cet office, de ce monopole.
• 0930
L'une des choses qui peuvent se produire si on supprime
l'office, ou si... il y a un terme nouveau qu'on emploie
actuellement c'est celui de «double commercialisation». Si les
pêcheurs et les localités dans lesquelles ils vivent étaient
autorisés à attraper ce poisson et à le vendre à qui ils veulent et
où ils veulent, deux choses se produiraient. Premièrement, cela
créerait des emplois dans tout le Nord et des emplois, nous en
avons vraiment besoin!
On constatera par ailleurs que les problèmes de transport dont parle l'office sont des problèmes véritables. Ses responsables disent que cela coûte très cher si ces pêcheurs veulent envoyer leur poisson du nord du Manitoba, de certaines localités isolées, et c'est vrai. Je vais vous donner un exemple.
Dans certaines régions du Manitoba à l'heure actuelle, on jette la truite, la perche et le corégone. Ce sont des denrées. Ce sont des poissons que vous voyez dans les supermarchés qui se vendent à des prix incroyables. Les pêcheurs ne sont pas autorisés à transformer ce poisson, comme je vous l'ai déjà dit, ils ne peuvent donc plus que dire: bon, nous allons prendre le poisson, le mettre dans un avion et l'envoyer à Winnipeg, à Transcona pour qu'il soit transformé. Le coût du transport est si élevé que cela n'a aucun sens. Il n'est pas possible d'envoyer des poissons du nord du Manitoba à Winnipeg quand il vous en coûte un dollar la livre pour le transport et que l'office va vous donner un dollar la livre pour le poisson. Il n'y a donc aucune logique à l'expédier. Vous ne gagnez pas d'argent, et actuellement, on rejette tout ce poisson.
Pour ce qui est de la transformation du poisson, je suis sûr que la plupart des membres du comité ont visité des usines de transformation du poisson et ont vu ce qui s'y passait. Lorsqu'on apprête le poisson, on enlève en général 50 à 60 p. 100 de son poids et on le laisse de côté, on le laisse dans la localité. On l'utilise pour fertiliser les jardins, pour n'importe quoi, mais en réalité on expédie le poids qui correspond aux filets et qui vaut quelque chose.
Prenez par exemple le prix du doré jaune. Le doré jaune est le principal aliment consommé dans les régions d'où nous venons, dans la partie centre-ouest du Canada, et ce poisson se vend entre 25 et 35 $ le kilogramme dans les magasins Safeway, Loblaws et autres. Actuellement, les pêcheurs du Manitoba obtiennent un peu plus d'un dollar la livre pour ce poisson. Il y a là quelque chose qui ne va pas. Je sais que Safeway ne fait pas beaucoup d'argent sur ce poisson, en pourcentage. Ce qui se passe avec ce poisson, c'est que les pêcheurs en obtiennent un dollar, un dollar et quelques menues monnaies, on l'envoie au sud, et personne ne sait vraiment où s'en vont les bénéfices. L'office n'en parle pas et personne ne sait donc vraiment ce qui se passe et où cet argent va, mais il y a tout de même un drôle d'écart entre les prix que reçoivent les pêcheurs et la valeur marchande.
J'aimerais vous renvoyer au dossier que je vous ai remis, aux documents que j'ai préparés. Si vous regardez au tout début, vous constaterez qu'il y a un rapport d'Arthur Andersen. Cela a été fait après que mon entreprise a dépensé des dizaines de milliers de dollars à essayer de se lancer dans le commerce du poisson, à essayer d'absorber les espèces de poisson que l'office ne voulait pas. Il se trouve que l'une d'entre elles est la lotte, et croyez- le ou non, c'est un poisson de la famille de la morue; c'est une morue d'eau douce. Après avoir été dans le Nord pendant quelques années pour essayer de commercialiser ce produit, nous avons en gros dû fermer nos portes, et vous avez les raisons là-dedans. Arthur Andersen vous dit pourquoi nous n'avons pas réussi. J'aimerais dire quelques mots sur certaines de ces raisons.
Si vous regardez à la page 2 du rapport d'Arthur Andersen, vous constaterez qu'il y a trois points au bas de la page. Cela commence par: «The Real Canadian Superstore propose la lotte»— c'est-à-dire la morue d'eau douce—«comme 'morue d'eau douce' Choix du président dans ses magasins d'Ottawa et de Québec de décembre à avril.» Il m'a fallu un an et demi pour créer ce débouché avec Superstore, en faisant la navette entre Toronto et le Nord, en dépensant beaucoup d'argent. J'ai offert un prix à l'un des magasins Superstore, qui a été accepté, et il m'a fallu repartir chez moi pour obtenir un permis spécial de négociant auprès de l'office. Celui-ci a découvert où était mon marché. Il a automatiquement envoyé quelqu'un dans les magasins Superstore pour offrir un prix plus bas que le mien.
Il n'est absolument pas possible que l'office ait fait de l'argent avec ce poisson. Il l'a fait simplement pour contrarier quiconque essaie de faire quelque chose de son côté dans cette industrie. Et il a très bien réussi. Il a réussi à faire baisser mon prix au point que je n'étais plus rentable et que mon entreprise a par la suite fait faillite.
• 0935
On a essayé de trouver d'autres débouchés ailleurs. Vous
pourrez constater qu'on en avait un en Colombie-Britannique et un
autre dans l'État de Washington. Nous sommes également allés
trouver un groupe de sociétés fédérées à Chicago qui fait
11 milliards de dollars par an et qui compte 30 000 magasins
membres. Ça l'intéressait aussi.
On ne pouvait plus supporter ce que faisait l'office. Chaque fois qu'on faisait quelque chose, elle semblait l'emporter parce qu'elle arrivait à savoir avec qui nous traitions. Elle entrait en contact avec notre client et faisait échouer notre plan.
Je vais vous parler d'un autre problème que nous avons rencontré. L'ancien président de l'Office de commercialisation du poisson d'eau douce est allé à des réunions de pêcheurs dans notre communauté métisse. Soit dit en passant, c'est la communauté d'où était originaire l'un des Pères fondateurs de la Confédération, M. Louis Riel.
Nous avions une petite usine de transformation du poisson. Maurice Blanchard, qui était président de l'office, est allé dire aux pêcheurs qu'on n'allait pas les payer. Il leur a dit en gros qu'on était un groupe d'escrocs et de voleurs. Je ne crois pas qu'on puisse faire beaucoup mieux en matière de calomnie et diffamation.
Cela a pratiquement causé notre faillite. Et ce que je dis là est la vérité.
J'aimerais passer maintenant aux deux autres documents qui se trouvent dans le dossier. Vous constaterez que le Centre national des Arts et la résidence du premier ministre m'ont envoyé des lettres de soutien pour le poisson commun. C'est du poisson qu'on rejette actuellement, comme je vous l'ai dit, par millions de livres.
Les marchés que nous avions, encore une fois indépendamment de ces deux petits débouchés, nous ont été enlevés. Chaque fois que nous arrangions quelque chose et que nous donnions le nom de nos interlocuteurs à l'OCPED, il les appelait, proposait un prix plus bas et provoquait notre faillite.
J'aimerais en dire un peu plus sur l'OCPED et les gens qui contribuent à faire échouer les entreprises autochtones et les gens comme nous. Si vous regardez la page suivante, vous trouverez une lettre à l'entête du commissaire à la protection de la vie privée du Canada. Vous verrez qu'il y a une petite histoire entourant un numéro dont le code régional est le 709 et qui correspond à Terre- Neuve. La feuille suivante est un document d'un certain M. Reginald E. Curé qui est l'un de mes associés. J'ai invoqué l'accès à l'information pour essayer de voir ce qui se passait, ce que faisait l'Office de commercialisation du poisson d'eau douce.
J'ai été un peu abasourdi. Voilà ce qu'il a fait. J'ai reçu ce document de l'office. J'ai regardé le haut de la feuille et j'ai vu que ça venait du ministère des Pêches et des Océans, du bureau du ministre. J'ai regardé la date et l'heure de l'expédition. Il s'agissait du 29 janvier 1993 à 20 h 25.
Ce document a été envoyé à ce numéro portant le code régional en question, qui se trouve être l'ancienne Maritime Insurance Company, qui est devenue depuis l'American Insurance Company. Personne à l'American Insurance Company n'avait entendu parler de ce document, mais il avait été envoyé de chez eux à l'Office de commercialisation du poisson d'eau douce.
Ce que j'essaie de montrer, c'est que Pêches et Océans et ses fonctionnaires travaillent de concert avec l'Office de commercialisation du poisson d'eau douce pour étouffer tous ceux qui font quelque chose de bien dans le domaine des pêches, tout ce qui peut contribuer à faire vendre du poisson.
Si vous voulez, on va passer au document suivant. J'essaie d'aller aussi vite que possible pour donner aux autres la possibilité de parler. Vous verrez qu'il est de M. Felix Holtmann et qu'il a été envoyé à M. Nilo Cachero.
Il concerne en gros un autre document que vous verrez à sa suite. Deux pages plus loin, vous verrez un document adressé à Nilo Cachero. Une liste de noms y figure. Je crois qu'elle comporte 13 ou 15 personnes. Tous représentent des entreprises privées canadiennes et font partie d'un comité. L'un des membres du comité est l'ancien vice-président de l'Office de commercialisation du poisson d'eau douce, M. Peter Smith.
Ce dont M. Holtmann parle dans sa lettre, c'est précisément ce que M. Smith pense que je suis. Je suis simplement une personne qui se trouve avoir obtenu cette information. Il y a de nombreux autochtones à qui cet office a fait ce genre de choses. Je peux l'attester. Mais ce que vous pouvez voir, c'est que ce gars me traite, dans un lieu public, de fieffé coquin et de personne sans réputation.
• 0940
Comment diable quelqu'un comme moi ayant une entreprise privée
peut-il l'exploiter lorsqu'une société d'État, créée par une loi du
gouvernement du Canada, me calomnie et me diffame? Les gens qui
sont là, et j'ai parlé à plusieurs d'entre eux, ne veulent pas
faire affaire avec moi, même si j'avais dans mes poches 1 million
de dollars et si je possédais tout le poisson du Canada. Ils
obéissent à un office. Le gouvernement me traite de ce que je vous
ai dit et ça passe.
Je vais ajouter quelques petites choses. Si vous regardez les pages qui suivent, vous trouverez une note d'information. Là encore, ce sont les fonctionnaires de Pêches et Océans qui perdent la boule.
Vous verrez au sommet que l'on dit que Kim Sigurdson est un Métis du Manitoba et qu'il prétend être généralement soutenu par les pêcheurs. Je n'ai jamais revendiqué une telle chose. J'ai dit que beaucoup de pêcheurs avaient le même sentiment que moi, ainsi que d'autres responsables du gouvernement.
Vous pouvez voir que 29 000 $ ont été payés par le gouvernement fédéral pour un projet qui en valait 39 000 $. C'est moi qui ai mis le reste. Il s'agit de l'un des projets d'entreprise que j'ai faits. Ce sont des centaines de milliers de dollars qui n'ont abouti à rien. Parce que chaque fois que j'essayais de faire quelque chose, l'office causait ma perte. Il contactait d'autres fonctionnaires et ils travaillaient ensemble.
Si vous regardez en bas de la page, vous constaterez qu'on dit que «M. Sigurdson a pris cela comme un affront et s'est plaint auprès de vous et auprès du président du conseil d'administration» de l'OCPED. Ce genre de chose a été remis au ministre des Pêches et des Océans. À l'époque, il s'agissait de John Crosbie. Par la suite ce fut Brian Tobin.
Je me suis souvent demandé pourquoi Brian Tobin n'avait jamais fait de changements importants après les recommandations du comité faisant suite à la dernière tournée de 1995, mais je comprends maintenant. On a raconté toutes sortes de mensonges à Brian Tobin, et il a fait corps avec ses fonctionnaires. Ceux-ci lui écrivent des choses et il s'agit de mensonges purs et simples.
Il y a aussi quelque chose à la deuxième page. On dit que je prétendais être le porte-parole du gouvernement fédéral. Chaque fois que quelqu'un prend la parole au nom de minorités ou de pêcheurs qui ne sont pas dans une très bonne situation, on «prétend» des choses. Autrement dit, on dit simplement aux gens ce qu'ils veulent entendre, mais on ne s'en tient pas à ce qu'on a dit.
Notre petite entreprise de poisson a fait faillite précisément parce que ces fonctionnaires de Pêches et Océans et l'OCPED s'en sont pris à nous, et je considère cela comme quelque chose de très raciste. S'il y avait eu des Blancs, cela ne se serait jamais produit. Et je le pense sincèrement.
Je veux aller encore un peu plus loin. À la deuxième page, vous constaterez que le chef national de l'époque, Ovide Mercredi, appuyait ce que nous essayions de faire, c'est-à-dire tenter d'obtenir de l'Office de commercialisation du poisson d'eau douce qu'il laisse tranquilles les petites entreprises et les communautés autochtones pour qu'elles puissent créer leurs propres emplois et faire quelque chose. Nous ne voulons enfreindre aucune loi. Tout ce que nous voulons faire, c'est transformer du poisson dans notre pays. Nous tentions seulement de faire un peu d'argent et d'employer des gens—employer les gens de nos communautés qui ont un taux de chômage de 80 à 90 p. 100. Si vous allez un peu plus loin, vous verrez que cela ne s'est pas fait. On nous a simplement poussés à la faillite.
Pour mettre un terme à mes propos, il y a encore une chose tout à fait à la fin du dossier. Juste avant de prendre sa décision, M. Tobin m'a rencontré à Winnipeg. Il m'a dit: «Kim, je dois vous dire quelque chose. J'ai plus de 300 lettres provenant de pêcheurs, et aucun d'entre eux ne confirme ce que vous dites. Ils sont favorables à l'Office de commercialisation du poisson d'eau douce.»
Vous avez donc avec cette dernière lettre une preuve documentaire. L'Office de commercialisation du poisson d'eau douce confirme qu'il a participé à l'affranchissement, qu'il a payé les timbres, et qu'il a envoyé les lettres. Et vous constaterez que M. Popko dit qu'il n'y a pas de mal à cela. Et bien, si j'avais su qu'on était en train de faire un concours de popularité, j'aurais demandé aux pêcheurs autochtones et métis d'écrire. Étant donné que nous représentons 70 p. 100 des 3 500 pêcheurs, nous aurions nettement fait mieux que 300 lettres.
Je vous demanderais, lorsque vous irez au Manitoba pour entendre certains de ces pêcheurs, de vous rappeler que tous les pêcheurs n'ont pas l'argent pour venir vous rencontrer et vous faire part de leurs souffrances. Vous allez rencontrer des gens qui viennent des pêches situées à proximité qui sont faciles d'accès. Le problème, c'est que les pêcheurs avec qui je travaille vivent dans des endroits d'où ils ne peuvent sortir, faute d'argent. Ils ne peuvent pas se payer un billet d'avion, ils n'ont même pas l'argent pour téléphoner.
• 0945
Je tenais à vous le préciser. Lorsque vous parlerez à ces
gens, rappelez-vous d'une chose. Ils ne représentent pas tout le
monde. Il y a beaucoup d'autres pêcheurs autochtones dans les
communautés du Nord, un peu comme Island Lake, où vous êtes allés.
Ces gens n'ont pas un sou. Vous vous rappellerez peut-être qu'à ce
moment-là, ces pêcheurs ne gagnaient pas plus de 5 ou 6 $ l'heure,
et encore.
Je vais ajouter une chose pour terminer. On me dit: «Êtes-vous en colère? Êtes-vous frustré?» En tant qu'autochtone et étant donné le racisme qui semble avoir cours dans ces ministères—et c'est du racisme—il m'a fallu essayer de savoir qui étaient ces fonctionnaires qui travaillaient avec l'OCPED. Vous constaterez que j'ai eu recours à l'accès à l'information à plusieurs reprises pour le savoir.
J'ai toute une pile de papiers ici. Il s'agit des appels téléphoniques de l'Office de commercialisation du poisson d'eau douce au ministère des Pêches et des Océans. Des milliers de coups de téléphone—des milliers—et seulement dans un sens. Ce ne sont pas ceux de Pêches et Océans à l'OCPED. Ils ne vont que dans un sens.
J'ai regardé ces numéros. Il n'y a que trois ou quatre fonctionnaires qui travaillent avec l'office et, vous pouvez me croire, ils aident l'office de toutes les façons possibles pour étouffer des gens comme moi et des autochtones de l'ouest du Canada.
J'imagine que j'ai terminé. Merci beaucoup de m'avoir écouté.
Le président: Merci. Nous allons continuer.
Vous avez raison, je crois qu'il y en a encore parmi nous qui ont assisté à cette dernière réunion du comité, qui, comme vous l'avez dit, est allé dans les régions nordiques et à Island Lake. Les quantités de corégone rejetées représentaient environ 90 p. 100 de leurs prises, et ils les jetaient dans les bois.
Nous allons maintenant passer à Rick Hay qui représente la North West Co-operative Fisheries Ltd. M. Hay en est le directeur général.
M. Rick Hay (directeur général, North West Co-operative Fisheries Ltd.): Bonjour.
Messieurs les membres du comité, au nom des pêcheurs commerciaux du nord-ouest du Manitoba, nous voulons vous remercier aujourd'hui d'avoir accepté de nous rencontrer au milieu de ce que nous considérons comme une situation d'urgence pour la pêche commerciale en eau douce, qui est actuellement régie par l'Office de commercialisation du poisson d'eau douce. Il s'agit d'une situation d'urgence qui va toucher dans un avenir très proche l'ensemble des populations autochtones de sept communautés du nord- ouest, au Manitoba, à moins qu'on agisse maintenant pour faire en sorte que cela ne se produise pas.
La pêche commerciale dans notre partie de la province est très importante, puisqu'il s'agit en fait du mode de vie et du gagne- pain des pêcheurs commerciaux depuis de très nombreuses années. Sans la pêche commerciale, les sept collectivités du Nord-Ouest n'auraient aucune autre industrie que l'assistance sociale. Dans la seule collectivité de South Indian Lake, pendant la saison des eaux libres de 1997, 202 personnes étaient employées dans la pêche commerciale, à titre de pêcheurs ou de travailleurs des usines de transformation du poisson, sur une population totale de 1 005 personnes.
Cette industrie, ce moyen de subsistance, ce mode de vie va prendre fin dans un avenir très proche étant donné que les revenus des ventes de poisson par l'intermédiaire de l'Office de commercialisation du poisson d'eau douce sont en fait au niveau du coût de production du poisson. Le pêcheur commercial moyen ne voit plus la lumière au bout de la saison.
Notre principal problème est le corégone qui représente plus de 80 p. 100 de notre production annuelle de poisson. Les revenus des pêcheurs commerciaux et les ventes de corégone à l'OCPED n'ont en fait pas changé depuis 25 ans, et pourtant notre coût de production a augmenté régulièrement au cours de cette même période. D'où le problème que nous connaissons aujourd'hui.
Les pêcheurs estiment qu'ils gaspillent leurs ressources halieutiques en les vendant à un office de commercialisation, et qu'il leur reste peu sinon rien dans les poches à la fin de la saison comme prix de leurs efforts. Ce mode de vie est très important pour nos pêcheurs. Les ressources halieutiques sont importantes et saines. Toutefois, sans bénéfice économique, ce n'est qu'une question de temps avant que la pêche commerciale et l'infrastructure ne disparaissent, et le prix de toute reconstruction à l'avenir serait sans doute prohibitif.
Parce que ce sont les prix offerts par l'OCPED pour le corégone qui sont pour nous une question de vie ou de mort, nous nous sommes affairés ces quatre dernières années à essayer, seuls, à ajouter de la valeur au corégone—à augmenter en quelque sorte pour les pêcheurs les bénéfices afin de compenser les coûts d'exploitation élevés et les piètres revenus.
• 0950
Tout d'abord, il y a quatre ans, les oeufs du corégone vendus
comme caviar nous semblaient avoir une certaine valeur. À l'époque,
l'OCPED avait laissé tomber le marché du caviar. En disant aux
pêcheurs que le marché avait disparu et qu'il n'y avait pas
d'avenir dans ce secteur, et de ce fait, il n'achetait plus d'oeufs
aux pêcheurs commerciaux où qu'ils se trouvent.
À l'époque, notre association avait présenté une demande à l'OCPED pour avoir un permis spécial de négocier à long terme autorisant notre association à acheter des oeufs de corégone, touladi et de cisco directement aux pêcheurs commerciaux dans les provinces du Manitoba et de la Saskatchewan et de les commercialiser sans restriction n'importe où dans le monde. Le permis a été accordé par l'OCPED uniquement parce qu'il avait complètement abandonné le secteur des oeufs et qu'il n'avait donc pas de raison valable de le refuser.
Quatre ans plus tard, nous avons réussi à mettre au point un caviar de corégone, de touladi et de cisco sans égal pour ce qui est de la qualité et de la couleur. De plus, nous avons créé des débouchés très payants aux États-Unis, au Canada et en Europe septentrionale que nous ne pourrons jamais espérer approvisionner dans un avenir prévisible.
Notre entreprise de caviar produit environ 30 000 livres de caviar transformé, emballé prêt à être consommé, ce qui représente une valeur supplémentaire annuelle de 250 000 $ pour nos producteurs de corégone. Curieusement, au bout de quatre ans, notre principal concurrent sur le marché du caviar est l'OCPED qui, à la suite du lancement de notre entreprise, est réapparu en grand.
Deuxièmement, l'OCPED vend à l'heure actuelle la plupart du corégone sous forme de poisson entier, de poisson frais et congelé, qui provient de plusieurs lacs et qu'elle regroupe comme corégone à exporter et à vendre sur le continent, ou à débiter. Les analyses de marché effectuées par notre étude révèlent que les acheteurs du corégone de l'OCPED s'attendent à avoir un corégone de qualité inférieure pour ce qui est de la qualité, de la couleur et de la teneur en matières grasses, et l'ont placé dans une catégorie qu'ils appellent tout simplement «le corégone canadien», dont le prix de gros est faible par rapport à celui du lac Supérieur qui a une valeur élevée. Les corégones de la catégorie LS (lac Supérieur) sont tous ceux qui sont produits dans les Grands Lacs.
La majorité du corégone produit dans la région nord-ouest du Manitoba vient de South Indian Lake et qui, selon nos analyses de marché portant sur de nombreux échantillons provenant de divers endroits, est assez comparable au LS en matière de qualité, couleur et teneur en matières grasses, et qui arrivera probablement avec le temps à des prix voisins.
Nous avons beaucoup discuté avec l'OCPED concernant une entreprise de petite envergure de préparation de filets de corégone frais dans notre usine située à Leaf Rapids (Manitoba) car nous avons constaté, avec nos analyses de marché, qu'il existe un marché de qualité à valeur ajoutée pour ce produit et qu'on peut le vendre directement sur le marché. La réponse, quelle que soit l'idée, a toujours été négative, et on nous a toujours opposé un non en définitive.
Étant donné l'attitude de l'OCPED concernant la question du corégone et notre acharnement à vouloir continuer à vivre de la pêche commerciale, notre association a décidé il y a environ deux ans de répondre à une question essentielle concernant la pêche dans le nord-ouest du Manitoba: l'OCPED fait-il le meilleur travail possible pour ce qui est des revenus de nos pêcheurs commerciaux ou pouvons-nous faire mieux de notre côté?
Nous avons décidé d'étudier la question de façon très approfondie et d'être prêts à accepter les recommandations de l'étude pour finir. Si on arrivait avec l'étude à la conclusion que l'OCPED était le seul moyen, notre industrie n'aura pas longtemps à vivre. Si à la suite de l'étude et de notre projet d'entreprise il s'avérait que les revenus de nos pêcheurs commerciaux seraient supérieurs en dehors de l'OCPED, nous devrions tenter l'expérience jusqu'à ce que cela devienne réalité.
Le processus a consisté en partie à avoir des réunions avec des organisations comme MKO à Thompson, qui à son tour a rencontré le ministre des Ressources naturelles de la province du Manitoba en février 1996. Lors de ces réunions, le ministre a indiqué que si l'on arrivait à mettre au point un projet d'entreprise à long terme prouvant que les pêcheurs commerciaux pouvaient mieux se débrouiller en dehors de l'OCPED et si le plan avait l'appui total des pêcheurs commerciaux, la province et le ministre allaient présenter au gouvernement fédéral la demande de retrait de l'OCPED.
• 0955
À l'heure qu'il est, notre étude et notre projet d'entreprise
sont terminés en ce qui concerne la pêche du Nord-Ouest, du lac au
marché, c'est le cabinet de consultation de Jerald S. Goldenberg
and Associates de Winnipeg qui en est l'auteur. Notre groupe a
participé activement au processus, surtout en ce qui concerne le
marché. Après un examen attentif, le rapport et le projet
d'entreprise nous ont paru tout à fait acceptables car ils prouvent
sans aucun doute possible que nous pouvons nous débrouiller mieux
de notre côté, une fois qu'on aura pu établir un fond de
prévoyance.
Y aura-t-il des problèmes de lancement? Oui. Y aura-t-il des risques? Oui. Nous porterons-nous mieux en tant que pêcheurs commerciaux à la fin? Nous pensons que oui, étant donné que l'autre possibilité avec l'OCPED nous paraît devoir être de courte durée.
Notre groupe a présenté le projet d'entreprise terminé au ministre manitobain des Ressources naturelles en juin 1997 à Winnipeg. La réaction à notre projet a été très positive et le ministre a accepté de commencer à discuter avec son homologue fédéral, l'honorable David Anderson, à Ottawa de notre projet et de notre désir de nous retirer de l'OCPED et de sa loi constitutive. Nous n'avons pour l'instant pas reçu de réponse.
Il y a une autre question que nous voulons aborder aujourd'hui, c'est celle de savoir pourquoi ne parler que de la région nord-ouest du Manitoba? Nous avons une organisation de pêcheurs commerciaux qui porte le nom de North West Co-operative Fisheries Ltd. et qui représente tous les pêcheurs commerciaux des sept collectivités du Nord-Ouest, qui souhaitent à l'unanimité changer la situation actuelle pour préserver leur industrie. Nous n'allons jamais aller dans d'autres régions du Manitoba pour essayer d'imposer nos désirs à d'autres pêcheurs ou à d'autres organisations qui pourraient être satisfaits ou non de leur association avec l'OCPED. Notre seul conseil aux pêcheurs, si on nous le demande jamais, sera de leur dire d'étudier la situation très attentivement avant de demander un changement, parce que les choses pourraient être pires.
Dans notre situation, ce que nous ne voulons pas, ce sont davantage de réunions et de conférences pour discuter de notre problème. Nous le connaissons; nous l'avons étudié et nous avons trouvé une solution que nous voulons mettre en oeuvre le plus vite possible. Nous n'avons pas l'intention d'avoir d'autres discussions directes avec l'OCPED sur cette question, car il n'y a rien d'autre à discuter.
De plus, nous avons choisi jusqu'à maintenant de défendre notre situation sans les médias, nous avons préféré mettre au point un projet de notre côté, après une étude soigneuse, que nous voulons maintenant lancer. Curieusement, notre projet correspond à ce pourquoi l'OCPED a été créé, à savoir augmenter les revenus des pêcheurs commerciaux.
Au nom des pêcheurs commerciaux que je représente aujourd'hui, je vous remercie de m'avoir permis de vous parler d'une industrie qui est si essentielle pour les pêcheurs commerciaux autochtones du nord-ouest du Manitoba. Merci.
Le président: Merci, monsieur Hay.
Lorsque vous parlez de MKO à Thompson, qu'est-ce que ce sigle représente? S'agit-il d'une entreprise ou est-ce...
M. Rick Hay: MKO est une organisation faîtière autochtone de Thompson (Manitoba) qui représente 26 collectivités autochtones du nord du Manitoba.
Le président: Très bien. Merci.
Nous allons maintenant donner la parole à Karen Olson qui a une entreprise de pêche commerciale.
Mme Karen Olson (comparaissant à titre individuel): Merci. Je fais de la pêche commerciale. Tout comme mes trois frères, mon père, ma mère et mon oncle. Nous sommes la troisième génération d'une famille de pêcheurs commerciaux du lac Winnipeg. Nous pêchions en Islande avant de venir au Canada.
Mon père est l'un des membres fondateurs de l'Office de commercialisation du poisson d'eau douce. Nous sommes nous-mêmes d'anciens membres de cet organisme. Nous lui étions favorables au début, mais nous estimons que le moment est venu de changer.
Parce que les prix payés aux pêcheurs sont généralement stables ou à la baisse, nous ne pouvons plus expédier notre poisson à cet office de commercialisation. L'office nous dit combien il va nous payer pour notre poisson, il nous dit quelles espèces il va acheter, le gouvernement provincial fixe les contingents, et le résultat est un revenu fixe pour les pêcheurs commerciaux du Manitoba qui se situe en-dessous du seuil de pauvreté.
Nous sommes des producteurs de la nouvelle génération. Nous estimons que nous pouvons faire un meilleur travail lorsqu'il s'agit de commercialiser notre poisson. Nous pensons pouvoir augmenter nos revenus. Nous avons des ordinateurs; nous avons des télécopieurs; nous avons des téléphones cellulaires.
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Nous nous demandons pourquoi le gouvernement fédéral s'occupe
du poisson. Nous constatons que le gouvernement fédéral fait preuve
d'esprit d'initiative en se retirant d'entreprises où il n'a rien
à faire. J'ai vu le premier ministre Jean Chrétien à l'émission
Pamela Wallin Live dire qu'il détestait le poisson et se demandait
pourquoi nous nous occupions de poisson.
Je suis d'accord; pourquoi le gouvernement fédéral s'occupe-t- il du poison des Prairies? Comment le gouvernement fédéral peut-il nous dire, à nous les pêcheurs, qu'un pêcheur vivant au nord de Kenora peut vendre son poisson au mieux-disant alors qu'un pêcheur de l'autre côté de la frontière, au Manitoba, ne le peut pas? Nous achetons du poisson à des pêcheurs ontariens. Je peux prendre ce poisson, augmenter sa valeur, et le vendre aux États-Unis, mais je ne peux pas vendre le poisson de mon propre frère ailleurs qu'à l'office.
Le gouvernement fédéral ne veut pas acheter—et c'est un exemple—de petits laquaiches aux yeux d'or. Je ne sais pas si vous avez entendu parler des laquaiches fumés de Winnipeg, mais c'est quelque chose de délicieux. Nous ramassons les petits laquaiches que l'on jette, nous les fumons, et nous les vendons localement.
On nous en demande sans cesse. Pas plus tard que la semaine dernière, un chef cuisinier d'Ottawa nous a demandé si nous pouvions envoyer des laquaiches fumés à son restaurant d'Ottawa. Non, ce n'est pas possible. Nous ne pouvons pas vendre nos laquaiches ailleurs qu'à l'office, lequel ne veut pas acheter ces petits laquaiches. Il nous faut donc soit les jeter, soit faire ce que nous pouvons.
Nous sommes des pêcheurs commerciaux de doré jaune. Nous pouvons vendre le doré jaune à l'office, mais je ne peux pas vendre le doré jaune au restaurant d'en face pour un congrès international organisé par les Américains. Je peux acheter du doré jaune de Pologne, ce que j'ai fait. Je peux vendre du doré jaune polonais aux restaurants et supermarchés de Winnipeg, mais je ne peux pas vendre mon propre doré jaune.
La situation est la même pour le corégone. Nous sommes aussi des pêcheurs commerciaux de corégone. Nous pêchons à l'extrémité sud du lac Winnipeg. Nous avons aussi des permis qui nous autorisent à pêcher le corégone à l'extrémité nord du lac Winnipeg. Je peux acheter du corégone de l'Ontario, augmenter sa valeur et le vendre n'importe où dans le monde, mais je ne peux pas acheter le corégone à mon frère pour faire la même chose. Je ne peux pas acheter de corégone au groupe de Rick pour faire cela. Nous le jetons tout simplement.
Je crois que c'est en contradiction avec ce que le Canada a déjà accepté en matière de libre-échange. Je ne crois pas que le gouvernement avait l'intention d'être aussi sévère dans ses politiques relatives au poisson. Nous aimerions avoir davantage de latitude pour pouvoir vendre notre poisson au Manitoba (Canada) et bien sûr aux États-Unis.
Nous aimerions pouvoir donner une valeur ajoutée à nos prises et augmenter nos revenus. Nous aimerions que le gouvernement fédéral nous donne la latitude voulue en instaurant un système de commercialisation double qui nous permette de vendre en dehors de l'office de commercialisation et nous accorde des exemptions comme celle qu'a obtenue l'Island Lake Co-op.
Nous avons un double système de commercialisation pour l'industrie porcine au Manitoba, et ça marche très bien. L'office de commercialisation du porc fait de bonnes affaires et les producteurs aussi; je pense donc qu'il y a la place pour les deux.
Je crois que c'est tout ce je dirai aujourd'hui. Merci.
Le président: Vous vous êtes très clairement exprimée.
Mme Karen Olson: Je suis très heureuse de voir que Gimli figure sur l'itinéraire des déplacements du comité en mai. Nous enverrons certainement des pêcheurs. J'espère que mon père pourra y être. Il a 81 ans et il vient de prendre sa retraite de l'industrie de la pêche. Il a énormément d'expérience. J'aurais bien aimé l'amener avec moi aujourd'hui, mais il n'a pas pu faire le voyage parce que sa santé n'est pas très bonne. Mais il sera certainement à la réunion de Gimli.
Le président: Et comme vous le dites, c'est l'un des membres fondateurs de l'Office de commercialisation du poisson d'eau douce.
Mme Karen Olson: C'est exact. Nous avons pensé que c'était la solution il y a 25 ans. Je crois qu'en théorie, un bureau central de vente pour l'exportation de notre poisson et pour obtenir de meilleurs revenus aurait dû fonctionner, mais ça ne semble pas être le cas maintenant.
Le président: Très bien. Nous allons maintenant passer aux questions. M. Hilstrom m'a indiqué qu'il souhaitait poser une question. J'ai ensuite M. Bailey puis M. Stoffer. Pourrions-nous donner la parole à M. Duncan ou M. Duncan souhaite-t-il la passer à M. Hilstrom? M. Hilstrom, M. Stoffer, M. Bailey puis M. Easter. C'est de cette façon que nous allons procéder.
Nous passons donc au Parti réformiste. Monsieur Hilstrom.
M. Howard Hilstrom (Selkirk—Interlake, Réf.): Monsieur le président, pouvez-vous me donner une idée du temps dont je dispose? Il y a matière à de nombreuses questions, et j'aimerais simplement aborder les points principaux si j'ai une idée du temps qu'il nous reste.
Le président: Tentons de procéder comme suit: 10 minutes pour chaque intervention. Normalement pour le premier intervenant du Parti réformiste nous allons jusqu'à 12 ou 13 minutes puis nous nous limitons à 10 minutes après. Est-ce que ça va?
M. Howard Hilstrom: Oui, bien que ma question ne concerne le fait de savoir si on devrait disposer d'un même temps ou non. Je veux simplement m'assurer que ce sujet important soit dûment traité. Je vais m'y atteler immédiatement.
Le président: Oui puisque vous êtes l'un des premiers à avoir suggéré que nous procédions de cette manière et que nous soyons sûrs d'aller au Manitoba.
M. Howard Hilstrom: Merci beaucoup.
La pêche en eau douce est très importante pour l'économie des Prairies et certainement de l'Ontario et des Territoires du Nord- Ouest. La première question que j'aimerais éclaircir est de savoir si vous êtes toujours membre de l'Office de commercialisation du poisson d'eau douce, Karen, à titre d'administrateurs ou à d'autres titres.
Mme Karen Olson: Non, nous ne le sommes plus.
M. Howard Hilstrom: Avez-vous une opinion du fonctionnement actuel de l'OCPED sous son nouveau président?
Mme Karen Olson: Eh bien, il semble pataugé. L'année dernière, il a tout juste atteint le seuil de rentabilité. Cette année, je crois qu'il va subir des pertes. Il ne semble pas savoir dans quelle direction il va. Tout ce qu'il nous dit, c'est qu'il ne peut pas vendre notre corégone, qu'il ne peut pas vendre ceci qu'il ne peut pas faire cela. Donc, tout ce que nous lui demandons, c'est de nous laisser le faire.
M. Howard Hilstrom: Bon, très bien.
Monsieur Sigurdson, lorsqu'on compare la Commission canadienne du blé à l'Office de commercialisation du poisson d'eau douce, je crois qu'il nous faut être un peu judicieux lorsqu'on lance des chiffres en particulier. Il s'agit d'une industrie de 6 milliards de dollars comparée à une de 32 millions de dollars. Les chiffres du dernier rapport 1996-1997 de l'OCPED indiquent qu'en 1995-1996, on a vendu pour 47 millions de dollars de poisson et en 1996-1997, pour 43 millions de dollars. Or vous lancez le chiffre de 32 millions de dollars. Est-ce que les chiffres qui figurent dans le rapport de l'OCPED sont exacts ou estimez-vous qu'ils ne le sont peut-être pas?
M. Kim Sigurdson: On m'a dit que ces chiffres étaient truqués, inventés. Je ne sais trop quel terme s'applique. J'ai du mal à répondre à cette question. Lorsque le vérificateur général du Canada étudie leurs livres, je dois tout de même lui accorder un certain crédit...
Vous m'avez demandé si ces chiffres étaient justes. Je ne le sais pas, mais John Crosbie m'a écrit une lettre me disant que «l'Office de commercialisation du poisson d'eau douce a payé en moyenne au cours des cinq dernières années»—et il s'agissait de 1992, donc je remonte un peu plus loin en arrière—«32 millions de dollars environ pour 3 500 pêcheurs.» Je serais très surpris de constater que l'Office de commercialisation du poisson d'eau douce a fait davantage d'argent ces dernières années qu'au début des années 90 et à la fin des années 80, années qui représentaient sa période faste.
M. Howard Hilstrom: Au départ, l'OCPED a été créé parce qu'on croyait que les acheteurs de poisson offraient des prix très bas pour les prises. C'était là l'objet original de l'OCPED, si j'ai bien compris. À votre avis, qu'est-ce qui a changé qui vous porte à croire maintenant que les acheteurs de poisson—et on y reviendra—pourraient offrir un meilleur prix? Quelque chose a-t-il changé ou s'agit-il...
M. Kim Sigurdson: Oui. Je crois que nous pouvons tous admettre que le monde a changé de façon très nette. Le marché libre, l'offre et la demande, sont les maîtres mots. Alors qu'on avait un système de gestion de l'offre pour pratiquement tout au Canada, ce n'est plus tout à fait le cas maintenant.
J'imagine qu'il y a autre chose que McIvor a pris en compte lorsqu'il a lancé l'Office de commercialisation du poisson d'eau douce: les autochtones de ces localités et il a supposé que peu d'entre eux étaient sans doute suffisamment instruits pour s'occuper de leurs propres finances. Si c'était vrai en 1968-1969, ce n'est plus le cas maintenant. Les collectivités autochtones du nord du Canada, ou plutôt de tout le Canada, sont beaucoup plus instruites qu'elles ne l'ont jamais été.
Pour répondre à votre question, je crois qu'ils essayaient de se protéger d'eux-mêmes en fait. Si quelqu'un vient des États-Unis pour vous acheter du poisson à l'heure actuelle, je peux vous garantir une chose: cette personne vous paie beaucoup plus que l'office à l'heure actuelle et elle ne nous demande pas de jeter le poisson.
M. Howard Hilstrom: Oui. Donc le mécanisme d'établissement des prix, s'il n'y a pas d'échange de marchandises, passerait par le pêcheur ou la coopérative qui traite directement pour essayer de fixer un prix.
M. Kim Sigurdson: C'est exact.
M. Howard Hilstrom: Très bien. L'autre question que j'aimerais aborder rapidement a été mentionnée brièvement par M. Hay. C'est l'idée d'avoir une autre usine de transformation, ou plusieurs. Je sais qu'à l'origine il y en avait une à Flin Flon, mais y a-t-il actuellement une proposition de création d'une usine de transformation du poisson commun au Manitoba? Peut-être que M. Holtmann, qui devait être ici, est impliqué dans cela. Un projet de ce genre a-t-il été lancé?
M. Rick Hay: Dans le cadre de notre projet—ce projet-ci—on prévoit d'utiliser une usine existante qui avait été construite dans le nord du Manitoba à Leaf Rapids en 1972. La province a dépensé 1 million de dollars pour construire cette usine de transformation du poisson et jusqu'ici, elle n'a pas transformé une once de poisson. Le bâtiment existe et il est équipé. Nous essayons de changer cette situation et de commencer à utiliser ce bâtiment en y faisant ce pourquoi il avait été conçu.
M. Howard Hilstrom: Pour transformer tous les poissons? Le doré jaune, le corégone, y compris les poissons communs...
M. Rick Hay: Nous ne voulons absolument rien jeter. Rien du tout.
M. Howard Hilstrom: Je sais que c'est ce que vous voulez, mais dans la proposition est-il question de transformer tous les poissons?
M. Rick Hay: On propose de transformer tous les poissons, et nous avons en fait trouvé des débouchés pour tous les poissons.
M. Howard Hilstrom: Peut-être que Karen Olson pourra vous en dire plus. Les Métis de Saint-Laurent... et Kim Sigurdson pourraient peut-être aussi le faire. Il y a eu une proposition et on a financé la construction d'une usine de transformation du poisson commun. Pouvez-vous nous dire ce qui s'est passé ou pourquoi l'usine n'a pas démarré?
Le président: Avant que vous ne répondiez à la question, monsieur Hilstrom, je me demande si, pour les téléspectateurs, car la séance est télévisée, l'un d'entre vous ne pourrait pas expliquer ce qu'est le poisson commun.
Mme Karen Olson: Ce sont les espèces qui ne sont pas comprises dans le quota au Manitoba. Le poisson commun comprend le meunier, le brochet, la carpe, la morue d'eau douce c'est-à-dire la lotte, le malachigan et l'achigan blanc ou bar blanc.
Une voix: Et le corégone?
Mme Karen Olson: Le corégone fait partie du contingent. Il ne s'agit pas d'un poisson commun.
Ce sont des poissons que l'office n'achète pas nécessairement. Il s'agit de poisson comme le malachigan et sur le lac, on en jette des milliers de livres. Voilà ce que sont les poissons communs.
M. Howard Hilstrom: Merci, madame Olson.
Ma question concerne bien sûr toujours l'usine qui a été prévue à l'origine. Je crois que l'équipement a été acheté pour cette usine qui est situé chez les Métis de Saint-Laurent. Pouvez- vous dire pourquoi ce marché ne s'est pas concrétisé?
M. Kim Sigurdson: Là encore, ce que l'on peut déduire n'est pas tout à fait clair. En réalité nous n'avons pas obtenu un sou du gouvernement. Nous avons eu de l'argent pour mettre au point un projet d'entreprise. Nous avons ensuite payé 5 000 $ ou 10 000 $ à Arthur Andersen pour qu'il nous dise ce qui n'allait pas dans ce que nous faisions. Les conclusions ont été en gros que ce qui n'allait pas, c'est que nous voulions faire le commerce du poisson lorsqu'il y avait un monopole d'État qui s'en occupait. Nous avons des débouchés pour ce poisson, mais pour pouvoir expédier le poisson sur le marché, il nous faudrait aller frapper à la porte de l'office pour lui demander si nous pouvons vendre à telle personne. C'est tout. Après ça ils vont appeler l'intéressé en lui disant: «Écoutez, nous avons un meilleur prix et une meilleure affaire à vous proposer», et c'était la faillite pour nous. Voilà la vérité.
M. Howard Hilstrom: Merci. Je vais laisser la parole aux autres maintenant pour qu'ils aient suffisamment de temps.
Le président: Vous souhaitiez que M. Duncan demande des éclaircissements en prenant sur votre temps de parole.
Allez-y, monsieur Duncan.
M. John Duncan (Île de Vancouver-Nord, Réf.): Non, je préfère attendre. Monsieur Bailey...
Le président: Non. Il nous faut passer...
M. John Duncan: J'atteindrai qu'on ait terminé la première série de questions.
Le président: Non. Il nous faut passer à M. Stoffer, M. Duncan, et revenir à M. Bailey pour qu'il ait tout son temps.
M. John Duncan: Très bien.
Le président: Vouliez-vous demander des précisions? Il vous reste deux minutes de son temps de parole.
M. John Duncan: Donnez-le à M. Bailey lorsque ce sera son tour.
Le président: Lorsque ce sera son tour? Je ne sais pas si nous pourrons faire cela.
M. Stoffer du Nouveau Parti démocratique...
M. John Duncan: Très bien. Dans ce cas je vais profiter maintenant de mon temps de parole.
Le président: Je savais que M. Duncan allait intervenir à nouveau.
Des voix: Oh, oh!
Le président: Monsieur Duncan.
M. John Duncan: Peut-être que quelqu'un d'autre vous posera cette question, mais ai-je raison de croire que ce que vous demandez en fait c'est une modification de la législation? Pour faire ce que vous voulez faire, vous avez besoin qu'on modifie la législation fédérale qui a créé ce monopole pour l'Office de commercialisation du poisson d'eau douce. Est-ce bien cela en définitive?
Mme Karen Olson: Ce serait idéal.
M. Rick Hay: Il ne s'agit que d'un petit article de la loi. Ce serait très facile à changer si on pouvait simplement supprimer la partie de phrase qui dit «le seul acheteur et vendeur du poisson». Nous aurions alors en gros un système de double commercialisation. Très franchement, nous préférerions que l'office de commercialisation demeure. Nous ne prônons pas sa disparition, mais nous pensons que la situation sera plus saine si les deux existaient en parallèle.
M. John Duncan: Depuis combien d'années le demandez-vous? Ce n'est certainement pas la première fois. Est-ce que je me trompe?
Mme Karen Olson: Il y a eu une sorte d'escalade au cours des cinq dernières années, c'est évident. Idéalement, nous aimerions que la législation soit modifiée. Si nous devions recevoir une exemption de trois ans comme cela a été le cas pour la Island Lake Co-op, nous hésiterions encore à investir 2 ou 3 millions de dollars dans une usine pour constater ensuite que cette exemption ne sera pas renouvelée.
Nous aimerions investir de l'argent dans une usine, et nous aimerions nous agrandir, mais nous ne le ferons que si la législation est modifiée.
M. John Duncan: L'examen triennal a-t-il lieu pour l'exemption?
Mme Karen Olson: L'exemption prend fin le 30 septembre 1998. À ce que je crois—et je travaille avec ce groupe, avec la Island Lake Co-op—ils vont présenter une demande de renouvellement ou essayer d'obtenir une exemption permanente.
Ils n'ont pas l'intention de revenir en arrière. Ils sont très heureux de la façon dont les choses fonctionnent maintenant.
M. John Duncan: Merci.
M. Kim Sigurdson: Si vous me le permettez, vous avez demandé ce que nous aimerions voir. Vous avez ici trois personnes différentes. Quant à moi, je veux bien que vous compreniez que ce que je souhaite, c'est que l'office disparaisse totalement. Certains souhaitent une double commercialisation. On ne peut pas permettre à quelqu'un de dire une chose et ensuite d'agir autrement. Soit l'office s'en va, soit il reste. Si les pêcheurs décident d'acheter cette usine et de vendre leur poisson en passant par lui, c'est bien, mais il faudrait que le gouvernement du Canada ne s'occupe plus du tout du commerce du poisson.
Merci.
Le président: Bien sûr lorsqu'on regarde le texte de loi, on constate que l'Office de commercialisation du poisson d'eau douce peut accorder, en vertu de la législation en vigueur, des permis; il est habilité à délivrer des permis. Mais il s'agit là d'une toute autre question, je suis sûr que vous en conviendrez tous, car si vous n'avez pas des droits illimités indéfiniment, ça ne sert pas à grand-chose d'aller trouver la banque et de lui dire: on peut disparaître à n'importe quel moment. Mais on parlera de cette question lorsqu'on abordera la législation.
Je veux maintenant donner la parole au Nouveau Parti démocratique du Canada. Monsieur Stoffer.
M. Peter Stoffer (Sackville—Eastern Shore, NPD): Merci beaucoup, monsieur le président, et merci à vous trois pour les excellents exposés que vous avez faits ce matin.
J'imagine et je comprends parfaitement les frustrations que vous pouvez ressentir envers les fonctionnaires, lorsque vous essayez de les individualiser. Au moment où je vous parle, nous nous en occupons précisément. L'une des recommandations, qui figure dans notre rapport sur la côte est, consiste précisément à essayer d'identifier ces fonctionnaires et leurs postes, et à essayer de voir ce qu'ils font.
Je trouve étonnant, tout simplement étonnant qu'un gouvernement puisse écrire une lettre aussi calomniatrice que celle-ci, où l'on vous traite de fieffé coquin. Leur avez-vous intenté un procès?
M. Kim Sigurdson: Nous allons le faire.
M. Peter Stoffer: Vous allez le faire. J'ai comme l'impression que les gens du MPO vont avoir beaucoup à faire avec les tribunaux avec tous les procès qu'on leur intente.
J'aimerais savoir, à titre indicatif, combien de tonnes de poisson sont jetées chaque année au Manitoba. Donnez-moi simplement un chiffre global car je trouve cela scandaleux.
M. Rick Hay: Un chiffre global? Il s'agit probablement de 30 p. 100 de ce qui est produit comme poisson commercialisable.
M. Peter Stoffer: Combien de tonnes?
Mme Karen Olson: Je vais vous donner un exemple; celui d'un pêcheur avec qui nous travaillons en étroite collaboration. Chaque jour, cet hiver—soit à peu près chaque jour pendant 90 jours—nous avons jeté 1 000 livres de malachigan sur la glace.
M. Peter Stoffer: Quelle valeur marchande cela représenterait- il si on se débarrassait de l'OCPED et que vous puissiez vendre ce poisson vous-même? Qu'est-ce que cela représenterait comme revenu?
Mme Karen Olson: Je crois que ce poisson-là vaut entre 25¢ et 1 $ la livre. Nous avons été contactés par un groupe de L.A. et par de nombreux asiatiques. Il semble qu'ils aiment ce poisson. À raison de 1 $ la livre pour le malachigan, cela représenterait pour nous un don du ciel, une véritable bénédiction.
M. Kim Sigurdson: J'ai exporté du malachigan, de là d'où vient la famille de Karen, il y a trois ou quatre ans, à partir de l'usine de Saint-Laurent, et nous avions obtenu 2,25 $. C'est ce que nous rapportait ce poisson lorsque nous le vendions.
Mme Karen Olson: Actuellement, l'OCPED n'achète pas cette espèce.
M. Peter Stoffer: Je m'inquiète aussi de la durabilité de la pêche sur le lac Winnipeg et les autres lacs. Si nous nous débarrassions de l'OCPED, ou si on le changeait, ou encore si on avait un marché double, les trois organisations que vous représentez ici aujourd'hui pourraient-elles nous garantir que vous pêcheriez cette ressource de façon durable, en visant le long terme. Kim, par exemple, vous ne seriez pas en concurrence avec Karen et, Karen, vous ne seriez pas en concurrence avec Rick? Sinon on aurait à faire à une mini-jungle à la pacman où le plus fort survivrait et les deux autres pourraient disparaître.
M. Kim Sigurdson: Eh bien, le gouvernement a des contingents et le gouvernement manitobain veille à leur respect. La famille de Karen dispose de certains contingents. Le groupe de M. Hay a des contingents différents. Cela n'a rien à voir avec la côte est ou ouest où n'importe qui peut venir pêcher dans un certain secteur.
Il y a bien sûr un marché noir. Connaîtrait-il une expansion sans l'OCPED? J'en doute un peu. Quand on pense qu'on leur donne une somme ridicule à l'heure actuelle pour leur poisson, et que quelqu'un peut aller le vendre à un voisin, dans sa rue, pour cinq ou six dollars la livre, je crois qu'il y a pas mal de marché noir qui se fait en ce moment.
M. Peter Stoffer: J'aimerais savoir ce que vous pensez de la nomination récente de M. Ron Fewchuk. Je crois savoir que sa nomination a causé pas mal de remous au Manitoba. J'aimerais savoir pourquoi et ce sera ma dernière question. Pourquoi l'OCPED... Si votre père—et il nous avait fait un exposé extraordinaire, j'ai donc hâte de la rencontrer à nouveau—a été membre de cet office; il doit avoir de grands idéaux et certaines convictions.
Mme Karen Olson: Nous en avons été membres et administrateurs.
M. Peter Stoffer: Vous devez donc vous sentir très frustrée actuellement. J'aimerais savoir pourquoi cela se passe ainsi en plus d'avoir votre avis sur la nomination de Ron Fewchuk. Vous êtes des professionnels qui savent ce qu'ils font. À mon avis, pourquoi a-t-on emprunté cette voie? Pourquoi y a-t-il eu ce revirement?
Mme Karen Olson: Je ne comprends pas votre question.
M. Peter Stoffer: Vous étiez membre de l'OCPED pour de bonnes raisons bien évidemment, maintenant vous dites en gros que vous souhaitez en sortir. Pourquoi? Je sais quelles frustrations vous ressentez, mais que s'est-il passé pour que vous changiez d'attitude ou d'état d'esprit?
Mme Karen Olson: Ce sont des raisons économiques. Nous n'avons plus d'argent. Nous devons faire quelque chose pour survivre.
M. Peter Stoffer: Mais pourquoi donc l'OCPED vous fait-il ça? Il vous a appelé un fieffé coquin. Indépendamment du fait que les membres de l'office ne vous aiment pas—ils ne m'aiment pas non plus; en fait ce sont plutôt ceux du MPO que de l'OCPED, mais je peux le comprendre parce que nous n'arrêtons pas de nous en prendre à eux—il faut qu'il y ait une raison à cette façon d'agir. Est-ce sélectif?
M. Kim Sigurdson: Je déteste employer le mot «bureaucrates», mais c'est exactement ce qu'ils sont. Si vous avez un ministère des Pêches et des Océans qui est rempli de bureaucrates et que tout à coup vous leur enlevez des responsabilités et des fonctions, que se passe-t-il? Ils sont à la rue et doivent faire cuire des hamburgers pour McDonald's. Ils défendent donc tous leur emploi. Ils protègent simplement leurs arrières dans tout cela. Et il en va de même avec l'Office de commercialisation du poisson d'eau douce.
Quant à votre question sur M. Ron Fewchuk, je crois que c'était une bouffée d'air frais qui entrait avec lui après les deux derniers gars qui ont dirigé l'organisme en question, M. Tom Dunn et M. Bruce Popko. Ils étaient trop rigides. Lorsque je suis allé à une réunion à Garden Hill avec Elijah Harper et que j'ai demandé au président de l'office si les autochtones pouvaient vendre le poisson qu'ils jetaient, savez-vous ce qu'il a dit? Tout ce qu'il a répondu, ça a été: «Non.» Il n'en a pas dit plus qu'Elijah lorsqu'il a dit non. C'était incroyable.
Je crois donc que M. Fewchuk a une certaine vision des choses. Si c'est le cas, il va voir que ce qui se passe là-bas, c'est la destruction d'un mode de vie. Voilà ce que j'en pense.
M. Rick Hay: Pour répondre à votre autre question concernant le moment où les choses ont commencé à ne plus aller, il me semble que c'est simplement parce que l'office de commercialisation essaie de négocier le poisson aujourd'hui comme elle le faisait il y a 25 ans. Ça ne marche plus. Très peu, sinon rien, n'a été fait en matière de développement de nouveaux produits ou de produits à valeur ajoutée. Autrement dit, lorsqu'il s'agit de réfléchir et de chercher un moyen d'obtenir plus d'argent avec ce poisson, je crois que l'office est très en retard.
Mme Karen Olson: L'office s'est traditionnellement attaché au marché américain et au marché européen, mais il y a un énorme marché asiatique. C'est sur ce marché qu'on va vendre le poisson. Pour obtenir ce marché asiatique, il faut avoir un produit de la meilleure qualité. Ce n'est pas ce que permet le système de l'office.
Lorsque vous avez quelqu'un du Grand lac des Esclaves (Alberta) qui envoie son touladi d'Alberta à l'usine de Transcona, et que cela représente un trajet de 11 jours, si un acheteur chinois se présente pour venir regarder ce poisson, il fait la fine bouche parce qu'il n'est pas de bonne qualité. Avec le système qu'ils ont, ils ne peuvent pas offrir une bonne qualité. Il nous faut pouvoir transporter le poisson plus vite. Nous pouvons transporter le poisson de la région de Rick Hay à Winnipeg en six heures et avec huit heures de plus il peut être à L.A. On peut transporter le poisson en 24 heures et c'est ce que les acheteurs veulent, pas en 11 jours.
M. Peter Stoffer: Très bien, merci et j'ai hâte de goûter le laquaiche fumé.
Mme Karen Olson: J'en ai apporté avec moi. Je serais très heureuse de vous en donner.
M. Peter Stoffer: Dieu vous bénisse! Merci beaucoup.
Mme Karen Olson: J'ai amené quelques laquaiches qu'on jette. J'ai pensé vous les donner.
Le président: Nous allons maintenant donner la parole à M. Bailey, puis à M. Easter.
M. Roy Bailey (Souris—Moose Mountain, Réf.): Merci, monsieur le président.
Pour rassurer le secrétaire parlementaire, je ne ferai aucune allusion, M. Easter, à d'autres opérations gouvernementales.
M. Wayne Easter (Malpèque, Lib.): Je vais attendre...
M. Roy Bailey: J'ai eu de la chance, monsieur le président, puisqu'hier soir, nous avons terminé une série de réunions avec le Comité permanent des transports. Et à cette dernière réunion, nous avons eu un orateur très dynamique, comme ici aujourd'hui. Ils ne cachent rien; ils nous dévoilent tout. C'est clair et net. Ils n'ont rien à cacher et je leur en suis très reconnaissant.
Bien que ne faisant pas partie du comité, je suis resté assez longtemps dans la salle pour trouver inquiétant que l'on jette effectivement de la nourriture. On a d'un côté des gens qui nous parlent de faim et de pauvreté à la Chambre, et j'entends ici parler de tonnes de nourriture que l'on jette. Je n'arrive tout simplement pas à comprendre. Voilà ce que j'aimerais dire: si cela a à voir avec des manipulations ou des opérations gouvernementales ou encore la présence du gouvernement, en tant que représentants du gouvernement, nous devons vraiment prendre du recul pour admettre que c'est une honte. C'est tout à fait honteux.
Kim, lorsque je suis entré, vous aviez la parole et j'ai trouvé très réconfortant de vous entendre dire que vous pouviez prendre ce laquaiche qui était jeté pour le revendre. Est-ce bien ce que vous avez dit?
Mme Karen Olson: Voulez-vous que je vous en montre un?
M. Roy Bailey: Non.
Mme Karen Olson: Je vous en montrerai un après.
M. Roy Bailey: Ce que je veux dire, c'est...
Mme Karen Olson: Je n'ai pas créé de débouchés pour ce produit...
M. Roy Bailey: C'est parfait. Kim, vous nous avez aussi donné un chiffre correspondant à la valeur marchande du malachigan?
M. Kim Sigurdson: Oui. Les marchés asiatiques sont très... l'Asiatique que j'ai rencontré lorsqu'il est venu au Canada m'a dit que c'était pour lui comme du steak. Je l'ai emmené visiter les villages de pêcheurs et rencontrer les pêcheurs autochtones et métis qui étaient en train de pêcher ce poisson, et il a été très impressionné. Mais comme Karen l'a dit, on ne peut pas mettre ce poisson dans un camion pendant 11 jours...
M. Roy Bailey: Ce n'est pas la même chose que de vendre du blé.
Mme Karen Olson: Non.
M. Roy Bailey: Très bien. Voilà donc ma première allusion. Mais ce que je voulais vous dire à tous les trois, c'est que je ne vois pas d'antagonismes entre vous. Vos antécédents sont en gros les mêmes. Ceci dit, il me semble que ce que je crois vous entendre dire—et vous pourrez me corriger si je me trompe—c'est que la seule chose qu'il nous faut faire pour régler votre problème, et qui fait vraiment partie de votre mode de vie, c'est de faire en sorte que le gouvernement ne joue un rôle qu'en ce qui concerne le contingent et non pour ce qui est des manipulations, des offices ou autres. C'est bien cela?
Mme Karen Olson: Absolument.
M. Roy Bailey: Pourquoi...
Mme Karen Olson: J'estime que le gouvernement devrait gérer les contingents parce que nous voulons être sûrs d'avoir des stocks à l'avenir. Mais je ne pense pas que le gouvernement doive participer à la commercialisation du poisson.
M. Roy Bailey: Ceci dit, il me semble—et je simplifie peut- être un peu trop les choses—que c'est une chose relativement simple à changer. Pendant que je suis ici, je veux essayer de savoir pourquoi ce n'est pas facile de changer, mais si cela pouvait amener une solution... c'est l'essentiel pour moi. Et ensuite, si on jette et on gaspille de la nourriture dans ce pays d'une façon ou d'une autre... il me semble que le comité pourrait résoudre ce problème et se tailler une belle réputation.
M. Kim Sigurdson: En effet.
M. Roy Bailey: Ne le croyez-vous pas?
M. Kim Sigurdson: Si vous allez en Ontario, à l'endroit dont parle Karen, à 150 milles à l'est de Winnipeg, il n'existe plus de monopole. C'est la même chose que dans les Grands Lacs. Il existe des contingents que le gouvernement a fixés et que vous respectez. Lorsque vous allez en Ontario, vous pouvez acheter du poisson... lorsque j'achète du poisson à ces pêcheurs autochtones, ils me disent qu'ils ont du doré jaune, du corégone, de la truite, du meunier et de la lotte, et ils me disent que si je veux acheter leur doré jaune, je dois leur acheter aussi tout le reste. Cela m'oblige donc à essayer de trouver un autre marché. Je n'ai pas nécessairement... l'argent que je leur donne pour certains
[Note de la rédaction: difficultés techniques] mais il faut un peu de temps pour créer un débouché. Mais on utilise le produit.
M. Roy Bailey: En ce qui concerne ma question, nous sommes donc sur la même longueur d'onde, et est-ce que chacun d'entre vous dit qu'il trouve son propre débouché? Ou est-ce que l'office de commercialisation du poisson trouve le marché?
M. Kim Sigurdson: Nous trouvons des marchés pour l'office du poisson.
M. Roy Bailey: Merci.
En conclusion, je dirais que j'apprécie cette discussion et que je vous souhaite bonne chance. Peut-être mon collègue me donnera-t-il une autre occasion d'intervenir car il me semble que je pourrais m'amuser à ce comité, et avec votre aide, je suis tout à fait sûr que oui.
• 1030
Merci, monsieur le président.
Le président: Monsieur Bailey, nous allons en déplacement dans votre région et dans tout l'ouest et le nord du Canada. Chemin faisant, nous allons prendre une décision concernant l'Office de commercialisation du poisson d'eau douce dans notre rapport. Vous êtes tout à fait bienvenu si vous voulez vous joindre à nous à n'importe quel moment au cours de nos déplacements.
Il vous reste trois minutes. M. Duncan a demandé à bénéficier de deux de ces trois minutes, après quoi nous ajouterons une minute pour le Parti libéral.
M. John Duncan: Merci, monsieur le président.
Je crois qu'il y a quelque chose de très important qui se passe ici. Je sais que dans ma circonscription—je suis de Campbell River, c'est-à-dire de l'extrémité nord de l'île de Vancouver—nous avons à peu près la moitié des entreprises de conchyliculture de la province. Nous avons aussi une bonne partie du secteur de l'aquiculture des poissons qui est en expansion.
Nous livrons en fait les animaux vivants à l'usine de transformation. Ces produits sont en transit. Il n'y a donc pas véritablement d'inventaire. Ils sont en transit puisqu'on les livre vivants dans les quatre heures au maximum, dans la même journée.
C'est ce dont vous parliez, madame Olson.
Ces produits s'en vont vers les marchés très exigeants d'Asie, de Seattle, de Portland, de Los Angeles, de San Diego—ce genre de destinations. Les conditions de travail dans l'usine sont celles d'un laboratoire d'hôpital. C'est donc un tout autre état d'esprit. C'est quelque chose de nouveau. Vous avez parlé d'une période de cinq ans. De même, il ne s'agit plus ici de valeur ajoutée, c'est simplement une façon normale de procéder. C'est la façon normale de commercialiser.
Et c'est je crois exactement ce que vous demandez. Comme vous, je ne pense pas que le gouvernement soit capable de fonctionner dans un tel environnement, et je ne crois pas que ce soit non plus faire un usage intelligent, sage ou judicieux des priorités et des installations du gouvernement. Je dis tout cela parce que certaines régions du monde sont déjà là. Je parle de régions du monde qui se trouvent déjà ici au Canada. Mais nous n'avons pas la société de commercialisation que vous avez dans votre région.
Ce n'était donc pas une question, mais une remarque. Je voulais simplement le préciser pour vous montrer les côtés positifs de ce genre de choses. Nous avons bien quelques problèmes bureaucratiques liés à tout cela, mais ils ne concernent pas tant la commercialisation que les autres aspects du commerce.
Merci de votre exposé. Vous savez certainement quelle est ma façon de penser.
Le président: Je crois que tout le monde le sait, monsieur Duncan. C'est pourquoi vous n'avez pas voulu donner vos deux minutes au NPD.
Des voix: Oh, oh!
Le président: Nous allons maintenant donner la parole au secrétaire parlementaire du ministre des Pêches et des Océans avant de passer à M. Carmen Provenzano.
M. Wayne Easter: Pour commencer, je veux préciser une chose à l'intention de M. Bailey. Je crois très fort dans les offices de commercialisation et dans les guichets de vente uniques, surtout lorsqu'il s'agit de la Commission canadienne du blé. Elle est différente de l'Office de commercialisation du poisson d'eau douce, et s'occupe bien sûr d'un produit différent. Elle a clairement pu— les preuves sont là—maximiser avec le temps les revenus des producteurs et faire en sorte que le Canada soit un concurrent important sur le marché mondial, faire en sorte que nous nous comportions bien sur ce marché.
Cela ne veut pas nécessairement dire qu'il en va de même dans le cas de l'Office de commercialisation du poisson d'eau douce. Je ne sais pas ce qu'il en est à l'heure actuelle. Nous allons vérifier cela.
Vous avez dit, Karen, vers la fin de vos remarques, que le guichet central de vente de votre poisson... devrait fonctionner, mais à vous entendre aujourd'hui, il ne semble pas que ce soit le cas. Quelle en est à votre avis la raison?
Mme Karen Olson: La qualité du produit. Avec son système actuel, l'office ne peut pas livrer du poisson que j'appellerais un produit frais. J'ai acheté du poisson à l'office de commercialisation et j'ai dû le mettre à la poubelle. Il n'a pas la qualité voulue; il est pourri.
L'office de commercialisation, par exemple, est fermé la fin de semaine. Alors que faites-vous de votre poisson? Vous le placez sur de la glace. Plus il y reste, pire il est. Il doit parfois attendre six jours avant d'être expédié à l'office de commercialisation.
M. Wayne Easter: Il ne fait pas de doute que...
Mme Karen Olson: Ce n'est pas comme le blé.
M. Wayne Easter: Non, ce n'est pas comme le blé, mais nous avons aussi d'autres offices de commercialisation.
Je suis producteur laitier. Les produits laitiers sont aussi volatiles à vendre et transformer que le poisson. Nous avons différents types d'offices de commercialisation qui ont permis aux producteurs d'avoir de bons résultats pour ce qui est de la commercialisation du lait et des produits laitiers.
De toute façon, il ne fait aucun doute qu'au bout du compte, pour la commercialisation à l'heure actuelle, c'est la qualité qui se vend et que si la qualité n'est pas là, vous n'avez pas votre place sur le marché. Ce que j'aimerais savoir, c'est s'il faut changer l'Office de commercialisation du poisson d'eau douce?
Dans son exposé, Kim a parlé d'un système double de commercialisation. J'aimerais vous signaler, Kim—et je ne veux pas qu'on se dispute là-dessus—que l'on ne peut pas avoir un double système de commercialisation et un guichet unique qui fonctionnent en même temps. Soit vous avez un système de marché double soit vous n'en avez pas.
M. Kim Sigurdson: Je suis d'accord avec vous.
M. Wayne Easter: Ceux qui sont en face aiment croire que l'on peut avoir les deux systèmes qui fonctionnent en même temps. Ça n'est pas possible. Soit vous avez un système de guichet de vente unique, soit vous avez un système de commercialisation double. Vous ne pouvez pas avoir les deux qui fonctionnent en même temps. C'est impossible.
Monsieur le président, j'aimerais savoir ce que l'Office de commercialisation du poisson d'eau douce a à dire pour sa défense. Je n'arrive vraiment pas à comprendre pourquoi le bon sens ne l'emporte pas. Si vous rejetez 1 000 livres de malachigan alors qu'il existe un débouché pour ce produit, pourquoi ne pas le commercialiser? Je n'arrive vraiment pas à comprendre cela—ou encore pour le petit laquaiche. Quelle raison vous a-t-on donnée pour ne pas commercialiser le malachigan et le petit laquaiche?
Mme Karen Olson: L'office n'arrive pas à le vendre. Un point c'est tout.
M. Wayne Easter: Ils n'arrivent pas à le vendre.
Mme Karen Olson: Ils n'arrivent pas à lui trouver un débouché. Ils ne peuvent pas vendre non plus notre corégone. On recevait 40¢ la livre pour le corégone dans les années 40 et on nous paie toujours 40¢ la livre.
M. Wayne Easter: Je suis peut-être secrétaire parlementaire, monsieur le président, mais je peux vous dire que nous allons faire venir quelqu'un de l'Office de commercialisation du poisson d'eau douce pour qu'il comparaisse devant nous, car à mon avis c'est inacceptable. Il nous faut trouver des moyens, et on peut le faire par l'intermédiaire des offices de commercialisation, de développer de nouveaux produits, de leur donner une valeur ajoutée, etc.
Ma dernière question est la suivante: pourquoi ne pouvez-vous pas faire certaines de ces choses pour ce qui est de commercialiser le malachigan, d'augmenter sa valeur, de vendre les petits laquaiches, en tant que membre de l'office?
Mme Karen Olson: Nous ne sommes pas membre de l'office actuellement. J'imagine que pour faire cela, il nous faudrait payer une commission à l'office, ce qui nous retirerait des bénéfices. Nous n'avons pas beaucoup de marge de manoeuvre pour ces poissons communs. Nous devons tous nous accommoder de très faibles bénéfices et de très petites marges.
M. Wayne Easter: Mais pourriez-vous être membre de l'office et faire ce genre de choses?
M. Kim Sigurdson: Je n'en ai encore jamais entendu parler.
Mme Karen Olson: Je n'en ai jamais entendu parler, pour vous dire la vérité.
M. Rick Hay: Ce que vous nous demandez en fait, c'est s'il y a un arrangement?
Dans la situation particulière de Karen, elle est à Winnipeg, dans la même ville que l'office, à Transcona. Lorsque vous êtes à 500 milles au nord de cette ville, comme c'est notre cas, vous essayez de parler avec l'office de commercialisation pour lui dire qu'on peut s'aider mutuellement. Nous avons créé un très bon débouché pour les filets de corégone frais. Nous avons les moyens de faire des choses. Nous voulons que la famille reste unie, nous voulons conclure une entente avec vous selon laquelle nous pourrons préparer ces filets ici, nous les commercialiserons de notre côté, et nous vous donnerons des droits pour le privilège de pouvoir en gros faire votre travail.
M. Wayne Easter: Mais, monsieur le président, si vous faites le commerce de poisson à titre expérimental—et ce n'est sans doute pas le terme qu'il faudrait employer—comme le malachigan pour ce qui est de le commercialiser, comme vous le dites, à Los Angeles, n'importe quel office de commercialisation digne de ce nom vous dirait: d'accord, prenons éventuellement une commission minimale sans faire de travail et voyons si ce marché existe. Vous agiriez alors en tant qu'agent de l'office pour faire cela.
Tout ce que vous accorde l'office dans ce cas particulier, c'est l'autorisation de faire telle et telle chose. Je ne vois pas pourquoi ça ne pourrait pas être fait. Et il n'est pas nécessaire qu'on vous demande de grosses commissions. Comme vous le dites, Rick, il s'agit de travailler en partenariat pour progresser. Si ce n'est pas ce qui se produit, il y a quelque chose qui ne va pas.
M. Kim Sigurdson: Si vous me permettez d'ajouter quelque chose, monsieur, si nous essayons de les aider à commercialiser leur poisson et que nous leur apportons des débouchés... Disons que nous voudrions participer à l'entreprise en prenant le poisson qui est rejeté. Si c'est ce que nous leur offrons, ils vont tous se lever avec rage parce qu'ils vont croire que nous essayons d'empiéter sur leurs opérations de commercialisation. Nous pouvons faire mieux qu'eux.
Les offices de commercialisation n'aiment pas les gens qui veulent aller essayer de vendre sans passer par eux, qu'il s'agisse de la commission du blé, de l'office du poisson ou de n'importe quel autre office. Je regrette que nous ne soyons pas d'accord là- dessus, car je respecte votre opinion, mais voici ce que je crois pouvoir dire: s'il y a des gens qui veulent vendre un produit quelque part, qu'il s'agisse de pêcheurs ou d'agriculteurs, qu'ils le vendent.
Si un office de commercialisation se comporte de cette façon, on va travailler avec lui et le soutenir. Mais pour l'instant, l'office de commercialisation du poisson a fait des choses terribles aux Autochtones plus qu'à n'importe qui d'autre. Lorsque vous irez dans ces régions du nord du Manitoba, vous verrez comment ces gens vivent et votre opinion changera peut-être.
M. Wayne Easter: C'est ce que j'avais pensé dire plus tôt—je ne veux vraiment pas entrer dans cette discussion—parce que vous avez laissé entendre que le MPO et l'office de commercialisation font preuve de racisme.
M. Kim Sigurdson: C'est vrai.
M. Wayne Easter: Je ne suis pas d'accord que vous laissiez entendre qu'il s'agit là d'une façon de voir la commercialisation. Vous et moi pouvons ne pas être d'accord pour ce qui est de la façon de commercialiser un produit, pour ce qui est de savoir s'il doit passer par un office central, un office double, un office de gestion de l'offre, ou autre. Mais je vous donne ici ma façon de voir la commercialisation par rapport à la vôtre. Cela n'a rien à voir avec le racisme et je ne pense pas que l'on puisse conclure pour cela que l'on a fait preuve de racisme.
De toute façon, ce qui importe en définitive pour moi, c'est que s'il y a un produit qui est gaspillé, s'il y a un marché pour ce produit, il doit y avoir un moyen de faire quelque chose par l'entremise de l'Office de commercialisation du poisson d'eau douce, soit avec des gens qui sont membres de l'office ou autres, plutôt que d'avoir le genre de situation que vous connaissez actuellement.
Tout ce que je veux dire, monsieur le président, c'est qu'il faut étudier la question. J'aimerais envisager la possibilité de le faire avec des membres de l'office.
Et Kim, si cela pose des problèmes à l'office de commercialisation, en ce qui me concerne, c'est tant pis pour lui. S'il y a un marché, un marché qui permette de progresser et de faire des bénéfices sans compromettre l'industrie dans son ensemble, l'office de commercialisation devrait étudier la question et utiliser des gens pour le faire.
Le président: Merci, monsieur Easter.
Nous allons maintenant donner la parole à M. Provenzano, puis nous passerons au Bloc.
Je signale également aux membres du comité que nous allons également examiner la loi. Bien sûr, en vertu de la loi, on peut vous accorder des responsabilités, vous permettre de commercialiser. Le problème est qu'à n'importe quel moment, l'office peut mettre un terme à tout cela ou même entrer en concurrence avec vous si vous avez trouvé des débouchés. Il ne vous reste rien. Si vous sollicitez une banque à ce moment-là, ils ne vont pas vous donner d'argent. C'est je crois ce que vous pourrez constater.
De toute façon, nous pourrons aborder cela ainsi que les différentes options offertes lorsque nous étudierons la loi de façon approfondie. M. Easter a raison, il existe un mécanisme en vertu de la loi qui permet cela; quant à savoir combien de temps cela peut durer, c'est une autre question.
Monsieur Provenzano.
M. Carmen Provenzano (Sault Ste. Marie, Lib.): On a déjà répondu en partie à mes questions, monsieur le président, mais par souci de précision, peut-on dire que tous les poissons qui ne sont pas des espèces de qualité sont des poissons communs et que les espèces de qualité sont le doré jaune, le brochet, la truite et le corégone destiné à l'exportation?
M. Kim Sigurdson: Le doré jaune, certains corégones—parce qu'il y a différents types de corégone, ceux qui sont vendus sur le continent et ceux qu'on exporte—et la truite. Mais on jette de la truite.
M. Carmen Provenzano: Ai-je raison de penser que le malachigan et les petits laquaiches sont des espèces qui appartiennent à la catégorie des poissons communs?
Mme Karen Olson: Oui.
M. Carmen Provenzano: Monsieur Sigurdson, vous avez dit au comité ce matin que vous aviez trouvé un débouché pour la lotte que l'on appelle la morue d'eau douce.
M. Kim Sigurdson: Oui.
M. Carmen Provenzano: Ce marché, selon vos dires, s'est effondré parce que l'Office de commercialisation du poisson d'eau douce est intervenu.
M. Kim Sigurdson: C'est exact.
M. Carmen Provenzano: En admettant que l'on puisse confirmer ces allégations, monsieur Sigurdson, cela vous serait-il utile, ou cela répondrait-il à votre problème, si l'on interdisait précisément à l'Office de commercialisation du poisson d'eau douce d'intervenir ou de prendre part d'une façon quelconque à la commercialisation de ce que l'on appelle les poissons communs? Si vous trouvez un débouché pour ces poissons, serait-il utile qu'on interdise précisément à l'office de commercialisation de prendre part d'une façon quelconque à la commercialisation de ces espèces- là?
M. Kim Sigurdson: Je crois voir là une lueur d'espoir.
Le secrétaire a mentionné plus tôt que l'on ne pouvait pas avoir une commercialisation double et un office de commercialisation. Je suis d'accord. Soit vous êtes vierge soit vous ne l'êtes pas. À y regarder de près, si vous prenez le rapport d'Arthur Andersen, vous constaterez qu'il dit en définitive que personne ne devrait investir dans une usine de transformation du poisson tant que l'Office de commercialisation du poisson d'eau douce tient les cordons de la bourse. Si j'obtiens un permis spécial de négociant et que je le montre à la Banque Royale du Canada, on va me rire au nez. On va me dire qu'on peut me retirer ce document sans préavis—et d'ailleurs vous devez aller les trouver pour leur dire qui est votre acheteur. Oh, oui.
M. Carmen Provenzano: S'il était clair que les espèces de poisson dont la commercialisation serait contrôlée par l'Office de commercialisation du poisson d'eau douce étaient les espèces congelées, que ce sont les seuls poissons dont ils peuvent s'occuper et qu'ils ne doivent pas du tout s'inquiéter des autres espèces, ce genre d'interdiction ou de précision ou tout simplement cette définition du mandat de l'office vous aiderait-elle?
M. Kim Sigurdson: J'imagine que oui. Ce serait un très bon début, monsieur.
M. Carmen Provenzano: Quant aux permis spéciaux pour négociants, je crois comprendre d'après les documents que vous nous avez fournis, qu'on peut les obtenir très facilement.
M. Kim Sigurdson: Oui.
M. Carmen Provenzano: Qu'est-ce que cela veut dire? Cela veut- il dire qu'il vous suffit de remplir une petite feuille et de payer des droits minimes pour les avoir?
M. Kim Sigurdson: On ne vous demande même pas de l'argent pour cela. Vous allez simplement les trouver, vous remplissez le papier du permis, on vous demande où vous envoyez le poisson, et si vous avez un peu de chance et que cela les intéresse peu, ils ne vont pas téléphoner à l'acheteur pour essayer de vous couper l'herbe sous le pied. Mais ils vont le faire.
M. Carmen Provenzano: Y a-t-il un contrôle? Une fois que le permis est délivré, l'Office de commercialisation du poisson d'eau douce s'intéresse-t-il d'une certaine façon aux activités autorisées par le permis spécial de négociant? Y a-t-il un contrôle quelconque?
M. Kim Sigurdson: Il se réserve le droit de venir dans votre usine n'importe quand, n'importe où pour faire ce que bon lui semble. Je vous le jure.
Les inspecteurs du ministère des Pêches et des Océans ont un travail à faire, et à juste titre, ils viennent pour vérifier vos conditions d'hygiène et pour voir si vous faites les choses comme il se doit. Mais l'OCPED se réserve aussi le droit de venir dans votre usine inspecter lui-même. Je peux vous garantir que ses agents sont allés dans des usines, ont trouvé des petites choses qui clochaient, l'ont dit aux inspecteurs des pêches, et on vous oblige à fermer.
M. Carmen Provenzano: Cela, c'est avec les permis spéciaux de négociants pour commercialiser le poisson commun.
M. Kim Sigurdson: Oui, c'est vrai.
Le président: Nous passons au Bloc. Monsieur Bernier.
[Français]
M. Yvan Bernier (Bonaventure—Gaspé—Îles-de-la-Madeleine—Pabok, BQ): Tout d'abord, j'aimerais remercier les témoins d'être venus. J'ai dû m'absenter quelques minutes tout à l'heure pour participer aux travaux de la Chambre.
• 1050
Je rappellerai aux témoins que j'ai eu la chance
de faire un voyage dans l'Ouest avec l'ancien comité. Je
comprends parfaitement la situation, ainsi que
la frustration qu'éprouvent les témoins ici présents ce
matin.
M. Sigurdson a même utilisé le mot «racisme», et je pense que parfois il n'a pas tout à fait tort. Comme la situation perdure depuis très longtemps et qu'on remarque que les gens qui sont le plus durement touchés sont justement des autochtones ou des Métis, on convient qu'ils ont parfois raison de penser ainsi.
J'essaierai de résumer ce que j'ai retenu de mon dernier voyage. Les témoins pourront corriger mes affirmations si elles sont inexactes. Je pourrai peut-être faire gagner du temps aux autres membres du comité en partageant avec eux ce que j'ai pu comprendre.
L'Office de commercialisation du poisson d'eau douce compte une, deux ou peut-être trois usines de transformation. Il est très centralisé et doit couvrir toute la région de l'Ouest canadien, y compris la pêche qu'on fait dans le nord de l'Alberta et dans le nord du Manitoba. Est-ce bien exact? Une grande question se pose aux députés d'en face: c'est bien beau de vouloir centraliser la mise en marché, mais comment fait-on pour recueillir le poisson et l'apporter au centre?
On sait tous que les poissons n'ont pas tous la même valeur. On comprend facilement que le prix de revient du poisson rond, qu'on transporte avec tout ce qu'il y a à l'intérieur de son ventre et qui n'est pas nécessairement comestible pour tout le monde, n'est pas intéressant. On comprend aussi que l'Office de commercialisation du poisson d'eau douce a des joueurs partout, bien qu'il y ait une grande concentration de pêcheurs tout près des usines, qui peuvent facilement mettre en marché leur poisson et ne pas se plaindre de recevoir tel ou tel prix pour des espèces dites moins intéressantes. La grande distance qui sépare certains pêcheurs des usines de transformation fait en sorte qu'ils se retrouvent souvent—si je puis oser employer cette expression—dans la merde, parce l'Office n'est pas trop très intéressé à leur poisson. J'aimerais que M. Sigurdson nous confirme quelle a été son expérience. Je faisais partie du dernier comité et nous avions vraiment essayé de mettre la hache dans le harcèlement que l'Office faisait. Je pense que nous n'avons toutefois réussi qu'à aider le petit village d'Island Lake, si je me souviens bien, au nord du Manitoba.
[Traduction]
M. Kim Sigurdson: Island Lake.
[Français]
M. Yvan Bernier: Ce village a désormais la possibilité de commercialiser son poisson sans être embêté par l'Office. Et quel en est le résultat? Cela fait moins de deux ans maintenant. Est-ce qu'on commence à voir des résultats tangibles? Ces pêcheurs n'avaient le droit de vendre que leur doré, leur autre poisson n'étant pas jugé intéressant. Ça n'avait pas de bons sens.
Comme tout le monde le signale ici, comment pouvait-on concevoir qu'on allait jeter de la nourriture? C'était difficile à comprendre, surtout pour un autochtone respectueux de mère nature, qu'on puisse aller pêcher dans les lacs et jeter de 70 à 90 p. 100 de ce qu'on avait pêché.
• 1055
Il faut que les autres députés
comprennent aussi lorsque tu vas pêcher, ton
permis de permis de pêche ou ton engin
de pêche ne te permettra pas de pêcher uniquement
l'espèce qui est très
payante. L'engin de pêche que tu utilises risque de te
faire attraper autre chose. C'est complètement
fou d'obliger des gens à travailler à l'intérieur d'un
système complètement fermé.
Nous avions présenté la dernière fois une proposition qui n'a pu être mise en oeuvre. Nous avions proposé que les gens habitant les régions plus éloignées puissent mettre en marché leur poisson eux-mêmes. On ne peut pas les limiter à pêcher une seule espèce ou une espèce donnée, comme M. Provenzano le proposait. Il faut comprendre que lorsque tu mets ton engin à l'eau, tu risques d'attraper toutes sortes de choses.
Si on leur donne la responsabilité de se débrouiller, il faut, à mon avis, la leur donner de A à Z. On ne peut leur donner uniquement la permission de commercialiser le pire poisson, celui qui est le plus difficile à commercialiser. Il faut leur donner la responsabilité de la barque entière. Comment pourrions-nous leur dire de n'envoyer que le doré à Winnipeg et leur permettre de commercialiser seulement deux ou trois espèces?
Une telle formule aurait un autre impact sur l'Office de commercialisation du poisson d'eau douce. Ainsi, le prix de revient ou le coût de transport du même doré serait plus élevé à la livre, parce qu'on en enverrait moins, mais il faudrait quand même que l'avion ou le camion s'en aille. Si vous décidiez d'attendre quelques jours pour réduire vos coûts, ce serait l'Office qui aurait le problème à l'autre bout parce que la durée de conservation avant la vente serait réduite.
On a parlé de l'exemple du poisson de 11 jours tout à l'heure. Peut-être ai-je mal compris. Si tel est le cas, j'aimerais que les témoins me le disent. Mais si la situation est telle, vous pouvez compter sur moi pour renseigner les autres membres du comité avant qu'ils ne partent et pendant qu'ils seront là-bas.
Je suis habituellement en faveur du rassemblement des choses, c'est-à-dire d'un genre d'office, en termes intellectuels. Par contre, dans le cas qui nous préoccupe, il faut tenir compte de l'immensité du territoire que cet office doit couvrir. À mon humble avis, il ne peut pas faire face à la musique dans toutes les situations. C'est pourquoi je crois que nous devrions prévoir des dispositions législatives. Si on a de la difficulté à y faire place dans la loi, j'irai même jusqu'à suggérer qu'il soit aboli. Ceux qui souhaiteront conserver une forme d'office pourront recréer un office sous forme de coopérative autour des usines existantes. Au moins, les autres personnes pourront vivre décemment.
C'est tout ce que j'avais à dire. Si j'ai mal perçu certaines choses, j'aimerais qu'elles soient corrigées. Il est très important que les autres députés aillent voir ce qui se passe. Je tiens à répéter, monsieur le président, qu'il est frustrant de voir depuis combien de temps M. Sigurdson travaille à ce dossier: il a traversé l'épopée Crosbie, l'épopée Tobin, l'épopée Mifflin et maintenant l'épopée Anderson. Rien n'est réglé et rien n'avance. Il est toujours obligé de venir répéter son histoire, et le présent gouvernement ne règle pas cette question. Il reviendra encore dans cinq ou dix ans et ses enfants viendront probablement à leur tour. Il faut que les députés comprennent l'importance de cela. Ces témoins ne nous ont pas demandé de subventions ce matin, mais seulement qu'on les laisse travailler.
Merci, monsieur le président.
[Traduction]
Le président: Avant de continuer, je crois que M. Stoffer souhaitait faire une brève remarque ou poser une question aux témoins. Nous passerons ensuite aux conclusions car nous avons d'autres témoins. Étant donné que nous allons voyager dans toute la région et que nous allons étudier la législation, je suis sûr qu'il y aura des conversations très intéressantes entre les membres.
Monsieur Stoffer.
M. Peter Stoffer: Merci, monsieur le président.
Monsieur Hay, vous avez parlé d'une lettre que vous aviez écrite à M. Anderson. Pourrions-nous en obtenir une copie? Il s'agit de la lettre à laquelle vous n'avez pas encore obtenu de réponse.
M. Rick Hay: J'ai dit que nous avions essayé d'obtenir des choses par le ministre provincial des Ressources naturelles, lequel devait à son tour avoir des discussions avec M. Anderson concernant le changement de la législation pour permettre à notre région du nord-ouest du Manitoba de quitter l'office de commercialisation.
M. Peter Stoffer: Pourrions-nous avoir des copies de ce document?
M. Rick Hay: Oui. Il y a une chose que j'aimerais faire aujourd'hui. Si possible, j'aimerais laisser ce rapport au président. Étant donné que vous allez venir au Manitoba en mai, j'aimerais laisser un exemplaire du rapport dont j'ai parlé. C'est une étude que nous avons faite nous-mêmes, j'aimerais que vous l'étudiiez avant de venir au Manitoba si possible. Elle raconte une histoire intéressante et répond à beaucoup de questions, à bon nombre des questions qui ont été posées ici aujourd'hui, surtout en ce qui concerne le poisson commun.
Le président: Parfait!
Parmi les autres témoins, y en a-t-il qui souhaitent avoir 20, 30 secondes ou même une minute pour conclure?
M. Wayne Easter: J'aimerais avoir des précisions, monsieur le président—et ensuite nos témoins pourront conclure—ce sont simplement des renseignements que j'aimerais avoir. Cela concerne l'office de commercialisation qui, à ce que vous dites, commercialise le corégone. C'est bien cela? Mais a-t-il jamais eu l'intention de commercialiser les espèces de poisson plus ordinaires?
Mme Karen Olson: Lorsque l'office de commercialisation a été créé, nous avons pensé que ce serait précisément là son objectif.
M. Wayne Easter: Si je pose la question, c'est parce que lorsqu'on fait la comparaison entre l'office de commercialisation du poisson et la Commission du blé—et il n'y a certainement pas de comparaison à faire pour ce qui est du succès—la Commission du blé met en marché le blé et l'orge; elle ne met pas en marché l'avoine.
Mme Karen Olson: Très bien.
M. Wayne Easter: Je me demande donc pourquoi l'office de commercialisation du poisson ne peut pas mettre en marché le corégone et laisser les poissons communs au marché libre.
M. Rick Hay: C'est le cas. Depuis la dernière série d'audiences du comité du Sénat, le meunier et la lotte ont été, comme on dit, «déréglémentés». C'est un marché tout à fait libre maintenant. L'office de commercialisation n'a pas du tout d'exclusivité sur ces deux espèces. Mais il est très difficile de choisir l'une de ces espèces pour en faire une industrie sans que le reste vienne avec.
M. Wayne Easter: D'accord.
Mme Karen Olson: Il serait aussi très difficile à l'office de dire qu'il va commercialiser le doré et rien d'autre.
M. Wayne Easter: Merci. Ça va.
Le président: Monsieur Hay, si M. Easter ne cesse de mentionner la Commission du blé, c'est parce qu'il est l'ancien président du Syndicat national des cultivateurs; voilà pourquoi il s'intéresse autant aux poissons qu'au blé—et à l'avoine.
Des voix: Oh, oh!
Le président: Nous tenons à remercier les témoins d'être venus aujourd'hui et nous pouvons leur garantir que leurs propos seront pris en compte lorsque nous préparerons notre rapport et nos recommandations concernant l'Office de commercialisation du poisson d'eau douce.
Merci beaucoup d'avoir comparu devant nous aujourd'hui.
Le président: Nous allons maintenant passer à un autre groupe. Nous nous réunirons ensuite à huis clos, après avoir entendu ce groupe très important de représentants de l'est du Canada.
M. Wayne Easter: Monsieur le président, une simple précision à l'intention des membres du comité. Quand allons-nous traiter à huis clos du rapport de la côte ouest?
Le président: Dans 45 minutes, monsieur Easter.
M. Wayne Easter: Nous allons donc nous en occuper vers 11 h 45 —11 h 50?
Le président: Oui, c'est ce que nous devons faire. Nous avons prévu 45 minutes pour les prochains témoins qui vont traiter de l'industrie du poisson de fond et des autres types de poisson de la côte est du Canada, après quoi, nous nous réunirons à huis clos pour terminer le rapport sur la côte ouest. Et je dis bien «terminer»; il nous faut en finir aujourd'hui.
J'aimerais maintenant que les représentants de la Fogo Island Co-op viennent s'asseoir en face de nous sur les deux sièges qui sont réservés aux témoins.
La Fogo Island Co-operative Society Ltd. est donc représentée par deux témoins aujourd'hui, l'un d'entre eux étant M. Cecil Godwin.
M. Godwin est très connu sur tout le territoire de Terre-Neuve et du Labrador pour ses activités dans les collectivités rurales. Certains membres du comité ont entendu une communication ce matin faite par une personne de l'Université Memorial concernant les collectivités rurales de pêcheurs de Terre-Neuve à l'heure actuelle et comment ces pêches peuvent survivre. M. Cecil Godwin est expert en la matière et a assisté à de nombreuses conférences sur les questions sociales liées aux collectivités rurales et aux problèmes de l'est du Canada.
• 1105
M. Godwin est accompagné de M. Hugh St. Croix. M. St. Croix
est très connu dans tout l'est du Canada en sa qualité de directeur
d'une usine de transformation du poisson. Il est récemment venu de
la côte du Labrador, d'une coopérative du Labrador à la coopérative
qui est sans doute la plus importante de l'est du Canada pour le
poisson et qui s'appelle la Fogo Island Co-operative Society
Limited. M. St. Croix est considéré comme un expert en matière
d'exploitation des usines de transformation du poisson et de
commercialisation du poisson de fond et des produits dérivés des
crevettes.
Nous allons commencer notre témoignage d'aujourd'hui, M. Easter, en demandant à ces deux témoins de faire un exposé. M. Godwin, peut-être pourriez-vous commencer, après quoi nous passerons la parole à M. St. Croix. M. Godwin est président du conseil d'administration de la Fogo Island Co-operative Society Limited. Monsieur Godwin.
M. Cecil Godwin (président du conseil d'administration, Fogo Island Co-operative Society Ltd.): Merci, monsieur le président. Je tiens tout d'abord à remercier le comité de nous avoir donné l'occasion de comparaître devant lui ce matin.
Je commencerais en vous donner une idée de ce que nous sommes et de la région d'où nous venons. L'île Fogo est une petite île située au large de la côte nord-est de Terre-neuve. Elle se situe à l'extrême est de la baie de Notre-Dame et est séparée de l'île de Terre-Neuve par le détroit de Sir Charles Hamilton. Farewell, son point de contact le plus proche, se trouve à 10 kilomètres au sud de l'île et un service de traversier assure la liaison entre l'île et cet endroit.
L'île Fogo a une superficie de 282 kilomètres carrés et est caractérisée par une côte rocheuse abrupte et plusieurs ports bien abrités. Cette île est constituée de huit peuplements et compte entre 3 000 et 3 400 habitants. La principale industrie est la pêche, avec quelques emplois dans l'industrie des services (magasins, hôpital, école, routes, etc.).
La Fogo Island Co-operative a été constituée en société en décembre 1967 et a démarré ses activités à l'été de 1968. La coopérative a été mise sur pied à une époque où le programme provincial de réinstallation fonctionnait à plein régime. Ce programme, administré par la province mais financé par le ministère fédéral des Pêches, visait principalement à rationaliser la pêche côtière du début jusqu'au milieu des années 60.
À l'époque, la solution consistait à déplacer les habitants des petites collectivités difficiles à desservir vers des centres plus importants appelés centres de croissance. Les collectivités de l'île figuraient en tête de liste des priorités pour la réinstallation. En 1967, toutes les rumeurs qui circulaient semblaient indiquer que les habitants de l'île Fogo allaient être réinstallés. En raison du climat d'incertitude créé par cette information publique, certains des services communautaires réguliers ont commencé à disparaître de l'île et les compagnies de pêche privées décidèrent soit de partir, soit d'arrêter l'exploitation de leurs entreprises.
Les habitants de l'île Fogo et en particulier les pêcheurs, étant donné que la pêche était l'épine dorsale de l'économie, se sont retrouvés coincés dans un grave dilemme. Ils savaient qu'en déménageant, en plus de déraciner leurs familles et du coût supplémentaire de construction d'une maison dans un nouvel endroit, ils auraient également perdu l'accès à leurs lieux de pêche traditionnels.
Au lieu de suivre le plan du gouvernement, les collectivités ont résisté. Les habitants de l'île Fogo ont refusé de déménager. Ils ont décidé de rester et d'étudier d'autres options. Les options envisageables à l'époque comportaient une approche différente de la capture. Il s'agissait notamment de construire des navires plus gros afin que les pêcheurs puissent aller plus loin en mer. Des options de transformation et de commercialisation ont également été étudiées dans le but de s'assurer que les pêcheurs pourraient vendre toutes leurs prises afin de pouvoir développer la pêche en général pour y inclure d'autres espèces.
• 1110
Notre coopérative a été créée avec cette toile de fond et en
réaction à la crise de la pêche côtière des années 60. Le processus
utilisé pour former notre coopérative a été reconnu à l'échelle
internationale et promu comme modèle de développement économique
communautaire. On l'appelle «le processus Fogo».
À ses débuts, la coopérative était chargée de la construction des navires et de la transformation du poisson. Elle a construit une flottille de 30 palangriers et a repris les installations laissées vides par l'industrie privée.
Aujourd'hui, la coopérative a cinq usines, trois de transformation et deux postes d'achat. Elle possède également un laboratoire ou cuisine d'essai, un entrepôt et un atelier de soudage. Elle transforme un large éventail d'espèces halieutiques et a un chiffre d'affaires annuel variant entre 8 et 15 millions de dollars. Parmi ses membres, elle compte environ 600 pêcheurs et 400 travailleurs d'usine et ses fonds propres s'élèvent à 3 millions de dollars. En 1997, la masse salariale de ses pêcheurs a atteint 6,2 millions de dollars et celle de ses travailleurs d'usine 2,4 millions de dollars.
Les pêcheurs membres possèdent et exploitent leurs propres entreprises de pêche. La taille des bateaux va du petit hors-bord à des bateaux en acier de 65 pieds. Ils récoltent tout un éventail d'espèces, notamment le crabe, le homard, le turbot, la plie, la sole grise, le flétan, le grenadier, les oeufs de lompe, le hareng, le maquereau et le calmar. Il y a aussi quelques autres espèces qui ne sont pas mentionnées ici.
Malgré les réalisations de la coopérative au cours des 30 dernières années, l'île Fogo rencontre toujours des difficultés qui affaiblissent son économie. À l'heure actuelle, la coopérative, et en fait toute l'industrie de la pêche de Terre-Neuve, fait face à la crise la plus grave de son histoire, provoquée par la décimation des stocks de morue du Nord et par une diminution à peine moins grave de la disponibilité des autres espèces de poisson. La crise a provoqué une grande instabilité dans la plupart des collectivités rurales de Terre-Neuve et du Labrador. Comme La stratégie du poisson de fond de l'Atlantique (LSPA) tire à sa fin, l'accent est surtout mis sur la restructuration de l'industrie de la pêche, en réduisant le nombre de gens qui dépendent de ressources en baisse. Étant donné ces événements, et d'autres changements imminents, c'est le moment idéal pour les intervenants de l'industrie de la pêche de Terre-Neuve de réexaminer d'anciennes hypothèses et de préparer de nouveaux plans pour l'avenir.
Depuis 1992, la Fogo Island Co-operative a entamé un tel processus. Plusieurs mesures ont été prises pour mieux s'informer sur l'état des ressources dont nous dépendons dans notre région.
De concert avec le secteur des sciences du MPO et avec DRHC, nous avons créé une base de données sur les pêches côtières contenant des renseignements qui remontent, dans certains cas, à plus de 20 ans. La base de données présente un profil de la pêche qui a eu lieu, les espèces prises par taille et par catégorie, le genre et le nombre d'engins de pêche utilisés pour la capture, le prix payé, etc. Nous avons également établi un partenariat avec la Direction générale de l'habitat du MPO, avec Parcs Canada, avec DRHC et avec le bureau du tourisme de l'île Fogo pour créer un répertoire des ressources maritimes. Nous participons également à une enquête indicatrice sur la pêche côtière et hauturière.
En outre, nous achevons à l'heure actuelle un centre d'information maritime à Seldom sur l'île Fogo. Ce centre est censé être un outil éducatif, un centre de recherche et une attraction touristique. Il présentera une interprétation de l'histoire culturelle de l'île Fogo, de la Fogo Island Co-operative, de la pêche côtière traditionnelle et des fameuses îles Funk. Il offrira également les services d'un port de plaisance au public en voyage. Nous estimons que chacune de ces activités est une composante de base qui aboutira à une meilleure compréhension de notre milieu et des ressources naturelles dont nous sommes tant tributaires.
Au cours des prochains mois, des consultations publiques se dérouleront sur l'île Fogo pour étudier l'idée d'établir un projet pilote sur la gestion intégrée des zones côtières. De nombreux habitants arrivent à un carrefour de leur vie et doivent prendre des décisions à long terme. Les plans pour l'avenir doivent être durables, généraux et acceptables sur le plan écologique. Nous devons étudier toutes les options disponibles pour l'île Fogo: production à valeur ajoutée, transformation secondaire, écotourisme, aquiculture, recherche, éducation, etc.
Des investissements de capitaux seront nécessaires dans l'industrie de la pêche ainsi que dans le secteur du tourisme. Les habitants de l'île Fogo, parce que c'est une île, doivent avoir confiance en son avenir pour faire de tels investissements. Ce genre de confiance ne peut découler que d'un plan bien conçu qui soit durable et englobe tous les aspects de son économie.
• 1115
Ceci nous amène au coeur de notre exposé. Vous trouverez ci-
joints des renseignements sur les débarquements rétrospectifs qui
illustrent la diversité des activités de la Fogo Island Co-
operative et celle de ses entreprises indépendantes de pêche.
Lorsque la coopérative a été formée en 1967, elle avait pour principal objectif de diversifier la pêche sur l'île Fogo et cela demeure son but premier à l'heure actuelle. D'après l'expérience vécue par la coopérative, cette diversité a apporté la stabilité à l'économie de l'île au cours des 30 dernières années.
Par exemple, durant les années où les débarquements d'une espèce précise étaient bas, ou les marchés faibles, d'autres espèces ont permis de compenser l'impact négatif. Ce fut tout particulièrement vrai au cours des dernières années avec la fermeture de la pêche au poisson de fond. La pêche au crabe a permis de soutenir la coopérative, ainsi que ses membres pêcheurs et travailleurs d'usine, pendant toute la durée du moratoire.
Toutefois, nous espérons que cette conjoncture va changer en 1998. La situation financière actuelle des marchés asiatiques, les modifications récentes au régime d'assurance-emploi, la fin de La stratégie du poisson de fond de l'Atlantique (LSPA) et l'absence de perspectives de réouverture de la pêche au poisson de fond dans un avenir immédiat, sont pour nous des motifs de préoccupation.
L'île Fogo est une île. Pour cette raison, nous sommes tout à fait conscients de la nécessité de maintenir un certain niveau de population pour continuer à rendre l'île viable. Pour y parvenir, les pêcheurs doivent pouvoir gagner raisonnablement leur vie avec la mer pour financer leurs activités de pêche et obtenir un revenu personnel décent. Les travailleurs d'usine doivent pouvoir avoir accès à un certain nombre d'emplois pour maintenir un mode de vie décent, qui exigera une saison de travail prolongée. La coopérative doit aussi pouvoir demeurer compétitive sur le marché avec des produits de qualité en vue de maintenir des activités viables.
Voici une liste d'objectifs qu'il faudrait respecter pour atteindre les résultats nécessaires: pour les pêcheurs, augmenter les débarquements en récoltant d'autres espèces; pour les travailleurs d'usine, prolonger la durée de la saison de travail; et pour la coopérative, avoir accès à plus de matière première, améliorer les installations de production pour réduire les frais généraux et respecter les nouvelles règles de l'analyse des risques et de la maîtrise des points critiques (ARMPC), et effectuer une mise en valeur du produit pour ajouter une valeur aux produits primaires existants, p. ex. le crabe.
Pour atteindre ces objectifs, il faut des capitaux. Étant donné que nous sommes une entreprise communautaire, nous avons fait une demande en 1987 auprès du ministre des Pêches et des Océans afin d'obtenir un permis de pêche hauturière à la crevette. À cette époque, la Torngat Co-operative et la Labrador Shrimp Company avaient obtenu des quotas de crevettes et réinvesti les revenus tirés de ces permis dans leurs collectivités pour offrir de l'emploi et contribuer à l'économie locale.
En 1996, le ministère des Pêches et des Océans a émis un communiqué de presse demandant des propositions sur la façon de partager toute augmentation des quotas de pêche à la crevette nordique. Encore une fois, la Fogo Island Co-operative a présenté un mémoire officiel au MPO demandant une part de ce quota d'après nos droits de contiguïté et notre participation séculaire à la pêche à Terre-Neuve et au Labrador en tant qu'entreprise communautaire. Encore une fois, nous n'avons pas obtenu de part du quota. Un quota a été accordé à la St. Anthony Basin Resource Corporation en raison de sa contiguïté à la ressource et de son assise communautaire. Tout porte à croire qu'il y aura une augmentation des quotas de crevettes dans les régions 5 et 6 en 1998. Nous estimons fermement que, cette fois-ci, nous devrions avoir accès à cette ressource.
À l'heure actuelle, environ 10 de nos entreprises de pêche indépendantes ayant des bateaux de moins de 65 pieds se sont équipés pour la pêche à la crevette en utilisant la technique du chalut à panneaux. Au cours des prochains mois, nous effectuerons des essais approfondis pour tester la technologie du chalut à perche et des casiers à crevettes dans notre région. En cas de succès, nous offrirons la possibilité aux pêcheurs utilisant de petits bateaux de participer à cette pêche. En cas d'échec, un fort pourcentage de nos pêcheurs traditionnels en petits bateaux ne seront pas en mesure de récolter cette ressource.
• 1120
Si cette possibilité nous est offerte, nous sommes certains,
au cours d'une période donnée, de pouvoir avoir accès à une
quantité raisonnable de matière première pour justifier une pêche
à la crevette ici.
En tant qu'entreprise, nous devons construire une nouvelle usine de crabe pour répondre aux nouvelles exigences de transformation en vertu des règles de l'ARMPC. Nous aimerions incorporer la production de la crevette dans cette installation pour diversifier notre production et offrir davantage d'emplois. Ces activités exigent de gros investissements en capital. Nous aimerions obtenir un quota de pêche hauturière à la crevette pour nous permettre de les mener à bien.
Notre but à long terme consistant à protéger nos approvisionnements actuels en matière première, crabe, etc., ainsi qu'en crevette, en étant capables d'acheter toutes les espèces que nos pêcheurs débarquent à l'heure actuelle, il faudrait aborder les besoins de notre secteur des petits bateaux afin qu'ils puissent participer à cette pêche lucrative pour les aider à diversifier leurs activités et à accroître leurs revenus, à créer une saison de travail plus longue pour nos travailleurs d'usine, à augmenter les revenus de la coopérative afin qu'elle puisse demeurer une entreprise viable, et à continuer à contribuer à l'économie locale de l'île Fogo.
Étudiez la demande d'accès au contingent de crevette et sa justification. La Fogo Island Co-operative a fait une demande officielle au ministère des Pêches et des Océans pour le contingent de crevettes à plusieurs reprises. Jusqu'ici, ces demandes n'ont pas abouti. C'est la seule organisation communautaire qui se trouve en contiguïté avec cette abondante ressource à laquelle on n'a pas accordé cet accès. Il s'agit de demander au MPO d'accorder à la Fogo Island Co-operative un contingent en 1998 qui tienne compte de l'augmentation du contingent prévu et recommandé dans le rapport sur l'évaluation des stocks.
La justification de cette demande est la suivante. L'île Fogo est une région de la province qui rencontre de nombreux problèmes à cause de son isolement. Malgré cela, elle a cependant continué à être une communauté prospère, en offrant des services et un niveau de vie raisonnables à ses habitants. C'est l'une des régions de la province où l'on dépend le moins des services sociaux en raison des emplois créés par la coopérative.
La Fogo Island Co-operative est une entreprise communautaire de transformation du poisson qui appartient aux pêcheurs et aux travailleurs d'usine. Ces pêcheurs et travailleurs d'usine ont investi 3 millions de dollars jusqu'ici dans leur affaire, en plus des pêcheurs qui possèdent leur propre entreprise.
La coopérative est le seul employeur de l'île en dehors du secteur des services. Tout revenu provenant de l'entreprise est utilisé aux bénéfices des pêcheurs, des travailleurs d'usine et de la collectivité de l'île.
Elle ressemble aux autres entreprises communautaires qui détiennent actuellement des quotas de crevettes, comme la Labrador Fishermen's Union Shrimp Company Limited, la Torngat Fish Producers Society Limited et la St. Anthony Basin Resource Corporation. L'île Fogo est contiguë à la région 6 de la pêche à la crevette du Nord, et devrait donc être la première à être prise en considération lorsqu'on envisage d'accorder de nouveaux quotas de crevettes.
La fermeture de la pêche de la morue du Nord en 1992 a causé à la Fogo Island Co-operative et aux pêcheurs propriétaires indépendants une perte de près de 80 p. 100 de leur approvisionnement en matière première. Depuis lors, ils ont pu fonctionner et conserver un niveau d'emploi raisonnable grâce à la production de crabe à valeur ajoutée. Cela a permis à la coopérative d'offrir un prix raisonnable pour la matière première à ses pêcheurs et de conserver un nombre d'emplois important dans les usines. Nous employons entre 500 et 550 travailleurs pendant la saison d'été.
La pêche au crabe a permis à la coopérative de rester une entreprise viable, mais n'a pas pu permettre le genre d'investissements en capital nécessaire pour respecter les nouvelles règles de l'ARMPC que l'on met actuellement en place. Un quota de crevettes du Nord permettra à la coopérative de faire les investissements en capital nécessaires pour répondre aux besoins de la transformation du crabe ainsi que pour intégrer dans le même établissement la production de la crevette. Cela permettra à la coop de conserver les 550 emplois qu'elle offre à l'heure actuelle et de prolonger la saison de travail pour ces employés.
Cela va permettre à la coopérative d'acheter toute la matière première débarquée par ses pêcheurs. Et cela va ensuite lui garantir un approvisionnement en matière première pour l'heure actuelle et pour l'avenir. On aura ainsi un approvisionnement en matière première suffisant pour justifier la transformation de la crevette sur l'île Fogo. Cela constituera une base économique sûre qui permettra à l'île Fogo de continuer à construire une industrie touristique solide qui a commencé avec la création du centre d'information maritime et du port de plaisance qui vont ouvrir cette année.
• 1125
En conclusion, en 1967, les habitants de l'île Fogo ont pris
en main leur propre destinée en rejetant le programme de
réinstallation de l'époque et en lançant sa propre coopérative de
pêche constituée de producteurs et de travailleurs. Ils ont
commencé par construire une flottille de palangriers qu'il leur a
permis d'aller plus loin en mer et d'attraper une grande variété
d'espèces de poisson. Cela leur a permis de moins dépendre d'une
seule espèce, la morue, et d'un seul marché, le marché de la morue
salée, et de créer une entreprise de transformation de diverses
espèces de poisson.
La coopérative a apporté une stabilité économique à l'île Fogo au cours des 30 dernières années. Elle aimerait avoir l'occasion de continuer à le faire en diversifiant encore une fois ses opérations en participant à la pêche lucrative à la crevette du Nord.
Depuis 1987, elle a demandé à avoir accès au secteur de pêche de la crevette du Nord; ce qu'on lui a refusé jusqu'ici. La crevette du Nord a été accordée selon le principe de la contiguïté et de la dépendance de la collectivité, deux principes qui correspondent parfaitement à l'île Fogo. L'île Fogo est la seule organisation communautaire à être contiguë au secteur de pêche de la crevette du Nord qui n'a pas reçu de quota de crevettes. Nous vous demandons donc humblement votre soutien dans cette initiative.
Je tiens à vous remercier vivement.
Le président: Merci, monsieur Godwin.
Monsieur St. Croix, souhaitez-vous ajouter quelque chose à l'exposé de M. Godwin?
M. Hugh St. Croix (directeur général, Fogo Island Co-operative Society Ltd.): Pas particulièrement, monsieur le président. Je le ferai peut-être au fur et à mesure du débat, mais l'élément important est que cette organisation est la seule à être contiguë et à ne pas avoir obtenu ce qu'elle recherche depuis 15 ans ou à peu près pour ce qui est de la crevette et il est temps qu'on le lui accorde, monsieur le président.
Le président: Et comme vous le dites, c'est maintenant le moment, car à ce que vous pensez, les contingents de crevettes vont augmenter pour cette zone du Nord, n'est-ce pas?
M. Hugh St. Croix: C'est exact. Il y a eu une grosse augmentation en 1997 et il semble qu'il doive y en avoir une notamment pour les secteurs 6 et 4 ou pour les sous-secteurs 6 et 4, me semble-t-il, en 1998. Nous pensons que le moment est venu et que c'est sans doute le seul moment où nous aurons la possibilité d'avoir notre part de cette augmentation.
Le président: Et vous êtes effectivement situé au milieu du secteur 6. Pendant son voyage à Terre-Neuve, le comité a été informé des contingents qui ont été accordés, des contingents hauturiers, à des gens qui vivent en Floride et en Europe, les deux permis hauturiers ayant été accordés à un monsieur qui, prétendent- ils, vivait en Floride à l'époque. On nous a aussi dit que de tous les permis hauturiers qui sont actuellement en vigueur, certains sont des permis très importants accordés à des sociétés dans le secteur nord.
À propos, M. St. Croix, le comité a aussi rencontré des fonctionnaires du MPO hier et a entendu parler de la pêche faite par le Danemark. Ils appellent cela une pêche expérimentale à la crevette dans la zone 3-L, juste un peu au sud de votre secteur car vous êtes dans la zone 3-K pour la morue du Nord. Saviez-vous que le Danemark effectue une pêche expérimentale dans la zone 3-L? En aviez-vous entendu parler auparavant?
M. Hugh St. Croix: Je suis vaguement au courant. C'est quelque chose qui se passe depuis quelques mois. Mais je ne suis pas parfaitement au courant, je dois l'admettre.
Le président: Le bateau danois s'appelle le H«gifossur, à ce que l'on a pu voir. Je voulais rappeler ces deux choses aux membres avant que nous passions aux questions. J'ai remarqué que M. Stoffer souhaitait poser une question aux témoins ou faire une observation.
Monsieur Stoffer.
M. Peter Stoffer: Ce que j'aimerais savoir, c'est pourquoi on ne vous a pas accordé cette ressource? Pourquoi n'avez-vous pas eu droit à ce quota? On ne peut que se demander pourquoi.
M. Cecil Godwin: Nous ne le savons pas. Nous ne le savons tout simplement pas.
M. Peter Stoffer: Vous a-t-on donné des raisons par écrit?
M. Cecil Godwin: Non, on nous a simplement dit que ce n'était pas le moment voulu. Voilà le genre de réponse écrite que nous recevons.
M. Peter Stoffer: Depuis 1986.
M. Cecil Godwin: C'était en fait en 1986 ou 1987 que notre première proposition a été adressée au MPO en vue d'obtenir un quota.
M. Peter Stoffer: D'après votre rapport, il semble que vous travailliez en étroite collaboration avec le MPO et sa direction scientifique.
M. Cecil Godwin: Tout à fait.
M. Peter Stoffer: Il semble qu'il y ait une bonne collaboration en tout. Si c'est le cas, je dirais que les choses sont peut-être en train de changer pour le meilleur si le MPO peut collaborer avec vous à ce chapitre. Vous avez parlé de la direction scientifique concernant la base de données sur les pêches côtières, mais pour cette demande de quota, on vous a donné des réponses évasives.
M. Cecil Godwin: En réalité, il s'agit d'un autre secteur du MPO.
M. Peter Stoffer: Je n'aime pas faire la différence entre les divers secteur du MPO lorsqu'il s'agit de le critiquer, mais à l'heure qu'il est, vous n'avez pas vraiment reçu de réponse valable vous expliquant pourquoi on ne vous a pas accordé de quota?
M. Cecil Godwin: On nous a simplement dit que le moment n'était pas indiqué.
M. Hugh St. Croix: De plus, monsieur le président, d'après des conversations récentes—et je veux parler ici de quelques heures— les choses ne semblent pas prometteuses pour cette année. Et cela vient essentiellement des responsables politiques du MPO.
J'ajouterais aussi, monsieur le président, que le temps est de première importance en l'occurrence. Je crois que si elle n'a pas déjà été prise, la décision va certainement être prise dans les deux à trois prochaines semaines.
M. Peter Stoffer: Dans ce cas, j'aimerais proposer une motion, si c'est possible.
Le président: Vous pouvez toujours proposer une motion, monsieur Stoffer.
M. Peter Stoffer: J'aimerais simplement encourager le président du comité à écrire une lettre au ministre des Pêches et des Océans le plus rapidement possible afin de lui demander d'accéder à la demande de la Fogo Island Co-operative Society concernant le quota pour la crevette de la zone 6.
Le président: La motion proposée par M. Stoffer veut que le président du comité, au nom du comité, écrive une lettre au ministre pour l'encourager à tâcher d'accéder à la demande de la Fogo Island Co-op concernant le quota de crevettes pour cette année.
Souhaitez-vous en débattre? Monsieur Easter—c'est de la motion qu'on discute maintenant.
M. Wayne Easter: Oui, je le sais.
Monsieur le président, j'ai entendu parler d'au moins six ou sept autres demandes de quota. Ces gens vont aussi pouvoir invoquer la contiguïté dans certains cas et dans d'autres la tradition. Nous ne les avons pas entendu. Je crois qu'il nous faudrait aussi prendre en compte... L'une de mes questions était en fait de savoir si la pêche à la crevette peut avoir d'autres répercussions. Est-ce que cela influe sur la chaîne alimentaire de la morue? Je crois donc que votre motion est un peu prématurée.
M. Peter Stoffer: Sa réponse à la question sur le quota de crevettes s'appuie sur l'étude. De votre côté, vous l'appuyez sur le rapport d'évaluation des stocks. Il a déjà répondu à votre question.
Le président: J'imagine donc que la motion aurait dû être que dans la lettre au ministre, nous disions que s'il doit y avoir une augmentation de contingent, le ministre devrait prendre en considération la demande de la Fogo Island Co-op. Est-ce que cela correspond à ce que vous vouliez, monsieur Stoffer?
M. Peter Stoffer: Certainement, car c'est sur le rapport d'évaluation des stocks que M. Godwin a indiqué appuyer sa demande.
Le président: Donc s'il y a une augmentation, le ministre devrait prendre en considération la demande de la Fogo Island Co- op.
Monsieur Easter.
M. Wayne Easter: Je n'ai rien contre, mais j'avais une question à vous poser. Vous avez dit que la décision est prise avant tout par les responsables politiques du MPO. Qu'est-ce que ça veut dire?
M. Hugh St. Croix: Ce n'est pas exactement ce que j'ai dit, monsieur.
M. Wayne Easter: C'est comme ça que je l'ai compris.
M. Hugh St. Croix: Toutes les indications qu'on m'a données jusqu'ici provenaient des responsables politiques du MPO, c'est-à- dire du bureau régional. Je n'ai pas dit que les décisions étaient prises par les responsables politiques.
M. Wayne Easter: D'accord.
M. Hugh St. Croix: Pour répondre à l'une de vos remarques, vous avez notamment dit...
Le président: Monsieur St. Croix, nous sommes saisis d'une motion et j'aimerais qu'on se prononce à son sujet.
Vous avez tous entendu la motion. Il s'agit de presser le ministre de prendre en considération la demande de la Fogo Island Co-operative s'il y a une augmentation. Monsieur Duncan, voulez- vous parler de la motion?
M. John Duncan: Oui. Une motion nous a été proposée, mais certains d'entre nous souhaitent poser des questions. Pourrions- nous reporter la motion à la fin de la réunion?
Le président: Certainement.
Continuons donc avec les questions. Le chef de l'Opposition loyale de Sa Majesté, le Parti réformiste du Canada, nous a fait savoir qu'il souhaitait poser quelques questions. Nous allons donc donner la parole à M. Duncan.
M. John Duncan: Oui. Pour commencer, la plupart des Canadiens ne savent même pas où se trouve l'île Fogo et nous avons aujourd'hui des téléspectateurs qui suivent notre réunion. Si l'on devait atterrir à St. John's, combien de temps faudrait-il pour se rendre à l'île Fogo en voiture ou en traversier?
Le président: Monsieur St. Croix.
M. Hugh St. Croix: Nous devrions peut-être prendre Gander comme exemple car c'est un peu plus au centre de Terre-Neuve. Si vous atterrissiez à Gander, il vous faudrait faire une heure et demie de route puis prendre un traversier qui vous mènerait à l'île Fogo en 45 minutes. C'est exactement à l'est de Gander.
M. John Duncan: Cela a des répercussions si l'on pense à la diversification, car vous avez notamment parlé de tourisme. Merci de cette précision.
Quant au contingent de pêche et à la pêche à la crevette, s'agit-il des secteurs 4, 5 et 6? Ce sont des secteurs pour la crevette, j'imagine. S'agit-il de pêche côtière ou hauturière? Si je pose la question, c'est que vous avez parlé d'utiliser de petits bateaux. Vous avez maintenant une flotte qui compte des bateaux qui vont jusqu'à 65 pieds. Est-ce le genre de bateau voulu pour ce nouveau quota? Pouvez-vous nous donner des précisions?
M. Hugh St. Croix: Je crois qu'on a compliqué un peu le problème en parlant des petits bateaux. Ce qui se produit traditionnellement dans l'industrie de la crevette, du moins jusqu'en 1997 pour l'essentiel, c'est qu'avec l'exception du secteur situé en dehors du golfe, la crevette a été pêchée par des chalutiers-usines en haute mer. En 1997, le MPO a décidé de procéder à une nouvelle répartition de la ressource en donnant des contingents supplémentaires à certains groupes contigus et autochtones le long des côtes nord-est de Terre-Neuve et du nord du Labrador, de l'île de Baffin et du nord du Québec dans le cadre de ce que l'on appelle la Northern Coalition of licence holders (Coalition des détenteurs de permis du Nord).
Ce que nous demandons ici, c'est que pour pouvoir faire la concurrence à ces divers groupes, il nous faudrait également avoir un contingent de pêche hauturière à la crevette afin d'être à même, comme eux, de réinvestir les revenus pour diversifier davantage notre entreprise pour pouvoir ensuite faire face à une pêche côtière de la crevette qui est imminente. Voilà en gros ce que nous essayons de faire, et ce dont nous parlons dans ce cas particulier c'est d'avoir accès à 3 000 tonnes de crevettes, puisque c'est à peu près ce qu'a Torngat Fisheries avec un permis, l'Union Shrimp Company du sud du Labrador ayant 6 000 tonnes pour chaque permis et la St. Anthony Basin en ayant 3 000, etc.
Donc pour paraître à égalité avec tous ces groupes qui, je le répète, sont des groupes autochtones et contigus, nous devrions pouvoir attraper en haute mer 3 000 tonnes de crevettes, afin de pouvoir utiliser le revenu de cette pêche pour diversifier et conserver notre entreprise, monsieur le président. Notre coopérative n'est pas dans une situation financière très florissante en ce moment et a vraiment besoin de ce contingent de crevettes pour les raisons que je vous ai indiquées.
M. John Duncan: Lorsque vous parlez de la possibilité de vous diversifier, cette diversification comprend-elle les chalutiers à perche et les casiers à crevettes pour les petits bateaux, car vous en parlez dans votre mémoire? Vous voulez modifier la flotte dont vous disposez pour qu'elle soit adaptée à la pêche à la crevette?
M. Hugh St. Croix: Oui, c'est en partie à cela que nous utiliserions les revenus provenant de cette ressource.
M. John Duncan: Si j'ai bien compris, si vous pouvez attraper des crevettes avec cette technique, vous pensez que le produit de la crevette que vous attraperiez de cette façon aurait une plus grande valeur une fois transformé que la crevette attrapée en pêchant à la drague?
M. Hugh St. Croix: Nous n'en sommes pas sûrs pour l'instant. Nous pensons que cela pourrait être le cas, mais nous n'en sommes pas tout à fait sûrs en ce moment et c'est en fait pour cela que nous voulons faire une étude.
M. John Duncan: J'ai une suggestion importante à vous faire. Nous avons la technique du chalut à la perche sur la côte ouest. On attrape de la crevette de cette façon et d'après l'expérience des pêcheurs, c'est un produit très différent et qui exige beaucoup plus de travail, pas seulement pour l'aspect pêche, mais aussi pour l'aspect transformation. Cette transformation exige davantage de travail manuel et le prix est plus élevé. Si vous voulez entrer en contact avec ces gens, je peux vous donner des noms.
M. Hugh St. Croix: Merci.
M. John Duncan: Merci.
Le président: Merci, monsieur Duncan.
Laissons maintenant la parole au secrétaire parlementaire. Vous aviez des questions, monsieur.
M. Wayne Easter: Non, il me semble que c'est M. St. Croix qui voulait répondre à certaines des remarques que j'ai faites plus tôt.
Le président: Monsieur St. Croix.
M. Hugh St. Croix: Oui, vous avez notamment dit que vous vous demandiez quelle répercussion cela avait sur la chaîne alimentaire de la morue.
On pense généralement que si la biomasse est si importante en ce moment, c'est parce qu'il n'y a pas de morue, qu'elle n'est pas là pour manger la crevette, donc c'est une situation inverse en quelque sorte.
Quant à la ressource, il semble que nous récoltions actuellement environ 20 p. 100 de la biomasse qui semble exister à l'heure actuelle, surtout dans les secteurs 6, 5 et 4 lorsque vous allez vers le nord.
M. Wayne Easter: Je crois que M. Duncan a soulevé la plupart des autres points que je souhaitais aborder. Nous avons écouté ce matin cette dame—je ne me souviens plus de son nom—de l'Université Memorial qui nous parlait de la crise de la pêche. Elle nous disait qu'il fallait passer à un contrôle davantage localisé, etc.
Mais je vois dans tout cela un problème d'actualité. En fait, depuis 1969 environ, nous avons conseillé à nos secteurs des ressources naturelles—les pêches, l'agriculture, les forêts— d'adopter une politique industrielle, et non pas une politique durable, une politique industrielle qui correspond à la nature même de l'industrie: elle prend, elle utilise, elle gaspille, elle jette. Dans ce contexte technologique, les ressources humaines nécessaires diminuent sans cesse. Il me semble qu'il nous faut étudier les moyens—et je pense que John a abordé le sujet en parlant du chalut à perche et des autres méthodes—qui exigent peut-être davantage de travail mais produisent la qualité de produit que nous devrions rechercher et entraînent un gaspillage moindre de la ressource.
J'aimerais savoir ce que vous en pensez et si vous croyez que c'est l'orientation que l'on devrait prendre. J'ai assisté à une conférence intéressante à St. John's sur les différents types d'engins de pêche. Les ressources dans ce domaine ne sont sans doute pas assez nombreuses, mais il y a des moyens actuellement d'utiliser des engins choisis qui permettent de ne pas détruire certains autres stocks lorsqu'on pêche une espèce donnée. Ne devrions-nous pas aller de plus en plus dans cette direction?
M. Hugh St. Croix: Je crois que oui. Il va sans dire que l'on devrait toujours s'efforcer de mettre au point des engins qui vont protéger les autres espèces. Je crois que les pêcheurs de crevette en haute mer ont fait un excellent travail à cet égard en utilisant ce qu'ils appellent la grille Nordmore qui laisse passer le menu fretin, par exemple. Nous devrions tous reconnaître la nécessité de faire ce genre de choses et je pense que c'est dans cette direction que nous allons aller en définitive.
M. Wayne Easter: Pour finir, j'aimerais que vous me résumiez le plus brièvement possible les raisons qui font qu'à votre avis l'île Fogo devrait recevoir le prochain quota de crevettes plutôt que les autres secteurs.
Il y avait aussi une autre question que je n'ai pas posé auparavant. Vous avez parlé de la biomasse... il y a sans doute beaucoup de crevettes actuellement en partie à cause de la morue— c'est en gros ce dont vous avez parlé—qui ne les mangent pas. Mais je crois que nous n'utilisons que 20 p. 100 environ de la biomasse. Ce qui m'inquiète, c'est que je constate que depuis quelques années on investit beaucoup dans des usines, des bateaux, etc. pour exploiter la ressource qu'est la crevette. Qu'arrivera-t-il si, comme nous l'espérons, la morue revient? Va-t-on encore une fois se trouver avec une surcapacité pour la crevette, une capacité dont il faudra se débarrasser?
M. Hugh St. Croix: Tout d'abord, avec qui nous mettez-vous en lice pour justifier la nécessité d'un contingent de crevettes?
M. Wayne Easter: Pour des raisons de confidentialité, je ne peux pas vous le dire. Quelles raisons vous font dire que l'île Fogo devrait l'avoir plutôt que les autres?
Vous savez maintenant quelle est ma position face aux gars de Floride, monsieur le président.
M. Hugh St. Croix: Tout d'abord, les gouvernements, et je veux parler plus particulièrement des gouvernements fédéral et provinciaux, depuis l'entrée en vigueur du moratoire de la morue, ont encouragé les gens à se débrouiller tous seuls et à s'occuper de leur propre collectivité—vous êtes la collectivité; vous vous occupez de votre collectivité, vous vous débrouillez. L'île Fogo est un exemple exceptionnel d'une collectivité qui s'est débrouillée toute seule, et qui veut continuer à le faire. Elle est isolée, très comparable au sud du Labrador—Rigolet, Makkovik—à l'île de Baffin, etc. Elle est tout à fait contiguë à la ressource.
Voilà tout ce que je peux vous dire. Que nous faudrait-il d'autre?
Le président: Et c'est une coopérative.
M. Hugh St. Croix: Et c'est une coopérative qui a besoin de revenus pour diversifier ses opérations et rester en activité.
Si vous regardez la situation actuelle à Baffin, au nord du Québec, avec l'Association des Inuit du Labrador, la Labrador Development Corporation, les Innus du nord du Labrador, la Torngat Fish Producers Co-op... au sud du Labrador, il y a les Métis, il y a l'Union Shrimp Co., la St. Anthony Basin, une société qui vient d'être créée, tous pêchent des contingents hauturiers. Les revenus ainsi obtenus sont réinvestis pour assurer le maintien et développer davantage les secteurs pour lesquels on envisage une expansion.
Si vous passez de St. Anthony à Harbour Grace—et je dois mentionner des noms—la Harbour Grace Shrimp Company, qui est une société privée de pêche hauturière qui ne réinvestit pas nécessairement—et je dois faire attention à la façon dont j'exprime la chose—les revenus dans la collectivité... Donc du bassin de St. Anthony à Harbour Grace, et cela représente toute la côte nord-est de Terre-Neuve, personne n'a de contingent pour la pêche hauturière à la crevette.
Nous répondons à ces critères à tous égards.
Le président: Autrement dit, vous êtes l'organisation communautaire. Nous ne voulons pas dire par là que toutes les grosses sociétés privées ne sont pas bien parce qu'elles ont des quotas, comme Fishery Products International, qui ont des permis pour la pêche hauturière.
C'est bien le cas? Cette société a-t-elle un permis pour la pêche hauturière là-haut? Un ou deux?
M. Hugh St. Croix: Oui, monsieur le président. Fisheries Products a maintenant deux permis.
Le président: Deux permis?
M. Hugh St. Croix: Deux permis pour la pêche hauturière, comme...
Le président: Comme beaucoup d'autres grosses sociétés. Mais vous, vous parlez des organisations communautaires... Vous voilà donc, en plein milieu de cette ressource, et vous êtes peut-être la seule organisation communautaire qui reste.
M. Hugh St. Croix: C'est peut-être le cas, monsieur le président.
Nous n'avons rien contre les sociétés privées. Nous n'avons rien contre tous les contingents.
Le président: Les grosses sociétés.
M. Hugh St. Croix: Mais là où nous avons un problème, et un très grave problème, monsieur le président, c'est de ne pas avoir de contingent. Nous continuerons à nous battre pour cela.
Le président: Monsieur Bernier.
[Français]
M. Yvan Bernier: Mes propos seront très brefs. Je suis moi aussi heureux d'avoir appris quelque chose au sujet de la carte du Canada aujourd'hui. J'avais toujours regardé l'île de Terre-Neuve sans m'apercevoir qu'elle était soutenue par l'île Fogo. Combien de gens vivent sur l'île Fogo et de quelle circonscription fédérale fait-elle partie?
Des voix: Ah, ah!
[Traduction]
Le président: Monsieur Bernier, avant qu'il ne réponde à votre question, j'aimerais vous demander si vous avez entendu parler de... est-ce que c'est the Edge of the Earth Society?
M. Hugh St. Croix: The Flat Earth Society.
Le président: The Flat Earth Society. C'est là qu'ils font leur fête. Est-ce que c'est une fête annuelle? Donc l'île Fogo est connue, monsieur Bernier.
C'était juste une remarque que je voulais faire, mais allez-y, monsieur Godwin.
M. Cecil Godwin: Il s'agit de la Flat Earth Society et elle estime qu'il y a quatre points importants: l'un se situe dans le triangle des Bermudes, un autre en Papouasie-Nouvelle-Guinée, un autre encore dans les îles grecques et le quatrième est situé à quatre ou cinq milles au large de la côte est de l'île Fogo.
Les adeptes de cette société ne sont pas des idiots, ce sont des professeurs d'université, des politiciens, etc. Elle a son siège au Nouveau-Brunswick et quelque part aux États-Unis.
Le président: Mais, monsieur St. Croix, revenons à la question de M. Bernier.
Quelle était votre question, monsieur Bernier?
[Français]
M. Yvan Bernier: Je veux savoir combien de gens y vivent et de quelle circonscription elle fait partie. Je poserai une question plus sérieuse par la suite.
[Traduction]
M. Hugh St. Croix: L'île compte 3 000 à 3 500 habitants. Il s'agit de 9, 10 ou 11 collectivités—cela dépend de ce que vous appelez une collectivité—qui existent sur l'île, et elle fait partie de la circonscription fédérale du président du comité.
Le président: Et bien sûr, sur cette question, le président est tout à fait impartial.
Monsieur Bernier.
[Français]
M. Yvan Bernier: Et c'est dans quelle circonscription fédérale?
[Traduction]
M. Hugh St. Croix: Elle est dans la circonscription fédérale de M. Baker, le président du comité permanent.
[Français]
M. Yvan Bernier: C'est donc dans la circonscription de Gander—Grand Falls.
Vous avez piqué ma curiosité tout à l'heure lorsque vous avez parlé de valeur ajoutée à la suite de la transformation du crabe. J'aimerais savoir de quoi il est question, puisqu'au Québec et au Nouveau-Brunswick, on vend principalement du crabe en sections aux Japonais. Cette notion de valeur ajoutée du crabe m'était inconnue.
[Traduction]
M. Hugh St. Croix: Je dois vous rappeler que je ne m'occupe de la coopérative que depuis quatre semaines, mais je crois que ce dont on veut parler ici c'est de certaines... pattes crues et non de sections entières, comme cela se fait au Québec et au Nouveau- Brunswick, à ce que vous dites, mais il s'agit de couper la patte à la jointure et d'utiliser cette patte comme un article de vente. C'est simplement une étape de plus dans la transformation, si vous voulez.
M. Cecil Godwin: Au cours des six ou sept dernières années, nous nous sommes pas mal lancés dans ce que l'on appelle le produit fini à valeur ajoutée pour le marché japonais. Nous faisons des sections crues; ce sont celles que vous connaissez. Nous faisons des sections cuites pour le marché américain. Nous faisons des crabes entiers cuits pour le marché japonais et des crabes entiers crus pour le marché japonais. Nous faisons des jambes coupées crues, et nous faisons aussi un autre produit avec la patte de crabe en en enlevant de petits morceaux au couteau.
Voilà pour l'essentiel ce que nous avons fait ces six ou sept dernières années, des produits finis pour les restaurants japonais plus les cadeaux de Noël pour le Japon. Ce que nous offrons donc, c'est un produit de table relativement fini.
[Français]
M. Yvan Bernier: J'ai compris cela. Mais ce n'est pas un défaut que de faire partie de la circonscription fédérale de Gander—Grand Falls, loin de là. Je désirais m'instruire et savoir où était située précisément l'île Fogo. J'ai tout compris maintenant. Merci.
[Traduction]
Le président: Et je savais où se trouvaient «les-de-la- Madeleine.
Monsieur Bailey, une brève question.
M. Roy Bailey: Merci, monsieur le président.
Vous dites que vous existez depuis 30 ans ou à peu près. Cela fait presque une génération. Vous dites que vous avez acquis une réputation internationale et j'imagine que lorsque vous dites cela vous voulez parler de l'expansion de la coopérative. Est-ce exact? En définitive... vous êtes arrivé pour constituer une coopérative à une époque où les choses n'allaient pas bien sur le plan économique dans le secteur du poisson.
En regardant la carte, je trouve difficile, et lorsque vous posez la question... la raison même de votre venue ici aujourd'hui. Dites-moi, pensez-vous que si vous n'avez pas reçu de contingent pour la pêche à la crevette, c'est parce que vous avez trop bien réussi?
M. Hugh St. Croix: J'y ai pensé à plusieurs reprises ces derniers temps. Lorsqu'on regarde certaines collectivités de la province qui n'ont pratiquement rien fait ces six ou sept dernières années à l'égard du moratoire, et lorsque vous regardez certaines des choses qui ont été faites à l'île Fogo depuis 30 ans—en fait, le 7 décembre 1997, cela a fait 30 ans que la coopérative existe; nous avons donc maintenant entamé notre 31e année—et je pense parfois que cela pourrait être un facteur. Mais voilà la question que j'aimerais vous poser: doit-on vraiment pénaliser les gens qui réussissent? C'est l'impression qu'on a.
M. Roy Bailey: Merci. Je crois que ce serait l'impression que j'aurais si j'étais dans votre situation.
Admettons que votre demande arrive et envisageons une issue négative. Comment réagiriez-vous si vous n'obteniez pas le contingent nécessaire pour améliorer votre entreprise sur le plan économique et pour ces 335 personnes... Pour revenir à ma question originale, réagiriez-vous en disant: nous avons travaillé comme des fous, nous avons fait construire des bateaux, nous nous sommes débrouillés tous seuls et nous sommes occupés de notre collectivité. Et je reposerai alors la même question: peut-être avons-nous trop bien réussi? Ou vous demanderiez-vous si le problème vient de ce que vous n'avez pas pris les mesures voulues en vous adressant au personnes voulues au moment voulu?
Le président: Je ne sais si, en tant qu'entrepreneurs, ils souhaitent répondre à cette question.
M. Roy Bailey: Non, je...
Le président: C'est peut-être ce que l'on peut penser, mais je crois que leur stratégie est prête, et essayer de nous donner...
M. Roy Bailey: D'accord.
M. Cecil Godwin: Lorsque vous dites «entrepreneurs», permettez- moi de vous dire que je comparais devant votre comité à titre bénévole. Je ne suis pas un employé payé par la coopérative pour faire ce que je fais en ce moment. Je suis en fait conducteur d'un élévateur à fourche dans l'une de nos usines. Il y a 10 autres personnes comme moi qui s'assoient autour de la table pour essayer de prendre les bonnes décisions pour notre entreprise. Je ne viens pas vous trouver en tant qu'entrepreneur. Je me présente devant votre comité en tant que membre d'une collectivité qui ne veut pas déménager. J'ai fait le voyage en Ontario. Et par cela je veux dire que j'ai quitté ma maison et que je suis allé en Ontario dans les années 70. Puis je suis allé au Labrador, et je ne veux plus m'en aller. Et c'est de cette option dont nous avons besoin.
En définitive, si rien ne se produit, nous allons nous poser la question que vous venez de me poser, mais cela ne nous obligera pas à arrêter de faire ce que nous faisons pour devenir...
M. Hugh St. Croix: Si vous me le permettez, monsieur le président, je dirais personnellement que je ne crois pas que ce soit ce qui explique que Fogo n'ait pas obtenu de contingent pour la crevette. Il y a d'autres joueurs dans le secteur de la crevette qui ont sans doute mieux réussi que Fogo et qui détiennent un contingent de crevettes. Je crois que ça pourrait venir—et j'hésite un peu à le dire—du fait que nous n'avons pas fait pression dans ce sens au nom de l'île Fogo.
M. Roy Bailey: Merci, monsieur le président.
Le président: Monsieur Godwin, je vous présente mes excuses. J'ai été membre du conseil d'administration d'une coopérative pendant 17 ans et j'étais sans doute un entrepreneur, mais je faisais des affaires et je ne révélais pas toujours nos plans. C'est ce que je voulais dire.
Je suis désolé, monsieur Bailey.
M. Cecil Godwin: J'accepte vos excuses.
Le président: Nous allons maintenant donner la parole à Mme Leung.
Mme Sophia Leung (Vancouver Kingsway, Lib.): Merci, monsieur le président.
J'ai beaucoup aimé votre exposé. Je tiens à vous en féliciter. Avec votre coopérative, vous faites un excellent travail. Ce n'est pas facile.
J'aurais quelques questions à vous poser. Vous avez dit que vous aviez fait des essais avec le casier à crevettes et le chalut à perche. Pouvez-vous nous les décrire brièvement?
M. Cecil Godwin: En fait, le casier à crevettes ressemble beaucoup à celui que l'on utilise pour la pêche au homard. C'est un casier dans lequel on a placé un appât, et la crevette y entre.
La technique du chalut à perche est une version réduite du chalut à panneaux. La différence, c'est qu'on peut le déployer à partir de petits bateaux et que deux personnes suffisent à la tâche au lieu d'avoir tout un équipage sur un plus gros bateau. Donc c'est à peu près la même technique que le chalut à panneaux.
Mme Sophia Leung: Très bien.
J'aimerais savoir s'il y a d'autres groupes qui sont en concurrence avec vous pour obtenir un quota. Le savez-vous?
M. Cecil Godwin: Je ne crois pas. Pas dans notre secteur. Mais je laisserai M. St. Croix répondre.
M. Hugh St. Croix: Pas que nous sachions pour le secteur qui va de St. Anthony à St. John's en tout cas. Il n'y a pas d'autre groupe dans ce secteur qui répondrait aux mêmes critères que nous.
Mais pour l'instant, nous ne pourrions pas avoir accès à ce genre d'information.
Mme Sophia Leung: Quel est votre plan de commercialisation si vous obtenez le quota? Pensez-vous que cela entraînera une grosse augmentation de revenu? Comment allez-vous commercialiser ce produit?
M. Hugh St. Croix: Il s'agit en l'occurrence d'un contingent pour la pêche hauturière à la crevette, ce qui veut dire que nous allons devoir pour commencer travailler avec quelqu'un qui a un permis. Pour commencer il nous faudrait travailler dans le cadre d'une entente que nous pourrions conclure pour un produit de la pêche.
Pour finir, une fois qu'on aura obtenu des revenus de cette entreprise hauturière, alors nous espérons pouvoir monter une entreprise côtière, et dans ce cas nous ferions la commercialisation nous-mêmes, éventuellement.
Mme Sophia Leung: Qui viseriez-vous?
M. Hugh St. Croix: Nous regarderions certainement en direction du marché japonais pour le produit cru et sans doute le marché chinois et taïwanais pour le produit cuit et décortiqué. Bien qu'il y ait un marché en Europe, évidemment, je crois que nous viserions sans doute le marché de l'Asie et du Sud-Est asiatique.
Mme Sophia Leung: Et la Colombie-Britannique? On y consomme beaucoup de crevettes.
M. Hugh St. Croix: Je ne sais pas quelles sont les possibilités pour la crevette en Colombie-Britannique, mais c'est certainement quelque chose que l'on pourrait envisager.
Mme Sophia Leung: Une dernière question. Vous avez un excellent député. Avez-vous fait pression auprès de lui pour qu'il essaie de présenter votre cas au MPO—c'est le plus facile—et aussi auprès du président du comité permanent? Avez-vous fait ça avant de venir ici?
M. Hugh St. Croix: Cela fait partie de nos opérations de lobbyisme, j'imagine.
Mme Sophia Leung: Merci.
Le président: M. St. Croix a travaillé dans des coopératives sur la côte nord du Labrador et il vient d'arriver pour s'occuper de celle de l'île Fogo pour la crevette.
[Français]
Monsieur St-Julien, vous avez une question?
M. Guy St-Julien (Abitibi, Lib.): Oui. Monsieur St. Croix, est-ce que vous entretenez des relations d'affaires avec les gens du Nord du Québec et du Nunavik et avec les Inuits concernant la pêche aux crevettes?
[Traduction]
M. Hugh St. Croix: Pas actuellement, bien que nous ayons discuté de certaines possibilités au cours de l'année écoulée en ce qui concerne le turbot, le crabe, et plus particulièrement l'araignée de mer. Nous n'avons pas conclu d'affaire pour l'instant, si vous voulez.
[Français]
M. Guy St-Julien: Quand on parle de Nunavik, on fait allusion à toute la baie d'Ungava. En regardant votre carte sur la pêche aux crevettes, on constate qu'on touche au secteur de la baie d'Ungava. Est-ce que les Inuits vont faire la pêche aux crevettes plus bas, vers le Labrador et Terre-Neuve?
[Traduction]
M. Hugh St. Croix: Oui, bien sûr. Tous les groupes du nord du Québec, de Baffin et du nord du Labrador ont accès à tous les secteurs de pêche hauturière à la crevette.
• 1205
J'ai eu pas mal à faire à ces divers groupes en étant directeur
général de Torngat Fisheries, lorsque nous avons formé en 1997 la
Northern Coalition. Je peux vous lire la liste des organisations de
la Northern Coalition, monsieur le président. Elle est constituée
de la Labrador Shrimp Company, de la Labrador Inuit Development
Corporation, de la Torngat Fisheries, de la Makivik Corporation, de
l'Unaaq Fisheries et de la Qikiqtaaluk Corporation.
Voilà les six organisations qui constituent la coalition du Nord. Il y a eu énormément de collaboration entre tous les gens du Labrador, de Baffin et du nord du Québec.
[Français]
M. Guy St-Julien: Est-ce que les Inuits se plaignent beaucoup des coûts? Quelle hausse le coût des permis de pêche à la crevette a-t-il subie depuis 1990? Seriez-vous en mesure d'indiquer quel en est le pourcentage?
[Traduction]
M. Hugh St. Croix: Je ne suis pas sûr de comprendre ce que vous voulez dire par le coût de...
[Français]
M. Guy St-Julien: De combien le coût du permis a-t-il augmenté depuis 1990?
[Traduction]
M. Hugh St. Croix: Depuis 1990, le coût du permis pour la crevette est passé de 2 500 à 150 000 $. Je ne sais pas, cela doit représenter une multiplication par plusieurs milliers de pour cent au cours des cinq ou six dernières années.
[Français]
M. Guy St-Julien: Une dernière question vraiment importante. Quel est le coût de la vie à l'île Fogo? Combien coûtent le pain et l'essence? Comment le coût de la vie se compare-t-il à celui du Sud? Y est-il trois ou quatre fois supérieur?
[Traduction]
M. Hugh St. Croix: Peut-être que Cecil pourra mieux répondre que moi à cette question. Je suis sûr que c'est au moins le double de ce que c'est à St. John's ou Gander et nous n'avons pas accès à tous les biens que l'on peut trouver à ces endroits.
M. Cecil Godwin: Je suis d'accord avec ce qu'a dit M. St. Croix. C'est le double, vraiment le double, et vous n'avez pas accès à la moitié de ce que l'on peut trouver sur l'île principale.
[Français]
M. Guy St-Julien: Merci.
[Traduction]
Le président (M. George Baker): Merci, mesdames et messieurs les membres du comité.
Monsieur St. Croix, êtes-vous porté à croire qu'il y aura une augmentation du contingent pour le secteur 6, et la coopérative de l'île Fogo se trouve pratiquement au milieu de ce secteur, exactement dans la zone du secteur 6, et à votre connaissance, il n'y a pas d'autre demande présentée par une collectivité de cette zone en dehors de la vôtre?
M. Hugh St. Croix: C'est exact. Nous sommes exactement au milieu. Que je sache, il n'y a pas d'autre demande. Cela ne veut pas dire qu'il n'y en ait pas d'autre, mais à notre connaissance, il n'y en a pas d'autre.
Monsieur le président, nous pensons vraiment que nous devrions... En fait, j'irais jusqu'à plaider auprès du comité pour qu'il prie instamment le ministre des Pêches et des Océans de nous donner un contingent de 3 000 tonnes de crevettes dans ce secteur.
De plus, monsieur le président, il y aura une augmentation qui sera sans doute de l'ordre de 20 000 à 23 000 tonnes; il n'y a donc pas de raison, absolument aucune raison... Cela devient une question morale maintenant, monsieur le président, un question morale.
Le président: Vous parlez d'une augmentation de 20 000 à 23 000 tonnes.
M. Hugh St. Croix: Nous pensons que ce sera le cas.
Le président: Vous êtes donc au milieu de cette zone, la seule organisation communautaire, une coopérative, et vous présentez une demande depuis 1987 et vous avez entendu dire par la bande que les choses ne se présentent pas bien pour vous pour les jours qui vont suivre s'agissant du quota de crevettes. Est-ce que c'est ce que vous dites au comité, M. St. Croix?
M. Hugh St. Croix: C'est exact, monsieur le président. En réalité, c'est à en pleurer.
Le président: La motion dont est saisi le comité est proposée par M. Stoffer. La motion veut que le président écrive au ministre des Pêches et des Océans au nom du comité pour lui demander de prendre en considération la demande de quota de pêche hauturière à la crevette de 3 000 tonnes présentée par la Fogo Island Co- operative Society Limited, si le MPO augmente les quotas.
(La motion est adoptée)
Le président: Merci beaucoup, MM. St. Croix et Godwin de vous être présentés devant le comité.
M. Hugh St. Croix: Merci beaucoup, monsieur le président. Merci tout le monde.
Le président: Le comité va siéger à huis clos. Le témoin comparaissant au sujet de l'Accord multilatéral sur l'investissement, le directeur général de la politique commerciale, comparaîtra devant le comité mardi prochain.
• 1210
Je vais donner un coup de marteau dans un instant, et nous
allons alors prendre une pause pour permettre de débrancher les
caméras de télévision. Nous allons siéger à huis clos pour terminer
le rapport sur la côte ouest. Cela ne devrait prendre que quelques
minutes.
Nous allons revenir dans environ deux minutes.
[Note de la rédaction: Les travaux se poursuivent à huis clos]