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TRGO Réunion de comité

Les Avis de convocation contiennent des renseignements sur le sujet, la date, l’heure et l’endroit de la réunion, ainsi qu’une liste des témoins qui doivent comparaître devant le comité. Les Témoignages sont le compte rendu transcrit, révisé et corrigé de tout ce qui a été dit pendant la séance. Les Procès-verbaux sont le compte rendu officiel des séances.

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37e LÉGISLATURE, 1re SESSION

Comité permanent des transports et des opérations gouvernementales


TÉMOIGNAGES

TABLE DES MATIÈRES

Le mardi 16 avril 2002




Á 1100
V         Le président (M. Ovid Jackson (Bruce--Grey--Owen Sound, Lib.))
V         Mme Madeleine Meilleur (conseillère, quartier Rideau-Vanier, Ville d'Ottawa)

Á 1105

Á 1110
V         Le président
V         M. James Moore (Port Moody--Coquitlam--Port Coquitlam, Alliance canadienne)
V         Mme Madeleine Meilleur
V         M. James Moore
V         Le président
V         M. Marcel Proulx (Hull--Aylmer, Lib.)

Á 1115
V         Mme Madeleine Meilleur
V         Le président
V         M. Marcel Proulx
V         Mme Madeleine Meilleur
V         M. Marcel Proulx
V         Mme Madeleine Meilleur
V         M. Marcel Proulx
V         Mme Madeleine Meilleur

Á 1120
V         Le président
V         M. Mario Laframboise (Argenteuil--Papineau--Mirabel, BQ)
V         Mme Madeleine Meilleur
V         M. Mario Laframboise
V         Mme Madeleine Meilleur

Á 1125
V         Le président
V         Mme Bev Desjarlais (Churchill, NPD)
V         Mme Madeleine Meilleur
V         Le président
V         M. Marcel Proulx

Á 1130
V         Mme Madeleine Meilleur
V         M. Marcel Proulx
V         Mme Madeleine Meilleur
V         M. Marcel Proulx
V         Mme Madeleine Meilleur
V         M. Marcel Proulx
V         Mme Madeleine Meilleur
V         Le président
V         M. Mario Laframboise
V         Le président
V         Mme Madeleine Meilleur

Á 1135
V         Le président
V         Mme Madeleine Meilleur
V         Le président










CANADA

Comité permanent des transports et des opérations gouvernementales


NUMÉRO 059 
l
1re SESSION 
l
37e LÉGISLATURE 

TÉMOIGNAGES

Le mardi 16 avril 2002

[Enregistrement électronique]

Á  +(1100)  

[Traduction]

+

    Le président (M. Ovid Jackson (Bruce--Grey--Owen Sound, Lib.)): Mesdames et messieurs, conformément au paragraphe 108(2) du Règlement, nous entendrons aujourd'hui des témoins au sujet des heures de service des camionneurs.

    Aujourd'hui, nous accueillons Madeleine Meilleur, conseillère municipale et présidente du comité des transports de la ville d'Ottawa . Nous vous souhaitons la bienvenue. Si vous voulez bien nous présenter votre exposé, nous passerons ensuite aux questions.

[Français]

+-

    Mme Madeleine Meilleur (conseillère, quartier Rideau-Vanier, Ville d'Ottawa): Merci beaucoup, monsieur le président, membres du comité.

[Traduction]

    Bonjour. Comme l'a dit le président, je suis conseillère municipale à Ottawa et je m'appelle Madeleine Meilleur. J'estimais qu'il était important pour moi, en tant que conseillère et présidente du comité des transports et des services de transports en commun de la municipalité, de venir vous rencontrer et de vous parler d'un sujet important qui touche tous les habitants de notre ville.

[Français]

    À titre de conseillère municipale et de présidente du Comité des transports et des services de transport en commun de la Ville d'Ottawa, j'ai le plaisir d'être ici aujourd'hui pour vous parler d'une cause qui touche tous les résidents et résidentes de notre ville.

[Traduction]

    Le 12 juillet 2000, le conseil municipal précédent a demandé au Comité permanent des transports de la Chambre des communes de tenir des audiences sur les heures de travail dans l'industrie du camionnage. À l'époque, nous avions soulevé plusieurs préoccupations au sujet du projet de règlement déposé par Transports Canada, préoccupations que j'aimerais reprendre aujourd'hui. Le printemps dernier, la ville de Toronto a également demandé la tenue d'audiences publiques sur cette question.

    Notre ville, avec une population de 800 000 habitants, est la deuxième en importance en Ontario. On compte 500 000 emplois à Ottawa, et le camionnage est vital pour notre économie. Sur le tronçon de 220 kilomètres qui sépare Chenaux de Hawkesbury, Ottawa est le seul endroit où les camions peuvent traverser la rivière. Il est donc évident que cela signifie que la ville d'Ottawa, principalement le centre-ville, voit passer tous les jours des milliers de camions qui vont du Québec à l'Ontario, et vice versa, en route vers leurs destinations.

    Les règlements fédéraux sur les heures de service s'appliquent aux entreprises de camionnage qui traversent une frontière provinciale ou internationale, mais ces camions traversent également des municipalités. Les règlements doivent en tenir compte. Tous les jours de la semaine, 24 heures sur 24, des camions assurant un service interurbain traversent le centre-ville d'Ottawa à destination et en provenance du Québec, de l'Ontario et des États-Unis.

    Cependant, les répercussions de ce phénomène ne sont pas propres à Ottawa. Sarnia et Windsor vivent la même chose en raison de leur proximité des États-Unis.

[Français]

    Chaque jour, la ville d'Ottawa est prise d'assaut par les camions lourds qui la traversent en route vers leur destination. C'est une situation dangereuse pour quiconque emprunte nos routes. Permettez-moi de vous expliquer pourquoi.

[Traduction]

    Voici l'itinéraire type des camions qui traversent le centre-ville d'Ottawa: les camions à destination du Québec quittent le Queensway à la bretelle de la rue Nicholas à une vitesse correspondant à celle de l'autoroute. Chemin faisant, ils franchissent plusieurs intersections où il y a des feux de circulation. Ils doivent effectuer un virage abrupt à droite sur Besserer, puis un virage abrupt à gauche sur Cumberland et un autre virage à droite sur Rideau avant d'effectuer un dernier virage abrupt à gauche sur King Edward. Ils doivent ensuite négocier une courbe serrée aux abords du pont Macdonald-Cartier qui relie le Québec et l'Ontario. Le 6 août 1997, un camion transportant 66 000 livres de rebuts de papier a versé sur le côté dans cette courbe. De toute évidence, cet itinéraire est compliqué et dangereux, même pour un conducteur expérimenté.

    En direction sud, le défi est semblable, sauf que les camionneurs doivent effectuer un virage abrupt à gauche à partir de Rideau vers Waller. Des camions qui mesurent jusqu'à 82 pieds de longueur négocient des virages abrupts qui n'ont jamais été conçus pour ces véhicules. Pour effectuer ces virages, les camions bloquent deux ou même trois voies de circulation et roulent parfois un peu sur le trottoir. Ils circulent à quelques pouces à peine des piétons, cyclistes, automobilistes et de toute personne qui se trouve dans la rue ou sur le trottoir. Certains de ces camions transportent même des matières dangereuses qui pourraient causer des problèmes importants au centre-ville d'Ottawa si un accident survenait.

    Au cours d'une période de deux mois à l'automne de 1999, trois camions lourds ont perdu leur charge de bois à la hauteur de la sortie Nicholas et du Queensway. Tout leur chargement s'est retrouvé sur la chaussée, causant des blessures et provoquant un important dérangement de la circulation.

Á  +-(1105)  

[Français]

    En deux mois, en 1999, trois camions lourds ont perdu leur charge à la hauteur de la sortie Nicholas, trois camions lourds en deux mois. Depuis, on a pris des mesures pour que de tels accidents ne se reproduisent plus. Mais je vous pose la question. Est-ce toujours un accident si le problème est connu depuis longtemps?

[Traduction]

    Je dois d'ailleurs signaler que notre municipalité et d'autres partenaires gouvernementaux essayent de trouver un autre itinéraire pour le camionnage interprovincial, itinéraire qui limiterait le nombre de camions qui passeraient par notre centre-ville. Cependant, il pourrait s'écouler encore 10 ans avant qu'on trouve la bonne solution. Même là, les camions lourds devront toujours négocier des bretelles qui continueront de présenter un risque de capotage, genre d'accident qui compte pour la majorité des décès des camionneurs.

    Même lorsque la situation est à son mieux, une personne alerte au volant de sa petite voiture peut avoir de la difficulté à circuler au centre-ville d'Ottawa, dans les rues qu'empruntent les camions. Que peut-on dire d'une personne qui a été au volant 14 heures d'affilée pendant le quart de nuit au volant d'un camion de 140 000 livres? Que dire si cette personne a également conduit pendant plus de 80 heures par semaine, plusieurs semaines de suite? À quoi peut-on s'attendre en fait de vigilance de la part du conducteur alors que le camion s'approche d'une des intersections du centre-ville? Voilà précisément le genre de situations dangereuses qui continueront de se produire si le projet de règlement de Transports Canada ne fait pas l'objet d'une révision.

    Ayant personnellement une expérience du travail dans le domaine des soins de santé, je sais de première main ce que les quarts de nuit et les longues heures de travail peuvent faire aux professionnels. Ils peuvent porter atteinte à leur jugement, bouleverser la vie familiale et causer un préjudice à leur santé physique et sociale. En bout de ligne, le fait d'avoir une main-d'oeuvre stressée et même brûlée est tout à fait contre-productif pour l'économie d'une organisation, quelle qu'elle soit.

    Une autre grande préoccupation en ce qui concerne le projet de règlement sur le camionnage, c'est que les règlements n'exigent pas que les camions desservant les longues distances soient munis d'enregistreurs électroniques. Cette technologie aide à assurer le respect des règles régissant les heures de service et elle est particulièrement utile pour les enquêteurs à la suite d'accidents. Le gouvernement doit vérifier les heures de service, en particulier dans l'industrie du camionnage, où un beaucoup trop grand nombre de travailleurs ne sont pas représentés par des syndicats.

    Aux États-Unis, les règlements proposés pour régir les heures de service des camionneurs sont davantage axés sur la sécurité que ceux que l'on propose au Canada. Parmi les grandes caractéristiques des règles proposées aux États-Unis, mentionnons un quart maximal de 12 heures de conduite, comparativement à 14 à 16 heures au Canada; un maximum de 60 heures de conduite par semaine pour les conducteurs aux É.-U., comparativement à 84 heures au Canada; une période de repos minimale de 48 heures une fois par semaine aux É.-U., comparativement à 36 heures au Canada; et l'obligation d'avoir des enregistreurs électroniques aux É.-U. à bord des camions, mais non au Canada. En outre, le Conseil national de la sécurité des transports des États-Unis est déjà habilité à mener des enquêtes sur les graves accidents mettant en cause des camions, mais non le Bureau de la sécurité des transports du Canada.

    Vous avez tout à fait raison de discuter et de faire l'examen de la question des heures de service pour les camionneurs. Les camions effectuant des longues distances et qui pèsent jusqu'à 140 000 livres circulent dans nos municipalités et sont partout sur les routes de notre collectivité. Je vous exhorte à ne pas oublier que la sécurité des camionneurs, des résidents et des visiteurs doit être la toute première priorité dans l'examen de cette question.

    Je vous remercie de m'avoir donné l'occasion de venir témoigner. Merci beaucoup.

Á  +-(1110)  

+-

    Le président: Merci, Madeleine.

    Y a-t-il des questions? James.

+-

    M. James Moore (Port Moody--Coquitlam--Port Coquitlam, Alliance canadienne): Oui, j'ai une question.

    Dans le cadre de vos consultations des camionneurs, en particulier dans l'est ontarien—nous avons entendu des opinions différentes à ce sujet—qui devrait assumer le coût de l'installation, de l'entretien, etc. du matériel électronique? Est-ce que cela devrait tout simplement revenir aux camionneurs?

+-

    Mme Madeleine Meilleur: Oui. Cela devrait faire partie de leur matériel.

+-

    M. James Moore: De plus, est-il possible d'obtenir, exception faite du hansard...? Auriez-vous par hasard une version écrite de votre déclaration?

    Mme Madeleine Meilleur:Oui.

    M. James Moore:Elle arrive. C'est tout, merci.

+-

    Le président: Je donne la parole à Marcel, ensuite aux libéraux.

[Français]

+-

    M. Marcel Proulx (Hull--Aylmer, Lib.): Thank you, Mr. Chair. Merci, madame Meilleur, de prendre le temps de venir témoigner ici ce matin.

    Dans votre exposé, madame Meilleur, vous traitez de deux problèmes, le premier étant la situation inacceptable du camionnage à l'intérieur de la ville d'Ottawa et le deuxième étant la situation inacceptable quant aux heures de travail des camionneurs.

    Je vais traiter du premier sujet pour commencer. Le fait que le camionnage représente un problème dangereux et constant dans le centre-ville d'Ottawa n'est certainement pas de la juridiction du Comité des transports ou du gouvernement fédéral. On se souvient que la planification qui avait été faite avant la construction du pont Cartier-Macdonald voulait que la Ville d'Ottawa se charge d'établir une route tout à fait sécuritaire du côté de l'Ontario et que la Ville de Hull en fasse autant du côté du Québec.

    La Ville de Hull a fait ses devoirs. Elle a non seulement fait sa planification, mais aussi construit l'autoroute 5 avec l'aide du gouvernement provincial et l'aide du gouvernement fédéral, surtout. Elle a construit la jonction de l'autoroute 50 et le boulevard Maisonneuve. Il n'y a pas de problème du côté de l'Outaouais québécois, alors que du côté d'Ottawa, c'est un problème quasi éternel, même qu'à différentes reprises, vous avez menacé la population de l'ouest du Québec de fermer l'accès de façon quasi permanente à l'avenue King Edward en modifiant l'intersection, ce qui était totalement inacceptable autant pour la population d'Ottawa que pour la population de l'ouest du Québec.

    Vous avez encore le problème du côté d'Ottawa, premièrement, de ne pas vouloir avoir accès au Queensway sous la Côte de Sable. Deuxièmement, vous avez refusé, du côté d'Ottawa, de compléter le réseau reliant la promenade Vanier au pont Cartier-Macdonald parce que ça allait déranger des gens dans votre secteur New Edinburgh.

    Vous parlez d'une solution qui pourrait enlever le camionnage du centre-ville d'Ottawa, mais qui pourrait prendre une dizaine d'années. Je veux vous rappeler, madame Meilleur, qu'il existe un corridor qui a été approuvé autant du côté d'Ottawa, en Ontario, que du côté de la nouvelle municipalité de Gatineau et par la province, qui serait le corridor Kanata-Aylmer, qui se joindrait au boulevard de l'Outaouais qui, éventuellement, se joindrait à l'autoroute 5 et à l'autoroute 50.

    Donc, le premier problème dont voulez discuter ou que vous nous présentez n'est pas, pour moi, un problème qui relève de la juridiction du Comité des transports non plus que du gouvernement fédéral. Des solutions existent; on en a déjà discuté. Il y aurait la possibilité de tunnels, de murs antibruit, etc., mais il ne semble pas y avoir de volonté du côté d'Ottawa pour trouver une solution au problème relié au pont Cartier-Macdonald. Mais pour le moment, en attendant qu'il y ait une entente quelconque à l'est, il y aurait sûrement une façon de trouver une solution pour le corridor Kanata-Aylmer.

    Deuxièmement, quant aux problèmes causés par les heures de travail et la fatigue des conducteurs, je vous donne entièrement raison, madame.

    Merci.

Á  +-(1115)  

+-

    Mme Madeleine Meilleur: Je voudrais commenter sur ce que M. le député vient de dire. Premièrement, je crois que le transport interprovincial est de juridiction fédérale. M. Collenette l'a reconnu lorsqu'on l'a rencontré au début de décembre, Bob Chiarelli et moi. Il a reconnu qu'on avait un problème au centre-ville d'Ottawa.

    Je ne peux pas dire qui a pris la décision. Je sais que ce n'est pas une décision municipale que de dire où ira un pont interprovincial, mais que cela est bien de juridiction fédérale et de juridiction provinciale.

    Alors, c'est un problème. Le problème est là; il faut composer avec le problème aujourd'hui. Ce que je voulais souligner aujourd'hui, c'est qu'on a présentement 10 000 camions lourds qui passent au centre-ville et qui essaient de composer avec tous les détours que je vous ai expliqués. Même les camionneurs voudraient une autre route. Présentement, il n'y a pas de volonté fédérale-provinciale de régler ce problème, dont la solution serait la construction d'un pont à l'est et à l'ouest de la ville.

    Comme représentante du centre-ville, je dois composer tous les jours avec les problèmes qu'apportent les 40 000 voitures et les 10 000 camions lourds sur l'avenue King Edward, ce qui divise une communauté du centre-ville.

    Je veux vous dire aujourd'hui que lorsqu'on change des règlements ou que l'on augmente les heures de conduite de ces camionneurs, il faut penser que les camionneurs ne conduisent pas seulement sur les grandes routes, mais qu'il y en a 10 000 qui passent à tous les jours dans ma communauté. S'il y a un accident et que des produits dangereux sont déversés sur King Edward, il est difficile d'aller de l'est à l'ouest parce que c'est un centre nerveux de la capitale. C'est ce que je voulais vous dire aujourd'hui.

    Je ne voulais pas déterrer des débats qui existent depuis longtemps. Ce que je propose, en ouvrant une parenthèse, c'est de solutionner un problème qui existe au milieu d'une communauté et non de le transférer dans une autre communauté de résidents.

    Merci.

[Traduction]

+-

    Le président: Monsieur Proulx.

[Français]

+-

    M. Marcel Proulx: Quel palier de gouvernement avait pris la décision d'utiliser King Edward, Rideau, Cumberland, etc. au lieu d'autres alternatives? La décision avait-elle été prise au niveau provincial, au niveau régional ou au niveau...?

+-

    Mme Madeleine Meilleur: Comme je n'étais pas là à ce moment-là, je ne pourrais pas répondre à votre question. Tout ce que je vous dis aujourd'hui, c'est que la décision de l'emplacement d'un pont interprovincial est de juridiction fédérale-provinciale. Alors, je dois conclure que c'était le ministre des Transports de l'époque et les ministres provinciaux qui avaient pris la décision. Les municipalités sont responsables de construire les infrastructures qui mènent à ces ponts-là.

+-

    M. Marcel Proulx: Est-ce que la Ville d'Ottawa envisage la construction d'infrastructures qui partiraient du pont Cartier-Macdonald pour dégager King Edward, Rideau ou Cumberland?

+-

    Mme Madeleine Meilleur: Absolument pas. La Commission des affaires municipales de l'Ontario nous a sommés de faire en sorte que le prochain pont en soit un pour les camions, c'est-à-dire à l'extérieur du centre-ville, et elle a donné des directives au fédéral autant qu'aux provinces à cet effet.

+-

    M. Marcel Proulx: Mais entre-temps, qu'allez-vous faire pour réduire le problème sur King Edward?

+-

    Mme Madeleine Meilleur: On n'a pas de solution. On va essayer de composer avec le problème. On est en train de planifier la reconstruction de King Edward parce qu'on doit la reconstruire. L'infrastructure souterraine est désuète et il y a des vibrations. Il faut penser qu'on divise une communauté et que ce sont des résidences qui se trouvent de chaque côté. Il y a très peu de commerces parce que les rares commerces qui étaient là sont partis parce qu'ils ne pouvaient pas survivre; c'est l'enfer. Je vous invite à m'accompagner le midi sur l'avenue King Edward. Radio-Canada a essayé à plusieurs reprises de faire des entrevues avec moi, mais c'est impossible: on ne s'entend pas. Je devais porter des écouteurs pour entendre les questions.

Á  +-(1120)  

+-

    Le président: Merci beaucoup. Monsieur Laframboise.

+-

    M. Mario Laframboise (Argenteuil--Papineau--Mirabel, BQ): Merci, monsieur le président.

    Savez-vous ce qui me surprend? C'est que notre collègue de Hull--Aylmer dise sans rire que le fédéral n'a aucune responsabilité dans le dossier du transport interfrontalier. Vous avez tout à fait raison, madame. Pourquoi a-t-on un gouvernement au Canada si ce n'est pour que le ministère des Transports puisse assurer la libre circulation des biens et des services entre les provinces?

    Dans le dossier du transport interfrontalier, des annonces ont été faites. Il faut s'imaginer ceci. À Montréal, en campagne électorale, vous avez promis deux ponts et une autoroute pour dégager la circulation sur la rive sud. C'est bien, mais il n'y a jamais eu d'annonces pour venir en aide à la ville d'Ottawa qui subissait un trafic lourd terrible.

    Vous avez tout à fait raison, madame. En plus de cela, dans l'ouest du Québec, on doit subir aussi vos sautes d'humeur, parce que quand ça ne va pas bien, vous dites qu'il va falloir que ça cesse. Mais jamais, en campagne électorale, on n'a entendu le gouvernement fédéral dire qu'il allait aider à construire des routes et des ponts pour régler le problème de la ville d'Ottawa, qui est la deuxième plus grande ville en Ontario: jamais. Pourquoi? Probablement parce que ça vote rouge ici, dans la région, depuis que le monde existe, probablement. C'est là qu'est le problème.

    Vous avez tous les moyens pour qu'il y ait véritablement une desserte qui soit responsable envers votre communauté et vos citoyens et qui soit à l'image d'un développement économique de l'an 2000. Il aurait dû y avoir des annonces de faites. Il y en a eu ailleurs; il y en a eu au Québec. Il y en a eu pour 1,5 milliard de dollars, mais vous, vous n'en avez pas eu. Vous n'êtes pas là-dedans.

    Quelque part, vous devez vous battre aujourd'hui, et sans rire, le député de Hull--Aylmer nous dit que le fédéral n'a aucune responsabilité là-dedans. Je n'en reviens pas. Le fédéral, au contraire, a toute la responsabilité et doit s'assurer qu'on ait un développement économique adéquat dans l'ouest du Québec et dans l'est de l'Ontario et dans la région de la capitale nationale.

    M. Marcel Proulx: Monsieur Laframboise, je n'ai jamais dit...

    M. Mario Laframboise: Non. Vous répondrez quand vous aurez votre chance, monsieur le député. Monsieur le président, c'est mon tour de parler.

    Donc, je comprends le message que vous nous livrez aujourd'hui. Vous êtes aux prises avec une importante situation de trafic lourd, et les heures de camionnage sont une façon de s'assurer au moins que ce soit plus sécuritaire sur vos routes. Vous demandez au comité de se pencher sur les heures de travail et vous avez tout à fait raison. On a déréglementé le transport au Canada et cela a fait que des pressions ont été exercées sur l'industrie. On fait travailler les employés au maximum. Il n'y a pas de relève. C'est une industrie qui est en train de se fermer à la relève parce que les jeunes ne sont pas intéressés à travailler des heures de fous.

    Aujourd'hui, vous nous dites de réduire les heures de manière à ce qu'elles soient être comparables à ce qu'il y a aux États-Unis et que cela permettra peut-être d'avoir plus de sécurité. C'est un peu le message que vous nous livrez aujourd'hui. Évidemment, moi, je le reçois.

    Je voudrais vous poser la question suivante. Outre le fait que vous avez analysé ce qui se passe aux États-Unis, avez-vous eu la chance de rencontrer des entreprises de camionneurs ou des associations ou des représentants de l'industrie pour discuter des heures de travail? Est-ce que vous avez eu cette chance?

+-

    Mme Madeleine Meilleur: Le personnel de la Ville d'Ottawa les a rencontrés. Moi, je les ai rencontrés lors des débats concernant l'avenue King Edward. Je ne les ai pas rencontrés personnellement pour parler des heures, mais comme je vous le dis, le personnel les a rencontrés. Deuxièmement, il y a d'autres associations avec lesquelles je compose régulièrement qui les ont rencontrés.

+-

    M. Mario Laframboise: Finalement, la recommandation que vous nous faites d'apparenter nos heures à ce qui se fait aux États-Unis serait probablement une recommandation sortie de ces discussions.

+-

    Mme Madeleine Meilleur: Oui, ça vient de ces discussions, de discussions avec les experts dans le domaine, de nos professionnels dans le domaine du transport. Comme vous le savez, on a un très gros département des transports et de transport en commun à la Ville d'Ottawa. Pour nous, c'est une priorité. Je voyais que c'était un devoir pour moi aujourd'hui de venir vous adresser la parole sur ce sujet, pour les deux principales raisons que je vous ai indiquées, et aussi parce que cela va affecter nos municipalités, car je reconnais en vous quelqu'un du domaine municipal. Vous savez que ces camions traversent nos municipalités à tous les jours et qu'on doit s'assurer que nos routes sont sécuritaires, que nos piétons sont en sécurité, surtout ici, dans la ville d'Ottawa, où nous encourageons beaucoup le cyclisme, où nous encourageons beaucoup les gens à utiliser le transport en commun et à marcher. Imaginez que vous êtes sur l'avenue King Edward, que vous essayez de traverser et qu'il y a ces gros camions qui, comme je le disais plus tôt, transportent des produits dangereux. Je ne trouve pas que c'est très sécuritaire. C'est pour cette raison que je me devais de venir vous adresser la parole aujourd'hui.

Á  +-(1125)  

[Traduction]

+-

    Le président: Merci.

    Bev.

+-

    Mme Bev Desjarlais (Churchill, NPD): Je tiens à vous remercier de votre exposé aujourd'hui et certainement d'avoir présenté la perspective des municipalités qui sont très inquiètes du nombre d'heures de service des camionneurs. En effet, plusieurs des questions que vous avez mentionnées, y compris le fait que ces camions transportent des matières dangereuses dans les municipalités, que ce soit dans une situation...

    Je ne connais pas tous les rouages internes en ce qui concerne l'infrastructure et les environs d'Ottawa, mais je pense que ce que vous avez fait, c'est de mettre en évidence la nécessité de notre part de reconnaître non seulement le fait que les camionneurs sont obligés d'être au volant pendant plus longtemps en vertu de ces nouveaux règlements, mais que tout cela se fait dans différents cadres, que ce soit dans des municipalités ou sur la 401, où il y a littéralement des milliers et des milliers de véhicules en permanence, et pas seulement des camions. C'est donc un problème de sécurité.

    J'aimerais savoir si vous avez eu des discussions au sujet de la circulation des camions ou dles heures de service des camionneurs avec vos homologues des autres municipalités de l'Ontario, ou du Québec également, étant donné que c'est juste de l'autre côté de la rivière, soit par le biais de la Fédération canadienne des municipalités ou des groupes de travail des municipalités plus grandes qui se mettent ensemble.

+-

    Mme Madeleine Meilleur: Tel que je l'ai mentionné, il y a eu des discussions avec le personnel de notre municipalité et notre représentant au sein de l'association des municipalités de l'Ontario. Il y a donc eu des entretiens et je pense que l'augmentation du nombre d'heures de service les préoccupe pour la plupart.

    J'aimerais également ajouter, comme je l'ai dit dans mon exposé, que j'étais une infirmière dans une première carrière et que j'ai travaillé pendant le quart de nuit et que j'ai travaillé de longues heures, et je sais qu'après avoir sept ou huit heures de travail, au beau milieu de la nuit, vers 5 ou 6  heures, vous devez faire très attention aux décisions que vous prenez. Et vous me direz que c'était dans le domaine médical, mais c'est aussi important lorsque vous conduisez un camion de 140 000 livres et que vous avez la vie des gens autour de vous entre les mains. C'est très important. Est-ce que c'est aussi important? Je ne pense pas que nous puissions comparer, mais je sais ce que je ressentais à 5 ou 6 heures et même à 10 heures lorsqu'on me demandait de faire des heures supplémentaires en raison d'une pénurie de personnel. Nous ne devons pas oublier cela.

+-

    Le président: Merci beaucoup.

    Monsieur Proulx.

[Français]

+-

    M. Marcel Proulx: Madame Meilleur, on va revenir à notre conversation de tout à l'heure. Je pense que vous ne m'avez jamais entendu dire que la question des pont interprovinciaux ne relevait pas du fédéral ou des provinces. Mon collègue d'en face veut constamment faire le démagogue, mais il faudrait qu'il soit prudent puisque ça mène à des sondages de 20 p. 100.

    On va se comprendre. Oui, le fédéral a un rôle à jouer dans le dossier des ponts interprovinciaux, mais je suis certain que mon collègue d'en face serait le premier à nous accuser de ne pas être suffisamment démocratiques s'il fallait que le gouvernement fédéral impose aux municipalités et aux provinces les lieux où les ponts doivent être construits. Mon collègue d'en face est de l'Outaouais québécois. Il se sert de ces ponts-là régulièrement, mais je pense qu'il serait le premier à nous dire que nous ne sommes pas respectueux si nous imposions des endroits.

    Donc, j'aimerais savoir, madame, quel genre d'infrastructure, quel genre de pont vous voulez qu'on construise, et à quelle distance du centre-ville ce pont ou ces ponts devraient être construits pour éviter d'exposer la population à des dangers.

Á  +-(1130)  

+-

    Mme Madeleine Meilleur: Je pense qu'on doit avoir des routes pour les camions à l'extérieur des centres-villes, à l'extérieur des quartiers résidentiels. Je ne pense pas que le but de ma présentation d'aujourd'hui était de vous dire à quel endroit au juste et je ne pense pas que c'est le but de la consultation non plus. Alors, je ne peux pas vous dire aujourd'hui à combien de kilomètres du centre-ville on doit construire les ponts.

+-

    M. Marcel Proulx: Vous avez répondu à ma question. Vous êtes d'accord que ça doit être à l'extérieur des villes, sur des routes périphériques, dans des régions telles que Cumberland ou Kanata-Aylmer...

+-

    Mme Madeleine Meilleur: Absolument. Ce doit être à l'extérieur du centre-ville.

+-

    M. Marcel Proulx: ...jusqu'à ce que le développement rejoigne ces ponts-là. Dans 50 ans ou dans 100 ans, on recommencera, mais ça, c'est un autre problème.

+-

    Mme Madeleine Meilleur: Si on fait de la bonne planification urbaine et qu'on construit les ponts, on gardera ces corridors à l'extérieur et on ne permettra pas la construction de résidences. C'est ce que je veux dire.

+-

    M. Marcel Proulx: Merci, madame. Par contre, on doit se souvenir qu'une fois sur les routes périphériques, les camions doivent venir à l'intérieur des villes pour faire la livraison. Mais on ne se ramassera pas avec des camions qui sont simplement en transit dans les centres-villes.

+-

    Mme Madeleine Meilleur: Oui.

+-

    Le président: Mario.

+-

    M. Mario Laframboise: Ça me permet, monsieur le président, de faire comprendre à la population qui lirait le compte rendu de nos travaux ou qui nous écouterait et à vous, madame, que des dossiers aussi importants que celui des infrastructures... Je suis bien content que le député de Hull--Aylmer se soit corrigé pour dire que le fédéral a une responsabilité en matière de ponts, mais au Québec, le fédéral s'est reconnu des responsabilités dans bien plus que les ponts. Le dossier de l'autoroute 30, à Montréal, en est un exemple, avec des tronçons de routes et des ponts. Ils sont prêts à payer. Ils ont des budgets.

    Quand on l'écoutait parler tout à l'heure, c'était comme si c'était la responsabilité de la Ville d'Ottawa. Finalement, c'est vous qui aurez la facture. Si les fédéraux le veulent et qu'ils sont si sérieux, ils n'ont qu'à allonger les promesses et les millions de dollars sur la table. Ils ont des surplus pour les infrastructures. Vous avez sûrement suivi cela. Il y a le Programme stratégique d'infrastructures routières, mais il n'a jamais été question des ponts d'Ottawa, ni des routes, ni du développement de la ville d'Ottawa, jamais, jamais, jamais. Or, c'est la deuxième plus grande ville en Ontario. Je n'en reviens tout simplement pas.

    Mais encore une fois, cela fait leur affaire que ça prenne 10 ans avant que vous choisissiez le site. Ils n'auront pas un sou à dépenser pendant 10 ans. Ça fait leur affaire. Ils vous laissent faire. Il faut apprendre à les connaître. Je suis nouveau dans le métier et je commence à apprendre à les connaître. Je veux juste vous dire qu'il faut s'attendre à ce qu'il ne se passe rien, car tant et aussi longtemps qu'ils ne décideront pas d'investir...

    Ils l'ont fait. Pour l'autoroute 30 à Montréal, ils ont commandé une étude indépendante pour savoir combien ça coûterait, comment on ferait cela, etc. Jamais ils n'ont fait cela ici. Ils vont vous laisser faire et ne mettront pas un sou. C'est ça qui est difficile, car pendant ce temps-là, vous devez supporter le trafic lourd et votre population doit supporter tout ce problème inhérent au transport dans une ville, le problème de la circulation. Cherchez les pays où la capitale n'a pas une infrastructure de lien direct. Vous nous disiez combien de feux de circulation un camion devait passer pour atteindre une voie rapide. Dans tous les pays industrialisés, Ottawa est probablement la seule capitale qui n'a pas de lien direct afin d'éviter qu'on doive passer une dizaine de feux de circulation pour atteindre une voie de service. C'est probablement la seule, et je trouve cela bien effrayant.

    La capitale n'est pas fédérale? Quant à moi, vous pouvez bien la garder, et ce n'est pas grave, mais c'est quand même votre capitale nationale. J'espère que vous allez la rendre attrayante.

    Merci.

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    Le président: Merci beaucoup.

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    Mme Madeleine Meilleur: Ce n'est pas une question, mais si je peux répondre, je dirai qu'on fait présentement une consultation auprès de la population, justement pour la reconstruction de l'avenue King Edward. Bien sûr, tous les commerçants, résidents, gens d'affaires et politiciens souhaitent qu'on trouve une solution pour que le trafic lourd soit redirigé à l'extérieur du centre-ville. C'est aussi le souhait des camionneurs. Alors, si vous avez de l'influence, si votre comité peut nous donner un coup de pouce... M. Collenette a reconnu sa responsabilité et il doit prendre le leadership afin de trouver une solution pour le centre-ville d'Ottawa.

Á  -(1135)  

[Traduction]

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    Le président: Avons-nous d'autres questions pour le témoin?

    Puisqu'il n'y en a pas, je tiens à vous remercier de votre exposé. Il sera pris en compte avec tous les autres renseignements dont nous disposons au moment de rédiger notre rapport.

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    Mme Madeleine Meilleur: Merci de m'avoir invitée aujourd'hui. Merci.

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    Le président: Nous allons suspendre nos travaux pendant quelques instants avant de discuter à huis clos des travaux futurs du comité.

    (Les travaux se poursuivent à huis clos)