Le greffier est en train de distribuer le rapport du comité de direction. Il est très bref. Nous nous sommes réunis, hier, pour discuter des questions que nous allons examiner, une fois l'étude du projet de loi terminée.
Nous avons analysé la proposition de M. Scarpaleggia et avons convenu de tenir deux séances d'information sur les sables bitumineux, l'historique des projets d'exploitation, la technologie employée, les plans futurs de mise en valeur, ainsi de suite. L'objectif, ici, est de recueillir le plus d'informations possible. Bien entendu, à l'automne, nous entreprendrons une étude plus détaillée.
Je vous demande d'y réfléchir pendant quelques instants. Si vous êtes d'accord, nous allons convoquer des témoins les 16 et 18 juin pour qu'ils nous renseignent sur le sujet. Nous allons faire tout notre possible pour inviter un large éventail de témoins.
Des voix: D'accord.
Le président: Nous allons faire le point sur la réunion de lundi. Quatre témoins ont confirmé leur présence. Il se peut qu'il y en ait deux autres du Manitoba, ce qui ferait six.
Y a-t-il des questions? Tout est clair.
Nous allons maintenant accueillir notre témoin et lui demander de nous parler de son projet de loi. Je vous souhaite la bienvenue.
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Merci, monsieur le président, de bien m'accueillir à ce comité pour parler du projet de loi C-469 que j'ai déposé à la Chambre en octobre 2007 et qui vise la modification de la Loi canadienne sur la protection de l'environnement.
Je suis heureux d'être ici parce que je viens de la circonscription de Berthier—Maskinongé, où l'on retrouve environ 700 lacs et plusieurs rivières. Il y a aussi plusieurs activités récréotouristiques. Les gens se baignent l'été et pratiquent d'autres activités aquatiques. L'an dernier, dans la même circonscription, cinq lacs ont été fortement touchés par les cyanobactéries, de sorte que plusieurs activités aquatiques ont été compromises.
Comme vous le savez, ce projet de loi propose d'interdire la fabrication, la vente ou l'importation des détergents à lessive ou à vaisselle qui contiennent des phosphores, et ce, dans le but de freiner la problématique de la prolifération des cyanobactéries appelées également algues bleues, que l'on connaît depuis quelques années. Le projet de loi qu'on étudie aujourd'hui est en fait la suite logique des décisions qui ont été prises par votre comité.
En effet, dès le 12 juin 2007, considérant qu'il était urgent d'amorcer rapidement la lutte contre la prolifération des algues bleues, le député de Rosemont—La Petite-Patrie, au nom du Bloc québécois, a déposé et fait adopter, par votre comité, une motion qui demandait au gouvernement d'agir rapidement afin qu'il modifie ses règlements pour interdire rapidement l'usage des phosphates dans les détergents.
Constatant que le gouvernement refusait de répondre favorablement à cette motion à l'époque, et toujours soucieux de lutter contre le phénomène des algues bleues, j'ai déposé, le 25 octobre 2007, à la suite de plusieurs pressions de citoyens dans ma circonscription et de l'augmentation du phénomène dans l'ensemble du Québec, le projet de loi C-469 visant à interdire la fabrication et l'importation de détergents contenant des phosphates dans un délai de 180 jours, ainsi que la vente de tels produits dans un délai de 360 jours.
Par ce projet de loi, nous demandions au gouvernement d'agir dans le champ de compétence qui est le sien. Puisque Ottawa est responsable de réglementer les produits importés, le gouvernement fédéral se doit d'agir afin d'exercer un impact réel sur les fabricants et de les forcer à modifier leurs pratiques. De plus, si l'interdiction s'applique sur l'ensemble du territoire canadien, une entreprise n'a plus d'intérêt à fabriquer, à importer et à vendre des détergents qui contiennent des phosphates.
Entre-temps, il ne faut pas oublier que le 25 septembre 2007, le gouvernement du Québec faisait savoir qu'il entendait présenter un programme gouvernemental de lutte contre les algues bleues, qui comprendrait notamment l'interdiction des phosphates dans les détergents pour lave-vaisselle. La ministre québécoise de l'Environnement enjoignait dès lors le gouvernement fédéral de faire de même en changeant son règlement pour augmenter l'effet commercial de l'interdiction des détersifs pour lave-vaisselle et les détergents qui contiennent des phosphates, et ainsi renforcer et rendre plus efficace la législation dont le Québec entendait se doter.
Finalement, ce n'est que lorsque le projet de loi C-469 a été adopté à l'étape de la deuxième lecture, le 13 février 2008, que le gouvernement fédéral a finalement présenté son plan. En effet, le vendredi 15 février, le gouvernement a fait savoir qu'il emboîterait le pas aux gouvernements du Québec et du Manitoba en restreignant la concentration de phosphates dans les divers détergents.
En conséquence, selon le plan annoncé, le gouvernement fédéral entend imposer d'ici 2010 une limite pour les phosphates de 0,5 p. 100 du poids, pour ce qui est des détersifs à lessive et à vaisselle.
Nous avons pu constater que le plan fédéral est similaire au plan québécois. Par contre, le gouvernement aurait pu, malgré tout, être plus ambitieux, car l'interdiction n'est pas totale et, surtout, n'entrera en vigueur qu'en 2010, alors que les produits de remplacement, comme vous le savez, existent déjà.
Je crois qu'il est important de répéter qu'il est urgent d'agir le plus rapidement possible face à cette problématique, afin de freiner la prolifération des algues bleues.
Depuis le tout début, si nous avons décidé d'intervenir dans ce dossier, c'est que nous pouvons tous constater à quel point cette prolifération prend de l'ampleur. Ce phénomène n'est pas nouveau, mais il a pris de l'expansion au cours des dernières années. Au Québec, en 2005, on a détecté des cyanobactéries dans 50 lacs. L'année suivante, on a vu ce nombre doubler: il est passé à 107 lacs touchés par les cyanobactéries. Et en 2007, plus de 200 lacs du Québec étaient touchés par le même phénomène. Il y a donc eu quatre fois plus de lacs touchés en deux ans.
Rien ne nous dit qu'en 2008, ce phénomène diminuera. Au contraire, il devrait augmenter, d'où l'importance d'agir rapidement. Plus nous retardons la mise en œuvre de ces mesures, plus la situation va se détériorer, et davantage de plans d'eau seront touchés.
C'est pour cela que nous demandons que la nouvelle réglementation s'applique dès 2009, d'autant plus qu'il existe déjà sur le marché, comme je l'ai déjà mentionné, des produits de remplacement en grande quantité et accessibles.
Je suis tout à fait conscient que l'interdiction des produits contenant des phosphates dans les détersifs ne suffira pas à enrayer complètement la présence des algues bleues dans nos plans d'eau. Nous savons tous que le surplus de phosphore dans les plans d'eau provient de nombreuses activités humaines, par exemple les rejets d'eau non traitée ou insuffisamment traitée, les installations septiques déficientes et, surtout, les activités agricoles.
Par contre, il ne faut pas oublier que dans certaines régions, les activités agricoles sont moins présentes près des plans d'eau. Par exemple, de plus en plus de personnes choisissent de vivre de façon permanente aux abords des plans d'eau, ce que je peux constater dans la circonscription que je représente. De nombreuses personnes qui occupaient des résidences dites secondaires à l'époque choisissent de les occuper de manière permanente. Ce ne sont plus des chalets d'été, mais bien des résidences principales équipées, par exemple, d'un lave-vaisselle qui utilise des phosphates, ce qui amplifie le phénomène des cyanobactéries, d'où l'importance de ce projet de loi et la nécessité d'agir rapidement.
Mais comme je l'ai dit, éliminer les phosphates dans les détergents ne va pas enrayer complètement cette problématique. D'autres actions seront nécessaires, comme conserver ou restaurer la végétation et le caractère naturel des rives et des lacs — des actions qui sont davantage entreprises actuellement au Québec —, éviter d'utiliser des fertilisants ou des engrais chimiques, et voir au bon fonctionnement et à l'entretien des fosses septiques.
Toutes ces questions qui touchent l'aménagement du territoire et les pratiques agricoles relèvent de la compétence du Québec et des provinces. D'ailleurs, le plan d'intervention du gouvernement du Québec propose une série d'outils réglementaires de prévention et de sensibilisation et les met à la disposition des municipalités, pour les aider à faire face à ces défis.
Je terminerai, monsieur le président, en répétant que l'interdiction des phosphates dans les détersifs peut être facilement mise en œuvre par le gouvernement fédéral. Depuis le tout début de ce processus, nous avons été ouverts aux discussions et aux propositions afin d'améliorer le projet de loi, comme la possibilité d'ajouter un amendement qui éviterait de pénaliser les centres hospitaliers, s'il n'y a pas de produits de remplacement.
Je crois qu'il est primordial de répéter l'importance d'agir rapidement et de s'assurer que la réglementation s'applique dans les plus brefs délais, afin d'éviter que cette situation s'aggrave.
Merci, monsieur le président.
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Merci, monsieur le président.
D'abord, monsieur André, je vous félicite pour votre initiative. J'ai eu la chance d'aller dans votre circonscription il y a quelques mois. J'ai vu que ce genre de mesures est attendu, plus particulièrement par les citoyennes et citoyens riverains — qui vivent près des lacs et des rivières — non seulement de votre circonscription, mais de toutes les régions du Québec. Je pense, entre autres, au Saguenay–Lac-Saint-Jean.
On se rend compte que cette mesure n'est pas simplement reliée au fait que la contamination ou l'eutrophisation des lacs est attribuable aux activités agricoles, mais également aux activités humaines. En ce sens, le projet de loi a toute sa valeur.
Vous avez répondu aux questions de M. Scarpaleggia sur différents aspects. Je comprends que vous souhaitez une exemption pour les établissements de santé, par exemple les centres de soins de longue durée et les hôpitaux, bien sûr, tout en assurant le respect d'un certain nombre de normes de santé publique.
Vous nous avez dit aussi être prêts à amender le projet de loi pour intégrer la limite de 0,5 p. 100 prévue dans la réglementation tant fédérale que québécoise. On est donc près de s'entendre. La seule chose sur laquelle on discute est le moment où la réglementation devrait s'appliquer.
Devrait-elle s'appliquer maintenant ou en 2010? Est-ce bien ce que je comprends de votre témoignage d'aujourd'hui? Presque tout le monde s'entend, sauf pour ce qui est de l'application immédiate de la réglementation. On finira peut-être par s'entendre là-dessus.
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Vous avez fait une bonne synthèse du témoignage, monsieur Bigras. Je vous remercie de votre question.
On s'est demandé pourquoi on n'agirait pas immédiatement. Le Manitoba ou la Nouvelle-Écosse vivent le même phénomène, mais je vais vous parler du Québec, que je connais davantage.
Les gens sont prêts et organisés. On s'est rendus dans certaines régions où il y a des lacs. Comme je le mentionnais à M. Scarpaleggia, on retrouve des produits sans phosphate. Les gens sont sensibilisés. Les municipalités légifèrent sur la végétation des berges. Elles veulent prendre des moyens pour surveiller et encadrer davantage les fosses septiques. Pourquoi ne pas agir maintenant, alors qu'on sait que le phénomène grandit d'année en année?
L'année dernière, 200 lacs ont été touchés. Quel sera leur nombre, en 2008? Le nombre de lacs touchés pourrait augmenter d'une centaine et atteindre 300, et cette tendance se poursuivra. Une fois qu'un lac est touché, il faut compter quelques années avant qu'il ne redevienne sain et qu'on puisse exercer des activités aquatiques de façon sécuritaire.
L'eutrophisation du lac Mandeville, qui est situé dans mon comté, est élevée. Ce lac est mort, actuellement. Il contient une quantité de phosphore tellement élevée qu'une des solutions envisagées est de vider l'eau du lac. C'est incroyable mais vrai. Certaines études examinent cette option. Bien sûr, il y a la question des phosphates dans les détergents, des fosses septiques et de la pollution agricole. On parle de lacs dans lesquels les gens se sont baignés pendant des années.
Notre eau douce est notre richesse naturelle de l'avenir. Si on ne peut pas garantir la sécurité des activités aquatiques, il y a un sérieux problème. On a des moyens à notre disposition, et on peut agir rapidement. Le phénomène va s'amplifier. Pourquoi attendre encore deux ans?
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Donc, vous dites qu'il faut intervenir maintenant. Ce qui m'a frappé d'abord, c'est de constater qu'il y a des produits de remplacement. En principe, cela devrait permettre une accélération de la mise en place de la réglementation, il me semble.
Je consulte la revue Protégez-vous de mars 2008, une revue s'adressant aux consommateurs. Ce qui me frappe d'abord, c'est qu'il y a des produits de remplacement. De plus, les produits sans phosphate sont parfois plus efficaces — et je ne veux pas mentionner de noms bien connus — que des produits contenant des phosphates. Dans ceux contenant des phosphates, il est question d'une teneur entre 2 p. 100 et 6 p. 100. On a fait l'analyse des produits sans phosphate, en considérant effectivement la règle du 0,5 p. 100. Non seulement il y a des produits de remplacement, mais bien souvent ceux-ci sont plus efficaces que les produits qui contiennent des phosphates. C'est un peu paradoxal, il me semble.
Il y a un autre élément dont j'aimerais vous entendre parler. Les notes d'information de la Bibliothèque du Parlement nous disent: « La plus grande partie du phosphore anthropique provient de l'agriculture et des déchets humains. Au total, une part minime, peut-être 1 p. 100 à 1,5 p. 100, provient des détergents pour lave-vaisselle. »
Je me rappelle des arguments lors de l'étude de ma motion. On avait reçu un témoin à ce moment-là, M. Carignan — qu'on recevra encore prochainement —, qui nous disait qu'il y a un danger à utiliser une règle et des résultats canadiens, et de tenter de les appliquer dans des régions du Québec. Il nous donnait l'exemple des Laurentides — ce n'était pas particulièrement dans les plus Hautes-Laurentides, où il n'y a pas d'activité agricole — où il y a des lacs contaminés.
Constatez-vous la même chose dans votre région? N'est-il pas évident que, naturellement, la contamination est due bien souvent à des activités agricoles, mais aussi, dans certaines régions où il n'y a pas d'activités agricoles, à une contamination des lacs. Donc, c'est lié directement à l'utilisation. C'était ma première question.
Une deuxième chose m'intrigue: c'est de savoir s'il n'y a pas aussi un impact économique sur la valeur foncière des résidences autour de ces mêmes lacs. Prenons le cas de quelqu'un qui a acheté un chalet en 1960, alors que la qualité de l'eau respectait les normes, et que 30 ou 40 ans plus tard, à ce même endroit, il y a un lac contaminé.
Cela n'a-t-il pas aussi un impact pour ces citoyens et ces citoyennes qui font l'acquisition de ces résidences secondaires, qui, à un moment de leur vie, deviennent bien souvent des résidences principales? Donc, il y a un aspect environnemental, bien sûr, mais il me semble qu'il y a aussi un aspect économique lié à cet enjeu.
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Bien sûr, je suis d'accord avec vous, monsieur le député.
Lorsqu'on ferme un lac l'été, parce qu'il y a un taux trop élevé de cyanobactéries, cela a des effets économiques importants sur le milieu. Le Lac Maskinongé, à Saint-Gabriel-de-Brandon — vous devez le connaître — est fermé régulièrement. Cela a une conséquence désastreuse sur le plan économique, parce que l'économie de ce milieu repose sur l'industrie récréotouristique. Le Lac Maskinongé, c'est là où les gens pratiquent des activités aquatiques et viennent dans les chalets. Toute une vie estivale s'y passe. Cela a une conséquence économique pour le milieu, pour ce qui concerne les chalets et les maisons. Les gens qui viennent vivre aux abords d'un lac choisissent un lac dont l'eau leur inspire confiance. Ils veulent que cette eau soit saine, qu'elle réponde aux normes sanitaires et aux normes de santé publique. Dans ce cas, cela a un impact.
L'agriculture est un phénomène important. On sait que les engrais chimiques et tout le lisier de porc qui se déversent engendrent beaucoup de phosphore, qui entraîne des cyanobactéries. Dans ma circonscription, dans les Laurentides et dans d'autres circonscriptions — j'ai visité quelques autres endroits touchés par les cyanobactéries —, il y a des endroits où l'on retrouve seulement des chalets, où il n'y a pas d'activité agricole.
J'ai mis la main sur une étude du gouvernement de l'Ontario, réalisée par l'organisme Gartner Lee Ltd., portant sur les lacs Muskoka — plusieurs Ontariens doivent les connaître — à proximité desquels l'on retrouve plusieurs résidences. Cette étude démontrait que chaque résidence située à 300 mètres des lacs produisait environ 800 grammes de phosphore par personne. Si on multiplie par le nombre de chalets et le nombre de personnes, vous comprenez qu'une quantité importante de phosphore se déverse dans ces lacs. De 30 . 100 à 40 p. 100 du phosphore provenaient des installations septiques. Les installations septiques non conformes, non entretenues ou trop proches des lacs peuvent avoir un impact important sur le taux de phosphore. De 55 p. 100 à 60 p. 100 du phosphore provenaient des détergents qui contenaient des phosphates. C'est une étude du gouvernement de l'Ontario dont je pourrai indiquer la référence au comité.
Cela a quand même un impact important. Bien sûr, si en plus il y avait des activités agricoles autour de ces lacs, ça deviendrait...
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C'est malheureux, parce que c'est un document fort intéressant qui porte sur le projet de loi C-469.
M. Scarpaleggia vous a posé certaines questions que j'allais moi-même soulever. Toutefois, il y en a une, importante, qui me préoccupe. Vous lui avez dit que vous êtes d'accord avec l'idée de prévoir, dans le projet de loi, des exemptions pour les hôpitaux, par exemple. Vous êtes prêt, aussi, à faire passer la limite de zéro à 0,5 p. 100, ce qui correspond à la limite imposée par le Québec, le Manitoba et plusieurs États américains.
M. Scarpaleggia vous a demandé pourquoi vous insistez pour aller de l'avant avec le projet de loi, si la question doit faire l'objet d'un règlement. Vous avez dit, si je ne m'abuse, qu'une mesure législative est plus efficace qu'un règlement. Le rapport en discute, sauf qu'il n'y a pratiquement aucune différence entre l'approche réglementaire et l'approche législative. Les deux permettent d'atteindre le même but.
Vous savez que le gouvernement a publié un avis d'intention de modifier le règlement en février. Si l'on peut obtenir le même résultat par voie réglementaire ou législative, que le processus est déjà lancé et qu'il risque d'être achevé avant l'adoption du projet de loi, pourquoi aller de l'avant avec celui-ci?
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Merci de votre question.
Comme je l'ai indiqué auparavant, bien sûr, il y a d'autres règlements en cours de préparation. Aux États-Unis, plusieurs États, dont Washington, emboîtent le pas et vont adopter un taux d'environ 0,5 p. 100. Il y a l'Union européenne, qui se dirige vers ce 0,5 p. 100. Le gouvernement du Québec, par exemple, a légiféré à 0,5 p. 100. Le fédéral, comme je vous l'ai dit, n'aura pas de réglementation avant 2010 et va adopter le 0,5 p. 100.
Dès lors, on est prêts à accepter le 0,5 p. 100. Comme je l'ai expliqué, lorsqu'on a mis en place le projet de loi, il y avait des produits domestiques — et il y en a toujours — qui avaient une teneur de 0 p. 100. Cependant, après quelques contacts avec les entreprises, on a constaté que certaines entreprises ne pouvaient garantir de respecter ce 0 p. 100.
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Merci, monsieur Harvey.
Merci beaucoup, monsieur André. Tout cela, pour moi, est du déjà-vu. Il y a 35 ans, je disais qu'il fallait trouver un moyen d'éliminer le phosphore des plans d'eau. On semble enfin agir dans ce domaine, ce qui est une bonne chose.
Je tiens également à préciser que dans mon coin de pays, on a recours au GPS pour assurer la répartition des engrais et des semences. Aucune application n'a lieu dans les endroits situés près des cours d'eau ou là où le phosphore n'est pas nécessaire. Le secteur agricole a maintenant recours à des méthodes très scientifiques. Je ne sais pas si cela fait l'objet d'une loi ou non, mais il est économiquement avantageux, pour l'agriculteur, de contrôler l'application d'engrais qui coûtent, aujourd'hui, très chers.
C'est là un autre aspect positif de votre projet de loi. Merci de l'avoir déposé. Je sais que le comité va l'examiner. Nous allons entendre plusieurs autres témoins à ce sujet. Donc, merci d'être venu nous rencontrer.
Nous allons maintenant céder la parole aux représentants des ministères de l'Environnement et de la Justice. Je crois comprendre que nous allons avoir droit à un bref exposé de la part d'Environnement Canada. Nous passerons ensuite aux questions.
Madame Kenny, il paraît que vous avez une déclaration à faire. Je vous souhaite la bienvenue. Je sais que les membres du comité vont vouloir vous poser des questions.
Merci.
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Merci, monsieur le président et mesdames et messieurs les membres du Comité. Nous sommes heureux d'être parmi vous aujourd'hui pour appuyer le Comité dans l'examen du projet de loi.
Tout d'abord, je souhaiterais faire le point sur l'important problème que constituent les algues bleues et le rôle que joue le phosphore dans leur croissance. Nous savons que la charge en polluants phosphorés dans les eaux de surface peut entraîner de nombreux problèmes, dont l'épuisement d'oxygène, et que ces polluants agissent aussi comme des éléments nutritifs ou des engrais qui favorisent la croissance de certaines algues bleues.
Lorsque les concentrations d'éléments nutritifs dans les eaux de surface sont élevées, les algues bleues peuvent proliférer et dominer la communauté naturelle, et aussi produire des toxines nuisibles pour les êtres humains, le bétail et les poissons. Bien que ces toxines soient elles-mêmes inodores et insipides, d'autres composés peuvent occasionner des problèmes de goût et d'odeur désagréables, et affecter l'utilisation de l'eau à des fins de consommation et récréatives.
Environnement Canada surveille la présence d'algues bleues depuis bon nombre d'années et reconnaît qu'il est d'une importance capitale de réduire le risque que représentent ces toxines.
Il y a un facteur de prolifération que nous pouvons contrôler, et c'est la concentration de phosphore dans les eaux de surface. En fait, Environnement Canada a adopté pour la première fois un règlement à cette fin en 1970, d'abord en vertu de la Loi sur les ressources en eau du Canada, et ensuite de la Loi canadienne sur la protection de l'environnement.
Depuis l'entrée en vigueur de ce règlement, l'utilisation du phosphore dans les détergents à lessive a diminué de façon constante, mais le nombre croissant de lave-vaisselle dans les ménages canadiens indique que la quantité de phosphore provenant de cette source a augmenté. C'est la raison pour laquelle le gouvernement a récemment publié un avis d'intention dans la Partie 1 de la Gazette du Canada pour modifier le Règlement sur la concentration en phosphore.
Cet avis d'intention indique que les modifications proposées au règlement établiront à 0,5 p. 100 ou moins la concentration maximale de phosphore dans les détergents pour lave-vaisselle, selon le poids. À l'heure actuelle, les détergents pour lave-vaisselle ont une concentration moyenne en phosphore de 1 à 8 p. 100. Les résultats visés par cette proposition permettraient de réduire considérablement les concentrations de phosphore qui entrent dans les eaux usées.
L'avis d'intention propose également de diminuer davantage la concentration de phosphore dans les détergents à lessive et de ramener la limite actuelle, qui est de 2,2 p. 100, à 0,5 p. 100 ou moins, selon le poids.
Enfin, d'autres produits de nettoyage seront également examinés afin de déterminer s'il est possible de baisser la concentration maximale en phosphore à 0,5 p. 100 ou moins, selon le poids.
Au cours des derniers mois, nous avons mené d'importantes consultations, examiné les données scientifiques dans ce domaine et cerné les meilleures pratiques utilisées par d'autres gouvernements. Pour cette raison, il est clair que les modifications que je viens de décrire nécessiteront une reformulation à grande échelle des produits.
L'industrie a clairement signalé qu'elle est prête à respecter ces nouvelles limites, mais qu'elle a besoin de temps pour pouvoir reformuler tous les produits et trouver des solutions de rechange sûres et efficaces. En fait, l'Association canadienne de produits de consommation spécialisés a annoncé, en octobre, une initiative prise par l'industrie pour ramener volontairement à 0,5 p. 100 la concentration maximale de phosphore, selon le poids, dans les détergents pour lave-vaisselle d'ici juillet 2010. Nous savons également qu'un certain nombre d'États américains, de même que le Québec et le Manitoba, proposent des limites qui devraient entrer en vigueur en juillet 2010. Pour toutes ces raisons, nous pensons que l'on devrait prendre en compte toutes nouvelles normes ayant pris effet en juillet 2010.
En menant nos consultations et nos recherches, nous avons établi qu'il est important d'autoriser des exemptions raisonnables pour des raisons de santé et de sécurité. Cela est particulièrement crucial pour des établissements comme les hôpitaux et les restaurants, où les appareils ont une capacité bien plus importante, fonctionnent à plus haute température et ont un cycle beaucoup plus rapide que les appareils ménagers. Le phosphore contenu dans les détergents utilisés dans ces établissements joue un rôle majeur sur le plan sanitaire.
Les résultats de nos consultations et de nos recherches ont également mis en évidence les facteurs à prendre en considération concernant la concentration réglementaire de phosphore prescrite dans le règlement.
Il est important de noter que tous les autres gouvernements, notamment celui du Manitoba et du Québec, ont proposé une concentration maximale de phosphore de 0,5 p. 100 pour tenir compte de sa présence accidentelle et des difficultés techniques que pose son élimination totale de la composition des détergents.
À ce titre, une interdiction complète du phosphore dans les détergents pourrait être vue comme une infraction aux obligations auxquelles le Canada s'est engagé en vertu de l'Accord sur les obstacles techniques au commerce de l'OMC ou de l'ALENA, car elle constituerait une mesure plus restrictive que nécessaire au plan commercial, surtout que d'autres pays n'imposent pas une telle interdiction.
En plus de chercher des moyens de modifier le Règlement sur la concentration en phosphore, Environnement Canada travaille de concert avec les provinces et les territoires pour élaborer des normes et des règlements communs relatifs aux effluents d'eaux usées municipales en vue de réduire la concentration de phosphore qui entre dans nos eaux de surface.
Selon les données scientifiques actuelles, les effluents d'eaux usées municipales constituent l'une des plus importantes sources du phosphore qui entre dans nos cours d'eau. L'élaboration de normes nationales et de règlements harmonisés sur les effluents d'eaux usées municipales permettra de renforcer la norme canadienne pour le traitement des eaux usées municipales, et de veiller à ce que plus de phosphore soit éliminé par filtrage durant le traitement. Nous prévoyons proposer de tels règlements cette année.
Avant de conclure, je voudrais préciser que tous les plans d'eau et bassins versants sont uniques, et que la méthode de contrôle et de gestion des phosphates peut différer d'un système à l'autre. Les sources de pollution peuvent sembler évidentes, mais en réalité, le problème est complexe, car il existe de nombreuses sources.
Dans un bassin donné, certaines sources de phosphate peuvent être difficiles à repérer et à évaluer parce qu'elles se propagent, par exemple, dans les fosses septiques mal entretenues. C'est la raison pour laquelle il est également important qu'Environnement Canada continue de travailler de concert avec ses partenaires municipaux, provinciaux et territoriaux pour s'assurer que les mesures nécessaires sont prises en vue de protéger et de préserver les eaux canadiennes.
Comme je l'ai expliqué précédemment, le ministère de l'Environnement reconnaît que la prolifération d'algues bleues est un problème important et complexe. Par conséquent, nous sommes en faveur du projet de loi . Notre approche consiste, comme je viens de le décrire, à modifier le Règlement sur la concentration en phosphore, afin de réduire efficacement la quantité de phosphore que de tels produits déversent dans les eaux canadiennes et d'allouer le temps nécessaire pour atteindre les limites proposées.
Je conclurai en disant que le projet de loi est une option qui permet de faire face au problème important de la prolifération des algues bleues dans les rivières et lacs du Canada. Cependant, ce projet de loi présente un certain nombre de défis qui doivent être examinés davantage.
Nous répondrons volontiers aux questions des membres du comité. Je fournirai aussi les analyses ou les renseignements complémentaires que me demandera le comité.