:
Chers collègues, bienvenue à cette réunion du Comité de l'environnement et du développement durable de la Chambre des communes.
[Traduction]
La présente réunion a été convoquée conformément au paragraphe 108(2) du Règlement, pour faire l'examen de la position du Canada préalablement à la Conférence des Nations Unies sur les changements climatiques qui se déroulera à Bali la semaine prochaine.
Tout d'abord, je veux souhaiter la bienvenue à nos témoins d'aujourd'hui, que je vais présenter. De l'Institut international du développement durable, nous accueillons John Drexhage, directeur du changement climatique et de l'énergie. Nous entendrons Aldyen Donnelly, du Greenhouse Emissions Management Consortium, et aussi Matthew Bramley, directeur des changements climatiques du Pembina Institute. Enfin, nous accueillons Barbara Hayes, directrice nationale de la Coalition canadienne des jeunes pour le climat.
Nous vous souhaitons la bienvenue à tous et vous remercions d'être ici aujourd'hui.
[Français]
Je propose qu'on commence en accordant sept minutes à chaque présentateur. Normalement, le temps alloué est de 10 minutes, mais compte tenu que nous avons quatre invités, cela prendrait 40 minutes.
Êtes-vous d'accord pour que chaque personne dispose de sept minutes pour faire sa présentation. Est-ce acceptable? Oui?
[Traduction]
Une voix: Pouvez-vous expliquer cela encore, s'il vous plaît?
Le vice-président (L'hon. Geoff Regan): Oui, d'accord.
Le greffier a suggéré que nous accordions aux témoins sept minutes chacun pour faire leur présentation, ce qui laissera plus de temps pour les questions et les réponses. Normalement, nous leur accorderions 10 minutes, ce qui ferait 40 minutes pour quatre intervenants. C'est pourquoi on m'a proposé cela, mais c'est seulement si les membres du comité sont d'accord.
Vous êtes d'accord? C'est bien.
Alors je vais vous demander à chacun de faire votre présentation, si vous voulez. Nous vous ferons signe à l'approche de la fin des sept minutes, pour vous permettre de terminer.
Commençons donc avec Mme Donnelly.
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Tout d'abord, je vous remercie de m'avoir invitée à vous exposer des observations sur le rôle que pourraient jouer les négociateurs canadiens à la réunion prochaine à Bali.
J'aimerais exprimer mon soutien pour la position du premier ministre Harper, du moins telle que je la comprends, c'est-à-dire que le monde n'a pas besoin d'un autre protocole international qui n'astreindrait qu'un petit nombre des émetteurs du globe à des plafonds absolus d'émissions de gaz à effet de serre. Je ne pense pas qu'il s'agisse de déterminer si on a besoin d'un autre traité international sur les changements climatiques — nous en avons besoin —, mais plutôt quelle forme doit prendre le Protocole de Kyoto de la prochaine génération pour faire face à cette crise mondiale.
Pour répondre à cette question, j'aimerais faire une petite analyse du passé. Tous les pays, développés et en développement, ont déjà, jusqu'ici accepté, et jusqu'ici respecté, des obligations contraignantes en vue d'éliminer des gammes de produits et des secteurs complets de l'industrie dans le cadre d'une stratégie visant à éviter une catastrophe environnementale mondiale. Ils l'ont fait pour arrêter l'érosion de la couche d'ozone en vertu d'un traité international appelé le Protocole de Montréal. Les pays développés ont accepté l'obligation d'agir les premiers, comme les pays en développement nous ont demandé de le faire pour les émissions de gaz à effet de serre. Les pays en développement ont accepté les objectifs contraignants sans la promesse de crédits d'émissions, l'une des pierres d'achoppement actuelles, pour nous, du Protocole de Kyoto. À ce que je sache, toutes les parties au Protocole de Montréal ont respecté leurs engagements, en dépit du fait que dans les années 1980, quand elles ont signé le protocole, son principal objectif se situait 70 ans dans l'avenir. Le Protocole de Montréal dément le postulat qu'un objectif à long terme est impossible à réaliser.
Dans les médias et ailleurs, nous entendons périodiquement décrire le Protocole de Kyoto comme quelque chose de similaire au Protocole de Montréal, ou qui s'en inspire. Cette caractérisation du Protocole de Kyoto est dangereusement fausse. Tant au plan structurel que procédural, les deux traités ne pourraient être plus différents qu'ils le sont l'un de l'autre. S'il y a un conseil que l'on peut donner aux négociateurs du Canada, ce serait d'étudier le Protocole de Montréal pour déterminer pourquoi il a été efficace. Je pense que les raisons de cette efficacité sont flagrantes dans le texte si on le regarde assez longtemps. Il faudrait établir des équivalents d'émissions de gaz à effet de serre pour les éléments essentiels du Protocole de Montréal, et suivre tous les conseils pratiques du guide du négociateur pour encourager les parties au Protocole de Kyoto à envisager d'inclure ces stratégies dans la boîte à outils du Protocole de Kyoto. Le Protocole de Montréal n'impose pas aux parties un système de gestion d'approvisionnement contingentaire.
Les négociateurs du Protocole de Kyoto ont intégré au Protocole des éléments du programme américain sur les pluies acides, lesquels sont absents du Protocole de Montréal. Je pense que c'est là l'une des plus grandes failles structurelles du Protocole de Kyoto. Peut-être en parlerons-nous plus longuement pendant la période de questions.
L'une des principales raisons qui a fait le succès du Protocole de Montréal, c'est qu'il crée directement une demande pour les nouveaux produits durables en réglementant la vente — et je dis bien la vente — de la production de substances qui, au moment de leur consommation, émettent des gaz qui appauvrissent la couche d'ozone. Les rédacteurs du Protocole de Montréal ont su comprendre que leur objectif premier devrait être de créer un mécanisme mondial qui faciliterait un roulement ordonné mais nettement accéléré du capital-actions dans les industries qu'ils essayaient d'influencer. Entre-temps il se déroule à Kyoto réunion après réunion de gens qui parlent d'essayer de formuler le protocole autour du taux actuel de rotation du capital-actions. L'objectif devrait être de mettre en oeuvre des mesures qui accéléreraient le taux de roulement du capital-actions.
Le plus simple pour illustrer ce vers quoi doivent se tourner les négociateurs de Kyoto, c'est le règlement sur le diesel à faible teneur en soufre qui a été adopté partout en Amérique du Nord l'année dernière. L'an passé, dans toute l'Amérique du Nord, nous avons adopté des règlement comportant plusieurs éléments-clés, dont je peux vous parler. Le premier est qu'après une certaine date, qui était l'automne dernier, on ne pourrait plus vendre de diesel à haute teneur en soufre en Amérique du Nord. Le deuxième était qu'après une certaine date, quatre mois avant celle de l'automne dernier, on ne pourrait plus produire de diesel à haute teneur en soufre en Amérique du Nord.
À la façon dont est conçu le Protocole de Kyoto, dans tous les règlements sur les émissions intérieures qui ont été proposés au Canada jusqu'à maintenant, on disait à l'industrie: « Nous allons vous faire réduire graduellement les émissions, mais nous ne vous offrons pas la sécurité de l'interdiction de vente de produits à fortes émissions de gaz à effet de serre. »
Chacune des tentatives que nous avons faites dans le passé, qui a réussi à gérer l'élimination de produits de notre chaîne de valeurs, a commencé par la réglementation de ce qui peut être vendu, et ce n'est qu'en réglementant ce qui peut être vendu que nous pouvons établir le fondement qui nous permettrait de réglementer ce qui peut être fabriqué.
Si nous avions dit, dans notre règlement sur la teneur de souffre du diésel, que nous allions interdire de faire du diésel à haute teneur en soufre au Canada, mais sans rien restreindre de ce qui peut être vendu ici, toutes les raffineries auraient fermé leurs portes et fait venir de l'étranger du diésel à haute teneur en soufre au Canada. Le fait est que parce que nous leur avons assuré la protection du marché du diésel à faible teneur en soufre, la raffinerie moyenne a dépensé 500 millions de dollars par usine pour la moderniser et la ré-équiper en vue de la production d'un produit plus respectueux de l'environnement.
Je pense qu'il est essentiel que nos négociateurs aillent à Kyoto et, en partant du Protocole de Kyoto actuel, demandent comment nous allons nous y prendre pour formuler les 10 normes fondamentales pour les produits qui créent le marché pour les nouveaux produits que nous voulons voir fabriquer dans notre pays et à l'échelle mondiale.
Je m'arrêterai ici pour l'instant.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
J'apprécie cette occasion qui m'est donnée de discuter avec les membres du comité des négociations internationales prochaines sur le changement climatique qui doivent avoir lieu à Bali.
Tout d'abord, bien que je sois sûr que d'imminents experts vous ont parlé des résultats du quatrième rapport d'évaluation qu'a remis le GIEC la semaine dernière, j'aimerais faire ressortir certaines de ses conclusions qui sont particulièrement pertinentes pour les négociations des Nations Unies. Il est important de ne pas perdre de vue le genre de rôle qu'a joué le GIEC dans l'histoire de ces négociations. Le premier rapport d'évaluation a préparé la voie pour la Convention-cadre sur les changements climatiques; le deuxième a imprimé un élan fondamental à l'élaboration du Protocole de Kyoto; et le troisième a été diffusé juste avant l'entrée en vigueur du protocole.
Quel est précisément, l'apport du quatrième rapport d'évaluation? Je vais vous exposer certaines des conclusions les plus fondamentales qu'il a tirées.
Le réchauffement de la planète est maintenant chose reconnue.
La contribution des activités humaines au changement climatique est maintenant jugée certaine à 90 p. 100. On estime déjà que ce colossal phénomène environnemental a eu des effets irréversibles, de l'ordre de 1,5 à 2,5 degrés. On ne peut déjà plus revenir sur ce type de changement. Nous envisageons la perte possible de 20 p. 100 à 30 p. 100 des espèces dans le monde. Avec un changement de 3,5 degrés, et pour nous arrêter à cela, il faudra sérieusement nous atteler à la tâche, 40 à 70 p. 100 de nos espèces seraient en péril. En péril de quoi? D'extinction. Il n'est pas question ici du sort de quelques mignonnes petites bêtes. Leur disparition aurait de graves répercussions sur le bien-être de l'humanité. La grande majorité de nos récoltes dépendent de pollinisateurs pour la germination. Les microbes jouent un rôle essentiel dans la salubrité de l'eau potable. La perturbation de ces systèmes écologiques fait courir un risque réel de perturbation de la chaîne fondamentale d'alimentation dont nous sommes tous tributaires.
En dépit de ces sombres conclusions, le rapport dit aussi que de nombreuses mesures abordables pourraient être prises pour inverser la tendance actuelle des émissions, mais que le prix que nous assignons aux émissions de carbone auront un rôle déterminant dans l'établissement de la portée et le succès de ces mesures.
Une étude récente de l'International Energy Agency, dans son World Energy Outlook 2007, fait ressortir l'ampleur du défi que présentera pour nous la réduction des émissions. Le taux de croissance prévu des grands pays en développement en particulier, surtout de la Chine et l'Inde, présente un défi d'une envergure que nous n'avons jamais imaginée. La Chine deviendra cette année le plus grand émetteur de gaz à effet de serre. Pas plus tard qu'il y a cinq ans, nous ne pensions pas que cela arriverait avant l'année 2020. L'Inde sera en troisième place d'ici à 2015. Pour vous donner une idée de ce dont je parle, entre maintenant et 2030, on prévoit que la Chine installera plus de centrales électriques qu'il n'en existe actuellement aux États-Unis. On attribue cela à la phénoménale croissance économique que connaît le pays, mais il faut tout de même reconnaître que c'est tout à fait justifiable. Pas moins de 400 millions de personnes, par exemple, en Inde n'ont toujours pas directement accès à l'électricité.
En dépit de cette croissance, les émissions par habitant dans ces pays ne sont rien en comparaison de l'Amérique du Nord. À cet égard, le Canada et les États-Unis, ainsi que l'Australie, sont dans une ligue tout à fait à part du reste du monde, puisqu'ils émettent deux fois plus par habitant que l'Europe, quatre fois plus que la Chine, et au moins cinq ou six fois plus que l'Indien moyen.
Les quatre rapports d'évaluation se penchent aussi sur l'efficacité du régime international en vigueur pour faire face aux changements climatiques. Ils concluent, à juste titre selon moi, que le Protocole de Kyoto a joué un rôle déterminant dans l'établissement des fondements de la réaction mondiale à la menace réelle que présente le changement climatique. Quand on parle du Protocole de Kyoto, l'attention de tous, particulièrement dans le milieu politique et les médias, se porte sur la question des cibles.
Malheureusement, ceci tend à détourner l'attention donnée à la contribution réelle du protocole. Il a assigné une valeur au carbone et, ce faisant, a créé un portefeuille financier en croissance rapide à l'appui des investissements dans l'énergie propre à l'échelle mondiale, passés de 27,5 milliards de dollars US en 2004 à plus de 100 milliards de dollars US cette année, avec un pourcentage de croissance de l'ordre de plusieurs centaines. Il a établi une série de règles et de lignes directrices portant sur le changement climatique qui encadrent la reddition des comptes institutionnels sur les émissions de gaz à effet de serre, et il a aussi catalysé un large éventail de réactions nationales au changement climatique dans les pays développés et en développement, y compris dans des pays comme les États-Unis et l'Australie, qui avaient refusé de ratifier le protocole.
Quelles leçons peut-on tirer de tout cela pour Bali? Il est clair que nous ne pouvons tout simplement pas nous acquitter de l'obligation environnementale d'éviter l'intervention humaine dans le système climatique du globe sans y engager tous les principaux émetteurs, mais c'est aux pays développés qui sont le plus responsables des concentrations actuelles de gaz à effet de serre dans l'atmosphère de montrer l'exemple par l'action, parce que leur situation économique et sociale relativement stable et prospère fait que ce sont eux qui ont le plus de moyens de prendre des mesures radicales.
C'est particulièrement le cas, à mon avis, de l'Amérique du Nord qui, en termes d'émissions de gaz à effet de serre par habitant, peut être décrite à juste titre comme un paria comparativement au reste du monde. Cependant, cela signifie aussi que les modalités établies dans le mandat de Berlin, qui a formulé le cadre des négociations du Protocole de Kyoto il y a quelque 12 ans, ne sont pas immuables. En particulier, il ne peut y avoir, dans un mandat de Bali, de disposition réaffirmant qu'il n'y aura pas d'engagements additionnels des pays en développement. Cela étant dit, ceci ne devrait pas empêcher ce gouvernement d'agréer à des modalités pour obliger les pays développés à montrer l'exemple en prenant des engagements plus rigoureux de réduction, ayant force obligatoire.
De fait, j'aimerais rappeler au comité que le Canada, à l'instar de toutes les autres parties au Protocole de Kyoto, a déjà accepté de telles conditions dans une série de négociations auxquelles elles participent actuellement. Je parle du groupe travail ad hoc sur d'autres engagements pour des parties de l'annexe 1 du Protocole de Kyoto. Le processus de négociation a été lancé lors de la conférence de Montréal il y a deux ans, et se poursuit depuis lors avec, je le souligne, la participation active du gouvernement canadien.
Dans le contexte du mandat de Bali, ce qui est important, c'est de garder la porte ouverte à la participation de tous les principaux émetteurs. Ce que je propose donnerait au gouvernement canadien la marge de manoeuvre nécessaire pour poursuivre précisément ce genre de discussion ces deux prochaines années.
Comme l'a déjà dit Aldyen, souvenez-vous des véritables réalisations du Protocole de Montréal. Il a su obtenir des engagements de toutes les parties, mais dans un cadre gradué, en laissant aux pays en développement amplement le temps de s'adapter à ces nouvelles prérogatives environnementales mondiales.
Pourquoi les parties ont-elles réussi? Tout d'abord, les pays développés non seulement ont été les premiers à prendre les engagements, mais ils ont aussi respecté et même dépassé les cibles fixées. Deuxièmement, et c'est tout aussi important, sinon plus — et Aldyen ne l'a pas dit — il y a le succès du fonds multilatéral du Protocole de Kyoto à établir un mécanisme transparent et efficace de financement pour aider les pays en développement à tenir leurs engagements.
Je dirais que nous devons tirer des leçons de l'expérience du Protocole de Montréal. Nous devons montrer que le Canada et tous les pays développés créent des cadres de réglementation et de signaux du marché. Cela signifie aussi que les gouvernements doivent mettre plus résolument l'accent sur le rôle que peut jouer le Canada pour aider les pays en développement à effectuer les transitions urgentes et nécessaires pour affronter le changement climatique, tant au plan de l'atténuation que de l'adaptation.
Le vice-président (L'hon. Geoff Regan): Il vous reste une minute.
M. John Drexhage: Nous devons étudier les stratégies qu'appliquent la Banque mondiale et d'autres grands organismes d'aide pour intégrer le changement climatique.
Un dernier mot. N'oubliez pas l'objectif relativement modeste du mandat de Bali. Il s'agit de mettre en mouvement un processus de négociation post-2012 qui, nous l'espérons, sera achevé en 2009, et il est important de faire preuve de flexibilité dans cet esprit.
Je vous remercie.
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Peut-être le comité ne le sait-il pas, mais les jeunes du Canada ont joué un rôle impressionnant, bien qu'informel, dans l'histoire des négociations des Nations Unies. Des cinq jeunes qui ont participé à COP-6 à la La Haye à la délégation de 32 jeunes à Bali cette fois-ci, qui a même son propre logo, le mouvement de la jeunesse canadienne, et de fait de la jeunesse mondiale, a depuis longtemps reconnu l'importance de faire en sorte que les négociations soient compréhensibles et accessibles à la jeunesse.
La raison pour laquelle les jeunes ont été tellement actifs, c'est que bien que nous soyons le plus vaste effectif réel, nous ne sommes pas représentés dans les négociations des Nations Unies. Dans tous les pays, tous les pays émetteurs, qu'ils soient grands ou petits, les jeunes héritent d'un climat changé qu'ils n'ont pas créé.
Environ 20 p. 100 de la population du Canada est âgée de moins de 18 ans et n'a pas de droits de vote ni de représentation, que ce soit à l'échelle nationale ou dans le cadre du processus international. S'il ne ressort pas des négociations de Bali un véritable mandat de négociation, avec cibles absolues et plafonds fixes, ces jeunes devront bientôt être comptés parmi le nombre croissant de personnes qui seront directement touchées par les répercussions climatiques projetées.
Vous n'avez pas le droit de prendre cette décision pour nous. Vous devez nous écouter. On ne nous donne pas voix au chapitre, alors nous nous emparons du microphone. Il y a un an, à l'âge de 22 ans, j'ai aidé à fonder la Coalition canadienne des jeunes pour le climat parce qu'à cause de des changements climatiques de l'ampleur de ceux que nous avons déjà provoqués, je vais devoir passer le reste de ma vie à tenter de m'adapter et d'atténuer les effets du changement climatique. C'est une certitude.
Le Canada de ma vie adulte sera fondamentalement différent du Canada d'aujourd'hui, à cause des émissions mondiales. Je fais ces démarches maintenant que je suis jeune parce que je ne veux pas que le changement climatique mondial soit pour moi une préoccupation du quotidien quand j'aurai 40 ans. Ma génération mérite un climat stable, tout autant qu'elle mérite la paix de l'esprit.
Notre avenir offrira moins de possibilités si le Canada n'impose pas de plafonds stricts et ne fait pas tout en son pouvoir pour les atteindre. Ma génération a besoin que des progrès soient réalisés dans les négociations de Bali pour nous assurer d'avoir la possibilité d'être des participants dans un Canada solide et dynamique.
L'avenir auquel je peux m'attendre, actuellement, laisse entrevoir moins de possibilités culturelles et économiques, la propagation rapide des nouvelles maladies, une croissance des occurrences de phénomènes climatiques, une scène politique mondiale déstabilisée, et des centaines de milliers de personnes déplacées.
Depuis que le gouvernement a renoncé à nos cibles de Kyoto, nous n'avons plus la conviction que nos dirigeants ont nos intérêts à coeur. Nous sommes maintenant habitués à avoir honte du piètre comportement de notre pays. L'obstructionnisme auquel nous avons assisté lors de la réunion du Commonwealth n'a, c'est triste à dire, plus rien d'étonnant. La jeunesse canadienne était présente lors des réunions des Nations Unies sur le climat à New York, Bonn et Vienne l'été dernier. Nous étions là quand notre gouvernement a simultanément trahi notre pays et notre bonne réputation.
Il est incroyable que l'on puisse qualifier de ferme politique étrangère le fait de se cacher derrière les pays en développement et de diluer nos engagements internationaux. En sapant un traité clair, essentiel et international en faveur de vagues objectifs ambitieux nous montrons, très franchement, un piètre leadership.
Il existe des objectifs, et même des outils législatifs, et pourtant le gouvernement refuse d'agir. Nous avons été déchirés de voir le gouvernement qui se démenait pour se soustraire à l'obligation de mettre en oeuvre des mesures pour réaliser les objectifs de Kyoto...
La première chose à faire pour réduire nos émissions, c'est de vraiment essayer de réduire nos émissions. Pour les réduire dans la mesure nécessaire, il faut qu'en conclusion des négociations de Bali, on ait un plan avec des objectifs fermes de réduction, de rigoureuses pénalités pour les transgresseurs, et une échéance claire pour la réalisation de ces changements.
Nous ne prétendons pas que c'est facile, mais nous affirmons que c'est à la fois nécessaire et réalisable. Ce ne peut être l'argument économique qui empêche le gouvernement d'agir. C'est un choix faux et, très franchement, de plus en plus malhonnête. Le rapport Stern sur le changement climatique a estimé que le coût mondial du changement accéléré du climat pourrait dépasser les coûts combinés de deux guerres mondiales, et réduire de 20 p. 100 le PIB mondial. Il a de plus estimé que le coût des mesures pour éviter les pires conséquences du changement climatique pourrait n'être que de 1 à 3 p. 100 du PIB mondial.
Plus on attend, plus cela coûtera cher, et moins on aura de chance de s'ajuster à temps pour que le secteur industriel du Canada puisse prendre le leadership. Alors, à l'héritage de déstabilisation mondiale, de crise de la santé et de désastre écologique du gouvernement actuel il faudra ajouter une dépression économique paralysante.
Le changement climatique n'est pas qu'un problème environnemental. Quand les récoltes sont décimées par des sécheresses contre-nature, c'est un problème de subsistance. Quand nos grands-parents meurent à cause de vagues de chaleur, c'est un problème de santé. Quand les animaux que chassent des peuples traditionnels ne sont plus là, c'est une problème de survie. Quand le manque d'action ouvre le Passage du nord-ouest, c'est un problème de souveraineté. Quand les enfants ne peuvent plus jouer au hockey sur les patinoires extérieures, c'est un problème culturel. Quand je perds mon emploi parce que l'industrie n'a pas su s'adapter à un monde changeant, c'est un problème économique.
Je suis le porte-parole de 40 organisations qui se sont réunies pour contrer le manque de leadership en matière de changement climatique en créant la Coalition canadienne des jeunes pour le climat. Nous ne nous laissons pas leurrer par les doubles discours, et nous nous insurgeons pour dire à nos dirigeants que la parole ne remplace pas l'action. Dans au moins 20 villes du pays, petites et grandes, des gens se mobilisent le 8 décembre pour souligner la journée internationale d'action pour le climat, pour protester contre le manque d'action de notre gouvernement et exiger un mandat réel pour Bali.
L'actuel gouvernement ne sera plus ici pour répondre des pires effets du changement climatique. Dans 30 ans toutefois, quand le Canada sera devenu un havre pour les réfugiés du climat, ils nous demandera, à moi et à mes pairs, la jeunesse actuelle de notre riche pays industrialisé et polluant, « Comment avez-vous pu laissé cela arriver? »
Alors je vous demande maintenant « Avec tout ce que nous savons et tous les outils dont vous disposez, comment pouvez-vous laisser cela arriver? »
J'espère que tout le monde a reçu une copie du texte que nous avons envoyé il y a quelques jours.
Avant d'aller au coeur du sujet, j'aimerais qu'il soit clair que le Pembina Institute, que je représente aujourd'hui, est une organisation strictement non partisane. Nous essayons toujours d'exprimer d'une manière impartiale et objective nos avis sur les politiques et les projets de politique. Les politiciens et les partis politiques nous demandent souvent notre avis, mais nous ne rédigeons pas de documents que publient des partis politiques.
Pour revenir au sujet qui nous occupe, l'objectif de la conférence de Bali — probablement pour la majorité des personnes qui y participent et certainement pour la communauté environnementale — est d'adopter un mandat de négociation pour le régime mondial de réduction de gaz à effet de serre après 2012, qui devrait être négocié d'ici à 2009. Ce mandat comportera une série d'éléments qui devront offrir suffisamment de garanties que le monde sera un jour sur la voie de réductions des émissions de l'ampleur qui, selon les analystes scientifiques, sera nécessaire pour prévenir un changement dangereux du climat.
Climate Action Network International — le titre sous lequel les ONG environnementales participent au processus des Nations Unies — voudrait voir divers éléments dans le mandat de Bali. Je ne vais pas tous les décrire maintenant. La plupart sont dans le document que j'ai remis.
Je voudrais souligner qu'au nombre de ces éléments il y a non seulement des cibles absolues de réduction des émissions qui soient plus strictes pour les pays industrialisés comme le Canada, mais aussi une participation accrue après 2012, notamment avec des engagements quantifiés de la part des pays en développement comme la Chine, l'Inde et le Brésil. Ce ne sont pas des cibles de réduction absolue du genre de celles que le Canada devrait continuer de viser, mais ce sont néanmoins des engagements quantifiés qui atténueraient nettement l'angle d'ascension de la courbe des émissions comparativement à une situation de maintien de la situation actuelle. Je reviendrai sur le sujet dans un moment.
Il est clair que la conférence de Bali revêt une importance extraordinaire. Nous reconnaissons depuis toujours l'importance des conférences des Nations Unies. Celle-ci, je pense, est un peu unique. Le message scientifique qu'a diffusé cette année le quatrième rapport du GIEC, comme le disait John, est extraordinairement clair et inquiétant. Je ne pense pas que ce sujet n'ait jamais retenu l'attention du public comme il le fait maintenant. Et très franchement, le temps commence à manquer pour les négociations. Ce qui fait l'importance de l'échéance de 2009 pour le mandat de Bali, c'est que nous devons veiller à ce qu'il reste assez de temps au pays pour ratifier l'accord post-2012 une fois qu'il aura été adopté.
Il a fallu, il me semble, huit ans pour recueillir suffisamment de signatures pour le Protocole de Kyoto pour qu'il entre en vigueur. Trois ans, de 2009 à 2012, ce n'est pas très long pour y parvenir, et nous devons éviter toute période sans arrangements juridiques internationaux après 2012.
Je voudrais aussi citer le secrétaire général des États-Unis qui, récemment, en parlant de ses attentes à l'égard de Bali, a dit ce qui suit, traduit librement :
Il me faut une réponse politique. La situation est grave et comme pour toute situation grave, il faut agir d'urgence.
Pour ce qui est de la position du Canada à Bali, j'aimerais signaler trois ambiguïtés — du moins dans les déclarations publiques du gouvernement — qui, à mon avis, sont préoccupantes et doivent être résolues le plus vite possible.
Tout d'abord, le gouvernement a jusqu'ici évité de prendre position sur la question d'une limite de deux degrés Celcius de réchauffement climatique comparativement au niveau antérieur à l'ère industrielle. C'est une limite qui jouit d'un vaste soutien parmi les scientifiques et les gouvernements. Le rapport sur le programme des Nations Unies pour le développement, aujourd'hui, a aussi avalisé une limite de deux degrés. Je pense que le gouvernement du Canada doit dire ce qu'il considère être un maximum acceptable de réchauffement climatique qui nous permettrait d'éviter toute interférence humaine dangereuse dans le système climatique, conformément à l'objectif de la convention-cadre des Nations Unies.
Une deuxième ambigüité concerne les réductions des émissions mondiales que souhaite le Canada. Le premier ministre a, à plusieurs reprises, parlé de réduire de moitié les émissions mondiales d'ici à 2050, mais le gouvernement n'a jusqu'ici fixé aucune date pour ces réductions. La réduction des émissions, strictement parlant, ne veut rien dire si on ne fixe pas de limites pour cette réduction.
Les médias parlent depuis quelques jours de la troisième ambigüité : comment les réductions mondiales des émissions devraient être réparties entre les catégories de pays. Comme l'a dit John, il y a d'énormes disparités entre différentes catégories de pays.
Si on compare un pays comme le Canada avec des pays comme la Chine et l'Inde, aux plans du niveau d'émissions par habitant, du PIB par habitant, de la responsabilité historique, il y a d'énormes disparités, de l'ordre de cinq fois plus d'émissions par personne, d'une proportion du PIB par habitant de cinq fois plus au Canada comparativement à un pays comme la Chine. Alors il est clair que le Canada devra, en entamant ces négociations, accepter qu'il n'est pas réaliste ni équitable d'insister pour que des pays comme la Chine ou l'Inde prenne le même type d'engagement dans la période qui suivra immédiatement 2012.
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Merci, monsieur le président. Merci aux témoins d'être ici.
Voilà, monsieur Bramley, une bonne conclusion. Je voudrais revenir sur deux ou trois choses que vous avez dites. Plusieurs autres personnes ont fait les mêmes commentaires, mais j'aimerais faire précéder mes observations, si vous le permettez, de ce qui suit. Jeudi, le ministre doit se joindre à nous et expliquer au comité et aux Canadiens ce que nous comptons faire à Bali, parce que nous n'en avons pas la moindre idée. Tout ce que nous savons, c'est que le ministre tiendra une réunion d'information privée et rencontrera certaines personnes à Bali pour examiner ce plan intitulé « Prendre le virage ». J'aimerais vous exposer, si vous voulez bien, quelques préoccupations que suscite chez nous le plan qui doit être présenté sur une tribune internationale.
D'abord, aujourd'hui même, le Fonds mondial pour la nature, à la suite d'une recherche commandée par l'organisme Tyndall Centre for Climate Change Research du Royaume-Uni, a diffusé un rapport d'importance qui éreinte complètement le plan du gouvernement en disant qu'il n'arrivera jamais à réaliser 20 p. 100 de réduction d'ici à 2020. De fait, le gouvernement du Canada va subventionner l'expansion des sables bitumineux.
La Table ronde nationale sur l'environnement et l'économie, qui s'est penchée sur les plans du gouvernement, a dit qu'il est probable que le gouvernement ait surestimé les réductions d'émissions de gaz à effet de serre ou encore n'ait pas fourni suffisamment de preuves pour permettre à la Table ronde de faire une analyse.
L'Office national de l'énergie, un organisme du gouvernement lui-même, a conclu que le plan du gouvernement ne suffirait pas pour réaliser les objectifs qu'il a fixés. De fait, d'après l'Office et de nombreux autres commissaires indépendants, avec deux des trois scénarios que présente l'Office, les émissions de gaz à effet de serre continueront d'augmenter — je dis bien d'augmenter — avec le plan du gouvernement.
La Deutsche Bank a décrété l'échec du Canada à participer au marché des échanges internationaux, et aussi que nous ne réaliserons pas nos objectifs. Le C.D. Howe Institute ne croit pas dans nos chiffres. Pembina a produit un rapport qui fait état de huit failles dans le plan. Les hauts fonctionnaires des trois principaux ministères chargés de réaliser le plan ne l'ont pas démenti.
On pourrait poursuivre dans cette veine encore longtemps.
Aujourd'hui, le PNUD lance le signal d'alarme pour la planète. Il a dit qu'une atmosphère salubre est probablement une affaire de droits de la personne. Il a dit que c'est une question de justice sociale et que les plus pauvres des pauvres assumeront une part inéquitable des souffrances et des maux à venir tandis que nous nous adapterons au changement climatique.
Tout cela alors que le premier ministre clame dans le cadre de rencontres internationales que nous allons un jour nous astreindre à des réductions absolues. Ce qu'il y a de particulièrement énorme, dans tout ce qu'il dit, à mon avis, c'est quand il parle de l'Ouganda, en Afrique, où j'ai vécu de nombreuses années. En Ouganda, le revenu annuel est de 300 $ par personne.
J'aimerais vous demander, si nous devons aller à Bali, et nous asseoir aux côtés de Joe Lieberman et ses collègues, avec leur projet bipartisan du Sénat qui est très agressif — certainement plus que le plan que présente ici le gouvernement — et si nous devons discuter avec les Nations Unies, la Chine, l'Inde et des économies qui sont en plein essor et qui vont nous dépasser en termes d'émissions, est-ce que quelqu'un de ce groupe pense vraiment que nous sommes bien préparés à parler avec ces gens et être crédibles, pour les rallier à notre position?
Enfin, est-ce que le Protocole de Kyoto ne prévoyait pas justement ce qui arrive maintenant, que nous allions prendre ces 24 mois, cette période de deux ans après les négociations de Bali, que nous irions à la table avec les mains plus propres, et que nous nous vanterions au monde qui s'industrialise à un rythme de plus en plus effarant d'avoir été les premiers à agir? Ce n'est pas un jeu. Il fallait que nous soyons les premiers. Nous avons bâti nos économies au détriment de l'atmosphère et, maintenant, nous allons là pour dire qu'après 2012, le temps sera venu de conclure un accord. Sommes-nous maintenant vraiment capables de nous asseoir avec ces 169 partenaires et de paraître crédibles? Ils seront bientôt 171, je pense, puisque l'Australie doit signer la semaine prochaine. Nous serons seuls, avec l'administration républicaine de Washington, qui a déjà la tête tournée vers la porte de sortie de toute façon. Est-ce que nous sommes vraiment prêts, ici, à aller nous présenter de manière crédible alors que notre plan s'est complètement fait éviscérer à l'échelle nationale?
Monsieur Bramley, pourriez-vous répondre le premier?
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Oui, je suis d'accord que les pays riches devraient s'engager en premier et prendre les rênes de l'action. De fait, j'aurais vraiment voulu que non seulement le Canada, mais aussi plusieurs autres pays se montrent plus résolus à afficher ce leadership.
Le problème que nous avons maintenant... Je ne veux pas m'engager dans un débat sur le degré de crédibilité du Canada ou d'autres pays. Je suis d'accord que si une espèce de cadre réglementaire était instauré pour de bon, quelle que soit sa rigueur, ce serait un bon point de départ. Et c'est ce que je voudrais pour commencer. Nous n'arrêtons pas de discuter de ce que devraient être nos cibles, et de la rigueur que nous devrions montrer. C'est bien beau tout cela mais oui, il nous faut montrer de la rigueur, et beaucoup plus vite.
Ce qui m'a paru tellement frustrant, c'est le fait qu'il n'y ait encore rien en place. Je pense que c'est là le véritable danger. Je peux bien comprendre qu'il y a cinq ou dix ans on ait voulu commencer lentement, parce que c'est une énorme intrusion dans l'activité économique. Soyons réalistes, le choc sera énorme. Et nous devrions, comme l'a fait l'Union européenne, avoir instauré un bon petit régime léger, quelques quotas modérés qui auraient aidé à lancer le bal.
Le problème, c'est que le quatrième rapport d'évaluation nous apprend que nous n'en avons plus le temps. Si, par exemple, comme l'a dit Matthew, nous voulons que le gouvernement reste engagé à l'égard d'un changement de température de deux degrés, il faudrait stabiliser les émissions mondiales en 15 ans. Il sera absolument impossible de réaliser ces deux degrés Celsius sans engager immédiatement la Chine et l'Inde dans cette lutte, de toute façon. L'atmosphère ne comprend pas la crédibilité; elle ne comprend pas l'équité.
Je comprends tous ces problèmes, et ils sont très importants, et il nous faut nous montrer des leaders dans tout cela, mais en même temps, nous devons garder à l'esprit le très important impératif environnemental.
La deuxième chose que je voudrais dire, c'est que bien qu'il y ait des responsabilités communes mais différenciées, ce qui, il me semble a pu arriver avec le mandat de Berlin, c'est que certains pays en développement, l'Inde en tête , ont pu supposer que la deuxième disposition de l'article 2, comme quoi les pays en développement n'auront pas à prendre d'autres engagements, est immuable. Il ne peut en être ainsi.
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Merci, monsieur le président.
D'abord, bienvenue au comité. Je pense qu'il faut avoir cette bonne discussion avant le départ pour Bali. Bien sûr, on souhaite que le gouvernement change d'avis et décide d'inviter l'opposition. Une diversité d'opinions doit être manifestée à Bali, d'autant plus qu'il n'y a pas un fort consensus contre le Protocole de Kyoto. Une majorité de la population appuie le Protocole de Kyoto, et je pense que la délégation canadienne devrait être représentative de ce courant majoritaire.
Le rapport du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat mentionne qu'il faut d'abord réussir à stabiliser nos émissions de gaz à effet de serre d'ici 2015 si nous voulons éviter le pire. C'est le premier constat et je pense qu'on s'entend là-dessus. Le deuxième constat est que la politique du deux degrés, qui limiterait l'augmentation moyenne des températures par rapport à la période préindustrielle, devrait être un objectif, là encore pour éviter la catastrophe.
Le problème est de savoir comment nous devons répartir l'objectif de réduction des gaz à effet de serre, tant entre les pays en voie de développement qu'entre les pays industrialisés. Je regardais les derniers chiffres relatifs aux émissions de gaz à effet de serre par habitant. J'ai ceux de la Chine et des États-Unis. Les émissions de gaz à effet de serre par habitant sont d'environ 20 tonnes aux États-Unis contre 2,3 tonnes en Chine. Je crois qu'au Canada, elles sont d'environ 25 tonnes.
Pour ce qui est des émissions et de la contribution historique des grandes régions du monde entre 1990 et 2000, les États-Unis et l'Europe totalisent à eux seuls près de 60 p. 100 des émissions contre moins de 8 p. 100 pour la Chine. Cela dit, ce n'est pas une raison pour que l'Inde et la Chine n'agissent pas et qu'il n'y ait pas d'objectifs de réduction.
L'attitude du gouvernement au cours des derniers jours, particulièrement celle manifestée par le premier ministre au sommet du Commonwealth, ne vient-elle pas briser un consensus international fort, qui visait à avoir une approche commune et différenciée dans la lutte contre les changements climatiques? Sans discuter des objectifs accordés à chacun des pays, les principes communs et différenciés ne devraient-ils pas être la base des négociations à Bali?
C'est ma première question.
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Je dirais que la réponse est oui. L'impasse actuelle vient du fait qu'un bon nombre d'entre nous qui avons passé beaucoup de temps dans le processus de Kyoto sommes imprégnés des objectifs et de la structure. À Bali, allons-nous abandonner les objectifs ou la structure, parce que nous nous trouvons devant une impasse et que quelque chose doit céder? Nous ne devrions pas abandonner les objectifs. Nous devrions renforcer les objectifs, ce qui veut dire que nous devrons envisager une nouvelle structure.
Dans le cadre du Protocole de Montréal, nous avons demandé à tous les pays dans le monde, y compris les pays en voie de développement, de respecter des limites d'émission nationales. La réponse a été non, comme c'est le cas maintenant. Quelqu'un d'intelligent — j'espère qu'un jour quelqu'un me dira qui était cette personne, parce que je voudrais rendre à César ce qui appartient à César et que je ne sais pas comment le faire — s'est demandé comment on pourrait arriver au même résultat par un moyen indirect?
Alors, les parties au Protocole de Montréal, y compris les pays en voie de développement, ont convenu de séparer la question de la consommation des produits qui donnent des émissions qui détruisent la couche d'ozone, de la vente de ces produits et ont fixé deux calendriers de réduction, un pour l'élimination graduelle de la production et un autre pour l'élimination graduelle de la vente. Ils ont convenu de demander aux pays de se concentrer sur les produits, dont la consommation donnait des émissions, et de passer d'un accent qui porte sur les émissions à un accent qui porte sur la façon dont nous gérons le commerce de ces produits. C'est le moyen qui a permis de dénouer l'impasse dans le cas du Protocole de Montréal.
Mais si nous nous rendons à Bali pour dire que nous ne sommes pas prêts à prendre ce genre de moyen ici; nous voulons que vous vous présentiez à la table et que vous acceptiez un plafond; nous allons attribuer des quotas et nous allons vous avoir dans le commerce international des quotas, ils ne viendront pas. Nous n'irons nulle part.
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C'est bon, nous sommes un comité tolérant. Disons qu'il est préférable que ce soit vous plutôt que l'un d'entre nous.
Pour reprendre un point mineur soulevé par M. Drexhage, j'essaie de comprendre, pour mieux expliquer tout cela aux Canadiens, quelle est l'importance de cette réunion particulière des Nations-Unies et le processus dans lequel nous sommes engagés, parce que je pense que les Canadiens ont atteint, à juste titre, un niveau de cynisme particulier lorsqu'ils entendent les politiciens parler du changement climatique. Notre dossier antérieur et nos projets futurs suscitent pas mal de cynisme chez les Canadiens et je pense que Mme Hayes a très bien résumé une partie de cette frustration.
En traitant la question aussi bien du point de vue environnemental que du point de vue économique, le fait que notre gouvernement ait décidé de ne pas envoyer nos ministres des Finances et du Commerce à ces réunions importantes pour discuter des questions économiques qui se posent — et qui ont des conséquences économiques importantes pour les entreprises canadiennes, dont certaines sont représentées par Mme Donnelly — constitue à mes yeux un manque flagrant de leadership et de clairvoyance face à ce qui s'en vient, en ce qui a trait aux répercussions. Le Canada n'a réalisé aucune dépense, que nous puissions trouver, pour comprendre quelles seront les répercussions du changement climatique sur notre économie maintenant. Qu'il s'agisse des pipelines, des opérations minières, de la foresterie, de la pêche, de n'importe quel de nos processus d'extraction des ressources traditionnels, le gouvernement canadien n'a pas la moindre idée — n'a pas la moindre idée — de ce que pourrait entraîner une augmentation de la température de deux ou de quatre degrés.
Nous avons parlé de la question du leadership. Encore une fois, Mme Hayes a parlé des frustrations liées au leadership raté. Si ce processus est un échec, les conséquences pour une puissance moyenne comme le Canada, ce qui est essentiellement ce dont nous parlons — comment une puissance moyenne peut influencer un groupe plus large. La question de la crédibilité occupe la toute première place.
Je commence avec M. Bramley. Sur quoi pouvons-nous nous fier maintenant, pour ce qui est d'influencer les autres pays, au moment où nous arrivons à la conférence de Bali? Qu'avons-nous dans la poche que nous pourrions mettre sur la table pour pouvoir influencer quelqu'un d'autre pour qu'il accepte de modifier sa ligne de conduite quelle qu'elle soit?
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C'est une question difficile à répondre.
Il est clair que l'attitude du gouvernement du Canada face à nos obligations actuelles en vertu de la première phase du Protocole de Kyoto suscite beaucoup d'inquiétude. Le gouvernement a indiqué clairement qu'il ne chercherait pas à se conformer à ses obligations.
Les règlements n'entreront en vigueur qu'en 2010, alors que Kyoto commence en 2008. Le gouvernement ne veut pas mettre de l'argent dans le mécanisme de développement propre, malgré le fait qu'il s'agisse d'un mécanisme précieux qui compte pour l'atteinte de notre objectif de Kyoto.
Alors, je pense qu'il y a beaucoup d'inquiétude de la part d'autres pays concernant ce seul point.
La science est très claire quant au genre de réduction des émissions qu'il faut attendre des pays développés si nous voulons avoir une chance, et seulement une chance, de rester en deçà des deux degrés. Les pays développés doivent réduire leurs émissions d'une valeur variant entre 25 et 40 p. 100 par rapport aux niveaux de 1990 d'ici à 2020, mais l'objectif du Canada pour 2020 est, en fait, légèrement supérieur aux niveaux de 1990. Alors, ou bien nous disons qu'il est acceptable d'avoir un réchauffement planétaire supérieur à deux degrés ou bien nous disons que parce que nous en faisons moins, quelqu'un d'autre devra en faire davantage pour compenser. C'est l'un ou l'autre.
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Si le Canada refuse de le faire en premier, cela n'augmentera pas les chances, c'est certain.
Mais je pense que la question plus vaste, pour être absolument honnête, si nous voulons traiter du monde de la « realpolitik », c'est si les États-Unis sont prêts à prendre la tête et si le Canada en fera partie, avec son consentement ou non.
Pour être bien franc, si au bout du compte, le Canada dit qu'il est mal à l'aise de prendre la tête sans que des pays en voie de développement en fassent autant, mais que les États-Unis disent qu'ils sont prêts à le faire, ce qui arrivera essentiellement, c'est qu'ils vont aller de l'avant et dire au Canada qu'il a pris une décision et qu'il est exclu de ce processus.
Le Canada, en tant que contribution nord-américaine à ce processus, peut jouer un rôle déterminant. Je pense qu'on doit réellement mettre l'accent sur cette question, parce qu'il doit être beaucoup plus clair au sujet de la façon dont il prévoit prendre la tête, comment ces 20 p. 100 seront atteints. Tout cela a besoin d'être précisé davantage s'il veut avoir une quelconque crédibilité.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Je remercie tous les témoins d'être venus.
J'ai lu le document fourni par le Pembina Institute, et je n'y ai rien trouvé d'étonnant. Je vous remercie; le contenu correspond à ce que je m'attendais.
Je veux apporter une correction au commentaire qu'a formulé M. Bramley au sujet du MDP. En fait, cela fait partie du cadre réglementaire.
Je veux attirer l'attention du comité sur quelque chose dont vous êtes tous au courant, j'en suis sûr. Jeudi dernier, nous avons reçu des représentants du GIEC. Un de mes collègues, je crois que c'était M. Watson, leur a demandé quelle serait l'incidence sur les émissions mondiales si le Canada et les États-Unis n'émettaient plus aucun gaz à effet de serre; deviendraient-elles stables ou continueraient-elles d'augmenter? Ils ont répondu qu'elles continueraient de s'accroître. Cela m'a fait prendre conscience du fait qu'il est important que tous les grands émetteurs fassent partie de la solution.
Ils ont ensuite expliqué que c'est pour cette raison que le Canada et les États-Unis doivent mettre au point les technologies qui permettront au reste de la planète de réduire ses émissions de gaz à effet de serre. J'ai trouvé cela encourageant.
Grâce au leadership fort dont ont fait preuve le et le aux sommets du G-8 et de l'APEC — et je ne suis pas d'accord avec mes collègues libéraux qui minimisent l'importance de ces rencontres — nous trouverons une façon de faire participer tous ces grands pollueurs à l'élaboration de la solution. Pour reprendre l'image évoquée par le ministre, je vous rappelle que nous ramons tous dans la même direction.
Ma question s'adresse à Mme Donnelly. On a entendu des commentaires au sujet des émissions de gaz à effet de serre par habitant. J'étais à Berlin lors du Sommet du G-8 plus 5. De nombreux pays étaient représentés. Il a été question de la déforestation et d'enjeux très complexes. Par exemple, un parlementaire de l'Inde a mentionné que dans son pays un millier de villages n'avaient pas encore l'électricité. Comme le gouvernement veut leur fournir de l'électricité de la manière la plus facile et la plus rapide possible, il envisage de recourir à des centrales au charbon. On s'attend donc à ce que les émissions de gaz à effet de serre augmentent en Inde ainsi que celles de nombreux polluants dangereux. Mais la population a besoin d'électricité.
Bien des options ont fait l'objet de discussions. L'Union européenne était très fière d'annoncer qu'elle avait réussi à diminuer les émissions de gaz à effet de serre par habitant.
Pouvez-vous, Mme Donnelly en premier et M. Drexhage ensuite, nous expliquer comment l'Europe est parvenue à réduire les émissions de gaz à effet de serre par habitant.
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J'essaie de faire la distinction entre la situation qui prévaut dans un pays et ce que j'appelle l'empreinte causée par les émissions de gaz à effet de serre d'une nation ou d'un peuple. En 1990, s'il y avait eu deux pays dans le monde qui étaient autonomes sur le plan énergétique et où les emplois et les habitudes de consommation étaient identiques, et si, en 2000, le premier pays importait désormais 50 p. 100 de son énergie et de ses produits manufacturés et que le deuxième exportait ces produits vers le premier, alors les émissions du deuxième pays seraient plus élevées que celles du premier. Mais l'empreinte causée par les émissions globales de gaz à effet de serre du premier pays serait restée la même ou serait plus grande, parce que les biens qui y étaient produits jadis proviendraient maintenant de l'autre bout du monde.
Entre 1990 et 2005, l'Europe, qui était un exportateur net de carburant, est devenu un importateur net. Aujourd'hui, le Royaume-Uni est un importateur net de charbon, comme d'autres pays. Et au cours de cette période, à la grandeur de l'Union européenne, à cause de la fabrication à l'étranger, 34 p. 100 des emplois dans le secteur manufacturier ont disparu. Si on examine les données européennes — sur le transport et la consommation de carburant par habitant, les émissions de gaz à effet de serre liées à la consommation d'essence, la consommation d'électricité par habitant, les émissions de gaz à effet de serre pour chaque unité d'électricité consommée, les achats et l'utilisation de voitures par habitant — on se rend compte que tout cela, en moyenne, a augmenté plus rapidement qu'au Canada. Donc, l'écart entre la tendance que nous observons ici et celle constatée en Europe tient au fait que l'Union européenne n'est plus autonome sur le plan énergétique et ne figure plus parmi les principales régions du monde exportatrices de produits manufacturés.
Le problème est bien entendu le fait que l'Europe a perdu 34 p. 100 de ses emplois dans le secteur manufacturier tandis que le Canada a enregistré un gain net de près de 17 p. 100. La situation s'est toutefois récemment stabilisée ici. Cet écart explique tout.
Qu'est-ce que cela a à voir avec quoi que ce soit? Chacun d'entre nous consomme davantage, et la concentration des gaz à effet de serre dans l'atmosphère n'a pas diminué simplement parce que nous avons transféré la fabrication à l'étranger. Si on respectait un protocole comme celui de Montréal, nous serions responsables des émissions liées au cycle complet d'un carburant utilisé pour produire ce que nous consommons, peu importe d'où proviennent nos biens de consommation. C'est ce que prévoirait un protocole comme celui de Montréal. Les émissions par habitant seraient encore élevées — il est certain qu'il y a encore beaucoup de travail à faire — mais la tendance que nous avons observée depuis 1990 serait meilleure que celle qu'affichent les 25 pays membres de l'Union européenne, à l'exception de trois d'entre eux.
Il est à souligner que notre réseau de distribution d'électricité est le troisième réseau le moins polluant dans le monde et nos fabricants de produits chimiques et de biens manufacturés comptent parmi les plus efficaces de la planète.
Notre défi consiste donc à trouver comment atteindre les objectifs que l'Europe n'a tout simplement pas atteints, c'est-à-dire réduire les émissions et accroître les emplois.
Je trouve que des représentants des caisses de retraite des syndicats du Canada devraient être ici.
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Merci, monsieur le président.
Je voudrais profiter de l'occasion pour donner la parole aux jeunes, vu qu'ils semblent constituer la majeure partie de l'assistance. Je vais poser ma question à Mme Hayes.
Lors de votre exposé, vous avez mentionné que dans l'avenir, vous alliez devoir vous adapter à certaines conditions. M. Drexhage a précisé que des espèces disparaîtraient, qu'il y aurait une perte de diversité sur les plans végétal et animal, que de nouveaux insectes feraient leur apparition, qu'il y aurait des invasions, que la chaîne alimentaire serait modifiée, et ainsi de suite.
J'aimerais savoir si, d'après vous, le gouvernement actuel va atteindre l'objectif de 20 p. 100 en 2020 qu'il s'est fixé. Sinon, avez-vous des propositions à faire à votre gouvernement pour que cet objectif soit atteint? Enfin, quels sacrifices la jeune génération est-elle prête à faire quant à son niveau de vie pour atteindre cet objectif?
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Merci, monsieur le président.
Une partie du plan de l'ancien gouvernement consistait à envoyer ces milliards de dollars durement gagnés à l'étranger pour acheter des crédits d'émission; et nous avons parlé de la question lors de réunions précédentes, tandis que certains d'entre vous étiez là.
L'intention, qui était alors d'atteindre les soi-disant obligations aux termes de Kyoto par ce moyen, qui apportait réellement.... Je pense que nous savions tous parfaitement que ce type de système tenait du tour de passe-passe, ou de l'attrape, car il ne présentait aucun avantage environnemental pour les Canadiens.
J'aimerais d'abord vous demander, madame Donnelly, de même qu'à vous ensuite, monsieur Drexhage — étant donné votre expertise à ce sujet —, si vous appuyez l'achat de crédits d'émissions à l'étranger au lieu d'un investissement de cet argent ici, au Canada, pour assainir l'air que respirent les Canadiens et créer des technologies écologiquement viables? J'ai ensuite une question complémentaire à poser en ce qui a trait aux grands pollueurs comme la Chine et les autres, s'il reste du temps.
Mon autre remarque concerne l'approche du gouvernement. Le scénario qui semble se dérouler depuis deux ans, et bientôt trois ans, en janvier, c'est que nous avons un gouvernement qui ne veut prendre aucun engagement. Nous n'avons aucun régime réglementaire à l'égard des gaz à effet de serre. Et l'on a mentionné que nous aurions des cibles basées sur l'intensité, ce qui est un terrain glissant.
Ensuite, le premier ministre se rend à des réunions, où il profite de l'occasion pour se faire photographier en recourant à un langage corporel efficace pour signaler que le Canada ne se laissera pas bousculer par la Chine communiste. Mais il n'y a là aucune nuance. Il n'y a aucune indication d'une volonté d'aller de l'avant. Le premier ministre ne nous dit pas ce qu'il attend de la Chine et de l'Inde. Il ne nous dit pas: « D'accord, nous comprenons que nous ne pouvons recourir à la même approche avec ces pays, mais peut-être pourrions-nous trouver un terrain d'entente où leurs cibles pourraient être réduites au départ par rapport aux nôtres. »
Il n'y a rien à discuter. Tout cela n'est qu'une stratégie de matamore pour montrer combien le Canada est puissant dans la communauté internationale, même si nous n'avons pas de régime de réglementation ici et que le temps file.
J'aimerais simplement avoir votre commentaire là-dessus, monsieur Bramley.
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Pardonnez-moi, mais j'aimerais revenir sur un point.
M. Cullen a posé une question très intéressante concernant l'influence du Canada dans les négociations.
J'ai lu le discours prononcé par le premier ministre devant le Council on Foreign Relations et à l'ONU, et j'ai trouvé qu'il avait soulevé un point extrêmement important, lorsqu'il a dit que le Protocole de Kyoto n'avait pas tout à fait réglé la question des économies en pleine croissance.
C'est une chose d'avoir des économies relativement stables, qui ne sont pas tributaires des ressources naturelles pour leurs exportations, mais que faire lorsqu'il s'agit d'économies en expansion? Dans le contexte actuel, si le Canada fait preuve de leadership et s'efforce de remédier au problème, la Chine et l'Inde pourraient très bien s'en inspirer. Si l'Alberta, avec toutes ses ressources et les infrastructures qu'elle a en place, n'y arrive pas, comment peut-on s'attendre à ce que la Chine et l'Inde y parviennent?
Je sais que le premier ministre de l'Alberta, par exemple, prévoit se rendre à Bali. Le gouvernement albertain veut réellement prendre des initiatives. Je veux l'appuyer là-dedans, car je me demande comment l'Alberta et les autres régions des pays développés dont la réussite économique dépend des combustibles fossiles et des ressources naturelles peuvent résoudre « la quadrature du cercle » qui, soit dit en passant, est le titre de notre événement parallèle à Bali... Le Canada, la Chine, L'Inde et l'Afrique du Sud discutent de ce problème auquel nous devrons faire face, et le Canada a vraiment la possibilité de devenir un leader mondial en la matière.
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Merci beaucoup, monsieur le président. J'aimerais poser quelques brèves questions.
Monsieur Drexhage, vous avez parlé de l'électricité et du capital. Mme Donnelly a aussi fait des commentaires à ce sujet. Ce qui est intéressant, c'est que la semaine dernière, j'ai eu la possibilité de débattre de la mine de charbon Donkin, qui est un excellent projet.
Nova Scotia Power possède quatre centrales thermiques alimentées au charbon, qui brûlent environ 2 à 2,5 millions de tonnes de charbon chaque année. Ces centrales, relativement nouvelles, produisent 50 p. 100 de l'électricité de la Nouvelle-Écosse. La province fait d'importants investissements — se chiffrant en centaines de millions de dollars — dans le SO2 et ce genre de choses.
Que nous proposeriez-vous, d'une part, pour que nous ayons le temps de renouveler ce capital, et d'autre part, que nous ne laissions pas un investissement en plan, qui donnerait lieu à des coûts d'électricité extrêmement élevés pour nos contribuables?
Je m'adresse d'abord à M. Drexhage.
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Dans les discussions en cours à propos du régime pour les grands émetteurs finaux, on se demande quelle devrait être la norme par défaut pour les nouvelles installations. Je dirais que tout ce qui dépasse le cycle combiné au gaz devrait être jugé inacceptable. Il faut envoyer le message à l’industrie qu'il est nécessaire d'avoir au moins un cycle combiné au gaz pour les nouvelles installations.
Personnellement, je préfère ce que la Colombie-Britannique a décidé, c’est-à-dire que la norme pour toutes les nouvelles installations soit la capture et le stockage du carbone. Je veux quand même être réaliste: il nous faut au minimum un cycle combiné au gaz.
Deuxièmement, pour ce qui est des investissements laissés en plan, j’ai été un peu surpris par les observations d’Aldyen, et j’aimerais jeter un coup d'oeil sur ses chiffres, parce que si je me fie à la déclaration du Conseil canadien de l’énergie, qui regroupe toutes les associations de ce secteur, que ce soit l’Association canadienne des producteurs pétroliers, l’Association canadienne de l’électricité ou l’Association canadienne de l’énergie éolienne, il semblerait que nous soyons à un stade critique pour ce qui est du renouvellement du capital dans l’industrie de l’électricité. Donc, encore une fois, les décisions prises aujourd’hui auront des conséquences pendant au moins 40 ans, et nous devons nous assurer d’avoir les reins assez solides.
Malgré tout ce qui peut arriver dans ce pays, je suis également d’accord pour dire que nous devons être très attentifs à ce qui se passe en Ohio et dans d’autres États importants. Si vous regardez le réseau de distribution -- ma collègue a sur le mur de son bureau une carte illustrant toutes les centrales électriques et les émissions qu’elles produisent --, le Canada fait piètre figure à côté du Mid West. Ces États ont récemment signé une entente. Nous devons véritablement collaborer avec eux afin de remédier rapidement à la situation.
Mme Donnelly, mes collègues vous ont posé une question au sujet du Protocole de Montréal. Si je me souviens bien, 80 p. 100 des émissions, à l’époque des négociations, étaient produites par une seule et unique compagnie, Dupont. Bon nombre des organisations que vous avez citées étaient des filiales à cent pour cent de Dupont, tout comme celles des États-nations qui y ont participé. Ce sont la responsabilité sociale des entreprises et l’activisme actionnarial qui poussaient Dupont à prendre des mesures correctrices. Je le sais; j’ai siégé au conseil d'administration.
Je pense donc qu’il est important d’être clair quant à la réussite du Protocole de Montréal dans sa totalité.
Monsieur Drexhage, vous avez fait des observations très pertinentes, tout comme M. Bramley. Celui-ci s’est interrogé sur les critères à prendre en compte pour décider des réductions d’émissions de gaz à effet de serre. Faut-il se fonder sur le nombre d’habitants, les données passées ou le PIB?
Monsieur Drexhage, vous avez également dit que même si le avait affirmé que nous nous engagerions si tout le monde en faisait autant, vous avez fait allusion au fait que nous négocions déjà une position contraire en vertu de l’annexe 1. Pouvez-nous expliquer ce que cela signifie?