:
La séance est ouverte. Notre temps est un peu limité aujourd'hui parce que nous devrons aller voter.
Bienvenue à nos invités. Nous les connaissons tous, mais je vais les présenter officiellement dans un instant.
En raison des problèmes d'eau que nous avons eus lundi dernier, nous entendrons des témoins lundi, et nous avons ajouté à l'ordre du jour quelques témoins qui ne pouvaient pas comparaître avant. Ils seront là lundi également. Par conséquent, même si nous devons d'abord entendre les témoins, je propose que nous reportions à mercredi la date limite pour présenter les amendements, afin que le greffier et les membres du comité disposent de tout le temps nécessaire. Ce délai vous semble-t-il trop long?
Monsieur Godfrey.
:
Puisque je prévois l'argument que vous ferez valoir, je suis prêt à faire une proposition dont j'ai discuté avec d'autres partis, avec le greffier et avec les rédacteurs législatifs.
Les amendements ont déjà été en grande partie présentés à nos rédacteurs, et il y a des négociations actuellement en cours. Nous attendons encore les amendements des conservateurs, mais si nous pouvions présenter la majorité des amendements plus tôt et permettre que d'autres amendements puissent être présentés le mardi qui précède ce mercredi, les rédacteurs m'ont assuré qu'ils avaient suffisamment de ressources pour pouvoir traiter ces amendements et les distribuer le mercredi matin, de façon à ce que nous puissions faire l'étude article par article le mercredi après-midi, quitte à prolonger la réunion au besoin. De cette façon, nous pourrions respecter nos échéances et terminer ce travail avant l'ajournement. Nous pourrions par la suite reprendre la liste des travaux prévus, entre autres l'examen des budgets des dépenses.
Tout cela est faisable et n'impose pas un fardeau trop lourd. J'ai vérifié auprès des autres partis et il semble qu'ils soient d'accord. Plus tôt les amendements seront présentés, plus la tâche nous sera facile.
:
Nous l'avons inscrit à l'ordre du jour de la réunion du comité de direction. La question sera discutée à ce moment-là. Entendons nos témoins.
Mais auparavant, j'aimerais que nous prenions un instant en mémoire de Charles Caccia. Charles a été le président de ce comité. Il était président lorsque je suis arrivé à ce comité, et de plus, il a représenté pendant 36 ans la circonscription de Davenport au Parlement.
Je pourrais parler longuement de Charles. Lorsque je suis arrivé à ce comité, à la fin de 2000, Charles m'a immédiatement trouvé antipathique, et j'ai décidé que je ne l'aimais pas non plus. Au fil des ans, durant l'étude que nous avons faite de la mesure législative sur les espèces menacées, entre autres, Charles et moi nous sommes rapprochés et avons appris à nous respecter mutuellement. M. Bigras pourra vous le confirmer, et M. Cullen, tout comme M. Godfrey et la plupart d'entre vous se rappelleront très bien de Charles.
Charles était un homme passionné et très dévoué. Il était très fier de la création du poste de commissaire à l'environnement. Il est donc à-propos aujourd'hui que nous vous accueillions ici pour rendre hommage à Charles.
Je ne vais pas m'étendre sur le sujet, mais l'un des meilleurs moments pour vous et moi, John, a été le débat que Charles avait organisé à l'Université d'Ottawa sur les changements climatiques. Charles m'avait dit: « Bob, vous serez probablement pris à partie ici. L'auditoire ne vous sera pas favorable, mais je crois que vous saurez tirer votre épingle du jeu ». À la fin du débat, il m'avait dit: « Vous avez fait du bon travail, vous et John, je ne crois pas qu'il y ait eu un perdant ou un gagnant ».
Charles était ainsi, toujours prêt à écouter toutes les opinions mais déterminé quant à ce qu'il croyait et à la façon de diriger le comité. Je sais comme vous qu'il a assisté à un grand nombre de nos réunions, jusqu'à l'an dernier encore, il y a quelques semaines même, et qu'il a toujours suivi de près nos travaux. Il me téléphonait parfois trois à quatre fois par semaine pour me conseiller sur ce qui devrait être fait et évité. J'ai l'impression que nous avons tous perdu un grand ami et, en tout cas, quelqu'un pour qui j'avais le plus grand respect.
Je propose que nous présentions une motion pour faire part de nos condoléances à son épouse. Je me ferai un grand plaisir de lui livrer ce message demain. Comme vous le savez, nous pourrons offrir nos sympathies à son épouse et à ses enfants entre 14 et 16 heures, et c'est bien ce que j'ai l'intention de faire. J'aimerais beaucoup qu'une motion unanime soit adoptée pour que nous présentions nos condoléances à son épouse, au nom du comité.
Des voix: D'accord.
Le président: Je vais demander au greffier de préparer ce message et je le livrerai demain en votre nom.
Nous avons tous des souvenirs de Charles, et je ne crois pas que nous puissions en discuter maintenant, mais prenons une minute de silence à sa mémoire.
[Le comité observe une minute de silence.]
Le président: Merci.
Vous ne serez pas étonnés d'apprendre que c'est Karen Kraft Sloan qui est venue me trouver samedi pour m'annoncer le décès de Charles. Qu'une personne aussi opiniâtre que Karen Kraft Sloan me pourchasse pour m'informer du décès de Charles illustre bien l'esprit de camaraderie et l'amitié que nous avons développée au sein du comité au fil des ans. C'est très révélateur de l'esprit qui régnait ici.
Mais permettez-moi de souhaiter la bienvenue à Sheila Fraser, l'une de nos grandes amies, qui est notre vérificatrice générale depuis un certain nombre d'années. Bienvenue également à notre nouveau commissaire à l'environnement, Scott Vaughan.
Nous aimerions que vous nous présentiez un bref exposé.
Je suggère aux membres du comité d'être aussi brefs que possible dans cette partie de notre réunion afin que nous pussions traiter de nos autres points à l'ordre du jour.
Nous avions prévu 90 minutes, mais si nous pouvions nous limiter à 60 ou moins, je suis sûr que cela vous serait également utile, et nous pourrons passer à autre chose. Ce que vous avez à nous dire nous intéresser, mais nous avons un problème de temps, comme toujours.
Je vous demande donc de faire un bref exposé, avant que nous passions aux questions.
:
Merci, monsieur le président.
Je vous remercie de me donner l'occasion de discuter des résultats de l'examen effectué par le groupe d'experts indépendants et de présenter au comité le nouveau commissaire à l'environnement et au développement durable, M. Scott Vaughan.
Comme vous le savez tous, la Loi sur le vérificateur général a été modifiée en 1995. Ces modifications nous ont conféré des responsabilités précises en ce qui concerne les questions liées à l'environnement et au développement durable, dont la création du poste de commissaire à l'environnement et au développement durable.
[Français]
Comme 12 ans se sont écoulés depuis la modification de la loi, et conformément aux examens antérieurs de divers produits du bureau qui ont été menés pour nous aider à mieux servir le Parlement, j'ai demandé, au printemps 2007, à un groupe d'experts indépendants d'examiner notre pratique de vérification en matière d'environnement et de développement durable.
Les membres du groupe ont été choisis en fonction de leur précieuse connaissance des questions touchant l'environnement et le développement durable. Ils sont connus de plusieurs d'entre vous; il s'agit de Mme Elizabeth Dowdeswell et de MM. James Mitchell et Ken Ogilvie.
[Traduction]
Le groupe m'a soumis son rapport Réaliser les potentialités, un rapport que, plus tôt cette année, je vous ai présenté accompagné de mes réponses. Le groupe a conclu que le Bureau du vérificateur général et le commissaire ont eu un effet positif sur la gestion de l'environnement et du développement durable assurée par le gouvernement fédéral. Il a aussi souligné le fait que nous nous sommes bâti une solide réputation, au pays et à l'étranger, à titre de centre d'excellence en matière de vérification environnementale.
Le groupe a reconnu notre bon travail, mais il a aussi attiré notre attention sur des moyens de renforcer notre pratique de vérification en matière d'environnement et de développement durable. Le bureau est d'accord avec les neuf recommandations contenues dans ce rapport, qui vous sont fournies à l'annexe I.
[Français]
Le groupe a fait plusieurs recommandations importantes, notamment que nous devrions mettre entièrement à profit le mandat conféré au commissaire et les divers outils dont nous disposons pour attirer l'attention des parlementaires et du public sur les principales questions en matière d'environnement et de développement durable.
Il a aussi recommandé que le bureau exprime clairement comment il tiendra compte du développement durable dans ses plans de travail. Nous étudions actuellement diverses possibilités qui nous aideront à donner suite à ces deux recommandations.
Je me suis engagée à revoir notre stratégie visant à remplir notre mandat en matière d'environnement et de développement durable, et à élaborer notre nouvelle stratégie au cours de l'année suivant la nomination du nouveau commissaire. Au cours de cet examen, nous communiquerons avec les parlementaires afin d'obtenir leurs opinions.
Je sais que le comité s'intéresse beaucoup aux rapports portant sur les travaux du commissaire. Je peux et je veux vous assurer qu'il continuera de publier un ou des rapports distincts. Nous faisons l'essai de différentes approches visant le dépôt de nos rapports, et nous continuerons à le faire au cours de la prochaine année, afin de mieux faire connaître nos travaux.
[Traduction]
Et maintenant, monsieur le président, je suis heureuse de présenter au comité le nouveau commissaire à l'environnement et au développement durable, M. Scott Vaughan, qui occupe ses fonctions depuis lundi seulement. Il a été nommé à la suite d'un processus rigoureux et il est des plus qualifiés pour occuper ce poste. Économiste de l'environnement, M. Vaughan compte de nombreuses années d'expérience. Vous trouverez plus de détails sur sa carrière dans le communiqué de presse publié aujourd'hui.
J'invite maintenant M. Vaughan à prendre la parole.
:
Monsieur le président, je vous remercie de votre invitation.
Je suis ravi d'avoir été nommé commissaire à l'environnement et au développement durable et je suis honoré de me joindre à une équipe de professionnels aussi talentueuse que celle du Bureau du vérificateur général. J'ai le privilège de bénéficier de bases très solides qui reposent sur les réalisations de M. Ron Thompson, de ses collègues et de ses prédécesseurs.
J'espère que, grâce à mon expérience, des progrès pourront être réalisés en ce qui a trait aux priorités en matière de protection de l'environnement et de développement durable au Canada, et ce, en tirant parti des leçons apprises et des pratiques exemplaires sur la scène internationale.
Permettez-moi de discuter brièvement de deux questions cet après-midi. Premièrement, les stratégies de développement durable élaborées par les différents organismes et ministères ne donnent pas les résultats escomptés. J'ai bien hâte de travailler avec le comité et tous les ministères et organismes en vue de définir les paramètres qui nous permettront de progresser.
[Français]
Deuxièmement, le processus relatif aux pétitions en matière d'environnement contribue à établir un lien entre les importants travaux du gouvernement et les préoccupations des Canadiens à l'échelle du pays. Il s'agit certes d'un bon point de départ, mais il pourrait être encore possible de rehausser l'envergure des processus de pétition, de donner la parole à ceux et celles qui ne se sont pas fait entendre, de faire en sorte que l'on donne suite rapidement et de façon significative aux préoccupations exprimées.
J'ai bien hâte de rencontrer tous les membres du comité au cours des prochaines semaines. Je vous demanderai de me faire part de votre opinion sur les mesures à prendre pour donner suite aux recommandations du groupe d'experts indépendants afin que les parlementaires disposent en temps opportun d'évaluations précises et pertinentes des enjeux que représentent les engagements du Canada en matière d'environnement.
[Traduction]
Monsieur le président et membres du comité, je vous remercie. J'ai bien hâte de travailler avec vous à la réalisation de l'important mandat du Bureau.
:
Monsieur le président , je profite moi aussi de l'occasion pour remercier le commissaire par intérim, M. Ron Thompson, de ses nombreuses contributions aux travaux du Bureau. M. Thompson tente de prendre sa retraite depuis 2006. Heureusement pour nous, il a accepté de reporter son départ à la retraite pour nous aider à faire face à divers besoins urgents et notamment pour occuper le poste de commissaire par intérim depuis janvier 2007. Il a aussi aimablement accepté d'aider le nouveau commissaire au cours de la période de transition. D'ici la fin de la session parlementaire, il continuera donc de comparaître devant les comités lors des séances portant sur ses derniers rapports.
Nous inviterons bientôt les membres du comité à une réception qui sera donnée en l'honneur de M. Thompson.
[Français]
En terminant, j'aimerais ajouter que je suis très fière que la fonction du commissaire à l'environnement et au développement durable soit exercée au sein du Bureau du vérificateur général. J'ai hâte de collaborer avec M. Vaughan en vue de définir les orientations futures de notre pratique de vérification en matière d'environnement et de développement durable.
Ceci conclut, monsieur le président, ma déclaration d'ouverture. Nous serons heureux de répondre aux questions des membres du comité.
Merci.
:
Merci, monsieur le président.
Merci beaucoup d'être venue nous rencontrer, madame Fraser.
Monsieur Vaughan, je vous félicite de votre nomination.
Je n'ai que quelques questions d'ordre administratif à vous poser.
Madame Fraser, je vois que le groupe d'experts a recommandé que le commissaire soit nommé pour un mandat fixe de sept ans, un mandat non renouvelable. M. Vaughan a t-il été nommé selon ses ces modalités?
:
Merci de votre réponse.
Ma deuxième question s'adresse directement à M. Vaughan.
Monsieur Vaughan, vos remarques préliminaires m'ont mis la puce à l'oreille. Au troisième paragraphe, vous déclarez ce qui suit: « les stratégies de développement durable élaborées par les différents organismes et ministères ne donnent pas les résultats escomptés ». Notre comité a consacré beaucoup d'énergie et de temps à examiner les fonctions du poste que vous occupez maintenant. Nous avons voté en faveur d'un poste de commissaire indépendant. Le parti ministériel s'est opposé à l'idée d'un commissaire indépendant qui ferait rapport directement au Parlement. Nous sommes en train d'examiner le projet de loi de M. Godfrey, un projet de loi qui, de l'avis de l'opposition officielle, renforcerait, au sein de la structure fédérale, les pouvoirs des cadres chargés de mettre en application les stratégies de développement durable, entre autres.
Je sais qu'il est trop tôt pour vous demander de faire des commentaires sur le projet de loi de M. Godfrey ou sur l'indépendance du poste que vous occupez, mais je me contenterai de dire, à titre d'introduction, que le problème ne s'est pas évaporé. Des centaines de canadiens m'écrivent encore pour me demander quels résultats a donnés la motion que notre comité a adoptée avant que le gouvernement proroge le Parlement. Il semble donc que la population s'intéresse beaucoup à la façon dont votre bureau fonctionne, aux responsabilités que vous confère la loi, etc.
Je tiens donc à vous remercier d'avoir attaqué ce problème de front en déclarant simplement que ces stratégies ne donnent pas les résultats escomptés. J'espère que nous aurons d'autres occasions d'en discuter plus en détail.
Je tiens également à vous féliciter de vous être dit prêt à nous rencontrer pour discuter des façons dont nous pouvons améliorer la situation au Canada.
C'est tout ce que j'avais à dire, monsieur le président. J'ai demandé à M. Regan de prendre les quelques minutes qu'il me reste.
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Je suis entièrement d'accord avec la vision énoncée par la vérificatrice générale ainsi qu'avec les recommandations contenues dans le rapport du groupe d'experts. J'ai fait un examen approfondi du rapport du groupe d'experts avant de participer aux discussions préalables à l'acceptation de ce poste.
Sous l'angle prospectif et rétrospectif — car c'est là l'objet de votre question, je crois —, la principale fonction du commissaire, à mon avis, est liée aux vérifications, et cette question a été traitée directement dans le rapport du groupe d'experts. Le bureau du commissaire a publié une grande quantité de rapports inestimables, dont, plus récemment, le rapport d'étape du mois de mars.
Si j'ai bien compris votre deuxième question — pouvez-vous faire ensuite quelque chose à partir de ces rapports de vérification — le rôle de la vérification est essentiel pour l'examen, par exemple, de la bonne gestion des politiques fédérales qui appuient la protection de l'environnement et le développement durable.
:
II s'agit d'une question compliquée. Comme il s'agit de ma deuxième journée en poste, j'ai hâte d'avoir vos conseils, votre interprétation et votre point de vue relativement à cette question.
J'aimerais revenir à mes observations sur les stratégies de développement durable, de même que celles de mes prédécesseurs, dont M. Thompson. À titre de défenseur du développement durable, je crois que les activités ne sont plus axées sur les stratégies de développement durable et le concept de développement durable. Si vous voulez être un défenseur du développement durable, le comité devrait saisir cette occasion et influer de façon concrète sur la façon dont les élus et les parlementaires voient la portée opérationnelle du développement durable et de la durabilité.
Une fois la politique établie, le rôle du commissaire et du Bureau du vérificateur général sera de veiller à ce que les politiques soient mises en oeuvre de façon responsable et crédible.
:
Merci beaucoup, monsieur le président.
Monsieur Vaughan, je tiens d'abord à vous féliciter pour votre nomination. Je félicite aussi Mme Fraser de son choix.
En lisant vos antécédents professionnels, vos notes biographiques, deux choses m'ont frappé. D'abord, vous êtes un ancien dirigeant de l'Organisation des États américains, où vous vous spécialisiez dans les questions de développement durable. Cette organisation voit, entre autres, à une certaine forme d'intégration des Amériques.
Vous avez aussi travaillé à la Commission nord-américaine de coopération environnementale, qui a été créée lors de la signature de l'Accord de libre-échange nord-américain pour assurer une meilleure protection de l'environnement dans les accords internationaux, entre autres dans les échanges Nord-Sud.
On débat beaucoup au sujet d'un partenariat sur la sécurité et la prospérité nord-américaines. Comment voyez-vous votre expérience passée par rapport à l'intégration des Amériques et à ce dont on discute de plus en plus dans le cadre d'un partenariat sur la prospérité et la sécurité? Certains craignent qu'on en vienne à une harmonisation de notre réglementation et de nos lois environnementales avec les États du sud et qu'on perde de la vigueur environnementale dans le cadre de ces négociations, dont celles qui auraient lieu entre le Nord et le Sud au sujet de l'eau.
Pouvez-vous confirmer que vous serez un chien de garde des politiques environnementales, au moment où on discute de plus en plus d'intégration économique dans les Amériques?
:
Merci, monsieur le président.
Madame Fraser, je suis heureux de vous revoir.
Monsieur Vaughan, félicitations et bienvenue au comité. Nous vous savons gré de comparaître devant le comité si tôt dans votre mandat, et ce ne sera certainement pas la dernière fois.
Mes questions aujourd'hui seront axées sur la défense de votre rôle, en ce qui concerne le ton et la teneur des conversations que le gouvernement suscite dans le public. Je crois que nous en sommes à un moment extrêmement critique, et ce, depuis un certain nombre d'années maintenant, et dans le cadre de vos fonctions vous avez une voix importante — souvent la voix qui prêche dans le désert —, une voix crédible lorsqu'il est question du rendement du gouvernement en matière d'environnement, une question évidemment importante pour les Canadiens.
D'abord, madame Fraser, j'espère que cette déclaration n'a pas été filtrée par qui que ce soit, et j'espère qu'à l'avenir, aucune déclaration devra être approuvée par quelque conseiller que ce soit en communication. Bien.
Monsieur Vaughan, nous avons eu tout un débat — Mme Fraser et le comité, collectivement et individuellement — sur la différence entre la défense et la vérification: la défense de programmes et de la capacité des programmes de donner des résultats, et le rôle traditionnel de vérifier le passé, ce qui est arrivé. Il me semble y avoir un spectre, pour les vérificateurs et les commissaires à l'environnement partout dans le monde, quant à là où ils se situent. Certains sont considérés comme plus traditionnels — ils se concentrent sur la vérification, le retour en arrière — et certains, en raison de leur rôle, sont davantage des défenseurs de la politique gouvernementale. Si vous deviez vous situer sur ce spectre, où seriez-vous?
:
Permettez-moi d'être plus précis, ce qui pourrait m'aider à comprendre. Ce qui est malheureux avec toute cette terminologie à ce sujet, c'est qu'elle devient très vague pour les Canadiens. Les politiciens et ceux qui les interrogent lancent des mots à gauche et à droite, et parfois on en perd le sens.
Prenons les changements climatiques par exemple. Vous, à titre de commissaire, procédez à une vérification du rendement du gouvernement relativement à certaines mesures prises en matière de changements climatiques. Des allégations sur des gouvernements faisant rapport aux Nations Unies — comme celles qui ont été dévoilées aujourd'hui — font maintenant l'objet d'une enquête par l'ONU. C'est lié à ce que vous examinez, soit la non-atteinte des cibles par le gouvernement. En même temps, un article soutient qu'un organisme externe — l'ONU, en l'occurence — a de sérieux doutes relativement aux données présentées par le Canada.
Voyez-vous comment votre vérification peut dévier vers « et le gouvernement à l'avenir ne recommencera plus »? Cela cause des problèmes, et le rôle de défenseur devra prendre davantage de place à l'avenir par opposition au rôle strictement de vérification. Mais voilà ce qui se passe actuellement, et je ne sais pas s'il y a une distinction ténue entre les deux...
Je vous vois un peu comme un porte-parole. Tout est dans la façon dont vous présentez l'information et non seulement dans l'information comme telle. Nous avons vu toute une gamme de commissaires avec chacun des styles et des personnalités très différents, et ces choses font une différence. Une différence pour ce qui est de leur efficacité, et aussi sur l'influence qu'ils exercent sur notre comité et le gouvernement.
Lorsque je pense à quelque chose d'aussi précis — et c'est peut-être quelque chose qui se développe avec le temps —, j'essaie de voir de quel côté vous penchez. Êtes-vous à l'aise avec certaines des vérifications faites en Nouvelle-Zélande ou en Grande-Bretagne — les vérificateurs ont dit que, même si le gouvernement avait un plan pour l'avenir, ils avaient des réserves quant à la gestion de l'information, parce qu'ils ne croyaient pas que les objectifs seraient atteints. Le rôle en devient soudainement un de défenseur pour l'avenir. À titre de vérificateur, est-ce quelque chose qui vous dérange?
:
Je crois qu'il faudra tenir une longue discussion.
Pour prendre l'exemple que vous avez donné, au printemps 2009, un rapport sera publié sur la mise en oeuvre de l'Accord de Kyoto. Le rapport traitera de questions liées à la mise en oeuvre des obligations actuelles du gouvernement fédéral conformément à l'Accord de Kyoto. Le rapport ne se prononcera pas sur les politiques liées à cette question. Nous examinerons la portée de la mise en oeuvre et verrons si celle-ci a été effectuée de façon crédible compte tenu des obligations.
Je ne suis pas un représentant élu. Alors, par exemple, s'il y a des questions de politique plus vastes liées à l'Accord de Kyoto, elles relèveraient des députés. Des questions importantes sont liées à l'orientation politique.
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Permettez-moi de vous poser une question. On vous a posé une question sur un projet de loi, et votre prédécesseur a dit au comité, au sujet de ce projet de loi: « Ce projet de loi me plaît. Je crois qu'il est utile ». Ne peut-on pas dire qu'il défendait une politique?
Je ne sais plus trop où se situe la limite. C'est un projet de loi qui n'a pas encore été adopté. La question a immédiatement été posée au commissaire parce qu'il est question de celui-ci et de son rôle dans le projet de loi. Mais lorsqu'on a posé des questions sur la politique, à mon avis — et je tente d'être objectif — le rôle joué en était clairement un de défense: « Ce projet de loi me plaît. Je crois que c'est un bon projet de loi ».
À mon avis, il y a confusion. Lorsque je pose la question « Les cibles d'intensité fonctionnent-elles? » — parce qu'il est question du plan adopté par le gouvernement — et que le Bureau du vérificateur général me répond « Eh bien, on ne veut pas se prononcer sur la politique du gouvernement », je suis confus. On ne sait pas à quelle réponse s'attendre, si vous me suivez.
D'un côté, on me répond « Cette politique n'est pas encore adoptée, mais je l'appuie, à titre de commissaire ». Et d'un autre côté, on me répond « Voilà encore une autre politique qui n'a pas encore été adoptée, mais j'hésite, parce que c'est un programme central du plan gouvernemental, lequel a été grandement critiqué. Je ne vais pas me prononcer ». Quelle est la différence?
C'est peut-être injuste. Vous m'en voyez désolé. Vous venez tout juste d'arriver en poste.
:
Je tiens à souhaiter la bienvenue à Mme Fraser et au commissaire Vaughan. Je suis impatient de travailler avec vous. Le ministre Baird vient de diffuser un document dans lequel il affirme que la responsabilité et la surveillance constituaient une assise importante pour un gouvernement responsable. Cette assise est importante également s'agissant de la santé de notre environnement et voilà pourquoi je suis impatient de travailler avec vous, monsieur Vaughan, dès maintenant et à l'avenir.
Je suis sûr que vous avez pris connaissance de ce document. Nous l'avons reçu il y a environ deux mois et nous avons préparé un rapport en octobre également. À ce moment-là, nous sommes convenus qu'il fallait procéder à un examen. Dans cinq mois environ, nous présenterons un rapport sur la situation particulière de chaque ministère. Nous reconnaissons que depuis 1995, depuis la création du Bureau du commissaire à l'environnement, année après année on a constaté des faiblesses. Dans le rapport le plus récent, qui remonte à il y a deux mois, on apprend que sur les 14 ministères où il y a eu une vérification, cinq ont obtenu une note satisfaisante et neuf ne l'ont pas obtenue. Par conséquent, je pense qu'il y a encore beaucoup de travail à accomplir et je comprends les défis que cela vous pose.
Notre comité est politisé et parfois il y a des éclats. Vos propos à l'avenir pourraient éventuellement être qualifiés ainsi. Par le passé, certaines remarques faites ici ont servi à pointer du doigt les lacunes du gouvernement précédent. Toutefois, aujourd'hui, je vais mettre l'accent sur les mesures désormais nécessaires — destinées à assainir l'environnement. Nous avons le devoir de faire en sorte que notre pays soit en santé — sur les plans économique, environnemental et social — dans l'intérêt de la présente génération et des générations à venir.
Vous vous êtes attardé à deux sujets essentiellement. Vous avez dit:
Premièrement, la stratégie de développement durable élaborée par les différents organismes et ministères ne donne pas les résultats escomptés. J'ai bien hâte de travailler avec le comité et tous les ministères et organismes en vue de définir les paramètres qui nous permettront de progresser.
Deuxièmement, vous avez abordé le processus relatif aux pétitions en matière d'environnement. Je trouve les rapports du bureau de Mme Fraser une lecture fort intéressante. Ils soulignent l'importance du processus relatif aux pétitions et signalent l'intérêt qu'il suscite. Peu de gens connaissent l'existence de ce processus mais certains en ont usé à répétition. Quand on voit le nombre de pétitions et qu'on applique un facteur multiplicatif, on constate qu'en effet peu de gens connaissent l'existence du processus. Je souhaite vivement qu'on fasse la promotion de ce processus pour que les Canadiens qui se soucient des mesures que prend le gouvernement y aient accès.
Je sais que vous n'êtes pas venu pour débattre du mais on l'a évoqué. Mon souci est que nous adoptions une mesure législative bien pensée qui permet d'engager le gouvernement dans la bonne voie. Les témoins que nous avons entendus ont ouvertement critiqué ce projet de loi. Pourtant, voilà que nous nous précipitons pour son étude article par article et que nous présentons des amendements — tout cela avant même d'avoir fini d'entendre les témoins. Cela me préoccupe. En bout de ligne, nous, parlementaires, avons la responsabilité de mettre en place une mesure fonctionnelle.
Excusez ma digression. Voici ma question: quelle importance accordez-vous à un travail concerté de notre organe politique mettant l'accent sur des solutions qui vont résolument réduire les émissions de gaz à effet de serre, résolument réduire la pollution atmosphérique et assainir nos cours d'eau? Quelle importance accordez-vous au recours aux outils technologiques que nous possédons au Canada afin d'appuyer nos objectifs et ceux du reste du monde?
:
Merci, monsieur le président.
Je remercie nos témoins de leur présence devant le comité. J'ai toujours apprécié les travaux de notre comité, auxquels je participe depuis deux ans, mais je m'intéresse encore plus à l'avenir, et pas nécessairement au passé ni au bilan libéral, car c'est de l'avenir que dépendra la santé du Canada et des Canadiens.
Je suis un habitant de Fort McMurray, j'ai 41 ans, et je n'hésite pas à dire que c'est l'un des plus beaux endroits que j'ai pu voir au monde. La qualité de l'air dans le centre-ville de Fort McMurray est de quatre à dix fois supérieure à ce qu'elle est dans le centre-ville de Toronto. Je peux même boire l'eau de la rivière Clearwater, qui traverse la ville. C'est un très bel endroit, et je vous invite à venir y faire un tour. Si vous venez, ce sera pour moi un honneur que de vous faire visiter l'endroit. Malgré des nombreuses invitations lancées aux membres du comité, seulement deux d'entre eux ont fait le déplacement.
Une voix: De qui s'agit-il?
M. Brian Jean: Même si certains pourront s'en étonner, M. Mills et M. Warawa.
Je m'intéresse de près à l'équilibre. Je pense que vous êtes confrontés à une tâche très délicate, car dans le secteur des sables bitumineux, par exemple, on a créé 500 000 emplois répartis dans l'ensemble du pays, y compris 85 000 emplois pour des travailleurs de l'Ontario qui approvisionnent les chantiers des sables bitumineux. En fait, le secteur représente 6 p. 100 du PIB de notre pays.
J'aimerais savoir comment vous assurez l'équilibre, car votre tâche consiste à mesurer et à signaler les progrès en tenant compte des coûts économiques et des différentes options en matière d'environnement et de ressources naturelles. En réalité, cela me semble extrêmement difficile. Comment pensez-vous parvenir à cet équilibre qui doit figurer dans vos rapports?
Vous avez mis dans le mille. La question de l'équilibre a constitué le concept déterminant du développement durable tel que l'a formulé la Commission Brundtland. Je me suis entretenu ce matin avec M. Jim McNeil, qui en était le secrétaire.
Le problème se pose non seulement au Canada, mais littéralement dans tous les pays confrontés au défi du développement durable qui doivent se demander ce que signifie concrètement cet équilibre. Je pense que d'après votre déclaration liminaire, les Canadiens exigent de l'eau et de l'air de qualité, une alimentation saine, en plus de la prospérité économique et de la sécurité d'emploi. Ces questions portant sur la façon de progresser sur une trajectoire de croissance économique tout en respectant ces normes supérieures de qualité environnementale constituent une priorité pour notre service. Il ne se passe pas un jour sans que nous y réfléchissons.
:
J'occupe mes fonctions depuis quatre ans, et je peux vous dire que c'est également une priorité pour le gouvernement actuel. Il en va de l'avenir de nos enfants et des nos petits-enfants. C'est très important.
La crise des prêts hypothécaires à risque s'est déclenchée aux États-Unis et elle crée des remous économiques partout ailleurs. En janvier dernier, je suis allée en Australie; ce pays a été très durement frappé. Le monde entier a été frappé très durement. En fait, il semble que le Canada soit actuellement le seul pays qui connaisse une création nette d'emplois, avec 750 000 nouveaux emplois au cours des deux dernières années, par exemple.
Est-ce que vous tenez compte, dans votre analyse, de la situation économique du reste du monde par rapport à celle du Canada?
:
Merci beaucoup. J'apprécie votre réponse, car je trouve que ce sont là des éléments très importants.
Une dernière question. J'ai trouvé dans votre biographie l'une de vos récentes publications, qui m'a paru intrigante. Elle était intitulée « Privatisation de l'eau: Le rôle de l'AGCS et les intérêts des pays en développement ». J'ai essayé de l'obtenir, mais je ne l'ai trouvée qu'en français, et même si je m'efforce de pratiquer le français le plus souvent possible, je dois vous dire que je n'ai pas réussi à le comprendre parfaitement.
Tout d'abord, est-ce que vous en avez un exemplaire en anglais? Deuxièmement, quel est le message fondamental de ce document?
:
Je me ferai un plaisir de vous en faire parvenir un exemplaire. Je me demande si je la comprendrais moi-même. Je l'ai rédigée il y a environ cinq ans.
Très brièvement, il s'agissait du problème que connaissent de nombreux pays quant à la gestion de l'eau et au rôle global de la privatisation. L'étude portait sur le régime de la propriété de façon générale et j'en venais à la conclusion, je crois, qu'il n'y a pas de modèle unique en la matière. Tout dépend non seulement du pays, mais également du district et de la municipalité. Dans certaines régions, par exemple, au pays de Galles, l'expérience de privatisation a entraîné une détérioration de la qualité de l'eau et une augmentation des prix. Dans d'autres cas, la privatisation a été avantageuse. La conclusion du document, c'est que la solution dépendait du contexte.
Je serais heureux de vous en faire parvenir un exemplaire.
:
Merci, Francis, et merci, monsieur le président, aussi.
À l'instar de notre président et d'autres personnes avant moi, je tiens à vous souhaiter la bienvenue à nouveau. Merci d'être là. Nous aurons d'autres moments et d'autres occasions.
Je présume que vous vous êtes assis à votre bureau assez longtemps pour avoir trouvé la calculatrice, et il se peut que la question que je vais vous poser nécessite un logiciel de pointe pour y répondre. J'aimerais en savoir plus sur les coûts éventuels d'un projet de loi tel que le . Je me demande même si votre bureau a la capacité de faire des rapports sur les quelque 400 sujets énumérés à l'annexe. J'imagine sans doute que ces rapports ne feraient que souligner le manque de financement.
Alors, pour commencer, au cours de vos premières journées en poste, avez-vous réussi à chiffrer le coût du projet de loi ? Et pour ce qui est de votre capacité, êtes-vous capable de faire rapport sur ces quelque 400 sujets?
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M. Bigras a raison. Le rappel au Règlement est juste, nous devrions traiter d'abord de cette motion.
Ce que je crains, c'est qu'il sera bientôt 17 h 15, et que le timbre retentira. Si la séance est levée sans que nous ayons fixé une nouvelle échéance, l'échéance sera aujourd'hui. À quoi servirait-il alors de recevoir les témoins lundi? C'est mettre la charrue devant les boeufs. Nous voulons écouter ces témoins, je pense. Je crois qu'il s'agit d'excellents témoins que nous aurons l'occasion d'accueillir lundi.
Il me faut le consentement unanime du comité pour mettre de côté la motion de M. Bigras, il a bien raison. Parlons-nous de la prolongation des délais ou de la motion de M. Bigras?
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En effet, le dépôt des amendements ne signifie pas qu'il s'agit des amendements finaux. En effet, on constate à ce moment-là la teneur d'autres amendements, on peut juger qu'il y a redondance ou en préférer un autre.
Si les partis ont déjà commencé à présenter des amendements, ou à les faire rédiger, je pense que les conservateurs ont déjà des amendements prêts. Sachant qu'ils peuvent être retirés ou modifiés à la dernière minute, nous pourrions en prendre connaissance et commencer des discussions préliminaires.
J'ai communiqué à tous les membres tous les amendements que nous avons présentés, en passant. Et nous en avons reçus.
En procédant ainsi, le gros du travail serait abattu avant la fin de semaine, ce qui faciliterait notre tâche. Nous laissons la porte ouverte à de nouveaux amendements, fondés sur les propos des témoins de lundi après-midi, et nous pourrons procéder mercredi à l'examen article par article, si nous sommes prêts à siéger jusqu'à la fin de l'examen de ce projet de loi.
Avec la bonne méthode et la bonne attitude, ce processus nous permettra d'écarter nombre de problèmes, parce que nous aurons vu à l'avance les amendements et aurons négocié certaines choses avant même le début de l'examen article par article. En travaillant dans cet esprit, on peut fixer l'échéance en laissant ouverte la possibilité de déposer d'autres amendements. Essentiellement, nous pourrions...
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Merci, monsieur le président.
Il me semble qu'on nous presse d'agir, et je ne vois pas très bien pourquoi. Je vous présente mes excuses, je ne suis pas un membre régulier, mais je viens souvent vous visiter.
Comment les greffiers législatifs pourront-ils décider de la recevabilité de ces amendements, s'ils n'ont pas le temps de les examiner tous?
Monsieur Godfrey, j'aimerais bien savoir combien d'amendements compte proposer l'opposition officielle. D'après mon expérience au sein du comité, je sais que le Bloc présentera le double de ce que vous proposerez et les néo-démocrates, probablement le triple. Combien d'amendements avez-vous l'intention de présenter, jusqu'ici?
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Le problème, c'est que le projet de loi devra passer par toutes les étapes à la Chambre. Il serait bon d'en avoir fini avant la fin de la session, pour qu'il puisse continuer sa route.
J'estime que tout le monde travaille de bonne foi sur tout cela. Les choses ont été très positives jusqu'à aujourd'hui, et c'est quelque chose que je tiens à signaler. Je propose simplement que ceux d'entre vous qui ont des choses déjà prêtes devraient les soumettre maintenant, avec bien sûr une date limite. Nous pourrions fixer la date limite à mardi matin, ou un autre moment qui nous permettrait de soumettre des amendements découlant des témoignages, ou changés par les témoignages, à la dernière minute. Je ne dis pas qu'il ne faut pas prendre en compte les témoignages que nous entendrons, mais je doute qu'ils changeront...
Par exemple, je ne vais pas représenter la notion d'un commissaire indépendant. J'ai retiré cette notion, parce que vous l'avez tous beaucoup critiquée, avec raison.
Je veux simplement réduire le nombre de questions.
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Merci, monsieur le président.
La motion que nous avons — quelle est la date? J'ai soulevé la question — en fait, c'est vous qui l'aviez soulevée, monsieur le président — c'est que notre date limite c'est aujourd'hui mais tous les témoins n'ont pas encore comparu. Cette date doit donc être changée.
Pouvons-nous adopter une motion qui changerait officiellement la date, pour qu'on puisse l'établir dès maintenant et passer à la motion de M. Bigras? Nous devons changer la date, sinon l'échéance est pour aujourd'hui.
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C'est pour cela que je proposais le 14. C'est une date logique. Il y aura une pause, et je pensais que l'étude article par article pourrait commencer le 26.
Le 14 nous pourrions avoir le rapport du comité directeur, et avoir la possibilité d'en discuter. C'est ce jour-là que les amendements doivent être présentés. Cela nous donne à tous — nous, le ministère, le greffier, tous — assez de temps pour les étudier. Et nous pourrions revenir pour l'étude article par article le 26. Nous serions prêts, et nous pourrions foncer.
Mais si nous pressons les choses — et c'est ce que nous faisons maintenant, semble-t-il — nous allons commettre des erreurs, et notre travail ne sera pas aussi complet que possible.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Il me fait plaisir de présenter cette motion au comité. Je vais d'abord la lire:
Que le comité recommande au gouvernement de s'assurer que la mise en oeuvre de la réglementation découlant de l'éventuelle adoption du projet de loi C-33, Loi modifiant la Loi canadienne sur la protection de l'environnement (1999), ne doit pas avoir pour effet d'augmenter la proportion de production canadienne de maïs qui est actuellement consacrée à la production d'éthanol et qu'il en soit fait rapport à la Chambre à la première occasion.
Monsieur le président, la raison pour laquelle nous déposons aujourd'hui cette motion, c'est que nous espérons lancer un message clair au gouvernement à l'égard du projet de loi C-33, un projet de loi visant à augmenter de 5 p. 100 le contenu d'éthanol dans le carburant, dans l'essence. Pourquoi cette motion, monsieur le président, et pourquoi voulons-nous nous assurer que ce projet de loi n'ait pas pour conséquence d'augmenter la production d'éthanol de maïs? Tout simplement, dans un premier temps, parce que cette politique a contribué fortement à l'augmentation des prix mondiaux des denrées alimentaires. De 2003 à 2008, on a vu la production d'éthanol passer de 212 millions de litres à un milliard et demi de litres quand les derniers projets, en 2008, seront réalisés.
Ce type de politique contribue à la crise alimentaire mondiale, et nous ne croyons pas que le projet de loi C-33 doive être un projet de loi complice de la crise mondiale actuelle.
Deuxièmement, il n'a pas été démontré que l'usage d'éthanol de maïs a pour conséquence de réduire les émissions de gaz à effet de serre, bien au contraire. Nous croyons à la nécessité d'effectuer un bilan énergétique entre la dépense d'énergie pour produire le maïs à des fins d'éthanol par rapport à la dépense d'énergie conséquente à la combustion de l'essence contenant de l'éthanol.
Par conséquent, le bilan énergétique de réduction des émissions de gaz à effet de serre n'est pas ce qu'on aurait pensé il y a plusieurs années.
Finalement, il faut se rappeler, monsieur le président, que la production d'un seul litre d'éthanol requiert 1 700 litres d'eau douce et rejette dans l'environnement 12 litres d'engrais et de pesticides. Monsieur le président, il y a des externalités négatives pour les eaux douces du Québec et du Canada, et je pense qu'il est de notre devoir, comme Comité de l'environnement, de nous assurer que la politique et le projet de loi C-33 ne contribuent pas à augmenter les tensions sociales internationales, à augmenter les risques environnementaux sans pour autant contribuer véritablement à la réduction des émissions de gaz à effet de serre.
Merci beaucoup.
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Les agriculteurs canadiens sont les plus innovateurs du monde entier. Ils sont plus que capables de rencontrer nos objectifs en matière d'éthanol sans pour autant changer la quantité de la production destinée à la culture des aliments. Nous continuons d'investir dans des processus visant à augmenter la production des terres agricoles canadiennes et dans la prochaine génération de production d'éthanol, tel l'éthanol cellulosique.
L'éthanol canadien est fabriqué à partir d'autres cultures, tels le blé et le canola, pas seulement le maïs, alors je ne comprends pas pourquoi le Bloc veut s'attaquer au maïs. Nos efforts de faire avancer le dossier de l'énergie renouvelable propre ont été aussi encouragés par la collectivité internationale et par des groupes écologiques. Le cycle d'énergie renouvelable consiste en partie d'un renouvellement de l'énergie sur terre et l'arrêt de l'exploitation souterraine des combustibles fossiles et leur émission dans l'atmosphère.
On nous a lancé le défi, nous sommes en train d'agir, et les combustibles renouvelables sont touchés par ces mesures concrètes. Les objectifs sont réalistes, et notre plan en matière des combustibles renouvelables comprend non seulement le maïs mais bien d'autres cultures, tels le canola et le blé — y compris l'éthanol cellulosique. Donc nous n'appuierons pas la motion.
Quelle ironie d'entendre le NPD dire maintenant: « Ralentissez le processus; c'est trop rapide. » Pourtant, il y a quelques semaines, il disait: « Accélérez le pas. Il faut résoudre le problème du changement climatique. » Nous sommes d'accord, c'est la raison pour laquelle le gouvernement agit. Nous sommes dans la bonne voie. Je ne sais pas pourquoi le Bloc veut se placer en tête de fil et se comporter comme si les gens les suivaient. Cette motion ne fait rien. Il faut aller de l'avant avec l'énergie propre.
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Je vais essayer d'être bref.
À ma connaissance, d'abord — peut-être le greffier ou l'attaché de recherche pourrait nous aider à ce sujet — seulement 5 p. 100 de la production canadienne y est destinée. Mais en même temps, 40 p. 100 de nos produits alimentaires sont exportés. N'est-il pas vrai que près de 40 p. 100 sont destinés à l'exportation?
La motion vient-elle donc d'un intérêt dans la pénurie des aliments? Parce que, de toute évidence, nous produisons beaucoup plus que nous utilisons. Ou s'agit-il des prix des aliments? Parce que, à ma connaissance aussi, nous parlons des quantités très minimes. Regardez une boîte de céréales, il n'y a seulement que 3 ¢ de céréales qui se trouve dans toute une boîte de céréales vendue à 6 ou à 7 $.
Alors quel est le but de la motion, monsieur Bigras? Est-ce pour répondre à une pénurie alimentaire dans le monde, au Canada ou à quelque chose d'autre?
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Merci, monsieur le président.
À mon avis, M. Warawa a soulevé une question importante, à savoir pourquoi le Bloc s'attaque au maïs. À mon sens, il y a des réponses tout à fait évidentes. À mon avis, le Bloc a tourné le dos aux agriculteurs de maïs à un moment où ils ont l'occasion de gagner de l'argent dans le marché au lieu de recevoir des fonds d'un programme gouvernemental.
Monsieur le président, le Bloc souhaite attaquer l'Ontario parce qu'elle importe du maïs des États-Unis, un pays qui baisse le prix du maïs produit par nos agriculteurs. Nous avons finalement l'occasion de faire un profit. Nos agriculteurs veulent en semer non seulement pour subvenir aux besoins alimentaires mais aussi aux besoins en matière d'éthanol — ils aimeraient faire les deux. C'est une période prometteuse en Ontario, mais le Bloc veut nuire à l'Ontario, et je pense qu'il y a une autre raison pour expliquer cette initiative du Bloc, monsieur le président.
À mon sens, le député devrait emmener sa bête noir au Brésil, où on détruit les forêts tropicales dans la hâte de produire de l'éthanol. Il sera plus entendu là-bas au lieu de s'attaquer à l'Ontario et plus précisément aux agriculteurs de l'Ontario. Ce genre d'émotions n'a pas de place ici. Je comprends qu'il n'en soit pas satisfait, mais il peut faire sa petite guerre ailleurs, monsieur le président.
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D'abord, je trouve que l'arrogance de M. Watson est déplacée, monsieur le président. À votre place, je l'aurais rappelé à l'ordre et j'aurais invoqué le respect envers les parlementaires.
Deuxièmement, la réalité est que cette production va être subventionnée. En fait, le gouvernement fédéral a annoncé une contribution de 2,2 milliards de dollars étalée sur les neuf prochaines années pour financer les biocarburants. Le choix du gouvernement est donc de toute évidence de financer l'éthanol de maïs et les producteurs. Or, environ 60 p. 100 ou 70 p. 100 de la production agricole du Québec se situe dans le secteur animal, et ces animaux doivent consommer du maïs. Les coûts de production des agriculteurs québécois vont par le fait même augmenter considérablement.
À mon avis, le Canada doit être à la hauteur de ce que propose la communauté internationale, dont les Nations Unies, à savoir un moratoire sur la production d'éthanol de maïs et de biocarburants. Les Américains ont décidé d'augmenter leur production de biocarburants, et ils vont bientôt être autosuffisants. Je pense que nous allons devoir prendre des décisions stratégiques.
On parle ici de stratégies de développement durable. Si le gouvernement est si franc avec nous et si certain des opinions qu'il avance, qu'il dépose l'évaluation stratégique environnementale réalisée dans le cadre du projet de loi C-33 plutôt que de recourir à toutes sortes d'arguments qui sont, en fait, des balivernes.