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Bonjour, monsieur le président et mesdames et messieurs les membres du Comité permanent de l'environnement et du développement durable de la Chambre des communes. Je vous remercie de m'avoir convié à témoigner devant votre comité, qui entreprend un examen quinquennal de la Loi sur les espèces en péril aux termes de l'article 129.
J'ai l'honneur d'être accompagné aujourd'hui par mon collègue Joshua McNeely, qui a joué un rôle important dans l'application de la LEP.
C'est un plaisir que d'être ici aujourd'hui sur le territoire ancestral non cédé du peuple algonquin. C'est ici même, au croisement des rivières Ottawa, Gatineau et Rideau, que les Autochtones se sont rencontrés, ont commercé et ont négocié pendant des générations.
Les Autochtones sont les gardiens traditionnels de la Terre mère: c'est notre devoir sacré de protéger les espèces en péril et de préserver les autres espèces de toute menace. En ce 40e anniversaire du Jour de la Terre, il convient de parler d'environnement.
Le Congrès des Peuples Autochtones est l'une des cinq organisations autochtones nationales qui représentent les Autochtones au Canada. Il compte parmi ses membres des Indiens inscrits et non inscrits vivant hors réserve et des Métis. Le CPA existe depuis 39 ans et il a participé à tous les principaux événements constitutionnels de cette période. Nous sommes la première organisation autochtone nationale à avoir établi une relation bilatérale avec le gouvernement fédéral.
Selon le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat de l'ONU, la température à la surface de la Terre se réchauffe à un rythme sans précédent et les changements climatiques auront des répercussions négatives directes sur les conditions d'ordre chronologique et spatial des milieux dans lesquels vivent les espèces. Les scientifiques du MPO sont convaincus de l'ampleur et du caractère généralisé des effets des changements climatiques sur les espèces en péril. Les changements climatiques s'accélèrent de jour en jour, une réalité à laquelle nous devons nous adapter.
Compte tenu de la vitesse des changements, la Fondation David Suzuki estime que 45 p. 100 des habitats du Canada sont menacés de disparaître d'ici la fin du siècle, et 20 p. 100 des espèces qui vivent dans des écosystèmes vulnérables auront disparu. Personne ne veut transmettre un héritage aussi sombre aux générations futures.
Depuis 1998, le CPA participe à un Groupe de travail sur l'équité en matière d'emploi pour les Autochtones, lequel se penche sur le sort des espèces en péril. Même si les membres de ce groupe viennent d'horizons politiques divers, ils ont su mettre de côté leurs divergences au nom de la Terre mère et de la protection et du rétablissement des espèces en péril. Le groupe de travail est la raison pour laquelle les intérêts des peuples autochtones ont eu tant de place dans la LEP.
La Loi sur les espèces en péril n'est entrée en vigueur qu'au bout d'un long cheminement. Le projet de loi C-65 a expiré au Feuilleton en 1997. Le projet de loi C-33 a connu le même sort en 2000. Et le projet de loi C-5 a finalement été adopté en 2002, puis promulgué en juin 2003. Lorsque le comité permanent de la Chambre des communes a amorcé l'étude du projet de loi C-5, il a fait en sorte que la loi confère un rôle important aux Autochtones. Il ne s'agit pas d'un hasard : le Groupe de travail sur l'équité en matière d'emploi pour les Autochtones avait déjà travaillé à nombre de projets de loi qui ont mené à la création de la Loi sur les espèces en péril.
En 2003, le Comité permanent de l'environnement de la Chambre des communes a adopté à l'unanimité le paragraphe 8.1 de la loi, qui créait le Conseil autochtone national sur les espèces en péril, le CANEP, en vue de soutenir le rôle des Autochtones en matière de gestion des espèces en péril. Dans l'ensemble de la législation canadienne, c'est le seul cas où un conseil autochtone est consulté par un ministre. Le CANEP fournit également des avis et des recommandations au Conseil canadien pour la conservation des espèces en péril, où siègent les ministres FPT responsables des espèces sauvages.
Le Sous-comité compétent en matière de connaissances traditionnelles des peuples autochtones du COSEPAC était une autre réalisation d'envergure, qui a permis de tenir compte du savoir traditionnel autochtone, le STA, lors de l'évaluation des espèces en péril. La reconnaissance de l'importance du STA dans le processus de la LEP est essentielle à sa réussite.
Le CPA est d'avis que l'opinion des peuples autochtones a plus de poids si elle est émise à l'unisson. Nous ne voyons pas le programme sur les espèces en péril comme une occasion de défendre des intérêts politiques étriqués ou d'adopter une attitude politique. Selon les aînés, il est temps que tous les Autochtones prennent la parole et agissent sur ce grave problème environnemental. La Loi sur les espèces en péril énonce clairement que les Autochtones sont en droit de participer pleinement à sa mise en œuvre, et ce, du début à la fin du processus.
La perte de la diversité est sans doute l'un des plus graves problèmes environnementaux à l'échelle planétaire. Nous savons que le meilleur baromètre de la santé de la diversité biologique d'un pays est le nombre d'espèces en péril qui s'y trouvent. La quantité d'espèces menacées au Canada ne cesse de croître. Plus le COSEPAC travaille sur la question, plus le nombre d'espèces inscrites à la liste des espèces menacées augmente. Le COSEPAC a classé 598 espèces dans diverses catégories, mais à peine 180 stratégies de rétablissement sont en place. Un plan d'action a été achevé, deux ont été proposés et cinq en sont encore au stade de la conception.
L'architecture de la LEP se fonde sur une approche axée sur les espèces; or, il est temps d'opérer un virage fondamental vers une approche écosystémique. C'est du moins l'opinion qu'a exprimée devant vous la vérificatrice générale, et celle émise par le rapport Stratos et de nombreux autres témoins que vous avez vus ici. Les chiffres sont explicites. Si nous continuons d'appliquer l'approche axée sur les espèces, nous n'arriverons jamais au bout de nos peines.
Grâce à vos travaux au sein du comité, nos membres saisissent la complexité de la Loi sur les espèces en péril, qui nécessite la participation de trois ministères fédéraux sur des questions intergouvernementales, ainsi que la contribution des peuples autochtones et d'une grande variété d'intervenants. La loi est donc extrêmement complexe.
Lors de l'entrée en vigueur de la LEP en juin 2003, Environnement Canada, Pêches et Océans Canada et Parcs Canada se sont vu transférer de nombreuses responsabilités. Il faut reconnaître que ces ministères disposaient de peu d'information sur la teneur de leur participation exigée en vertu de la loi : ce n'est qu'après son entrée en vigueur qu'ils ont pu en saisir l'ampleur. Les peuples autochtones se sont trouvés dans la même situation: nous ne savions pas avec certitude si le CANEP, le sous-comité compétent en matière de connaissances traditionnelles des peuples autochtones et les organisations autochtones nationales allaient interagir pour faire en sorte que les Autochtones assument leur rôle essentiel en matière de conservation de la faune.
Le MPO s'est efforcé de satisfaire aux exigences de la LEP sur les espèces aquatiques en faisant appel à des bénévoles, à des organismes non gouvernementaux, à des universités et à des organisations autochtones. C'est l'une des caractéristiques essentielles de ce programme. Son approche coopérative et bénévole constitue la pierre angulaire du processus de la LEP. Le CPA est satisfait de l'approche proactive du MPO, qui nous a permis d'établir une relation harmonieuse et de travailler conjointement à la protection de diverses espèces en péril, comme le requin-taupe commun, l'anguille d'Amérique, le fondule barré, le loup de mer, les pluviers siffleurs et le saumon de l'Atlantique.
La Loi sur les espèces en péril est bien formulée et comprend de nombreux articles qui renvoient aux Autochtones. Les peuples autochtones participent également à d'autres processus. À titre d'exemple, Parcs Canada a mis sur pied un comité consultatif autochtone qui conseille le premier dirigeant de Parcs Canada. Le CPA aimerait siéger à ce comité et collaborer avec Parcs Canada.
La contribution des organisations autochtones nationales à un sous-comité en matière de politiques et de planification du CANEP est essentielle à la diffusion de l'information aux membres du conseil. En outre, elle favorise l'atteinte d'un consensus. Le CPA s'oppose à ce que le coordonnateur du CANEP soit hébergé à l'extérieur du ministère de l'Environnement et à ce que le secrétariat soit hébergé à l'intérieur des bureaux d'Environnement Canada. Le conseil a pour rôle de donner son avis au ministre sur l'administration de la loi. À l'heure actuelle, le coordonnateur est hébergé dans les bureaux de l'Assemblée des Premières Nations, l'APN, ce qui laisse planer un doute sur son impartialité. Qui plus est, comment le coordonnateur du CANEP peut-il participer aux processus d'administration de la LEP tout en travaillant à partir d'un bureau de l'APN?
Les Autochtones n'ont plus voix au chapitre au moment de l'élaboration de stratégies de rétablissement. Il faut renforcer le rôle du savoir traditionnel autochtone dans le cadre des stratégies de rétablissement, des plans d'action et de la gestion. Nous ne prévoyons pas de modifications importantes à la loi, mais nous recommandons d'apporter les modifications suivantes en vue de renforcer le rôle du STA dans le cadre des stratégies de rétablissement.
Actuellement, au termes de l'alinéa 39(1)d), le ministre compétent élabore le programme de rétablissement en collaboration avec:
toute organisation autochtone qu'il croit directement touchée par le programme de rétablissement.
Étant donné qu'aucun organisme consultatif en matière de STA ne participe à la conception du plan d'action et de rétablissement, ce sont les ministères et les universitaires qui dirigent le processus de collecte du STA, alors qu'ils n'en comprennent pas la nature sensible. Il en résulte que, dans certains cas, diverses parties se sont adressées tour à tour à des détenteurs du STA pour leur poser les mêmes questions.
Pour renforcer le rôle du STA en matière de rétablissement, le CPA recommande que l'article 40 de la LEP soit modifié comme suit:
Pour l'élaboration du programme de rétablissement, le ministre compétent vérifie si le rétablissement de l'espèce sauvage inscrite est réalisable au point de vue technique et biologique. Il fonde sa conclusion sur la meilleure information accessible, notamment les renseignements fournis par le COSEPAC et le Sous-comité compétent en matière de connaissances traditionnelles des peuples autochtones.
Le CPA recommande que l'alinéa 41(1)a) soit par conséquent modifié comme suit:
une description de l'espèce et de ses besoins qui soit compatible avec les renseignements fournis par le COSEPAC et le Sous-comité compétent en matière de connaissances traditionnelles des peuples autochtones;
Le CPA recommande que l'alinéa 41(1)b) soit modifié comme...
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Vous en avez tous une copie.
Le président: Et vous devez terminer. Il ne vous reste plus tellement de temps.
M. Alastair MacPhee: D'accord.
Nous sommes en désaccord avec l'article 3 de la LEP. C'est aussi dans vos recommandations. Nous ne l'acceptons pas parce qu'il n'est pas formulé conformément à la Constitution, et l'article devra être réécrit de façon conforme aux alinéas 25a) et 25b).
Le mécanisme d'indemnisation est l'une des questions restantes sur lesquelles il n'y a pas eu la moindre consultation, et elle ne date pas d'hier. Aucun cadre stratégique n'a été établi relativement à cette question.
Dans le passé, nous avons reçu des promesses du SCF, notamment en ce qui concerne la réglementation et l'application de la loi. Nous avons collaboré à la formulation de règlements et de règles d'application, mais jamais sur cet aspect-là.
En résumé, nous reconnaissons la nécessité d'adopter des approches souples pour tenir compte des cordes sensibles et des différences culturelles des Autochtones d'un bout à l'autre du Canada. Nous savons par expérience que le renforcement des capacités communautaires et régionales est essentiel pour nous doter de programmes et de politiques efficaces. La promesse d'un financement fédéral pluriannuel, dans le cadre de l'exécution de la LEP, assurerait une stabilité à la planification du rétablissement des espèces en péril et des écosystèmes. Un partage des pratiques exemplaires et novatrices dans le cadre de la LEP permettrait non seulement de renforcer la participation des peuples autochtones, mais également d'obtenir des résultats concrets.
Je vous remercie. Meegwetch.
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Bonjour tout le monde. Je vous remercie de cette occasion que vous m'offrez de fournir un avis sur cet examen. Je n'entrerai pas dans les détails, puisque nous avons divers commentaires à faire.
La première nation de Walpole Island, la PNWI, appuie les fins intrinsèques de la Loi sur les espèces en péril du Canada, à savoir la protection et la conservation des espèces sauvages. Toutefois, de l'avis de la PNWI, l'approche axée sur une espèce précise suivie par la LEP ne permettra pas de sauver les espèces en péril. La PNWI adopte une approche plus globale qui est axée sur la biodiversité et sur le maintien des liens entre l'homme et la terre. Jusqu'ici, la LEP est malheureusement loin d'avoir atteint la majorité de ses objectifs.
Voici les enjeux liés à la LEP.
Le coût: le processus de planification du rétablissement est réalisé de manière inefficiente et inefficace. Il semble que les seules réussites à ce jour concernent des espèces qui n'étaient pas des espèces en péril en fin de compte. La PNWI est d'accord avec le sens de la Convention sur la diversité biologique. Cependant, on force vraiment la note lorsqu'on affirme qu'une approche axée sur une espèce précise, comme c'est le cas de la LEP, permet la réalisation des objectifs de la convention.
La LEP est en vigueur depuis 2003; pourtant, sept ans plus tard, les autorités responsables de la loi n'ont toujours pas élaboré les politiques, les procédures et les instruments juridiques nécessaires pour la mise en oeuvre et le maintien de la loi, notamment en ce qui concerne la désignation et la protection des habitats essentiels.
Les autorités responsables de la LEP appliquent continuellement le type de méthode de gestion des risques qui leur permet de faire le moins possible pour agir pour l'honneur de la Couronne lorsqu'elle nous consulte. Les premières nations ne devraient pas être obligées d'amener la Couronne devant les tribunaux pour qu'elle s'acquitte de ses obligations, à savoir consulter les premières nations de manière appropriée. Il faut que les autorités responsables de la LEP mettent fin à cette façon qu'elles ont de consulter les premières nations de manière purement symbolique. En cette supposée période de réconciliation entre le Canada et les peuples autochtones, le fardeau inévitable que la LEP impose aux collectivités autochtones sape les efforts déployés en ce sens à presque tous les niveaux.
Le fait que l'État ne travaille pas de bonne foi avec les peuples autochtones dans le domaine de la conservation de la biodiversité et le fait qu'il ne s'acquitte pas du devoir de consultation découlant de l'article 35 de la loi constitutionnelle conduiront finalement à une importante rupture des relations, à une démarche d'affrontement systématique comme en Nouvelle-Calédonie et à d'autres poursuites en justice contre le gouvernement du Canada, intentées par les nations autochtones et en leur nom.
Le CANEP ne dispose pas de ressources suffisantes, il est inefficace et inaccessible aux peuples autochtones. Les maigres fonds affectés au CANEP n'ont pas été reçus; le personnel est insuffisant; il n'y a pas d'avocat. Il n'est pas efficace en tant que mécanisme sérieux assurant la participation des premières nations. Il faudrait réexaminer le concept initial du CANEP, avant qu'il ne soit édulcoré à la suite de l'adoption de la LEP. D'après ce concept, six dirigeants autochtones devaient former un conseil avec trois ministres fédéraux, et cet organe avait pour tâche de concilier le Conseil canadien sur la conservation des espèces en péril.
Même si des mesures ont été prises pour tenter d'appliquer l'article 35 de la Loi constitutionnelle concernant l'obligation de consulter, les ressources nécessaires pour des consultations suivant les règles du jeu sont rarement, voire jamais prises en considération. Des tentatives visant à déterminer les habitats essentiels sur les terres privées ont donné lieu à la description d'habitats essentiels possibles, et il en est résulté la perte d'habitats sans possibilité de recours judiciaire. Les tentatives répétées de la PNWI en vue d'appliquer les ententes en vertu des articles 11, 12 et 13 de la LEP à l'appui des mesures de rétablissement et de conservation ont été un échec à cause du manque de bonne volonté et de coopération de la part d'Environnement Canada, de Pêches et Océans Canada et de Parcs Canada.
La première nation de Walpole Island n'aime pas la LEP parce que les premières nations sont les seules communautés touchées. Sans le consentement des premières nations, la désignation des habitats essentiels équivaut à une saisie des terres. Les décrets relatifs aux habitats essentiels dans les réserves, pris en vertu de l'article 58, devraient faire l'objet d'un consentement de la part des premières nations. Il y a un manque de précision et de clarté au sujet de l'indemnisation. De fait, il n'est pas clairement établi si les détenteurs d'un certificat de possession en vertu du paragraphe 20(2) de la Loi sur les Indiens et si les premières nations dans leur ensemble sont visés par l'article 64 de la LEP. De plus, lorsque notre territoire traditionnel en dehors de notre réserve, qui comprend le secteur visé par la revendication du titre ancestral, est touché par les décrets applicables aux habitats essentiels, rien n’indique qu’une indemnité nous sera versée en conséquence. Or, ce devrait être le cas lorsque nos droits et nos revendications sont sérieusement touchés.
Malgré l'augmentation de la population et la pénurie de logements sur le territoire de la première nation de Walpole Island, on n'envisage aucune mesure et l’on ne tient même pas compte de cet aspect. En dépit des exigences de la LEP en matière de consultation, la première nation de Walpole Island n'est consultée que pour la forme. Lorsque nous avons contribué à l'élaboration d'une stratégie de rétablissement, notre avis n'a pas suscité une réponse précise. D’ailleurs, la stratégie ne le reflète pas. On accorde peu de respect à ce que font les communautés des premières nations dans le domaine de la conservation.
Les peuples autochtones ont des façons de prendre soin du territoire différentes de l'approche utilisée dans la LEP. Par exemple, pour la première nation de Walpole Island, la terre, c’est nous. Elle est sacrée; c'est une responsabilité sacrée. Notre liste des espèces diffère de celle de la LEP. Nous y incluons le foin d'odeur et d'autres espèces végétales en déclin. Les espèces ne sont pas classées en ordre de priorité comme dans la LEP, car elles sont toutes également importantes. Il faut une approche globale plutôt que l’approche axée sur les espèces individuelles de la LEP.
La première nation de Walpole Island travaille avec les gens pour prendre soin de la terre d’une manière différente de l'approche utilisée dans la LEP. De fait, la conservation au niveau de la communauté ainsi que l'utilisation des terres et la participation sont essentielles. L’expression « loin des yeux, loin du coeur » décrit bien la principale menace à l'habitat. Il faut sauver la terre et les gens en même temps. Chaque nation a sa propre manière de prendre soin de la terre. Il n'y a pas de solution unique.
La première nation de Walpole Island agit de la bonne façon. La première nation est située dans une oasis de verdure où l'on trouve plus de 60 espèces en péril, en comparaison avec les régions environnantes et le milieu où vivent les collectivités non autochtones. Première nation de Walpole Island égale bonne conservation. On dit que c'est au fruit qu'on juge l'arbre, et notre première nation est située dans un milieu où l'on trouve des habitats qui sont encore aujourd'hui parmi les plus diversifiés au Canada, dont celui de la prairie d'herbes hautes et de la savane arborée de chênes, considérés mondialement menacés en raison de la disparition d'habitats ailleurs, ainsi que l’une des plus grandes bandes contiguës de boisés et de forêts dans le sud de l'Ontario, l’un des plus vastes écosystèmes côtiers de terres humides dans le bassin des Grands Lacs, et des eaux côtières riches.
Au-delà de la LEP, la première nation de Walpole Island veut assurer la codirection, avec les autorités fédérales, de la planification et de la mise en oeuvre de la conservation et du rétablissement axés sur la biodiversité dans son territoire traditionnel. Pour réaliser cet objectif, du moins en partie, il faudrait modifier la LEP de manière à obtenir le consentement des premières nations, au moins, en ce qui a trait aux stratégies de rétablissement et aux plans d'action, de même que pour les décrets concernant les habitats essentiels, sur les terres des réserves. La première nation de Walpole Island veut régir les initiatives concernant les espèces en péril sur son territoire et être responsable des politiques et stratégies sur l'ensemble de ses territoires traditionnels.
La première nation de Walpole Island veut communiquer aux autres ses valeurs et ses connaissances pour que les espèces puissent survivre et prospérer.
Les enseignements et les principes originaux des Anishnaabeg produiront une terre et des populations en santé ainsi que des valeurs saines, et ce, dans l'intérêt de tous.
La première nation de Walpole Island veut que l’on honore et que l’on traite avec respect notre bien commun.
Meegwetch.
Je me tourne maintenant vers les représentants de la bande de Walpole Island. J’ai du mal à comprendre ce que vous demandez exactement.
Permettez-moi de vous poser cette question. Il semble y avoir toutes sortes d’organismes de consultation inhérents à la présente loi, y compris le CANEP, le Conseil autochtone national sur les espèces en péril, et d’autres organismes comme le CCEP, le Comité consultatif sur les espèces en péril. Des groupes émergents du secteur et des groupes environnementaux se rassemblent par frustration pour en arriver à un consensus quelconque.
Nous pourrions créer un organisme de consultation avec des Autochtones, des environnementalistes, des entreprises du secteur, des universitaires et peut-être même des représentants syndicaux, soit un grand nombre des parties intéressées. Bien sûr, je n'essaie pas de réduire les peuples autochtones à des parties intéressées; faites preuve de patience. Le processus serait plus sensé. Par exemple, il ne s’agirait pas d’un groupe présidé par un sous-ministre adjoint du gouvernement fédéral, ce qui est un conflit, selon moi. Comment quelqu’un peut-il présider un organisme qui fait des recommandations à cette même personne?
Accepteriez-vous l'idée d'avoir un seul organe consultatif, où les Autochtones seraient entièrement représentés, pour fournir des conseils sur ces questions, ou pour apporter des améliorations?
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Nous avons été consultés à divers degrés, comme cela a été dit tout à l’heure. Selon notre expérience, on semble penser que la consultation n’est qu’une simple case à cocher, et l’on n’intègre pas nécessairement nos idées dans les stratégies de rétablissement. Nous commençons lentement à voir des processus de consultation mis en place pour les espèces de notre territoire traditionnel, par l’entremise de Parcs Canada. Auparavant, c’était principalement Environnement Canada qui tentait de mener des consultations, mais le ministère ne savait pas trop comment procéder. Depuis un certain nombre d'années, nous avons un protocole de consultation et d’entente propre à notre première nation, et nous avons demandé à ce qu’il soit respecté et que l’on en tienne compte. Cette tentative n’a toutefois pas vraiment abouti.
Je peux citer quelques stratégies de rétablissement auxquelles nous avons apporté une contribution technique, mais pour lesquelles la communauté dans son ensemble n’a pas été consultée. C'est essentiellement un autre membre du personnel et moi qui avons examiné ces stratégies de rétablissement et avons fourni des commentaires, des conseils et des recommandations. Nous n'avons pas encore vu de résultats, et cela dure depuis des années.
Je crois que Parcs Canada a un bon modèle pour l'élaboration de stratégies de rétablissement. Il réunit divers groupes, premières nations, municipalités, parties intéressées, ainsi que les offices de protection de la nature du ministère des Richesses naturelles. Il tient une rencontre de plusieurs jours au cours de laquelle on détermine notamment quelles sont les menaces et les options de rétablissement. La rencontre peut durer de trois à cinq jours, puis on nous présente une stratégie de rétablissement concrète en un mois. Nous avons pu l'examiner, tandis qu’avec Environnement Canada, le ministère travaille sur des stratégies de rétablissement, mais nous ne recevons que des ébauches, peut-être un peu plus, et parfois seulement des questionnaires et même pas un document concret. On attend depuis sept ans une ébauche à examiner pour leur faire part de nos opinions. Et quand nous recevons enfin les stratégies, on n'y trouve pas nécessairement nos idées et nos commentaires.
Ainsi, la situation peut être frustrante, mais je crois que certains services ou organismes responsables commencent à le constater, maintenant que nous avons notre propre protocole de consultation et d’entente. Ces quatre ou cinq dernières années, on ne semblait pas vraiment savoir comment nous consulter. On s'employait à élaborer des politiques, mais sans nous demander ce qui était nécessaire.
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Je vous remercie, monsieur Warawa et messieurs les témoins. Je vous souhaite la bienvenue à distance, messieurs Johnson et Jacobs.
J’aimerais tout d'abord m’adresser aux membres du comité. Vous devez savoir que ces personnes mènent des recherches approfondies sur l'île concernant les espèces en péril. Ils ont effectivement pris des mesures. J'ai visité la première nation et j'ai été très impressionné.
J'ai également quelques questions.
La situation évolue rapidement dans la région des rivières Sydenham et Snye, qui avaient des problèmes de pollution. De fait, l’état des rivières s’est beaucoup amélioré en ce qui a trait aux problèmes de pollution. Nous avons donc de bonnes nouvelles.
Si je ne m’abuse, c’est M. Johnson qui a dit que certaines espèces en péril ne sont parfois pas des espèces en péril. Je pense notamment à l’obovarie olivâtre, qui se retrouve dans tous nos fossés de drainage et qui les bouche. Pourtant, nous avons parfois des problèmes à aller de l’avant pour quelques projets.
Je m’interroge à ce sujet, car nous envisageons d’aller de l'avant, et il y a eu des discussions quant à l’exploitation d’un parc éolien. Croyez-vous qu’il y aurait des répercussions relativement à certaines des questions que vous avez présentées au sujet des espèces en péril, questions qui touchent non seulement aux textes de loi sur les espèces en péril, mais aussi à certains de vos enjeux culturels? Estimez-vous qu’il s’agit d’un conflit?
Depuis mars dernier, je suis le nouveau coordonnateur du Conseil autochtone national sur les espèces en péril. J'ai été invité à témoigner au nom de l'ancienne présidente et membre actuelle du conseil, Beverley Jacobs, qui vous demande d’excuser son absence. J'ai aussi été autorisé à parler au nom du CANEP par le président actuel, le chef Bill Erasmus, qui demande également d’excuser son absence.
Au nom du Conseil autochtone national sur les espèces en péril, je tiens à remercier le Comité permanent de l'environnement et du développement durable d’avoir organisé cette séance et d’accepter notre mémoire sur l’examen quinquennal de la Loi sur les espèces en péril.
Je sais qu’il s’agit d’une occasion pour apporter une contribution à l'examen de la loi. Cependant, dans mon exposé, je vais parler du soutien à la deuxième recommandation et je vais expliquer l'administration du CANEP, ce qui a été mis en lumière par de nombreux témoins dans l'examen quinquennal.
Il y a eu une confusion quant à la composition et à la participation après le 1er mars 2010, date d'expiration annoncée dans la lettre de nomination du ministre. Il a donc été très difficile d'atteindre le quorum au conseil. En retour, cette situation a aggravé les problèmes entourant la solidarité et renforce davantage la nécessité d’avoir des solutions pertinentes et opportunes.
Le CANEP s’est rencontré le 29 mars et le 9 avril pour discuter de la composition du conseil et les nominations ministérielles. Le président a demandé l'avis de la directrice de Prestation des services de conservation et permis d’Environnement Canada, Mary Taylor. Elle a confirmé dans un précédent que le conseil doit rester intact et poursuivre ses activités comme d'habitude jusqu'à ce que le ministre nomme ou nomme de nouveau les membres du conseil.
Le 9 avril dernier, nous avons brièvement discuté de notre mémoire au comité permanent, et les membres présents ont décidé que le conseil présenterait un document historique annexé à notre mémoire et les recommandations adoptées à huis clos par le conseil en septembre 2009. L’annexe I n'a pas été distribuée au comité permanent aujourd'hui, car elle est en cours de traduction.
Depuis septembre 2009, le conseil ne s’est pas officiellement réuni en vue de finaliser son mémoire, ce qui signifie qu’il n’y a qu’un document historique et les recommandations actuelles. Qui plus est, le conseil n'a pas été en mesure de recruter et de maintenir en poste un coordonnateur compétent, qui est le seul poste à temps plein servant à garder à jour le profil et l'administration du conseil. Le conseil s’est retrouvé handicapé dans sa capacité d’examiner et d’intégrer les recommandations des Autochtones qui ont participé à des ateliers facilités dans le but de recueillir des recommandations et de créer un dialogue sur l'application de la Loi sur les espèces en péril, ce qui a engendré des problèmes au sujet de notre crédibilité auprès des organisations autochtones, entre autres.
En tant que coordonnateur du CANEP, je vais travailler avec le conseil à présenter des solutions internes pour rétablir la capacité actuelle dans le maintien de la cohérence. Elles vont comprendre la planification en révisant le plan de travail actuel pour fournir plus de détails et l’harmoniser avec nos fonds; une liste de diffusion officielle; des mécanismes de communication pour accroître la visibilité du CANEP; l'engagement et la coopération avec des partenaires à l’égard de la loi; des réunions mensuelles du conseil, y compris les états financiers; la finalisation de notre mandat; la finalisation de nos politiques et du manuel de procédures; la prestation de formation et d'orientation au conseil; et la planification des rôles et des responsabilités du sous-comité.
Cependant, cela ne répond pas pleinement à la question du roulement du personnel de l'administration et les mandats à court terme des membres du conseil. Pour maintenir l'élan du conseil, les membres doivent avoir des mandats à long terme et des critères de sélection des candidats pour assister le ministre dans le processus de nomination, ainsi que du financement pluriannuel accompagné d'un plan de travail pluriannuel.
Qui plus est, le conseil a demandé de rencontrer le ministre de l'Environnement actuel plus d'une fois, sans réponse du ministre ou de ses conseillers. Comme nous sommes un conseil consultatif pour le ministre en vertu de la loi, cette absence de réponse rend la tâche très difficile pour le conseil d’agir conformément à l'article 8.1 de la LEP.
Après avoir examiné la Loi sur les espèces en péril et après avoir mesuré le manque de participation des peuples autochtones dans l'administration de la loi, et l'absence d'engagement du CANEP avec les partenaires de la LEP, le conseil conclut que la loi n'a pas réussi à assurer la participation, l'engagement et la consultation des peuples autochtones qui sont engagés de manière proactive en ce qui a trait à la prévention, à l'identification, à la gestion, à la protection et au rétablissement des espèces sauvages en péril.
Afin d'aider le gouvernement du Canada à améliorer les dispositions substantielles de la loi et à renforcer sa mise en oeuvre, le conseil présente les recommandations suivantes.
S'il vous plaît, veuillez vous reporter aux recommandations 1, 2 et 3.
J'aimerais remercier le comité permanent de cette occasion qui m'a été donnée. Je vous cède la parole.
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Merci, monsieur le président.
Merci d'avoir comparu.
Je comprends les difficultés que vous avez. Je dirais que vous faites un travail admirable compte tenu du fait que vous êtes nouveau dans ce poste. Félicitation pour votre nomination.
Votre témoignage a soulevé mille et une questions que je n'aurai pas l'occasion de poser. Mais je vais vous en posez quelques-unes. Faites de votre mieux pour y répondre.
D'après le témoignage des témoins précédents, la première nation de Walpole Island, ces gens sont frustrés; alors qu'ils aimeraient donner leur point de vue par l'intermédiaire du CANEP, ils doivent payer leurs propres dépenses pour le faire. Cela a immédiatement soulevé une question dans mon esprit. Si l'on vous accorde un budget de 650 000 $, y a-t-il une orientation claire sur la façon dont cette somme est attribuée, et est-ce qu'une partie de cet argent est réservée pour des activités de communication avec les premières nations individuelles? Lié à cela, quelle est la différence entre les rôles du CANEP et du sous-comité CTA du COSEPAC dans la consultation des premières nations individuelles sur l'inscription des espèces, les plans de rétablissement et les plans d'action? C'est peut-être quelque chose que vous allez devoir étudier, parce que vous êtes nouveau.
Je suis un peu confuse pour ce qui est de savoir quelles sont les rôles respectifs, particulièrement en ce qui concerne l'obtention des connaissances traditionnelles autochtones. Quels sont les attentes exactement? Et quel est le rôle du COSEPAC, s'il est précisé, pour rencontrer précisément les premières nations qui sont potentiellement touchées et obtenir de l'information de ces dernières? Désolée, cela fait beaucoup de choses. mais j'essaie simplement de vous donner une question complète.
Pouvez-vous m'expliquer, du mieux que vous puissiez le faire, comment vous voyez le rôle du CANEP par rapport à celui du sous-comité CTA? Est-ce qu'on vous donne des orientations précises sur ce que vous devez faire exactement? Ou avez-vous un certain pouvoir discrétionnaire? Ou est-ce que le ministère vous dit quoi faire avec l'argent et dicte vos activités quotidiennes?