J'aimerais dire tout de suite en partant que je ne suis pas un David Schindler. Comme ma belle-famille me l'a fait remarquer, je ne suis pas un vrai scientifique; je suis politicologue. Mais j'ai beaucoup travaillé au dossier de la politique de l'eau en Alberta, alors j'aimerais prendre quelques minutes pour vous présenter des facteurs contextuels qui pourraient vous éclairer au fil de la discussion.
D'abord, j'aimerais dire aux membres du comité qui ne viennent pas de l'Alberta que la province est réellement divisée en deux, entre le nord et le sud, quand on parle de l'eau. Au sud, où se trouve la plus grande partie de la population et où il n'y a plus de sables bitumineux, la qualité de l'eau n'est pas une grande préoccupation, mais l'approvisionnement en eau et les pénuries possibles ont pris beaucoup d'importance.
Au sud, il y a des bassins fluviaux qui sont pratiquement à sec. Il y a aussi des enjeux interprovinciaux concernant l'eau qui s'écoule à partir de l'Alberta jusqu'en Saskatchewan et au Manitoba. Ce sont les questions d'approvisionnement qui priment au sud, alors que dans la partie nord de la province, où il y a moins de gens et beaucoup d'eau, le contexte est différent.
Les préoccupations concernant l'approvisionnement au nord sont plutôt saisonnières, le problème ne se pose pas toute l'année; quand on arrive à la fin de l'été, il y a des problèmes concernant l'utilisation d'eau pour les sables bitumineux. C'est différent du sud, en ce sens que la qualité de l'eau revêt une grande importance. On s'inquiète beaucoup de l'impact possible des sables bitumineux sur la qualité de l'eau. On pense surtout aux communautés en aval et à l'impact sur ces communautés. Au sud, on s'arrête à l'impact sur l'approvisionnement des communautés en aval, et non à la qualité de l'eau. Donc, il faut toujours se rappeler que l'Alberta est divisée en deux parties très distinctes en ce qui concerne l'eau.
Je voudrais dire ensuite que les problèmes d'eau qui se rapportent aux sables bitumineux sont, à bien des égards, plus faciles à gérer que les problèmes de gaz à effet de serre qui y sont liés. L'utilisation de l'eau est devenue moins intensive avec le temps. Il y a eu bien des changements sur le plan technologique. Le recyclage occupe une grande place dans l'industrie des sables bitumineux et les eaux saumâtres sont de plus en plus utilisées. Et si on parle des bassins de résidus, dont nous voyons souvent des images, cet usage de l'eau n'aura probablement plus sa raison d'être bientôt, vu l'évolution de la technologie. On s'occupe beaucoup du problème de l'eau dans le domaine des sables bitumineux et on peut mieux y faire face que dans le cas des gaz à effet de serre.
Il y a un troisième point que je veux souligner, l'avant-dernier: les sondages d'opinion dans la province et au Canada indiquent que les questions relatives à l'eau l'emporteront sur les préoccupations concernant les gaz à effet de serre dans la population canadienne. Nous avons vu que l'intérêt porté au réchauffement de la planète diminuait, mais l'intérêt de la population envers les questions environnementales plus concrètes est resté aussi fort. Donc, la question de l'eau demeure vraiment importante et délicate dans le contexte des politiques gouvernementales.
Je voudrais terminer en disant qu'en Alberta, on a beaucoup travaillé à la politique de l'eau dans les cinq dernières années. L'Alberta s'est dotée d'une stratégie sur le thème de « Water for Life », et nous travaillons maintenant à une stratégie sur l'utilisation du sol qui tient compte de bien des préoccupations concernant l'eau. Donc, on ne pourrait peut-être pas dire que tout est parfait en Alberta, mais ce n'est vraiment pas un secteur qui stagne, et la politique de l'eau en Alberta et en Colombie-Britannique est probablement la plus musclée qui soit.
Alors, quand je pense à la question de l'eau dans la province, je ne vois pas tellement de grandes lacunes qui appelleraient l'intervention d'autres gouvernements. C'est un secteur où il y a beaucoup de débats et de nouvelles politiques. Encore une fois, je ne m'avancerais pas à dire que tout est parfait, mais les choses vont bon train.
Je cède maintenant la parole au prochain témoin.
Merci, mesdames et messieurs. Bonjour et merci beaucoup de me donner aujourd'hui l'occasion de vous parler de notre projet de CSC.
Pour ceux d'entre vous qui ne nous connaissent pas, TransAlta est une société productrice d'électricité cotée en bourse et un négociant de gros en électricité. Nous possédons des centrales dans chaque province, de la Colombie-Britannique au Nouveau-Brunswick, à l'exception du Manitoba. Nous possédons et exploitons également des centrales électriques aux États-Unis et en Australie. Au total, nous possédons plus de 185 centrales et une capacité d'un peu moins de 10 000 mégawatts. Nous avons donc à peu près la même envergure que BC Hydro.
Nous célébrons cette année notre centenaire. Nous avons débuté comme producteur d'hydroélectricité, puis nous nous sommes tournés vers la production thermique, et au cours des quinze dernières années, nous nous sommes spécialisés principalement dans les énergies renouvelables. Vous serez peut-être surpris d'apprendre que TransAlta est le plus grand promoteur de projets d'éoliennes du Canada, et que plus de 22 p. 100 de nos installations fonctionnent à partir de sources renouvelables.
Notre stratégie de croissance est exclusivement axée sur l'énergie propre, qu'elle provienne de sources renouvelables comme l'énergie éolienne, hydroélectrique et géothermique, ou de technologies propres se rattachant aux combustibles fossiles comme le CSC employé dans notre projet Pioneer. Voilà précisément ce dont je veux vous parler aujourd'hui.
Pour ceux qui ne le connaissent pas, Pioneer est un projet de partenariat entre le secteur privé et le gouvernement et sera l'une des initiatives les plus ambitieuses liées au CO2 à voir le jour au Canada dans les dix prochaines années. Il vise à préserver la rentabilité de nos abondantes ressources naturelles, et il permettra d'affermir la réputation de chef de file dans la mise au point de solutions en matière d'énergie propre dont jouit le Canada et de réduire les émissions de gaz à effet de serre.
Soit dit en passant, nous sommes très heureux d'avoir pour partenaire le gouvernement du Canada dans cette initiative. Le Canada comptant cinq grands projets de CSC en cours d'élaboration, nous croyons que notre pays est un chef de file mondial par rapport à l'objectif du G8 qui consiste à entreprendre 20 projets de CSC dans le monde entier d'ici 2015.
D'ici 2015, le projet Pioneer sera l'un des systèmes de CSC les plus grands et les mieux intégrés du monde. Nous le mettrons à exécution dans le cadre de la rénovation de notre centrale au charbon Keephills 3 et il utilisera le procédé à base d'ammoniac réfrigéré pour capturer et stocker de façon permanente un million de tonnes de gaz à effet de serre par année.
La première étape du projet Pioneer consistera à stocker le CO2 capturé dans plusieurs puits profonds d'une formation géologique située à proximité de Keephills. Nous injecterons le CO2 purifié sous terre, à plus de deux kilomètres de profondeur, dans des sites de forage relevés conjointement avec le projet Wabamun Area Sequestration, ou l'étude WASP, dirigé par M. David Keith de l'Université de Calgary. Nous prévoyons que cette étape durera au moins deux ans.
La deuxième étape du projet Pioneer consistera à cesser le stockage géologique pour transporter plutôt le CO2 piégé par canalisation vers des champs de pétrole parvenus à maturité, environ 70 kilomètres plus loin, en vue de permettre la récupération assistée des hydrocarbures, la RAH.
Le projet Pioneer présente des avantages tant environnementaux qu'économiques. Sur le plan environnemental, je tiens à souligner que Pioneer permettra d'éliminer chaque année un million de tonnes de CO2 produit par la centrale au charbon, ce qui revient à retirer 160 000 voitures des routes du Canada chaque année. De plus, cette capture réduira les émissions et les particules de SO2 d'environ un tiers.
Sur le plan économique, Wright Mansell Research a estimé que pendant sa durée de vie, le projet Pioneer permettrait d'augmenter le PIB de l'Alberta de deux à trois milliards de dollars, d'augmenter le revenu du travail d'environ 675 millions de dollars, d'extraire efficacement 22 millions de barils de pétrole supplémentaires des champs de pétrole de l'Alberta, d'augmenter les recettes fédérales, provinciales et locales de 259 millions à 1,2 milliard de dollars, et de créer 8 800 années-personnes en emploi.
Comme je l'ai mentionné, le plan d'élimination du CO2 piégé élaboré par Pioneer consistera à injecter chaque année un million de tonnes sous terre, d'abord dans des sites de stockage géologique permanents puis dans des champs de pétrole parvenus à maturité.
Comme l'Integrated CO2 Network l'a conclu, la RAH peut servir de catalyseur économique pour promouvoir les projets de CSC partout au Canada, en particulier en Saskatchewan, en Alberta et en Colombie-Britannique.
Toutefois, avec le temps, la quantité prévue de CO2 à capturer au Canada dépassera de beaucoup le volume requis par la RAH. Il faudra donc un jour le stocker dans des formations géologiques.
Heureusement, le Canada possède un certain nombre de formations géologiques prometteuses pour le stockage à long terme sûr du CO2. Afin de gérer à long terme de larges volumes de CO2 piégé, il faudra le stocker directement à ces endroits. Il peut s'agir, par exemple, de gisements de pétrole et de gaz épuisés, de formations houillères profondes et non rentables ou de formations salines profondes. On trouve ces dernières dans diverses régions de l'Ouest canadien, à plusieurs kilomètres sous la surface, et elles sont géologiquement séparées des sources d'eau souterraines, ce qui devrait susciter votre intérêt aujourd'hui.
Les sites d'injection utilisés par le projet Pioneer seront choisis conjointement avec l'équipe de l'étude WASP. Cette étude, réalisée dans le voisinage immédiat de notre centrale de Keephills, concluait dernièrement que, selon une estimation prudente, la capacité de stockage de CO2 est de 250 à 400 millions de tonnes, que l'analyse sismique n'indique aucune formation de failles dans la région couverte par l'étude, et qu'on estime à 34 p. 100 la quantité de CO2 qui se dissoudra au cours de la première année, tandis que les 56 p. 100 restants se seront dissous après 50 ans.
On emprisonne d'abord le CO2 par des moyens physiques, en le piégeant sous de la roche. Avec le temps, des mécanismes chimiques entrent en jeu pour immobiliser le CO2 et l'empêcher de se libérer. Par exemple, le CO2 stocké fusionnera avec la roche, se trouvera emprisonné dans les petits pores de la roche imperméable, et dissoudra dans l'eau emprisonnée profondément dans la formation. Nous nous appuierons sur les constatations de l'étude WASP et sur les données résultant des études sismiques supplémentaires pour localiser les puits d'essai dans les formations souterraines près de Keephills. Nos plans consistent à forer plusieurs puits d'essai de trois kilomètres de profondeur afin de déterminer la capacité d'injection de Pioneer au plein volume de 3 000 tonnes par jour, ce qui totalise 1,1 million de tonnes par année.
J'aimerais seulement prendre quelques minutes pour parler de la sûreté du stockage souterrain. Le CSC repose sur une combinaison de technologies éprouvées et émergentes. Ce qui est si excitant avec le projet Pioneer, c'est qu'il intègre complètement ces technologies éprouvées et émergentes à grande échelle. Notre projet comportera toute la gamme d'activités de capture, de transport et de stockage du CO2. Vous savez sans doute qu'on transporte du CO2 par canalisation en vue de la RAH au Canada et aux États-Unis depuis une dizaine d'années. Vous connaissez certainement le projet Cenovus à Weyburn, auquel on fait souvent référence dans ce domaine.
On procède au stockage du CO2 dans de nombreux pays et on a soumis cette pratique à des études approfondies afin de déterminer l'intégrité des formations géologiques choisies et de veiller à ce qu'aucune fuite ne se produise.
Au Canada, les formations géologiques envisagées pour le stockage à long terme du CO2 se sotn déjà avérées sûres pour stocker d'autres gaz et liquides. Du pétrole brut et du gaz naturel sont emprisonnés sous terre dans ces mêmes formations depuis des millions d'années. Ces formations se composent de couches de roche perméable recouverte d'une épaisse couche de roche imperméable. Bien que les gaz et les liquides puissent passer à travers la roche perméable, ils ne peuvent traverser la roche imperméable, qui tient lieu de revêtement protecteur. Par conséquent, le CO2 injecté dans les formations imperméables y demeure emprisonné.
Le Centre de recherche en technologie pétrolière a réalisé une évaluation des risques en 2004 afin de déterminer le résultat à long terme de l'injection de CO2 dans le gisement de Weyburn. Pour cette étude de cas, 4 000 combinaisons de paramètres ont été évaluées, et les résultats indiquent qu'après 5 000 ans, il y a 95 p. 100 des chances pour que 98,7 à 99,5 p. 100 du CO2 initial reste emmagasiné dans la géosphère pendant 5 000 ans.
L'Ouest canadien compte environ 40 sites où des gaz corrosifs — une combinaison de sulfure d'hydrogène et de dioxyde de carbone — sont injectés dans des formations souterraines aux fins de stockage permanent, et ce depuis des dizaines d'années. À l'heure actuelle, environ deux millions de tonnes de gaz corrosif sont injectées et stockées sous terre chaque année. On ne pourrait trouver meilleure analogie avec le stockage géologique du CO2.
Selon l'Alberta Geological Survey, les incidents sont rares et mineurs et n'ont pas provoqué de fuites de gaz corrosifs dans les eaux souterraines ou l'atmosphère. Il convient de souligner que, comparativement au sulfure d'hydrogène, le dioxyde de carbone n'est ni toxique, ni dangereux, ni inflammable. Cette analogie fournit un fondement scientifique et des références fiables en ce qui concerne la sûreté de l'injection souterraien de CO2. C'est ainsi que se déroulera le projet Pioneer: sans danger ou pas du tout.
Je sais que mes minutes sont comptées, donc je ne prendrai qu'une minute pour vous parler de notre programme de surveillance, parce que je crois qu'il est important de bien le comprendre.
Pa rapport aux activités humaines, des risques sont toujours présents. Le projet Pioneer emploiera une équipe extrêmement compétente et expérimentée de géoscientifiques de subsurface qui utiliseront toutes les données à leur disposition pour veiller à ce que les formations recommandées aux fins de stockage du CO2 possèdent les caractéristiques nécessaires pour servir de réceptacles sûrs à long terme. Des mesures de protection supplémentaires seront recommandées pour tout stockage de CO2 en cours, et elles seront gérées au moyen d'un programme soigneusement conçu de surveillance, de mesure et de vérification.
Il ne me reste que quelques minutes. Voulez-vous que je poursuive, où préféreriez-vous que j'attende...
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J’aimerais vous montrer quelques diapositives en même temps que je vous présenterai mon exposé.
Tout d'abord, j'aimerais vous parler de l'étude que nous avons mise sur pied pour vérifier les allégations de l'industrie et du gouvernement de l'Alberta selon lesquelles aucune pollution provenant de l'industrie des sables bitumineux ne se retrouve dans la rivière Athabasca. Après avoir vu des paysages comme celui-ci, ou celui-ci, et après avoir étudié les bassins hydrologiques pendant 40 ans, j'avais l'impression que ces allégations étaient erronées.
De plus, lors du dernier examen du programme régional de surveillance du milieu aquatique, on a constaté que le programme était inadéquat. Nous avons jugé utile de réaliser une étude indépendante. Ainsi, nous avons commencé par utiliser le SIG pour cartographier la formation de McMurray, qui est la formation bitumineuse représentée par la couleur la plus pâle, et nous avons pris des échantillons à chacun des emplacements que vous voyez sur la carte, dont plusieurs le long du cours de l'Athabasca, un peu en amont de Fort McMurray jusqu'à Fort Chipewyan, puis sur tous les affluents en amont.
Nous avons commencé par des échantillons de neige. Nous avons pu étudier l'accumulation d'un hiver entier. Nous avons pris des échantillons à 31 emplacements. Nous avons procédé ainsi parce qu'il n'y a eu à notre connaissance aucune surveillance atmosphérique dans la région de l'Athabasca depuis 1981.
Ici, nous avons un profil de la neige. Vous pouvez voir les couches noires. Nous avons filtré la neige, et cette rangée part de Fort McMurray à gauche jusqu'à Fort Chipewyan à droite. Chacune des petites branches représente un affluent.
On trouve des particules sur le filtre après avoir filtré 900 millimètres d'eau de neige, ce qui nous montre la quantité de particules trouvée dans la neige.
Ici, on peut voir la neige fondue aux emplacements visés. On voit en fait une couche de pétrole par-dessus l'eau après la fonte. Nous avons constaté que les contaminants atmosphériques étaient détectables dans un rayon de 50 kilomètres des deux usines de valorisation près de notre emplacement AR6, comme on peut le voir ici.
Si on observe les tendances en aval, on voit que AR6 est encore l'emplacement de l'usine de valorisation. On peut voir une contamination élevée de composés aromatiques polycycliques, dont plusieurs cancérigènes connus, près du centre des activités et au fond des affluents affectés.
Nous avons fait le même constat pour chacune des toxines observées: mercure, arsenic, plomb, etc. Lorsque nous avons observé la quantité qui se trouvait dans la neige — sous forme de particules dans la neige et dissoutes dans les affluents et dans l'eau des rivières de l'Athabasca —, nous avons constaté que chacune des toxines se trouvait en plus grande quantité. On les trouvait en plus grande quantité aussi loin que le lac Athabasca.
Nos données concordaient avec celles de l'Inventaire national des rejets de polluants d'Environnement Canada. Je ne vais vous en montrer que trois, mais ça serait probablement la même chose pour tous les éléments. La quantité de mercure rejetée par ces usines a été multipliée par trois au cours des sept dernières années; le plomb, par quatre en six ans; et l'arsenic, par trois en six ans également. Tous ces contaminants sont rejetés dans l'atmosphère et les entreprises en font rapport à Environnement Canada. C'est pour ces raisons que nous voyons ces concentrations plus élevées dans la neige et dans l'eau des rivières.
Nous avons également trouvé de fortes concentrations de plusieurs contaminants — on sait qu'ils sont élevés dans les bassins de décantation — sous la glace d'emplacements situés juste en aval des bassins. Ces données prouvent qu'il y a des effets aux fuites des bassins de décantation dans des conditions de faible débit hivernal.
Nous concluons donc, à partir de nos résultats, que l'industrie ajoute un poids substantiel de contaminants au fardeau que doit supporter la rivière Athabasca, que ce soit par la voie des airs ou de l'eau. Les treize éléments de la liste des polluants prioritaires de l'EPA aux États-Unis se trouvaient en quantités plus élevées dans un rayon de 50 kilomètres des usines de valorisation sur la rivière. Les données relatives aux émissions de l'INRP d'Environnement Canada indiquent que de plus en plus de ces mêmes éléments sont rejetés dans l'atmosphère.
L'industrie des sables bitumineux présente ces rapports à Environnement Canada, mais ce n'est pas ce qu'elle raconte au grand public. On peut le voir dans les pages entières de publicités qu'elle achète partout au pays pour défaire des soi-disant mythes. Leurs allégations concernant les rejets de contaminants, l'utilisation de l'eau et la revalorisation sont tout simplement fausses.
Nos données, ainsi que celles de l'INRP, indiquent que les entreprises qui exploitent les sables bitumineux devraient être poursuivies en vertu de la Loi sur les pêches. Elles rejettent manifestement des substances délétères dans des eaux fréquentées par des poissons. C'est difficile de croire que la loi est appliquée.
Je crois que la surveillance effectuée dans le cadre du PRSMA est inadéquate, comme l'avaient déjà annoncé ceux qui avaient examiné le programme à la fin de 2004. Je pense que le programme n'a plus la confiance du public.
Le seul organisme qui possède l'expertise nécessaire à l'exécution d'un programme de surveillance adéquat est Environnement Canada. Je crois que si on veut rétablir cette confiance perdue, un comité de surveillance composé de scientifiques qui n'auraient aucun lien avec l'industrie et qui ne pourraient pas être muselés par le gouvernement serait nécessaire. On devrait produire des rapports annuels publics et les diffuser à grande échelle. L'industrie doit continuer de payer pour le programme, mais le programme ne devrait pas être dirigé par l'industrie.
Il y a des restrictions relatives aux polluants atmosphériques et aquatiques rejetés par les centrales électriques. La présente situation est comparable et, dans bien des cas, elle est pire que ce qu'on voit dans les grandes centrales. De nouvelles restrictions sont clairement nécessaires; il est temps que nous nous fixions des objectifs solides pour la revalorisation des mines et des bassins de décantation, ainsi que la protection du bassin hydrologique.
Cela conclut mon exposé. Merci.
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Je vous remercie de m'avoir invité aujourd'hui. Je suis loin moi aussi d'être un David Schindler ou même un Roger Gibbins. Mon nom est Graham Thomson et je suis chroniqueur politique au
Edmonton Journal, mais c'est peut-être plus à titre d'auteur d'un mémoire de recherche sur le captage et le stockage du carbone, que j'ai écrit à l'Université de Toronto, que je m'adresse à vous aujourd'hui. J'ai reçu une bourse de recherche en journalisme de la Fondation pour le journalisme canadien pour l'année scolaire 2008-2009 qui m'a valu une invitation au Programme d'étude des enjeux relatifs à l'eau du Centre Munk d'études internationales, afin d'écrire un mémoire sur l'enfouissement du dioxyde de carbone intitulé
Burying Carbon Dioxide in Underground Saline Aquifers: Political Folly or Climate Change Fix?.
Le mémoire a été présenté à l'Université de Toronto en septembre dernier, au cours d'un colloque d'une journée sur le captage du carbone. Je ne me suis pas attardé outre mesure sur les projets axés sur les sables bitumineux de l'Alberta puisqu'il semble que ceux-ci ne se prêtent pas très bien au captage et au stockage du carbone. Voici un extrait de mon mémoire à ce sujet:
Une mise en garde s'impose au sujet des sables bitumineux de l'Alberta, qui comptaient au départ sur le captage et le stockage du carbone, le CSC, pour atténuer l'énorme empreinte de carbone laissée par l'industrie. Le premier ministre Ed Stelmach pensait bien avoir trouvé dans le CSC un moyen de rendre plus écologiques les sables bitumineux et de redorer l'image de sa province sur le plan de l'environnement, et il en était fier. « L'Alberta, a-t-il indiqué, pense que le CSC peut contribuer à la prospérité de l'économie et de l'environnement au XXIe siècle. Il s'agit de l'élément central de l'approche pragmatique adoptée par l'Alberta dans le but de maintenir son apport considérable à l'économie canadienne, tout en protégeant l'environnement. »
Les sociétés exploitant les sables bitumineux ont cependant renoncé au CSC, après s'être rendu compte que cette technologie n'aiderait sans doute pas l'industrie à réduire ses émissions de CO2 parce que les sables bitumineux comportent trop de sources d'émission diffuses. La CBC a mis la main sur des notes d'information internes du gouvernement fédéral expliquant que le CSC se prête davantage à des sources industrielles ponctuelles de CO2, telles des centrales au charbon. « La majorité des émissions de CO2 n'étant pas suffisamment pures, une faible fraction seulement peut être captée », peut-on y lire. « Les possibilités d’application à court terme dans les sables bitumineux sont plutôt limitées et elles existeraient surtout à l'échelle des usines de valorisation. »
Le gouvernement albertain persiste à dire malgré tout que le CSC aidera grandement à assainir l'exploitation des sables bitumineux. Il est convaincu que, grâce au CSC, l'industrie réussira à stocker annuellement 140 millions de tonnes de CO2, ce qui nécessite des explications. Même un partisan convaincu du CSC a exprimé des doutes à ce sujet. « J'ignore où ils ont pigé ce chiffre, a indiqué M. David Keith, de l'Université de Calgary. Une chose est sûre, avec le changement climatique, nous ne pouvons plus pomper le pétrole du sous-sol et le répandre dans l'atmosphère. »
Le CSC, malgré tout l'optimisme et l'enthousiasme démontrés par les politiciens et les dirigeants de l'industrie, n'a pas rempli ses promesses en ce qui a trait aux sables bitumineux. Et le gouvernement de l'Alberta se rend compte maintenant que les projets de CSC sont plus difficiles à mettre en oeuvre que prévu. J'aimerais faire un petit ajout. Depuis la rédaction de mon mémoire, le gouvernement de l'Alberta a fait part de déclarations d'intention concernant quatre projets de CSC : le projet Pioneer, sous la direction de TransAlta, visant à stocker un million de tonnes de CO2 par an émises par une centrale au charbon; le projet de Swan Hill Synfuels, prévoyant le stockage de 1,3 million de tonnes par année; le projet de pipeline principal de l'Alberta pour le captage et le stockage du carbone; et le projet Quest de la pétrolière Shell, prévoyant le stockage de 1,2 million de tonnes annuellement à son usine de valorisation de Scotford. Il n'est pas certain que tous ces projets verront le jour, mais si c'est le cas, les premières opérations de stockage ne devraient pas débuter avant 2015.
Prenons par exemple le projet Quest. L'objectif est de capter jusqu'à 1,2 million de tonnes de dioxyde de carbone par année à l'usine de valorisation près d'Edmonton, de le comprimer et de le transformer en liquide, de le transporter par pipeline jusqu'à un site de stockage encore indéterminé et de l'injecter dans une formation rocheuse imperméable remplie d'eau salée à plus de deux kilomètres de profondeur.
Le projet pilote constitue à première vue un modèle idéal de captage et de stockage du carbone : de proportions modérées, soigneusement choisi, étroitement surveillé et jouissant d'un financement suffisant. Le dioxyde de carbone sera injecté profondément dans le sol, dans une formation géologique ayant échappé au forage. C'est, en théorie, une bonne façon d'isoler le dioxyde de carbone de l'atmosphère.
Cependant, Shell et ses partenaires dans le projet se réservent le droit d'utiliser le dioxyde de carbone capté pour récupérer davantage de pétrole, c'est-à-dire d'injecter le gaz transformé en liquide dans de vieux champs pétrolifères pour en tirer encore plus de pétrole, lequel, une fois raffiné et brûlé, produirait des quantités supplémentaires d'émissions de CO2. Le recours au CSC pour récupérer plus de pétrole est sans doute une mesure sensée sur le plan économique, mais il est nettement exagéré de parler ici d'une méthode de captage destinée à réduire des quantités considérables d'émissions.
Il y a aussi la question de savoir s'il est possible de stocker des millions de tonnes de dioxyde de carbone sous haute pression dans de vieux champs pétrolifères sans risquer des déversements dans l'air ou dans les nappes d'eau souterraines à la faveur des puits creusés dans ces champs. Certains éléments comme l'arsenic pourraient alors se répandre dans les sources souterraines d'eau potable. En quantités suffisamment importantes, ces déversements pourraient constituer un risque pour la santé, mais même en faibles quantités, ils risqueraient d'annuler l'effet bénéfique du stockage du CO2 sur le changement climatique.
Les scientifiques qui s'intéressent au stockage du carbone entretiennent de grands espoirs quant à la sécurité et à l'efficacité de cette méthode, sans pouvoir cependant fournir d'assurances à long terme, principalement dans l'optique d'une application à grande échelle.
L'Alberta a exprimé l'intention de recourir au stockage du carbone pour enfouir 140 millions de tonnes de dioxyde de carbone chaque année d'ici 2050. Le gouvernement fédéral veut quant à lui enfouir 600 millions de tonnes de carbone annuellement d'ici là. À l'échelle mondiale, on compte injecter des milliards de tonnes de carbone dans le sol chaque année.
Les politiciens font souvent des promesses, côté technologie, que les scientifiques et les sociétés dans le domaine de l'énergie ne sont pas sûrs de pouvoir tenir.
Sur ce, je termine ma présentation.
:
En comité, vous dites? Mes excuses.
Le 7 avril, je me rends à Weyburn, en Saskatchewan, pour voir de mes yeux l’installation de captage du carbone. J’encourage tous les membres du comité qui le souhaitent à m’emboîter le pas. Je trouve qu'aller voir sur place les installations et la technologie permet de mieux les comprendre et aide aussi à prendre des décisions éclairées.
La deuxième chose que je souhaite dire aux témoins est qu’aux différentes conférences internationales sur l’environnement — à Berlin, à Washington D.C. et à Copenhague — auxquelles j’ai assisté, on a insisté auprès des délégués sur l’importance du captage et du stockage du carbone. Le monde scientifique compte sur le Canada pour assumer un rôle de chef de file mondial, ce qui est le cas — et, pour lui rendre son dû, le gouvernement libéral précédent avait soutenu la technologie de captage et de stockage du carbone, à l’égal du gouvernement actuel, et fourni des fonds à cette fin.
Le monde scientifique fait savoir qu’il espère que le Canada et les États-Unis parviendront à commercialiser le captage et le stockage du carbone à un coût abordable, afin que la technologie soit à la portée des pays en voie de développement qui brûlent du charbon, et qui continueront sans doute à le faire pour produire l’électricité nécessaire à leur développement.
Madame Farrell, vous avez malheureusement épuisé votre temps, et le comité ne souhaitait pas écouter le reste de votre exposé. Mais je crois que ce que vous avez à dire est très utile. Vous vouliez nous entretenir d’un programme de surveillance, de la sûreté et de l’utilisation de l’eau, et de la technologie. Pourriez-vous continuer à nous faire connaître le captage et le stockage du carbone, ainsi que leur importance? La technologie a-t-elle fait ses preuves? Je crois que c’est le cas, mais vous pourriez peut-être continuer à nous en parler.
Merci.
Pour répondre tout d’abord à votre question sur l’efficacité démontrée de cette technologie, un projet aux États-Unis, intitulé Mountaineer, fournit cette preuve à petite échelle.
Le but véritable du projet Pioneer est de passer à grande échelle et de régler tous les détails, en vue de réduire les coûts par la suite et de donner réalité à cette technologie. Le but n’est donc pas vraiment de prouver s’il est possible ou non de stocker le CO2, mais d’essayer de réduire les coûts pour assurer la viabilité économique à long terme du captage et du stockage du carbone, de même que de la production du charbon.
La surveillance est sans doute ici l’une de nos fonctions les plus importantes. Notre programme de surveillance nous permettra de suivre la pression, la température, le taux de production et la composition en CO2 des puits d’injection. Notre surveillance nous permettra de détecter l’emplacement du panache de CO2, et de veiller à l’intégrité des puits abandonnés. Nous pourrons détecter toute incidence sur la qualité de l’eau souterraine — je crois que c’est l’un des aspects qui vous intéressent vraiment aujourd’hui — de même que toute infiltration du sol. Comme la surveillance se poursuivra tout au long du stade opérationnel, puis après la conclusion du projet, je crois qu’elle a beaucoup d’importance.
Je sais que certains disent qu’il y a un risque que l’injection de CO2 porte atteinte à la sûreté de l’eau souterraine. Je pense qu’il faut bien préciser que les aquifères qui recevront l’injection de CO2 sont à une profondeur beaucoup plus grande que l’eau souterraine. Nous veillerons à pouvoir donner une preuve irréfutable que le CO2 est bel et bien injecté dans les aquifères salins, sans incidence sur l’eau souterraine. Ce sera un aspect important du travail que nous entendons faire.
L’intervenant précédent nous a posé des questions sur l’eau. Notez bien que la limite annuelle approuvée pour nos centrales sur la rivière Saskatchewan Nord est actuellement de 43 millions de mètres cubes. Nos centrales qui s'y trouvent utilisent aujourd’hui 26 millions de mètres cubes, tandis que le projet Pioneer utilisera environ 1,6 million de mètres cubes par an, ce qui est relativement peu comparé aux volumes utilisés par les centrales au charbon à cet endroit. Ce projet s’intègre donc bien à la capacité du bassin hydrographique.
Je crois que le comité doit savoir que ce type de financement entre les provinces, le gouvernement fédéral et l’industrie privée, de même que l'ampleur du projet, permettront au Canada de devancer largement les autres pays du G8 en matière de gestion du CO2. Nous extrairons ce gaz de l’air et nous le stockerons. On n’entendra plus beaucoup parler du CO2. Une fois le projet mené à bien, les émissions de CO2 dans l’environnement seront réduites de un million de tonnes. J’estime que ce sera bon pour le pays et bon pour l’industrie. J’espère que cela figurera sur la liste des choses que nous pouvons faire, tandis que nous recherchons des solutions à la fois écologiques et rentables.
Merci.
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Sur le plan des avantages économiques... Je crois que lorsqu'on parle d'énergie, on pense surtout aux ressources énergétiques les moins coûteuses, dans la région, qui permettent d’offrir de l’énergie à coût modique, mais d’une façon écologique. Si l’on songe au charbon en Alberta, par exemple, c’est une ressource très peu coûteuse: plus de 300 années d’approvisionnement se trouvent directement dans le sous-sol de la province. Si nous prouvons la viabilité du captage et du stockage du carbone, nous pouvons retirer environ 4 000 mégawatts aux centrales au charbon et prolonger de 15 à 20 ans leur vie utile, tout en éliminant les incidences du CO2.
On procure ainsi aux Albertains une ressource qui coûte dans les 80, 90 ou 100 $ le mégawattheure, contre l’éolien, qui se situe entre 90 et 100 $. Pour une nouvelle centrale hydroélectrique, c’est maintenant de 125 à 145 $.
Un membre de votre comité a posé des questions sur l’énergie nucléaire. Selon nos études, elle coûte environ 165 $ par mégawattheure.
Nous essayons d’examiner chaque ressource, avec ses coûts, puis nous étudions les moyens d’atténuer les incidences sur l’environnement.
Mon mari est lui aussi originaire de la Nouvelle-Écosse, et je comprends donc que des gens viennent de cette province pour s’établir en Alberta. D’après ce que j’en sais, il y a un peu d’énergie éolienne dans la région de la Nouvelle-Écosse. Il y en a aussi aujourd’hui au Nouveau-Brunswick, et je sais qu’elle est en cours d’installation en Nouvelle-Écosse. On me dit que le charbon est très coûteux là-bas.
Il me semble que vous devez donc examiner le coût du charbon par comparaison avec celui du captage et du stockage du carbone, regrouper tout cela et le comparer aux autres sources d’énergie régionales, comme l’éolien, l’hydroélectricité de petite envergure et quelques installations au gaz. C’est ainsi que je procéderais.
Sur le plan de la sécurité, on regroupe actuellement une immense documentation sur le type de travail que nous effectuons ici en Alberta. Vous pouvez communiquer avec certains des géologues et des ingénieurs engagés dans ces projets. Ils vous diront le type d’étude à effectuer pour déterminer précisément la sécurité offerte par chacune des formations géologiques dans l’Est.
À ce stade, tout ce qui précède me paraît réalisable.
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Merci, monsieur le président.
Pour commencer, j'aimerais revenir sur la question qu'a posée M. Braid à M. Gibbins. Les bassins de décantation ne sont pas une technologie très populaire à l'heure actuelle. Ils existent depuis plus de 40 ans et rien n'indique qu'ils seront bientôt remplacés.
Je pense qu'une des affirmations que les représentants de l'industrie font parfois, à savoir qu'ils vont trouver une solution technologique qui leur permettra de se passer des bassins de décantation, a été contestée, ce qui est une excellente chose. J'en remercie M. Braid.
Deuxièmement, madame Farrell, je pense qu'un des points les plus intéressants de votre exposé est que vous avez confirmé ce que beaucoup d'entre nous soupçonnaient, à savoir que le CSC n'est pas vraiment une solution au défi que posent les émissions produites par les sables bitumineux. C'est une très bonne solution, comme M. Thomson l'a déclaré à plusieurs reprises, pour les importants émetteurs uniques du secteur industriel, mais j'espère que l'exposé que vous avez présenté aujourd'hui va empêcher les politiciens de quelque parti que ce soit de s'en sortir en disant que le CSC sera la solution qui permettra d'exploiter les sables bitumineux. Il a été démontré très clairement que la séquestration et le stockage du carbone ne seront pas une solution pour réduire nos émissions de gaz à effet de serre.
Lorsque nous avons demandé qui sont les spécialistes de l'extraction du CSC des sables bitumineux, qui est techniquement le sujet que nous aimerions examiner aujourd'hui, la réponse a été qu'il ne semble pas y avoir d'experts dans le domaine du CSC appliqués aux sables bitumineux, parce que ce n'est pas, en fait, un domaine dans lequel on trouve des experts.
J'aimerais avoir une réponse. Est-il assez juste de dire qu'il n'y a, en fait, personne qui...