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Merci beaucoup, monsieur le président.
J'allais parler de ce que fait cette loi sur le plan de l'introduction de contentieux à l'américaine et je venais de citer M. Chris Hanks, qui est chargé de l'environnement et de la responsabilité sociale à la Newmont Mining Corporation; il parle de la multiplication des contentieux rendus possibles par cette loi, par opposition au règlement amiable des problèmes ou conflits.
Je soutiens que cet accent mis sur les recours en justice n'est absolument pas conforme au système de gouvernement canadien. Je pense que les collègues d'en face ont mentionné, avec approbation, relativement à plusieurs affaires, que les contentieux à l'américaine semblent donner de bons résultats chez nous.
J'aimerais parler d'une localité agricole en Californie pour illustrer le fonctionnement des contentieux à l'américaine. C'est la localité agricole de Mendota, en Californie. Je vais commencer par faire ressortir que ce sont toujours les localités minières et agricoles qui sont les cibles de ces campagnes. Lorsqu'on regarde l'ensemble des campagnes de ce militants écologistes, un tableau assez effrayant se dessine. Vous constatez que les localités et les économies rurales en sont toujours les victimes — et je dis bien toujours les victimes.
La ville de Mendota, en Californie, selon un article intitulé « Mendota: une ville au fond du goufre », souffre aujourd'hui d'un taux de chômage de 38,5 p. 100. Cette localité dépend de l'irrigation et vit de ses entreprises agricoles à valeur ajoutée. L'une des raisons, outre la conjoncture économique difficile aux États-Unis, au départ... l'article mentionnait que « les livraisons d'eau du Westlands Water District aux agriculteurs de Mendota ont été ramenés à 10 p. 100 de la normale, les fonctionnaires fédéraux blâmant la... sécheresse » — et voici la partie importante — « et la nécessité de protéger les éperlans « menacés » du delta et d'autres espèces en danger ».
Ne croyez donc pas qu'une législation environnementale, si elle est mal ficelée, n'a pas des conséquences humaines.
Au sujet de ces groupes d'intérêt public, il faut toujours se demander qui les a élus? Ils se prétendent toujours les représentants du peuple et de la base, et ainsi de suite. Très franchement, les seuls représentants légitimes et véritables du peuple sont ceux d'entre nous qui avons été élus, nous tous ici dans cette salle.
De nombreux groupes militants canadiens, par exemple, reçoivent beaucoup d'argent de fondations américaines, des millions de dollars en ce moment — la Fondation David Suzuki, 10 millions de dollars; le Pembina Institute, environ 3,7 millions de dollars.
Vivian Krause, écrivant pour le Financial Post le 15 octobre 2010, dans un article intitulé « Argent américain contre sables bitumineux », évoque 36 organisations écologistes canadiennes financées par une source étrangère commune. En l'occurrence, c'était la Tides Foundation. Leur campagne de plusieurs millions de dollars, avec du personnel à temps plein rémunéré, des affiches coûteuses et des sites Internet raffinés, est tout sauf un mouvement populaire.
De même, la Moore Foundation aux États-Unis, par exemple, donne une directive explicite aux bénéficiaires de ses subventions. Ils sont censés influencer les décisions de gestion des ressources de la Colombie-Britannique intéressant spécifiquement le pétrole et le gaz. Je trouve donc plutôt paradoxal que, lors du débat d'hier à la Chambre sur les négociations frontalières entre le Canada et les États-Unis, les partis d'en face se soient longuement étendus sur la nécessité de protéger la souveraineté canadienne, alors que dans ce cas particulier ils ne voient aucun mal à ce que des groupes militants canadiens financés par l'étranger s'ingèrent dans le droit souverain du Canada de décider comment gérer ses propres ressources. Très franchement, quelle chance ont des localités rurales et des petites entreprises démunies confrontées à ce genre de puissance de feu?
Par exemple, j'ai une localité dans ma circonscription. Le budget total de la municipalité est de 300 000 $ par an. Là encore, on assiste à un combat très inégal avec des groupes activistes canadiens financés par l'étranger s'abattant sur les localités et les économies rurales, phénomène que cette loi particulière va encore exacerber. On se demande comment les partis de l'opposition — surtout le Bloc et le NPD, avec leurs électeurs ruraux et les villes monoindustrielles dans leurs circonscriptions — vont expliquer cela à leurs électeurs.
Bien que la loi contienne des garanties empêchant les plaideurs de gagner ostensiblement trop d'argent provenant directement des recours et contentieux, n'oubliez pas que le seul fait qu'une action en justice soit intentée va permettre à ces groupes de solliciter des fonds sur leurs sites Internet auprès de leurs sympathisants, car le seul fait de poursuivre quelqu'un est une occasion de lever des fonds.
J'aimerais m'attarder un instant sur la définition d'un environnement sain et équilibré car c'est là la clé de toute cette loi. Si un environnement n'est pas sain ou équilibré, aux termes de cette loi, alors une action en justice peut s'ensuivre. La notion d'équilibre a été abandonnée par les écologistes scientifiques il y a belle lurette, étant donné que tous les écosystèmes connaissent des perturbations — incendies de forêt, avalanches, coulées de boue, inondations et ainsi de suite — et que l'aspect déterminant est comment un écosystème s'adapte. L'environnement n'est jamais équilibré, et cette expression est un non-sens, mais sera néanmoins le sujet de décisions de justice arbitraires.
L'autre considération, lorsqu'on parle d'environnement sain et équilibré, c'est la notion de changement environnemental par opposition à celle de dommage environnemental. Aux yeux de certains, tout changement causé par l'homme à l'environnement est néfaste. Ce n'est pas vrai. Un nouvel équilibre peut être réalisé après l'utilisation humaine du milieu. Une forêt ancienne devient une forêt jeune. Certains lacs de barrage deviennent des zones de pêche, et ainsi de suite.
Le problème est qu'un changement aux yeux d'une personne devient un dommage aux yeux d'une autre. Ce sera l'objet de litiges en justice, en l'absence de bon sens et de renseignements scientifiques sur l'impact réel. Cependant, l'article 23, qui autorise des recours de la part de toute entité canadienne contre divers promoteurs doit nous inciter à la prudence.
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Merci, monsieur le président.
Je rejette l'assertion de l'intervenant précédent que ce projet de loi nuit aux collectivités rurales et que tous les habitants de ces dernières ne veulent rien d'autre que la poursuite des activités économiques sans se soucier de l'environnement. Au contraire, certaines des personnes à l'esprit le plus constructif et le plus coopératif cherchant à préserver cet équilibre et à protéger l'environnement sont des habitants de collectivités rurales et des organisations de la base qui en sont issues.
J'ai rencontré beaucoup d'entre eux et il convient de les respecter et de les apprécier pour leur contribution à la recherche de moyens de réduire ou d'atténuer les impacts sur l'environnement dans leur cour arrière, chez eux. Ils se soucient des emplois, mais ils sont soucieux également de léguer un environnement propre aux générations futures.
Au sujet des remarques du député sur l'auteur Vivian Krause et tous ces commentaires exagérés sur le financement de sources étrangères, je rappelle qu'elle a été lobbyiste pour l'industrie de l'aquaculture et a travaillé pour un député conservateur. Il n'est donc pas surprenant qu'elle attaque les initiatives du Parti libéral et d'autres et défende les initiatives des conservateurs. Je serais curieuse de savoir d'où provient son financement.
Merci, monsieur le président.
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Merci, monsieur le président.
Tout en appréciant les remarques de M. Woodworth concernant la nature historique de ce paragraphe, lorsqu'on cite les écrits de quelqu'un, je pense que la transparence exige que l'on divulgue que cette personne est une lobbyiste conservateur. Les lecteurs de ce compte rendu pourraient penser que cette personne jouit d'une légitimité neutre en traitant de ce sujet.
Je veux aussi faire remarquer au député que si les interventions sont limitées à huit minutes, comme le député ne cesse de le déplorer, c'est dû au fait que les membres conservateurs usaient de tactiques dilatoires contre ce projet de loi. Il y a eu sept amendements, sous-amendements et sous-sous-amendements à l'article 11. Je les ai comptés. J'ai suivi. Nous n'allions nulle part.
C'est ce membre et ses collègues qui ont créé les conditions qui nous ont obligés à agir pour faire avancer ce projet de loi, sinon nous y passerions deux ans. Il n'est pas dans l'intérêt du public canadien que les travaux de ce comité soient paralysés heure après heure par des interventions répétitives et des amendements à des amendements pour enrayer ce projet de loi du NPD.
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Merci, monsieur le président.
Premièrement, c'est véritablement regrettable. L'une des choses déplorables ici, c'est qu'au lieu de regarder ce qui est dit et d'essayer d'examiner le mérite des idées présentées, on cherche à salir ou à discréditer les auteurs. Si l'on voulait avoir un débat judicieux, on examinerait les idées et non les auteurs.
Pour ce qui est des amendements, très franchement je trouve atroce que la députée donne à entendre que nous prendrions deux ans pour étudier convenablement ce projet de loi et qu'il faille nous limiter à une minute et demie chacun pour nous empêcher de passer deux ans sur ce projet de loi.
Je ne me souviens d'aucun amendement conservateur qui n'ait pas été approprié et qui ne visait pas à régler un problème réel dans ce projet de loi. En fait, je ne crois pas qu'il y ait eu tellement d'amendements conservateurs ayant causé un retard. La vaste majorité des amendements proposés émanaient de membres de l'opposition, ce qui est assez curieux puisque c'est leur projet de loi.
La seule chose qui rende ridicule un débat approfondi autour de cette table est le fait que les députés d'en face ont l'esprit fermé et n'écoutent pas. Peut-être est-ce pour cela que peu nous importe combien de temps nous prenons pour exprimer nos idées.
J'en ai dit assez. Merci.
Je vais rendre ma décision sur le rappel au Règlement initial et les points ultérieurs soulevés. Mme Murray peut réagir à juste titre aux commentaires et questions soulevées par M. Sopuck et son intervention est donc légitime.
Si l'on regarde les débats qui se sont déroulés ici, et si on lit les transcriptions, chaque membre de ce comité, quelle que soit son affiliation politique, a longuement parlé sur les divers amendements et sous-amendements. Nous avons eu des amendements et sous-amendements présentés par tous les partis. Je ne jette le blâme sur aucun parti, vu que tous les membres ont vigoureusement participé au débat et au travail de rédaction de ce projet de loi. C'est le rôle qui leur incombe au stade du rapport où nous sommes.
Quoi qu'il en soit, poursuivons.
Madame Murray, vous avez une minute et...
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Merci, monsieur le président.
Je n'ai que mentionné des faits et la position que Mme Murray, dans le passé, a prise en faveur du déversement d'eaux d'égout brutes dans le détroit de Juan de Fuca. Si maintenant elle a vu la lumière et changé sa position, j'aimerais beaucoup l'entendre, mais cela était sa position dans le passé.
De même, le déversement d'eaux d'égout non traitées dans le Saint-Laurent, juste en aval de M. Scarpaleggia, c'est une grosse préoccupation pour moi et beaucoup de Canadiens. Je ne l'ai pas entendu s'élever contre cela jusqu'à maintenant. J'espère que lui aussi a changé sa position.
Vu que nous avons deux membres libéraux éminents de ce comité ayant pour position de ne pas s'exprimer contre le déversement d'eaux d'égout brutes, je ne peux que conclure que c'est une politique libérale.
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D'accord. Je ne voulais pas l'interrompre.
Je pense qu'il importe de rappeler que nous débattons de l'article 28 de ce projet de loi. Il traite du droit de ne pas être privé, sauf par l'application régulière de la loi. C'est spécifié dans le texte. Il existe quantité de façons d'assurer l'application régulière de la loi, mais il s'agit ici essentiellement de consacrer un droit dans la Déclaration des droits. Les recours en justice ont très peu de choses à voir à cet égard. Il existe beaucoup de façons d'exercer ces droits. On précise que le gouvernement ne peut enlever ces droits sauf par application régulière de la loi, et c'est l'assurance que donne ce projet de loi.
Bien sûr, la règle de droit est ce qui sépare une didacture d'une démocratie. J'imagine que tous les députés à cette table sont convaincus que le Canada devrait gérer ses affaires en appliquant la règle de droit de manière démocratique.
L'ajout de cette disposition ne vise qu'à nous aligner sur la majorité des pays démocratiques du monde. Comme un témoin nous l'a rappelé, quelque 170 pays membres des Nations Unies ont reconnu le droit à un environnement sain. Plus de 85 p. 100 d'entre eux ont même modifié leur constitution en conséquence. Je n'ai pas recommandé cela, car rouvrir une constitution est une entreprise monumentale. Au lieu de cela, je propose de modifier la Déclaration des droits, et lorsque l'on considère le contexte de la Déclaration des droits, cela me paraît très rationnel.
Je trouve absolument odieuses les remarques de M. Sopuck lorsqu'il dit que ce droit nuirait aux organisations rurales. La majorité des organisations et des personnes qui m'ont contactée pour exprimer leur soutien à ce projet de loi sont des petites organisations rurales. Elles recherchent désespérément ces droits et ces opportunités. Lorsqu'il parle de donner aux gens la possibilité de résister à la puissance de feu d'entités sous influence étrangère ou de grosses entités, c'est justement le droit des petites collectivités rurales et autochtones de résister aux grandes entreprises internationales qui veulent saccager leur région ou accaparer leur eau. S'il avait passé du temps en Alberta, où j'ai vécu toute ma vie, il serait au courant des combats, des lignes de bataille tracées, et des changements dans le paysage politique de l'Alberta — à 100 p. 100, car les ruraux albertains considèrent que le gouvernement ne défend pas leurs intérêts sur le plan de la protection de leurs terres, de leurs eaux et de leur faune. C'est précisément ce que ce projet de loi va faire au niveau fédéral.
Je trouve les remarques absolument bizarres. Si vous regardez le nombre des organisations et entités qui régulièrement interjettent appel contre l'octroi de permis, et ainsi de suite, ce sont les petites organisations agricoles qui pensent que ce sont les villes qui veulent les revenus d'un parc d'engraissement massif, d'un projet de dépotoir de matières dangereuses, d'une exploitation de sables bitumineux et des émissions d'une usine de gaz sulfureux. Ce sont des agriculteurs, ce sont des localités rurales et ce sont eux qui aspirent à ces droits et ces opportunités.
Je reste abasourdie que M. Sopuck ait invoqué le droit des petites localités rurales à exprimer leurs droits, alors qu'il a voté contre les articles 11 et 12 qui auraient expressément donné à ces localités le droit de participer à la prise de décisions environnementales lorsqu'ils pensent que leurs exploitations familiales, leur jouissance de leurs biens et leur accès aux terrains de chasse traditionnels sont menacés. Cette disposition n'a absolument rien à voir avec le droit d'intenter des recours en justice et a tout à voir avec le droit de jouir d'un environnement sain dont ils ne peuvent être privés sans application régulière de la loi.
Le président: Merci.
Ne voyant pas d'autres mains levées, nous allons procéder au vote.
(L'article 28 est adopté.)
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Les comités parlementaires sont les maîtres de leur domaine. J'ai mis en discussion l'article 2 parce qu'il n'y a rien dans les articles 6 ou 9 qui se répercute sur lui, et donc nous pouvons en traiter à toutes fins pratiques. Mais je n'ai pas d'objection. Si le comité veut passer à l'article 6 et à l'article 9 et revenir seulement plus tard à l'article 2, nous réserverons de nouveau l'article 2.
Cela rencontre-t-il l'assentiment général?
J'ai vu des hochements de tête, et je ne vois pas d'opposition. D'accord. Passons donc à l'article 6.
(L'article 2 est réservé.)
(Article 6 — Objet)
Le président: Nous avons un amendement, l'amendement libéral numéro 1, qui se trouve à la page 9 de votre liasse.
Remontant en arrière, nous avions en fait commencé le débat sur l'article 6. L'amendement libéral L-1 a déjà été présenté et mis en délibération. Nous avons eu ensuite un sous-amendement proposé par Mme Duncan. Je vais juste vous le lire au cas où vous ne l'auriez pas sous les yeux, madame Duncan. Il propose que l'amendement soit modifié par remplacement, a) des mots « s'ajoute aux » par « vise la compatibilité avec les »; b) du mot « Les » par « En cas de conflit, les »; c) des mots « toute convention internationale » par « tout texte de droit international »; d) des mots « dispositions incompatibles » par « dispositions ».
Voici le sous-amendement dont nous délibérons.
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Merci, monsieur le président, et merci d'avoir rassemblé cette information.
Ayant examiné la législation, je dois avouer que je trouve l'amendement initial proposé bizarre, car il n'est pas conforme à ce que le gouvernement du Canada a fait dans tous les autres cas, où il a effectivement stipulé que la loi environnementale a préséance sur tout autre droit et opportunité. Cela nous pose un dilemme. Je veux bien attendre pour me prononcer et laisser M. Scarpaleggia s'expliquer car je crois que c'est lui qui a introduit l'amendement initial.
Nous avons à déterminer si nous voulons utiliser les mots « s'ajoute », « conflit », « compatible » et ainsi de suite. L'emploi de ces termes s'est avéré plutôt utile et je pense que cela nous conseille d'utiliser le mot initial « incompatible ». Je dois dire que je suis troublée de voir que seule cette loi stipule que les dispositions de la convention ont préséance sur... Non, ce n'est pas le cas?
Peut-être devrions-nous demander des éclaircissements. J'essaie de voir la différence entre ceci et les dispositions des autres lois.
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Merci, monsieur le président.
Suite aux commentaires avisés de mon collègue qui vient de parler, en lisant le texte je me dis que l'intention originelle est à peu près exprimée par la première phrase: « La présente loi vise la compatibilité avec les droits et obligations du Canada découlant du droit international ».
Maintenant qu'il n'est plus question d'une convention en particulier, telle que la Convention sur le commerce international des espèces menacées d'extinction et la Loi sur la Convention concernant les oiseaux migrateurs, mais principalement de la Loi sur la responsabilité en matière maritime, je pense que la première phrase n'a plus de raison d'être.
Si la première phrase dit bien: « assurer la compatibilité avec les droits et les obligations du Canada découlant du droit international », j'interprète cela comme faisant référence à une multitude de lois internationales ou nationales que nous avons promulguées pour honorer nos engagements et accords internationaux, qu'il s'agisse de lois relatives à des conventions internationales, telles que le Protocole de Kyoto et l'Accord de Copenhague, ou la pléthore, ou multitude, de lois environnementales internationales. Le fait de dire cela dans la première partie de l'amendement, puis d'en restreindre la portée à la Loi sur la responsabilité en matière maritime m'indique qu'il y a encore du travail à faire là-dessus.
Je ne sais pas comment il faudrait s'y prendre. Je me tourne vers l'auteur de l'amendement pour qu'il m'indique ce qu'il cherche à réaliser ici. Soit il faut retrancher entièrement la première phrase, soit il nous faut voter et décider de rejeter l'amendement proposé par Mme Duncan.
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Merci, monsieur le président.
Je n'ai pas nécessairement d'opinion sur ce sujet, mais j'aimerais quand même faire une observation par rapport à l'amendement.
Il faut prendre en considération le fait que le Canada signe des conventions internationales. Je pense, entre autres, à la Convention internationale pour le contrôle et la gestion des eaux et sédiments de ballast, qui a été adoptée à Londres en février 2004. Cela fait en sorte qu'il y aura, lorsque cette convention entrera en vigueur, des obligations pour le Canada de respecter les normes établies sur le plan international.
Donc, si on vient dire que la loi canadienne sur la responsabilisation est prédominante par rapport à des conventions, cela pourrait créer un certain nombre de problèmes. Je n'irais pas jusqu'à dire que cela pourrait même impliquer le Protocole de Kyoto, mais il y a certainement un problème dans la mesure où on pense que le Canada doit respecter les conventions qu'il a signées.
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Monsieur le président, la raison pour laquelle nous l'avions réservé était que nous voulions voir à quoi ressemblerait le restant du projet de loi avant d'aborder son objet. Il s'agit là de l'article qui donne le ton général du projet de loi. Je vais énumérer certains des problèmes que nous, de ce côté-ci de la table, voyons dans l'article 6, sur la base de tous les témoignages que nous avons entendus.
L'article 6 énonce l'objet du projet de loi:
La Charte canadienne des droits environnementaux a pour objet:
(a) de sauvegarder le droit des Canadiens des générations présentes et futures à un environnement sain et écologiquement équilibré;
L'une de nos préoccupations, monsieur le président, et je suis sûr que nous les verrons dans le moindre détail, c'est que nous ne savons pas quelle est précisément la définition d'un environnement sain et écologiquement équilibré.
À mon sens, alors qu'il peut s'agir là d'un texte bien intentionné proposé par une personne de bonne volonté, il oblige à s'interroger sur la manière dont un tribunal pourrait l'interpréter. Nous savons tous, si l'on considère l'article 23 et les autres dispositions du projet de loi qui permettent des recours au nom du public canadien afin que le gouvernement ou d'autres rendent des comptes, tout ce qui doit être prouvé, surtout en droit civil, pour déterminer si nous avons un environnement sain et écologiquement équilibré, reviendra à une prépondérance des probabilités telles qu'établie par un tribunal jugeant un recours civil, que n'importe qui peut intenter, que le plaideur ait ou non un intérêt direct dans l'action ou l'entreprise considérée.
C'est là le problème sous-jacent de la loi. C'est là l'origine du grand danger mentionné par nombre des témoins ayant comparu à notre comité. Virtuellement tous ceux oeuvrant dans le monde des affaires, qu'ils représentent les chambres de commerce ou diverses industries maritimes, ont exprimé des craintes et la consternation devant la facilité avec laquelle il serait possible, en vertu de l'article 23, d'intenter, sur une prépondérance des probabilités, une action civile contre toute entreprise mettant en jeu le gouvernement fédéral.
Il nous faut établir précisément la définition d'un environnement sain et écologiquement équilibré. Ma définition personnelle différera probablement de celle de pratiquement toute autre personne à cette table. Même si nous aurions beaucoup de vues communes, nous aurions aussi, j'en suis sûr, quelques divergences. Par exemple, est-ce qu'un environnement sain est le droit de travailler dans une exploitation des sables bitumineux, ou un projet d'Hydro-Québec, ou tout autre projet, de façon à pouvoir nourrir, habiller et loger sa famille? Je considérerais cela comme un environnement beaucoup plus sain que l'inverse. Il faut prendre tous ces aspects en compte lorsqu'on considère cette notion dans toutes ses dimensions.
Le paragraphe 6(b) dit:
(b) de confirmer l'obligation du gouvernement du Canada, découlant de la fiducie publique, de protéger l'environnement dans son champ de compétence;
Je n'ai pas trop de difficulté avec ce paragraphe-ci. Cependant, le problème réside dans les articles ultérieurs du projet de loi, qui permettent aux particuliers d'exercer des recours contre le gouvernement si celui-ci, à leurs yeux, ne remplit pas ses obligations découlant de la fiducie publique. Ces articles déjà adoptés sont nombreux et, si le projet de loi était promulgué, susciterait beaucoup d'interrogations au sein de l'administration des divers ministères du Canada.
Déjà, comme tous les députés autour de cette table le savent, si un dollar fédéral est dépensé pour un projet dans leur circonscription, cela déclenche une évaluation d'impact environnemental en vertu de la Loi canadienne sur l'évaluation environnementale. Nul n'ignore les retards, le temps qu'il faut pour réaliser des projets, depuis un projet qui va quasiment de soi jusqu'à un autre qui peut être très complexe et novateur.
J'ai été jadis programmeur informaticien. Nous parlions de « paralysie d'analyse » lorsque nous sur-analysions une situation au point que nous passions tout notre temps à analyser le problème plutôt que d'avancer et de réellement le résoudre.
Je pense que cette disposition particulière du projet de loi donne le ton pour tous les articles qui suivent, ce qui conduirait à ce que j'appellerais une plus grande lourdeur bureaucratique, une plus grande paralysie. Je pense que cela enverrait un signal dissuasif à tous les fonctionnaires de l'administration tel qu'ils ne feront plus rien du tout, car chaque fonctionnaire serait exposé à la vindicte de tout groupe écologiste et de tout Canadien ayant un intérêt à se pourvoir si quelqu'un fait la moindre chose perçue comme contraire à l'obligation découlant de la fiducie publique de protéger l'environnement. Ce serait vrai de toute entreprise exigeant des permis ou autorisations fédérales, et nous connaissons tous les dispositions que je considère comme dangereuses que ce projet de loi offre sur le plan de l'activisme judiciaire.
Le paragraphe 6(c) dispose:
(c) de veiller à ce que tous les Canadiens aient accès à:
(i) de l'information adéquate en matière d'environnement,
(ii) la justice en matière d'environnement,
(iii) des mécanismes efficaces leur permettant de participer à la prise de décisions en matière d'environnement;
Je ne sais pas ce que veut dire « justice en matière d'environnement ». Nous entendons sans arrêt des doléances — ou du moins j'en entends de la bouche de mes électeurs — au sujet de l'absence de justice même dans notre système judiciaire; nous avons un système légaliste. Les gens de ma circonscription, du moins, considèrent que nous avons perdu depuis longtemps le sens de la justice la plus élémentaire.
Avec cette disposition, nous avons maintenant, à toutes fins pratiques, donné une valeur juridique à une notion appelée « contexte environnemental ». Je trouve cela particulièrement alarmant, car tout ce que je fais, même si c'est seulement respirer et expulser du CO2 de mon corps, peut être présenté comme néfaste à l'environnement. Je sais que cela peut paraître un peu ridicule, mais si l'on va s'engager dans cette voie, nous devons faire très attention à tous les précédents que nous établissons.
Je suis réellement préoccupé. Je peux imaginer une date future où il y aura une cause appelée environnement contre un tel, environnement contre un tel et environnement contre un tel, car si nous allons donner à l'environnement ce genre de statut à titre d'entité, ce sera un profond changement, un bond en avant par rapport à ce que nous pouvons faire actuellement en vertu de notre règle de droit. Je pense que cela engendrerait encore plus d'incertitude pour tous ceux qui veulent avancer à l'intérieur des piliers du développement durable afin de créer des projets et générer de la richesse dans notre pays.
Le paragraphe 6(d) stipule:
(d) de prévoir une protection juridique appropriée à l'encontre de mesures de représailles visant les employés qui prennent des mesures afin de protéger l'environnement;
J'ai pas mal parlé de cela lors de la dernière réunion lorsqu'il a été question de la protection des dénonciateurs. La protection des dénonciateurs dans ce projet de loi est déjà couverte par une loi de portée beaucoup plus large qui protège tous les employés fédéraux. Nous avons déjà ces protections, par l'entremise du Conseil canadien des relations industrielles, dans le cas des employés du secteur privé travaillant à un projet. Nous avons également les dispositions du Code criminel du Canada intéressant les représailles exercées par des employeurs contre des employés.
Je pense que l'inscription de cela dans ce projet de loi ouvrirait la porte à des divergences si une loi était modifiée et une autre non. Il en résulterait des contradictions. Lorsqu'il y a des incohérences en droit, cela engendre l'incertitude. Je pense que cela pourrait même, à l'avenir, créer des occasions d'exploiter ces contradictions, au grand détriment des employés qui cherchent réellement à faire la bonne chose, soit dénoncer les problèmes au sein de l'administration gouvernementale.
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Encore une fois, monsieur le président, ceci expose les gens à une responsabilité civile. Parmi les témoins qui en ont parlé ici, ceux qui bénéficieraient de l'adoption et de la promulgation du projet de loi étaient en faveur. Mais je répète, ils en retireraient un avantage personnel. Tous les autres témoins ont dit que le projet de loi C-469 était si mauvais qu'il n'était pas réparable. Il était si mal ficelé qu'il ne méritait pas qu'on essaie de l'amender. Mais il y a eu des tentatives des membres de l'opposition de l'amender, et donc il poursuit sa course.
Les répercussions profondes de l'adoption de la doctrine de la fiducie publique ne sont pas claires, mais elles seraient très, très vastes. Selon la largeur de l'interprétation qui sera donnée de la doctrine, cette disposition pourrait rendre le gouvernement légalement responsable de l'immobilisme face aux menaces à l'environnement. Elle pourrait également être interprétée comme signifiant que le gouvernement a envers le public des obligations fiduciaires légalement exécutoires. Elle pourrait transférer le contrôle du gouvernement élu aux tribunaux, et cela nous a été dit à maintes reprises.
Cela pourrait également accroître l'incertitude pour les entreprises canadiennes — c'est ce que les témoins nous ont dit — et entraîner la perte d'investissements et d'emplois. Cette disposition pourrait consacrer la doctrine de la fiducie publique en droit environnemental fédéral, suscitant quantité d'interrogations nouvelles sur le plan politique. Le projet de loi définit la fiducie publique comme l'obligation du gouvernement fédéral de préserver et protéger l'intérêt collectif relativement à la qualité de l'environnement pour le bénéfice des générations actuelles et futures. Cette définition englobe nombre des éléments de la doctrine qui sont bien établis dans la common law et la législation américaines. Aux États-Unis, la doctrine est appliquée par les tribunaux depuis des décennies pour préserver l'intérêt public dans diverses ressources, dont l'eau, les dunes, les estrans, les pêches, les bancs de coquillage, les parcs, les terrains communaux et la faune, a été invoquée par le gouvernement pour infliger des dommages-intérêts en réparation de préjudice à l'environnement. Mon collègue a parlé de cela éloquemment et du fait qu'il s'agit là d'une loi ouvrant la porte à des litiges à l'américaine. D'ailleurs, un certain nombre de témoins l'ont relevé aussi.
Cette doctrine est peu développée au Canada. La Yukon Environment Act impose au gouvernement du Yukon l'obligation de préserver l'environnement conformément à la fiducie publique, mais cette disposition n'a pas été éprouvée en justice et son impact sur la prise de décisions gouvernementales en matière d'environnement n'est pas clair. En common law, la doctrine a été reconnue au Canada dans une certaine mesure dans les domaines de la navigation, de la pêche et de la voirie, mais a reçu peu d'attention jusqu'à ce que la Cour suprême du Canada en ait fait des mentions favorables dans son arrêt de 2004 dans la cause Colombie-Britannique c. Canadian Forest Products Ltd. Depuis lors, les commentaires d'universitaires ont souligné le potentiel de cette doctrine comme outil utile de protection de l'environnement. Comme la Cour suprême du Canada l'a exprimé dans sa décision de 2004, la reconnaissance de la doctrine de la fiducie publique soulève maintes questions sur le plan politique, notamment la responsabilité potentielle de l'État pour inaction face aux menaces à l'environnement, l'existence ou l'absence d'obligations fiduciaires obligatoires de l'État envers le public, la limitation du rôle et des fonctions des gouvernements, ainsi que les recours dont ils disposent, lorsqu'ils agissent d'une manière néfaste à la jouissance publique des ressources publiques, et le spectre de l'imposition aux intérêts privés d'une responsabilité civile indéterminée, à la hauteur de sommes indéterminées, pour dommages écologiques ou environnementaux.
Cela suscite donc des questions très sérieuses, puisque l'on expose les individus à un nouveau niveau de responsabilité, et ne serait pas dans l'intérêt des Canadiens. Je songe aux remarques de M. Sopuck lorsqu'il disait qu'il s'agit là d'une attaque visant les Canadiens ruraux. Je pense que c'est un danger que nous devons tous prendre très au sérieux, particulièrement avec les attaques contre Hydro-Québec et BC Hydro. C'est potentiellement nouveau...
Rappelez-vous les témoins qui vont bénéficier si le projet de loi est adopté. Leur espoir n'était pas une multiplication des contentieux, ils voulaient utiliser le projet de loi C-469 comme arme d'intimidation. Ce n'est pas dans l'intérêt de l'environnement, ce n'est pas dans l'intérêt des Canadiens, de tous les Canadiens, notamment des Canadiens ruraux et des Québécois.
Merci.
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Je rappelle à Mme Duncan que je représente une circonscription rurale comptant des localités qui dépendent de l'exploitation et de la gestion des richesses naturelles. Je n'ai pas besoin de leçons pour savoir qui se soucie du Canada rural. La population de mes localités comprend, jusque dans sa chair, ce qu'est un environnement sain et écologiquement équilibré.
Cependant, je veux attirer l'attention sur la formule, dans la définition: « dans lequel les processus écologiques essentiels sont protégés dans leur intérêt ». Là encore, je trouve cela un peu risible. J'attends encore que quelqu'un me dise quel processus écologique n'est pas essentiel. Ils sont tous essentiels, et le qualificatif est donc redondant.
Pour ce qui est de la tournure « protégés dans leur intérêt », elle peut potentiellement conférer des droits à l'environnement. Les droits sont un concept humain, non un concept de la nature. Les processus écologiques sont extrêmement importants, mais ils ne possèdent pas de droits. C'est un peu comme le concept des droits des animaux, dont certains d'entre vous se souviennent peut-être qu'il a failli être consacré en droit il y a 10 ans, dans le projet de loi C-15B. Le gouvernement Chrétien a essayé d'introduire ce concept. Cela a causé un tollé dans le Canada rural, le même genre de tollé que cette loi-ci va engendrer.
Si vous considérez toutes les batailles environnementales dans ce pays, la plupart, voire toutes, visaient l'exploitation des ressources naturelles et les activités de gestion des terres rurales.
Je pense que l'exemple d'Hydro-Québec est assez parlant. Lorsqu'il est question de transformation de l'environnement au Québec, les barrages hydroélectriques ont inondé 23 000 kilomètres carrés. Dans ma province du Manitoba, qui a un programme très similaire de mise en valeur des ressources hydroélectriques, 6 000 kilomètres carrés ont été inondés.
On vilipende les sables bitumineux, mais leur exploitation n'a touché que 602 kilomètres carrés, soit beaucoup moins que les barrages hydroélectriques au Canada. Je rappelle aussi que dans le cas des sables bitumineux 10 p. 100 des terres exploitées ont été remises en état.
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Merci, monsieur le président.
Très brièvement, si les gouvernements du jour choisissent de ne pas clarifier la notion en droit, il incombe aux tribunaux de la définir. Effectivement, une cause est en instance en ce moment mettant en jeu la fiducie publique au Canada. Je regrette, je ne peux vous donner la référence, mais je pourrais le faire lors d'une réunion ultérieure du comité.
Une façon préférable, évidemment, serait de clarifier la notion dans une loi. Comme des témoins nous l'ont fait remarquer, plus de 100, presque 200 pays ont choisi d'inscrire la fiducie publique et le droit à un environnement sain dans une loi ou leur constitution, la majorité d'entre eux ayant même modifié leur constitution à cet effet. Bien sûr, la manière dont cela va être précisément appliqué dépendra de l'application et des circonstances de chaque cas et des précédents qui seront établis.
La principale raison de finalement consacrer cela dans une loi est que quantité d'études, comme les témoins nous l'ont dit, menées par toutes sortes d'organisations, depuis le Conference Board du Canada jusqu'à l'Association médicale canadienne, indiquent que le Canada accuse un retard croissant sur d'autres pays industrialisés. Il importe également que le Canada, en harmonisant son action avec d'autres pays, affirme que la protection de l'environnement est d'importance égale à celle du développement économique, ce que reflètent des accords parallèles à certains de nos traités commerciaux.
Il est très important que nous ayons ce document qui ne fait que clarifier le concept en droit et confère ces droits et opportunités.
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Ne voyant pas d'autres mains levées, je vais procéder au vote.
(L'article 9 est adopté [Voir Procès-verbaux].)
(Article 2 — Définitions)
Le président: Nous remontons à l'article 2 et à l'amendement NDP-2.
Pour la gouverne des membres, le NDP-2 s'applique également au NDP-3, et nous n'aurons donc qu'un seul vote. Si nous adoptons le NDP-2, le NDP-3 sera adopté aussi. Si nous rejetons le NDP-2, le NDP-3 fera l'objet d'un vote distinct.
Madame Duncan, voulez-vous présenter l'amendement?
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Oui, monsieur le président.
Je dépose un amendement à l'effet que le projet de loi C-469, à l'article 2, soit modifié par adjonction, après la ligne 19, page 5, de ce qui suit:
(a) les réserves, terres cédées ou autres terres qui ont été mises de côté à l'usage et au profit d'une bande et sont assujetties à la Loi sur les Indiens;
(b) les terres — y compris les eaux — visées par un accord sur des revendications territoriales, particulières ou globales, ou par un accord sur l'autonomie gouvernementale conclu entre le gouvernement fédéral et un peuple autochtone et dont le titre de propriété est conservé par Sa Majesté du chef du Canada;
J'ai jugé bon de proposer cet amendement car il alignerait l'article 8 sur la Loi canadienne sur la protection de l'environnement.
Dans sa sagesse, après des consultations poussées, le gouvernement du Canada a choisi de scinder les définitions entre « territoire domanial », « entreprises fédérales » et « terres autochtones ». Je présume qu'il a pris des avis à cet effet et, ayant écouté toutes les parties, pris la décision qu'il s'agit là de deux entités distinctes.
Je veux donc simplement assurer la cohérence avec la façon dont le gouvernement préfère présenter les choses.
Je trouve curieux que nous n'ayons entendu de représentants d'aucun des groupes autochtones pouvant être touchés par cette loi, cette modification de l'article 8, ou cet amendement-ci. Je trouve cela regrettable. C'est dû en partie au fait que nous avons restreint la liste des témoins, en dépit d'une motion des conservateurs qui demandaient des auditions supplémentaires. Je ne peux m'empêcher de penser que nous risquons de violer quelque obligation constitutionnelle de consulter les Premières nations si nous adoptons ce projet de loi sans les avoir consultées.
Je soulève cela à ce stade uniquement parce que l'amendement spécifie très clairement que cette loi s'applique aux terres autochtones, y compris les réserves, terres cédées ou autres terres qui ont été mises de côté à l'usage et au profit d'une bande et sont assujetties à la Loi sur les Indiens. Je suis donc un peu mal à l'aise que le comité n'ait pas consulté les Premières nations dans le cadre de notre examen de ce projet de loi.
Ce sont les seuls commentaires que je ferai à l'égard de cet amendement. Je ne sais pas trop quelle était la déficience du texte original, et je ne puis pas réellement me prononcer dans un sens ou un autre.
Merci.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
J'ai encore autre chose à dire à ce sujet. C'est un article qui illustre bien l'impact global de cette loi sur des groupes tels que les Premières nations ou les gouvernements provinciaux ou organismes provinciaux. Du fait que cette disposition précise que la loi couvre les terres autochtones, cela signifie que l'obligation de fiducie publique du gouvernement fédéral, dont nous parlions il y a quelques instants, s'étend aux terres autochtones. À première vue, cela peut paraître parfaitement logique, mais si l'on songe au fait que nous n'avons pas défini cette obligation, son sens et son contenu, cela signifie que les tribunaux vont en déterminer la signification.
Si le gouvernement du Canada a conclu un accord avec un groupe des Premières nations au sujet de terres autochtones, ou si le gouvernement fédéral a conclu un accord avec un gouvernement provincial ou un organisme provincial, les tribunaux, aux termes de cette loi, auront le pouvoir de revoir ces accords à la lumière de ce qu'ils décideront être le sens et le contenu de l'obligation de fiducie publique. Si un juge ou un tribunal conclut que l'accord permet à une collectivité autochtone d'aménager ses terres d'une manière particulière qu'il estime non conforme à sa norme de fiducie publique environnementale, alors ce tribunal pourra, en vertu de l'article 19, ordonner au gouvernement fédéral d'y remédier et peut-être de ne pas exécuter son accord avec la collectivité autochtone, la province ou l'entreprise provinciale concernée.
Voilà le problème constitutionnel qui me préoccupe. Les tribunaux reçoivent cette faculté d'opposer un veto, si je puis employer ce terme, aux accords que le gouvernement fédéral pourrait souhaiter conclure avec des collectivités autochtones ou des provinces.
Merci.
Je ne vois pas d'autres mains.
L'amendement NDP numéro 2 est-il adopté?
(L'amendement est adopté [Voir Procès-verbaux].)
Le président: Comme je l'ai dit plus tôt, si le NDP-2 est adopté, alors le NDP-3 est aussi adopté.
Nous passons à la motion numéro 1 du Bloc. Doit-elle d'abord être présentée?
Monsieur Bigras, voulez-vous la présenter, s'il vous plaît?