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Bonjour, mesdames et messieurs. Je suis heureux de vous rencontrer aujourd'hui.
Je représente le Conseil de gestion des ressources fauniques du Nunavut, que j'appellerai le CGRFN, ou le conseil.
Le CGRFN est une institution publique établie selon les dispositions de l'article 5 de l'Accord sur les revendications territoriales du Nunavut. Le conseil est le principal instrument de la gestion de la faune, et le principal régulateur de l'accès à la faune dans le Nunavut, vaste étendue de la région polaire du Canada ayant environ la taille du continent européen. Formant la majeure partie du territoire et 23 p. 100 de la masse terrestre du Canada, le Nunavut englobe un territoire s'étendant sur plus de 2,1 millions de kilomètres carrés qui comprend les régions marines de l'archipel arctique et les eaux territoriales adjacentes au Nunavut. De plus, environ 43 p. 100 des rivages des océans du Canada se trouvent dans la région du Nunavut — 104 000 sur un total de 243 000 kilomètres.
En vertu de sa compétence étendue sur la gestion de la faune, le CGRFN détient des pouvoirs exclusifs de prise de décision concernant l'imposition, la modification et le retrait des quotas et toutes les autres restrictions visant l'exploitation de la faune, y compris les espèces en péril, dans la région du Nunavut.
Le conseil a aussi des pouvoirs décisionnels exclusifs dans les domaines suivants: approbation de la désignation des espèces rares, menacées et en voie de disparition — c'est-à-dire l'approbation de la liste légale de toutes les espèces en péril se trouvant au Nunavut; approbation des plans, dont les stratégies de rétablissement, de gestion et de protection d'espèces et d'habitats en particulier, y compris les espèces en péril et leurs habitats; et approbation de l'établissement d'aires de conservation, dont des habitats essentiels, liées à la gestion et la protection de la faune et de ses habitats.
Le pouvoir décisionnel du CGRFN relève du ministre: seul ce dernier peut accepter, rejeter ou modifier une décision du conseil, en se conformant strictement aux modalités de l'Accord sur les revendications territoriales du Nunavut.
Le mémoire du CGRFN, que vous avez reçu, comprend quatre recommandations, ainsi que des justifications et des faits à l'appui. Le conseil espère que vous trouverez ces recommandations suffisamment crédibles et convaincantes pour vous persuader de les adopter en tant qu'améliorations valables à la LEP, soit la Loi sur les espèces en péril, et aux programmes fédéraux connexes.
Voici un bref énoncé des recommandations en question. Premièrement, comme la LEP, dans sa forme actuelle, ne reconnaît pas pleinement les compétences décisionnelles du CGRFN et l'importance du processus de prise de décision défini dans l'article 5 de l'Accord sur les revendications territoriales du Nunavut, il faudrait ajouter un nouveau paragraphe à l'article 27 de la loi, qui dispose que:
Le ministre et le gouverneur en conseil sont tenus de prendre en compte les dispositions applicables des traités et des accords sur les revendications territoriales dans l'exécution de leur mission.
Cette directive s'applique déjà aux activités du Comité sur la situation des espèces en péril au Canada, le COSEPAC, qui concernent l'évaluation et la liste des espèces. La disposition touchant le COSEPAC se trouve au paragraphe 15(3) de la loi.
Deuxièmement, il faudrait préparer et appliquer un plan efficace pour aborder les conclusions et les recommandations de l'évaluation indépendante de 2006 des programmes fédéraux pour la protection des espèces en péril. Cette évaluation approfondie et professionnelle a été effectuée par Stratos, une société réputée d'experts-conseils en gestion de l'environnement, à la demande du gouvernement fédéral.
Troisièmement, il faudrait supprimer la disposition de non-dérogation inopérante qui figure à l'article 3 de la LEP et la remplacer par une disposition opérante, mais dans la Loi d'interprétation fédérale. Il n'y a aucun Autochtone qui appuie l'article 3. Il existe un consensus, y compris au ministère de la Justice, selon lequel l'actuelle façon d'aborder les dispositions législatives de non-dérogation au cas par cas — une approche qui ne comporte pas de consultation avec les Autochtones — est insoutenable. Cette approche est celle qui a été utilisée pour la Loi sur les espèces en péril que vous examinez au nom du Parlement. Deux provinces, la Saskatchewan et le Manitoba, ont déjà adopté avec succès une disposition pertinente de la Loi d'interprétation, et cette pratique a été pleinement appuyée par le Comité sénatorial permanent des affaires juridiques et constitutionnelles.
Quatrièmement, il faudrait améliorer le libellé de la LEP pour inclure le savoir traditionnel autochtone, le STA, dans les mesures de gestion, de protection et de rétablissement prises conformément à la loi, et envisager de créer un institut du savoir traditionnel autochtone.
Comme le temps est limité, je vais me concentrer sur la recommandation 4 pendant le reste de mon allocution. Toutefois, vous allez trouver, dans notre mémoire, les faits et justifications qui s'appliquent aux autres recommandations.
Aux fins de l'exposé, l'expression « savoir traditionnel autochtone » désigne tous les renseignements portant sur l'environnement qui sont tirés de l'expérience et des traditions des peuples autochtones. L'utilisation du mot « traditionnel » vise à exprimer que le savoir désigné provient de l'expérience et des traditions de nombreuses générations, dont les générations actuelles. Ce mot ne signifie pas que le savoir en question est démodé, dépassé et immuable. Le STA, de par sa nature, est dynamique, évolutif et itératif. Il est alimenté par le passé et par le présent. Il comprend des éléments à la fois traditionnels et actuels. Il vise à offrir des informations et des explications pratiques, réalistes et éprouvées aux personnes qui dépendent grandement de la terre.
Malgré les inquiétudes légitimes que soulèvent la pertinence du STA et le poids qu'on lui donnerait dans l'évaluation et la mise en liste des espèces en péril, la LEP exige, de manière précise, que l'on essaie à tout le moins de faire en sorte que les décisions s'appuient, entre autres, sur le meilleur STA possible.
La loi est plus timide, cependant, au chapitre de l'élaboration et de la mise en oeuvre des mesures de gestion, de protection et de rétablissement des espèces en péril. Exception faite du préambule qui énonce que « les connaissances traditionnelles des peuples autochtones du Canada devraient être prises en compte...pour l'élaboration et la mise en oeuvre des mesures de rétablissement », la loi ne dit rien à propos de l'inclusion du STA dans les efforts de gestion, de protection et de rétablissement des espèces en péril.
Bien que des consultations menées conformément à la loi puissent générer un STA utile, cette approche est loin d'être idéale. Elle équivaut, pour nous, à essayer d'obtenir de l'information scientifique valable en se fiant aux commentaires, s'il y en a, d'experts scientifiques, s'il en est, qui ont assisté par hasard à une assemblée publique. Il faut faire les démarches nécessaires pour réunir les éléments pertinents du STA, tout comme on le ferait pour obtenir des connaissances et des compétences scientifiques particulières.
Autre point: il importe de se rappeler qu'en juin 2007 — il y a presque trois ans de cela —, 389 espèces faisaient partie de la liste des espèces « en péril » de la loi. Ce chiffre a continué d'augmenter: en 2009, il atteignait 425. Les stratégies de rétablissement auraient dû être terminées pour 228 de ces espèces à ce moment-là. En fait, des stratégies appropriées étaient en place pour seulement 55 espèces, ou 24 p. 100 d'entre elles. Seulement 16 habitats essentiels, ou 7 p. 100, avaient été cernés. Il est clair que, dans les années à venir, la LEP doit mettre l'accent sur l'adoption de mesures concrètes pour gérer, protéger et rétablir le nombre sans cesse grandissant d'espèces déclarées en péril et ce, par centaines, au Canada.
Si nous voulons faire en sorte que les meilleures techniques de gestion, de protection et de rétablissement sont utilisées, nous devons nous assurer que la science et le STA, deux sources de connaissances fondamentales et complémentaires, sont prises en considération et appliquées.
En ce qui concerne la mise en place d'un institut du savoir traditionnel autochtone, il est temps, selon le CGRFN, de prendre cette proposition au sérieux. L'institut pourrait, d'abord et avant tout, offrir une aide précieuse en participant à l'élaboration du nombre sans cesse croissant de stratégies de rétablissement, de plans d'action et de plans de gestion, et ce, en mettant à profit le STA. Il pourrait également servir de tribune pour les discussions et le travail de collaboration que doivent entreprendre les scientifiques et les détenteurs de ce savoir, par l'organisation et la tenue de réunions, d'ateliers, de colloques et de symposiums.
Par ailleurs, il faut élaborer et adopter des pratiques exemplaires pour accéder au STA, l'évaluer et s'en inspirer. Ces pratiques ne remplaceraient pas celles qui existent déjà à l'échelle communautaire. Elles serviraient plutôt de renfort — un ensemble de normes qui s'appliqueraient en l'absence d'exigences locales.
Enfin, monsieur le président, il est important de garder à l'esprit que le STA le plus précieux et le plus abondant vient des aînés de partout au pays. Malheureusement, nombre d'entre eux meurent, emportant avec eux leur vie riche d'expériences et leurs liens étroits avec les générations antérieures. Tous les efforts raisonnables doivent être déployés pour veiller à ce que leur STA soit préservé de façon authentique et respectueuse. La mise sur pied et le maintien d'une base de données audio et vidéo sur le STA pourrait représenter une composante importante du mandat d'un institut du STA.
Merci beaucoup.
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Merci, monsieur le président.
Bonjour à tous. Les 100 000 chasseurs et pêcheurs et les 670 clubs de chasse et de pêche membres de la Fédération des pêcheurs et chasseurs de l'Ontario, la FPCO, figurent parmi les plus ardents promoteurs de la conservation de la faune terrestre et aquatique au Canada. Nous avons préparé un mémoire écrit. Je n'ai pas l'intention d'en faire la lecture. Toutefois, j'espère que vous allez prendre le temps de le lire. Si vous estimez avoir besoin de renseignements complémentaires, n'hésitez pas à communiquer avec nous.
Le résultat de nos stratégies de conservation est perceptible: il suffit de voir les abondantes et vigoureuses populations de poisson et d'animaux sauvages qui sont aujourd'hui complètement rétablies après avoir frôlé l'extinction. Grâce à des efforts volontairement consentis et à des pressions exercées sur les gouvernements pour qu'ils adoptent et mettent en application des lois de conservation efficaces, de nombreuses espèces sur le point de disparaître sont redevenues florissantes: le dindon sauvage, l'orignal, le canard branchu, le castor, la bernache du Canada et le merlebleu de l'Est, pour ne nommer que celles-là. Il faut surtout comprendre que ces populations ont été rétablies sans loi provinciale ou fédérale sur les espèces en péril. Elles ont été restaurées parce qu'elles sont appréciées des pêcheurs, chasseurs, trappeurs et autres naturalistes qui ont tout intérêt à ce que les écosystèmes soient sains, et les habitats, protégés.
Nos efforts de rétablissement du gibier et de la faune se poursuivent et font qu'aujourd'hui, les membres de la FPCO consacrent bénévolement leur temps et leur argent au rétablissement du wapiti, du saumon atlantique, du cygne trompette, de la tortue ponctuée et du faucon pèlerin, pour ne nommer que ces espèces.
Nous cherchons, avant tout, à empêcher qu'une espèce soit mise en danger. Pour nous, la situation est claire. Pour que les habitats restent sains et que la biodiversité soit conservée, il faut une vigilance fédérale et provinciale et des mesures de soutien sur plusieurs fronts: protection des habitants naturels par le développement durable et l'aménagement judicieux du territoire; protection des écosystèmes canadiens contre la pollution et les invasions d'espèces exotiques nuisibles; soutien provincial et fédéral à la gestion privée du territoire; gestion scientifique des populations de poisson, de gibier et d'animaux à fourrure, conjuguée à une utilisation raisonnée des ressources; et, en dernier recours, mise en place de programmes légiférés de protection et de rétablissement des espèces menacées.
La Loi sur les espèces en péril, la LEP, et le programme qui en découle ne doivent être que cela: le dernier recours pour la défense des écosystèmes et la protection de la biodiversité. La loi ne doit pas se substituer à des mesures de conservation et de gestion efficaces visant à empêcher que le poisson, la faune et leur habitat soient mis en danger.
Voilà le message global et les craintes que la FPCO exprimait déjà en 2002 au sujet du projet de loi C-5, qui proposait de créer la Loi sur les espèces en péril. Nous avions alors averti le gouvernement que cette loi risquait un jour, d'une part, de créer une bureaucratie coûteuse et réactive, bien incapable de rétablir les espèces en péril et, d'autre part, de canaliser trop de ressources vers cette bureaucratie des espèces en péril, au détriment des programmes fédéraux existants de gestion et de conservation de la faune et du poisson qui ont, justement, pour fonction d'éviter que les espèces se retrouvent en situation de danger.
Huit ans plus tard, la FPCO ne trouve aucune consolation dans le fait de pouvoir affirmer: « On vous l'avait bien dit. » Il reste que, depuis 2002, la feuille de route de la loi est éloquente. Vous trouverez des exemples à ce sujet dans le mémoire.
Nous constatons, en effet, que les programmes de gestion et de la protection de la faune et du poisson et les programmes de protection de l'habitat ont souffert, en raison de la hausse constante des ressources financières et humaines drainées par la bureaucratie associée à la loi.
Trois ans après la mise en oeuvre de la LEP, le gouvernement fédéral a consenti 110 millions de dollars de plus à la mise en application de celle-ci. Il y a eu une réduction de 80 p. 100 du nombre d'agents fédéraux des pêches affectés à l'Ontario depuis 2006. Nous savons que les programmes du Service canadien de la faune pour l'évaluation, le suivi et la gestion des oiseaux migrateurs ont été réduits en raison de la réorientation des ressources vers les programmes de la Loi sur les espèces en péril. Nous déshabillons Pierre pour habiller Paul.
Que des programmes concrets de suivi, de gestion et de conservation d'écosystèmes soient privés du peu de ressources et de personnel qu'ils avaient au profit des exercices sur papier d'une loi strictement réactive nous paraît alarmante. Il suffit d'examiner la longue feuille de route de la loi américaine sur la protection des espèces et du programme qui en découle pour voir à quel point les mesures réactives de protection d'une espèce sont inefficaces et coûteuses. Encore une fois, je vous invite à consulter notre site Web. Vous allez y trouver les éléments d'information qui figurent dans notre mémoire : ils démontrent clairement que le rétablissement des espèces s'est avéré coûteux et inefficace au cours des 33 années qui sont suivi l'adoption de la loi fédérale américain.
Au Canada, un examen indépendant de la loi a été effectué en 2006 par Stratos. Nous avons examiné les résultats de la vérification et appuyé bon nombre des observations et recommandations présentées dans le rapport. Nous encourageons le comité à relire celui-ci.
En fait, le rapport sert de base aux neuf recommandations que formule la Fédération des pêcheurs et chasseurs de l'Ontario. Commençons par la participation des collectivités locales. Le premier témoin que vous avez entendu cet après-midi a fait état de la nécessité d'intégrer et d'incorporer le savoir traditionnel autochtone. Or, le savoir que possède la collectivité qui a intérêt à ce que les espèces locales puissent être récoltées de manière durable et qui souhaite la bonne intendance de leur habitat doit être mise à contribution à l'étape des évaluations du COSEPAC, de l'analyse réglementaire des impacts socioéconomiques et de l'élaboration éventuelle d'un programme de rétablissement.
Viennent ensuite l'évaluation et l'inscription d'une espèce sur la liste. Nous proposons à cet égard trois choses. Les critères d'évaluation du COSEPAC doivent être passés en revue et modifiés partout où il n'est pas dit clairement que s'il n'y a pas assez de données scientifiques pour se prononcer honnêtement sur le statut d'une espèce, cette espèce ne doit pas être classée menacée ou en péril, mais inscrite plutôt sous la rubrique « données insuffisantes ».
En cas d'incertitude scientifique au sujet d'une espèce, il est absolument essentiel, tant pour des questions d'imputabilité que pour des raisons socioéconomiques, que le ministre se réserve le droit d'accepter ou de refuser les recommandations d'inscription à la liste que lui fait le COSEPAC. La discrétion ministérielle demeure, à notre avis, importante. Le fait que le ministre ait accepté 449 des 551 recommandations — soit 81 p. 100 — du COSEPAC montre tout le respect qu'inspirent les évaluations de cet organisme.
Le COSEPAC doit être fortement découragé d'utiliser des critères d'évaluation et de désignation géographique de niveau inférieur à celui de l'espèce. À moins qu'il n'y ait des données génétiques indéniables montrant l'existence d'une sous-espèce locale, les désignations d'« écotypes » ou de « populations » ne devraient être ni proposées ni acceptées. Par ailleurs, nous reconnaissons la validité d'un retrait local de la liste et recommandons une telle politique.
Pour ce qui est de stratégies de rétablissement des stocks en bonne et due forme, nous avons quelques recommandations à vous adresser. Dans le cas des espèces qui ont un impact sur les consommateurs des ressources, l'OFAH recommande fortement que les programmes de rétablissement intègrent à leurs équipes des représentants non gouvernementaux ayant de l'expérience dans la gestion durable, la récolte et le rétablissement de telles espèces ou de leur habitat.
Nous recommandons également d'élaborer des politiques et critères pour la composition des équipes des programmes de rétablissement, la participation des intervenants locaux, l'évaluation des dangers et menaces et l'établissement des objectifs de population, afin que les programmes de rétablissement soient mieux élaborés et plus efficaces.
L'OFAH recommande également l'élaboration de critères et d'un cadre d'évaluation efficace pour l'analyse de l'impact socioéconomique de l'inscription d'une espèce sur la liste ou de la mise en oeuvre d'un programme de rétablissement. Les énoncés réglementaires d'impact doivent comprendre une bonne analyse socioéconomique, notamment une évaluation des coûts pour les instances régulatrices et les parties réglementées et une évaluation des coûts et des avantages du programme de conservation pour l'espèce.
Nous voulons également qu'il y ait un accroissement de l'efficacité de la loi, et non des coûts. Notre avant-dernière recommandation est la suivante: ne pas céder à l'appétit insatiable de la loi pour toujours plus de ressources financières et humaines. On réaliserait des économies et on parviendrait à plus d'efficacité si Environnement Canada cherchait réellement à mieux harmoniser les initiatives provinciales et fédérales visant les espèces en péril, lesquelles, en Ontario, sont souvent redondantes, incohérentes et sources de confusion tant pour les organismes gouvernementaux que pour le grand public.
Merci beaucoup.
Je suis chercheur scientifique, et je remplace le président de l'organisation qui ne pouvait être présent aujourd'hui.
Notre témoignage portera fondamentalement sur notre expérience sous le régime de la Loi sur les espèces en péril. Une sous-population du saumon de l'Atlantique a été le premier groupe de poissons marins à figurer sur la liste des espèces visées par la LEP; c'est donc dans cet esprit que je vous présenterai mes réflexions aujourd'hui, au nom de la Fédération du saumon Atlantique, ou FSA.
La FSA est une organisation internationale à but non lucratif dont le siège est à Saint Andrews, au Nouveau-Brunswick, et qui compte des bureaux au Québec, au Nouveau-Brunswick, en Nouvelle-Écosse, à l'Île-du-Prince-Édouard et à Terre-Neuve-et-Labrador. Nous avons également des bureaux dans le Nord-Est des États-Unis.
Nous nous consacrons à la préservation et à la reconstitution du saumon sauvage de l'Atlantique, et aux écosystèmes fluviaux et marins dont leur survie dépend.
Nous collaborons étroitement avec nos sept conseils régionaux et avec 120 organisations bénévoles s'occupant des rivières dans l'Est du Canada et le Nord-Est des États-Unis. Ce réseau englobe le rayon d'action en eau douce du saumon sauvage de l'Atlantique en Amérique du Nord.
La mise en oeuvre de nos programmes comporte des volets de recherche scientifique, de promotion et de sensibilisation.
Comme je l'ai dit, je pense que le saumon de l'Atlantique a été la première espèce marine inscrite à la liste prévue par la LEP; il s'agissait des populations de saumon atlantique de l'intérieur de la Baie de Fundy. Nous sommes très inquiets du fait que, si des mesures d'urgence ne sont pas prises, les populations de saumon sauvage de l'Atlantique de 32 rivières de l'intérieur de la Baie de Fundy qui ont été désignées en vertu de la LEP comme en voie d'extinction pourraient disparaître.
Le rayon d'action du saumon comprend toutes les rivières qui se jettent dans la baie de Fundy à partir de la rivière Mispec, au Nouveau-Brunswick — à l'est de la rivière Saint-Jean —, et le long de la baie jusqu'à la rivière Pereaux, située à l'est de la rivière Annapolis, en Nouvelle-Écosse. On estime que lorsque la population de poissons était en santé, plus de 40 000 saumons de l'Atlantique revenaient à ces rivières chaque année. Un recul marqué s'est amorcé à la fin des années 1980. En 1998, on a estimé que la population de saumon sauvage était inférieure à 500 et, depuis, la baisse s'est poursuivie. De nos jours, moins de 200 reviennent chaque année.
Ces saumons demeurent en grande partie dans la baie de Fundy et dans l'eau adjacente du golfe du Maine pendant toute la durée de leur vie en mer. C'est inhabituel chez le saumon de l'Atlantique, qui parcourt habituellement de grandes distances dans l'Atlantique Nord. Beaucoup de saumons se rendent même jusqu'au Labrador ou au Groenland.
Si des problèmes touchant l'eau douce, comme les pratiques d'exploitation forestière, le lessivage des terres cultivées, la construction de l'énorme obstacle aux marées de Petitcodiac — dont la province du Nouveau-Brunswick a récemment ouvert les vannes — et de plus petits barrages ont pu jouer un rôle, il semble que le grand problème crucial soit actuellement celui de la survie en mer. Les théories sur la mortalité en mer sont allées de la diminution des stocks de nourriture à la modification des conditions physiques, en passant par les répercussions de l'agriculture qui englobent la propagation de maladies; l'aggravation de l'infestation de poux du poisson; l'accroissement de la prédation de la part de phoques, de cormorans et d'autres prédateurs; et des modifications du comportement des saumons en raison de la diminution de leur nombre, ou une combinaison de ces facteurs.
À l'époque où la population de saumon sauvage de l'Atlantique a commencé à décliner dans la baie de Fundy, le secteur de l'aquaculture connaissait une croissance rapide, car il y avait très peu de règlements et de mise en application de ceux-ci sur le terrain. On ne surveillait guère les effets des poux du poisson et d'autres facteurs touchant le saumoneau sauvage alors qu'il se rendait jusqu'à l'océan. Nous reconnaissons que des mesures ont été prises pour améliorer les pratiques de fonctionnement au sein du secteur aquacole, mais nous demeurons préoccupés par les effets nocifs de l'interaction entre les saumons sauvages et de culture de l'Atlantique. Le saumon de culture s'est montré de plus en plus résistant au traitement contre les poux, ces derniers mois. Il faut surveiller cette menace contre le saumon sauvage de l'Atlantique et agir dès maintenant.
Le projet de document sur le rétablissement des stocks de saumon de l'intérieur de la baie de Fundy indique très clairement que les problèmes touchant les populations de saumon de cette région sont liés à l'environnement marin, et que c'est là le principal domaine où les connaissances font défaut, mais le document ne rend guère compte des travaux projetés dans ce domaine. Les auteurs du rapport affirment que la mortalité marine se produit en grande partie à l'étape post-saumoneau — c'est-à-dire peu de temps après que les saumons aient gagné la mer pour la première fois en tant que poissons juvéniles —, mais le document ne cite aucune recherche consacrée à cette phase du cycle de vie du saumon.
On garde des saumons des rivières de l'intérieur de la baie de Fundy ou on les stocke à des fins génétiques à trois endroits, tous exploités par le MPO, afin de disposer de matériel génétique pour régénérer l'espèce. Cependant, il n'existe pas de financement annuel réservé exclusivement à ces opérations.
Le COSEPAC a indiqué en 2001 que ces populations étaient menacées, et elles ont été recensées dans la LEP en 2003.
Il a fallu attendre décembre 2009 pour que Pêches et Océans Canada publie un projet de plan de rétablissement sur lequel la population a été invitée à donner son point de vue. Une fois que le plan de rétablissement aura été approuvé, le MPO prévoit qu'il faudra quatre années de plus pour élaborer des plans d'action et les mettre en forme finale. C'est un délai extrêmement long, et c'est inacceptable qu'on mette autant de temps à agir.
La Fédération du saumon atlantique et ses conseils régionaux recommandent que le MPO accélère le processus d'élaboration des plans d'action nécessaires à l'atteinte des buts et objectifs de rétablissement précisés dans la stratégie de reconstitution des stocks. En outre, nous recommandons que le MPO réserve et octroie les fonds supplémentaires nécessaires à la mise en oeuvre de la stratégie de reconstitution, et qu'il confirme l'importance du programme de banque de gènes vivants pour le rétablissement des stocks en l'incluant dans son budget annuel des services votés.
Nous recommandons que des travaux cruciaux sur l'habitat marin deviennent une priorité et que les ressources nécessaires leur soient affectées, particulièrement en ce qui concerne la phase post-saumoneau dans l'océan, afin que la reconstitution des stocks bénéficie des meilleures chances de succès.
Merci beaucoup de m'avoir donné l'occasion de m'adresser à vous.
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Merci de votre question. Oui, vous avez bien compris notre position.
Notre point de vue est fondamentalement qu'il y a 10 ans, le Canada a choisi de suivre le modèle américain en vigueur, lequel est un modèle litigieux et hautement bureaucratique. Nous étions d'avis, d'après le bilan des États-Unis à l'époque, que ce serait une erreur pour le Canada.
Depuis lors, non seulement le bilan du gouvernement fédéral à l'égard de la loi nous aura-t-il donné raison, mais c'est également vrai pour la plus récente Loi sur les espèces en péril en Ontario qui, elle aussi, s'inspire essentiellement des modèles canadien et américain. Premièrement, ce genre de modèle constitue une énorme masse législative, disons, plutôt qu'une approche d'intendance coopérative; et deuxièmement, il crée une nouvelle et manifestement énorme bureaucratie institutionnalisée, dont le résultat final est rarement le rétablissement des espèces sur le terrain.
On peut dire sans se tromper, je pense, qu'il existe des modèles de rechange, et pas seulement ceux de l'Ontario ni ceux dont mon organisme a fait la démonstration en collaboration avec d'autres organismes, dont les gouvernements fédéral et provincial.
Le fait est qu'il faut privilégier la coopération, l'intendance et les partenariats, et pas un outil législatif répressif ni un appétit bureaucratique insatiable pour toujours plus de ressources, qui ne se traduit pas par un rétablissement efficace des espèces.
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Merci, monsieur le président.
Merci à nos témoins. Il s'agit d'une séance très intéressante.
Mes questions porteront sur deux volets. La première question s'adresse à M. d'Eça. Par la suite, l'autre s'adressera au vice-président de la Fédération du saumon atlantique.
Lorsque l'on regarde ce que nous ont dit les scientifiques hier ou avant-hier, il semble y avoir un problème sur le plan des espèces. Ce problème est associé à des aspects biologiques surtout. Les scientifiques qui ont témoigné ont été assez clairs à ce sujet.
Pour ce qui est du Nunavut, on n'ira pas très loin dans le processus d'application de la loi. Car il semble y avoir un problème dès le départ, c'est-à-dire au moment de l'inscription — tout le processus décisionnel. Vous avez naturellement un Accord sur les revendications territoriales qui, à mon avis, est fort et même plus fort que n'importe quel autre protocole que vous avez signé il y a quelques années.
Selon vous, il semble clair que l'Accord sur les revendications a préséance sur la loi et sur les processus de décision. Vous souhaitez que ce qui est inscrit dans l'Accord sur les revendications en matière décisionnelle et d'inscription des espèces doit prédominer sur n'importe quelle autre application qui reviendrait à des fonctionnaires. J'ai vu que vous aviez signé un protocole à la suite des travaux d'un groupe de travail. Cela ne semble pas avoir donné de résultats.
Croyez-vous qu'en vertu de l'Accord sur les revendications territoriales, la Loi sur les espèces en péril doit s'appliquer au terme de toutes ces discussions que vous avez eues au cours des dernières années? Car il semble que le protocole signé avec le gouvernement n'a pas donné de résultats. Qu'est-ce qui prime? La loi que vous pourriez mettre en place ou la loi qui a été adoptée par le Parlement canadien?
J'ai beaucoup apprécié le témoignage d'aujourd'hui. Je l'ai trouvé très encourageant. Je crois que tous les Canadiens veulent que nous protégions l'intégrité écologique et la biodiversité de notre pays. Je pense que chacun des témoins que nous avons entendus sera d'accord là-dessus. Mais je crains que la Loi sur les espèces en péril... Quand on lit le titre « Loi sur les espèces en péril », ça sonne bien, mais quand on y regarde de plus près, on se rend compte, en fait, qu'il y a des espèces, des sous-espèces, des variétés et des populations géographiquement distinctes d'animaux. Selon moi, on finit par s'y perdre avec tous ces détails; mais je trouve, monsieur Quinney, que vous nous avez aidés à y voir plus clair à ce chapitre.
Je vais vous donner un exemple. Lorsque j'étais technicien en pêches, en Alberta, nous nous occupions des populations de doré jaune. On pouvait dire que dans les différents lacs — parce que nos lacs ne sont pas reliés par des rivières autant que c'est le cas en Ontario —, les espèces de poissons ont été séparées les unes des autres pendant une période assez longue, de sorte qu'on pouvait affirmer, d'un point de vue scientifique, qu'il s'agit de populations génétiquement distinctes, en dépit du fait que biologiquement parlant, elles peuvent sans doute être croisées et produire une descendance fertile, ce qui est la définition biologique d'une espèce.
La province de l'Alberta, avec l'héritage des pêches que lui a légué le gouvernement du Canada, était responsable de la gestion de ces populations de doré jaune, mission dont elle s'est acquittée. Lorsque la surpêche a été telle que ces populations ont été pratiquement décimées, nous avons introduit des pratiques de gestion interdisant la pêche ou exigeant la remise à l'eau de certaines espèces. Vous savez comment cela fonctionne.
En même temps, comme vous l'avez justement souligné, quiconque lit attentivement la loi pourrait dire qu'une espèce de doré jaune, dans un lac isolé, qui est en dessous d'un niveau de population donné, peut être considérée comme une espèce en péril et ajoutée à la liste. Je crois que la question que vous posez est de savoir si cela vaut la peine de se fixer comme objectif premier de consacrer temps, efforts et ressources à la gestion et à la surveillance des populations au niveau provincial.
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Merci, monsieur le président.
Monsieur Quinney, vous m'avez presque fait tomber de ma chaise, tout à l'heure, vous qui êtes un scientifique. Il faut dire que, d'après ce que j'entends de vous, en chauffant le froid et le chaud en même temps, il est un peu difficile de savoir exactement où vous vous situez par rapport à la loi.
Vous avez dit que, d'ici 50 ans, on ne devrait plus avoir besoin d'une telle Loi sur les espèces en péril. Il me semble que cela ne fonctionne pas avec l'évolution sur la planète Terre actuellement, en raison de la pollution et de tous les changements climatiques. Il me semble qu'on en aura plus besoin dans 50 ans que moins. Il me semble que cette loi, au départ, devait être faite surtout pour la biodiversité. C'était en vue de faire beaucoup plus que de sauver une espèce de poisson rentable pour les pêcheurs.
Vous vous fondez beaucoup sur le fait que des bénévoles peuvent être une aide extraordinaire. J'en conviens, mais ils peuvent être aussi pires que des scientifiques. J'ai vu quelque chose, il y a quelques années. Heureusement que la Loi sur les espèces en péril existait déjà, il y a trois ou quatre ans. Dans la baie Missisquoi, les tortues à carapace molle, uniques sur Terre, étaient menacées d'extinction, selon les scientifiques. Cependant, tous les pêcheurs voulaient s'en débarrasser, parce qu'elles mangeaient les oeufs de poisson. Si on avait laissé faire les bénévoles, il n'y aurait plus de tortues à carapace molle. Donc, cela serait une perte pour la biodiversité.
J'ai vu aussi, dans le parc de La Vérendrye, des bénévoles enlever des carpes allemandes, qui étaient de superbes poissons, et les jeter sous prétexte qu'elles mangeaient les oeufs des dorés. Donc, peut-on se fier aux bénévoles qui ont des intérêts qui peuvent être, en plus, à la mode? La mode du doré existait alors, mais pas celle de la carpe. Aujourd'hui, on penserait peut-être que la carpe est meilleure, parce qu'elle nettoie mieux les lacs.
Êtes-vous capable d'éclaircir votre position sur cette loi qui est controversée, mais qui, en même temps et à mon avis, est absolument nécessaire? Mettez en contexte qu'elle ne date que de cinq ans.
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N'importe qui peut poursuivre, n'est-ce pas?
Il me semble qu'il est nécessaire d'obtenir des données scientifiques rigoureuses pour déterminer si une espèce doit être mise sur la liste précisément parce qu'il y a des intérêts économiques en jeu et peut-être même des différends entre le gouvernement fédéral et les provinces, qui risquent de vouloir chacun défendre leurs champs de compétences. Autrement dit, lorsque vient le temps d'établir un plan de rétablissement pour une espèce, nous devons vraiment nous assurer de disposer de données fiables qui nous permettront de répondre à la pluie de critiques en provenance des gens qui ont des intérêts économiques à faire valoir. Il me semble que, lorsqu'on regarde la question de près, on s'aperçoit que c'est un peu comme les règles comptables dans les grandes organisations. Il faut vraiment se protéger. Voilà pourquoi, il me semble, nous devons pouvoir nous appuyer sur des données scientifiques rigoureuses.
Dans une optique créative, qui n'est pas celle du scientifique, ni de l'avocat, je me demande s'il serait possible d'établir un système prévoyant des mécanismes qui pourraient être assouplis lorsqu'il n'y aurait pas vraiment de forts intérêts économiques en jeu. La démarche scientifique pourrait être un peu moins rigoureuse dans les cas où on ne risque pas de voir des gens s'opposer au plan de rétablissement pour défendre leurs intérêts économiques. Quelqu'un aurait-il un mot à dire là-dessus?
Deuxièmement, s'il reste du temps, je voudrais savoir si, malgré l'expertise et le souci pour les espèces vivantes que je reconnais aux pêcheurs sportifs et aux chasseurs, ils n'auraient pas tendance à mettre l'accent sur certaines espèces et à en négliger d'autres, comme les escargots, si on leur confiait entièrement la responsabilité de protéger les espèces? J'imagine que vous vous intéressez davantage à certaines espèces.
Voilà mes deux questions. Je laisse aux témoins qui le veulent le loisir d'y répondre.
Premièrement, monsieur Quinney, en dépit du commentaire laconique que j'ai fait plus tôt en ce qui concerne un point avec lequel je n'étais pas d'accord, je veux faire un commentaire. J'ai beaucoup de respect pour le document que vous avez apporté aujourd'hui, tout comme j'en ai pour votre réputation. Je n'ai reçu une copie de ce rapport qu'aujourd'hui, et je trouve que, même s'il est assez court, il est riche en renseignements. Pour être honnête, je n'avais pas la tête à le lire au complet aujourd'hui. J'aurai donc probablement des questions supplémentaires plus tard, au cours d'une autre réunion.
Vous avez dit que les clubs de l'OFAH... Disons simplement que l'OFAH, les groupes autochtones et d'autres utilisateurs locaux et traditionnels devraient avoir une importante voix au chapitre, comme vous l'indiquez. Je suis très favorable à votre idée selon laquelle vous êtes plus engagé. Vous avez beaucoup de membres qui s'y connaissent. Ils n'ont pas seulement l'information et les connaissances qui leur permettent de renseigner les scientifiques, les bureaucrates, les politiciens, les décideurs et les gestionnaires; ils ont aussi l'occasion de reconnaître le bien-fondé du processus et d'avoir le sentiment que leur participation est importante. Je vais me battre avec acharnement, si je le peux, pour faire en sorte que cette occasion qui est fournie à vos membres et aux autres utilisateurs locaux et traditionnels soit améliorée, au moins maintenue et améliorée, si possible.
Deux heures ne suffisent pas pour examiner la mine de renseignements que vous nous apportez aujourd'hui. Nous devons vous convoquer de nouveau à un autre moment pour que vous nous donniez une conférence, pas seulement pour deux heures. Donc, je ne vous poserai pas de question supplémentaire, bien que s'il reste du temps après la question que je suis sur le point de poser et que vous voulez commenter davantage, j'en serais ravi.
J'ai une question précise pour M. d'Eça — trois, en fait. Plus tôt, le gouvernement a indiqué dans son témoignage que les consultations menées avant la prise d’une décision relative à l’inscription peuvent s’étaler sur plus de neuf mois, et nous avons entendu aujourd'hui plus de témoignages selon lesquels cela peut prendre beaucoup de temps. En outre, il a précisé que lorsqu'une espèce évaluée se trouve au Nunavut, il suit un processus spécial afin de faire participer le Conseil de gestion des ressources fauniques et de respecter le processus décisionnel relatif aux revendications territoriales, en soulignant que ce processus doit être terminé avant qu’une espèce soit inscrite sur la liste. Brièvement et dans un style télégraphique, pourriez-vous décrire le processus de consultation que le gouvernement suit avant d’inscrire sur la liste une espèce qui se trouve au Nunavut?
Deuxièmement, combien de temps le gouvernement devrait-il raisonnablement consacrer à des consultations de ce type, à votre avis?
La troisième question est la suivante: avez-vous des recommandations à formuler en vue de l’amélioration du processus de consultation, ou est-ce aussi régi par l’accord sur les revendications territoriales? Peut-on l'adapter et l'améliorer?
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Merci pour les questions.
En ce qui concerne le processus de consultation du gouvernement, si vous n'avez pas une copie du protocole d'entente — dont nous avons parlé aujourd'hui — conclu entre le CGRFN et le gouvernement, le comité devrait probablement en demander une copie, parce qu'en fait, pour ce qui est de la LEP, il s'agit d'une bonne nouvelle. Nous nous sommes entendus non pas sur le contenu des consultations, mais sur leur durée.
Nous avons l'article 37 — Environnement Canada, Parcs Canada et Pêches et Océans Canada tiennent des consultations publiques appropriées au Nunavut, y compris avec les organismes inuits concernés, entre le mois de novembre et la mi-février. Donc, cela représente environ quatre mois et demi pour les consultations.
Mais ce qui se passe réellement — ce qui est assez délicat, je pense — varie en fonction de l'espèce en cause. Actuellement, le conseil étudie l'inscription de l'ours polaire. C'est une question extrêmement importante, comme vous le savez sans doute, j'en suis certain. Dans ce cas précis, le gouvernement a fait un travail vraiment remarquable au cours des consultations. Il s'est rendu dans chaque localité du Nunavut et les consultations se sont faites verbalement, face à face — la meilleure forme de consultation qui soit. Il a fallu un certain nombre de mois. Mais dans le cas du poisson-loup, que l'on retrouve dans les eaux du Nunavut, il n'y a rien de ce genre en cours en raison du classement par ordre de priorité, etc. On tient compte des besoins et des intérêts de nature économique, sociale et culturelle des Inuits.
Donc, cela varie vraiment en fonction de l'espèce. Mais la version de luxe serait ce qui a été fait récemment dans le cas de l'ours polaire. Le CGRFN a tenu des audiences publiques pendant trois jours. Il doit rendre sa décision au sujet de l'inscription de l'ours polaire en juin prochain, et faire rapport au ministre en juillet. Donc, je m'attends à ce qu'une décision définitive soit rendue à l'automne. Il s'agit donc, dans un délai raisonnable, d'étudier les espèces et de poursuivre à partir de là. Mais nous pensons certainement qu'en vertu du protocole d'entente, il est possible que vous soyez en mesure de compléter le tout en quatre mois et demi. Il est possible que cela prenne moins de temps. Vous allez être très occupés au cours de ces quatre mois et demi.
En ce qui concerne les façons de l'améliorer, même après ce que je viens de dire, au cours des cinq ou six années d'existence de la LEP, les consultations et la communication avec la population du Nunavut, principalement avec les Inuits, n'ont pas été adéquates, et il y a des problèmes. Les gens doutent de la loi. Ils sont méfiants quand il y a des consultations. Nous devons redoubler d'ardeur pour communiquer avec la population du Nunavut et la consulter de façon convenable, tout comme nous devons le faire avec les Autochtones d'un bout à l'autre du pays, je suppose.