:
La séance est ouverte. Veuillez excuser mon retard, j'ai été retenu en Chambre.
Avant de passer à l'audition des témoins, nous avons quelques questions de gestion interne à régler en séance publique.
Tout d'abord, j'ai reçu un courriel de Dean Holman, qui avait témoigné au sujet de la Loi sur les espèces en péril, au sujet du budget du Conseil national autochtone sur les espèces en péril, afin de corriger certaines informations. Voici ce qu'il dit :
Le budget actuel est de 350 000 $ environ, et il a baissé avec les années. Veuillez m'excuser d'avoir fourni un chiffre erroné. Merci.
Cette correction concerne quatre passages du procès-verbal où M. McGuinty, Mme Duncan et M. Armstrong avaient cité son chiffre dans leurs questions.
Donc, le bon chiffre... Le passage de M. McGuinty devient donc : « ... mais c'est une organisation de 350 000 $... »
Celui de Mme Duncan, dans sa première déclaration, doit donc mentionner le chiffre de « 350 000 $ ».
En ce qui concerne Scott Armstrong, il avait dit que c'était en « juillet 2007 » — c'était l'autre changement à apporter — que le CANEP avait eu son dernier coordonnateur à temps plein, et que le budget était de « 350 000 $ ».
Cela dit, nous avons aussi reçu une lettre du disant qu'il ne pourra pas comparaître au sujet du budget principal le 25 mai ou le 27 mai. Lors de la dernière réunion, quand nous avons parlé des travaux futurs, nous avions dit que, si le ministre ne pouvait pas venir, nous parlerions des sables bitumineux et de la LEP, à moins que nous ne voulions convoquer des fonctionnaires.
M. Warawa.
Comme il n'y a rien d'autre à ce sujet, nous reprendrons notre étude de la LEP et des sables bitumineux au retour de la semaine de congé.
Je souhaite maintenant la bienvenue aux représentants du Bureau du vérificateur général. Évidemment, tout le monde connaît la vérificatrice générale, madame Sheila Fraser, qui est accompagnée du commissaire à l'environnement et au développement durable, Scott Vaughan.
Nous avons aussi avec nous le sous-ministre adjoint du ministère des Affaires indiennes et du Nord canadien, Patrick Borbey.
Finalement, nous avons aussi la directrice générale des activités de protection de l'environnement, du ministère de l'Environnement, madame Sue Milburn-Hopwood.
Tous ces témoins sont ici pour nous aider dans notre étude du quatrième chapitre du rapport du printemps de 2010 de la vérificatrice générale du Canada, au titre de l'article 108(2) du Règlement.
Les présentations étant faites, je vous cède la parole, madame Fraser.
:
Merci, monsieur le président.
Je vous remercie de nous donner l'occasion de discuter du travail de notre Bureau concernant le chapitre 4 de mon rapport du printemps 2010, intitulé « Pour un développement durable dans les Territoires du Nord-Ouest ». Comme vous l'avez dit, je suis accompagnée de mon collègue Scott Vaughan, commissaire à l'environnement et au développement durable.
Le gouvernement fédéral a le mandat de promouvoir le développement politique et économique des Territoires du Nord-Ouest et de protéger l'environnement. Notre vérification visait à déterminer si les ministères fédéraux compétents avaient mis en oeuvre les mesures clés nécessaires au développement durable et équilibré des Territoires du Nord-Ouest.
Ces mesures comprenaient le règlement des revendications territoriales globales et la conclusion d'ententes sur l'autonomie gouvernementale, la création et la mise en application d'un régime de réglementation visant à protéger l'environnement, et l'appui aux programmes de formation professionnelle et de développement économique destinés aux populations autochtones des Territoires du Nord-Ouest.
Ces trois mesures sont très étroitement liées. La conclusion d'ententes avec les peuples autochtones stipulant le droit à l'autonomie gouvernementale et le droit de propriété des terres et des ressources est importante pour le développement économique et la protection de l'environnement. Ces ententes contribuent à fournir un degré de certitude et de prévisibilité aux entreprises, à l'industrie, aux communautés et aux gouvernements.
La protection de l'environnement est aussi d'une importance capitale pour les communautés autochtones des Territoires du Nord-Ouest, qui dépendent de la faune, de l'eau et de l'habitat pour leur survie et leur développement économique.
Aux fins de la discussion d'aujourd'hui, ma déclaration d'ouverture portera surtout sur les deux premières mesures.
Les régions visées par des ententes sur les revendications territoriales ou par des revendications faisant actuellement l'objet de négociations couvrent la quasi-totalité des Territoires du Nord-Ouest. Au moment où notre vérification a été effectuée, quatre ententes sur les revendications territoriales avaient été conclues. L'une d'entre elles, l'entente des Tlicho, porte aussi sur l'autonomie gouvernementale.
Quatre autres ententes sur les revendications territoriales et dix ententes sur l'autonomie gouvernementale étaient en négociation. Bien qu'il reste encore beaucoup à faire, les efforts pour conclure des ententes sur les revendications territoriales et sur l'autonomie gouvernementale représentent, à notre avis, une belle réalisation et une étape importante à l'égard du développement durable et équilibré des Territoires du Nord-Ouest.
[Français]
Monsieur le président, permettez-moi d'aborder maintenant le sujet du régime de réglementation de l'environnement. La protection de l'environnement est d'une importance capitale pour les communautés autochtones, comme je l'ai mentionné, et aussi parce que les écosystèmes du Nord sont souvent plus fragiles que ceux du Sud. De plus, des changements profonds se produisent dans le Nord en raison des changements climatiques et du transport à grande distance des polluants atmosphériques, notamment des substances toxiques et d'autres substances. Ces changements ont donc un effet sur les communautés du Nord et l'environnement des Territoires du Nord-Ouest.
Nous avons tenté de déterminer si Affaires indiennes et du Nord Canada et Environnement Canada avaient créé et mis en oeuvre un régime de réglementation satisfaisant pour gérer les ressources des Territoires du Nord-Ouest. Nous avons constaté que, dans les régions où des ententes sur les revendications territoriales ont été conclues, il y avait des systèmes et des structures pour appuyer les plans d'aménagement du territoire et consulter adéquatement les communautés.
Cependant, dans les régions où les revendications territoriales globales ne sont pas réglées — ce qui, en passant, représentent environ 30 p. 100 du territoire —, des doutes subsistent quant à savoir à qui les terres appartiennent, comment on peut les utiliser et qui consulter avant de prendre une décision sur la mise en valeur. Les dirigeants des communautés de ces régions ont fait savoir que ce processus n'assure pas une représentation satisfaisante de leurs populations dans le processus d'examen des propositions de mise en valeur qui touchent les terres faisant l'objet de négociations.
De plus, nous avons remarqué qu'il n'existe pas de mécanisme précis pour établir les plans d'aménagement du territoire dans les régions où il y a encore des revendications en suspens. Les plans d'aménagement du territoire sont importants pour l'élaboration d'un régime de réglementation efficace, prévisible et uniforme. Ils précisent à quel endroit et dans quelles conditions les activités de mise en valeur des ressources peuvent s'effectuer. Sans plan d'aménagement des terres en bonne et due forme, les décisions en matière de développement doivent être prises au cas par cas et les décisions ayant trait à l'approbation des projets peuvent demander plus de temps.
Affaires indiennes et du Nord Canada a aussi la responsabilité de surveiller les effets cumulatifs du développement. On entend par effets cumulatifs les changements environnementaux causés par une activité à laquelle viennent s'ajouter des changements découlant d'autres activités passées, actuelles ou futures. Ces activités de surveillance des effets cumulatifs sont importantes, car elles fournissent aux conseils de cogestion les données sur l'environnement dont ils ont besoin pour prendre des décisions éclairées sur les demandes de développement.
Nous avons vérifié si Affaires indiennes et du Nord Canada avait déterminé les besoins et les priorités en matière de surveillance des effets cumulatifs et s'il avait mis en oeuvre un plan pour remplir ses obligations à cet égard. Nous avons aussi vérifié si Environnement Canada avait appuyé Affaires indiennes et du Nord Canada dans l'exercice de ses responsabilités.
[Traduction]
Nous avons constaté que, onze ans après en avoir reçu le mandat, Affaires indiennes et du Nord Canada n'avait toujours pas mis en place de programme de surveillance des effets cumulatifs. De même, le financement des programmes d'Environnement Canada qui devaient servir à la surveillance des effets cumulatifs a pris fin en 2007. En conséquence, aucun des deux ministères n'a mis ce programme en oeuvre.
Nous signalons que le a récemment annoncé un projet de réforme de la réglementation pour le Nord. Ce projet comprend la nomination d'un négociateur en chef du gouvernement fédéral qui dirigera les consultations sur les changements apportés aux offices des terres et des eaux. Il comprend aussi l'octroi de huit millions de dollars pour appuyer la surveillance des effets cumulatifs dans le Nord. Autre fait important, le projet réitère l'importance de respecter les ententes sur les revendications territoriales globales. Si ces ententes étaient entièrement mises en oeuvre, elles pourraient avoir un effet sur quelques-uns des problèmes que nous avons soulevés au moment de la vérification.
Dans l'ensemble, nous avons conclu qu'Affaire indiennes et du Nord Canada et Environnement Canada n'ont pas établi adéquatement de mesures nécessaires à un développement durable et équilibré des Territoires du Nord-Ouest.
Monsieur le président, je termine ainsi ma déclaration d'ouverture. C'est avec plaisir que nous répondrons aux questions des membres du comité. Merci.
:
Merci, monsieur le président.
Je vais vous donner une version un peu raccourcie de mes notes pour respecter l'horaire.
Monsieur le président, Affaires indiennes et du Nord Canada est d'avis que ce rapport est très utile et apprécie la nature constructive de l'examen. Le Ministère est reconnu pour son travail efficace et nous en sommes reconnaissants.
Le chapitre et ses recommandations ont été profitables, et nous continuons de réaliser notre mandat qui consiste à promouvoir et à soutenir le développement politique et économique du Nord.
[Français]
Pour appuyer la Stratégie du Nord du gouvernement, le Plan d'action économique du Canada prévoit des investissements dans le développement économique, le perfectionnement des compétences et l'infrastructure. Le budget de 2010 s'inspire de ces investissements en misant sur des mesures qui amélioreront la protection de l'environnement et le climat d'affaires, qui procureront des débouchés aux résidants du Nord et qui, ultimement, contribueront à réaliser le vaste potentiel de la région.
[Traduction]
Le 3 mai 2010, le a annoncé son Plan d'action visant à améliorer les régimes de réglementation dans le Nord. Ce plan d'action nous permettra de donner suite immédiatement à certaines recommandations énoncées dans le rapport de la vérificatrice générale. Le plan d'action, qui complétera et renforcera les régimes de réglementation dans le Nord, visera trois objectifs.
Premièrement, il garantira des processus plus efficaces et efficients grâce à la modification et à la création de lois. Deuxièmement, il améliorera la gérance de l'environnement en investissant dans des programmes de surveillance communautaire. Troisièmement, il assurera une forte participation des Autochtones en tirant parti des partenariats déjà établis dans le Nord.
Ce plan d'action fait fond sur les efforts que produit le gouvernement pour faire du Nord une région forte et prospère capable de réaliser son potentiel en matière d'exploitation des ressources tout en protégeant son environnement et son patrimoine. Il s'agit d'une étape clé dans la mise en oeuvre de la Stratégie pour le Nord.
[Français]
Le budget de 2010 annonçait un financement visant à améliorer les processus de réglementation dans le Nord et à investir dans la surveillance de l'environnement, tant dans les Territoires du Nord-Ouest qu'au Nunavut. Dans le cadre de ce budget, qui est axé sur l'emploi et la croissance, le gouvernement s'est engagé à investir 11 millions de dollars sur deux ans afin de simplifier les régimes de réglementation dans le Nord, ainsi que 8 millions de dollars sur deux ans pour soutenir la surveillance environnementale au niveau des collectivités, la production de rapports et la collecte de données de base.
[Traduction]
La reconnaissance de l'importance de ces enjeux dans le budget constitue un message clair du Canada en ce qui concerne l'importance de la mise en valeur des ressources et de la protection de l'environnement dans le Nord canadien.
Les changements législatifs proposés comprennent la création et la modification de diverses lois. Une stratégie de restructuration pour les Territoires du Nord-Ouest fait partie des modifications prévues à la Loi sur la gestion des ressources de la vallée du Mackenzie.
Le but du Canada à long terme est d'avoir un seul office qui aurait compétence sur l'ensemble du territoire. À court terme toutefois, l'objectif est d'avoir un office des terres et des eaux pour la vallée du Mackenzie qui soit semblable à ceux du Yukon et du Nunavut. Le ministre a nommé un négociateur en chef du gouvernement fédéral, M. John Pollard, pour poursuivre cette restructuration.
Le changement à la structure de l'office des terres et des eaux ne portera pas atteinte à l'approche de cogestion dans la prise de décision concernant les ressources, laquelle est enracinée dans les accords sur les revendications territoriales. Il n'y aura aucune perte de représentation.
Comme il est prévu dans les accords sur les revendications territoriales et dans la législation actuelle, tout changement à la structure de gestion des ressources doit respecter la représentation des organisations autochtones et des gouvernements fédéral et territorial. Nous avons l'intention de continuer de travailler avec nos partenaires du Nord pour améliorer de façon collective le climat d'investissement et assurer l'avenir durable de collectivités.
[Français]
Le volet du plan d'action tenant à la gestion de l'environnement prévoit un investissement de 8 millions de dollars, que j'ai mentionné plus tôt, dans le Programme de surveillance des effets cumulatifs dans les Territoires du Nord-Ouest et dans le Programme de surveillance général du Nunavut. Cet investissement permettra de recueillir des renseignements essentiels à l'appui de l'aménagement des terres, de l'évaluation environnementale et de la prise de décisions réglementaires.
En investissant dans les régimes de réglementation actuels et en travaillant ensemble sur la mise en oeuvre du plan d'action, nous assurerons la mise en place de régimes solides et efficaces dans le Nord. Ainsi, les résidants du Nord, les Canadiens et les partenaires internationaux auront confiance dans le fait que le développement peut se faire de façon responsable.
[Traduction]
Monsieur le président, j'aimerais profiter de l'occasion pour parler brièvement de certaines des autres mesures prises, pour donner suite aux observations et aux recommandations contenues dans le rapport de la vérificatrice générale.
Affaires indiennes et du Nord Canada continuera de travailler avec les parties intéressées en vue de conclure des accords de règlement des revendications territoriales. Comme il est indiqué dans le rapport, nous avons fait d'importants progrès sur le règlement de revendications territoriales globales et sur l'autonomie gouvernementale dans le Nord.
Bien qu'il reste du travail à faire, les quatre accords conclus dans les Territoires du Nord-Ouest représentent une réalisation importante et un grand pas vers un développement durable et équilibré car ils apportent plus de clarté et de certitude.
[Français]
Il est très difficile et complexe de répondre aux besoins de toutes les parties concernées; c'est la raison pour laquelle l'achèvement des accords sur les revendications territoriales est un processus très long. En règle générale, le Canada ne travaille pas avec les groupes autochtones pour concevoir des plans d'aménagement des terres avant que les revendications ne soient réglées. En effet, il est beaucoup plus facile de négocier des plans d'aménagement des terres lorsque les questions de droits et de propriété ont été réglées dans un accord sur les revendications territoriales.
[Traduction]
Dans l'intervalle, Canada assure une représentation adéquate au sein des organismes chargés de prendre des décisions en matière de gestion des ressources. De plus, les membres des régions où les revendications ne sont pas réglées peuvent participer aux activités des conseils ou des offices de gestion des ressources. Les conseils et offices de la vallée du Mackenzie sont constitués pour se pencher sur l'évaluation environnementale et les questions réglementaires pour l'ensemble de la vallée. Les conseils ou offices de gestion des ressources appliquent le même processus d'inclusion dans les régions qui font toujours l'objet de revendications territoriales que dans celles où des accords ont été conclus. Les projets de ces régions sont évalués et réglementés.
Je voudrais apporter des précisions sur le travail déjà accompli par le Canada relativement à la mise en oeuvre d'un programme de surveillance des effets cumulatifs. Bien que le programme n'est manifestement pas complètement mis en oeuvre, un Programme de surveillance des effets cumulatifs dans les Territoires du Nord-Ouest a été élaboré. Des travaux et des investissements, notamment l'élaboration d'une base de données exhaustive, sont nécessaires. Toutefois, AINC et d'autres ministères fédéraux ont pris des mesures et investi dans la surveillance des effets cumulatifs dans les Territoires du Nord-Ouest.
Par exemple, AINC a investi un montant supplémentaire annuel de l'ordre de 1 million de dollars pour financer le programme en question à compter de 2008-2009. Au cours des dix dernières années, le Programme de surveillance des effets cumulatifs a financé plus de 175 programmes de surveillance communautaires et des initiatives connexes de développement des capacités. Le programme est doté d'un secrétariat et d'une structure de gouvernance établie comprenant des représentants des groupes ayant présenté des revendications territoriales, le gouvernement territorial et plusieurs observateurs.
Comme je l'ai souligné auparavant, les engagements du budget de 2010 nous permettront de poursuivre les efforts visant à résoudre les problèmes relatifs au Programme de surveillance des effets cumulatifs dans les Territoires du Nord-Ouest. En collaboration avec ses partenaires, le gouvernement procédera à la définition des priorités et des besoins relatifs à la surveillance environnementale afin de satisfaire aux exigences du programme.
En ce qui concerne la recommandation sur les inspections, le ministère a élaboré un outil de base de données intégrée, l'évaluation intégrée du classement du risque, qui détermine le niveau des inspections requises pour certains types d'utilisation des terres et des eaux. Cette base de données nous permettra d'effectuer des inspections en fonction du risque spécifique que présente l'activité sur l'environnement.
[Français]
Le ministère des Affaires indiennes et du Nord canadien oeuvre à régler divers points liés aux plans de retombées économiques. Il intensifiera ses efforts en travaillant avec les parties pour se conformer aux lignes directrices. On a amorcé l'élaboration d'une base de données devant renfermer les rapports sur les plans de retombées économiques. Une fois au point, cette base de données permettra la sauvegarde et le suivi de l'information sur la formation et l'embauche d'Autochtones, de résidants du Nord et d'autres participants canadiens, et l'octroi de contrats à ces derniers.
[Traduction]
Nous sommes persuadés que la récente création de l'Agence canadienne de développement économique du Nord, ou CanNor, reflète l'engagement important du Canada à l'égard de la promotion du développement économique du Nord. Grâce à cette agence indépendante qui va soutenir le développement durable dans les territoires, le Canada sera en mesure de donner suite aux préoccupations soulignées dans le rapport de la vérificatrice générale.
[Français]
Monsieur le président, le ministère des Affaires indiennes et du Nord canadien accepte les constatations de la vérificatrice générale et continuera de travailler avec ses partenaires pour donner suite à toutes les recommandations contenues dans son rapport.
[Traduction]
Affaires indiennes et du Nord Canada est résolu à aider les Territoires du Nord-Ouest à réaliser leur véritable potentiel comme région saine, prospère et durable sur le plan économique.
Merci beaucoup.
:
Je remercie la vérificatrice générale et, bien sûr, M. Vaughan et les autres témoins d'être venus devant le comité à si court préavis.
Ce rapport me semble extrêmement important. Je tiens à vous remercier de vous concentrer sur cette question. Je dois dire que j'ai trouvé certaines des conclusions absolument choquantes étant donné l'ampleur des projets envisagés dans les Territoires du Nord-Ouest. Cela fait à peu près deux décennies qu'on parle du pipeline du Mackenzie et, comme l'a dit M. McGuinty, on parle aujourd'hui de prospection en haute mer.
Madame Fraser, je voudrais parler de la réponse du ministère à votre recommandation 4.61 concernant une meilleure surveillance des effets cumulatifs. La réponse du ministère des Affaires indiennes, qui est que « si des fonds additionnels sont accessibles... », nous ferons peut-être une évaluation des effets cumulatifs, est à mes yeux l'une des affirmations les plus incroyables que j'aie jamais entendues du gouvernement, bien que je doive rendre hommage aux fonctionnaires qui ont eu l'honnêteté de l'écrire. En effet, ils ont au moins révélé exactement la nature du problème.
Récemment, on a interrogé en Chambre le sur la capacité de réaction à des problèmes environnementaux dans le Nord, et sa réponse a été qu'il envisage de rationaliser les processus d'approbation et d'examen, notamment, si j'ai bien compris, de regrouper les offices des eaux, etc.
Conformément au Discours du Trône et au budget, dans lesquels le gouvernement annonçait une rationalisation de la réglementation de l'extraction des ressources dans le Nord, nous avons maintenant le projet de loi sur le Nunavut, qui vient d'être déposé. Au premier coup d'oeil, il suscite plus de préoccupations qu'il ne propose de solutions, je crois, en regard du rapport que vous avez produit sur les Territoires du Nord-Ouest.
On ne sait pas par où commencer. Je tiens d'abord à vous remercier immensément de votre rapport. J'espère qu'il constituera vraiment un bon guide pour l'élaboration d'un système cohérent.
L'une des choses que j'ai notées — et vous l'avez souligné, madame Fraser — est que le gouvernement ne s'est pas acquitté d'obligations qui sont foncièrement constitutionnelles. Ces programmes sont exigés en vertu d'une entente sur les revendications territoriales, ce qui signifie qu'ils sont constitutionnellement obligatoires. Il ne s'agit pas simplement de ne pas assumer ses responsabilités en matière de réglementation. J'aimerais entendre les deux représentants des Affaires Indiennes et d'Environnement Canada à ce sujet.
Monsieur Borbey, vous avez révélé aujourd'hui qu'il y a une sorte de programme à venir en réponse au fait que le ministère ne s'est pas acquitté de son obligation concernant l'initiative sur l'écosystème du Nord et le cadre de gestion de l'évaluation des effets cumulatifs. Pensez-vous que 8 millions de dollars sur deux ans seront suffisants pour réaliser une évaluation sérieuse des effets cumulatifs sur un territoire aussi vaste que les Territoires du Nord-Ouest, qui monte jusqu'à la région polaire?
Pensez-vous que ce soit adéquat par rapport aux centaines de millions de dollars que le gouvernement fédéral a consentis simplement pour évaluer le potentiel d'extraction des ressources de l'océan Arctique?
:
Merci d'être ici, madame la vérificatrice générale Fraser.
Monsieur le commissaire Vaughan, représentants des autres ministères, merci infiniment.
J'ai apprécié ce que j'ai entendu. C'était très éclairant. J'apprécie le bon travail de chacun d'entre vous.
J'ai eu l'occasion de lire le témoignage du commissaire Vaughan devant le Comité des comptes publics, il y a une semaine. La vérificatrice générale dit qu'il y a de profonds changements dans le Nord à cause du changement climatique et à cause du transport de polluants atmosphériques sur de grandes distances.
Commissaire Vaughan, je pense que c'est venu sur le tapis il y a une semaine. Cynthia Wright a beaucoup parlé du mercure dans le Nord. Il est étonnant que plus de 95 p. 100 du mercure déposé au Canada émane de sources étrangères. Donc, sur le plan de gestion chimique et la biosurveillance, ce sont des nouveaux projets qui nous donnent une idée de certains problèmes et de certaines améliorations, mais qui surveillent également de près et nous assurent que le Nord est durable.
Je voudrais parler de certaines des ententes.
Madame la vérificatrice générale, vous avez dit que quatre ententes de revendications territoriales ont été réglées dans les Territoires du Nord-Ouest, et que quatre autres ententes sur des revendications territoriales et dix ententes d'autonomie gouvernementale sont en cours de négociation. Vous avez dit que, dans les régions où ces questions ont été réglées, les choses vont beaucoup mieux que dans les autres.
Monsieur Borbey, vous avez dit dans votre déclaration, et je lis l'un de vos paragraphes :
Il est très difficile et complexe de répondre aux besoins de toutes les parties concernées; c'est la raison pour laquelle l'achèvement des accords sur les revendications territoriales est un processus très long. En règle générale, le Canada ne travaille pas avec les groupes autochtones pour concevoir des plans d'aménagement des terres avant que les revendications ne soient réglées. En effet, il est beaucoup plus facile de négocier les plans d'aménagement des terres lorsque les questions de droits et de propriété ont été réglées dans un accord sur les revendications territoriales.
Je me pose une question. Pourquoi les groupes autochtones des Territoires du Nord-Ouest souffrent-ils de difficultés financières à cause de retards importants dans la réception des fonds dont ils ont besoin pour appuyer leurs négociations d'autonomie gouvernementale?
Me reste-t-il du temps?
Le président: Oui.
M. Mark Warawa: Je m'adresse donc à Mme Milburn-Hopwood, d'Environnement Canada.
Le programme de surveillance des effets cumulatifs, dont vous avez parlé, est une initiative d'AINC destinée à surveiller les effets cumulatifs dans les Territoires du Nord-Ouest, notamment la manière dont l'utilisation des sols et des eaux, ainsi que l'élimination des déchets, affecteront l'environnement, aujourd'hui et demain.
Le programme est fondé sur une démarche communautaire et permet de fournir des ressources pour combler les lacunes des activités de surveillance actuelles. Le budget de 2010 prévoyait 8 millions de dollars sur deux ans pour AINC afin d'appuyer la surveillance environnementale communautaire, la production de rapports et la collecte de données par le truchement du Programme de surveillance des effets cumulatifs dans les Territoires du Nord-Ouest, le PSEC, et du Programme de surveillance général dans le Nunavut. AINC et ses partenaires détermineront les besoins et priorités de surveillance environnementale des effets cumulatif dans les Territoires du Nord-Ouest.
Le PSEC offrira aux décideurs un outil de surveillance les aidant à prendre leurs décisions stratégiques et à apprendre continuellement. Ce sera un système standardisé et étagé de collecte de données et de présentation de rapports utilisant les protocoles communs d'un réseau de partenariat qui engage, coordonne et intègre les activités de surveillance et de recherche, un réseau de partenaires qui ont la capacité de préparer, de mettre en oeuvre, de rendre compte et d'appliquer en participation les programmes de surveillance et des informations de référence accessibles et de surveillance à long terme.
Le but ultime du programme est d'assurer la collecte et la gestion efficaces et coordonnées de données réglementaires et scientifiques et de savoir traditionnel concernant les effets environnementaux cumulatifs. Voici ma question : comment Environnement Canada appuiera-t-il AINC dans la mise en oeuvre continue du PSEC?
:
Merci de cette question.
Environnement Canada a fourni des avis techniques et scientifiques à l'appui du PSEC depuis la mise en oeuvre du programme, il y a 10 ans. C'est un programme qui existe depuis 10 ans. Il a été géré par des représentants des groupes de revendications territoriales, d'AINC et du gouvernement des Territoires du Nord-Ouest. Environnement Canada était à la table mais en qualité d'observateur. Malgré cela, je crois pouvoir dire que nous avons contribué très activement à ce rôle.
Nous avons contribué dans le passé et nous nous attendons à contribuer de la même manière à l'avenir, de quatre manières. Premièrement, nous allons appuyer les partenaires du programme dans la détermination des besoins et des priorités de surveillance environnementale des Territoires du Nord-Ouest, ce qui veut dire que nous cernerons les besoins avant de choisir des projets.
Nous fournirons également des avis techniques sur ce que sont les éléments de valeur de l'écosystème qu'il conviendrait de protéger et de surveiller, et dont il faudrait évaluer les effets cumulatifs. Nous analyserons des indicateurs et certains protocoles de surveillance. Nous serons donc une source de conseils techniques.
Nous examinerons les propositions de surveillance présentées au titre du programme.
Finalement, nous ferons concrètement de la surveillance. Certains de nos scientifiques peuvent demander et obtenir des crédits en vertu de ce programme et ils offriront donc leur propre expertise. Ils amèneront certaines des ressources d'Environnement Canada à la table et feront aussi une partie du travail concret, parce que nous avons des scientifiques qui travaillent dans ce domaine.
Voilà donc les quatre manières par lesquelles nous contribuerons à ce programme. Nous sommes impatients de collaborer avec AINC et les autres partenaires alors que le programme entre dans sa nouvelle phase.
Tout comme la vérificatrice générale, nous avons comparé les régions « avec » aux régions « sans », et clairement, après achèvement, après règlement, nous avons examiné si les éléments d'un bon régime de réglementation environnementale étaient en place. Lorsqu'elles avaient été réglées, nous avons examiné les régimes pour savoir s'ils comportaient les éléments qui sont nécessaires pour être efficaces mais, comme l'a dit la vérificatrice générale, nous n'avons pas examiné... Et nous n'avions pas non plus le mandat d'examiner les conseils en soi.
Deux autres remarques, si vous me permettez, monsieur le président.
Nous avons souligné dans le chapitre, comme l'a dit l'honorable député, l'importance, l'importance disproportionnée, des changements climatiques dans le Nord. Nous avons indiqué que le Nord a enregistré une hausse de 2 °C au cours des 60 dernières années, contre une hausse de 1,2 °C au sud du 60e parallèle. On dispose de données scientifiques abondantes sur les effets disproportionnés des changements climatiques. Nous y avons fait référence. Elles sont largement admises. Nous avons aussi identifié d'autres pressions environnementales dans le Nord, avec une réduction de 63 p. 100 de la harde du caribou de Bathurst.
Les données scientifiques sont extrêmement importantes dans ce contexte. Je pense que l'autre partie est simplement d'avoir des données en temps réel, ce qui est la justification continue — que mes collègues ont mentionnée — de stations de surveillance pour pouvoir dépister ces changements, ce qui pourrait alors contribuer au système de surveillance des effets cumulatifs.
La vérificatrice générale voudra peut-être répondre à ceci, ou peut-être les représentants du ministère. On parle dans le rapport de réglementer, de surveiller, d'appliquer les règles et d'évaluer les effets environnementaux sur les Territoires du Nord-Ouest mais on ne parle pas nécessairement de manière explicite de réglementer, d'évaluer et de surveiller les effets, y compris cumulatifs, des sources de pollution externes.
Le secrétaire parlementaire a évoqué l'accumulation de métaux lourds dans l'Arctique, problème que je connais bien depuis mon travail au CEC, tout comme M. Vaughan, mais il y a aussi une accumulation croissante d'émissions résultant d'activités dans le nord de l'Alberta et, si l'exploitation des sables bitumineux prend de l'ampleur en Saskatchewan... Sous le vent des sables bitumineux, nous avons des informations, une analyse des sables bitumineux et de l'eau, une masse d'informations. Je me demande si Mme Fraser veut répondre à cela et si c'est un aspect qu'elle a envisagé ou qu'elle pourrait envisager s'il n'a pas encore été spécialement examiné.
J'aimerais connaître l'avis des agences. Interviennent-elles régulièrement dans les demandes touchant les sables bitumineux, par exemple, comme l'agrandissement du barrage du site C? Nous avons entendu des témoins des Territoires du Nord-Ouest à ce sujet, des premières nations très préoccupées par le potentiel et le niveau croissant des polluants transportés par l'air et par l'eau dans la région du bassin du Mackenzie.