:
Merci beaucoup, monsieur le président.
[Français]
J'aimerais d'abord présenter l'approche que nous proposons pour mettre en oeuvre la Loi fédérale sur le développement durable. Par la suite, Caroline et moi répondrons à vos questions et à vos commentaires.
La stratégie provisoire publiée la semaine dernière regroupe des activités ciblées visant à améliorer la façon dont le gouvernement fédéral planifie le développement durable, et de manière plus importante, à répondre aux faiblesses de l'ancien système qui ont été soulevées par le commissaire à l'environnement et au développement durable et par plusieurs autres personnes.
Depuis 1995, lorsque le Bureau du commissaire à l'environnement et au développement durable a été établi, le gouvernement fédéral planifiait le développement durable en préparant et en présentant des stratégies de développement durable pour chaque ministère. Ces stratégies étaient élaborées tous les trois ans, soit de 1997 à 2006. Il s'agissait d'une approche très décentralisée. Pratiquement dès sa mise en oeuvre, cette approche a été critiquée de manière répétée pour son manque de leadership central, de coordination et de suivi.
[Traduction]
Ainsi, en 2006, la ministre de l'Environnement de l'époque, la ministre Ambrose, a déposé la quatrième et dernière série de stratégies ministérielles et s'est engagée à renforcer l'approche fédérale globale concernant le développement durable. Comme le savent les membres du comité — car ils ont été nombreux à y contribuer sans ménager leurs efforts — la Loi fédérale sur le développement durable a été adoptée en juin 2008 avec le soutien de l'ensemble des partis. Cette loi vise à définir le cadre juridique pour l'élaboration et la mise en oeuvre d'une stratégie fédérale de développement durable qui rend le processus décisionnel en matière d'environnement plus transparent et fait en sorte qu'on soit tenu d'en rendre compte.
À notre avis, la stratégie provisoire représente le premier progrès important réalisé dans le domaine de la planification et de la présentation de rapports sur le développement durable depuis 1995, et elle illustre l'engagement du gouvernement à l'égard de la durabilité de l'environnement par une amélioration de la transparence et de la reddition de comptes. La stratégie provisoire vise à rendre le processus décisionnel en matière d'environnement plus transparent et plus redevable. Nous espérons et prévoyons que cette plus grande transparence améliorera, à son tour, le processus décisionnel en matière d'environnement. La mise à jour de la stratégie et la communication des résultats à tous les trois ans constituent le fondement d'une constante amélioration et d'une innovation à long terme.
Une plus grande transparence, à l'origine de ce cycle de progrès continu résulterait de trois importantes améliorations découlant de la nouvelle stratégie fédérale de développement durable. Premièrement, elle offre une représentation intégrée, pangouvernementale des mesures et des résultats que le gouvernement doit préconiser pour atteindre ses objectifs en matière de durabilité de l'environnement. Au lieu de produire 32 rapports ministériels distincts, parfois au mépris de la cohérence — comme c'était le cas avec l'ancienne approche — le gouvernement n'élaborera désormais qu'une seule stratégie de développement durable tenant compte des mesures prises dans l'ensemble du gouvernement.
Deuxièmement, la nouvelle stratégie relie la planification et la présentation de rapports sur le développement durable aux processus clés de planification et de prise de décisions du gouvernement, dont notamment le système de gestion des dépenses.
Troisièmement, elle stimule de réels progrès en matière de durabilité de l'environnement en assurant l'efficacité de la surveillance et des rapports sur les résultats, ce qui permet aux parlementaires et aux Canadiens de suivre les progrès réalisés dans le domaine de la durabilité de l'environnement par rapport aux cibles et aux objectifs établis.
J'aimerais juste prendre un peu de temps pour vous entretenir de chacune de ces trois caractéristiques qui sont au coeur de la nouvelle stratégie. Le besoin d'adopter une approche pangouvernementale a été soulevé dès 2001, lorsque le Commissaire à l'environnement et au développement durable de l'époque a évoqué l'absence d'une approche de gestion commune en matière de développement durable au sein du gouvernement fédéral. En s'inspirant d'une approche de gestion coordonnée, la stratégie provisoire illustre également l'engagement soutenu au niveau de la haute direction dans l'ensemble du gouvernement pour favoriser une démarche pangouvernementale quant aux mesures à prendre. Une grande partie de ces efforts émaneront du bureau du développement durable que nous avons créé au sein d'Environnement Canada.
L'approche proposée offrirait aux parlementaires un guichet unique leur donnant une vue d'ensemble des mesures prises dans l'ensemble du gouvernement pour atteindre les cibles et les objectifs établis.
Le second élément d'importance réside dans le lien à établir avec les activités pangouvernementales de planification et de production de rapports. De manière plus globale, cela permet d'intégrer la gestion du développement durable — comme le recommandait l'OCDE et d'autres organisations — en la reliant aux processus et aux systèmes utilisés par le gouvernement du Canada pour sa planification budgétaire. On profite ainsi d'un accès beaucoup plus facile à différents renseignements sur les activités et les résultats qui en découlent tout en donnant suite à la recommandation du commissaire en faveur de stratégies de développement durable qui adopteraient le format utilisé pour la préparation des rapports sur les plans et priorités, tels que mandatés par le Secrétariat du Conseil du Trésor.
Pour ce qui est des activités de surveillance et de présentation de rapports, nous proposons dans cette stratégie une nouvelle approche mettant davantage l'accent sur l'utilisation de données objectives et rigoureuses portant de façon beaucoup plus ciblée sur les résultats en matière d'environnement, que sur les processus et les activités. De cette manière, nous utilisons de manière optimale les données produites par le programme des Indicateurs canadiens sur la durabilité de l'environnement. Le gouvernement du Canada a d'ailleurs renouvelé le financement de ce programme dans le cadre du récent budget fédéral.
Encore là, nous donnerions suite à plusieurs des observations formulées par le Commissaire à l'environnement et au développement durable qui préconise un processus normalisé pour le suivi de la mise en oeuvre et les rapports sur les progrès réalisés. Cela pourrait devenir un facteur clé dans l'établissement d'une stratégie fédérale en matière de développement durable.
L'objectif visé par cette stratégie et ces trois caractéristiques principales est de créer un système qui, au fil des ans, établira un cycle d'amélioration continu fondé sur le principe « planifier, réaliser, vérifier et améliorer ». C'est souvent ce que recherchent les vérificateurs et les agences comme le bureau du Commissaire à l'environnement et au développement durable.
En se servant de ces trois éléments de gestion comme fondement, nous avons déterminé quatre domaines d'intérêt particulier pour la stratégie proposée qui englobent les principales questions importantes pour les Canadiens dans le domaine de la durabilité de l'environnement: relever les défis des changements climatiques et de la qualité de l'air; maintenir la qualité et la disponibilité de l'eau; protéger la nature; et réduire l'empreinte environnementale — en commençant par le gouvernement.
Les tableaux inclus dans le document de consultation présentent un aperçu de la situation actuelle en ce qui concerne les objectifs et les stratégies de mise en oeuvre dans l'ensemble du gouvernement du Canada. La Stratégie fédérale de développement durable proposée est conçue pour servir de base à l'établissement de rapports sur ces objectifs et aux stratégies de mise en oeuvre de manière hautement transparente. Elle ne vise pas à créer ou établir de nouveaux objectifs ou un nouveau processus de mise en oeuvre, mais bien à assurer la transparence voulue pour que les principaux processus décisionnels gouvernementaux puissent aller de l'avant dans les différents domaines du développement durable.
Par conséquent, il s'agit de domaines dynamiques et concrets dans lesquels le gouvernement fait des progrès et évolue constamment pour ce qui est des cibles, des objectifs et des stratégies de mise en oeuvre; idéalement, et c'est ce que l'on recherche, la transparence découlant de la stratégie proposée devrait faciliter ce processus au profit du développement durable.
Les consultations en ligne au sujet de la stratégie fédérale proposée en matière de développement durable ont débuté la semaine dernière. Les Canadiens, les parlementaires, les membres du Comité consultatif sur le développement durable et les autres intéressés disposent donc de 120 jours, soit jusqu'au début juillet, pour examiner la stratégie et formuler leurs observations. Le gouvernement élaborera la stratégie finale en se fondant sur les commentaires reçus. La stratégie finale sera présentée au Parlement peu après le début de la session d'automne, soit dans un délai de 15 jours de séance à compter du 26 juin, comme la loi l'exige.
Comme il s'agit d'un processus à long terme, ce dont témoignent toutes les recommandations et les pratiques exemplaires mentionnées, cette stratégie vise notamment la mise en place des bases d'un cycle d'innovation et d'amélioration continues fondé sur des périodes de trois ans. C'est un élément essentiel de la nouvelle stratégie.
Monsieur le président, je souhaiterais terminer en soulignant l'engagement du gouvernement en faveur du développement durable, et en ma qualité de responsable du bureau fédéral pour le développement durable, je veux aussi souligner notre détermination à stimuler le changement et l'innovation, selon les orientations que nous donneront votre comité et d'autres intervenants, pour la mise en oeuvre d'une nouvelle stratégie fédérale de développement durable.
Je vous remercie pour le temps que vous m'avez consacré.
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Merci, monsieur le président.
Merci à vous, monsieur Keenan et madame Weber, pour votre présence.
Monsieur Keenan, j'aimerais revenir à quelques-uns de vos commentaires et rectifier les faits concernant l'initiative des indicateurs dont vous avez parlé. Je ne crois pas que vous ayez apporté cette précision, mais il est important que les gens le sachent.
Lorsque M. Martin était ministre des Finances, il a demandé aux membres de la table ronde nationale relevant du premier ministre de concevoir une série limitée d'indicateurs dont il pourrait se servir dans ses discours budgétaires afin de renseigner les Canadiens de façon plus exacte sur notre niveau de bien-être. Je ne pense pas que vous étiez justifié de laisser entendre que le gouvernement a renouvelé le financement pour l'ensemble de ces indicateurs. Nous savons, par exemple, qu'il y a eu une réduction considérable pour l'indicateur traitant des terres humides ou de la couverture forestière qui était géré en coopération avec notre agence spatiale.
J'aimerais aussi vous poser une question fort intéressante — peut-être qu'elle ne le sera pas pour vous, mais elle l'est pour moi.
M. Mulroney a signé les accords initiaux en 1992 à Rio et créé la Table ronde nationale sur l'environnement et l'économie. Il devait s'agir de notre principale réponse institutionnelle à la déclaration de Rio et aux ententes qui ont été signées à cette occasion. M. Mulroney a eu la sagesse de créer une instance qui relevait directement de son cabinet. C'était la table ronde du premier ministre qui était arrimée au Bureau du Conseil privé.
Depuis l'arrivée au pouvoir des conservateurs, cette table ronde a chuté dans la hiérarchie et relève maintenant directement du ministre de l'Environnement. La loi habilitante à cet égard a été modifiée sans qu'il n'y ait de débat. Je crois qu'il s'agit d'une erreur épouvantable et je suis tout aussi préoccupé par ce que vous proposez aujourd'hui: que cette stratégie nationale pour le développement durable soit élaborée et mise en oeuvre par Environnement Canada. Si mes souvenirs sont exacts, Environnement Canada se classe au deuxième ou au troisième rang parmi les ministères les moins bien financés du gouvernement fédéral.
En inscrivant cette stratégie dans le portefeuille d'Environnement Canada, vous faites de ce ministère la « police de l'environnement » au sein du gouvernement fédéral. Le développement durable ne peut pas passer par la marginalisation de ces questions dans le portefeuille de l'environnement. Nous avons déjà vu le gouvernement faire la même chose avec la table ronde du premier ministre, et voilà qu'il supprimait huit des 26 postes pas plus tard que la semaine dernière.
Environnement Canada a une capacité très restreinte en matière d'élaboration de politiques et de modélisation économique, une expérience très mince au chapitre de l'économétrie, et très peu de contacts et d'influence auprès de Finances Canada et du Conseil du Trésor. Comment croyez-vous que ce nouveau bureau, basé à Environnement Canada, où les ministres semblent vouloir se succéder à une vitesse folle, sera capable d'influencer l'ensemble du gouvernement fédéral, dont les dépenses totales se chiffrent à 257 milliards de dollars? Pourquoi cette organisation ne devrait-elle pas se retrouver comme il se doit au sein du Bureau du Conseil privé, aux côtés de la table ronde, avec une responsabilité d'orientation, plutôt que d'exécution?
:
Merci, monsieur le président.
Je crois qu'il y avait quatre questions, et je dispose de quatre minutes.
Je vais répondre brièvement à la préoccupation que vous avez soulevée concernant les indicateurs environnementaux.
Monsieur le président, l'honorable député a tout à fait raison d'affirmer que le programme des Indicateurs canadiens de durabilité de l'environnement, qui coûte environ 9,2 millions de dollars par année, a été renouvelé pour une période de deux ans par le gouvernement dans le dernier budget. Ce programme permettra de recueillir des informations sur la qualité de l'eau, la qualité de l'air et les zones protégées dans tout le pays. C'est un programme très important et j'estime, tout comme d'ailleurs le bureau fédéral du développement durable, que ce renouvellement contribuera directement à notre capacité d'établir des indicateurs fondés sur les résultats pour le suivi de la stratégie.
Je crois que le député a également raison lorsqu'il parle des autres indicateurs environnementaux, outre ceux financés dans le cadre de ce programme, et de l'importance d'avoir un portrait global de la situation. Mais le maintien de ce programme de 9 millions de dollars est vraiment essentiel si nous voulons pouvoir compter sur les outils requis à cette fin.
Quant au financement d'Environnement Canada, je ne sais pas où nous nous situons exactement. Dans notre budget principal des dépenses de cette année, nous demandons 1,1 milliard de dollars au Parlement. Cela nous placerait à un rang beaucoup plus élevé que deuxième ou troisième à partir du bas de l'échelle. Je dirais que nous nous retrouvons en milieu de peloton, mais je ne saurais vous dire où exactement.
Quant au rôle de police de l'environnement et à la capacité économétrique d'Environnement Canada, je dois vous dire qu'en ma qualité de sous-ministre adjoint responsable de la politique stratégique, je suis en charge de l'analyse économique au sein du ministère. Permettez-moi de vous assurer que l'on ne peut mettre en doute nos capacités en matière de modélisation économétrique et enviroéconométrique.
Il arrive que nous placions le ministère des Finances dans une position délicate, car nous parvenons à modéliser des incidences qu'il leur est impossible d'envisager, voire de comprendre. J'ai été responsable de la modélisation économétrique au ministère de l'Agriculture, puis à Environnement Canada, et je peux vous affirmer que nos capacités en la matière sont excellentes.
D'autre part, j'ai étudié votre ébauche de la Stratégie fédérale de développement durable. Pour moi, un des éléments clés d'une stratégie de développement durable est ce qu'on appelle l'évaluation environnementale stratégique. Cette dernière ne fait pas tout, mais c'est un élément de la stratégie de développement durable.
Je voudrais savoir où se trouve cet élément clé d'une stratégie de développement durable dans votre document?
Il faut se rappeler que depuis 1994, je crois, une directive du Cabinet du premier ministre oblige en principe chaque ministère à faire une évaluation stratégique environnementale des plans, des politiques et des programmes.
Où se trouve, dans votre stratégie de développement durable, cette directive ou cette commande aux ministères selon laquelle à l'intérieur de la stratégie il doit y avoir une évaluation stratégique environnementale?
:
Monsieur le président, je vais répondre à cette question en deux volets.
Je dirais d'abord que la stratégie ne change rien à l'application de la directive du Cabinet sur les évaluations stratégiques environnementales et ne modifie pas non plus les rôles respectifs de chaque instance. Par exemple, l'Agence canadienne d'évaluation environnementale joue un rôle clé dans l'administration de la stratégie, alors que le Bureau du Conseil privé voit à s'assurer que les mémoires au Cabinet requis sont préparés comme il se doit. En fait, la Stratégie fédérale pour le développement durable appuiera considérablement l'application de cette directive en ce sens que, dans le contexte de sa deuxième caractéristique, on établira le lien avec le développement durable.
Dans le régime actuel, les stratégies de développement durable sont plutôt gardées en marge du processus. Aucun lien n'est fait avec le système de gestion des dépenses, pas plus qu'avec les processus décisionnels majeurs via les mémoires au Cabinet et les présentations au Conseil du Trésor. En intégrant le développement durable au système de gestion des dépenses, nous alimentons ce système avec toute l'information pertinente en matière de développement durable. C'et justement l'information que l'on retrouve dans les mémoires au Cabinet et c'est là qu'entrent en compte les analyses et les évaluations découlant de la directive. Nous allons intégrer cette information améliorée au processus décisionnel, et j'estime que le gouvernement sera ainsi mieux en mesure de donner suite à la directive du Cabinet concernant les évaluations stratégiques environnementales.
Parlons maintenant de la qualité de l'information concernant les incidences environnementales, soit l'une des principales considérations à prendre en compte dans l'analyse et dans le choix du mode d'application de la directive. Cette stratégie, une fois qu'elle aura été entièrement mise en place et que l'on aura intégré au système de gestion des dépenses les cibles et objectifs en matière d'environnement et de développement durable ainsi que les stratégies de mise en oeuvre à cet effet, permettra de retrouver ces renseignements dans les documents utilisés pour la prise de décisions, comme les mémoires au Cabinet, et contribuera ainsi de manière indirecte quoique marquée, d'après moi, à une meilleure utilisation des évaluations stratégiques environnementales.
:
Merci, monsieur le président.
Monsieur Keenan et madame Weber, je vous remercie d'avoir bien voulu comparaître devant nous aujourd'hui.
Il y a une chose qui me rend perplexe, monsieur Keenan. La loi est pourtant bien claire. On peut lire à l'article 3 que « la présente loi vise à définir le cadre juridique » pour faire en sorte que le gouvernement soit tenu de rendre des comptes en matière de développement durable. Alors, il est bel et bien question de « cadre juridique ».
Un peu plus loin, le paragraphe 11(4) prévoit la prise de règlements, en précisant clairement la façon dont les rapports doivent être produits.
J'ai fait mes propres recherches et je n'ai trouvé aucune trace de règlements qui auraient été promulgués. J'ai seulement pu trouver un guide n'ayant aucune valeur juridique.
Pouvez-vous me dire ce qui est advenu du cadre juridique spécifiquement prévu dans cette loi pour assurer la reddition de comptes?
:
Merci, monsieur le président.
Merci à vous, monsieur Keenan et madame Weber, pour votre présence.
Je trouve la discussion fort intéressante. J'ai eu le plaisir de travailler avec mon collègue — un libéral, mais un collègue tout de même — qui avait une passion pour l'environnement. Je parle de M. John Godfrey. C'est lui qui est à l'origine de la Loi fédérale sur le développement durable avec son projet de loi d'initiative parlementaire. Puis les mois ont passé et nous en sommes venus il y a quelques années à la conclusion qu'il fallait apporter des modifications; le comité s'est penché sur la question et nous avons obtenu le soutien unanime des membres.
Ces deux années ont passé vraiment vite. Nous pouvons maintenant voir que le bon travail se poursuit. Nous avons tous reçu copie de ce document de consultation que j'ai trouvé fort utile, et je suis persuadé que nous nous réjouissons tous de pouvoir apporter notre contribution.
Dans le document, il est indiqué très clairement que les objectifs représentent un idéal et donnent uniquement une vision à long terme. À la page 1, on dit ce qui suit au sujet d'une étude de l'OCDE:
Une étude de l'OCDE a révélé que, lorsque les gouvernements tentent d'agir trop vite et sur trop de fronts en même temps pour assurer le développement durable, les systèmes de gouvernance deviennent surchargés et paralysés, et peu de progrès est accompli.
Vous avez fait référence à cette étude aux pages 4 et 5 de votre mémoire.
Je ne crois pas que le problème avec les libéraux venait du fait qu'ils essayaient de trop en faire en trop peu de temps. Je pense que c'était plutôt le contraire. Le commissaire de l'époque a parlé d'un manque de leadership, mais ces temps sont révolus. C'était la décennie de la grande noirceur, comme certains l'ont appelée. Quoi qu'il en soit, nous sommes passés à autre chose et voilà que nous travaillons ensemble aux fins du développement durable.
Dans ce document de consultation, on dit qu'il s'agit d'un « développement qui répond aux besoins actuels sans nuire à la capacité des générations futures de répondre aux leurs ». C'est très bien.
Vous avez aussi parlé de la ministre Ambrose. J'ai eu le plaisir de travailler avec la ministre Ambrose, puis avec le ministre Baird et maintenant avec le ministre Prentice, toutes des personnes très compétentes et extrêmement dévouées. Je crois que c'est M. McGuinty qui a souligné qu'il y avait eu plusieurs ministres. Si je ne m'abuse, pendant toutes ces années où il ne s'est pas passé grand chose, cinq ministres libéraux se sont succédé; nous en avons eu trois depuis que je représente le gouvernement en tant que secrétaire parlementaire. Ce sont des années où une grande quantité de travail a été accompli, comme en témoigne encore une fois le document de consultation que vous avez en main.
Ma question porte sur une déclaration faite par la ministre Ambrose juste après notre accession au pouvoir en 2006. Elle a indiqué qu'elle considérait notamment des mesures législatives sur le développement durable à l'échelle nationale et un examen des pratiques exemplaires à l'échelle mondiale, au fur et à mesure que le développement durable deviendra un enjeu central des actions du gouvernement.
Pouvez-vous nous indiquer de quelle manière le gouvernement a donné suite à cet engagement?
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Avec plaisir. Merci pour votre question.
Pour ce qui est de la déclaration de la ministre de l'Environnement que vous venez de citer, nous estimons que le système proposé matérialise cet engagement et cette vision, avec quelques années de recul, pour chacun des trois éléments clés du changement.
Je vous cite par exemple le changement dont j'ai parlé au sujet du lien à établir entre le développement durable et le système de gestion des dépenses. Si vous regardez ce qui se fait à l'OCDE, ce qui se fait de mieux en matière de développement durable, le sondage mené auprès de 19 pays par l'Institut international du développement durable, on ne cesse de répéter que si le développement durable doit effectivement changer le processus décisionnel, alors il doit y être intégré à part entière. C'est exactement ce que nous voulons faire en inscrivant le développement durable dans notre système de gestion des dépenses et cela illustre fort bien la façon dont on peut apporter un changement important au Canada en s'inspirant des pratiques exemplaires à l'échelle mondiale, comme la ministre le préconisait à l'époque.
Par ailleurs, j'ai entendu dire — je ne travaillais pas au ministère de l'Environnement à ce moment-là — que le problème était attribuable en partie au fait que la ministre se retrouvait alors avec 32 rapports distincts. En les mettant en correspondance les uns avec les autres, il était impossible de dégager un sens quelconque. Ils manquaient d'uniformité. Ils ne permettaient pas de brosser un portrait d'ensemble. Je crois que cela montre bien encore une fois que l'une des pratiques à privilégier en matière de développement durable réside dans l'intégration, pour l'ensemble du gouvernement, pour toute la société, des différentes activités de différents ministères en vue d'obtenir un tableau cohérent.
Ce passage à une approche globale assortie de cibles pangouvernementales et fondée sur une organisation des activités entre les différents ministères, peu importe lesquels, en fonction des objectifs et des résultats visés par le gouvernement qui se place lui-même en position de rendre des comptes, constituerait un second élément clé de l'évolution et de l'amélioration, dans le sens de la volonté exprimée par la ministre qui voulait procéder à des changements en s'inspirant des pratiques optimales.
En troisième lieu, j'en reviens encore une fois au thème commun de la nécessité de mettre en place un système permettant d'activer le cycle de vérification « planifier, faire, vérifier et améliorer », de manière à pouvoir suivre les progrès et rendre compte de ces progrès, ou de leur absence, à l'intérieur de la boucle de rétroaction aux fins des mesures à prendre et des ajustements à apporter. Les cycles triennaux de planification et de production de rapports sur les progrès qui sont prévus dans cette stratégie, et il faut bien le dire également dans la loi, sont à la base même du processus d'amélioration continue que nous connaissons depuis près de trois ans.
Il est absolument essentiel de s'engager à adopter des indicateurs de progrès fondés sur les résultats, plutôt que sur les activités. Si vous prenez connaissance des rapports produits dans le cadre de l'ancien système, vous allez tomber parfois sur des indicateurs de progrès. Lorsqu'un fonctionnaire se rend à une conférence et présente un exposé, c'est un effort louable, mais aucun progrès n'est réalisé en matière de durabilité de l'environnement; il faut renoncer à des indicateurs semblables pour en utiliser d'autres qui témoignent de l'amélioration de l'environnement dans un contexte local ou national.
Je crois que ces trois caractéristiques clés, qui sont conformes aux pratiques exemplaires observées au sein de l'OCDE et d'autres organisations qui se sont penchées très sérieusement sur le processus de développement durable, permettent d'enclencher un changement qui, à mon sens — et je ne peux pas parler au nom de la ministre — donne suite aux engagements qu'elle essayait de prendre au nom du gouvernement en 2006.
:
Merci, monsieur le président.
Évidemment, nous appuyons cette initiative car c'est le même comité qui a étudié et recommandé l'adoption du projet de loi de M. Godfrey.
On discute cette après-midi à un très haut niveau conceptuel. On parle de choses qui sont bonnes en soi, d'objectifs ou de l'arrimage des activités de chaque ministère, mais dans la vraie vie, concrètement, est-ce que vous pourriez m'expliquer davantage comment le système va fonctionner?
Vous recevrez des plans de développement durable de chacun des ministères. Toutefois, qu'est-ce qui arrive si les objectifs d'un ministère ne s'arriment pas avec les objectifs d'autres ministères ou peut-être même si ils se contredisent?
Iriez-vous voir votre ministre et celui-ci ira-t-il voir le ministre des Ressources naturelles pour lui dire que son plan de développement durable ne fonctionne pas parce qu'il ne s'harmonise pas avec celui de votre ministère ou celui du ministère des Pêches et des Océans?
Expliquez-moi comment ça fonctionne au jour le jour dans la vraie vie.
:
Merci beaucoup, monsieur le président.
[Traduction]
Merci beaucoup à nos deux témoins, monsieur Keenan et madame Weber, pour leur présence. J'ai trouvé que votre exposé était clair et limpide.
En toute franchise, je suis très enthousiaste au sujet de cette stratégie, tout simplement parce qu'elle représente un important pas en avant et j'estime qu'elle va dynamiser les efforts du gouvernement en matière d'environnement.
Vous avez dit au départ, monsieur Keenan, que l'ébauche de stratégie « représente le premier progrès important réalisé dans le domaine de la planification et de la présentation de rapports sur le développement durable depuis 1995 ».
Si je ne m'abuse, le système en place avait été établi par l'ancien gouvernement libéral en 1995. Presque instantanément, les critiques ont commencé à fuser et il est apparu que l'on n'atteignait pas les résultats escomptés.
Comment a réagi le gouvernement de l'époque? Eh bien, ce gouvernement n'a rien fait. Il n'a rien fait pendant 11 longues années.
En fait, en 2001...
Le président: M. Bigras invoque le Règlement.
:
Merci de votre question.
Le nouveau système ou celui que l'on propose et qui est décrit dans le document de consultation que vous avez devant vous représente un changement important. Il est tout à fait vrai que le commissaire à l'environnement et au développement durable a fait un certain nombre de commentaires sur les lacunes du système. Je crois que le message du contient l'une des meilleures citations. Il a dit que cela revenait à assembler un casse-tête sans avoir la boîte pour vous montrer à quoi l'image est supposée ressembler.
Je crois que le fait de privilégier l'approche pangouvernementale qui consiste à assembler tous les morceaux pour voir à quoi l'image est supposée ressembler est une innovation clé et un changement positif du point de vue de la gestion du développement durable.
Le deuxième point, qui est mentionné à quelques reprises je crois, est le fait que le développement durable est maintenant associé au système de gestion des dépenses. Je vais vous donner un exemple pour vous montrer pourquoi ce point est particulièrement important. Le gouvernement du Canada possède un programme très important en matière de qualité de l'air. À l'heure actuelle, 44 programmes sont offerts par neuf ministères, pour un total, je crois, d'environ 2,2 milliards de dollars par année, et ils ont tous pour but de promouvoir la qualité de l'air. Si vous étudiez les stratégies de développement durable, il est difficile d'avoir une idée de ce en quoi consistent ces programmes. Il s'agit de programmes très importants axés sur un objectif environnemental très important. En vertu de l'ancien système, vous ne pouviez vous faire une bonne idée de ce en quoi ils consistaient. Maintenant, dans le cadre du système de gestion des dépenses, le gouvernement du Canada a fait un résumé de ces programmes et de leurs réalisations dans le rapport sur le rendement du Canada, document clé du Conseil du Trésor qui décrit les résultats obtenus grâce aux 200 milliards de dollars et plus des contribuables que dépense le gouvernement fédéral.
Ce type d'information qui décrit les mesures que prend le gouvernement pour assurer la qualité de l'air et son incidence sur la qualité de l'air seraient au coeur d'une nouvelle stratégie de développement durable. Je la présenterais s'il s'agissait d'une stratégie contenant de l'information qui permettrait aux parlementaires et aux Canadiens de bien comprendre une question comme celle de la qualité de l'air et la situation, ce qui représenterait, de façon pratique et concrète, une amélioration appréciable.
:
Je présenterais deux choses.
Il existe un processus par lequel le ministère, en collaboration avec d'autres ministères comme Santé Canada, examine de grandes quantités d'évaluations. Je crois savoir qu'ils établissent leurs priorités en fonction de principes scientifiques. J'imagine que pour ce faire, ils doivent utiliser toutes les sources dont ils disposent. Je ne peux en parler en détail, simplement parce que je ne travaille pas à ce programme.
Ce que je dirais, c'est que les questions que vous me posez témoignent, si vous voulez, de la transparence qui ressort lorsque l'on décrit ce plan de gestion des produits chimiques. Et ensuite, le fait de présenter des rapports pangouvernementaux sur les progrès que nous réalisons pour réduire les risques que présentent, pour les Canadiens et l'environnement, les substances toxiques aiderait les parlementaires à rendre des comptes, je crois, par rapport à nos travaux et en nous donnant aussi une orientation en nous suggérant que nous avons oublié, par exemple, l'uranium. Je ne sais pas où se situe l'uranium sur la liste, mais c'est un exemple du type de commentaire susceptible de ressortir de ce genre de processus.
Merci, monsieur Keenan, de votre présence.
Je crois que bon nombre des questions des membres de l'opposition gravitent autour de la même chose, que cela semble une très bonne idée, mais nous sommes très inquiets de la mise en oeuvre, notamment parce que le gouvernement au pouvoir nous a montré qu'il est peu enclin à changer de comportements qui ont une incidence négative sur l'environnement.
Je crois qu'une chose préoccupante qui revient constamment est le fait que cela sera motivé par le ministère de l'Environnement plus qu'autre chose, et lorsque vous avez des conflits potentiels entre le ministère des Finances et ce qu'ils veulent faire, le seul fait de coordonner le projet dans le système de gestion des dépenses pourrait ne pas suffire à orienter les décisions politiques vers les politiques.
Quels sont les mécanismes que l'on intègre à cette proposition pour veiller à ce que divers ministères répondent aux types de cibles de développement durable dont nous parlons et qu'ils agissent en conformité avec elles?
:
Je crois que la réponse à cette question a deux dimensions.
L'une d'elle porte, je crois, sur le rôle d'Environnement Canada. Étant donné que cette loi vise à accroître la transparence de la prise de décisions sur l'environnement pour les parlementaires, je suis d'avis qu'il y a lieu pour Environnement Canada d'être responsable du dossier. Bien franchement, notre ministère est celui qui s'intéresse à cette question. Notre ministre en est responsable et l'appuie très fermement au gouvernement. Alors c'est nous qui avons intérêt à promouvoir la question. C'est moi qui rassemble mes collègues. C'est moi qui ai formé un partenariat avec le Conseil du Trésor pour que l'on tienne compte de la question dans le cadre du processus d'examen des prévisions budgétaires de façon à ce que du financement y soit associé.
Mais je crois que votre question plus fondamentale est de déterminer comment nous avançons dans ce dossier. La stratégie qui nous permet de réaliser des progrès est tout simplement la transparence. Il était difficile de dire où les choses... En vertu de l'ancien système, même après avoir lu 32 rapports, vous vous demandiez quand même ce qui est, dépensé et réalisé. C'était très difficile à dire. C'était pratiquement impossible dans bon nombre de secteurs.
En regroupant tout cela et en favorisant un système lié à toutes les décisions budgétaires par le processus d'examen des prévisions budgétaires au Parlement, l'information est regroupée, et les parlementaires et les Canadiens peuvent se faire une opinion facilement. Ils peuvent se faire une opinion sur ce que fait le gouvernement, ce qu'il réalise, et si oui ou non il rate les cibles qu'il a fixées, s'il s'en approche ou s'il s'en éloigne. Il peut également voir clairement les secteurs où ses buts sont bons, ceux où ses buts sont un peu faibles ou ceux où il lui en manque. Il y a déjà eu trois ou quatre commentaires autour de la table au sujet d'une cible manquante, qui doit être ajoutée.
:
Merci, monsieur le président.
Quelle belle expérience que celle de substitut au sein de ce comité.
Avant d'en venir à ma question, j'ai été intéressé d'entendre les commentaires d'en face quant aux inquiétudes au sujet de la mise en oeuvre. Je crois que la crédibilité vient en réalité de... et mon collègue venait tout juste d'en parler.
Je sais qu'il est possible qu'ils aient un peu de difficulté à comprendre la façon dont on fait les choses en respectant des délais, mais dans les 18 mois, nous avons réalisé la mise en oeuvre. Nous avons un rapport sur la durabilité. Ce qui le motive, encore une fois, est unique; je crois qu'en ce moment, c'est manifestement la transparence à venir.
Lorsque je l'ai lu et que j'ai tenté de comprendre les 32 groupes distincts, toute personne qui a le sens des affaires saurait qu'ils sont impossible à gérer. Il faut un système de gestion. Il faut de la coordination au sein d'un ministère et il faut aussi dégager un consensus ministériel et une approche dont on peut vraiment discuter et ensuite présenter un rapport. On appelle cela une vue d'ensemble pangouvernementale. Elle fait en sorte que les ministères et les organismes se rendent des comptes entre eux au lieu d'être simplement responsables d'eux-mêmes — c'est-à-dire mettre leurs cartes sur table et dire « Vous savez, c'est seulement votre point de vue. Les 31 autres ne sont pas d'accord avec vous ». Ce n'est pas l'approche que l'on doit privilégier.
Je crois qu'il y a lieu de féliciter les ministres qui ont pris l'initiative et le contrôle de quelque chose qui est resté en veilleuse pendant 13 ans ou peu importe. C'est clair qu'elle avait besoin d'être améliorée. Le mécanicien est passé, et nous avons maintenant un véhicule qui fonctionne beaucoup mieux en réalité. Cela ne veut pas dire qu'il soit parfait. Cela ne veut pas dire qu'il soit complet. Je crois que les Canadiens reconnaissent manifestement que des mesures draconiennes étaient nécessaires.
Nous avons maintenant une approche stratégique, ce qui, selon moi, est très important. Au départ, l'on fait allusion à l'inclusion aux efforts pour réduire l'empreinte écologique. Nous parlons ensuite de donner l'exemple par l'intermédiaire du gouvernement. Nous avons tous les autres aspects dans notre économie et à la grandeur du pays. Nous parlons de la façon dont nous allons le mesurer pour l'environnement.
En commençant par le gouvernement, pourriez-vous nous parler des progrès réalisés quant à l'écologisation des opérations? Y a-t-il quelque chose que vous pouvez nous dire quant à notre avancement puisque notre gouvernement veut être à l'avant-garde?
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Merci beaucoup, monsieur le président, pour la question.
Nous avons travaillé activement sur ce dossier. Depuis avril 2006, nous disposons d'une politique d'achats écologiques approuvée par le Conseil du Trésor. La mise en oeuvre de la politique a été jugée satisfaisante par le commissaire à l’environnement et au développement durable dans son rapport de mars 2008. À la suite de cette politique, nous avons préparé des offres à commandes écologiques à l'intention des ministères dans les secteurs choisis des dépenses publiques, notamment les véhicules, le carburant, le matériel informatique, le papier et le mobilier.
Le Conseil du Trésor compte également une directive sur le parc automobile, en vertu de laquelle tous les véhicules sont maintenant tenus d'avoir quatre cylindres, d'être hybrides ou de fonctionner avec du carburant de remplacement. Nous remplaçons graduellement notre parc automobile par des véhicules plus écologiques et à faible consommation d'énergie.
En ce qui concerne les nouveaux immeubles à bureaux, ils doivent respecter les exigences de rendement du niveau « Or » du programme LEED. Dans les rares cas où il s'agit d'une nouvelle construction, nous devons remplir ou dépasser un certain niveau sur le plan environnemental. Certains édifices fédéraux respectent les exigences du programme LEED en matière d'aménagement de l'environnement. D'ailleurs, un des édifices de Travaux publics et Services gouvernementaux Canada a été le premier édifice administratif à obtenir la cote « Or » du programme LEED au nord du 60e parallèle. Un édifice de Parcs Canada a été le premier à atteindre la cote « Platine » du LEED au Canada.
La stratégie nous donne l’occasion de réaliser plus de progrès dans ces domaines et d’assurer une uniformité à l'échelle du gouvernement du Canada.
Merci pour la question.
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Merci, monsieur le président.
Je tiens, bien entendu, à remercier les témoins de comparaître devant nous.
Je veux juste m'assurer d'avoir bien compris — et j'ai écouté les questions de M. Trudeau. L'intégration du développement durable dans le système de gestion des dépenses fait en sorte que le Cabinet assure la première vérification dans le système, plutôt qu'un fonctionnaire dans un ministère ou un autre, ou même des parlementaires. Le Cabinet devient ainsi le premier agent de vérification dans le système.
Je ne suis pas un premier ministre, ni n'ai-je l'intention de faire compagne pour le devenir, au cas où vous vous posiez la question. Mais si j'étais à la tête du Cabinet, je ne saurais pas dans les moindres détails ce qui se passe au sein d'un ministère donné par rapport au développement durable ou à tout autre engagement que le gouvernement pourrait avoir pris. La seule façon pour moi de le savoir serait si le Cabinet en discutait régulièrement, c'est-à-dire s'il y avait une surveillance continue des objectifs globaux du gouvernement, de son programme et de ses engagements à cet égard. La SDDF établit justement un tel système continu, dans lequel le premier ministre et son cabinet discutent continuellement de ces initiatives.
Est-ce une évaluation juste de la situation? Le Cabinet devient-il, pour ainsi dire, le premier point de contrôle dans le système?
Merci beaucoup. Je voulais tout simplement rétablir les faits.
J'ai une autre question à vous poser en ce qui concerne les paramètres d'écoefficacité que l'ancien gouvernement fédéral a élaborés pour le Canada. Ces paramètres représentent la principale contribution du Canada à l'OCDE, et je pense qu'ils sont désormais considérés comme un modèle à suivre par l'OCDE. Il s'agit de paramètres pour l'intensité de l'eau, l'intensité des matières premières et l'intensité énergétique. Ils ont été présentés au gouvernement en 2006. On était censé continuer le financement et les activités de recherche connexes, avec la collaboration de l'Institut canadien des comptables agréés, mais le financement a été retiré du budget de 2006 à la suite d'une réduction de 5,6 milliards de dollars dans les initiatives de lutte contre les changements climatiques.
J'aimerais connaître votre avis sur les paramètres d'écoefficacité. Vous dites avoir une grande équipe, monsieur Keenan. J'aimerais que vous nous disiez comment les paramètres d'écoefficacité suivis par l'OCDE vont être utilisés et appliqués ici, surtout pour ce qui est de l'intensité de l'eau, de l'intensité des matières premières et de l'intensité énergétique. Comment allons-nous appliquer ces paramètres aux opérations du gouvernement, particulièrement dans le cadre de l'écologisation des opérations du gouvernement, des achats écologiques et de tout le reste? Pouvez-vous nous aider à comprendre? Savez-vous où nous en sommes depuis 2006, quand ces paramètres ont été présentés au gouvernement?
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J'ai quelques questions brèves.
Monsieur Keenan, je suis en train de regarder l'autre document, le « Guide de l'écogouvernement », qui je crois est lié. Il n'est malheureusement pas paginé, mais le chapitre 2 porte sur « La planification et la prise de décision en vue du développement durable » et traite des instruments d'orientation.
Je suis perplexe. Je vous encouragerais à modifier le document, car il ne fait pas du tout référence aux stratégies et aux politiques d'application et de contrôle qui existent déjà dans les ministères. Je le souligne parce que les ministères n'ont pas largement accès à ces instruments. Ils sont déjà prescrits très clairement, et c'est tout à l'honneur du gouvernement, car cela a commencé lorsque la première LCPE a été présentée. C'est en fait le ministre Tom McMillan qui a présenté la première politique d'application, ce qui a provoqué l'adoption de politiques similaires partout au Canada. Je crois qu'il est très important de le mentionner.
L'autre chose que vous pourriez mentionner, c'est l'engagement du Canada en vertu de l'Accord nord-américain de coopération dans le domaine de l'environnement. Je crois que c'est l'article 5 de l'accord qui énonce que le Canada s'engage à assurer l'application efficace des lois et réglementations environnementales. Beaucoup d'accords ont été conclus en vertu de cette disposition. En fait, lorsque j'étais chef des affaires juridiques et de l'application, j'ai mené une discussion qui a débouché sur un accord sur la façon dont les trois gouvernements allaient évaluer l'application efficace et en rendre compte. Je crois savoir que le ministère a élaboré cela il y a presque 10 ans.
À mon avis, faire référence à ces documents et au bon travail déjà accompli par les ministères donnerait de la crédibilité au guide. Vous n'avez pas à répondre. Je ne fais que le signaler.
À la page 28 de votre ébauche de stratégie, « Protection de la nature », le point 5.1.1., « Capacité habilitante », me préoccupe un peu. Le MPO nous apprend qu'il développera 100 p. 100 des stratégies de rétablissement conformément aux exigences obligatoires d'ici 2012. En fait, dans bien des cas, cela veut dire qu'elles ne respectent pas la loi, car elles ne sont pas conformes aux exigences, donc il est quelque peu malencontreux de dire qu'elles seront conformes à cela plutôt qu'à la loi. En fait, et c'est fort étonnant, la LEP prescrit des échéances pour la présentation des stratégies, etc.
J'ai un autre point à soulever. Vous avez dit qu'en fait ce sera en... Je crois que le document est utile, parce qu'il souligne des aspects qui ne sont pas encore là, pour lesquels nous n'avons pas de cibles. L'une des choses que j'ai remarquées dans la partie portant sur l'eau, c'est qu'on ne fixe aucune cible pour les lacs et les rivières et qu'on n'en fait aucunement mention. On parle de la qualité, mais pas de la gestion, sauf dans le cas des Grands Lacs. J'aurais espéré... On mentionne vaguement certaines choses à faire vers la fin du document, mais on n'indique pas ce que le gouvernement fera en vertu de la Loi sur les ressources en eau du Canada, disons, dans les cas où il a beaucoup de pouvoirs en matière de gestion des eaux.
On ne mentionne pas non plus où le gouvernement pourrait mettre en oeuvre les programmes de surveillance sur place, dans des secteurs déterminés. Par exemple, nous avons examiné les répercussions qu'ont les sables bitumineux sur l'eau, et le comité émettra ses recommandations, mais j'attendais de la part du gouvernement qu'il dise qu'il ferait quelque chose — qu'il ferait quelque chose pour les rivières, les lacs, ou autre chose. Il ne semble pas y avoir d'autres cibles sauf en ce qui concerne les Grands Lacs.
Vous savez, il fut un temps où Environnement Canada avait un programme d'envergure qui s'appelait... Quelqu'un se rappelle-t-il de son nom? Il a été aboli. Le gouvernement subit une pression croissante, en particulier sur la question des eaux transfrontalières ou sur les questions pour lesquelles des obligations internationales entrent en jeu. Que fait le gouvernement? Il ne s'agit pas toujours d'Environnement Canada. Parfois, c'est le MPO, et ainsi de suite. J'ai été quelque peu étonnée de ne rien voir à ce sujet, surtout en vue de l'étude que notre comité fait.
J'ai terminé.
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Merci, monsieur le président.
M. McGuinty a raison de dire que c'est un gouvernement libéral précédent qui a créé le poste de commissaire à l'environnement. J'ai eu la possibilité d'examiner des rapports que la commissaire avait fournis au Parlement là-dessus. En 1998, elle a dit:
le gouvernement fédéral ne remplit pas ses engagements.
En 1999, elle a dit qu'il y avait:
des preuves supplémentaires de l'écart entre les intentions du gouvernement fédéral et les mesures qu'il prend sur la scène nationale.
En 2000, elle a dit que le gouvernement:
continue d'éprouver de la difficulté à passer de la parole aux actes.
En 2001, elle a dit:
Le maintien de la tendance à la hausse des émissions produites par le Canada démontre que le gouvernement n'a pas traduit ses promesses en résultats.
En 2002, elle a dit que:
le déficit du développement durable continue de s'accentuer.
En 2003, elle a dit:
Mon examen m'a fait constater qu'il existe un écart entre les engagements pris et les résultats obtenus.
Les bonnes intentions ne suffisent pas.
En 2004, elle a dit: Pourquoi les progrès tardent-ils tant? Je suis donc forcée de conclure qu'il y a un manque de leadership, un manque de priorités et un manque de volonté.
En 2005, elle a dit: Au chapitre de la protection de l'environnement, le gouvernement fait d'audacieuses promesses, puis les oublie souvent aussitôt que le coup d'envoi est donné.
Monsieur le président, le chef actuel a dit:
Je pense que notre parti s'est embourbé dans le dossier de l'environnement.
Je suppose que la question importante à se poser est la suivante: pourquoi M. Godfrey n'a-t-il pas pu faire adopter sa loi sur le développement durable par un gouvernement libéral précédent? Monsieur le président, c'est parce que notre gouvernement agit.
Merci beaucoup.