:
Je déclare ouverte la séance n
o 37 du Comité permanent des ressources humaines, du développement des compétences, du développement social et de la condition des personnes handicapées.
Avant de présenter les témoins, je demanderais aux membres du comité de jeter un coup d'oeil au budget qu'ils ont devant eux. Nous avons besoin d'une motion proposant d'adopter le budget.
Est-ce que quelqu'un peut présenter une motion?
Mme Folco propose l'adoption. Merci.
(La motion est adoptée. [Voir le Procès-verbal])
La présidente: Nous avons le plaisir d'accueillir aujourd'hui des témoins qui contribueront à notre étude sur l'adoption: les mesures de soutien que le gouvernement fédéral a mises en place ou qu'il devra peut-être mettre en place pour les parents adoptifs.
Nous accueillons aujourd'hui une représentante de l'Adoption Council of Ontario, Pat Convery, directrice générale. Nous accueillons aussi un représentant du Bureau de l'ombudsman du Nouveau-Brunswick, défense des droits des enfants et de la jeunesse, et François Levert, enquêteur principal et avocat.
À titre d'information aux membres du comité, comme nous devons nous occuper de certains travaux à la fin de la deuxième heure, je vais raccourcir la première heure un peu, pour que nous puissions accorder le même temps à tous les témoins. Nous accueillons trois témoins pour la deuxième heure. La première heure se terminera probablement 20 ou 25 minutes à l'avance.
Encore une fois, merci beaucoup d'être venus. Vous avez chacun environ sept minutes. Ensuite, après vos exposés, nous passerons aux questions.
Nous allons commencer tout de suite par l'exposé de M. Levert, s'il vous plaît.
:
Merci beaucoup, madame la présidente.
[Français]
Madame la présidente, monsieur le vice-président,
[Traduction]
Mesdames et messieurs, bonjour.
Permettez-moi de vous transmettre tout d'abord les cordiales salutations de l'ombudsman et protecteur des enfants et de la jeunesse du Nouveau-Brunswick, M. Bernard Richard, qui n'a pas pu se rendre dans la capitale nationale aujourd'hui. Je suis heureux d'avoir l'occasion, en ma qualité d'enquêteur principal et délégué, de vous donner un aperçu de notre travail et de nos conclusions au chapitre de la défense des droits dans le domaine de l'adoption au Nouveau-Brunswick.
Je suis spécialiste du domaine des enfants et des jeunes qui ont des démêlés avec le système de justice pénale. Comme j'assure une liaison entre le bureau et les services communautaires et correctionnels provinciaux, j'interagis souvent avec des jeunes qui font l'objet d'une ordonnance de mise sous garde ou de probation et dont la vie est ponctuée de vaines tentatives de nouer des relations fructueuses dans un contexte familial.
[Français]
Dans ce contexte, mon rôle de défenseur des enfants et de la jeunesse est, par l'entremise de recommandations, de veiller à ce que l'application des politiques, lois et règlements pertinents soit respectueuse des droits de l'enfant et qu'elle soit guidée en fonction de son intérêt supérieur.
[Traduction]
Le système d'adoption du Nouveau-Brunswick relève du ministère du Développement social. L'adoption est régie par la Loi sur les services à la famille, et, selon les statistiques du ministère, les taux d'adoption de jeunes enfants et d'adoption privée sont constants.
Au cours des dernières années, l'adoption internationale a suscité un intérêt particulier. Toutefois, les statistiques du ministère révèlent une tendance plus troublante qui donne lieu de plus en plus à des situations où notre bureau est appelé à intervenir. Le nombre d'adoptions de jeunes ayant des besoins spéciaux croît lentement, mais sûrement. Ces jeunes sont aux prises avec une déficience — intellectuelle, physique, émotionnelle ou comportementale — qui restreint leur capacité de participer aux activités quotidiennes à la maison, à l'école et dans la collectivité.
En 2009-2010, par exemple, le nombre de familles touchant une subvention pour un enfant adoptif ayant des besoins spéciaux a fait un bond de 9 p. 100 par rapport à l'année précédente. Le nombre de jeunes ayant des besoins spéciaux qui sont placés ou adoptés est également en hausse; de 730 l'année dernière, il est passé à 806. Il faut noter que ces jeunes sont placés en adoption, mais pas nécessairement adoptés.
[Français]
Cette réalité soulève deux inquiétudes principales. D'une part, la disponibilité des options d'adoption et, d'autre part, en raison de la conjoncture économique actuelle et des réalités budgétaires qui l'accompagnent, la disponibilité des ressources visant à subvenir aux besoins de ces jeunes personnes ainsi qu'à leur famille sont précaires.
[Traduction]
Phénomène déconcertant, la croissance du nombre de centres résidentiels pour enfants est stagnante, mais le nombre de familles d'accueil est en baisse. En l'absence de toute indication du nombre de parents adoptifs potentiels pour les jeunes ayant des besoins spéciaux, il y a d'autant plus matière à être préoccupés.
Notre bureau est souvent appelé à défendre les droits de ces jeunes personnes, qui se trouvent tant bien que mal un endroit où vivre — ils squattent les divans d'amis ou ils vivent tout simplement dans des refuges ou dans la rue. Ces jeunes sont de plus en plus nombreux à se tourner vers des activités illicites pour subvenir à leurs besoins et aboutissent dans le système de justice pénale pour les jeunes. Malheureusement, certains vont jusqu'à me dire qu'ils apprécient être détenus en milieu fermé, du fait que ce contexte leur donne accès à trois repas par jour, à un abri, à une éducation et à des activités qui ne leur seraient pas offertes autrement.
Les enfants ayant des besoins extrêmement complexes, ceux dont le traitement ne peut pas être entièrement pris en charge par les ministères provinciaux, se prennent parfois dans ce cercle vicieux. Malheureusement, il arrive parfois que des parents doivent céder temporairement la garde de leur enfant à la province pour que celui-ci puisse accéder au traitement. Cette situation entraîne aussi l'échec des tentatives d'adoption, lequel a des conséquences sur la jeune personne, la famille et l'ensemble de la société.
Les autres options, comme les foyers de groupe, comportent aussi des limites et ne favorisent pas nécessairement un traitement et des services efficaces, durables et continus.
[Français]
Face à ces défis, la volonté de respecter le partage des pouvoirs est louable, mais comment se mesure-t-elle à l'expérience traumatisante que vit l'enfant qui, pour des raisons qui sont indépendantes de sa volonté, se voit refuser la possibilité d'être adopté, faute de services spécialisés ou encore en raison du fardeau financier associé aux traitements cliniques?
[Traduction]
Pour conclure, je ferais respectueusement valoir que l'évaluation des mesures de soutien du gouvernement fédéral à l'intention des parents et enfants adoptifs devrait tenir compte des retombées positives à court terme et à long terme d'une stratégie nationale. Une telle initiative suppose tout d'abord un effort concerté des acteurs provinciaux, territoriaux et fédéraux pour élaborer et mettre en oeuvre un programme de soutien clinique à l'adoption à l'intention des familles, des enfants et des jeunes qui en ont besoin; ensuite, il faut mener un processus de consultation auprès des intervenants, des familles et des jeunes personnes, car ils sont susceptibles d'aider à cerner les besoins et à définir les mesures requises pour surmonter les obstacles que présente le système actuel; enfin, il faut revoir ou établir des transferts ciblés qui permettront d'accroître le soutien offert aux parents adoptifs existants ou potentiels qui ont du mal à composer avec les difficultés et les coûts qui se rattachent aux besoins de leur enfant.
Le bien-être des enfants et des jeunes devrait être la pierre angulaire du dialogue et des efforts concertés à tous les échelons. Une telle démarche serait conforme à nos obligations aux termes de la Convention relative aux droits de l'enfant. Dans cet esprit, à l'échelle provinciale, les défenseurs des droits des enfants et des jeunes du Nouveau-Brunswick, en partenariat avec des homologues provinciaux et territoriaux, réclament l'établissement d'un commissaire fédéral aux droits de l'enfance.
Peut-être que les travaux du comité entraîneront des conclusions et des recommandations à l'appui de la position des défenseurs provinciaux et territoriaux des enfants et des jeunes.
[Français]
L'adoption est un cheminement qui permet tant à l'enfant qu'à l'adulte de s'épanouir, mais l'expérience doit être maintenue et doit tenir compte des besoins potentiels à long terme. Ces derniers peuvent émerger plus tard dans la vie de l'enfant, de façon subtile mais néanmoins avec un impact dévastateur.
[Traduction]
On ne peut pas forcer les gens à adopter, mais, lorsque l'incertitude mine la volonté ou la capacité de parents adoptifs potentiels d'offrir une situation stable, sûre et réconfortante à un enfant qui en a besoin, je crois que cela envoie un message puissant.
[Français]
Merci, mesdames et messieurs.
[Traduction]
Merci de m'avoir donné l'occasion de témoigner devant vous ce matin.
:
Bon. La barre est haute.
La présidente: C'est très rare que quelqu'un respecte aussi bien les contraintes de temps, alors ne vous en mettez pas trop sur les épaules. Nous vous avertirons.
Mme Pat Convery: D'accord, allons-y. Partons le chronomètre.
Je remercie beaucoup le comité de m'avoir invitée à présenter un exposé sur cette question importante. Je m'appelle Pat Convery et je suis directrice générale de l'Adoption Council of Ontario.
L'ACO est un organisme sans but lucratif établi en Ontario en 1987. Actuellement, l'ACO est guidée par sa vision de réunir les différentes voix de l'adoption en Ontario. Pour ce faire, nous offrons de l'information, de l'éducation et du soutien à toutes les personnes touchées par l'adoption en Ontario. L'ACO gère aussi le programme AdoptOntario, base de données provinciale financée par le ministère qui vise à établir des relations entre des famille ontariennes et des enfants pris en charge par la Société de l'aide à l'enfance pour qui on est en train de créer un plan d'adoption.
Nos sites Internet présentent de plus amples renseignements au sujet de tous nos programmes, et j'ai inscrit les adresses dans le document.
J'ai aussi apporté au du comité deux documents qui, à mon avis, vous seront utiles au moment de la planification de la présentation de vos recommandations. Je suis désolée d'avoir causé un peu de confusion avec l'histoire de la traduction et du nombre de copies.
Le premier est intitulé Grow Your Love, et j'en ai apporté plusieurs exemplaires. Il s'agit d'un livret qui contient l'histoire de plusieurs familles en Ontario qui ont adopté un enfant par voie privée, à l'étranger ou par l'intermédiaire de la Société de l'aide à l'enfance. Ce livret s'inscrit dans notre campagne de sensibilisation à l'adoption pour 2010. Nous avons demandé aux familles de raconter leur histoire, mais aussi de souligner ce que pourrait faire le gouvernement pour mieux aider les familles qui se lancent dans une telle aventure. Au moins quatre de ces familles sont venues témoigner devant le comité, alors, j'ai cru que cela pourrait vous donner de plus amples renseignement susceptibles de vous aider.
Nous avons également créé un site Internet pour le mois de la sensibilisation à l'adoption, dont l'adresse est le www.actiononadoption.ca. Il contient une foule de renseignements au sujet de la défense des droits et de ce que les familles ontariennes estiment important pour les gouvernements fédéral et provinciaux.
L'autre document que j'ai apporté est disponible dans les deux langues sur le site Internet du gouvernement ontarien. Il s'intitule Faire croître l'espoir. En 2008, le premier ministre Dalton McGuinty a constitué un comité d'experts chargé de mener une étude et de formuler des recommandations sur la façon dont le gouvernement pourrait aider les familles ontariennes qui sont aux prises avec des problèmes infertilité et qui amorcent un processus d'adoption. Le comité était présidé par David Johnston, maintenant gouverneur général du Canada.
Le processus du comité était très rigoureux. Il a formulé des recommandations exhaustives, mais pas coûteuses. J'estime que ces recommandations s'appliquent à toutes les provinces canadiennes et que le comité devrait les examiner sous l'optique des politiques et des mesures fédérales. J'ai apporté des copies du résumé aujourd'hui, mais le rapport intégral est accessible sur le site du gouvernement, et j'ai fourni le lien. Le comité d'experts avait espéré venir témoigner, mais il n'a pas pu le faire aujourd'hui ni au moment où il a été invité, à cause de conflits d'horaire.
Les pratiques canadiennes en matière d'adoption sont principalement dictées par les lois et les politiques provinciales. Le processus est essentiellement administré par l'intermédiaire d'un système de bien-être à l'enfance provincial. J'estime que, pour les étapes initiales, ce système est assez efficace. Les autorités régionales responsables de l'exécution de processus visant à prévenir le mauvais traitement ou la négligence d'enfants et à protéger les enfants dans leur collectivité profitent d'un appui à l'échelle provinciale. Les bureaux de protection de l'enfance ont été en mesure d'élaborer des programmes qui répondent bien aux besoins de la collectivité et qui cadrent bien avec les services de police, les systèmes d'éducation et de santé mentale et l'organisation judiciaire, aussi chapeautés par les autorités provinciales.
Toutefois, lorsqu'un enfant ne peut pas retourner dans sa famille biologique et est placé sous la tutelle permanente du gouvernement, la priorité en matière de planification doit changer. Les soins de l'enfant relèvent toujours de la province, mais le gouvernement fédéral doit être responsable de s'assurer que les activités de planification du cas relatives à ces enfants et ces jeunes mèneront à la stabilité d'une famille engagée pour la vie.
Les limites régionales et géographiques de notre système provincial sont devenues des obstacles entre l'enfant et la stabilité permanente d'une famille. Des dizaines de milliers d'enfants sont pupilles de la Couronne. À l'échelle du Canada, la proportion de ces enfants qui sont adoptés est relativement faible. Ce sont les jeunes les plus vulnérables dans notre société.
Je sais que le comité a déjà entendu des témoignages mettant en lumière les préoccupations qui découlent des résultats touchant les jeunes qui « sortent du système » à l'âge de 18 ou de 19 ans. Il est facile de prévoir que les conséquences pour un groupe de jeunes — qui ont déjà subi d'importants traumatismes — d'être précipité dans la vie adulte de façon prématurée et sans soutien seront négatives. Le placement en foyer est une solution provisoire, alors que ces enfants ont besoin de la stabilité permanente d'une famille qui prend un engagement officiel.
Je vais présenter quatre recommandations relatives au soutien du système qui, selon moi, devraient être examinées par le gouvernement fédéral et le comité. Les deux premières recommandations touchent principalement le soutien aux familles.
Premièrement, il faut créer un protocole d'adoption interprovinciale. Encore une fois, je sais que le comité a entendu de l'information à ce sujet. Nous devons considérer tous les enfants dans des foyers d'accueil canadiens qui ne peuvent pas retourner dans leur famille biologique comme étant des enfants du pays. Nous devons voir toutes les familles canadiennes qui manifestent un intérêt pour l'adoption comme étant des ressources potentielles permettant de procurer à nos enfants le milieu stable dont ils ont besoin pour la vie.
À l'heure actuelle, à cause de notre système provincial de bien-être de l'enfance, les familles se heurtent à des obstacles lorsqu'elles veulent adopter dans une autre province ou même dans leur propre province, dans certains cas. Chaque province a mis en place un modèle approfondi d'évaluation et de formation des familles adoptives, mais la province n'est pas toujours disposée à reconnaître une famille comme étant prête à l'adoption ou approuvée à cette fin lorsqu'elle déménage dans une autre province. La famille apprend souvent qu'elle doit recommencer le long processus de sélection. Il existe peu de mécanismes visant le partage des ressources familiales d'une province à l'autre, à l'exception du programme Les enfants du Canada en attente, dont la portée est limitée. Les familles s'aperçoivent souvent que l'adoption internationale est plus facile que l'adoption dans leur propre pays.
Deuxièmement, il faut financer des mesures d'incitation à l'intention des familles adoptives. Encore une fois, je sais que le comité a entendu beaucoup d'information à ce sujet, mais j'aimerais tout simplement aborder cette question brièvement.
La première mesure touche la modification du régime d'assurance-emploi. Notre régime d'assurance-emploi actuel est discriminatoire contre les familles adoptives. Je sais que vous avez déjà entendu cela. J'espère que c'est quelque chose qui sera changé à la lumière de l'information dont nous disposons, qui donne à penser que, compte tenu de l'abondante littérature, recherche et expérience relatives à l'attachement, à l'art d'être parent d'un enfant ayant des besoins spéciaux et à l'adaptation d'un enfant à un nouvel environnement, il ne fait aucun doute que les familles adoptives ont besoin d'autant de temps, voire plus, pour aider un enfant non biologique à faire la transition dans leur famille.
Deuxièmement, le gouvernement fédéral raterait une autre occasion d'offrir une mesure incitative positive s'il ne consentait pas certains avantages fiscaux liés aux dépenses d'adoption. Actuellement, les familles qui engagent des dépenses aux fins de l'adoption peuvent réclamer une déduction sur leur déclaration de revenus pour l'année où l'enfant a été adopté. Nous pourrons revenir à ce point.
Mes deux autres recommandations... Il y a d'abord la création d'une banque de données fédérale. On sait peu de choses au sujet des enfants et des jeunes qui sont sous tutelle. Le Canada n'a pas bien recueilli ces données. Cette lacune présente un obstacle immense à la planification et à l'attribution de financement convenable aux programmes de garde permanente. Nous devons pouvoir identifier ces enfants, et je crois que la technologie est en place pour nous aider à les suivre. Le programme AdoptOntario, par exemple, s'appuie sur une banque de données de pointe qui permettra le suivi des enfants et des jeunes en Ontario lorsqu'elle sera exploitée à plein régime. Je crois qu'il serait intéressant d'envisager une telle chose à l'échelon fédéral.
Enfin... mon temps est écoulé? D'accord. Désolée.
:
Bien sûr, nous sommes les intervenants. Lorsqu'il y a des problèmes, c'est vers nous que se tournent les familles ou les jeunes eux-mêmes.
Le ministère est certainement disposé à nous aider le plus possible, notamment en subventionnant les adoptions. Le problème survient lorsque les besoins deviennent si complexes que l'expertise n'est tout simplement pas en place dans la province. Malheureusement, nous devons alors envoyer des enfants à l'extérieur de la province, voire à l'étranger, notamment dans le Maine, au Centre de traitement Spurwink.
Cela coûte très cher à la province, d'un point de vue financier. Évidemment, c'est aussi cher pour la famille, sur le plan émotionnel et même lorsqu'il s'agit de faire la navette. Nous parlons d'un coût approximatif de 500 000 $ par enfant que la province doit assumer.
Au Nouveau-Brunswick, on prévoit une consultation relative à ce que nous appelons un centre d'excellence, et j'aurai peut-être le temps d'approfondir dans le cadre d'une autre question. Nous cherchons des moyens de garder les enfants ayant des besoins spéciaux dans leur collectivité et dans leur famille, autant que possible, tout en réduisant les coûts. Je crois que tout le monde sait que le milieu familial favorise la réhabilitation et un traitement fructueux.
Le Conseil canadien des organismes provinciaux et territoriaux de défense des droits des enfants et des jeunes milite en faveur de la création d'une telle fonction. Si vous suivez un peu ce qui se passe à l'échelle internationale, la France, par exemple — que nous avons étudiée au moment de déterminer en quoi pourrait consister cette fonction —, a son propre commissaire à la protection des enfants et des jeunes. Le titulaire s'attaquerait probablement à des dossiers de portée nationale qui relèvent de la compétence fédérale, des dossiers comme le renouvellement du système de justice pour les jeunes.
Nous savons que le projet de loi a été déposé à la Chambre. Peut-être que les défenseurs provinciaux des droits des enfants et des jeunes pourraient — si vous me permettez d'utiliser cette exemple — donner leur opinion à titre de responsable ou de gestionnaire du système de justice dans leur province ou leur territoire. Toutefois, l'esprit de la loi et le fonctionnement de l'appareil judiciaire sont les mêmes d'un océan à l'autre.
Ainsi, un commissaire fédéral serait certainement utile lorsqu'il s'agit de se pencher sur certains dossiers qui ont une portée à l'échelle du pays. Ce qui arriverait, plus précisément — certainement dans des dossiers comme celui-ci —, c'est que cette personne ferait valoir les droits et les intérêts de tous les enfants du pays. Les autres dossiers peuvent toucher toute question connexe qui s'inscrit dans les préoccupations relatives à la santé qui relèvent du gouvernement fédéral ou toute relation avec un autre pays au chapitre de l'adoption, entre autres.
À mon avis, la Convention relative aux droits de l'enfant — si vous me permettez d'invoquer cet instrument particulier — a une incidence générale sur un certain nombre de programmes offerts dans le cadre de notre filet de sécurité sociale. En notre qualité de défenseurs provinciaux, nos pouvoirs sont limités. Par exemple, nous n'avons pas aucune compétence touchant les juges, les avocats, les affaires privées, les représentants juridiques ou les experts médicaux. La fonction du commissaire se limiterait probablement au pouvoir de formuler des recommandations, tout comme nous: il orienterait et aiderait le gouvernement fédéral en vue de créer une politique publique ou de l'améliorer.
Voilà un des principaux rôles que nous jouons dans la province. J'ai fait quelques remarques à cet égard, au sujet de notre travail de collaboration avec les ministères provinciaux en vue d'améliorer leur système, de notre créativité et de notre réflexion sort des sentiers battus, si vous me passez l'expression, dans l'intention de mettre sur pied une politique publique.
:
Certainement. C'est l'expérience de beaucoup de familles, et on peut l'expliquer en partie par le fait que nous semblons avoir des lignes directrices et des protocoles régissant l'adoption à l'étranger. Nous avons même plus de lois qui régissent cette démarche.
Alors, quant à l'adoption interprovinciale, selon mon expérience — et j'ai travaillé dans trois provinces au Canada —, chaque province dispose d'un excellent modèle d'évaluation, et la plupart d'entre elles ont un très bon modèle de formation. Mais, si on passe d'une province à une autre... Encore une fois, le gouvernement fédéral doit non seulement créer un protocole, il doit aussi mettre sur pied des lignes directrices connexes.
Alors, lorsque des familles — c'est certainement quelque chose qu'on observe chez les familles militaires — qui sont vraiment désavantagées sur le plan de... J'ai reçu un appel l'autre jour d'une famille qui sera dans une base militaire, ici en Ontario, pour encore six mois. Devrait-elle entreprendre ses démarches ici ou devrait-elle attendre de déménager? Et on parle d'une famille qui a un bon potentiel pour accueillir un enfant en foyer d'accueil. C'est pourquoi ces gens veulent adopter. Et on leur fait perdre une année de leur vie, alors qu'il semble qu'on devrait pouvoir s'adapter à cette situation.
Alors, lorsqu'il y a un enfant dans une province et que la meilleure solution pourrait même être un membre de la famille dans une autre province, nous ne pouvons pas facilement appuyer la transition. Et lorsqu'une famille déménage dans une autre province et a entrepris ce processus, si le gouvernement fédéral pouvait établir des protocoles entre les provinces, nous aurions beaucoup plus de ressources pour aider les enfants sous tutelle.
:
Merci, madame la présidente.
La plupart de mes questions s'adressent à Pat, et elles concernent les demandes de remboursement des frais d'adoption. En particulier, si j'ai bien compris, en ce qui concerne l'adoption nationale, l'allocation de 10 909 $, au chapitre de la déduction... C'est moins que cela, beaucoup moins que cela, pour l'adoption nationale. Ce peut être beaucoup plus pour l'adoption internationale. C'est ce que j'ai compris. Mais c'est moins que 10 909 $, ce que les gens réclament dans le cas d'une adoption d'enfants canadiens.
Je me demandais si, de fait, vous aviez prévu permettre à des gens, après l'adoption... en cas de besoins spéciaux, par exemple le syndrome d'alcoolisation foetale, les troubles d'attachement, ce genre de choses, ou s'ils ont dû voyager, ce qui entraîne des frais, par exemple pour aller dans une autre province, comme certains des témoins l'ont expliqué, est-ce que nous pourrions évaluer sérieusement cette situation, au moins jusqu'à ce montant de 10 909 $? Ou peut-être voulons-nous en faire un dossier distinct? On pourrait bricoler un peu et adapter le règlement connexe. Est-ce que c'est faisable?
:
Je vais me permettre de répondre en premier, avant d'oublier ce que j'allais dire.
On parle souvent d'incitations sur le plan financier, pour permettre de pourvoir aux besoins de l'enfant ou de la famille, ou des deux.
Dans le cadre de nos consultations récentes auprès, justement, de familles de parents adoptifs, l'un des éléments qui est ressorti et qui ne relève pas d'une loi de nature financière est le besoin d'un soutien pratique en ce qui concerne les programmes offerts. Cela se traduit-il par une réduction ou un crédit d'impôt? Peut-être.
Toutefois, dans la mesure où l'argent ou les fonds sont remis de façon indirecte par la création de systèmes de soutien, qu'ils soient cliniques ou autres, je crois que les parents de jeunes, notamment ceux avec des besoins spéciaux, reconnaissent beaucoup de valeur à ces programmes qui leur permettent, justement, de profiter de certains avantages.
C'est un investissement à long terme également, contrairement à un crédit accordé annuellement. Je dis cela sans minimiser l'importance du crédit d'impôt. De tels programmes seraient les bienvenus, dans la mesure où l'on peut garder l'enfant dans un environnement familial, tout en profitant d'un système qu'on appelle, en anglais, un social safety net.
Pour la deuxième heure de nos travaux — qui prendront fin à 9 h 30, car nous devons nous occuper des affaires du comité — nous aurons le plaisir d'entendre, par vidéoconférence, Susan Smith, directrice des programmes et projet, du Evan B. Donaldson Adoption Institute.
Nous aurons également le grand plaisir d'accueillir Cindy Xavier. Bienvenue. Cindy représente le Adoption Support Centre of Saskatchewan.
Nous accueillons également des représentants du Nouveau-Brunswick, et nous sommes heureux de vous avoir ici. Ils représentent la New Brunswick Adoption Foundation. Nous accueillons Suzanne Kingston, directrice générale, et Bernard Paulin, membre du conseil.
Mesdames et messieurs, chaque groupe disposera d'environ sept minutes pour présenter son exposé.
Vous m'entendez bien, madame Smith?
:
Bonjour, madame la présidente, bonjour messieurs et mesdames les membres du comité.
Je crois que, en ce qui concerne l'aide aux parents, nous avons tous la même philosophie. Essentiellement, lorsque les parents profitent d'un soutien adéquat, les enfants ont de meilleures chances de réussir dans le milieu qui est le leur. Peu importe que l'enfant grandisse dans sa famille de naissance ou dans sa famille adoptive, ou qu'il soit en foyer d'accueil, les parents et les tuteurs de cet enfant ont tous besoin de ressources et d'outils afin de répondre aux besoins de l'enfant.
Aujourd'hui, nous avons mis de l'avant trois secteurs importants dans lesquels, à notre avis, le gouvernement fédéral doit jouer un rôle afin d'aider les parents adoptifs et, par ricochet, les enfants que ces familles accueilleront.
Premièrement, nous demandons à votre comité de présenter une recommandation visant à modifier la Loi sur l'assurance-emploi et le Code canadien du travail de manière à donner aux parents adoptifs les mêmes avantages que les parents naturels ou biologiques. Nous ne demandons pas que les parents adoptifs puissent être admissibles au programme des prestations de maternité de 15 semaines, comme dans Schafer c. Canada et Tomasson c. Canada. Nous ne demandons pas non plus une prolongation de 15 semaines du programme des congés parentaux. Ce que nous demandons, c'est que le gouvernement fédéral reconnaisse que les parents adoptifs ont des besoins tout aussi réels et importants que les parents biologiques. Nous demandons à votre comité de recommander la création d'un programme de congés d'adoption qui permettra de verser des prestations à la personne principalement responsable de donner des soins à l'enfant que la famille vient d'adopter.
Nous estimons que les lois actuelles sur l'emploi exercent une discrimination contre les parents adoptifs. Ces derniers doivent relever de nombreux défis pour arriver à construire une famille. Ces défis peuvent avoir des répercussions mentales, physiques et émotionnelles importantes sur les parents adoptifs. Toutefois, le grand public les comprend habituellement très mal. La dépression qui survient après une adoption est bien documentée, mais on n'en parle pas beaucoup, tout comme on passait sous silence, dans le passé, la dépression post-partum. Les parents adoptifs doivent relever de nombreux défis pour répondre aux besoins médicaux, émotionnels et psychologiques des enfants qui, au moment de l'adoption, ont souvent vécu des expériences gravement préjudiciables. Vous pouvez lire le témoignage de quelques-uns de ces parents dans les documents d'information que nous vous avons distribués.
Nous voulons que les familles réussissent, et nous voulons réduire au minimum les arrêts de procédure qui représentent un traumatisme supplémentaire pour les enfants et les familles. Nous croyons qu'un congé d'adoption assorti de prestations donnerait aux parents adoptifs davantage de chances de réussir à bien jouer leur rôle.
Deuxièmement, nous demandons à votre comité de revoir les lois et les processus d'information actuels qui ont trait à Citoyenneté et Immigration et aux familles adoptives. Nous demandons que l'on modifie le projet de loi afin de permettre aux citoyens canadiens qui sont nés à l'étranger et qui ont été adoptés de transmettre leur citoyenneté canadienne à leurs enfants. C'est un droit que peuvent
librement exercer tous les autres citoyens canadiens qui ont des enfants et qui peuvent ainsi passer leur citoyenneté canadienne à leurs enfants biologiques.
Nous demandons donc également à votre comité de recommander l'examen des processus actuels d'information et de traitement de Citoyenneté et Immigration Canada. Le site Web de ce ministère est confus. On n'y trouve aucune information à l'intention des parents adoptifs qui veulent s'informer sur la situation des pays où ils pourraient trouver des enfants à adopter. Il est difficile d'obtenir des informations uniformes et concises quand on s'adresse au centre d'appels. Et c'est encore pire dans le cas des parents adoptifs dont la langue maternelle est différente et pour qui le français ou l'anglais est une nouvelle langue.
Troisièmement, mais c'est peut-être le point le plus important, nous prions instamment votre comité de recommander au gouvernement fédéral d'élever le niveau des services offerts aux enfants placés en obligeant les provinces à consulter les enfants qui sont sous leur responsabilité lorsque d'autres options de famille de substitution, par exemple l'adoption, sont envisagées. Toutes les provinces du Canada connaissent une crise au chapitre du bien-être des enfants. Partout au pays, la surpopulation dans les maisons d'hébergement est la question prioritaire, dans les rapports, les examens et les documents de discussion. En 2008, le protecteur des enfants de la Saskatchewan a publié sous la direction de Marv Bernstein un rapport qui mettait en lumière bon nombre des enjeux critiques de la situation des enfants placés par le système de la province. Depuis cette date, nous avons enregistré un certain nombre de décès chez les enfants placés en foyer, en Saskatchewan. Les enfants qui ne peuvent retourner dans leur famille biologique ou dans leur collectivité restent beaucoup plus longtemps en foyer nourricier qu'ils ne le souhaiteraient. Plus les enfants restent placés longtemps avant de trouver une famille adoptive, moins ils auront de chances de réussite, et plus une interruption des procédures d'adoption est fréquente.
Les enfants ont le droit de se faire entendre. Ils ont leur mot à dire et devraient pouvoir exprimer ce qu'ils veulent lorsqu'il ne leur est pas possible de retourner dans leur famille biologique ou au sein de leur collectivité. Les enfants ont le droit d'accéder rapidement à une certaine stabilité, lorsque aucune autre option ne leur est offerte.
Merci de m'avoir écoutée.
Bonjour, madame la présidente. Nous serons deux à faire la présentation, donc je serai assez bref.
Je vais remonter à l'année 2001, lorsque j'étais au ministère. À présent, je suis un bénévole. En 2001, on avait 1 200 enfants sous nos soins, dont 800 étaient légalement disponibles pour adoption. Il y avait une période de huit ans d'attente pour les parents adoptifs qui voulaient des enfants en bas âge. Le nombre continuait à augmenter. L'idée est venue d'établir la Fondation du Nouveau-Brunswick pour l'adoption.
[Traduction]
La New Brunswick Adoption Foundation a été créée en 2002 dans le but de mieux sensibiliser le public. Le sénateur Erminie Cohen a accepté de présider la fondation. Elle est devenue la meilleure des défenseurs des droits des enfants placés en foyer qui attendent une famille adoptive. Elle a dirigé une vaste campagne de sensibilisation du public.
Depuis la création de notre fondation, le taux d'adoption a augmenté de 400 p. 100, au Nouveau-Brunswick. Avant 2002, on comptait environ 25 adoptions en moyenne, dans la province. Aujourd'hui, plus de 800 enfants sont placés dans des familles adoptives.
Je dois dire que, lorsque j'étais sous-ministre du Développement social, le personnel politique était assez mobilisé. Et chaque fois que le premier ministre M. Lord faisait son discours annuel en s'adressant à ses électeurs, il faisait le point au sujet de l'adoption. De plus, le sénateur Percy Mockler parlait de l'adoption chaque fois qu'il en avait la possibilité. C'était une priorité à tous les niveaux.
Malgré les réussites, nous avons fini par prendre conscience du fait qu'il fallait en faire plus. Le Nouveau-Brunswick compte encore à sa charge des centaines d'enfants, dont bon nombre vont atteindre l'âge adulte sans avoir eu de famille permanente.
Je veux vous raconter une petite histoire. C'est l'histoire de ce petit garçon de sept ans à qui on avait demandé de dresser une liste de voeux, un mois avant Noël. La première chose qu'il a inscrite sur sa liste, c'était des parents permanents. Il avait presque toutes les pièces possibles de l'équipement de hockey. Un an plus tard, on ne lui avait toujours pas trouvé de maison. Il était assez déçu. Il a dit: « Que se passerait-il si je raccourcissais ma liste? Je laisserais tomber tout l'équipement de hockey pour avoir des parents permanents. C'est ça que je veux. » Aujourd'hui, évidemment, il a été adopté.
Réfléchissez un moment à l'expérience que vous avez vécue, en tant qu'enfant ou jeune, ou même en tant qu'adulte, et vous constaterez qu'il est difficile d'imaginer comment on serait arrivé là où on est aujourd'hui sans l'amour et le soutien de notre famille. Mais nous avons dans le système des enfants qui n'ont pas eu ce genre de chance.
De quoi avons-nous besoin? Les familles qui ont adopté un enfant, qui veulent le faire ou qui attendent de pouvoir le faire ont besoin du soutien de leurs pairs.
[Français]
Je le répète en français: ces familles ont besoin du soutien de leurs pairs.
[Traduction]
La New Brunswick Adoption Foundation va bientôt lancer un projet pilote en mettant en place un réseau de soutien par les pairs à l'intention des familles adoptives. L'objectif est de réaliser ce programme pilote dans la région de Moncton, au Nouveau-Brunswick. Grâce au travail du coordonnateur, qui est lui-même un parent adoptif d'expérience, un réseau de bénévoles formés lui aussi de parents adoptifs, sera créé. Le but est de fournir un appui aux personnes qui envisagent d'adopter ou qui ont entamé le processus d'adoption ainsi qu'aux familles qui ont adopté un enfant.
La recherche qui porte sur des programmes semblables révèle que les gens apprécient ce soutien, mais également que le soutien est un outil qui sert à prévenir l'arrêt des procédures d'adoption. L'un des parents qui a participé à un programme similaire a fait la déclaration suivante: « Pour la première fois, j'ai envisagé de mettre fin aux procédures. Je lutte pour que cette adoption se réalise, et c'est bien grâce à l'appui que fournit mon réseau d'entraide entre parents. Si je n'avais pas ce soutien, ce serait trop difficile. »
Notre intention est d'étendre ce réseau sur tout le territoire du Nouveau-Brunswick. Notre fondation aura un rôle crucial à y jouer. Ce programme s'inspire en partie sur de modèles semblables existant aux États-Unis et en Colombie-Britannique, mais il s'inspire également des programmes des centres de ressources familiales financés par le truchement du Programme d'action communautaire pour les enfants, le PACE, dont certains de vous ont, j'imagine, déjà entendu parler.
Nous recommandons qu'un fonds destiné à un même genre de programme soit offert à toutes les collectivités du Canada.
Je vais maintenant laisser la parole à Suzanne.
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D'accord, je vais parler rapidement.
Les enfants adoptés et leur famille ont besoin d'avoir accès à des services. Les enfants qui n'ont pas encore été adoptés ont besoin que ces services soient offerts; cela augmente leurs chances d'être adoptés.
Étant donné qu'un si grand nombre d'enfants placés en foyer ont des besoins très particuliers, dont les autres témoins ont parlé, nous avons déterminé trois secteurs que les systèmes de soutien devraient viser.
Les familles ont besoin de financement qui les aiderait à payer pour ces services. Les programmes d'adoption subventionnée peuvent aider, mais les problèmes et les défis se présentent souvent après l'adoption. Nous avons besoin que le gouvernement fédéral crée un fonds qui donnerait à ces programmes d'adoption subventionnée une plus grande souplesse et une plus grande capacité d'adaptation.
Nous avons besoin de services spécialisés. Les autres témoins en ont également parlé: les services ne sont pas toujours offerts dans une collectivité, une province ou même, au pays. Nous devons donc veiller à ce que les services soient accessibles pour les familles ayant adopté des enfants qui avaient été placés. Le syndrome d'alcoolisation foetale n'est pas rare; les problèmes affectifs sont généralisés. Il faut cerner les problèmes particuliers importants qui affectent un si grand nombre de ces enfants.
Nous avons besoin de professionnels qui connaissent le domaine de l'adoption. Les professionnels qui travaillent avec les enfants et leur famille doivent comprendre les besoins particuliers des enfants qui ont été adoptés. Il faut que le gouvernement fédéral verse un financement pour qu'il soit possible d'offrir des programmes de formation en adoption.
Troisièmement, il faut une charte des droits des enfants placés en foyer. Le système n'est pas un endroit où il fait bon grandir. Malgré cela, des centaines d'enfants, au Canada, vont grandir sans la présence d'un parent qui défend leurs intérêts. Même si, en théorie, les systèmes qui interviennent auprès des enfants doivent défendre leur intérêt supérieur, nous savons d'expérience que, trop souvent, les systèmes ne vont pas assez vite.
Dans l'éditorial d'un numéro du Canadian Medical Association Journal de l'année dernière, on pouvait lire ce qui suit:
[Traduction] Les enfants pour qui le gouvernement remplace les parents, peu importe les bonnes intentions du gouvernement ou le caractère nécessaire de cet arrangement, sont souvent lésés par la situation.
Les enfants placés ont besoin d'une protection particulière. Nous aimerions proposer que l'on élabore un projet de loi sur les droits des enfants placés en foyer. Nous recommandons que cette initiative soit dirigée par le gouvernement fédéral. Par exemple, nous pensons à des droits selon lesquels les enfants auraient droit à une famille permanente, à la sécurité, et à ce que le processus se déroule rapidement.
Quatrièmement, nous demandons que le gouvernement fédéral assure le leadership en matière d'adoption interprovinciale.
Lorsque vous recevrez le document, vous y trouverez un lien vers cet article, qui donne beaucoup plus de détails sur ce que je vais dire aujourd'hui.
Je voulais parler de quatre grands points dans les quelques minutes dont je dispose. C'est qu'aux États-Unis, comme au Canada, le bien-être des enfants relève des lois sur la famille, et il a donc été laissé en grande partie sous la responsabilité des États. Parallèlement, le gouvernement fédéral, à compter des années 1970, a pris conscience du fait qu'un nombre croissant d'enfants étaient placés dans des foyers et grandissaient dans ces foyers; il fallait entreprendre des réformes pour réagir à ce problème, et le gouvernement fédéral a mis en place diverses mesures de promotion de l'adoption d'enfants placés en foyer d'accueil. Aujourd'hui, les enfants pris en charge par le système qui sont adoptés représentent environ les deux tiers des enfants adoptés aux États-Unis, à l'exclusion des enfants adoptés par des beaux-parents ou par une famille. Ils accaparent donc la part du lion au chapitre des adoptions aux États-Unis.
Je vais vous montrer un des graphiques que l'on trouve dans ce document. On y voit que, en 1988, 15 000 enfants placés en foyer avaient été adoptés, aux États-Unis. Aujourd'hui, on en compte 57 000. Ainsi, en à peu près deux décennies, le nombre d'adoptions d'enfants placés en foyer a plus que triplé, aux États-Unis. C'est le résultat d'un certain nombre d'initiatives prises par le gouvernement fédéral. La première visait une entente encourageant les États à collaborer, au chapitre des foyers d'accueil et des placements en adoption, sans tenir compte de leurs frontières. Les États avaient le choix de participer ou non à cette initiative, mais, dix ans plus tard, à la fin des années 1970, tous les États étaient partie prenante de cet accord.
Le gouvernement fédéral a également défini une attente: après qu'un enfant a passé un certain temps dans un foyer d'accueil et que son dossier restait inactif, l'État prenait les choses en main afin de lui trouver une famille d'adoption permanente. Le gouvernement fédéral a pris des mesures incitatives pour que les États augmentent le nombre d'enfants placés en foyers d'accueil qui étaient adoptés.
Le gouvernement a pris d'autres mesures pour assurer un soutien, mais, même si nous avons fait un excellent travail et que nous avons réussi à placer en adoption un nombre croissant d'enfants, il faut encore réellement, dans notre pays, des mesures de soutien à l'intention des familles après qu'elles ont adopté, et certains témoins en ont déjà parlé.
Aujourd'hui, nous savons que l'expérience de l'adoption d'un enfant qui était placé en foyer est positive et que plus de 90 p. 100 des familles adoptives sont satisfaites et qu'elles seraient prêtes à recommencer sachant ce qu'elles savent. Pourtant, en même temps, ces familles ont dû relever de nombreux défis. Nous avons réalisé une vaste étude nationale visant les enfants, adoptés ou non, qui a révélé que 45 p. 100 des enfants placés qui avaient été adoptés auront besoin de manière continue de services en santé mentale. Et il est très difficile, pour nombre de ces familles, de trouver de l'aide, car, en raison de la façon dont les choses se présentent actuellement, les professionnels de la santé mentale tiennent les parents responsables des problèmes de leurs enfants. Quand une famille adopte un enfant marqué par des problèmes de négligence grave et de violence survenus dans le passé, elle devra faire face à ces défis. Il faut donc des services spécialisés qui aideront les familles à comprendre les besoins de leurs enfants et à apprendre par quel moyen les combler.
Enfin, je crois que bien souvent les gens deviennent nerveux quand ils se demandent s'ils pourront payer ce que cela coûte. Nous savons que l'adoption est rentable. Des études menées aux États-Unis montrent que le gouvernement économise en moyenne 143 000 $ par enfant qui quitte un foyer d'accueil parce qu'il est adopté. Et le nombre d'enfants placés en foyer a chuté d'environ 100 000, au cours des dix dernières années, dans notre pays, dans notre pays, en bonne partie en raison de l'augmentation du nombre d'adoptions.
Les adoptions servent donc autant les intérêts des enfants que ceux des gouvernements, mais c'est une affaire complexe.
L'un des domaines où il reste encore beaucoup de travail à faire concerne les services offerts à ces familles après l'adoption, c'est-à-dire les services de soutien, comme l'entraide entre parents dont on a déjà parlé, et les interventions thérapeutiques. Bien des familles n'auront pas besoin de ces services. Certaines familles n'auront besoin que d'un coup de pouce de temps à autre, mais un tiers environ des familles adoptives auront besoin d'un soutien assez soutenu.
Je voudrais également recommander la création d'une base de données nationale. Le gouvernement fédéral des États-Unis a exigé que les États lui fournissent des renseignements sur les enfants placés dans un foyer d'accueil et les enfants qui quittent ces foyers. Cette base de données a été très utile, car elle a permis d'évaluer la situation, les améliorations observées et les lacunes qu'il reste à combler.
Je vous remercie.
:
Au milieu des années 1990, aux termes de la loi dont je viens de parler, le gouvernement fédéral a accepté de verser de l'argent pour les services d'aide à l'enfance à chaque État qui augmentait le nombre des adoptions. Un nombre plancher d'adoptions a été déterminé pour chaque État et, lorsque celui-ci arrivait à augmenter ce nombre d'un certain pourcentage, le gouvernement fédéral lui versait une prime au titre du budget des services d'aide à l'enfance. Le nombre d'adoptions augmentait déjà, mais cette mesure les a fait monter en flèche.
Le gouvernement fédéral contribue à la subvention mensuelle versée pour les enfants placés en famille d'accueil. Auparavant, il ne contribuait pas aux subventions à l'adoption versées par les États. Il s'est ensuite rendu compte que cela n'encourageait pas les États à faire adopter ces enfants, car les États recevaient de l'argent du gouvernement fédéral lorsque les enfants étaient placés, mais plus rien, une fois qu'ils étaient adoptés.
Cela a changé au début des années 1980. Le gouvernement fédéral a commencé à verser de l'argent pour certains enfants, pas pour tous les enfants placés, mais pour ceux qui venaient de familles pauvres. Chaque État détermine l'âge auquel les enfants doivent quitter les foyers. Mais ils reconnaissent en général qu'à 18 ans, bon nombre de ces enfants ne sont pas encore prêts à être indépendants. La plupart d'entre eux ont toujours besoin d'une famille. Certains États ont décidé de continuer à s'occuper des enfants qui vont toujours à l'école. D'autres ont décidé de s'occuper pendant encore trois ans des enfants qui ont un retard de développement.
Bien des États ne recevaient pas du gouvernement fédéral des sommes leur permettant d'assumer les coûts. Ces dernières années, le gouvernement fédéral a commencé à verser une aide financière aux États afin qu'ils continuent de s'occuper des enfants à leur charge qui ne sont pas prêts à être indépendants à 18 ans.
Nous sommes encore loin de pouvoir dire que tous les enfants peuvent rester en foyer. Dans les États qui le permettent, les enfants doivent souvent fréquenter un collège ou une école de formation professionnelle pour avoir le droit de passer encore quelques années en foyer nourricier.
Vous avez reçu un document d'information supplémentaire sur les prestations d'assurance-emploi. Jetez un coup d'oeil sur certains des sujets que les parents abordent, dans ce document; nous ne devons pas accorder trop d'importance aux arrêts de procédure d'adoption. Certains enfants arrivent dans une famille adoptive après avoir vécu des expériences extrêmement douloureuses, et la famille n'arrive pas toujours à le saisir. Elle essaie de combler les besoins de l'enfant. Les familles ne réussissent pas toujours à nouer des liens affectifs avec les enfants. C'est un processus qui est parfois très long.
Les familles, et en particulier les mères, doivent composer avec un sentiment de culpabilité, avec l'infertilité, la douleur et la perte, le fait de ne pas être capable de nouer des liens affectifs avec un enfant qui n'est pas leur enfant biologique, avec les besoins en santé physique et mentale de l'enfant. Donc, par exemple — je serai directe —, et s'il arrive que l'enfant se réveille en plein milieu de la nuit et qu'il se soulage dans un coin de la pièce, vous allez vouloir chercher quelles sont les raisons sous-jacentes. Il s'agit là d'un besoin de l'enfant, mais comment les parents vont-ils composer avec ce besoin? Vous devez composer avec le manque de sommeil, vous devez prendre soin d'un enfant qui ne veut pas dormir et qui, en conséquence, vous prive de sommeil. Et je pourrais continuer ainsi longtemps.
On a fait beaucoup de recherches au sujet des répercussions sur l'expérience des parents adoptifs du processus d'adoption.